Députés, sénateurs, chers collègues, vous n’êtes pas en train de prévoir le châtiment des terroristes. Vous êtes en train de définir ce qu’est le peuple français. Que des gouvernants sans culture qui donnent la priorité à l’amour propre du monarque présidentiel veuillent vous égarer est bien dans leurs manières. Mais vous ne devez pas voter sans vous demander qui nous serons chacun après que vous ayez voté.
Non, ce n’est pas le sort des terroristes qui est en jeu mais celui de l’identité de notre pays, de la masse des gens qui ne commettront jamais aucun délit de terrorisme. Demain, si vous acceptez de suivre le gouvernement, il y aura des « Français de souche » et des « Français étrangers de souche ». On nous répliquait qu’il ne s’agissait pourtant que de punir les terroristes. Que cela soit inutile et mal approprié au cas considéré a été démontré sur tous les tons déjà et de tous bords. Depuis, les pires craintes se sont confirmées puisque la déchéance pourrait être appliquée pour n’importe quel crime ou délit. Je dis bien n’importe lequel. Car quelque liste que vous en établissiez aujourd’hui, en constitutionnalisant le procédé, demain une simple loi pourra en étendre la portée sans risquer la censure constitutionnelle. Mais sans même s’arrêter au terrible coup que cette amplification va représenter entre les catégories de citoyens, comment ne pas s’inquiéter d’une telle vision de la communauté humaine nationale ?
Vous qui voulez déchoir, pour qui prenez-vous les Français ? Quelle pureté de mœurs attesterait de l’identité française ? Déchoir vous confrontera à une hiérarchie du crime dont vous ne sortirez pas indemnes. Quel genre de peuple de purs et parfaits croyez-vous définir de cette façon ? De quoi croyez-vous que soient remplies les prisons en dehors des inculpés en préventive ? De délinquants et de criminels qui purgent une peine prononcée « au nom du peuple français ». Quels crimes et quels délits vous paraîtront compatibles avec l’identité française ? On frémit à l’idée d’en établir la liste. Violeur, tueur, harceleur, assassin d’enfants laisseraient digne d’être français ? Terroriste, assassin de policiers ne le permettraient pas ? Pensez-y : après vous être donné l’abjection de définir les crimes acceptables vous n’en serez plus rendus à instituer une hiérarchie du crime mais une hiérarchie des victimes.
Après quoi on doit vous demander pour qui prenez vous les autres nations ? Pourquoi croyez-vous que le double national que vous aurez traité comme un rebut indigne de nos rangs serait bienvenu dans le pays de son second passeport ? Qui empêchera qu’il soit automatiquement déchu de sa seconde nationalité ? Craignez la contagion de vos exemples discriminatoires quand on peut constater qu’elle se fait déjà voir en Méditerranée.
Députés, que vous soyez de gauche ou de droite, vous avez en partage le rôle de nous représenter et donc d’être nous tous, le peuple citoyen, par délégation. Vous n’êtes rien en dehors de vos mandants. Bien sûr, il n’existe pas de mandat impératif en République et vous délibérez à la lumière de votre seule conscience. Mais pour que cela soit possible il faut qu’il y ait un peuple qui vous ait attribué cette aptitude. Un seul peuple. Tous ensemble vous êtes nous tous. Vous êtes dépositaires de cette abstraction que vous incarnez : le peuple français un et indivisible. Il l’est parce qu’ainsi il forme la seule communauté légitime en République. Cette unité et indivisibilité est la base la plus sacrée de notre vie commune puisqu’elle est à la source de la loi qui, étant votée par tous et s’imposant à tous, concrétise cette unité intrinsèque du peuple. Si vous acceptez l’idée qu’il y ait deux sortes de Français devant la loi, vous instituez deux peuples dont la différence des droits proclamera la fin de notre unité nationale non seulement à l’instant mais dans la suite, chaque fois qu’une communauté pourra se présenter en excipant de ce précédent. Alors, même déchus, les terroristes auront gagné !
Députés, sénateurs mes chers collègues, ne faites pas ça. Souvenez-vous du temps où l’on a proclamé : « qui touche la terre de France est libre », pensez que nous sommes la grande nation politique du continent, que si les Chinois appellent notre pays le pays de la loi c’est que partout nous est reconnu d’être ce peuple universaliste qui n’affirme aucune autre appartenance que la communauté politique qu’il forme dont l’objet est résumé par une devise qu’il peut mettre en partage avec l’humanité universelle : « Liberté Égalité Fraternité ». Qui vote la loi à ce sujet viole sa raison d’être et l’allégeance à l’idée républicaine de la patrie.
Ce soir-là, je suis allé à la présentation du film de François Ruffin « Merci Patron ! ». Salle comble ! Le film est un vrai film. Une histoire (vraie), des rebondissements (réels), des personnages (vrais) complexes à déchiffrer totalement, comme est la vie elle-même. On pleure, puis on rit, au début on est mal à l’aise, puis on applaudit à mesure que l’affaire avance. Je ne raconte pas l’histoire. Vous devez aller la voir. C’est la France des catacombes, des invisibles, de la classe ouvrière écrasée, des victimes absolues menacées encore dans le peu qui les tient. « Comment vous faites pour manger avec “3 euros” par jour ? – ben on mange pas ! » Pas de chauffage, la course aux boulots, le CDI espéré comme un miracle que le ciel consentirait à accorder. En face le riche, super-riche. À la fin… Non ! Je ne le raconte pas car le suspense de la fin est… terrible.
Dans la salle de projection, j’étais placé aux côté de Mikaël Wamen des Goodyear, juste derrière Leïla Chaïbi une camarade qui s’en est rarement laissé conter pour ce qui est des luttes de Robin des Bois dans les supermarchés entre autres. Ambiance combattive et participative garantie dans la salle ! Et je vous prie de croire que ça fait partie du truc de se faire regonfler les batteries au contact de l’hilarité partagée avec les copains, de l’émotion et des applaudissements tous ensemble. Petit incident que des militants de je ne sais quel groupe ont protesté parce que le film n’ouvre aucune perspective de lutte collective. Le simple fait qu’ils l’évoquent montre que le film ouvre des débats. Pas besoin de se fâcher ! Au point que certains pensaient avoir à faire à des comédiens de jolie môme dans le rôle des éternels râleurs de gauche caricaturaux.
Cependant, je crois utile de dire que c’est un film, il fonctionne sur le mode de l’humour parfois potache. Ce n’est pas un documentaire syndical ou politique, même si le rôle de la syndicaliste et des politiques est vraiment présent dans le film. J’insiste : c’est un vrai film. Un récit. Un suspense. C’est cela aussi une des portes d’entrée dans la réflexion politique. Ou alors « les temps modernes » de Chaplin n’est pas un film de gauche ! Autour du film se montent des soirées de projection et de débats. Je sais qu’une vaste tournée dans les salles indépendantes est prévue. En tous cas on a rendez-vous pour la sortie nationale du film le 24 février.
Cette semaine, l’émission de France 2 « Cash investigation » a mis à jour la responsabilité des pesticides dans de nombreux problèmes de santé publique. La diffusion de cette émission a eu un grand impact, nourri beaucoup de conversations, éveillé beaucoup d’esprits. En publiant sur ma page Facebook l’annonce de sa diffusion j’avais repéré un assez gros score de partage qui signalait l’attention qui existe parmi nous désormais sur ce type de question. La prise de conscience écologique et le lien avec la lutte contre le modèle productiviste capitaliste se fait de plus en plus simplement.
Le reportage a pointé la responsabilité criminelle de l’industrie agrochimique dans des problèmes sanitaires majeurs de santé publique : leucémies, autisme… L’usage massif de pesticides est directement en cause. La France en est le premier consommateur en Europe ! Chaque année, 65 000 tonnes de pesticides sont vendus dans notre pays. Comme on le comprend facilement, je suis heureux que cette émission ait confirmé plusieurs de mes prises de position. Ainsi par exemple du rôle de l’entreprise allemande Bayer dont j’ai dénoncé les agissements dans mon livre le Hareng de Bismarck publié en mai 2015. A l’époque, c’était pris pour de la germanophobie… Ou encore quand le reportage montre que les départements où sont utilisés le plus de pesticides dangereux sont des départements viticoles comme la Gironde ou l’Aube. J’y ai vu la confirmation de ce que me disaient sur ce sujet les viticulteurs écolos que j’ai rencontré dans le Jura notamment. Vous pouvez voir ça dans la vidéo « En commençant par le vin » mise en ligne sur ma chaîne YouTube.
Dans le même temps, les éleveurs protestent contre les prix de ventes trop bas et l’emprise de la grande distribution qui les asphyxie. Comment ne pas faire le lien entre les deux sujets ? Le même modèle est en cause : celui d’une agriculture productiviste, d’un agro-business, qui saccage tout pour faire de l’argent à tout prix. Ce système sacrifie paysans, riverains, consommateurs et écosystèmes. Il met à la charge de toute la société le coût sanitaire, écologique et social de ses dégâts.
Face aux dangers sanitaires des pesticides, on connaît les mesures urgentes à prendre et de nombreuses luttes écologiques y sont impliquées. Par exemple, pour interdire les pesticides dangereux en commençant par le glyphosate, herbicide le plus vendu en France, et les insecticides néonicotinoïdes tueur d’abeilles. Ou encore évidemment pour interdire les OGM dans notre pays.
Pour appliquer ces mesures de santé publique, il faudra être prêt à désobéir aux décisions européennes qui autorisent la commercialisation de ces produits. Le lendemain de la diffusion de l’émission, au Parlement européen à Strasbourg, nous étions ainsi invités à soutenir plusieurs résolutions s’opposant à des décisions de la Commission européenne. Celle-ci a en effet pris plusieurs décisions d’exécutions pour autoriser la mise sur le marché de produits contenant plusieurs types de soja génétiquement modifié. Ces trois soja OGM ont tous en commun sont fabriqués pour être résistants aux herbicides contenant du glyphosate, comme le « Roundup ». Cette résistance de la plante est provoquée pour qu’elle seule survive aux épandages massifs de ces herbicides qui tuent tout le reste de la végétation autour. Or le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé en matière de recherche sur le cancer, ont classé le glyphosate comme étant probablement cancérigène pour l’homme le 20 mars 2015. J’ai donc vote pour les « objections » formulées contre les autorisations de la Commission.
Ce modèle agricole est fou. Il trafique les plantes pour les rendre résistantes aux herbicides et ainsi pouvoir déverser encore plus de pesticides dans les champs ! La crise de l’élevage comme les révélations sur les effets toxiques des pesticides plaident pour une révolution dans l’agriculture. L’intérêt général commande la construction d’un autre modèle agricole, fondé sur une agriculture biologique et paysanne, favorisant les circuits courts et encadrant les marges de la grande distribution. C’est la condition pour rémunérer correctement les paysans et nourrir sainement les consommateurs. Cela suppose d’affronter l’obscurantisme productiviste des lobbys de la chimie et des dirigeants de la FNSEA.
Il faut analyser le comportement de la Commission européenne comme celui d’une force de police politique qui veut « punir un pour en éduquer cent » quand elle gère le contrôle des États membres. Je le dis pour inciter mes lecteurs à suivre attentivement pour bien comprendre les épisodes de l’activité de répression qui est menée contre les peuples par cet organe sans légitimité démocratique. Une répression contre leur liberté de décision. Je n’exagère pas. Si forte que soit cette expression c’est celle qui exprime le mieux la situation. Le comprendre n’est fait ni pour gémir ni pour s’apitoyer, mais pour comprendre quels coups de la Commission sont efficaces contre les gouvernements dissidents et prévoir ceux qu’il faudra rendre en riposte, le moment venu.
La Commission vient de prendre cette semaine deux décisions politiques majeures vis à vis de deux gouvernements d’États membres. D’une part elle a décidé de céder en partie aux exigences du Royaume-Uni, en ouvrant la voie à une libéralisation encore accrue en matière commerciale, financière et sociale. Une concession indispensable « si nous voulons garder le Royaume-Uni dans l’Union » a déclaré Jean Claude Juncker devant le Parlement européen. Et dans le même temps, la Commission a décidé de commencer à harceler le Portugal, coupable de vouloir sortir de l’austérité. Ces décisions concomitantes mais radicalement différentes selon que le gouvernement est conservateur/libéral ou critique de l’austérité, illustrent une fois de plus le parti-pris idéologique absolu des organes dirigeants de l’UE.
Mais à l’inverse, cela démontre aussi aux naïfs la force de la menace de sortie pure et simple de l’UE ! Car à leur manière, c’est ce que viennent de prouver très sérieusement les britanniques. Ce type de menace lourde paye plus dans les négociations que la volonté d’emblée affichée par les Portugais ou les Grecs de « respecter le cadre des traités ». Une fois de plus, ce sont ceux qui assument aujourd’hui d’avoir un plan B en Europe qui sont entendus, qu’ils s’appellent Cameron (avec le plan B du Brexit) ou hier Schaüble (avec le plan B du Grexit). Cela devrait faire lourdement réfléchir toutes les forces critiques de l’austérité en Europe. Il me semble que cela justifie la pertinence des discussions internationales en faveur d’un « plan B » que nous avons commencées lors du sommet de Paris des 23-24 janvier et qui se poursuivront à Madrid les 19-20-21 février, puis à Berlin au début de l’été.
Il est important d’observer de près la forme de la bataille engagée par la Commission contre le gouvernement portugais. C’est une nouvelle illustration extrême de la tactique du coup de force appliquée par le tandem Juncker – Draghi à la tête de la Commission et de la Banque centrale. Tout se passe sans le moindre vote d’une instance représentative du scrutin direct. Ni le Conseil des États ni le Parlement européen ne disent leur mot. La Commission en est à ses premiers tirs de barrage. Elle a en effet d’abord menacé de rejeter le budget 2016 présenté par le gouvernement portugais. Pourtant, ce budget respecte les critères de rigueur budgétaire, avec un déficit prévu de 2,6 % là où la limite fixée par les traités européens est à 3 % comme tout le monde ne le sait que trop. Ce déficit est même en baisse par rapport aux prévisions du précédent gouvernement de droite qui avait les faveurs de la Commission. Il misait, lui, sur 2,8 % de déficit.
Que se passe-t-il alors pour que les foudres de la Commission soient lancées ? Le respect de ces critères ne serait-il en réalité qu’un prétexte pour la Commission ? Le principal reproche fait au gouvernement est qu’il prévoirait une croissance trop forte. Et cela parce qu’il compterait sur une relance de l’activité grâce à la fin de l’austérité dans le pays. Notamment à l’aide de la hausse du salaire minimum et la relance des salaires des fonctionnaires qui avaient baissé dans la période précédente. De cette relance, le gouvernement attendait des recettes fiscales plus fortes. Peu importe le calcul macro-économique. Pour la Commission c’est le symbole qui compte. Une telle remise en cause de l’austérité qu’elle avait préconisée jusqu’ici est inacceptable pour elle, même si le budget prévisionnel respecte à la lettre les objectifs des traités. La menace de la Commission revient à dire que la relance de la consommation ne produit pas de relance de l’activité. Et donc pas les recettes fiscales prévues. Or, depuis des mois que court la récession en Europe, tous les retours de croissances, même quasi imperceptibles, sont tous systématiquement liés à des fluctuations de la consommation populaire !
L’exemple portugais, après l’exemple grec, montre donc que la Commission pratique désormais une tyrannie de caractère idéologique. Elle s’applique systématiquement contre les gouvernements qui sortent du cadre des prescriptions du traité budgétaire adopté en 2012 alors que Hollande avait juré qu’il le renégocierait. Ceux qui ont la mémoire de nos luttes se souviennent que c’est cette situation que nous dénoncions au moment du vote sur le traité constitutionnel en 2005 : une « constitution économique » a bien été mise en place depuis lors, et elle se place bien désormais au-dessus de toutes les lois et les votes des peuples.
Comme en Grèce, cette stratégie d’intimidation est destinée à montrer à tout le reste de l’Europe qu’aucune autre politique n’est possible. Que l’austérité totale décidée depuis 2008 et imposée sous la direction du gouvernement Merkel à toute l’Europe reste la seule acceptée, quoique votent les peuples. Avec les votes portugais puis espagnols en faveur de majorité voulant rompre avec cette austérité, la brèche anti-austérité que l’UE croyait avoir refermé en Grèce s’est brutalement rouverte. Ce n’est pas fini. Elle menace désormais de s’étendre en Irlande. Celle-ci va connaitre des élections générales anticipées fin février. Le Sinn Féin, parti membre de mon groupe au Parlement européen, critique de gauche de l’UE, frôle les 20 %. Il pourrait bien se trouver qu’aucun gouvernement ne soit possible sans lui ! La politique du gros bâton va devoir frapper de nouveau ?
Le gouvernement portugais étant dans son bon droit vis-à-vis des traités, il n’a aucune raison de céder car personne ne peut cette fois le menacer de sortir ce pays de la zone euro. La guerre aura pourtant lieu. Pour l’instant la Commission a seulement rectifié le projet de budget en exigeant une nouvelle liste de sacrifices, taxes supplémentaires et coupes sociales. Je crois que la Commission a compris l’impact qu’aurait une nouvelle frappe monétaire contre un pays membre. Surtout dans le contexte de volatilité des places financières qui auraient pu mal réagir à une crise d’asphyxie portugaise après que ce pays ait déjà connu un épisode bancaire extrême récemment.
Le Portugal va devoir faire face à la même arme tyrannique que celle utilisée contre Chypre et la Grèce : la menace de coupure d’accès aux liquidités de la BCE. Pour cela, la Commission Juncker et la BCE de Draghi ont habilement ficelé leur système de frappes graduées. Si la Commission avait donné un avis défavorable ou même seulement appuyé sa critique sur le budget portugais, les agences de notation doivent dégrader la note de la dette portugaise. Cette étape failli être franchie avant l’heure. Avant même que la Commission n’ait rendu son avis définitif, l’agence Fitch, habituel vautour du chantage contre les États, a déjà menacé le pays d’une forte dégradation. Et une telle dégradation fera perdre au Portugal son accès à certains programmes de financement de la BCE, pour lesquels une bonne note de la dette est exigée. Aussitôt, les taux d’intérêts exploseraient pour le Portugal et sa dette avec. La boucle serait bouclée et le pays plongé vers la banqueroute comme le fut Chypre et la Grèce avec la même méthode.
Cependant, ce verrouillage institutionnel par le recours aux agences de notation reste un coup de force de la BCE. Aucune disposition des traités ne le prévoit. Les États ne devraient pas l’accepter de la banque centrale censée gérer leur monnaie en vertu des traités. Une nouvelle épreuve de force est donc à venir en Europe autour de la dette portugaise, et plus largement de toutes les dettes souveraines menacées par ce type de chantage. Ce serait au tour de la France si elle prétendait sortir même à la marge du cadre austéritaire.
Pour affronter ce choc face à une tyrannie, il n’y a pas d’autre solution pour une démocratie que de s’armer politiquement d’un plan B : c’est-à-dire de la capacité de se passer du tyran pour retrouver sa pleine souveraineté. Il me semble que le fait de refuser de payer ou simplement d’établir un moratoire sur nos 2000 milliards de dette est un bon moyen d’asphyxier la planète de la finance. On pourrait commencer par suspendre les paiements le temps de faire examiner le contenu de cette dette par une commission parlementaire d’enquête et d’engager les poursuites contre ceux qui l’auraient augmentée sans motifs légitimes. D’autant que le nouvel état d’urgence rendu constitutionnel permet d’établir comme « un péril imminent » pour l’intérêt de la nation le risque de banqueroute provoqué par les fuites de capitaux ou les spéculations contre le pays. Des bracelets et des assignations à résidence pour tout le CAC 40 ! Bien sûr je plaisante. Cela va de soi.
197 commentaires
Palumbo Viviane
Je ne le dirais jamais assez, merci Jean-Luc, tu es l’homme que la providence ou qui sait, l’heure venue des idées nouvelles, met sur notre route ! Nous ne devons pas rater le rendez-vous de l’Histoire qui va se jouer en 2017, dès demain j’irais acheter ton livre qui va je pense être assez différent du premier que j’ai et connait presque par coeur pour répondre aux questions que les gens me posent lorsque je milite pour la sixième. J’espère trouver des réponses aux autres questions et des solutions simples afin de continuer à faire des adeptes du vote pour toi.
pérez sécheret patrick
Il n’y a pas de sauveur suprême mais dans l’urgence d’une riposte alternative au désastre provoqué par le gouvernement Hollande, il ne faut pas tergiverser ni attendre que les états majors des partis ou mouvements de gauche se mettent d’accord sur une procédure de primaire qui ne peut sur le fond et sur la forme déboucher que sur la mobilisation d’intellectuels, de gens issus des couches moyennes en laissant comme d’habitude les plus démunis, les plus précarisés sur le bord du chemin et dans leur ghetto de vivre. Il faut mobiliser sur le contenu, actualiser le programme de 2012 au regard de la situation actuelle dramatique pour notre pays, du contexte guerrier dans lequel il s’enfonce en réduisant les libertés fondamentales, en disloquant la démocratie. Allons-y avec lucidité et espoir!
JeanLouis
Et le gouvernement français est dans la droite ligne de l’Europe aussi sur les pesticides : « La loi d’avenir agricole de juillet 2014 devait favoriser la commercialisation des préparations naturelles comme le vinaigre blanc, le sucre ou l’argile. Or, le décret permettant leur mise sur le marché traîne au milieu des piles de dossiers du ministère… » (bastamag.net)
Kontarkosz
La FNSEA joue le rôle majeur de pompier pyromane s’agissant de la crise qui traverse les diverses filières de notre agriculture.
DOIDY
Les députés suivent leur chef de file, depuis 2012 ils ont majoritairement mis côté leur mandat d’élus du peuple pour affirmer en priorité à une fidélité au chef de l’Etat. La notre, étiquette PS que j’ai interrogé à ce sujet en tant qu’élu moi-même, ne comprend même pas pourquoi on lui pose la question, elle est persuadée de faire du bon travail, elle croit que les citoyens n’ont pas compris l’action exemplaire du gouvernement.
La classe moyenne ne veut pas savoir qu’au sein de notre peuple la misère est là qui grandit, elle croit tout savoir donc elle n’exerce pas d’esprit critique. Quand le Tafta sera adopté, car pourquoi le comportement du parlement serait-il différent que pour tout ce qu’ils ont voté jusqu’à maintenant ?, il y aura encore bien plus de misère dans les rues et de poison dans la terre. Jean-Luc Mélenchon ne décrit pas un comportement égaré de la part de l’oligarchie, il décrit un comportement criminel, aucune justice ne peut donc dépasser le cadre des traités pour juger cette mafia comme elle le mérite ?
Jjean
Si j’en crois un tableau vu ce matin, concernant le nombre de voix par groupes et par position pour le vote de l’article 2 de la réforme constitutionnelle le 8 février, pour le Front de gauche, 5 ont voté contre, 10 étaient absents…
Claude Chauchat
Dans quel monde vivons-nous ? Et jusqu’où ne tomberons-nous pas ? Et qui sont tous ces gens qui sont sensés nous gouverner ? Je viens d’entendre que lors d’un vote récent, 444 députés français étaient absents pour ne pas avoir à voter contre leurs convictions (du moins on le suppose). Mais est-ce que ce sont vraiment des convictions , puisqu’ils ont honte de les exprimer en public alors que c’est spécifiquement leur travail ? Quelle veulerie ! Ces scandales m’étouffent. Moralité, qu’ils s’en aillent tous!
Calou
Pour ne pas le faire, encore aurait il fallu qu’ils viennent. Comment voulez vous que l’on considère la politique autrement que comme un vulgaire panier de crabes où il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. A quand une reforme de l’exercice de nos politiques ? Qui aura le cran de s’attaquer à ses privilégiés qui sont sensés nous défendre ? Pourquoi quelqu’un comme Sarkozy qui a été président et qui après son échec se voit salarié, peut il toucher autant de privilèges payés par l’Etat ? Pourquoi tous les députés, sénateurs, ministres ont droit a tant de privilèges après leur mandat (retraites, etc.) ? Pourquoi ? Pourquoi ? Montrez l’exemple en commençant par aller dans l’hémicycle.
bob.pollet
Le poker menteur des socialistes (qui roulent à droite) c’est dire : on est pour des primaires de toute la gauche, mais on n’a pas l’intention une seconde de travailler, d’évoluer, de discuter avec toute la gauche, on veut que le résultat soit connu d’avance. Nous, notre bilan et ce qu’on fait, on continuera de le faire, c’est à prendre ou à laisser. Et on contrôlera les primaires de telle façon que vous n’aurez pas une chance.
tchoo
Tant que la résistance à l’austérité émane de pays qui pèsent peu économiquement dans l’Europe actuelle, rien ne bougera, parce que les salauds de Bruxelles et ceux qui les laissent faire chez nous, ne le permettront pas. A contrario, l’exemple britannique démontre, comme vous l’écrivez, que l’on peut faire trembler l’édifice jusqu’a le faire s’écrouler. Malheureusement, pour l’instant, il n’y a pas grand monde qui en a le pouvoir, et surtout la volonté. On peut s’attendre que le système s’effondre sur lui-même, mais devrons-nous supporter pour cela ce qu’ont enduré nos amis américains (du sud bien sur) ?
Degorde Philippe
Certes mais ce à quoi nous assistons est un jeu de rôle. Juncker sait qu’il n’a rien à craindre de Cameron. Ses exigences sont bien connues et conformes à l’idéologie dominante à Bruxelles. Et Cameron sait qu’il ne peut pas aller trop loin. Les USA mettront leur véto à toute sortie de la GB de l’UE. Déjà Goldman Sachs déverse des sommes considérables en faveur du maintien dans l’UE. La solution se décide à Washington, pas à Bruxelles.
Degorde Philippe
J’irai voir « Merci Patron » bien sûr.
Mais le passage sur le Portugal, comme celui qui le précède sur la Grande-Bretagne prouve encore une fois qu’il n’existe aucun compromis possible avec ces gens là. Il n’y a pas d’autre Europe, et la démocratie y est bel et bien hors de propos et n’a plus droit de cité. C’est pourquoi on comprend mal la position récente de Varoufakis sur le Brexit. Ça me trouble. Quoiqu’il en soit, la seule issue est de sortir de l’Union Européenne. La survie est à ce prix.
Arnold Layne
Effectivement, nous nous sommes déplacés hier, rue Merlin, pour voir « Merci Patron » et la foule était telle qu’il nous a fallu battre en retraite (rare). On ira voir le film en salle. Mais c’est un signe qui ne trompe pas !
Meyer Jean-claude
Très sympa le petit film « En commençant par la vigne ». Je me souviens, gamin on nous apprenait que la France était le premier producteur en matière agricole, premier pour les céréales, le vin et l’élevage. C’était aussi l’un des premiers employeurs de France. 30% des travailleurs appartenaient alors au monde agricole. Les gros se sont motorisés. Leur rendement accru leur a permis de bouffer les petits. L’exploitation familiale en s’étendant est devenue industrielle et est tombée sous le joug des grosses coopératives (qui n’en ont que le nom). Et puis il y a eu la réglementation européenne, les aides pour les plus gros (FNSEA) et rien pour les petits. Désespoir. Suicides. Et la production standardisée, controlée (combien de variétés de tomates sont autorisées à la vente ?) Bref on bouffe aujourd’hui ce que mon grand père n’aurait pas osé donner à ses cochons ! J’arrête, la colère me monte à la tête !
Petit post-scriptum. Jean Luc on t’attend pour les prochaines élections. Et comme je ne crois pas aux hommes providentiels pourquoi ne pas faire alliance avec Olivier Bezancenot ? Et d’autres (Pierre Rahbi par exemple) ?
Yann RIVOALLAND
Je ne sais même plus quoi penser, quoi écrire parfois tant ce que je vois, lis et entends me choque. Je me retrouve comme des milliers voir des millions de gens comme envahi, tétanisé non par la peur mais par la colère devant le cynisme, l’avidité, la soif inextinguible de pouvoir et de domination maladive et hystérique des libéraux qui nous entraînent contre notre gré dans leur folie. Tout cela va mal finir et il reste peu de temps à l’intelligence de l’intérêt commun pour stopper cette folie. Garder espoir devient compliqué ! Mais une fois encore il faudra faire front et survivre. Allez ! On ne lâche rien.
elgaucho
Je ne sais pas ce que serait un « documentaire syndical ». Mais demandons-nous ce que serait un cinéma politique aujourd’hui ? Comment filmer une lutte contemporaine ? L’expérience de la lutte est-elle transmissible au-delà de ce qui est montré à l’écran ? Pour le dire avec les mots de Lordon dans le diplo de février, que serait un « film d’action directe » ? Un film qui pousserait à l’insurrection qui vient ? Un film qui donnerait à voir, à sentir, la force d’un collectif qui s’invente face au pouvoir efficace mais fragile des puissants ? Comme « Merci patron ! » de Ruffin, le film « Comme des lions » de Françoise Davisse, autour de la lutte des PSA à Aulnay, propose des pistes de réponse. Ici la bande-annonce.
Michel 65
« Députés ne faites pas ça ! »
C’est fait !
Redon
Je suis pour la déchéance. La déchéance des mandats. Tout élu mis en examen doit être suspendu de ses fonctions. Tout élu condamné doit être exclu à vis de mandat politique. Bon, si cela est appliqué, il faut changer les 3/4 des élus. Chiche !
Benoît
Edward Snowden a twitté « La France, qui nous a donné la Statue de la liberté, vient de voter la fin de la sienne »
#France, who gave us the Statue of Liberty, just voted to end their own.
cogilles
136 députés présents sur 577, même pas le courage de leurs opinions. Quelle honte ! Et en plus ils nous disent régulièrement votez, votez, c’est un devoir, braves gens. Les rigolos, qu’ils dégagent tous.
naif
Je ne suis pas sûr que ce soit une histoire de courage mais plutôt un calcul mental qui évite à un maximum de députés de s’afficher tout en étant certain que la décision passera. Nous allons voir aujourd’hui ou demain le résultat définitif.
Redon
Ceux qui fustigent les abstentionnistes feraient bien de s’autocritiquer. C’est le moment d’interpeller nos députés de région sur leurs motivations de s’abstenir. Il faut leur faire savoir qu’ils s’abordent la République (même la mauvaise Vème) et qu’ils préparent le terrain pour le FN.
Jacques
Avec de tels hommes politiques et élus aux manettes notre pays est en déchéance. Se prendre pour un pays « pur » est risible vis à vis du reste du monde qui n’est nullement « impur ». Les idées d’extrême-droite ont avec eux un bel avenir !
Franck
« Merci patron ! » est une petite perle, un triller social dont on en ressort galvanisé ! Un début « planplan » pour mieux être littéralement scotché jusqu’à la fin. Des scènes y sont proprement hallucinantes et pourtant, c’est la réalité ! La notion de rapport de force y prend toute sa dimension. Franchement, si vous voulez réveiller votre entourage avec une bonne dose de combativité et surtout d’une légitimité qu’on ne cesse de nous confisquer, parlez-en autour de vous, faites-le programmer dans votre cinéma du coin, faites venir Ruffin, bref allez-y ! Voilà, c’était une promo « ex abrupto ».
D’ailleurs, ce serait bien que des auteurs comme Gilles Balbastre, Gérard Mordillat, Pierre Carles, François Ruffin et d’autres, puissent alimenter à leur manière « Pas vu à la télé », non ?
laurentgantner
Ces votes dans l’hémicycle traduisent plus une division entre anciens pétainistes « révolution nationale » tendance Nuremberg 1935 et partisans des libertés de la Table des Conclusions du Tribunal de Nuremberg de 1946.