Je n’aurais pas dû aller faire cette matinale sur i>Télé. J’y ai perdu mon temps. Questions ineptes, petit sourire condescendant du lecteur de prompteur Bruce Toussaint, arrière-plan d’images pourries, bref la totale. Un must de ce qui se fait en termes de mépris et de manque de respect dans un genre d’émission qui doit faire du buzz à n’importe quel prix pour sortir de son espace semi-confidentiel. Le tempo avait été donné par cette insistance à répéter : « Alain Delon s’est exprimé, et cela va sans doute faire du bruit toute la journée… bla bla ». Et hop, me voici contraint de commenter une phrase selon laquelle « madame Morano a des couilles », etc. Ambiance carabin garantie.
Voilà une expérience qui me décide à réduire encore le nombre des invitations et des chaînes où j’accepte de me rendre. Car pour ce genre de partie, il faut être deux et rien ne m’oblige à accepter de faire le monsieur loyal du spectacle. Ce n’est pas la conclusion la plus importante que je tire de cette séquence sans intérêt. C’est le démarrage de « l’entretien » qui m’a le plus choqué. La veille nous étions éliminés du « débat » électoral sur la région Nord-Pas-De-Calais-Picardie. Mais Toussaint voulait néanmoins me le faire commenter. À l’outrage, ajouter l’humiliation.
Certes, il s’agissait de faire de la publicité auto-promotrice à un « débat » qui a saoulé la petite cohorte de ceux qui l’ont regardé (vite, les chiffres de l’audimat !). Il faut bien que l’animateur du matin gagne son pain en servant la soupe à sa chaîne. Et ce n’était pas dur de ridiculiser la manœuvre. D’autant que le lecteur de prompteur s’est piteusement lancé dans une tirade sur les obligations légales de la période électorale qui montrait combien il était ignorant du sujet. Comme c’est sur ce point qu’a porté la dépêche AFP, le boomerang est retourné à l’expéditeur : « une mascarade » ai-je dit, et cela se retrouva en ligne.
Une hypothèse existe quand même et qui n’est pas la plus improbable : Toussaint ne se rend pas compte de ce qu’il fait. Cela signifie donc que le nouveau format de lecture politique est déjà devenu une seconde nature. Ce format, c’est le tripartisme. Un concept qui légitime la chasse gardée du deuxième tour des élections entre le monstre et les deux sauveurs suprêmes et pour cela élimine tout ce qui n’est pas dans le cadre.