C’est trop ! Oui, cette fois-ci, c’est la fois de trop. Le point où commence davantage que l’indignation ou le dégoût. La nausée absolue. Ils auront tout démoli. L’État, l’indépendance, les acquis du Conseil National de la Résistance, la parole donnée, l’identité de gauche : tout ! Et maintenant la France elle-même. La France dans ce qui fait la peau qui l’enrobe, sa chair commune, le squelette qui la tient articulée. Soyez maudits pour cette ignominie sans précédent ! En créant de toute pièce la catégorie des « Français de souche » et des « étrangers de souche » Valls et Hollande ouvrent une boite de Pandore dont le pire est certain de sortir.
C’est pour moi, comme pour des millions de personnes qui ont la passion de la France républicaine, une gifle en pleine face et une menace terrible pour nous, nos enfants et les générations qui suivront. Tous les doubles nationaux sont en danger pour des générations. Car le motif de terrorisme, aujourd’hui invoqué contre tout bon sens sécuritaire n’est qu’un début. Si la Constitution prévoit de déchoir des Français nés français, alors toute sorte de motifs pourront être prévus dans le futur pour la même conclusion. Car on ne choisit pas toujours d’être binational. Bien des pays qui transmettent la nationalité par le droit du sang considèrent qu’une personne figure parmi leur nationaux du seul fait que ses parent le sont déjà qui , eux mêmes, le tenaient de leurs grand parents et ainsi de suite.
Valls et Hollande viennent de livrer des millions de Français à leurs pires ennemis, aux pires ennemis de la France réelle, la nouvelle France métissée de peau et de cœur qu’unit le pacte républicain.
Comment ont-ils pu oser ça ! Avec la proposition de déchoir de la nationalité française les binationaux nés français, l’équipe Hollande-Valls a consommé sa propre déchéance morale. D’où vient cette idée ? C’est une mesure proposée d’abord par Jean-Marie Le Pen puis Nicolas Sarkozy. Qu’il s’agisse surtout de faire un nouveau coup de communication sur le dos des principes républicains les plus constants, n’est pas une excuse. Il ne peut pas y avoir deux sortes de Français au prétexte de quelques criminels. Il n’y a en aura jamais qu’une. C’est une question fondamentale dans la construction de la forme républicaine de la Nation.
Je me souviens de la levée de bouclier quand j’ai dit pour la première fois que Valls était « contaminé par Le FN ». C’était en août 2013. Juste après l’épisode sur les Rom « inassimilables » selon lui. Mais une fois de plus, il est prouvé que les principes d’action forment un tout. Quand on tire un fil, tout le tricot peut se défaire. Si les Rom sont « inassimilables » alors certains Français peuvent ne pas l’être non plus. Car quelque part existerait une essence de la nationalité antérieure et supérieure à sa réalité administrative et concrète. Si l’on peut enlever sa nationalité à quelqu’un qui l’avait trouvée dans son berceau, on crée en même temps une autre catégorie à qui on ne peut jamais l’enlever.
Valls et Hollande viennent de valider qu’il existe non seulement des « Français de souche » mais aussi des « étrangers de souche ». Soyez maudits ! Mes ancêtres maternels, Français par choix anti fasciste, haïssaient Pétain parce qu’il prétendait retirer leur nationalité aux « Français de papier ». Mais du moins Pétain avait-il mis une limite dans le temps depuis l’acquisition de la nationalité. Pas Valls et Hollande. Pour eux, tout double national est suspect à vie et pour toutes les générations ! Car la nationalité française trouvée en naissant peut s’accompagner, des générations durant, d’une autre dont vous n’avez pas décidé. J’ai déjà dit qu’on nait marocain, par exemple, si l’un de ses parents l’est, et ainsi de suite en remontant et en descendant le temps aussi longtemps qu’on n’a pas été renié, à ses risques et périls, cette nationalité !
Naturellement, il existe des doubles nationaux par choix. Ils ont demandé leur deuxième nationalité. Certains servent même au titre du service militaire dans une armée étrangère. C’est autrement plus engageant que le soupçon répandu sur des millions de personnes par la proposition de Valls et Hollande ! Pourtant, la France républicaine s’est toujours interdit de distinguer entre les siens. A l’exception de ceux qui ont acquis à leur demande personnelle la nationalité et dans la limite extrême de quinze ans après l’obtention, personne ne peut être déchu de la nationalité française. Cela postule que le peuple, la communauté légale, source de la loi est, comme elle, un et indivisible. Il n’y a qu’un seul peuple français où tous sont égaux entre eux, libres et fraternels. Le mot fraternel s’applique dans son acception la plus moderne : les demis-frères et sœurs sont considérés comme frères et sœurs en toutes circonstances.
En introduisant ce principe dans la Constitution, Valls et Hollande débouclent la possibilité dans le futur d’étendre à d’autres circonstances la déchéance de la nationalité. Il n’y aura plus d’objection constitutionnelle demain si quelqu’un propose la déchéance de ceux qui servent dans une armée étrangère comme je l’ai rappelé. Ou de l’étendre à d’autres circonstances, d’autres délits. La boite de Pandore sera ouverte. C’est de la folie !
Avec cette décision, il s’agit de flatter l’opinion la plus bornée. Il est pourtant facile de comprendre qu’un binational criminel terroriste ne doit pas être expulsé ou réclamable par un pays tiers quand il est pris et condamné pour terrorisme en France. Il doit être au contraire gardé et surveillé dans nos prisons. Penser que cette mesure dissuaderait quelqu’un prêt à se faire sauter lui-même avec une ceinture d’explosif est ridicule.
Je pense avec émotion à la tristesse et à l’angoisse de tous ceux que cette mesure montre du doigt comme des suspects potentiels. Je pense à la consternation des socialistes à la base qui savent que cela est proposé en leur nom. Je pense avec amertume à ce que ces gens font de notre pays et aux débordements et surenchères que cette initiative va permettre dans l’avenir. Je compte sur les parlementaires de tous bords, de droite comme de gauche, pour refuser leur voix à cet attentat contre l’identité républicaine de notre patrie. J’adjure qu’on entende la voix de l’honneur blessé de tous ceux pour qui la France est davantage qu’une identité administrative mais une passion choisie et assumée, parfois de génération en génération, quand bien même un ancêtre proche ou lointain n’aurait pas eu le bonheur de partager cette adhésion.
Les élections législatives en Espagne sont l’évènement de la fin d’année non seulement pour l’Espagne mais pour l’Europe, puisque ce pays vit sous la surveillance de la Commission européenne. Le résultat du vote exprime d’abord l’état d’instabilité dans lequel le pays est plongé depuis la mise en œuvre des politiques « d’ajustement structurel ». La racine de l’instabilité est dans le bouleversement que connaît l’organisation de la société. Pour restaurer le système bancaire aux frais du contribuable, l’Espagne a été soumise à la grande torture de l’ordolibéralisme européen. La conséquence est terrible.
Je parle ici de l’incroyable reflux des positions acquises subi par une classe moyenne jusque-là en expansion permanente, foudroyée en pleine ascension. C’est elle qui adhérait avec enthousiasme au projet européen. Et, bien sûr, à l’alternance molle entre deux variantes telles que le PP et le PSOE, dans la mesure où la transition de l’après Franco avait été réussie sans douleurs ni soubresauts par ces deux partis. Dorénavant, les stigmates de la déchéance sociale sont visibles à l’œil nu : ce sont les propriétaires d’appartement expulsés, les enfants hyper-éduqués condamnés à un exil économique qui les ramène au sort de leurs grands-parents, les services publics détruits coupant la route à toute reconstruction individuelle dans les biens communs. En arrachant la peau qui englobait la nouvelle Espagne du lendemain de la dictature du général Franco, le typhon néolibéral a mis à nu toutes les fractures de la société qui s’épongeaient naguère en souplesse. Le consentement de la société post franquiste se nourrissait du progrès continu des situations individuelles. Une fois ce processus inversé, l’individualisation des rapports sociaux, que ce modèle social contient, tourne inéluctablement à la pulvérisation de la société elle-même.
Mais de puissants mouvements sociaux, les fameuses « marées citoyennes » de toutes natures, ont permis une riposte de la société qui en a maintenu d’amples secteurs sur le terrain de la solidarité et de l’affirmation de dénominateurs communs. Le racisme et la xénophobie en dépit de plusieurs vagues n’ont jamais réussi a dominer la scène publique. Pour autant, tout le monde n’a pas été acquis au rejet du système qui tue les Espagnols à petit feu. Loin de là, il faudrait s’en souvenir. Le prouve la résistance des deux partis de « la caste », le PP et le PSOE qui, malgré leur discrédit et leur réduction électorale considérable, restent pourtant en tête de l’élection de dimanche dernier. Mais les facteurs de dislocation continuent leur action et vont encore développer leur puissance dorénavant considérables. Ils touchent aux structures les plus profondes de la réalité espagnole.
L’exemple spectaculaire est celui de l’unité même du pays. L’inachèvement de l’État-nation espagnol, masqué par la violence franquiste et amorti pendant les années d’opulence est désormais peut être irréversible. Il est de nouveau mis à vif. Les indépendantismes minent le cadre commun où se prennent des décisions pour tous qui ne sont plus considérées comme légitimes par un nombre considérable de personnes. Ce que nous avons sous les yeux au lendemain de l’élection de dimanche dernier en Espagne, c’est la photographie d’étape d’un processus tourbillonnant bien loin d’être achevé. La nouvelle révolution citoyenne en Espagne est loin de son terme.
Bien sûr, le score spectaculaire de Podemos a retenu l’attention, à juste titre. Donné pour très mal en point après la série d’élections en Catalogne qui avait en partie masqué les évolutions internes et environnantes après les municipales, le mouvement a opéré une « remontée » spectaculaire qui l’a ramené dans la course pour prendre la tête du pays. On devine que je me réjouis du résultat obtenu sous la direction de Pablo Iglesias et Iñigo Errejón. Ce sont pour moi de vieilles connaissances.
Le premier, Pablo est un partenaire de longue date, au premiers pas de son travail. J’ai siégé avec lui au Parlement européen et les occasions d’échanger n’ont pas manquées. Il a été le préfacier de la version espagnole de mon livre « Le Hareng de Bismarck ». Le second, Iñigo, avait été accueilli aux rencontres d’été du PG de 2014. J’avais fait sa connaissance à Caracas et je le sais depuis tout ce temps fin analyste des sociétés en transition. Son analyse des nouvelles classes moyennes vénézuéliennes a fortement inspiré ma propre production sur l’analyse politique des sociétés urbanisées en temps de crise. Mais à l’époque, ni l’un ni l’autre, n’étaient à la mode dans la gauche française comme c’est le cas à présent. Ils sentaient trop fort le Venezuela et l’Amérique latine. Combien dorénavant ne jurent plus que par Podemos. C’est touchant. Naturellement, c’est toujours pour retenir ce qui vient à l’appui des marottes de chacun… Aucun nouveau converti ne propose pour autant de mettre la photo d’un leader connu sur les bulletins de vote comme Podemos l’a fait avec celle de Pablo ! Ni de former un « mouvement citoyen » avec un scrutin majoritaire interne, ni de faire des votes électroniques pour les congrès. Ni de faire l’apologie de la « patrie », ni de rejeter le clivage droite gauche, ni de se réclamer de Ernesto Laclau et de la « raison populiste » (qu’il faut quand même avoir lu avant). Et ainsi de suite.
Car j’en passe bien d’autres, pour la centième partie de quoi j’ai déjà été pendu en effigie mille fois par tous ceux qui ont pourfendu ma personnalisation de l’action, fustigé mon patriotisme « déroulédien », dénoncé mon autoritarisme et ainsi de suite ! Je laisse tout cela avec amusement. Bien sûr, pour taquiner les médecins de Molière de l’autre gauche en France qui pullulent ces temps-ci. Mais aussi pour rappeler que tout cela ne se fit pas sans d’âpres polémiques sur place, loin du conte enchanteur débité par les nouveaux enthousiastes. Il y a quelques temps encore les mêmes ravis roucoulaient d’un même chant « Syriza-et-Podemos » comme si c’était deux fois la même chose. L’un et l’autre n’ont rien à voir, pas même l’appartenance à la structure commune européenne du PGE dont Podemos ne veut pas être membre ! Depuis l’alignement d’Alexis Tsipras sur le mémorandum européen, après la photo de rigueur en bras de chemise, tout le monde oublie avec application l’épisode grec. Chacun se replie bravement vers le gagnant du soir, pour l’instant immaculé, sans autre forme d’examen. Cela mérite pourtant de s’y arrêter un sérieux moment. Non pour se rengorger d’une progression spectaculaire et s’en arroger la lumière mais pour travailler sérieusement à comprendre ce qui peut nous être utile.
Car une question de fond nous est posée en ce qui concerne la stratégie d’action politique dans cette ère précise. Mettons de côté ce qui n’est pourtant pas rien : les conditions particulières de la mobilisation sociale en Espagne qui ont porté le début de Podemos. « Ce n’est pas rien », dis-je, non pour reprendre le truisme des bavards « l’Espagne ce n’est pas la France et gnagnagna » mais pour pointer du doigt que c’est sur Podemos que s’est cristallisé politiquement cet élan. Pourquoi Podemos et pas Izquierda Unida (IU) ? De cela, personne ne parle. Pourtant ce fut une bataille sévère. IU, construite essentiellement autour du Parti communiste espagnol et pour lequel Pierre Laurent a fait cette fois–ci encore un appel au vote, arrivait en tête de l’autre gauche à la sortie des élections européennes de 2014. Un point devant Podemos.
Les cadres fondateurs du mouvement Podemos étaient déjà en désaccord sur la stratégie appliquée par la majorité d’Izquierda Unida. La répartition léonine au profit du PCE des places éligibles sur la liste Izquierda Unida aux européennes scella la rupture. Je maintins pour ma part la balance égale entre les deux formations car mes conseillers présents sur place étaient très sceptiques sur la viabilité de la tentative Podemos. Mais ce fut bien Podemos qui cristallisa ensuite politiquement tout le mouvement qui jusque-là se dirigeait en bonne partie sur IU. Et Podemos l’élargit bien au-delà. Le mouvement n’est pas seulement la projection politique pure et simple des « indignés ». Comme l’a dit l’un d’entre eux, il ne s’agissait pas seulement de mobiliser politiquement ceux qui occupèrent les « plazzas » mais aussi ceux qui étaient restés à « las casas », à la maison. C’est la méthode de cet élargissement qui importe et non le lien qui existe entre l’émergence d’une autre gauche et un mouvement social. Pourquoi Podemos et pas IU ?
En réalité l’Espagne tranche une question pendante dans toute la recomposition en Europe. Elle ne la tranche pas définitivement ni pour tout le monde en tous lieux et toutes circonstances. Mais elle répond à sa façon à une question posée partout : pour construire un pôle alternatif, faut-il faire un cartel de partis destiné à plus ou moins long terme à fusionner sur le mode Die Linke ou Syriza ? Ou bien un mouvement global, inclusif de toutes les formes de participation individuelle ou collective sur le mode Podemos ?
Pour ma part, après avoir proposé en vain des mois durant l’intégration en même mouvement des composantes du Front de Gauche et l’adhésion directe, j’ai opté pour l’expérimentation directe. Sur l’idée de François Delapierre qui devait en assurer le pilotage, nous avons lancé le Mouvement Sixième République. J’ai pu observer la puissance d’un mouvement inclusif. L’adhésion de cent mille personnes au projet est la plus importante pétition politique du pays depuis des années. Elle a été un banc d’essai de multiples formes d’auto organisation. Je regrette que maints laudateurs actuels de Podemos ne s’y soient pas intéressés. C’est la meilleure école politique que j’ai fréquentée depuis bien longtemps. J’avais annoncé dès le début que je me retirerai de l’animation du mouvement. Je pensais que François Delapierre pourrait revenir le prendre en charge. Sa maladie l’en empêcha. Mais du coup nous avons pu observer en direct la capacité de déploiement d’un mouvement totalement horizontal.
Le mouvement a certes vite ralenti son rythme. Il faut ici, sans démagogie, accepter l’idée qu’un mouvement sans leadership repérable a de grande difficulté à s’imposer sur la scène. Mais il ne s’est jamais éteint. L’essentiel est qu’il ait fait la preuve de la disponibilité de citoyens pour une idée aussi complexe que la convocation d’une assemblée constituante. Et qu’il ait démontré la capacité de convoquer une assemblée représentative du mouvement par élection interne, tirage au sort et délégation de familles politiques. Tout cela fut fait. N’empêche que l’initiative ne rentre dans aucune des cases connues de l’action politique traditionnelle de l’autre gauche en France. Rien de ce qui s’y est passé n’a retenu un instant son attention ou son intérêt sinon pour les traditionnels crocs en jambes et persiflages.Pour moi cette expérience est un modèle.
A côté de cela, le summum de la modernité connue a consisté à faire des réunions confidentielles où des têtes blanches répètent jusqu’à la nausée les mêmes formules en faveur de « l’élargissement », « le dépassement » et ainsi de suite, à propos de structures de parti qui ne bougent pourtant pas d’un mètre leurs cloisons, les mêmes pratiques de tables rondes sans lendemain, les mêmes invocations à « faire du neuf » et de « l’action a la base » sans que l’on en aperçoive autre chose que l’intention évidemment louable. Dans tous ces cas, on identifie « la démocratie » à la capacité de critiquer tout et tout le monde sans trêve et sans limite avec un appétit de nivellement qui brise les jambes à quiconque dépasse d’une tête. On y assimile le « collectif » à la négociation entre groupes de taille très diverses pour parvenir au plus petit commun dénominateur. Je fais grâce ici des tirades sur « le projet » qui doit être d’abord mis au point. Je n’en doute pas. Mais nous ne partons pas de rien et l’essentiel est acquis depuis longtemps. Des années de travail de la Fondation Copernic, d’Attac et le programme L’Humain d’abord ont fourni une base qui est dorénavant largement acquise par tous. Ce n’est pas le projet le problème. Pas du tout.
C’est la stratégie d’action l’enjeu. Et à partir de là se trouve vraiment interpellé non pas seulement ce que nous croyons bon pour tous mais quels points d’appui nous avons dans la société pour l’aider à se mettre en mouvement. Un exemple. Sagit-il de rassembler la gauche ou de fédérer le peuple ? Avant de répondre « tous les deux bien sûr » cela vaut la peine de s’interroger sur le contenu de cette différence qui en dit long ensuite sur la façon d’agir concrètement. Podemos reprend la formule de Robespierre quand ses leaders déclarent « nous sommes du peuple et nous allons avec le peuple ». J’avoue que j’avais été très surpris d’être aussi mal accueilli dans l’autre gauche quand fut proposé de s’appuyer sur ce concept de « peuple ». Nous en fîmes pourtant, François Delapierre, Clémentine Autain et moi le premier slogan de la campagne présidentielle de 2012 : « Place au peuple ». De la même façon que nous réintégrâmes « la France la belle, la rebelle » considéré comme un slogan sans contenu par le partisan de la ligne « rassembler la gauche » qui traverse depuis le début le Front de Gauche.
La France, la nation, la souveraineté sont des concepts tenus à distance par maints courants de l’autre gauche du moins tant qu’il s’agit de la France car pour le reste, comme par exemple la nation palestinienne, personne ne réprouve le contenu mobilisateur de l’idée. Bien sûr tout cela est l’arrière-plan non-dit de nos discussions. Mon livre L’Ère du peuple développe cette doctrine : fédérer le peuple, former un front du peuple. J’en retrouve les mots par-ci par-là, chez l’un chez l’autre. Faute d’avoir tranché en pratique, l’espace politique s’est déformé sans nous. Le rassemblement de la gauche, cette mascarade, s’opère toujours autour du PS. Mais la fédération du peuple ? Evidemment c’est le Front national qui a pris la main à partir de secteurs populaires de la droite.
Pour autant, la partie n’est pas jouée. La masse immense des abstentionnistes va se redéployer dans le vote de la présidentielle où les taux de participation sont plus élevés. Cette masse se déterminera par rapport au paysage qu’elle pourra observer. C’est-à-dire par rapport à ce qui existe déjà. Et par rapport aux opportunités qu’elle pourra y saisir. Les apparences et « la com » ne jouent pas le rôle essentiel dans ces moments-là. Ou seulement par effet de « simple exposition » comme disent les publicitaires, c’est-à-dire le rabâchage médiatique. On doit s’habituer à l’idée que les médias continueront jusqu’au bout et en totale irresponsabilité civique à faire de Le Pen le vote de rejet du système et on peut compter sur les Pierre Gattaz pour y précipiter aussi les ouvriers. Sans oublier le prochain attentat et les digues arrachées avec soin par Hollande et Valls. La montée du FN, le niveau de l’abstention, la déchéance de la gauche officielle sont les condiments spécifiques de la décomposition de la société française. C’est dans ce contexte qu’il faut penser notre action et non dans la nostalgie ou l’imitation.
Je serais très étonné que dans le contexte actuel elle se détermine alors d’après la qualité et la position des virgules dans des textes savants qui affichent tous les marqueurs et symboles qui permettent ensuite de se faire classer à « l’extrême gauche » par nos adversaires narquois et ravis de l’aubaine que nous leur offrons. Et de même, je ne crois pas qu’une campagne où que ce soit puisse échapper à la personnalisation, comme l’a très bien montré celle de Pablo Iglesias, après celle d’Alexis Tsipras. La nostalgie des vieux partis aux leaders qui apparaissent ou disparaissent sans qu’on sache pourquoi ne m’a jamais paru être attractive. Les gens veulent légitimement savoir à qui ils ont à faire. Tout cela sont les faux « débats » qui nous encombrent pour rien car ils n’ont aucune réponse totalement satisfaisante et restent totalement opaques vus du dehors de nos rangs.
Pour ma part, je crois à l’action comme principe fédérateur. C’est dans l’action qu’un collectif peut se donner à voir d’une façon convaincante. Car dans ce cas, chacun est visible dans son utilité au combat et non dans sa « sensibilité » qui ne peut exister qu’en opposition à celle des autres. L’action montre la cohérence et la solidarité des personnes et du groupe qui l’entreprend et la propose aux autres. Et elle invite tout un chacun à agir de même plutôt qu’à « se positionner ». L’action permet à la modernité réelle de s’affirmer. Car notre temps est celui d’une diversité personnelle culturelle et politique très avancée. On perd son temps à rechercher une identité commune qui sera toujours vécue par chacun comme une mutilation plus ou moins douloureuse. Cette obsession de l’accord complet propose une vision archaïque de comportements politiques fusionnels. Elle vient d’un passé où la gauche s’est confondue avec l’idée d’un socialisme « scientifique » conçu non comme une démarche s’appuyant sur la recherche des faits objectifs mais comme une communion des esprits dans « la vérité ». Pour moi la seule homogénéité souhaitable et exigible raisonnablement c’est celle qu’appelle l’action pour être menée à bien et pour cela seulement. Voilà pour l’instant ce que je crois utile de dire sur ce bilan des élections espagnoles. La suite de l’analyse et des actes que j’en déduis viendront à la rentrée.
139 commentaires
PCharpen
Ils ont tués la gauche. Dernier acte ce jour, envisageant la déchéance de la nationalité francaise. Depuis plus de 40 ans, j’ai espéré un pays géré par et vers la gauche. Aujourd’hui c’est la soi-disant gauche qui nous conduit vers les thèses de l’extrème droite, un parti qui n’a eu qu’à compter sur les autres pour prendre toujours plus de place.
Ma question aujourd’hui, symboliquement, demander ma déchéance de la nationalité française, en tant que bi-national à ce jour, né Français. Est-ce un mouvement qui pourrait trouver du sens depuis ce jour du 23 décembre 2015 ? Dehors Hollande, dehors Valls, dehors tout ce gouvernement, je n’ai pas d’autres attentes à ce jour. Et pour longtemps, après ce pas franchis aux régionales, j’assure un vote blanc pour les second tours que l’on nous réserve. A moins que… un mouvement comme celui dont parle JL s’installent, montent en puissance, et renverse la table, oui JL. Et je serais présent.
maïsanta
Le sinistre couple Valls/Hollande met un pied dans la porte au principe fondateur de la République qu’est le droit du sol en instaurant une discrimination entre nous, Français. Ce quinquennat sera donc un cauchemar de bout en bout. Qu’ils ne comptent pas sur moi pour un éventuel second tour et ce, quel que soit le cas de figure. Plus jamais je ne mettrai un bulletin PS dans une urne (et Bartolone a inauguré cette position politique, chaque jour justifiée par ces roués qui ne reculent devant aucun renoncement).
S’agissant de Podemos, je serai moins bienveillant que vous. Beaucoup de zig-zags au gré des productions sondagières (OTAN, salaire maximum) qui invitent à penser qu’ils passeraient assez rapidement sous la table à la moindre remontrance de l’eurogroupe, voire au premier froncement de sourcil d’une agence de notation. Pour le reste, la personnification est, hélas, un passage obligé et comme vous êtes le seul actuellement à pouvoir maintenir « incendiées les braises de la pensée émancipée hors des oripeaux dont les corrompus ont travesti notre ideal » pour vous citer dans votre hommage au regretté F. Delapierre, foncez M. Mélenchon ! Hors des débats stériles et des minudages que les (pseudos) puristes exigeront de vous. Chavez est passé outre et il a bien fait. Bien sûr qu’il faut parler au peuple, qu’il faut parler de souveraineté devant le totalitarisme (« pas de démocratie en dehors des traités européens ») libéral de cette Europe.
Matt
Bonjour,
Je suis d’accord sur votre analyse de la situation politique et des problèmes rencontrés dans l’autre gauche. Personnellement, pour avoir participé à des actions, rencontres, discussions politiques de toutes sortes, sans n’avoir jamais fait parti d’un parti politique (pensant justement que l’action ne se résume pas à l’appartenance d’un parti, et finalement les gens motivés qui peuvent agir sans cette appartenance sont très nombreux), et je dois dire que la bien-pensance reigne aussi dans l’autre gauche. Dès que l’on prononce les mots de patrie, de fierté d’être Français (sans être nationaliste, mais très républicain, en référence à la révolution Française), on sent bien que ces mots là sont interdits. Et quelle erreurs ! Car le FN les prend pour lui, pour détourner ces mots dans un sens qui n’est bien entendu pas le notre. Pourquoi éviter de parler de patrie, de nation, et pourquoi pas d’identité si ce mot peut-être défini différemment et donner un sens contraire à celui que donne le FN ? Ces débats sont plus que nécessaires car la machine médiatique s’en nourrit et qui peut prétendre arriver au pouvoir sans elle ?
Un autre mot interdit : les USA. Pourquoi ne pas en parler d’une autre façon que la rengaine habituel de l’imperialisme etc ? La France est aussi coupable de cet imperialisme, mais ses valeurs sont toujours à défendre. Les USA aussi, leurs histoires et leurs combats sont tout aussi nobles. Leur peuple aussi. Il se passe quelque chose en…
JeanLouis
« Les USA aussi, leurs histoires et leurs combats sont tout aussi nobles »
Je ne sais bien sur pas quel est votre histoire, mais je ne partage en rien votre vision des USA. Y compris dans les motivations de leur implication y compris lors de la deuxième guerre mondiale, et aussi de l’Irak, de l’Afghanistan, des Pershing en Europe, de leur rôle en Amérique Latine, de la chute de Pinochet, la liste est immense et comment voir les américains du tea party, ceux qui s’apprêtent à voter pour un D Trump, etc.
nicoconikto
Cher Jean-Luc Mélenchon,
Votre sens de l’analyse vous honore et nous tient à la pointe des stratégies politiques à l’oeuvre. Vous avez raison sur la division de la vraie gauche et son inaction actuelle. Alors pour 2017, la vraie gauche n’aura aucune chance au présidentielle bien sur, pourquoi le nier. Partant de là, focalisons nous sur les législatives et formons une assemblée « arc-en-ciel » pour rendre à notre pays une chambre qui ne soit pas juste une caisse d’enregistrement de l’exécutif. Mettons tout en oeuvre pour impliquer les jeunes et les abstentionnistes dans ce projet. En effet, une assemblée arc-en-ciel aura quelques effets. En l’absence de majorité aux ordres, l’exécutif devra négocier avec l’ensemble de la représentation des Français ou tout du moins plusieurs sensibilité et sous l’effet de la même cause, le président élu rejettera cette assemblée arc en ciel et la dissoudra. Ce qui aura pour conséquence non négligeable de re-politiser les débats de fonds de ce pays. Préparons cette re-politisation par l’éducation du peuple. Des idées issues de cercle citoyens laissant aux oubliettes les stratégies et les clichés du passé qui depuis 30 ans dégoûtent tout autant que le reste de la classe politique. A mon niveau, j’entends mobiliser les citoyens par un projet de « socle citoyen » où les idées de vraie gauche seront reprises en terme non idéologique mais opérationnelles pour les jeunes et les abstentionnistes peu politisés. Au boulot!
Dominique FILIPPI
Ce qui reste à accomplir c’est le dépassement concret de ce cartel qu’a été le FdG. Quid du PCF puisque celui-ci en tant qu’institution, même moribonde, « se préférera » en cultivant son narcissisme politique plutôt que de se diluer dans un ensemble qu’il ne contrôlerait pas ?
Je ne vois qu’une issue, déclarer votre candidature au plus vite pour mettre cette mémoire glorieuse qu’est encore le PCF pour un grand nombre (les « ex »sont encore le premier parti de France !), au pied du mur. Ou le rassemblement de papa et grand-papa ou « l’aventure » façon Podemos. Les dirigeants du PCF sont allergiques à « l’aventure » (1936 avec la non participation, 1945 avec la soumission à Staline et à De Gaulle, 1968 avec les Accords de Grenelle). Il ne faudra pas compter sur eux car ils font partie du système qui les nourrit (voir Laurent élu sénateur grâce aux voix des élus solfériniens, les places au Conseil de Paris, les places laissées dans diverses assemblées en sur-représentation par rapport à l’influence réelle, etc.). Je dis mettre cette mémoire au pied du mur et non ce parti sur lequel on ne peut plus compter en tant qu’institution.
alain69
Ne t’ennuies pas avec les moribonds et bonne chance, ta force d’action doit être formidable. Ton article serait en première page chez Libération ou l’Obs et glorifié au PS.
Dominique FILIPPI
Toujours le vieil argument de servir, en divisant , l’adversaire de classe mais ce que tu ne vois pas c’est que l’époque appelle des solutions nouvelles puisque les gens ne croient plus aux accords de sommet depuis longtemps. Je n’ai aucune action chez le sauveur suprême mais force est de constater à moins d’être aveugle et sourd que c’est le seul audible chez nous. Tu vois je dis chez nous encore que l’archaïsme de ta réponse ne m’en laisse guère l’envie…
alain69
Sans actions, sans luttes, sans expressions de masse, on pourra toujours se masturber les méninges à longueur de journées on fera toujours le même constat.
Certains peuvent espérer l’homme providentiel, les autres s’éclater contre le PC, d’autres faire des alliances avec les écolos de salon comme on a vu en Rhône Alpes, mais cela ne changera rien. La longue déclaration de Jean-Luc Mélenchon est bien mais elle ne mobilisera personne en dehors de quelques militants du PG. Sans thèmes mobilisateur, simples et accessibles à tous vous continuerez à vous faire plaisir dans vos blogs.
Allez bon Noël !
sergio
Les trahisons abjectes avaient déjà commencé avec Ayrault et les destructions progressives des protections sociales et républicaines. Valls les poursuit. C’est le PS qui est l’organe pourri, pas seulement celui qui a fait 5 % aux primaires du PS ni celui qui a fait bien davantage, comme Hollande. Jean-Luc, qui a très souvent une longueur d’avance sur beaucoup de choses, l’a compris en quittant ce trust électoral de carriéristes, jadis.
Il sera intéressant de voir la réaction parlementaire solférinienne à ce texte sur « la déchéance ». Et, comme le propose @Segeric, voir si, après ce vote, une refondation de la gauche réelle avec les déçus du PS, des EELV sincères et des PCF intègres, peut se faire autour du projet de la 6e République. Ou voir comme y invite @Marie Labat si des assemblées citoyennes autofinancées déclencheraient une prise de conscience nationale et un regain pour la refondation de la gauche réelle.
Très bonnes fêtes à toi Jean-Luc et à tous les amis du PG.
ALAIN du Rhône
PCF intègres, parce que les ex PS sont intègres eux, vous avez la mémoire courte, vous glorifiez les communistes qui étaient pour une cation unitaire avec le programme commun, et vous vilipendiez les communistes qui ne voulaient pas d’une alliance qui nous enfermait dans ce programme commun. Mais qui a trahi le programme commun, les communistes ou les socialistes, qui a trahi les idées de gauche, les communistes ou les socialistes ? Vous avez soutenu cette orientation unitaire, vous nous avez traité de stalinien, archaïque, traitre et j’en passe, alors un peu de respect, les communistes qui ne soutiennent pas la ligne politique actuelle du PCF ne vous font pas plus confiance et ne vous autorisent pas à insulter le PCF.
Si on réfléchissait comme vous on ne voterait pas pour Mélenchon, mais on essaie de dépasser nos divergences pour avancer, ce qui dans ce blog n’est pas le cas de tout le monde. Ces basses critiques me donnent la nausée, décidément certains ne changeront jamais et la maladie infantile de l’anti-communisme est bien présente malheureusement.
sergio
Bizarre @Alain 69 que tu reproches aux pourfendeurs d’alliance depuis 2012 avec un parti social-libéral qui a coulé la gauche ce que tu mets en avant au cours des gouvernements d’union de la gauche jadis, à savoir : des ruptures à l’intérieur d’alliances suite à des choix politiques importants.
Méfie-toi aussi du refrain d’ « anticommunisme » . Il peut se retourner contre son énonciateur puisque les alliances électorales de certains candidats PCF avec les sociaux-libéraux qui ont trahi et coulé la gauche depuis 2013, alliances que tu soutiens, ressemblent à s’y méprendre à de l’anticommunisme puisqu’elles réduisent alors à rien l’idéal du partage et les choix politiques.
COURBOT
Pourquoi la double nationalité ? Droit du sol, droit du sang ? Et le choix de l’individu dans tout cela ? Ce choix devrait s’exercer a la majorité de 18 ans en toute conscience. Être Français avec tous ses droits et ses devoirs !
cogilles
La déchéance de nationalité quelle honte et comme vous dite ça donne la nausée, la chasse est ouverte à « tous les ennemis dis de l’intérieur ». Il n’y a qu’a regarder l’application de l’ état d’urgence. En plus, très étonnant une telle mesure proposée par un Président de la République et son gouvernement dont le Premier Ministre a demandé la nationalité française à 20 ans (le délais maximum de déchéance 15 ans maximum peut lui aussi être remis en cause, pourquoi pas atteinte a l’esprit républicain).
Le concept de peuple englobe toutes les couches sociales et entre ces couches sociales il y a des intérêts très divergeant voir incompatibles. C’est le système d’exploitation capitaliste, et pour fédérer une majorité du peuple, il faut le faire sur des intérêts communs bien identifiés, aussi bien les causes et leurs conséquences. Et une partie du peuple, celui qui exploite, propriétaire des moyens de productions s’accaparant les richesses produites serons toujours vent debout contre.
Ardéchoise
Entre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, Hollande fait le lit au Front National. Si Marine Le Pen devient présidente de la République en 2017 (ce qui n’est pas exclus à mon sens), elle n’aura plus qu’à appliquer les lois votés par les socialistes. D’après Vincent Nouzille (entre autres), François Hollande est le président qui « assume le plus d’opérations clandestines ». Il n’hésite pas à utiliser les services secrets français et américains pour faire assassiner en secret, ce qu’il a fait par exemple au Mali. Je pense qu’il est tout le contraire de ce qu’il paraît, avec ses airs bon enfant. Cet homme est d’autant plus dangereux qu’il cache bien son jeu.
gilbert raynaud
Depuis des lustres les principes généraux du droit sont attaqués. Dès lors, ils ne savent plus où ils vont, politique à la petite semaine, aucune vue d’ensemble, coups médiatiques, ça finira mal, c’est alors qu’il y aura une renaissance. Grèce, Portugal, Espagne, Italie ? ça craque, paroxysme en Pologne. Le bateau ivre, le renflouement des banques au niveau mondial sans la moindre contrepartie (le plus grand hold-up de l’histoire de l’humanité, plus fort que toutes les mafias réunies!) Heureusement qu’ils n’ont pas de limite, car ça les perdra.
Dionys
Je propose la déchéance du nom « socialistes » pour ce gouvernement.
Nadia Moisset
Avant tout, bonnes fêtes de fin d’année Jean-Luc ! Je vous souhaite du plaisir, du repos, et plein de bonheurs personnels, et une pleine forme à votre retour sur la scène politique en effet la tâche immense grandit chaque jour car oui je suis d’accord lorsque vous dites « Le Père Noël gouvernemental est une ordure » et je partage aussi totalement ce que vous nous dites dans votre post et qui correspond totalement à l’idée que je défends en dehors de toute notion de « sauveur suprême ». Je vous cite : « Il faut ici, sans démagogie, accepter l’idée qu’un mouvement sans leadership repérable a de grande difficulté à s’imposer sur la scène. » et encore « S’agit-il de rassembler la gauche ou de fédérer le peuple ? Avant de répondre « tous les deux bien sûr » « . Aujourd’hui, je dirai, forte de l’expérience de ces derniers mois, d’abord fédérer le peuple, la gauche suivra ou pas, mais nous avons le Parti de Gauche comme avant garde et c’est très bien.
Allez, on se repose un peu, place aux fêtes » et on repart en 2016.
JLB-91240
Il est plus que grand temps de larguer définitivement les amarres avec Hollande, Valls et Cambadelis. Ils ont tué la gauche. Maintenant chacun au PS, comme au niveau des autres formations doit prendre ses responsabilité. La ligne jaune vient d’être franchie. Il faut rompre sans retour, sans la moindre hésitation, sans le moindre remord.
Nicks
La voie est claire et c’est celle d’un rassemblement de résistance, autour de l’État, sa souveraineté et son contrôle citoyens, et de la nécessaire édification d’une économie tournée vers l’humain, donc durable. Ce mouvement ne me paraît pas envisageable sans dépasser les partis et l’ancien clivage gauche-droite. Il ne me paraît pas possible non plus sans l’appui d’une personnalité fédératrice. Il me semble que Jean-Luc Mélenchon n’est plus très loin de prendre la décision qui s’impose.
CGVALD'OISE
Je partage complétement l’analyse. Mais il convient d’aller vite et très vite autour de la candidature de JL Mélenchon. Il convient de lancer une pétition citoyenne ayant comme base à la fois la candidature de Jean-Luc Mélenchon et le programme l’humain d’abord à amender en assemblée citoyenne. Dans le même temps il faut s’organiser pour faire du porte à porte, tenir les places publiques et récolter des fonds pour nos ambitions.
Cultive ton jardin
« En créant de toute pièce la catégorie des « Français de souche » et des « étrangers de souche » »
Ils ne font au contraire que reprendre une vieille tradition. En Algérie coloniale, si je suis bien informée, il y avait des FSE et des FSNA, Français de souche européenne, Français de souche nord africaine. Non ?
Jéjé
Sur la déchéance de nationalité, j’approuve sans réserve votre critique et votre analyse, mais je la complète sur deux points.
Premièrement, cette polémique masque l’autre indignité de la réforme constitutionnelle, à savoir la modification de l’article sur l’état d’urgence qui, elle, pourrait inquiéter bien plus de monde. Cela ne me surprend nullement de la part de politiciens aussi retors que Hollande.
Deuxièmement, je crois que cette mesure reflète aussi la volonté d’exclusion qui s’est emparée de bien des couches de notre société: on ne veut plus réformer ou contrôler les déviants, on veut juste s’en débarrasser.
Sur l’Espagne, j’avoue ne pas connaître ce voisin dont je ne parle pas la langue, mais vos conclusions m’intriguent et m’intéressent. Il me semble comprendre la critique que vous faites des tactiques de notre camp, même si je ne suis pas un militant très assidu. Qui dit action dit objectifs et moyens pour les atteindre, anticipation des réactions de nos adversaires oligarchiques et moyens d’y répondre.
Lors de la campagne des municipales, les actions à mener étaient faciles à définir parce que locales, et que chacun pouvait anticiper le résultat de son propre effort. Le défi que vous lancez est-il maintenant de proposer à nos concitoyens des objectifs sur lesquels chacun peut s’impliquer?
Paco
Je suis un peu perturbé par cette question de double nationalité. Un citoyen qui peut bénéficier de deux nationalités est-il plus égal qu’un citoyen qui n’en a qu’une ?
Je trouve le concept de droit du sol tout à fait satisfaisant, mais ne devrait-on pas, arrivé à l’âge adulte, faire un choix de nationalité pour n’en n’avoir plus qu’une ? Ce principe me paraîtrait aller dans le sens de plus d’égalité, sans qu’il soit besoin de renier celui du droit du sol. En conséquence, je trouve toute l’agitation actuelle autour de la déchéance de nationalité assez vaine et stérile. C’est évidemment de la manipulation politique, mais avec Hollande ça n’a rien de surprenant. C’est un maître en la matière. N’y aurait-il pas des questions plus brûlantes à traiter ?
Laurent
Le PS tire vers la droite voir l’extrême droite créant ainsi une béance voire un néant à gauche. Si nous ne nous y engouffrons pas rapidement, je crains que d’autres le fassent. C’est peut-être l’occasion ultime.