Le tripartisme est désormais le système politico-médiatique mis en scène dans notre pays. Cette construction consiste à expulser de la scène tout ce qui ne rentre pas dans une des trois cases prévues : FN, UMP, PS. Que cela fasse deux voix de droite pour une seule « de gauche » ne gêne pas la définition de l’équité comme la comprennent les animateurs de ce cirque. Le PS, ici mis en scène comme seule gauche possible et imaginable, se frotte les mains. C’est exactement ce dont il a besoin. Sa hantise : que soit visible une alternative à gauche. La contrefaçon ne peut fonctionner qu’à la condition qu’il n’y ait pas de comparaison.
La combine a déjà fonctionné aux élections départementales où il s’était attribué le soir des résultats tous les votes de toutes les gauches pour arrondir sa pelote. Les idiots de plateau ont commenté toute la soirée comme de ânes bien bâtés des chiffres bidon. Mais bien sûr, dès le lendemain, les éditocrates produisaient les habituelles mises au point hypocrites « c’est pas moi c’est l’autre, et la faute des sondages, bla bla ». Le PS a tellement aimé faire ainsi 29 % toute une soirée que cela lui fit oublier le désagrément de retomber à 19 % 24 heures plus tard. Si bien que les bidouilleurs de la rue de Solferino se sont remis au travail pour renforcer ce genre de dispositif. La prochaine présidentielle devrait être un festival de truande cosmétique.
Bien sûr, cela censure la motivation du cœur de notre électorat qui se sent alors privé du droit à la parole. Une saine et robuste haine des spoliateurs médiatiques s’incruste ainsi dans les profondeurs de notre peuple et notamment dans sa fraction la plus consciente. Elle peut donc s’élargir et fournir ainsi les anticorps au bourrage de crâne. Mais elle nous rend invisibles pour les millions de braves gens qui se réfèrent encore à la télévision pour s’informer. À mon avis, la disqualification frappe aussi ces médias. Quand on sait que la moyenne d’âge des téléspectateurs du journal de 20 Heures de France 2 est de 63 ans et celle de TF1 de 59 ans, on comprend qu’une fraction significative des générations actives s’est déjà éloignée de la machine à gaver.
La toile en profite à plein. Déjà, je ne compte plus les productions vidéos que nous avons mises en circulation qui dépassent la diffusion d’une chose comme cette matinale à laquelle j’ai fait l’erreur d’aller. Une séquence de mon interview sur air France à BFM a reçu 6 millions de vues ; une autre séquence 1,7 million, et ainsi de suite. À quoi bon, dès lors, s’offrir a des traquenards pourris qui servent de faire-valoir aux aspirants showmen des médias conventionnels. Une séquence télé intéressante n’a de sens que s’il y a des garanties sur des questions dont l’intérêt tient plus de vingt-quatre heures, le temps de découper des pastilles vidéos, de les mettre en circulation et d’en amplifier l’impact le cas échéant. Le reste est juste du service gratuit rendu à des émissions qui sans cela ne peuvent faire mieux que décor visuel muet pour bar-tabac, comme on le voit déjà à longueur de journée dans les bistrots.