Toute cette semaine est sous l’onde de choc de l’annonce de la loi El Khomri. Une grosse et belle colère monte. J’en parle en contribuant de nouveau à faire connaître le contenu de ce texte scélérat.
Pour moi, la semaine a filé entre mes doigts. La conduite de la campagne de signatures sur le site jlm2017.fr, la suite de l’émission ONPC de Ruquier, mes sorties sur le terrain comme à Valourec Valencienne, un aller-retour Bruxelles et une conférence étudiante à Lille II, ont fait défiler les jours en accéléré. Mon pire moment aura été quand ces étudiants empilés dans un amphi de 300 places n’ont pu ensuite entrer dans celui de 700 quand la décision a été prise de changer de salle compte tenu de l’affluence. Les bouilles désolées, mon nom crié en slogan dans les couloirs par mes jeunes amis frustrés qui avaient été si tôt à l’heure m’ont rudement secoué !
Le livre L’Ère du peuple dans sa nouvelle édition poche se vend bien. Comme prévu dans le contexte. Le tirage de 10 000 d’abord prévu a été depuis porté par paliers à 25000. Là encore, des excuses à qui n’a pu le trouver quoi que je n’y sois pour rien. Sur Amazon (oui, je sais, ce n’est pas une référence sociale) mes deux livres L’Ère du peuple et Le Hareng de Bismarck ont donc été en tête des essais politiques la semaine passée. Fierté d’auteur !
L’autre évènement de ces jours aura été l’expérimentation du live-vidéo de Facebook, nouveau saut dans un espace médiatique nouveau qui va bouleverser davantage encore la communication citoyenne. C’est la première fois que cela se fait en France dans la sphère politique et je suis heureux que ce soit pour porter la parole d’ouvriers en lutte, ceux de Valourec et d’Alstom. 4000 personnes se sont connectées, plus de mille ont déposé un commentaire dans les 4 premières minutes. Je suis fasciné par les implications d’un monde où la production de l’information se libère et se généralise si facilement.
Avec les salariés en lutte d’Alstom et Vallourec
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur jeudi 25 février 2016
Manuel Valls ne prend pas assez en compte l’utilité du travail des enfants pour relever le défi de la compétitivité, de la flexibilité et de la modernité. De même, il laisse les femmes traîner à la maison avant et après leur accouchement, même si elles sont chassées de plus en plus vite de la maternité, au nom de fumeux avantages acquis au siècle précédent sous le nom de « congés maternité ». Il semble aussi que le travail forcé et gratuit des gens sans emploi pourrait être une forme très moderne d’abaissement des charges sociales. De nombreuses pistes de cette sorte peuvent être explorées évidemment dans le dialogue social du renard libre dans le poulailler libre étant entendu que, faute de conclusions, ce serait au gouvernement de prendre ses responsabilités. (Note pour journaliste pressé : ceci est une figure littéraire humoristique nommée humour noir. Cela ne veut donc pas dire que c’est ce que souhaite l’auteur. Au contraire, celui-ci prône l’inverse.)
En tous cas, grâce à la loi El Khomri, nous sommes rassurés et nous savons qu’aucune ignominie ne peut faire reculer une équipe capable d’inventer la suppression de la durée légale du congé pour décès d’un conjoint ou d’un parent. Beaucoup de gens ont désormais compris le recul social et la destruction de leur vie quotidienne que constitue ce projet de loi sur le code du travail. Déjà, de nombreux textes et décryptages circulent venant de toutes origines. Une pétition a rassemblé 700 000 signatures hostiles au texte, ce qui atteste d’un haut niveau de prise de conscience. La riposte se construit petit à petit. Mais la volonté de lutte se répand comme une trainée de poudre, cristallisant toutes les haines que ce gouvernement suscite. Une première réunion intersyndicale et la promesse de se revoir le 3 mars sont intervenues. Pour ma part, je souhaite qu’une marée citoyenne soit organisée par ceux qui en ont le pouvoir : syndicats, partis, associations et groupes etc. La date du 9 mars comme premier rendez-vous circule de toute part. Celle du 31 semble devoir aussi réunir les syndicats. Je plaide pour qu’un rassemblement soit imaginé un jour de fin de semaine pour que le plus grand nombre puisse s’y associer. Je crois que la société toute entière étant agressée, c’est elle toute entière qui doit pouvoir répondre ensemble. Il s’agit ici de construire un mouvement d’action citoyen, populaire autour de ce que les syndicats vont faire.
En fait, avec ce texte, la vie quotidienne des salariés sera mise en miettes. L’abolition des onze heures de repos consécutifs entre deux journées de travail, la suppression de la durée légale du congé familial en cas de décès d’un proche parent, la journée de 12 heures de travail, le forfait jour, tout cela, c’est beaucoup de violence introduite à grandes rasades dans la vie quotidienne de millions de gens. Et au bout du compte, toute cette souffrance sociale et personnelle ne servira à rien. En tous cas à rien de ce à quoi cela prétend servir. Mais bien sûr, quand le muscle est mis à suer l’actionnaire y trouve bien vite son compte.
De fait, la prétendue « Loi Travail » de Mme El Khomri ne créera pas un seul emploi ! C’est plutôt une loi qui va aggraver le chômage. Elle est économiquement totalement absurde et même contre-productive. C’est à se demander si le gouvernement sait quelque chose de la réalité économique du pays. Ce projet de loi vise selon le gouvernement à permettre aux entreprises de faire face plus facilement à des pics d’activité. Mais nous sommes en pleine période d’inactivité ! Les carnets de commandes sont vides, les capacités de production sont très loin de tourner à plein régime. Les travailleurs sont jetés ou maintenus au chômage par millions, les prévisions de croissance mondiale sont revues à la baisse ! Dans ce contexte, forcer l’augmentation du temps de travail de ceux qui ont un emploi alors qu’on compte 6 millions d’inscrits à Pôle Emploi est absurde. C’est empêcher des chômeurs de trouver quelques heures de travail dans les rares secteurs où l’activité est un peu soutenue. .
Il est même plutôt évident que la loi El Khomri va aggraver la crise. L’activité économique ne tient ici ou là que grâce à la consommation populaire. C’est justement celle-ci que le gouvernement attaque avec son projet de loi. Payer moins les heures supplémentaires, baisser les salaires pendant cinq ans comme cela sera possible, faciliter les licenciements… tout cela réduit le pouvoir d’achat et par conséquence ne peut que réduire la consommation populaire aujourd’hui et demain. Pour se justifier, le gouvernement répète les mantras du MEDEF sur la prétendue « peur d’embaucher » des patrons. Mais il va surtout renforcer la peur du lendemain pour des millions de salariés. Or, toute une série de dépenses de la vie quotidienne sont repoussées quand on craint pour son emploi, son salaire etc. Les petits patrons, les artisans, les commerçants le savent bien. Ils comprennent que cette précarisation des salariés va encore réduire leur activité et donc renforcer leur crainte pour leur carnet de commandes au lieu de la combattre. Manuel Valls n’a toujours pas compris que c’est le progrès social qui permet l’activité économique utile et durable. Ce projet est le fruit des mêmes recettes archaïques du MEDEF. Il est condamné au même échec social et économique que les autres macronades comme le travail du dimanche ou les 41 milliards d’euros donnés sans contreparties au MEDEF chaque année.
Comment peut-on croire qu’on lutte contre le chômage en facilitant les licenciements ? C’est pourtant exactement ce que prévoit l’avant-projet de loi. Je veux ici pointer en particulier deux dispositifs. Le premier, c’est le plafonnement des indemnités versées aux salariés par l’employeur en cas de licenciement abusif. Commençons par rappeler que « licenciement abusif » est un euphémisme pour dire « licenciement illégal », c’est-à-dire pratiqué par un employeur délinquant. Le plafonnement des indemnités ignore totalement la réalité du préjudice pour le salarié : ce n’est pas la même chose d’être licencié à 50 ans quand votre épouse est déjà au chômage et vos enfants en études qu’à 6 mois de la retraite. D’autant que le plafonnement est particulièrement bas puisque l’indemnité maximale que pourra toucher un salarié est égale à 15 mois de salaire pour 20 ans d’ancienneté ou plus : même pas un mois de salaire par année d’ancienneté ! C’est environ la moitié de ce qui est actuellement accordé aux salariés par les conseils de prud’hommes. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a aussi prévu de supprimer l’indemnité minimale à verser dès qu’un licenciement est reconnu comme « abusif ». Tout cela revient à dire qu’un licenciement illégal est possible si vous pouvez payer. Le patron voyou connaîtra exactement la somme maximale qu’il risque de devoir verser, il pourra prévoir précisément cette somme et ainsi « acheter » la possibilité de contourner la loi et de licencier plus facilement. Tous les syndicats réclament unanimement le retrait de cet article inique.
L’autre facilitation des licenciements concerne les licenciements pour motif économique. C’est l’article 30 bis de l’avant-projet de loi. Il a été ajouté à la dernière minute, manifestement sous la dictée du MEDEF. Que dit cet article ? Il précise et élargit les situations dans lesquelles est possible le recours à une procédure de « licenciement économique ». Le but ? Empêcher qu’un juge conteste ensuite la réalité du motif économique du licenciement et condamne l’entreprise soit à réintégrer les salariés soit à les dédommager. On sait que, souvent, la décision finale du juge arrive une fois l’entreprise fermée comme dans le cas de l’usine Conti de Clairoix dont les propriétaires ont été condamnés trop tard.
Le projet de loi prévoit d’étendre la possibilité de recourir au licenciement économique à toute entreprise qui connaîtrait des difficultés économiques caractérisées « soit par une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant quatre trimestres consécutifs en comparaison avec la même période de l’année précédente, soit par des pertes d’exploitation pendant six mois, soit par une importante dégradation de la trésorerie, soit par tout élément de nature à justifier de ces difficultés». Aucun seuil d’ampleur de cette baisse n’est prévu alors que les artifices comptables sont faciles pour faire croire à des baisses de commandes par exemple. Il suffira d’une baisse de 0,1% des commandes pour pouvoir licencier pour motif économique ! Ces dispositions visent à permettre à une entreprise de licencier dès la moindre difficulté, sans chercher à savoir si les difficultés sont passagères ou durables, conjoncturelles ou structurelles ni à préserver l’emploi, par exemple en ayant recours au chômage partiel dans les cas les plus graves. Avec de telles dispositions, l’hémorragie d’emplois aurait été encore plus grande au moment de la crise de 2008-2009.
Ce n’est pas tout. Le gouvernement protège uniquement les grands groupes. Sa prétendue défense du petit patronat qui aurait « peur d’embaucher » ne tient pas. Car une autre disposition du même article 30 bis sert uniquement les intérêts des multinationales et des groupes, pas des PME. En effet, l’article prévoit la possibilité de licencier les salariés pour motif économique même si les autres filiales du groupe, en France ou à l’étranger, réalisent des bénéfices. La situation économique de l’entreprise ne sera plus établie en fonction de la santé économique globale du groupe mais uniquement des filiales en France. Il suffira donc à un grand groupe d’organiser la dégradation de la trésorerie d’une filiale A en France au profit d’une autre filiale B dans un autre pays pour pouvoir licencier les salariés de la filiale A en toute légalité. Avec ce projet de loi, les plans de licenciements vont se multiplier.
Samedi 27 février : manifestation à Notre-Dame-des-Landes contre les expulsions des paysans qui vivent sur place et pour l’abandon du projet d’aéroport. Décidé il y a quarante ans dans un autre contexte et avec d’autres critères que ceux en qui s’imposent aujourd’hui, cet aéroport est le prototype de grands travaux inutiles. Sa mise en œuvre est si absurde qu’elle soulève les interrogations les plus diverses sur les motivations de ceux qui s’obstinent. À présent, la situation tourne au grotesque depuis que François Hollande a proposé un référendum. Inacceptable par principe et impraticable juridiquement. Il est grand temps d’arrêt les frais. Il est plus que temps de renoncer au projet d’aéroport. D’autant que la démonstration est faite que l’aménagement de l’aéroport actuel serait moins nuisible écologiquement.
Manuel Valls a menti. En octobre dernier, il affirmait devant le Sénat que le projet d’aéroport de Notre-Dame des Lans « est bon pour l’environnement, parce que l’actuel aéroport de Nantes est au contact de trois réserves Natura 2000, dont le réservoir à oiseaux du lac de Grand Lieu ». Le 17 février, Le Canard Enchainé a révélé une lettre qui prouve le contraire. Elle date de 2014. Elle a été rédigée par les services de l’État eux-mêmes, en l’occurrence la Direction régionale de l’environnement des Pays-de-la Loire. Elle est adressée au préfet de la région, également préfet du département de Loire-Atlantique. Rappelons que le préfet est représentant de l’Etat dans le département. Il est placé sous la tutelle directe du ministre de l’Intérieur. La lettre n’a jamais été publiée mais le gouvernement ne pouvait donc ignorer son contenu. Que dit cette lettre ? Elle dit que l’aménagement de l’aéroport actuel serait moins nuisible écologiquement qu’un nouvel aéroport. Plus précisément : que l’aménagement de l’actuel aéroport et l’augmentation du trafic aérien ne présentent « pas de risque » pour la réserve naturelle attenante. Et que « l’impact [des aménagements nécessaires de l’aéroport actuel] sera cependant très minime en comparaison de ceux issus de l’urbanisation prévisible des zones humides aujourd’hui préservées » en cas de construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame des Landes. Cet argument écologique s’ajoute à la longue liste des arguments contre ce projet. Il est temps de l’abandonner.
François Hollande préfère manœuvrer que d’affronter cette réalité. Il a ainsi annoncé jeudi 11 février à la télévision la tenue d’un référendum « local » pour décider de la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Cette annonce est un aveu de faiblesse des partisans de l’aéroport. François Hollande reconnaît surtout qu’il est embourbé dans cette affaire ! Il cherche une porte de sortie qui reporte sur d’autres la responsabilité des décisions à prendre avant la présidentielle. Ce pauvre bidouillage est le fruit d’un marchandage misérable pour l’entrée au gouvernement d’Emmanuelle Cosse tout en évitant de fâcher ce pauvre Jean-Marc Ayrault. Lequel Ayrault s’est déjà obligé à participer au gouvernement de celui qui l’a expulsé de son poste de Premier ministre et se voit obligé d’avaler en prime la couleuvre d’un référendum sur « son » aéroport. Emma Cosse elle aussi est tombée dans le piège. Car bien sûr, le référendum n’aura pas lieu. En tout cas, pas comme Hollande l’a annoncé. Tant mieux. C’est une mauvaise idée.
Quant à François Hollande il bat à cette occasion quelques records de plus en matière de cynisme. Il découvre le mot « référendum » quand ça l’arrange ! Pour faire adopter la révision de la Constitution en cours. Pas de référendum ! Pour faire adopter en 2012 le traité budgétaire non renégocié ? Pas de référendum ! Pour le traité TAFTA créant le marché commun entre l’Europe et les États-Unis ? Pas de référendum ! Mais pour un projet d’aéroport suspect, Hollande propose un référendum !
En réalité, la proposition de François Hollande est stupéfiante. Il a dit vouloir « organiser un référendum local pour qu’on sache exactement ce que veut la population ». Mais c’est l’État qui est le maître d’ouvrage du projet d’aéroport. C’est l’État qui est le principal financeur du projet. C’est-à-dire que tous les contribuables paieront et pas seulement des régions ou communes concernées. C’est l’État qui a pris le décret déclarant le projet « d’intérêt national » et signé les contrats avec Vinci. Quelle serait donc la logique de ne consulter que les électeurs des communes ou départements locaux ? Depuis quand demande-t-on à une partie de la population de prendre une décision au nom de l’État tout entier ? C’est une vision contraire à la loi et aux principes républicains les plus élémentaires.
Le référendum de François Hollande est impraticable ! Le droit actuel ne permet pas d’organiser un tel scrutin. L’article 11 de la Constitution fixe précisément le champ d’application du référendum que peut convoquer le président de la République. Il n’est pas question des infrastructures de transport. Manuel Valls a mis le doigt sur cette difficulté. Jeudi 11 février François Hollande annonçait un « référendum en octobre ». Le lendemain, le Premier ministre Manuel Valls ne parlait plus que d’une « consultation » et « avant l’été ». Le président a donc été déjugé par son Premier ministre en moins de 24 heures.
Mais même la planche de salut de Valls est vermoulue. Le gouvernement finalise actuellement un projet d’ordonnance sur les « procédures destinées à assurer l’information et la participation du public à l’élaboration de projets, plans et programmes et de certaines décisions », notamment en matière d’infrastructures. C’est une conséquence de la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens. L’article 106 de la loi Macron de l’an dernier prévoit que le gouvernement rédige une ordonnance sur le sujet. Une ordonnance, c’est un texte qui a force de loi mais qui peut entrer en vigueur sur simple décision du gouvernement et qui ne sera validé par le Parlement qu’après coup, dans un délai d’un an. Mais même dans ce cas, la proposition Hollande bute sur un os. Le projet d’ordonnance concerne la « consultation locale des électeurs sur des projets relevant de la compétence de l’État et d’intérêt local ». Or, selon le code de l’environnement, la « création ou extension d’infrastructures de pistes d’aérodrome » comme le projet de Notre-Dame-des-Landes ne relèvent pas de « l’intérêt local » mais de l’intérêt national ! Ce que confirme le décret pris en ce sens par le gouvernement Fillon en 2008. Et en toute logique, l’ordonnance ne devrait pouvoir de toute façon s’appliquer qu’à des projets non encore engagés. Encore raté !
Pour éviter le ridicule, Hollande et Valls ont essayé de susciter une consultation des électeurs à l’initiative des collectivités locales. Peine perdue ! Le président de la région Pays-de-La-Loire a déjà refusé cette idée. Quant aux communes et départements, ils ne peuvent convoquer de référendum ou consulter les électeurs que dans des domaines relevant de leur compétence. Or c’est l’État qui porte le projet ! Comme si cet imbroglio ne suffisait pas il faut encore y ajouter le désaccord entre Ségolène Royal et Jean-Marc Ayrault sur le périmètre et le nombre de départements dont la population devrait être consultée. Après quoi il faudra se souvenir qu’aucune garantie n’est apportée non seulement concernant la légalité de cette consultation mais encore ni sur l’égalité des moyens entre opposants et partisans du projet, ni la sur l’impartialité des organisateurs du scrutin… Une situation grotesque comme Hollande n’aura cessé d’en créer tout au long de son quinquennat à force de tergiverser, de chercher à se défausser et de mentir à tout le monde en même temps, tout le temps, sur tous les sujets.
Martine Aubry trouve donc que « trop c’est trop ! » à propos de la politique de François Hollande. Je goûte l’étrange sentiment de ceux qui peuvent se reprocher d’avoir eu raison trop tôt. Et j’ai la même perplexité qu’au premier jour. Rien de ce que fait Hollande n’était imprévisible. Mon livre En Quête de gauche a montré les racines idéologiques profondes de sa vision politique. Dans ma campagne de 2012, j’avais fait les comptes de ce que ses engagements impliquaient en ce qui concerne le retour au 3% de déficit du budget de l’État dès 2013. Il en va de même pour Valls. Je me souviens des plaintes publiques de Pierre Laurent au mois d’août 2013 parce que j’avais dit de Valls « contaminé par Le Pen ». Après l’épisode de la déchéance de nationalité qui me trouvera encore « excessif » ? Et ainsi de suite.
Mais toute l’avance stratégique que devait nous donner la lucidité sur ce qui allait advenir, la force de la geste qui nous conduisait à prendre le drapeau du choc avec le Front national, tout a été perdu par les médiocres querelles des alliances aux élections locales, les jalousies égotiques et tout le reste. Le refus d’assumer le devoir d’entraînement et d’éclaireur de la société est consubstantiel à l’essentiel des petits groupes de l’autre gauche et du Front de Gauche. Là règne le mythe de la « pression sur la gauche », la « mise au pied du mur » et les autres ritournelles de l’impuissance qui ont occupé pendant bientôt presque cent ans les groupes trotskistes et leur variantes contemporaines chez tous ceux qui renoncent à être eux-mêmes acteurs de l’Histoire.
Dès lors, la tribune signée de Martine Aubry soulève une nouvelle vague de folle espérance de tous ceux qui comptent sur les autres pour régler leur problème et celui de notre famille dans l’Histoire longue. Peu importe ce qu’elle a pu écrire vraiment, peu importe avec qui elle écrit, peu importe qu’ensuite elle parle du caractère naturel de la candidature de François Hollande. Ni même qu’elle dise le contraire le lendemain à Lille dans une réunion semi confidentielle de « notre primaire ». Les mêmes qui me chicanent un adjectif se régalent à grosses cuillères de ses satisfécits accordés à la politique du gouvernement dans l’éducation et la santé, deux brasiers déjà allumé de la révolte populaire. Les mêmes qui me disputent une proposition pas assez ceci ou trop cela s’accommodent sans mal d’une conclusion de cette tribune clouée à un niveau de généralité qui ne peut être sans cause. Je ne raisonne pas de cette façon.
Aubry ne fera rien d’autre que ce qu’elle a fait déjà. Et si par hasard elle allait plus loin, il faudrait avoir avec elle un dialogue exigeant et non pas une transe ébahie. Elle, comme les autres doit renoncer aux bavardages sur « les réformes nécessaires » et trancher entre politique de l’offre et de la demande, entre exigence écologique et abandon productiviste. En toutes hypothèses, le temps des cartes blanches est fini avec quelque socialiste que ce soit. Notre dignité est à ce prix mais plus encore l’existence même d’une gauche réelle dans ce pays où elle pourrait bien être liquidée comme elle l’a déjà été en Italie, en Pologne et ailleurs.
Cette tribune est signée par plusieurs partisans éminents de la primaire de toute la gauche. On trouve ainsi parmi les signataires des membres du PS comme Benoît Hamon mais aussi d’EELV comme Daniel Cohn-Bendit. Mais étrangement, aucun dirigeant communiste ni d’EELV n’a été invité à se joindre à cette offensive alors qu’ils sont pourtant de loyaux amis de ce processus. Et le dissident socialiste le plus avancé, le socialiste Pouria Amirshahi, non plus. L’opération reste circonscrite aux « proches » dans la meilleure tradition de la cour des miracles du PS et de ses courants et sous courants. Valls a eu beau jeu d’observer que les signataires socialistes de la tribune forment un club des anciens de la primaire socialiste de 2011.
En bout de course, 48 heures après le lancement de l’obus à fragmentation paru dans Le Monde, il n’y a pas manqué le non moins traditionnel jeu de « tu me vois, tu me vois plus » que pratiquent ces élites pusillanimes. Comme cela sentait trop le souffre il aura suffi de quelques heures pour que Martine Aubry ajoute que si « trop c’est trop » François Hollande reste néanmoins le candidat naturel Bla Bla. Puis le lendemain encore à Lille Elle appelle tous les amis de gauche à participer à la primaire ». Hollande ne serait pas de gauche quoique candidat naturel ? On s’y perdrait si on devait prendre tout cela au sérieux. Au PS, on ne s’approche du Rubicon que pour y pêcher à la ligne.
Bien sûr, la tribune publiée par le journal Le Monde de jeudi 25 février est une critique implacable bienvenue. Une preuve de plus que la monarchie présidentielle et sa cour sont à bout de souffle. Peut-être même le début d’une révolution de Palais ? Car cette tribune ressemble beaucoup à un appel à la démission de Manuel Valls du poste de Premier ministre. En toute hypothèse, j’approuve la critique de la politique du gouvernent que fait Martine Aubry. Comment pourrait-il en être autrement puisque nous faisons la même depuis des mois ? Elle demande l’abandon du projet de révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité comme je l’ai fait sur TF1 le 10 février dernier et comme le demande tout le Front de Gauche. Pour elle, ce projet met en cause « notre conception de l’identité de la France. Pour la gauche, l’identité française doit être républicaine, elle se définit comme une communauté non pas d’origine, mais de destin, fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité ». « Aller au Congrès de Versailles dans ces conditions serait une fêlure profonde pour la gauche et d’ailleurs aussi pour certains démocrates. Évitons-la » demande-t-elle à François Hollande. Elle dénonce aussi « la meurtrissure de l’indécent discours de Munich » de Manuel Valls contre l’accueil des réfugiés.
Sa critique n’en reste pas à ces principes républicains ou moraux. Elle porte avant tout sur la politique économique et sociale du gouvernement. Martine Aubry dénonce le « pacte avec le Medef qui se révéla un marché de dupes ». Elle critique ainsi le gaspillage des 41 milliards d’euros annuels du pacte de responsabilité « mobilisés pour rien, ou si peu, [et qui] auraient été si utiles à la nouvelle économie, à l’écologie, à l’éducation et à la formation, aux territoires, à l’accès à l’emploi de ceux qui en sont le plus éloignés, au pouvoir d’achat, aux investissements publics et privés et donc aux carnets de commandes des entreprises ».
Surtout, elle dénonce le projet de loi El Khomri sur le code du travail avec des mots que je partage. Ainsi quand elle dit que « la gauche a appris des mouvements ouvriers qu’il n’y a pas de liberté sans égalité ». Ou que « le droit n’enferme pas, il libère. Il libère en arrêtant la liberté des autres où commence la sienne. Il libère en apportant aux plus faibles les droits qui visent à rééquilibrer les rapports dans l’entreprise ». Martine Aubry a raison de dire que « c’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes, et en privilégiant l’accord dans l’entreprise dans un pays où le taux de syndicalisation est faible et où le patronat n’a jamais aimé la négociation ». J’ajouterai seulement « et où c’est grâce à la loi qu’est étendue la protection des conventions collectives à tous les salariés et à toutes les entreprises ». Comment ne pas être d’accord quand elle pointe que « les salariés vont subir un chantage permanent et [que] les entreprises seront soumises à des distorsions de concurrence » au sein même de chaque branche ? Et comment contester que « réduire les protections des salariés face au licenciement conduira plus sûrement à davantage de licenciements ! » ? Avec elle, je m’interroge : « à qui fera-t-on croire qu’en multipliant les facilités de licenciements, on favorisera ainsi l’emploi ? », « qui peut imaginer que, en généralisant les possibilités de ne plus payer les heures supplémentaires en heures supplémentaires, on améliorera la situation de l’emploi en France ? Qui peut faire croire qu’augmenter le temps de travail va diminuer le chômage ? ».
Avec elle, nous sommes d’accord pour refuser que « ces revendication du patronat institutionnel deviennent les lois de la République », qui plus est à coup de recours à l’article 49-3 de la Constitution pour les imposer sans vote à l’Assemblée. Doit-on comprendre que si cela devait arriver, Martine Aubry appellerait les députés qui siègent à gauche de l’Assemblée à voter une motion de censure du gouvernement comme je l’ai fait lundi 22 février sur France Info ? Marie Noëlle Liennemann le propose, Christian Paul le suggère fortement !
Toutefois, je trouve que Martine Aubry veut rester au milieu du gué et que cela la conduit à des concessions de langage qui desservent la crédibilité de sa protestation. Ainsi quand elle fait la part belle à plusieurs actions du gouvernement que le terrain rejette clairement. Ainsi quand elle vante le bilan du gouvernement à propos de ce qu’elle juge être « les succès de la COP21, la priorité donnée à la lutte contre les inégalités à l’école, les avancées de la loi santé ». Les engagements des États lors de la COP21 prévoient un réchauffement climatique de 3 degrés d’ici 2100 dont les effets seront insoutenables. Le nombre de professeurs absents non remplacés ou de fermetures de 36 lycées professionnels sous le mandat de François Hollande laissent craindre le pire pour les inégalités scolaires. La création de 60000 postes d’enseignants est clairement un mensonge et chacun sait dorénavant que seuls quelques 5000 postes à peine sont réellement crées. Quant à la loi santé, elle n’améliore aucunement le remboursement des soins mais elle désorganise le service hospitalier et conduit à une carence dont chacun a désormais fait l’expérience par ses proches ou sa famille.
Je ne peux évidemment pas non plus accepter l’idée qu’Angela Merkel aurait « sauvé l’Europe ». À propos des migrants, Martine Aubry écrit « Non, Angela Merkel n’est pas naïve, Monsieur le Premier ministre. Non, elle n’a pas commis une erreur historique. Non, elle n’a pas mis en danger l’Europe, elle l’a sauvée. Elle l’a sauvée du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions et la mort et en oubliant ceux qui chaque jour perdent la vie en Méditerranée ». Si l’on comprend et que l’on peut partager l’intention morale de Martine Aubry, on ne peut pour autant donner de brevet d’humanité à un chef de gouvernement qui a agi avec un tel cynisme dans ce dossier. Car ce serait oublier un peu vite comment son action sur les migrations a d’abord consister à défendre les accords de libre-échange responsables du départ massif de populations d’Afrique subsahélienne et à imposer la politique d’austérité qui a provoqué le départ de plus de 2 millions de personnes de Grèce et d’Espagne.
Mais après tout on comprend que sur ces points, elle et ses co-signataires expriment une sensibilité social-démocrate traditionnelle très européo-enthousiaste. Il me semble pour finir que la vraie faiblesse vient de la chute du texte. Il ne dit rien en effet, ou si peu, de ce qu’il faudrait faire. Tout juste Martine Aubry et les autres signataires disent-il que « pour sortir de l’impasse, il faut de vraies réformes, synonymes de progrès économique, social, écologique et démocratique. Elles doivent être porteuses d’émancipation pour chacun et de vivre-ensemble pour tous. C’est ce chemin qu’il faut retrouver ! Celui de la gauche tout simplement ! ». Mais cela est bien maigre.
Leur texte ne dit rien de l’impasse des traités européens et de la nécessité d’en sortir. Rien de l’impasse de la monarchie présidentielle et de la nécessité de l’abolir. Rien de l’impasse du productivisme et de la nécessité de la transition écologique. Du coup on se demande si ce n’est pas un épisode de plus dans la vie de la cocotte-minute lâchant du lest de vapeur quand il s’en accumule de trop comme les frondeurs s’en sont rendus familiers depuis déjà deux ans. Donc il ne faut pas se plaindre d’être rejoints dans nos critiques, ni de voir la désorganisation augmenter dans le camp de l’adversaire. Mais il ne faut sombrer dans aucune illusion. Du PS ne sont venus rien d’autre que des jeux de rôles sans conséquences autre que d’entrainer les naïfs dans de nouvelles impasses d’illusions et d’impuissance. Et cela pendant que la plus grave crise morale et philosophique de son Histoire l’entraînait ainsi que toute la gauche vers le néant.
142 commentaires
Letourneur Yves
Oh oui ! Un bon coup de Mélenchon pour en finir avec ces larbins du Medef et de cette Europe-là au pouvoir ; pour montrer et démontrer, avec les ressources de l’analyse marxiste, la barbarie du système capitaliste dont ils ne sont que les VRP, sous un masque de « gauche » qu’ils n’arrivent même plus d’ailleurs à maintenir sur leur visage ; rouvrir la voie d’un changement révolutionnaire de l’ordre social existant, qui n’a rien de « fatal », comme nous le serinent les pseudo-experts qu’exhibent à longueur d’antenne et d’écran les media ; retrouver l’élan révolutionnaire de notre peuple et, par là-même, la dignité de notre pays en nous rappelant enfin, avec Victor Hugo, qu' »un mot que dit Paris est un ambassadeur » !
Cheecook
Pour avoir plus de monde à votre manif contre la loi El khomri, il serait plus judicieux de la faire un lundi. Les artisans, commerçants indépendants travaillent le week-end et très rarement le lundi. Cette catégorie professionnelle et celles des professions libérales subissent le plus lourd tribut de la crise économique. Pour sauvegarder notre système sociale et continuer de subventionner grassement les grandes entreprises et certaines PME, l’Etat taxe plus que grassement les TPE, artisans, commerçants et professions libérales d’autant plus que l’ubérisation de la société et le statut d’auto entrepreneur ne rapportent pas grand chose au pot commun.
Le problème des politiques économiques de l’emploi en France, depuis le choc pétrolier de 1979, c’est qu’elles subventionnent les bas salaires (à grand coup d’exonérations fiscales et sociales) au détriment des emplois à forte valeur ajouté, ce qui a pour incidence de réduire l’assiette d’imposition et de baisser le pouvoir d’achat. D’où l’émergence d’un cercle économique vicieux. L’intervention de l’Etat dans l’économie crée des effets d’aubaines chez les employeurs comme chez les salariés et les demandeurs d’emplois. Elle peut également crée une distorsion de la concurrence. Je me pose la question de la nécessité de l’intervention de l’Etat dans l’économie. Par extension, je me pose la question de la nécessité de l’Etat. Et si l’anarchie était la solution ? A méditer non?
sergio
Est-ce l’intervention de l’état qui crée cette régression économique et sociale que vous décrivez ou bien au contraire sa soumission aux traités libéraux mondialistes qui favorise le dumping social et la désindustrialisation du pays ?
Kontarkosz
Pouria Amirshahi quitte le PS. « Je quitte le PS et le monde des partis en général, rhizomes d’un système institutionnel à bout de souffle. Ils sont devenus des machines électorales sans grande conviction, sans promesse d’avenir heureux pour le pays. Ils sont au mieux incapables, au pire dangereux comme par exemple le Front national. Notre système, confiscatoire de pouvoirs et de richesses, mène à l’abîme démocratique, social ou écologique » (Le Monde).
Hier c’était le conseiller en stratégie Pierre Jacquemain qui foutait le camp du cabinet de la Ministre du travail. Est ce bon signe ?
Olivier
Je ne sais pas si c’est bon signe mais c’est un sujet important. Les partis demeurent les interlocuteurs privilégiés des médias jusqu’à ce qu’ils s’écroulent.
Si l’on observe les partis et particulièrement LR ou le Parti socialiste, on peut constater qu’ils adhèrent globalement aux politiques d’austérité de l’Union Européenne (bien que des personnes comme Guaino ou Montebourg s’en écartent). Il existe également un consensus de ces partis sur l’adhésion aux thèses néolibérales, positions de plus en plus assumées par le Parti socialiste. Cependant, ce ralliement assumé crée une fissure au sein de ce parti de plus en plus importante. De plus, on constate que les partis politiques ne produisent plus d’idées, ne débattent plus. Ils vivent de plus en plus à travers des laboratoires d’idées, les think thank eux-mêmes noyautés par les lobbies, bref rien de bien fameux. Les hommes politiques de ces partis sont envahis par la com, par le clientélisme au détriment des idées et convictions.
Fulgence
Je trouve inconséquent et dangereux, sous prétexte d’avoir enfin quitté un parti vendu et renégat, de mettre tous les partis, y compris le PG, et la notion même de parti, dans le même sac. Parti signifierait automatiquement « tous pourris ». N’est-ce pas apporter de l’eau au moulin du populisme fasciste, du FN ?
Patrick
Merci Monsieur Mélenchon !
Le seul homme politique de gauche, le seul défenseur des travailleurs, des sans grade, ceux qui malgré tout créent la richesse d’un pays, quoique l’on en dise au Medef.
Une loi créatrice d’insécurité, une sorte de « charia » où tout licenciement serait « barèmée ». Et hop, dehors les prud’hommes, dehors les juges, à mort l’estimation du réel préjudice subit par forcément le plus faible. Monsieur Hollande se prétendait de gauche mais il se laisse manipuler par ce que je finis par appeler manque de conviction ou plus grave incapacité à piloter le couple de droite extrême Vals/Macron. Je croyais benoîtement qu’être de gauche était forcément être pour le faible contre le fort !
Continuez Monsieur Mélenchon, merci d’écrire ce que nous ressentons.
jaubert
Mr Mélenchon,
Que pensez-vous de l’association Terres de liens qui achète via un organisme financier (la Nef) des terres pour les confier à des fermiers en respectant un cahier des charges (culture bio, respect des sols, biodiversité, etc.) ? Cette asso est présente au salon de l’agriculture.
Michel Davesnes
« (Note pour journaliste pressé : ceci est une figure littéraire humoristique nommée humour noir. Cela ne veut donc pas dire que c’est ce que souhaite l’auteur. Au contraire, celui-ci prône l’inverse.) »
Dommage qu’il faille le préciser. Ça devrait aller de soi qu’il s’agit d’une ironie grinçante… mais l’état de la presse étant ce qu’il est, et certains éditocrates et autres folliculaires cherchant la moindre occasion de « se faire Mélenchon », mieux vaut assurer ses arrières.
Francis
Je souhaite revenir sur une formule employée par M. Mélenchon concernant l’Assemblée constituante. Il déclare régulièrement qu’il quittera la fonction de président dès que la nouvelle constitution entrera en application. N’est-ce pas préjuger de ce que proposera la Constituante concernant le rôle du président. Peut-être que celle-ci proposera de conserver une fonction présidentielle au pouvoir bien défini. Il est peut-être préférable de dire que s’il est élu président, il se conformera au nouveau rôle qui sera assigné au président ou qu’il s’en ira si la Constitution supprime la fonction présidentielle.
Gerard Dugard
@Francis
C’est en d’autres termes la question que je souhaitais poser. D’autre part, l’Assemblée constituante sera bien évidemment composée de personnalités issues de différents partis. Comment seront-elles choisies ?
le révolté
@Gerard Dugard
L’assemblée constituante ne sera en aucun cas constitué de personnalités issues de différents partis. Pour pouvoir se faire une idée de comment elle sera constituée,il suffit de se rendre sur le site M6R pour voir comment cela fonctionne.
germa
Ne doit-on pas suivre les autres états européens ? Cette révision du code du travail semble indispensable. Ce sont les patrons qui donnent le travail aux salariés.
Mais ne va-t-elle pas creuser davantage le fossé entre le privé et les fonctionnaires avec leurs privilèges ? Je suis fonctionnaire avec les avantages liés, et mon conjoint salarié d’une TPE sans aucun avantage. Quant on parle de justice et d’égalité, il faut commencer par là et non descendre dans la rue pour défendre uniquement ses propres privilèges.
sergio
Quels privilèges as-tu ? Le smic (60 % des fonctionnaires) ? Le gel du salaire ? Les restructurations qui déménagent les services et dégradent les conditions de travail depuis 10 ans ? Parle un peu à ceux qui sont vraiment fonctionnaires : policier, profs, hospitaliers, avant d’écrire n’importe quoi. La loi El Khomri n’a rien à voir avec ce faux problème sarkomacronien.
DOIDY
L’application de la doctrine européenne s’est déclinée avec le gouvernement de droite précédent comme une préparation des lois faites par le gouvernement actuel. Cela fait partie d’un plan qui a été fait dans la première moitié des années 80 et qui se déroule inexorablement puisque les partis qui accèdent au pouvoir ne sont que des courroies de transmission de ce qui se voit comme un pouvoir suprême, siégeant au sein d’un conseil d’administration du monde où règnent des grands capitalistes. Ces magnats se prennent pour des seigneurs, ils sont prêts à envoyer la troupe contre les serfs que nous sommes à leurs yeux, leurs valets dans les démocraties représentatives appliquent, ils ont peur de perdre leur place ou pire encore. Il y a une comparaison à faire avec le terrorisme, Une sorte de charia retire aux êtres humains la liberté de conscience, impose une respect draconien de règles qui empêchent toute contestation de l’ordre établi par ceux qui se croient les représentant d’une entité supérieure. La lutte contre eux n’appelle pas de négociations à la marge de leurs règles iniques, mais des mesures plus radicales.
Alain GUILLOU
De Gaulle en 58 stigmatisait les partis. Voir la suite.
A chaque période historique, sans avoir la légèreté d’esprit des opportunistes, il reste nécessaire de procéder au réglage de nos lunettes. Aujourd’hui la dérive présidentialiste s’accommode fort bien des partis « susucres » comme des partis « bâtons ». Mais, bien qu’il soit à ce stade surdéterminé par le régime présidentiel, un parti en devenir humain préexiste en filigrane quelque part, entre les partis progressistes et écologistes. Dans le dépassement des causes de division, la surdétermination en question, bien que désastreuse, garde un aspect positif à exploiter. Elle permet, si l’on ne perd pas tout son temps à chercher le candidat rassembleur idéal, d’autoriser le dépassement, depuis le sein même de chaque parti, comme depuis les masses sociales qui sont influencées traditionnellement par ces partis.
Pour moi, bien que critique à quelques égards, la candidature de Jean Luc est un des facteurs accélérant ce dépassement (qui n’est pas simple dépassement des partis), car elle est intégrante du processus constituant. Un des autres facteurs facilitant ce dépassement, c’est le débat démocratique en cours, justement entre les partis (ou fractions de partis) potentiellement partenaires. Ça va des écologistes à l’extrême gauche en passant par les frondeurs, mais c’est porteur du dépassement en question.
club 22
IL est temps d’être pragmatique et d’indiquer à tous les volontaires pour la manif du 7 mars les points de rassemblement, les horaires et les parcours, car en aucun cas je ne veux me retrouver derrière la banderole des syndicats dit réformateurs, d’accompagnement, mais qui nous le savons sont déjà prêt à signer un compromis acceptable, pour ne pas dire depuis 2003 des compromissions successives qui ont contribuer à permettre à un exécutif d’appellation de gauche, de nous proposer cette loi du travail ultra libérale rétrograde du 19ème siècle qui n’aura que comme conséquence, le retour à la Germinalisation des travailleurs pour les décennies à venir.
Il faut communiquer le plus rapidement possible le calendrier de toute les manifs de mars et qu’elles soient massives car le pépère Hollande et le toréador Valls joue la montre et les vacances de Pâques, le retrait sera obtenu avant si nous sommes des centaines de milliers sur les pavés à faire entendre la voix du peuple.
Brigitte Degen
Cher Jean-Luc Mélenchon, dans vos commentaires sur le cynisme d’Angela Merkel à l’égard des pays d’Europe du Sud, n’oubliez pas SVP l’émigration forcée des jeunes Portugais/es que le Ministre des finances du gouvernement ultra-libéral de Passos Coelho a explicitement encouragée car, disait-il, il n’y aurait plus jamais de travail pour cette jeunesse éduquée sur le budget de l’Etat (dépenses prises en compte dans l’évaluation du déficit du pays), en même temps que les mesures austéritaires appliquées avec zèle, pendant 4 ans, par ce gouvernement réduisaient immédiatement les dites dépenses d’éducation, ainsi que celles de culture (supprimées en totalité) et de santé.
Némaus
Cela fait du bien de respirer un grand bol d’air frais ! Pour évacuer tous les miasmes enveloppant la communication officielle ou officieuse du PS-Medef. Et surtout pour les Nantais: non à l’aéroport NDDL!
nieto
Bravo monsieur Mélenchon, c’est très bien ce que vous écrivez sur Hollande et sa bande d’incapable, mais je voudrais vous rappeler que vous avez voté et fait voter pour lui en 2012. Vos voix ont permis son élection et voilà le résultat. Sans vous il serait resté en Corrèze pour enfoncer un peu plus le département qu’il dirigeait et grâce a vous, c’est la France qu’il est en train de couler.