On n’arrive pas à y croire. Deux ans de prison dont neuf mois fermes ! Neuf mois derrière les barreaux pour huit anciens salariés de Goodyear dont cinq élus syndicaux CGT. Ils ont été condamnés comme des criminels ! Mais on connait leur crime ! Avoir défendu leur emploi et ceux des 1143 salariés de l’usine ! Jamais, dans l’histoire récente, des syndicalistes et des salariés n’avaient été condamnés à de la prison ferme pour faits de lutte.
Cette décision est, bien sûr, légale. Mais elle n’est pas légitime parce qu’elle consiste à prononcer une amnistie du patron voyou de Goodyear qui a fermé l’usine après sept ans de lutte. Pourtant, sa décision a provoqué suicides, divorces, et maladie par dizaines parmi les licenciés. Et ce patron a été condamné pour avoir entravé l’action des salariés en vue de la constitution d’une coopérative ! Rien de tout cela ne correspond à l’idée que se font les gens honnêtes du mot justice. C’est une décision politique.
Les salariés ne sont coupables de rien. Ils ont agi en état de légitime défense sociale. La justice leur reproche d’avoir retenu deux cadres dirigeants de l’entreprise Goodyear en janvier 2014 dans le cadre de la lutte pour empêcher la fermeture de l’usine. Les salariés avaient gardé le directeur des ressources humaines et le directeur de la production de l’usine pendant 30 heures pour obtenir des réponses de leur patron qui se terrait sans répondre a personne. Cette action était une manière de faire monter la pression en évitant toute violence. Pendant leur retenue, les cadres avaient leur téléphone portable, à boire et à manger. Aucune violence n’a été pratiquée contre eux. Ces faits prenaient place au bout de 7 ans de lutte pour empêcher la fermeture de l’usine et résister au chantage patronal à l’emploi. Pendant sept ans, ces hommes et ces femmes ont résisté et lutté pied à pied. C’est cela qu’ils payent. Et cela alors même qu’il y avait eu un accord de fin de crise. Mais si l’entreprise avait renoncé a porter plainte et les cadres de même, le MEDEF voulait sa vengeance. Ses désirs sont des ordres depuis 2012 avec François Hollande. C’est donc le gouvernement qui a pris la responsabilité de la sale besogne.
Mme Taubira porte la responsabilité personnelle de cette décision. Pourquoi ? Parce que sans le procureur placé sous son autorité, il n’y aurait même pas eu de procès ! En effet, c’est le procureur, et lui seul, qui a poursuivi les salariés. L’entreprise et les deux cadres ont retiré leur plainte quelques jours après les avoir déposée, dans le cadre d’un accord de fin de conflit avec les syndicats. Il n’y avait donc aucun plaignant au procès, à part le procureur de Mme Taubira. Tout se tient ! Souvenons-nous que l’opposition de François Hollande, Manuel Valls et Christiane Taubira à notre proposition de loi d’amnistie sociale a donné aux procureurs et aux juges un signal de dureté dans les affaires liées à des conflits sociaux. Le gouvernement se cache derrière l’absence de consignes individuelles données aux procureurs dans les affaires de justice. Mais a-t-il donné des consignes générales de sévérité contre les salariés en lutte ? Oui, bien sûr. Quand le Premier ministre traite en direct télévisé les employés d’Air France de voyous et quand il demande avant toute enquête judiciaire des sanctions lourdes contre les salariés incriminés : il donne la ligne ! Sinon, pourquoi le procureur a-t-il continué les poursuites après le retrait des plaintes ? Pourquoi a-t-il réclamé la terrible peine de 24 mois de prison dont 12 fermes ? Au nom de qui agit-il ainsi ? Et au nom de qui le tribunal a-t-il pris une telle décision ? Certainement pas du fait d’une inspiration soudaine. Rappelons-nous que c’est le MEDEF et lui seul qui demanda que les poursuites aient lieu quand bien même la société avait retiré ses plaintes !
François Hollande est responsable. La réaction des salariés à l’époque se comprend d’abord comme une colère face à un actionnaire hargneux mais aussi face aux reniements du président de la République. Car François Hollande est allé à Amiens dans cette usine Goodyear, se faire applaudir par les salariés. C’était en octobre 2011, deux jours avant le deuxième tour de la primaire PS. Là-bas, il avait moqué Sarkozy qui « faisaient des promesses sans les tenir ». Il avait affirmé que « l’Etat peut fixer des règles » contre les licenciements boursiers. Il avait promis que les salariés pourraient saisir un tribunal en cas de licenciements ou de fermeture d’un site rentable et obliger l’employeur à chercher un repreneur. Et, il n’a rien fait de tout cela. En janvier 2014, au moment des faits, la loi dite « Florange » sur la reprise des sites industriels rentables n’avait même pas encore été adoptée. Mais elle avait déjà été vidée de sa substance. Elle allait limiter les obligations de l’employeur à chercher un repreneur sans obligation de céder le site et en devant seulement payer une amende pour pouvoir licencier. Hollande s’est joué de la détresse de ses salariés comme Sarkozy de ceux de Gandrange.
Les salariés ont été abandonnés par le gouvernement. Ils étaient condamnés au chômage et ils essayaient seulement de sauver des indemnités leur permettant de survivre un peu plus longtemps. Ils ont été humiliés et harcelés par la direction de Goodyear, une multinationale aux reins très solides. Ils luttaient depuis 7 ans contre la fermeture de leur usine. De l’autre côté de la rue, dans l’usine d’une autre enseigne (Dunlop) du même groupe, sous le coup du chantage à la fermeture, les salariés s’étaient résignés à travailler plus sans être payés plus. Les salariés de Goodyear avait refusé ce chantage. L’actionnaire voulait leur faire payer cette résistance. A coup de grèves et de procédures judiciaires, les salariés de Goodyear avaient réussi à empêcher la fermeture plusieurs fois jusqu’à ce que le patron finisse par voir son plan de fermeture validé par la justice. Et pour jeter de l’huile sur le feu, le seul repreneur envisagé par Goodyear et l’Etat était le groupe Titan, dirigé par un patron esclavagiste Maurice Taylor. Il avait traité la Franc de pays « communiste » et insulté les salariés français. Il les avait accusés : « touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures », et menacés : « Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, et payer moins d’un euro l’heure de salaire ». C’est dans ce contexte que sont intervenus les faits reprochés aujourd’hui. Celui de multiples provocations patronales pendant de longues années, d’injures et de menaces contre les salariés.
Il y a eu 14 suicides parmi les salariés licenciés en moins de deux ans ! Les coupables courent toujours ! Sur 1 143 salariés licenciés combien sont encore au chômage ? Combien de divorces ? Combien de vies et de familles détruites ? Qui payera pour cela ? Quand sera fait le procès de la violence patronale et de la violence du chômage ? La justice est une fois de plus coupable de deux poids deux mesures. Le parquet a classé sans suite toutes les plaintes de la CGT contre Goodyear pour harcèlement moral, non-respect du droit du travail… En juin dernier, une fois l’usine fermée, les salariés ont obtenu la condamnation de Goodyear. L’entreprise a été condamnée à suspendre le démantèlement de l’usine car cela empêchait le projet des salariés de reprise d’une activité en coopérative. Mais les actionnaires voyous ont été condamnés à trois fois rien. Seulement à verser 50 euros à chacun des 90 anciens salariés plaignants soit à peine 4 500 euros ! Une peine symbolique. Pourquoi le tribunal a-t-il été si dur avec les nôtres et si doux avec les autres ?
Ce n’est pas la première fois. Les patrons voyous ne sont pas condamnés à de la prison ferme. Ainsi M. Denis Gauthier-Sauvagnac, responsable du MEDEF, coupable d’avoir détourné 19 millions d’euros en liquide d’une caisse noire patronale a été condamné seulement à de la prison avec sursis ! Quant aux patrons de l’usine Continental, à 80km d’Amiens, ils ont été condamnés pour licenciement illégaux à dédommager les salariés. Mais après que l’usine a fermé et sans être jamais menacé de prison.
La criminalisation de l’action syndicale a un but politique clair : faire taire les salariés qui se battent et refusent de se laisser conduire gentiment à l’abattoir social qu’est le chômage. Les salariés ont immédiatement fait appel. Il y aura donc un nouveau procès. Je forme le vœu qu’il soit l’occasion d’une démonstration de force de solidarité avec les salariés. En effet face à cette injustice, nous devons agir. Pas un salarié ne doit être emprisonné pour faits de lutte sociale. Les salariés ayant fait appel, l’application des peines est suspendue. Il y aura un nouveau procès. La CGT a annoncé sa volonté de tenir un rassemblement de solidarité le jour de l’audience. La date n’est pas encore connue. Mais la mobilisation devra être au rendez-vous. Ce procès doit être, comme l’épisode de la chemise arrachée d’Air France, un moment de réveil de la conscience sociale dans notre pays. Nous devons faire une démonstration de solidarité et de combattivité. On peut signer la pétition de soutien qui demande l’arrêt des poursuites et interpelle François Hollande.
DE LA MISE EN SPECTACLE DE LA MORTLa scène médiatique choisit ses morts. Elle met en scène les uns au point de…
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur jeudi 14 janvier 2016
Je n’avais pas prévu de m’exprimer sur le sujet des primaires à gauche lancées par Cohn-Bendit et Libération car je ne veux m’opposer à rien, même si je ne m’y associe pas pour des raisons qui sont très anciennement formulées (mon livre de 2007, En quête de gauche, et L’Autre gauche, de 2009). Mais comme j’étais présent aux vœux du PCF présentés par Pierre Laurent, il a bien fallu que je réponde aux journalistes présents. Je préfère alors confier à cette page mon appréciation résumée pour qu’une version directe et authentique de mes propos soit accessible à ceux qu’elle peut intéresser.
1) C’est un bon sujet de conversation que ces primaires, moins déprimant que le commentaire de la lettre du MEDEF, le plantage du couple Hollande-Johnny place de la République ou les dernières folies des abrutis « djihadistes » qui font la campagne permanente de madame Le Pen par l’image caricaturale qu’ils donnent des musulmans. Merci donc aux rédacteurs de cet appel.
2) Le texte de la pétition est une condamnation cinglante de la politique de François Hollande par des gens qui ont tous été membres de sa majorité gouvernementale. Je me réjouis de voir mes diagnostics repris. Et je m’amuse de les voir promotionnés par un journal comme Libération qui prétendait naguère que c’était là des excès d’agressivité quand on les entendait de ma bouche…
3) Compte tenu du contenu de ce texte, demander à Hollande d’y participer c’est lui demander de démissionner. Je salue l’habileté du procédé plus efficace que bien de mes critiques et interpellations, j’en conviens.
4) Après ce bilan positif, il me reste à dire que je ne vois pas comment la chose peut s’organiser. Car participer à une primaire, c’est accepter de se soumettre au résultat du vote. Il faut noter deux choses à partir de là. D’abord sachons que le porte-parole d’EELV, Julien Bayou, a déjà dit que dans l’hypothèse où quelqu’un qui « poserait problème sur l’Europe l’emportait » cela « poserait problème d’accepter le résultat ». La dépêche rapporte que cette déclaration est une allusion à peine voilée à moi. Je ne lui en veux pas. Julien Bayou est un actif partisan de la candidature de Cécile Duflot et c’est bien son droit. Mais on voit que si avant même que quelques discussions aient commencé on en est déjà à disqualifier sur un mode personnel un protagoniste potentiel, on devine ce que ce sera ensuite : une foire d’empoigne. Quant à moi, je dis que si Hollande ou Valls ou Cohn Bendit ou qui sais-je encore de cette mouvance emportait ce vote, comment pourrais-je le soutenir ensuite après avoir échangé avec eux autant de critiques sur le fond ? Donc je préfère dire que je ne participerai pas à une compétition dont je ne suis pas prêt à me soumettre au résultat. J’estime que c’est une attitude honnête et respectueuse du point de vue des autres.
5) J’ajoute que les primaires comportent bien des défauts que je ne récapitule pas pour l’instant ici. Sinon pour un d’entre eux et non le moindre. L’électeur d’une primaire ne vote pas essentiellement pour les idées de tel ou tel mais surtout d’après l’évaluation qu’il fait des chances de celui-ci de l’emporter. Autrement dit, chacun se range derrière ce que les journaux et les sondeurs lui disent être l’opinion moyenne et dominante. C’est la fin de la politique comme art de proposer une idée nouvelle ou choquante, la fin de l’espoir de construire une opinion progressiste.
6) Évidemment, comme le dit Pierre Laurent, qui déclare aussi accueillir « très positivement cette initiative », ma porte n’est pas fermée, je suis prêt à parler de tout sans a priori et ainsi de suite. Bref, je suis disponible pour la fraternité
7) Le plus difficile n’est pas de trouver un candidat à la présidentielle. Mais de s’accorder sur les 570 candidats aux législatives dont la désignation devrait encore passer en toute logique par des primaires locales. Sachant que leurs résultats sont la base sur laquelle se calcule la dotation d’État à chaque parti, on devine que la question devient moins simple qu’il y paraît. En effet le résultat de la présidentielle elle ne donne aucun droit à financement ensuite…
8) Quant au programme, je crois juste de rappeler que nous ne partons pas de rien. En 2012, j’ai eu l’honneur de recueillir quatre millions de voix avec un programme, L’Humain d’abord, dont nous avons vendu 500 000 exemplaires. Je ne cache pas mon agacement à voir tout le travail accompli rayé d’un trait de plume pour faire comme si le monde commençait, comme si nous n’avions rien fait. Pierre Laurent à raison de dire qu’on peut mieux faire qu’en 2012. Mais encore faut-il faire autant. Et pour cela, il n’est pas inutile de se demander pourquoi nous sommes parvenus en 2012 à faire le premier score à deux chiffres en dehors du PS depuis trente ans.
9) Chaque parti étant pris dans son calendrier de congrès, toute cette mécanique renvoie à la fin juin leur décision et la primaire imaginée au mois de novembre 2016. D’ici-là, on peut imaginer de faire autre chose aussi compte tenu de l’état de délabrement de la conscience collective du pays. C’est ce que je compte faire.
Cette publication a été effectuée sur ma page Facebook :
LES PRIMAIRES À GAUCHE ?Je n’avais pas prévu de m’exprimer sur le sujet des primaires à gauche lancées par Cohn-Bendit…
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur lundi 11 janvier 2016
Au cours de l’année écoulée, nous avons été témoins bien des fois de la puissance des « effets d’annonces » pour amortir le choc de la réalité jusqu’au point souvent de l’effacer du tableau. On pourrait croire que ce ne saurait être le cas à propos des questions de l’économie, domaine où règnerait la froide objectivité des chiffres et des « lois naturelles ». Balivernes. C’est même parfois le contraire. C’est là que souvent la communication est le plus efficacement une action. Naturellement, ceux qui vous administrent l’hallucinogène ne viennent jamais ensuite faire le dégrisement. Pire. Sans vergogne, ils administrent de nouvelles doses d’illusions euphorisantes ou de paniques aveuglées.
Pour qui veut penser sur ces sujets, il faut donc toujours commencer par extraire les faits de la gangue des annonces qui les ont fait disparaître des radars. Pourquoi a-t-on entendu annoncer « la reprise » tant de fois alors qu’il n’en était rien ? Où sont passés les reculs mensuels du chômage ? Qu’est devenu le « plan de relance de l’économie européenne » d’un montant prétendu de 120 milliards d’Euros, destiné « prioritairement à la jeunesse », que François Hollande prétendait avoir obtenu dès son élection et sa première visite à Merkel ? Qui peut dire ce qu’est devenu le plan de relance européen, pour un montant double, annoncé par Jean-Claude Junker, nouveau président de la Commission ? Qui se souvient de la décision à son de trompe du banquier central européen injectant dans l’économie mille milliards entre décembre 2011 et février 2012. Et puisque son successeur a décrété avec un mégaphone géant un plan de rachat mensuel de titres de dettes des États possédés par les banques à hauteur de 80 milliards par mois, où ces montagnes d’argent sont-elles passées ? Pourquoi n’en lit-on et n’en discute-t-on aucun bilan nulle part ? Pourquoi tout cela n’a-t-il produit aucun redémarrage de l’activité où que ce soit ? Quel sont ces mystères ?
Le capitalisme financier de notre temps s’est posé comme une nouvelle peau sur tout le système de la production et de l’échange. Là où régnaient hier l’ingénieur et l’entrepreneur, règnent désormais le directeur financier et le directeur commercial comme les deux bouts de l’aiguille dans la boussole. A présent, l’argent tourne en rond dans la sphère financière sans jamais revenir sur le sol de l’activité réelle. Une belle grosse bulle d’argent, diffusée dans des montages de plus en plus périlleux pour continuer à cracher du rendement. Elle est aussi nourrie par l’énormité des excédents financiers européens. Ceux-là se heurtent comme de juste à l’anémie de la consommation et de l’investissement que les politiques d’austérités budgétaires provoquent. Puisqu’on dédaigne la demande d’équipements publics et qu’on préfère laisser les infrastructures de toutes sortes se dégrader plutôt que de les remettre à niveau, puisqu’aucun plan de transition énergétique n’est mis en œuvre, par exemple, où investir ? Et comme c’est la guerre du dumping social et fiscal entre les 28 pays de l’Union, et puisque tous sont orientés vers l’export en vue de faire des excédents, où investir le flot grossissant de liquidités disponibles ?
Il se jette donc dans la sphère financière aussi mécaniquement que le fleuve à la mer. Mais dans cette sphère, il reste encore brûlant dans les mains de ceux qui le manient. Leurs cocktails financiers sont de plus en plus instables et bien explosifs. Alors se produit le plus drôle. Ceux qui tiennent la taverne des ivresses se gardent de l’eau pour la soif. Ainsi, bien des banques et des établissements financiers refusent de revendre au banquier central les titres de dette des États qu’elles possèdent et qui sont censés être du papier chiffon si l’on en croit les agences de notation. Pourquoi ? Parce que ces titres sont considérés comme « plus sûrs » que les montages inventifs que composent les petits Mozart de la finance…
Cette anecdote en dit long sur le niveau d’hypocrisie des agences de notation qui se tordent les mains d’angoisse devant les dettes des États et en font augmenter les taux d’intérêts du fait de leurs mauvaises notes, mais recommandent qu’elles servent de socle aux compositions folles des montages financiers privés. Elle en dit long aussi sur le niveau d’asphyxie d’un modèle économique devenu incapable de faire un usage concrètement utile de sa puissance. Dans une telle atmosphère de volatilité, tout faux mouvement peut-être terriblement dangereux. Si ici ou là une des composantes, même très locale, s’écroule, l’effet en impactera toute la sphère. Exactement comme un seul coup d’épingle fait éclater la totalité d’une bulle de savon. Tout le monde se tient donc à l’œil. Un mouvement brusque de retrait ici ou là et tchouff, tout peut se déclencher.
Il y a deux semaines le regard portait sur les USA. En effet la banquière centrale nord-américaine a décidé de renchérir ses fournitures en dollars auprès de ceux qui viennent en chercher. En même temps, elle améliore la rétribution des excédents que les banques placent dans ses mains. Une variation certes microscopique pour un œil extérieur. Mais il est d’impact colossal pour ceux qui doivent investir et donc emprunter, ou pour les banques et institutions financières qui ont sur les bras d’immenses masses d’argent à placer. Celles-ci sont parfois coûteuses à loger surtout quand des pays comme le Brésil ou d’autres « émergents », qui stimulaient les appétits, exigeaient des dépôts de garanties pour les placements ! Il leur est même arrivé de fixer un impôt sur les investissements étrangers. L’inconvénient est que si des flots se retirent brusquement, ils assèchent mortellement leur point de départ. C’est alors un peu plus qu’un coup d’épingle imprévu. Sans compter que si ce petit rien décidé par la banque centrale américaine est un régal pour certains, il est cependant impossible que cela stimule l’activité puisque le crédit sera plus cher et que les Américains sont drogués au crédit. Guettez bien si ce ralentissement ne vient pas impacter celui de la zone euro. Et l’aggraver mécaniquement. Avec les risques que cela contient. Tel est le capitalisme de notre époque. À tout moment tout peut sauter.
Il est une nouveauté dans l’Histoire. En effet c’est la première fois que l’économie humaine ne repose plus principalement sur la circulation de biens réels. Le gonflement de la masse de dollars en circulation a fait naître un monde parallèle où l’essentiel des transactions financières ne correspondent à aucune réalité matérielle. En 1970 il s’échangeait 20 milliards de dollars par jour. Dès les années 1990 on en était à 1 500 milliards quotidiens. En 2010 c’était 4 000 milliards de dollars par jour. À la même date, les biens et les services réels et concrets échangés atteignaient à peine 40 milliards par jour. Cent fois moins.
La capitalisation boursière a suivi le même chemin extravagant. Elle est passée de 1 400 milliards de dollars en 1975 à 63 000 milliards en 2007 à la veille de la crise des subprimes aux États-Unis. La « valeur » des entreprises a donc été multipliée par 45 en trente-deux ans. Mais pendant ce temps la richesse matérielle réellement produite par ces entreprises n’a été multipliée que par 3,5.
Dans ce contexte, les accidents graves deviennent de plus en plus réguliers. Certes, le capitalisme n’a jamais été un système stable. De 1816 à 1929, soit à peine plus d’un siècle, il y a eu 14 crises ! Mais le rythme s’est accéléré. Depuis 1973, juste après la décision du président Nixon qui a rendu possible l’explosion de la bulle de dollars, il y a eu 12 crises ! En moins de quarante ans, presque autant qu’en un siècle ! Et depuis 1992, déjà 8 crises en vingt-deux ans. Le monstrueux bug dit « des subprimes » en 2008 a mis à genoux les États et les peuples chargés de renflouer les banques. Nous sommes encore en train de le payer. Des promesses de prudence et de moralisation furent alors faites. On sait qu’il n’en reste rien. On devait par exemple séparer les activités des banques d’affaires de celle de dépôts.
De cela, en France, Moscovici a fait une pantalonnade qui impacte à peine deux pour cent du bilan des banques concernées. Celles-ci peuvent donc continuer à jouer avec l’argent des déposants. Qui a pu protester alors, à part ceux qui comme nous ne croient pas que la spéculation soit l’horizon indépassable de l’activité financière ? Peut-être va-t-il en aller autrement à présent. Car la création de l’Union bancaire européenne a abouti à une situation très nouvelle pour ceux qui ont plus de cent mille euros de dépôts dans une banque. Ne croyez pas que ce soit seulement peu de monde. Ce sont surtout des gens influents et décideurs. Leurs craintes compteront donc. Dorénavant, en cas de faillite d’une banque, les actionnaires devront payer pour le renflouement. Mais les « gras comptes » aussi. Ceux de ces gens-là. Evidemment, ils ont bien besoin que leur argent soit placé là où il rapporte le plus. Mais ils ont surtout besoin aussi de ne pas le perdre.
À cette heure, la bulle est repartie de plus belle. La part européenne s’y accroit vite, stimulée par les injections de liquidités, la fraude et « l’optimisation fiscale », toutes calamités qu’aggrave la politique de féroce concurrence des États de l’Union entre eux au plan fiscal et social. Elle reste donc mollement pendue au-dessus du vide d’investissements en Europe et à la merci d’une bourrasque qui la ferait éclater. Dans le système actuel il ne peut en être autrement.
Mais pensons à ce que nous pourrions faire ! Nous trouverions à peu de frais beaucoup d’argent pour notre plan de relance de l’activité réelle. En partant des besoins concrets, économie de la mer ou transition énergétique par exemple, nous trouverions un ample champ de crédits possibles avec une contrepartie matérielle visible et tangible. La possibilité d’un compromis dynamique avec le capital entrepreneurial existe. Les fonds aussi. Par exemple on sait qu’un euro sur deux aujourd’hui placé dans l’assurance vie est utilisé à l’étranger. Tout cela se discuterait plus utilement que les cadeaux sans contrepartie du système Hollande, Valls et Macron. La politique de la demande se pilote. L’État maître du temps long des investissements et du plan y est une garantie centrale. Celle de l’offre ne peut rien produire d’autres que des effets d’aubaines conjoncturels. Et surtout, elle finit d’intoxiquer un système productif déjà lourdement drogué aux enrichissements sans cause.
Bref, une distribution de vin chaud dans une salle d’alcooliques réfrigérés.
71 commentaires
françois 70
Pourquoi pas une primaire des néolibéraux aux ordres du Medef ? Hollande, Valls, Macron et Cohn-Bendit y auraient toute leur place aux côtés de Sarkosy, Juppé, Lemaire et Fillon. Le débat politique et la démocratie y gagneraient beaucoup en cohérence et en clarté. Le vainqueur de cette primaire de l’oligarchie néolibérale affronterait Jean-Luc Mélenchon et Le Pen. Nous serions alors dans une situation de tripartisme véritable et correspondant aux clivages politiques réels !
Badiou Marie-Andrée
Vous êtes sensible, cher Jean-Luc, à la l’éducation et ce qui en découle, l’autonomie. Paolo Freire, pédagogue brésilien, qui a développé une « dialectique » pédagogique à l’endroit des opprimés disait que ces derniers devaient se débarrasser de la « conscience magique » qui les persuade de ne pouvoir rien changer et se résigner. A l’instar de Fernand Pelloutier qui préconisait d’acquérir « la science de [leur] malheur ».
La signification que peut prendre, aujourd’hui, la lutte contre l’oligarchie réside dans cette conscientisation. Il me semble important de ne pas institutionnaliser la trahison en continuant la fréquentation de Pierre Laurent dont on n’attend plus rien.
COURBOT
Lecteur assidu du blog je m’y exprime cependant rarement. Car souvent en parfait accord avec son contenu. L’important ici est de contribuer sur des propositions qui peuvent retenir ton attention.
Première proposition, lancer sur les réseaux sociaux un gigantesque appel pour affirmer le soutien populaire aux salariés condamnés et un engagement à ne pas voter au premier et second tour de la présidentielle pour le monarque, son gouvernement et les partis qui le soutiennent. Ceci afin d’appuyer où cela fait mal.
Deuxième proposition. Pour être candidat à la présidentielle il faut obtenir 500 signatures, c’est dès maintenant qu’il faut labourer pour les recueillir. Cela permettra de créer un rapport de force au sein de la gauche non gouvernementale.
Jean-luc pour finir un dernier souhait lorsque tu parles dans les médias, parle de notre programme, montrer qu’une autre voie existe, et reprends les arguments économiques développés dans ton post. Les figues sont toujours aussi juteuses en Aveyron!
Bien à toi et à tous ceux qui nous soutiennent.
Sylvain COSTET
@ Francis :
Tu apprendras qu’il n’existe pas que les 2 voies qui consistent soit à attendre la génération spontanée d’un mouvement populaire soit à compter sur un signal venu d’en haut. Il y en a une autre que je te conseille fortement qui consiste à se bouger là où on est pour inciter les gens à s’organiser, choisir leur destin et avoir la volonté de le prendre en main sur le long terme. Nous sommes nombreux à montrer que c’est possible. Cette démarche, qui évite de confondre vitesse et précipitation, nous permettra non seulement de gagner du temps mais d’aboutir à un autre résultat qu’au sursaut ponctuel suivi du repli et de l’amertume qu’on a eus faute d’enracinement populaire après les élections de 2012. On n’avance pas en rejouant éternellement le même scénario.
Denis F
Oui il faut signer la pétition des « Goodyears ». Je l’ai signée, mais mieux encore, il faut boycotter les produits du groupe Goodyear-Dunlop-Falken-Sava-Fulda-Debica, c’est un minimum que tous les salarié(e)s de France et d’Europe doivent faire, et nous pouvons le faire facilement sans craindre de ne plus rouler, nous avons à notre disposition pleins d’autres marques de pneumatiques. Ne pas oublier les Contis par la même occasion, boycotte aussi pour Continental-Uniroyal-Barum-Général Tire-Semperit-Gislaved qui eux aussi se sont conduit comme des salopards avec les ouvriers français. Le boycott est une arme que tous les salarié(e)s peuvent utiliser sans bruits, mais terriblement efficace si tout le monde s’y met, ne jamais oublier ils sont 1%, nous 99% et c’est nous qui les faisons vivre.
Fulgence
Goodyear a retiré sa plainte. C’est Hollande, Valls, Taubira et le PS qui poursuivent coute que coute dans l’acharnement de classe. Medef, PS, ils sont tous dans le même sac et la réponse dépasse le boycott d’une marque de pneus. Il faut sortir des impasses dans lesquelles on s’est fourvoyé de façon à être audibles le jour où le peuple n’en pourra plus de toute cette racaille parasite et méprisante.
Denis F
@ fulgence
Et alors ils n’ont pas licencié 1400 personnes alors qu’ils réalisaient des milliards de bénéfices, j’ai entendu des voix ou c’est réel. De même pour les Contis et Continental. Bien sûr que les pourris dans cette affaires se sont nos gouvernants, eux aussi vont se retrouver boycottés en 2017, ou alors j’y comprend plus rien et nous ne méritons que ce qui nous arrive en pleine gueule, avec des raisonnements comme le votre on comprend mieux la réalité actuelle.
Fulgence
@Denis F
Absolument d’accord avec toi. Parler dans le cas des délégués CGT de Goodyear de l’acharnement de Taubira et Hollande à les faire condamner comme des assassins n’est pas dédouaner le capital financier qui brise des milliers de vies, des régions entières sans conscience sauf celle du profit. Quand le PS choisit le camp des vampires de la mondialisation et se fait systématiquement le commis de ses basses oeuvres, il faut aussi le dénoncer. Il me semblait que ça allait de soi sur ce site. Il faut croire que non!
Pulsatilla
Bonjour,
Je ne comprends pas pourquoi un tel débat, car il est évident qu’à l’heure actuelle, la justice n’existe plus. Tout le système est à revoir, une sixième république est plus que nécessaire avant une révolution qui pourrait s’avérer regrettable.
Citoyennement
madeleine63650@hotmail.fr
Pétition signée pour les Goodyear depuis le premier jour de sa parution. Il faut que le peuple de France soit debout et dans la rue aussi pour faire entendre ses grondements de colère. Et dire, qu’il ne veut plus de cette justice inique, du désarroi auquel il est en proie, avec des licenciements qui bouleversent ;a vie entraînant tout ce que Jean-Luc a énuméré.
Non et non a des primaires, ainsi d’ailleurs qu’à un désistement républicain qui ne fait que nous engluer au coeur d’une toile d’araignée comme pour les dernières élections régionales.
Michel 65
L’ombre de Jean-Luc Mélenchon plane sur cette proposition tordue de primaires des gauches. Brrrrrrr ! Soit il est cité mais alors il en est exclu ou bien il faut qu’il s’y plie coûte que coûte, soit il n’est pas cité et là, alors, des regards, des gestes, des expression du visage disent « non il fait peur ». Attention il est là ! Non là ! Ou ? ben par là je crois.
Sam Larnax
Retour à l’époque d’Emile Zola, Rougon Macquart et la bête humaine. Notre gouvernement nous a fait revenir en arrière. Je crois relire ces livres en lisant ces ahurissants récits.
Jean-Paul B.
Bonsoir,
D’accord avec vous M. Mélenchon sur le caractère politique du verdict contre les Goodyear, je prendrai ma part pour les aider à faire annuler cette peine scandaleuse par la Cour d’Appel.
Concernant maintenant la fiabilité de ceux que vous avez essayé de regrouper pour les régionales (EELV, Clémentine Autain, PCF, ND, etc.) et qui vous l’ont si mal rendu, laissez moi douter d’un tel équipage. L’UE et la zone Euro sont l’antidote contre toute politique mettant l’humain au centre de tout. Ces drôles d’alliés croient (ou font semblant de croire?) qu’ils pourraient mettre en oeuvre en France une politique économique autre que l’ordo-libéralisme tout en continuant à faire partie de l’UE et en conservant la monnaie unique. Soit ils sont (au choix) naïfs, pour ne pas dire incompétents, soit ils nous mentent pour être élus, comme Alexis Tsipras a menti à ses électeurs. C’est pourquoi en 2017 je ne voterai que pour un candidat qui annoncera clairement sa volonté de sortir de l’Euro et s’engagera à demander rapidement au peuple, par référendum, l’autorisation d’entamer ce processus. J’espère que vous serez ce candidat. Par contre si ce candidat n’existait pas, les jours d’élections présidentielles, législatives ou régionale, je n’irai jamais plus au bureau de vote.
Merci et courage pour tout ce que vous faites et avez fait pour que notre patrie républicaine reconquiert sa pleine souveraineté.
bataillon
Socialistes ou gens de droite et extrême droite, les élus guignols oeuvrent encore et toujours pour les intérêts qui les ont fait élire. Déliter le droit du travail, écraser les syndicalistes, paupériser encore et toujours pour donner toujours plus aux actionnaires, voilà le vrai visage de nos « maîtres » que nous avons élus de force, contre notre gré au nom d’un droit acquis « de haute lutte ». Qui s’élèvera contre ces parvenus ? les cohortes de consommateurs et leurs chariots de supermarchés ? Les accédants de banlieues criblés de dettes et de crédits ? Allez, camarades, encore un effort, avant que d’être ensevelli vivant par le tandem Macron/Valls.
Rodriguez
Le jour de l’appel des goodyear, mais aussi le jour de l’appel d’Air France, il faudrait non seulement appeler à de grosses manifs nationales, mais aussi à une grève interprofessionnelle et intersyndicale. Je ne rêve plus depuis longtemps au grand soir. Mais je rêve, par contre de luttes unies, combatives, solidaires.
Fenêtre sur l’utopie « Eduardo Galeano, Paroles vagabondes » « Elle est à l’horizon, dit Fernando Birri. Je m’approche de deux pas, elle s’éloigne de deux pas. J’avance de dix pas et l’horizon s’enfuit dix pas plus loin. J’aurai beau avancer, jamais je ne l’atteindrai. A quoi sert l’utopie ? Elle sert à cela : à cheminer. » En cheminant, on gagnera sur l’action collective contre l’individualisme et on construira des solutions innovantes pour l’humanité.
Adrien
Merci encore de votre plume si agréable à lire même si les sujets sont dramatiques, mais c’est grâce à vos analyses je peux diffuser à mon copieux carnet d’adresse mail vos lettres reçues par mail.
Quoiqu’il arrive, je resterais un fidèle à JL Mélenchon à qui nous devons tout l’espoir d’un changement, et je regrette profondément l’intermède de ces 3 années durant lesquels ses soi-disant ami(e)s lui ont soigneusement glissé des peau de bananes sous les pieds en pensant qu’à leur égo de position salariale d’élu(e)s. Ils portent seuls la responsabilité d’avoir détruit toute l’espérance de ces 4 millions d’électeurs de 2012, qui au lieu de progresser lors de toutes les élections intermédiaires, n’ont fait que décroître. JL Mélenchon en 2012 était l’homme qu’il fallait et son appui sur le programme du FdG « l’Humain d’abord » posait réellement le renouveau de notre société sur les bases retrouvées du CNR. Pour qui et pourquoi, les propres dirigeants à son côté au sein du FdG lui ont miné le chemin qui conduisait à une victoire de 2017 ? Je pense qu’une partie des réponses est décrite plus haut mais aussi sont apportées dans cette primaire à gauche souhaitée par Pierre Laurent PCF, et Julien Bayou d’EELV. Non ! Il ne faut pas y participer à cette mascarade. 2011 a démontré la perversité de ce système à l’américaine.
Bertrand
Bonjour,
Je reste persuadé qu’il faut réellement effectuer un contre pouvoir économique. Les élections sont détournées. Que nous reste t il ? La liberté d’entreprendre. Il faut créer des scops dans tous les secteurs. Ne plus acheter un seul produit de sociétés appliquant une politique sociale inacceptable. Refuser de prendre des billets d’avions dans des compagnies qui ne rémunèrent leur personnel seulement que quand l’avion vole. Ne plus accepter d’être complice. Je viens de découvrir qu’il n’est pas possible de faire un brevet libre au même titre que la licence libre des logiciels. Cela permet à des sociétés de prendre en otage des brevets et de faire des profits par ce racket. Est-il légal et possible pour un mouvement politique de désigner des listes de produits (services et matériels) pouvant être consommés et des listes noires ? Ou bien sans donner de consignes établir un tableau avec des critères à remplir pour être acceptables : grille salariale respect du personnel, respect de l’environnement. Ceci peut être appliqué à tous les domaines. Le pouvoir s’il ne peut pas être reconnu démocratiquement il faut l’exercer à un autre niveau. Cela signifie que chaque fois qu’un service disparait car il manque des critères d’acceptabilités il faut que ce partit organise la relève et le remplacement. Un parti entrepreunarial au sens noble de terme. Un tableau en partage sur Framacalc avec des critères définis collectivement ?
Gérald
Goodyear, Air France, etc., chacun devrait savoir que justice n’est en fait que vengeance (lire la généalogie de la morale de F. Nietzsche). Ici c’est celle de la bourgeoisie, du patronat, des media, et bien sûr de l’équipe Hollande.
Primaires. Mais elle est où la démocratie dont tout le monde se gargarise tant ?
bob.pollet
« Quant à moi, je dis que si Hollande ou Valls ou Cohn Bendit ou qui sais-je encore de cette mouvance emportait ce vote, comment pourrais-je le soutenir ensuite après avoir échangé avec eux autant de critiques sur le fond ? »
Et pour amplifier la forte cohérence de ta question, camarade, je pense qu’il est urgent, dés maintenant, d’affirmer que nous citoyens bien à gauche, nous voterons contre les précités au premier comme au second tour avec un bulletin blanc. Choisir au premier tour et éliminer au second en se rabattant sur un moindre mal n’a rien à voir avec notre future et 6eme République. N’attendons pas sa venue pour la vivre déjà !
reneegate
Comme vous avez raison. Et si c’était une excellente opportunité de ne plus représenter que la gauche. Un projet à 2 étages, le premier étant de restituer notre souveraineté (ou notre indépendance pour les frileux) c’est à dire notre droit à agir dans les règles de notre république : liberté, égalité, fraternité. Faire nos preuves dans un cadre restreint mais fondateur. Ensuite… la vie nous l’apprendra.
Renault
PG, parti de gauche. C’est quoi la gauche pour les masses ? Le PS ouvertement a droite, le PC qui lui mange dans la main, EELV idem. La confusion est totale dans les esprits. Les médias ne parlent-ils pas des difficultés de la gauche en parlant du pouvoir ? Ne faudrait-il pas se rendre plus lisible en nous renommant « Peuple de progrès » ou « Amis du peuple » ou « Pour le peuple » mais sortir du mot gauche qui englobe trop de perversité.
daper philippe(B)
Si le processus décrit par Jean-Luc Mélenchon pour arriver aux condamnations des syndicalistes de Goodyear est vrai, et j’ai bien peur que cela ne soit vrai, alors le PS en est arrivé à l’ignominie pure et simple et doit impérativement être considéré comme un ennemi de classe et combattu en conséquence.
Quant à la proposition de @Renault(36) de se séparer du mot « gauche » tant perverti, elle pourrait séduire. Mais tout compte fait, quand j’entends la facho bleu marine en remettre des couches partout au nom du peuple français à tout bout de champ, l’idée me paraît moins évidente. Nous qui savons si bien définir nos idées d’un vrai progrès, pourquoi pas alors évoquer la solidarité que nous devons entretenir pour y arriver. « Les Solidaires », cela sonnerait bien, non ?
JeanLouis
Dans le billet de D Porte dans un des derniers débat sur arrêt sur image on voit Hollande en 2011 devant les Goodyear dire que non au grand jamais il ne faut condamner des syndicalistes et que lui sera toujours là pour les défendre. Plus qu’éclairant s’il le fallait encore sur la duplicité du personnage !
lenormand
Au point ou en est le FdG, pourquoi ne pas envisager un front des républicains (hors extrême), un nouveau CNR. Que notre pays retrouve son indépendance et quitte l’organisation européenne actuelle, l’OTAN ! Après il sera possible de pratiquer une autre politique que celle, libérale, qui nous est imposée.
Allez Monsieur Mélenchon, courage !
morvan
Le « Front CNR » avait cette particularité de réunir certes des républicains de tous bords, mais qui venaient de combattre ensemble, dans une vraie guerre, pour une même cause, et contre un projet de société(s) inique(s). Aujourd’hui, c’est le néolibéralisme qui impose, et non propose, le maintien ou l’avènement de sociétés iniques, et les droites, dans lesquelles j’inclus le PS tel qu’il se manifeste depuis 4 ans, sont globalement en accord avec ce schéma, et le réalisent. Alors, avant de songer à bosser avec eux (et encore faudrait-il qu’ils en soient repentis), je chausserai mes grandes lunettes et j’examinerai de près les concepts que l’on prétend me donner en pâture, genre « état de guerre », « état d’urgence prolongé », pour m’y inciter. Je rajouterai l’adjectif social(e) ici et là.