J’ai écrit par discipline de travail. Rien de mieux pour commencer une année d’un bon pas. Comme la fabrication de l’actualité a ralenti, on peut lui tourner le dos mieux que d’habitude. Je traite du plus difficile : commenter les vœux de François Hollande. Ensuite une petite cuillère d’économie. Puis je vous parle d’un professeur de lettres classiques et de littérature comparée de Lons-le-Saunier.
Je crois que François Hollande aura aussi tué ça. Les vœux du président ont perdu 45 % de leur audience depuis qu’il les prononce. Dès lors, il aura au moins dit la vérité sur un point : ces vœux-là en effet, « ne ressemblent à aucun des précédents » car jamais il n’y a eu aussi peu de monde devant la télé pour les entendre à l’heure dite. Le contenu politique était d’une bonne facture de droite assez traditionnelle et pauvre en imagination. Et le reste s’apprécie selon l’humeur de chacun. Pour ma part, j’ai mal vécu les envolées paternalistes : « Français, je suis fier de vous », « mon devoir est de vous protéger » et ainsi de suite. Je ne suis ni de sa parentèle ni de ses protégés pour accepter qu’il se donne ce rôle infantilisant pour ceux à qui il s’adresse. Une fois de plus, on sent la main lourde des communicants. Ils ont dû tellement lui farcir la tête avec « le rôle protecteur attendu par les Français » que l’autre l’a repris à la lettre. Ça me rappelle le coup de l’animateur qui demande à une personne « dites bonjour au micro » et la personne de répliquer « bonjour micro » !
Quant au plan politique, je vous invite à juger sévèrement son propos. Car l’emballage sécuritaire et paternaliste du début proposait ensuite une marchandise bien frelatée. Lourd artifice ! On se demande d’ailleurs pourquoi les vœux du président devraient donner lieu à un discours programme de Premier ministre. En tous cas, les trouvailles les plus éloignées de ce pour quoi il a reçu son mandat présidentiel ont été resservies. Juste avant le repas, c’était très indigeste et peu apéritif. La destruction du code du travail, les sottises sur l’apprentissage, les stages pour qualifier les chômeurs et ainsi de suite, bref : toutes les lubies déjà rabâchées par la droite dans le passé ont été représentées à la table du réveillon.
Dès lors je suis bien triste de lire dans un sondage qu’il y a autant de gens pour vouloir qu’il soit candidat en 2017 qu’il y en a pour vouloir la même chose s’agissant de moi : 24% ! Notez que si ceux qui veulent que je sois candidat votent aussi pour moi, il est bien certain que Hollande devra penser à une autre occupation. Mais que comprendre aux sondages. L’un dit que 100% des sondés (ou presque) veulent le « renouvellement de la classe politique », mais 56% voudrait bien que Juppé soit candidat… Mais bon, d’accord, ça donne aussi un coup de vieux à tous ceux qui faisaient les manifs contre lui pour défendre la retraite à soixante ans. C’était au siècle précèdent, c’est vrai. Mais comme Hollande l’a repoussée à 66 ans ça ferait presque de Juppé un gauchiste.
C’est avec ce tohu-bohu que commence l’année médiatique. Vivement la prochaine agression bidon au cutter, le prochain sketch du faux imam de Corse au 20 heures. Au moins ça fait rire des journalistes, et on regrette quand on l’a manqué en direct. Qui a regretté de n’avoir pas vu en direct Hollande ?
Cette publication a été effectuée sur ma page Facebook :
LES VŒUX D’ARTIFICES DU PRESIDENT Je crois que François Hollande aura aussi tué ça. Les vœux du président ont perdus 45…
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur samedi 2 janvier 2016
Au cours de l’année écoulée, nous avons été témoins bien des fois de la puissance des « effets d’annonces » pour amortir le choc de la réalité jusqu’au point souvent de l’effacer du tableau. On pourrait croire que ce ne saurait être le cas à propos des questions de l’économie, domaine où règnerait la froide objectivité des chiffres et des « lois naturelles ». Balivernes. C’est même parfois le contraire. C’est là que souvent la communication est le plus efficacement une action. Naturellement, ceux qui vous administrent l’hallucinogène ne viennent jamais ensuite faire le dégrisement. Pire. Sans vergogne, ils administrent de nouvelles doses d’illusions euphorisantes ou de paniques aveuglées.
Pour qui veut penser sur ces sujets, il faut donc toujours commencer par extraire les faits de la gangue des annonces qui les ont fait disparaître des radars. Pourquoi a-t-on entendu annoncer « la reprise » tant de fois alors qu’il n’en était rien ? Où sont passés les reculs mensuels du chômage ? Qu’est devenu le « plan de relance de l’économie européenne » d’un montant prétendu de 120 milliards d’Euros, destiné « prioritairement à la jeunesse », que François Hollande prétendait avoir obtenu dès son élection et sa première visite à Merkel ? Qui peut dire ce qu’est devenu le plan de relance européen, pour un montant double, annoncé par Jean-Claude Junker, nouveau président de la Commission ? Qui se souvient de la décision à son de trompe du banquier central européen injectant dans l’économie mille milliards entre décembre 2011 et février 2012. Et puisque son successeur a décrété avec un mégaphone géant un plan de rachat mensuel de titres de dettes des États possédés par les banques à hauteur de 80 milliards par mois, où ces montagnes d’argent sont-elles passées ? Pourquoi n’en lit-on et n’en discute-t-on aucun bilan nulle part ? Pourquoi tout cela n’a-t-il produit aucun redémarrage de l’activité où que ce soit ? Quel sont ces mystères ?
Le capitalisme financier de notre temps s’est posé comme une nouvelle peau sur tout le système de la production et de l’échange. Là où régnaient hier l’ingénieur et l’entrepreneur, règnent désormais le directeur financier et le directeur commercial comme les deux bouts de l’aiguille dans la boussole. A présent, l’argent tourne en rond dans la sphère financière sans jamais revenir sur le sol de l’activité réelle. Une belle grosse bulle d’argent, diffusée dans des montages de plus en plus périlleux pour continuer à cracher du rendement. Elle est aussi nourrie par l’énormité des excédents financiers européens. Ceux-là se heurtent comme de juste à l’anémie de la consommation et de l’investissement que les politiques d’austérités budgétaires provoquent. Puisqu’on dédaigne la demande d’équipements publics et qu’on préfère laisser les infrastructures de toutes sortes se dégrader plutôt que de les remettre à niveau, puisqu’aucun plan de transition énergétique n’est mis en œuvre, par exemple, où investir ? Et comme c’est la guerre du dumping social et fiscal entre les 28 pays de l’Union, et puisque tous sont orientés vers l’export en vue de faire des excédents, où investir le flot grossissant de liquidités disponibles ?
Il se jette donc dans la sphère financière aussi mécaniquement que le fleuve à la mer. Mais dans cette sphère, il reste encore brûlant dans les mains de ceux qui le manient. Leurs cocktails financiers sont de plus en plus instables et bien explosifs. Alors se produit le plus drôle. Ceux qui tiennent la taverne des ivresses se gardent de l’eau pour la soif. Ainsi, bien des banques et des établissements financiers refusent de revendre au banquier central les titres de dette des États qu’elles possèdent et qui sont censés être du papier chiffon si l’on en croit les agences de notation. Pourquoi ? Parce que ces titres sont considérés comme « plus sûrs » que les montages inventifs que composent les petits Mozart de la finance…
Cette anecdote en dit long sur le niveau d’hypocrisie des agences de notation qui se tordent les mains d’angoisse devant les dettes des États et en font augmenter les taux d’intérêts du fait de leurs mauvaises notes, mais recommandent qu’elles servent de socle aux compositions folles des montages financiers privés. Elle en dit long aussi sur le niveau d’asphyxie d’un modèle économique devenu incapable de faire un usage concrètement utile de sa puissance. Dans une telle atmosphère de volatilité, tout faux mouvement peut-être terriblement dangereux. Si ici ou là une des composantes, même très locale, s’écroule, l’effet en impactera toute la sphère. Exactement comme un seul coup d’épingle fait éclater la totalité d’une bulle de savon. Tout le monde se tient donc à l’œil. Un mouvement brusque de retrait ici ou là et tchouff, tout peut se déclencher.
Il y a deux semaines le regard portait sur les USA. En effet la banquière centrale nord-américaine a décidé de renchérir ses fournitures en dollars auprès de ceux qui viennent en chercher. En même temps, elle améliore la rétribution des excédents que les banques placent dans ses mains. Une variation certes microscopique pour un œil extérieur. Mais il est d’impact colossal pour ceux qui doivent investir et donc emprunter, ou pour les banques et institutions financières qui ont sur les bras d’immenses masses d’argent à placer. Celles-ci sont parfois coûteuses à loger surtout quand des pays comme le Brésil ou d’autres « émergents », qui stimulaient les appétits, exigeaient des dépôts de garanties pour les placements ! Il leur est même arrivé de fixer un impôt sur les investissements étrangers. L’inconvénient est que si des flots se retirent brusquement, ils assèchent mortellement leur point de départ. C’est alors un peu plus qu’un coup d’épingle imprévu. Sans compter que si ce petit rien décidé par la banque centrale américaine est un régal pour certains, il est cependant impossible que cela stimule l’activité puisque le crédit sera plus cher et que les Américains sont drogués au crédit. Guettez bien si ce ralentissement ne vient pas impacter celui de la zone euro. Et l’aggraver mécaniquement. Avec les risques que cela contient. Tel est le capitalisme de notre époque. À tout moment tout peut sauter.
Il est une nouveauté dans l’Histoire. En effet c’est la première fois que l’économie humaine ne repose plus principalement sur la circulation de biens réels. Le gonflement de la masse de dollars en circulation a fait naître un monde parallèle où l’essentiel des transactions financières ne correspondent à aucune réalité matérielle. En 1970 il s’échangeait 20 milliards de dollars par jour. Dès les années 1990 on en était à 1 500 milliards quotidiens. En 2010 c’était 4 000 milliards de dollars par jour. À la même date, les biens et les services réels et concrets échangés atteignaient à peine 40 milliards par jour. Cent fois moins.
La capitalisation boursière a suivi le même chemin extravagant. Elle est passée de 1 400 milliards de dollars en 1975 à 63 000 milliards en 2007 à la veille de la crise des subprimes aux États-Unis. La « valeur » des entreprises a donc été multipliée par 45 en trente-deux ans. Mais pendant ce temps la richesse matérielle réellement produite par ces entreprises n’a été multipliée que par 3,5.
Dans ce contexte, les accidents graves deviennent de plus en plus réguliers. Certes, le capitalisme n’a jamais été un système stable. De 1816 à 1929, soit à peine plus d’un siècle, il y a eu 14 crises ! Mais le rythme s’est accéléré. Depuis 1973, juste après la décision du président Nixon qui a rendu possible l’explosion de la bulle de dollars, il y a eu 12 crises ! En moins de quarante ans, presque autant qu’en un siècle ! Et depuis 1992, déjà 8 crises en vingt-deux ans. Le monstrueux bug dit « des subprimes » en 2008 a mis à genoux les États et les peuples chargés de renflouer les banques. Nous sommes encore en train de le payer. Des promesses de prudence et de moralisation furent alors faites. On sait qu’il n’en reste rien. On devait par exemple séparer les activités des banques d’affaires de celle de dépôts.
De cela, en France, Moscovici a fait une pantalonnade qui impacte à peine deux pour cent du bilan des banques concernées. Celles-ci peuvent donc continuer à jouer avec l’argent des déposants. Qui a pu protester alors, à part ceux qui comme nous ne croient pas que la spéculation soit l’horizon indépassable de l’activité financière ? Peut-être va-t-il en aller autrement à présent. Car la création de l’Union bancaire européenne a abouti à une situation très nouvelle pour ceux qui ont plus de cent mille euros de dépôts dans une banque. Ne croyez pas que ce soit seulement peu de monde. Ce sont surtout des gens influents et décideurs. Leurs craintes compteront donc. Dorénavant, en cas de faillite d’une banque, les actionnaires devront payer pour le renflouement. Mais les « gras comptes » aussi. Ceux de ces gens-là. Evidemment, ils ont bien besoin que leur argent soit placé là où il rapporte le plus. Mais ils ont surtout besoin aussi de ne pas le perdre.
À cette heure, la bulle est repartie de plus belle. La part européenne s’y accroit vite, stimulée par les injections de liquidités, la fraude et « l’optimisation fiscale », toutes calamités qu’aggrave la politique de féroce concurrence des États de l’Union entre eux au plan fiscal et social. Elle reste donc mollement pendue au-dessus du vide d’investissements en Europe et à la merci d’une bourrasque qui la ferait éclater. Dans le système actuel il ne peut en être autrement.
Mais pensons à ce que nous pourrions faire ! Nous trouverions à peu de frais beaucoup d’argent pour notre plan de relance de l’activité réelle. En partant des besoins concrets, économie de la mer ou transition énergétique par exemple, nous trouverions un ample champ de crédits possibles avec une contrepartie matérielle visible et tangible. La possibilité d’un compromis dynamique avec le capital entrepreneurial existe. Les fonds aussi. Par exemple on sait qu’un euro sur deux aujourd’hui placé dans l’assurance vie est utilisé à l’étranger. Tout cela se discuterait plus utilement que les cadeaux sans contrepartie du système Hollande, Valls et Macron. La politique de la demande se pilote. L’État maître du temps long des investissements et du plan y est une garantie centrale. Celle de l’offre ne peut rien produire d’autres que des effets d’aubaines conjoncturels. Et surtout, elle finit d’intoxiquer un système productif déjà lourdement drogué aux enrichissements sans cause.
Bref, une distribution de vin chaud dans une salle d’alcooliques réfrigérés.
L’activité politique est doucement repartie. J’ai donc l’opportunité d’utiliser cet espace pour une circonstance plus personnelle qui cependant parlera, je l’espère, sans doute à beaucoup de ceux qui me liront. Nous avons tous « un prof » dans notre vie, non ? Homme ou femme, nous lui devons cette sorte de passage à gué pour l’esprit, là où il y a un avant et un après. L’intervention dans notre vie de « notre » prof nous aura souvent poussés dans nos choix, d’une manière décisive, sur un chemin ou sur un autre. Le plus souvent, cette rencontre ne reste pas purement intellectuelle dans ses conséquences. C’est-à-dire qu’en nous faisant découvrir ceci ou cela, ou bien des fois par son seul comportement à notre égard ou devant toute sa classe, ce prof rayonne pour toujours en nous. Cela parce que nous savons très intimement qu’il en est résulté un grand chambardement ou bien une de ces infimes modifications qui aura ensuite élargi de façon incroyable son influence sur nous toute notre vie. C’est pourquoi le métier d’enseignant est un art si délicat. Les profs savent qu’ils sont en face d’êtres en formation, ils sentent leur responsabilité et leur impact humain. D’autant qu’eux aussi ont eu leur prof. Et peut-être est-ce de son exemple qu’ils ont tiré à leur tour l’envie d’enseigner.
Beaucoup d’entre nous marquent une fidélité profonde à ces héros anonymes qui ont changé discrètement nos vies. Et moi comme vous. J’ai tout annulé pour être à l’heure de son rendez-vous cette semaine, puisque c’est l’heure de l’accompagner pour sa dernière demeure. Il s’agit de Rémi Jobard, professeur de lettres classiques et de littérature comparée au lycée Rouget de l’Isle de Lons-le-Saunier. J’en parle en pensant à tous ces maîtres qui ont été sur nos parcours.
Il affichait une simplicité autant par principe philosophique que par goût spontané. Au début, nous ne savions pas que nous l’admirions. Nous, la petite troupe de littéraires passionnés dont ses cours étaient le centre du monde. Puis le temps ayant passé, nous avons su qu’il était en réalité devenu l’une de nos références essentielle. Il nous enseigna Montaigne. Jeune homme embrasé, j’en restais à l’impression d’une soupe tiède. Mais sa manière de faire m’avait tout de même immédiatement inculqué le sentiment que je ne comprenais pas quelque chose. Je lui dois ce doute. Il fit son effet. Lui nous avait proposé mieux qu’un savoir : une curiosité.
Oui Montaigne est décisif ! Je le sais à présent. La voix de Rémi Jobard résonne dans ma tête quand je lis que toutes « nos vacations sont farcesques » et me vois encore si agité et obsédé d’action. Et je fais de Montaigne un horizon mental. Comme le fit François Mitterrand pour sa photo officielle, car le livre qu’il tient ouvert devant la rangée des livres (encore) fermés, c’est bien « les Essais » de Montaigne. Mais quand il nous fit connaître et comparer Antigone d’Anouilh et celle de Sophocle, je sus que je touchais à l’essentiel de ce qui serait une trame de vie pour moi comme peut-être pour quelques-uns de mes condisciples. Sans doute n’en tirèrent-ils pas les mêmes engagements que moi. Il me reste donc à apprendre. Mais j’ai le cœur plein de gratitude pour cette rencontre décisive avec Antigone mais aussi avec Créon. C’est-à-dire avec l’art de maintenir la société par le respect de la loi et d’en rester à sa discussion ou bien celui de n’entendre que la voix de sa conscience quand bien même le devoir qu’elle vous assigne vous rend seul, vulnérable et dérisoire dans vos obstinations. Mais c’est de là qu’est ancrée notre liberté la plus intime. Celle qui vous identifie à vos propres yeux. Une autre fois, les Pensées de Pascal en main, il arpentait l’estrade. J’ai compris que j’avais de bonne raison d’être « inquiet » comme le dit le philosophe. C’est-à-dire sans quiétude. C’est-à-dire en mouvement. Bon sang, j’en suis toujours là !
Mes lecteurs me pardonneront ces digressions littéraires qu’un jeune homme loin dans le temps fait vivre en moi à cette heure. Je n’ai pas de chagrin. « Le bon maître est celui qui apprend à se déprendre de lui » pour penser. Comme pour vous peut être, mon prof siège dorénavant comme conseiller au tribunal de ma conscience. Peut-être rallumerez-vous en me lisant l’image en vous de « votre » prof. On dira donc qu’on commence l’année en pensant à ceux dont c’est le métier de nous rendre meilleurs.
120 commentaires
MarieSophie
Je suis prof de FLE à Buenos Aires. Je suis francoargentine. Actuellement retraitée après 38 ans de salle de classe, de poussière de craie et de brouhaha de récrés. Je n’oublierai jamais mes bons profs du secondaire, entre 1967 et 1971, ceux qui ont éveillé ma curiosité d’apprendre. N’oublions pas non plus mes profs du Professorat en Langues Vivantes. Le philosophe Alain a dit « le professeur travaille à se rendre inutile ». Nous recherchons toujours l’autonomie des étudiants. Bonne année 2016 à tous !
rage au coeur
Oui Marie Sophie, belle citation d’Alain, mais parfois ce n’est pas facile à assumer. Moi même, jeune retraitée, de l’EN, beaucoup de mes ex-étudiants sont devenus autonomes et maintenant le lien de transmission me manque !
J’ai beaucoup de souvenirs joyeux de mes années de Lycée Raymond Naves (1960/1966) à Toulouse grâce à profs passionné-es, des qui se laissaient chahuter, des « affreux », des insipides. Ce n’est pas seulement les pistes de la connaissance que certain-es profs nous ouvrent, avoir la chance d’être encouragé, complimenté par un prof est souvent salvateur.
Marchand Eric
Moi je me souviens de Mr Montriol, prof de français en 5ème qui m’a beaucoup motivé et encouragé avec mes rédactions, il m’avais transmis la passion d’écrire et d’améliorer mon style, merci, nous allions parfois chez lui un petit groupe d’élèves irréductibles pour discuter de nos travaux et échanger nos idées.
Bonne année Jean-Luc Mélenchon, merci pour vos apports, vos analyses, vos réflexions, vos remises en cause, vos colères, cela nous permet de réfléchir sur notre époque, de maintenir le cap, car il y a un manque cruel d’hommes ou de femmes politiques comme vous, et je vois bien que ceux qui vous suivent de près ou de loin (car je vis au Mexique) vous apprécie non seulement pour votre engagement mais aussi pour votre humanité. Prenez bien soin de vous.
Je conclurai par ce message d’Amérique Latine « No hay peor lucha que la que no se hace » (« Il n’y a pas de lutte pire que celle qui ne se fait pas »).
[…]
Michel
Bel hommage à Rémy Jobard que j’ai eu comme professeur de français et latin en 4eme (1965/1966) et en première (1968/1969). C’était effectivement un professeur qui a marqué de son empreinte des générations de lycéens jurassiens. Je me souviens de ses dictées où 5 fautes entraînaient un zéro et de son enseignement sur les auteurs français, latins et grecs. Le souffle de la littérature passait dans ses cours et l’on découvrait subjugués des auteurs pas faciles d’approche comme Fénelon, Sophocle… il avait aussi une activité extra scolaire avec l’animation du BUS, un service de conseils aux lycéens pour les aider à s’orienter après le lycée.
Renèe
Mes profs du cours complèmentaire nous ont appris ce qu’elles savaient et puisaient dans le « Mallet, Isaac et Béjean » l’essentiel de leur enseignement. Un enseignement rigide quasi religieux. C’est un ex communiste-résistant qui m’a ouverte réellement aux autres, il m’a appris le doute, a abolir le sectarisme, a chercher et trouver dans l’autre ce qu’il a de bien, de beau. Merci de m’avoir transformée, du moins de m’avoir ouvert dex pistes, les pistes de la connaissance.
André
Mon premier instituteur demandait à nos parents de n’utiliser avec nous que notre langue maternelle qui était la langue d’oc (appelée alors le patois), et quand nous arrivions à son école il nous initiait au Français avec un dictionnaire élaboré par ses soins dont je me suis servi toute ma vie et qui m’a valu d’être toujours le meilleur en orthographe dans tous les cycles d’enseignement que j’ai connus. C’était il y a 80 ans.
Hans Hamel
Merci Monsieur Mélenchon de cet hommage qui nous concerne tous. Votre hommage est c’est vrai le nôtre. Bel hommage au savoir, à la connaissance et à la transmission. Merci d’être à votre tour un passeur et une part si importante de notre conscience.
gswan
Puisque l’ambiance est morose dans ce billet et dans notre pays, je m’étonne qu’il n’y est pas question d’un événement qui passe totalement sous les radars médiatiques français et qui est plein d’espoir.
Dans la primaire démocrate aux USA, un candidat porte haut et fort nos couleurs et rassemble de plus en plus de gens autour de lui, faisant raisonner son message en dépit du boycott médiatique qu’il subit, et il se pourrait bien qu’il finisse par l’emporter. Bernie Sanders a à peu près le même discours que Jean-Luc Mélenchon, sur tous les sujets (sauf en matière de politique extérieure et encore), alors pourquoi passer à côté de cette lueur d’espoir quand tout est si gris ici ?
jorie
Etrange magie que cette vague longue de l’influence insoupçonnée exercée par un professeur ! J’ai oublié leur nom, mais jamais le goût qu’ils m’ont laissé. Ces rencontres magiques ont eu lieu à l’université, juste après 1968. Nous, esprits rebelles, singulièrement échauffés et pétris de certitudes révolutionnaires, un vieux professeur longiligne passionné de littérature ancienne et totalement « vieille France » nous a imposé le respect et la passion des lettres, avec un amour de l’humanité et de nos productions littéraires tel que d’autres sections venaient partager ces moments avec nous. Il s’est tué en faisant de l’escalade et nous a laissé le goût des ascensions difficiles et du respect de la connaissance. Un autre professeur, mal fagoté comme l’inspecteur Colombo, et passionné de transmission nous a fait vivre avant l’heure « le cercle des poètes disparus ». Réfléchissez par vous mêmes, cessez de citer, d’écrire, de vous soumettre. Ecoutez, lisez et prenez n’importe quel texte à bras le corps et tirez le meilleur de vous même. Je ne veux plus vous voir prendre des notes. Relevez la tête et soyez vivants. Ces deux êtres ont disparu. Jamais ils n’ont été absents à chaque charnière de l’évolution de mon univers mental, ils étaient présents et m’ont aidé à relativiser, à apprécier, à rester passionnée et libre.
Juliette Emery
Merci pour l’info sur la création de l’Union Bancaire européenne. Reste à savoir comment ce fonds sera administré. A suivre donc.
Invisible
Hier soir, le JT de France 2 a parlé de vous, Jean-Luc, par le truchement de Jean Dormesson… Pas sûr que ce soit à notre avantage. Ce type est-il vraiment un ami ? La presse, seconde peau du système, ne travaille qu’à nous discréditer, par les moyens les plus violents, mais aussi les plus sournois.
Alain
Merci Jean-Luc,
C’est, sans doute, ce versant de toi que je péfère…
Renault
Laurent « souhaite un véritable candidat de gauche pour 2017« . C’est clair ? Apparemment tu ne fais pas le poids. Trace ta route, ils viendront te manger dans la main, s’ils ne t’ont pas « tué » avant.
Régis de Nimes
Dans un souci de clarté et d’honnêteté, reprenons la phrase de P. Laurent : « Il faut un candidat de gauche dans lequel se reconnaissent les socialistes, les écologistes, les gens du Front de Gauche, les communistes… ».
Nicks
Il faut avant tout un candidat qui rassemble les citoyens qui souhaitent retrouver la République, sa souveraineté et sa cohésion sociale, pas une marionnette déchirée par les partis.
Pierre34
Je crois qu’il faut constituer, sans attendre les tentatives politiciennes de récupération, dans tout le pays des comités citoyens organisés le plus horizontalement possible, avec un label commun, proposant un vrai projet alternatif défini démocratiquement.
OPTIMIST
Ma primaire: Commençons par diffuser massivement l’ébauche d’un programme de gouvernement 2017, (l’Humain d’Abord actualisé peut être une base) largement débattu et partagé par le peuple et le monde associatif dans le cadre d’assemblées citoyennes. Puis, seulement après, débattons de son contenu avec nos partenaires, en prenant le peuple à témoin qui pourrait trancher les questions essentielles par sondages ou référendum. L’outil Internet me semble tout à fait adapté. Viendra ensuite le temps de la candidature la plus pertinente capable de défendre ce programme avec l’engagement formel de s’y tenir. La tache est immense mais exaltante et mobilisatrice. Au boulot, ensemble.
Sylvain COSTET
Pour nous la seule bonne voie possible est le rassemblement à la base en assemblées citoyennes qui mettront au point un projet de gouvernement, c’est ce que nous travaillons à construire depuis des mois dans l’Ouest Lyonnais. Il sera temps ensuite de choisir le candidat le plus apte à porter cette parole. Le nœud du problème va être la coordination de toutes les initiatives qui naissent un peu partout, mais ce n’est pas le plus urgent.
Adrien
Merci à J.-L. Mélenchon de ses analyses qui nous transportent d’espoir. Mais hélas,sur le plan médiatique, c’est le boycott complet, et encore ce matin sur RMC ou Bourdin et Piketty ajoute le nom de J.-L. Mélenchon a « tous les autres politiciens que les Français ne veulent plus voir » et prônent les primaires à gauche. On a vu le résultat de ces primaires de 2011 ! Valls minoritaire et de droite se retrouve 1er ministre !
[…]
JeanLouis
Je ne sais pas trop comment on peut s’en sortir pour arriver à une candidature de JL Mélenchon en 2017 avec tous les tirs de barrage plus ou moins sournois que l’on voit partout quand ce n’est pas le silence pur et simple. La tache est surement d’une difficulté extrême. Et pourtant avec un minimum de bonne foi il serait facile de reconnaitre que sur à peu près tous les sujets JL Mélenchon a des années avant beaucoup d’autres énoncer des idées reconnues pertinentes maintenant comme la non négociation du TSCG en 2012 par Hollande, sur les erreurs au niveau européen et l’étranglement des pays dit du sud, sur socialisme et écologie, sur l’économie de la mer, sur la dangerosité de notre politique étrangère inféodée à l’OTAN et aux USA, sur la laïcité, la république, etc. Bref la liste est aussi longue que les renoncements de ce gouvernement. Alors comment faire avec ces media là, hélas je ne pense pas qu’internet puisse remplacer les media dit main stream.
jorie
C’est ce que je ressens aussi. Ce tir de barrage de tous côtés contre Mélenchon est plus que suspect. Soit il est tabou de prononcer son nom, soit on le dénigre par allusions sournoises. Oui, effectivement, il a toujours 3 métros d’avance sur tous les sujets, mais « faut pas le dire ». Là-dessus, ils sont tous d’accord. Tout sauf Mélenchon, c’est clair. Les propos de P. Laurent se veulent allusifs, mais sont très évidents. Cette idée de primaire à gauche offre la possibilité d’un débat, sauf que sans Mélenchon, placé dans une situation de fatwa et d’ultimatum, ne peut pas y participer, les dés sont pipés, et c’est dommage, sa contribution à une autre alternance aurait été passionnante. Les politiques sont des chiens de garde du système actuel. Le système médiatique a dessiné le décor 2017 : MLP, Juppé, Sarko, Hollande. Aucun programme, mais peu importe ils sont partout. Par contre, les réunions de Mélenchon, ses écrits, ses diagnostics, ses propositions, ça n’existe pas. Son alternative est censurée totalement d’un commun accord.
Blin Florence
Monsieur,
J’attends avec confiance la sortie nouvelle de « L’ère du peuple » en février. Puissiez-vous trouver en vous-même les ressources qui détermineront votre action pour le pays et bénéficier ailleurs de soutiens tutélaires. Que le cosmos soit avec vous et le peuple !
Goissédé
@OPTIMIST
Nous sommes encore en 5ème République, un candidat ne sort pas d’une pochette surprise, 15 jours voir 6 mois avant le premier tour, c’est une longue préparation. Nous sommes sur le blog à Jean-Luc Mélenchon. Il ne faut pas tourner autour du pot.
Fulgence
OK à 100% avec ton dernier commentaire sur l’opération primaire à gôche dans Libération. Courage Jean-Luc, t’es pas tout seul!
marco polo
Faire comme si rien ne s’était passé en 2012 et surtout depuis 2012 est une prouesse de la part des protagonistes de cet appel à une primaire à gauche. Mais cet appel à ceci de positif, il coupe l’herbe sous les pieds du PS dont l’intention est manifestement d’unir la gauche en liant pieds et poings de ceux qui s’opposent à lui et sa politique de droite. D’autre part, vous rappelez à juste titre que le point de départ est toujours le programmme l’Humain d’Abord du FdG. Comme dit Pierre Laurent, on peut faire mieux. Non ! Nous devons faire beaucoup plus et mieux. Et le mieux signifie quelles intentions au sein du FdG, particulièrement au PC ? L’union ne doit pas être électoraliste, c’est à dire de circonstances, mais doit donner l’espoir du changement. Les élections depuis 2012, toutes les élections, ont donné lieu à effondrement progressif du FdG, surtout par une attitude de monopole du PC mais aussi par une mauvaise appréciation de la volonté d’union avec EELV. Alors, finalement, je pense que cet appel à une primaire à gauche est le piège dans lequel il ne faut pas tomber. Piège ? oui ! S’enfermer dans un programme généraliste qui promet des lendemains qui chantent et qui donne la main pour terminer au capitalisme qui nous mène au fond du trou. Quant à moi, je pense toujours que le candidat le mieux placé pour le peuple c’est vous Jean-Luc et c’est dit san aucune flagornerie. Et le vrai combat est là.
PG
Bonjour monsieur Mélenchon,
Bonne année et surtout bonne santé. Vous devez bien la préserver, car le combat va être très difficile encore. Je vous souhaite beaucoup de courage, je sais que vous en avez, nous sommes avec vous. Bonne année à tous les lecteurs de ce blog.
C’est avec plaisir que je constate que vous ne changez pas d’un iota depuis, pour moi, 2011. Je voudrai tellement voir évoluer ceux qui ne comprennent pas que vous êtes notre seul espoir pour obtenir un monde meilleur. Vous avez totalement raison de ne pas accepter de participer à la mascarade des primaires. Nous avons constater les dégâts occasionnés lors des dernières élections. Ma confiance vous est acquise, rien ne me fera changer.