Toute cette semaine est sous l’onde de choc de l’annonce de la loi El Khomri. Une grosse et belle colère monte. J’en parle en contribuant de nouveau à faire connaître le contenu de ce texte scélérat.
Pour moi, la semaine a filé entre mes doigts. La conduite de la campagne de signatures sur le site jlm2017.fr, la suite de l’émission ONPC de Ruquier, mes sorties sur le terrain comme à Valourec Valencienne, un aller-retour Bruxelles et une conférence étudiante à Lille II, ont fait défiler les jours en accéléré. Mon pire moment aura été quand ces étudiants empilés dans un amphi de 300 places n’ont pu ensuite entrer dans celui de 700 quand la décision a été prise de changer de salle compte tenu de l’affluence. Les bouilles désolées, mon nom crié en slogan dans les couloirs par mes jeunes amis frustrés qui avaient été si tôt à l’heure m’ont rudement secoué !
Le livre L’Ère du peuple dans sa nouvelle édition poche se vend bien. Comme prévu dans le contexte. Le tirage de 10 000 d’abord prévu a été depuis porté par paliers à 25000. Là encore, des excuses à qui n’a pu le trouver quoi que je n’y sois pour rien. Sur Amazon (oui, je sais, ce n’est pas une référence sociale) mes deux livres L’Ère du peuple et Le Hareng de Bismarck ont donc été en tête des essais politiques la semaine passée. Fierté d’auteur !
L’autre évènement de ces jours aura été l’expérimentation du live-vidéo de Facebook, nouveau saut dans un espace médiatique nouveau qui va bouleverser davantage encore la communication citoyenne. C’est la première fois que cela se fait en France dans la sphère politique et je suis heureux que ce soit pour porter la parole d’ouvriers en lutte, ceux de Valourec et d’Alstom. 4000 personnes se sont connectées, plus de mille ont déposé un commentaire dans les 4 premières minutes. Je suis fasciné par les implications d’un monde où la production de l’information se libère et se généralise si facilement.
Avec les salariés en lutte d’Alstom et Vallourec
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur jeudi 25 février 2016
Manuel Valls ne prend pas assez en compte l’utilité du travail des enfants pour relever le défi de la compétitivité, de la flexibilité et de la modernité. De même, il laisse les femmes traîner à la maison avant et après leur accouchement, même si elles sont chassées de plus en plus vite de la maternité, au nom de fumeux avantages acquis au siècle précédent sous le nom de « congés maternité ». Il semble aussi que le travail forcé et gratuit des gens sans emploi pourrait être une forme très moderne d’abaissement des charges sociales. De nombreuses pistes de cette sorte peuvent être explorées évidemment dans le dialogue social du renard libre dans le poulailler libre étant entendu que, faute de conclusions, ce serait au gouvernement de prendre ses responsabilités. (Note pour journaliste pressé : ceci est une figure littéraire humoristique nommée humour noir. Cela ne veut donc pas dire que c’est ce que souhaite l’auteur. Au contraire, celui-ci prône l’inverse.)
En tous cas, grâce à la loi El Khomri, nous sommes rassurés et nous savons qu’aucune ignominie ne peut faire reculer une équipe capable d’inventer la suppression de la durée légale du congé pour décès d’un conjoint ou d’un parent. Beaucoup de gens ont désormais compris le recul social et la destruction de leur vie quotidienne que constitue ce projet de loi sur le code du travail. Déjà, de nombreux textes et décryptages circulent venant de toutes origines. Une pétition a rassemblé 700 000 signatures hostiles au texte, ce qui atteste d’un haut niveau de prise de conscience. La riposte se construit petit à petit. Mais la volonté de lutte se répand comme une trainée de poudre, cristallisant toutes les haines que ce gouvernement suscite. Une première réunion intersyndicale et la promesse de se revoir le 3 mars sont intervenues. Pour ma part, je souhaite qu’une marée citoyenne soit organisée par ceux qui en ont le pouvoir : syndicats, partis, associations et groupes etc. La date du 9 mars comme premier rendez-vous circule de toute part. Celle du 31 semble devoir aussi réunir les syndicats. Je plaide pour qu’un rassemblement soit imaginé un jour de fin de semaine pour que le plus grand nombre puisse s’y associer. Je crois que la société toute entière étant agressée, c’est elle toute entière qui doit pouvoir répondre ensemble. Il s’agit ici de construire un mouvement d’action citoyen, populaire autour de ce que les syndicats vont faire.
En fait, avec ce texte, la vie quotidienne des salariés sera mise en miettes. L’abolition des onze heures de repos consécutifs entre deux journées de travail, la suppression de la durée légale du congé familial en cas de décès d’un proche parent, la journée de 12 heures de travail, le forfait jour, tout cela, c’est beaucoup de violence introduite à grandes rasades dans la vie quotidienne de millions de gens. Et au bout du compte, toute cette souffrance sociale et personnelle ne servira à rien. En tous cas à rien de ce à quoi cela prétend servir. Mais bien sûr, quand le muscle est mis à suer l’actionnaire y trouve bien vite son compte.
De fait, la prétendue « Loi Travail » de Mme El Khomri ne créera pas un seul emploi ! C’est plutôt une loi qui va aggraver le chômage. Elle est économiquement totalement absurde et même contre-productive. C’est à se demander si le gouvernement sait quelque chose de la réalité économique du pays. Ce projet de loi vise selon le gouvernement à permettre aux entreprises de faire face plus facilement à des pics d’activité. Mais nous sommes en pleine période d’inactivité ! Les carnets de commandes sont vides, les capacités de production sont très loin de tourner à plein régime. Les travailleurs sont jetés ou maintenus au chômage par millions, les prévisions de croissance mondiale sont revues à la baisse ! Dans ce contexte, forcer l’augmentation du temps de travail de ceux qui ont un emploi alors qu’on compte 6 millions d’inscrits à Pôle Emploi est absurde. C’est empêcher des chômeurs de trouver quelques heures de travail dans les rares secteurs où l’activité est un peu soutenue. .
Il est même plutôt évident que la loi El Khomri va aggraver la crise. L’activité économique ne tient ici ou là que grâce à la consommation populaire. C’est justement celle-ci que le gouvernement attaque avec son projet de loi. Payer moins les heures supplémentaires, baisser les salaires pendant cinq ans comme cela sera possible, faciliter les licenciements… tout cela réduit le pouvoir d’achat et par conséquence ne peut que réduire la consommation populaire aujourd’hui et demain. Pour se justifier, le gouvernement répète les mantras du MEDEF sur la prétendue « peur d’embaucher » des patrons. Mais il va surtout renforcer la peur du lendemain pour des millions de salariés. Or, toute une série de dépenses de la vie quotidienne sont repoussées quand on craint pour son emploi, son salaire etc. Les petits patrons, les artisans, les commerçants le savent bien. Ils comprennent que cette précarisation des salariés va encore réduire leur activité et donc renforcer leur crainte pour leur carnet de commandes au lieu de la combattre. Manuel Valls n’a toujours pas compris que c’est le progrès social qui permet l’activité économique utile et durable. Ce projet est le fruit des mêmes recettes archaïques du MEDEF. Il est condamné au même échec social et économique que les autres macronades comme le travail du dimanche ou les 41 milliards d’euros donnés sans contreparties au MEDEF chaque année.
Comment peut-on croire qu’on lutte contre le chômage en facilitant les licenciements ? C’est pourtant exactement ce que prévoit l’avant-projet de loi. Je veux ici pointer en particulier deux dispositifs. Le premier, c’est le plafonnement des indemnités versées aux salariés par l’employeur en cas de licenciement abusif. Commençons par rappeler que « licenciement abusif » est un euphémisme pour dire « licenciement illégal », c’est-à-dire pratiqué par un employeur délinquant. Le plafonnement des indemnités ignore totalement la réalité du préjudice pour le salarié : ce n’est pas la même chose d’être licencié à 50 ans quand votre épouse est déjà au chômage et vos enfants en études qu’à 6 mois de la retraite. D’autant que le plafonnement est particulièrement bas puisque l’indemnité maximale que pourra toucher un salarié est égale à 15 mois de salaire pour 20 ans d’ancienneté ou plus : même pas un mois de salaire par année d’ancienneté ! C’est environ la moitié de ce qui est actuellement accordé aux salariés par les conseils de prud’hommes. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a aussi prévu de supprimer l’indemnité minimale à verser dès qu’un licenciement est reconnu comme « abusif ». Tout cela revient à dire qu’un licenciement illégal est possible si vous pouvez payer. Le patron voyou connaîtra exactement la somme maximale qu’il risque de devoir verser, il pourra prévoir précisément cette somme et ainsi « acheter » la possibilité de contourner la loi et de licencier plus facilement. Tous les syndicats réclament unanimement le retrait de cet article inique.
L’autre facilitation des licenciements concerne les licenciements pour motif économique. C’est l’article 30 bis de l’avant-projet de loi. Il a été ajouté à la dernière minute, manifestement sous la dictée du MEDEF. Que dit cet article ? Il précise et élargit les situations dans lesquelles est possible le recours à une procédure de « licenciement économique ». Le but ? Empêcher qu’un juge conteste ensuite la réalité du motif économique du licenciement et condamne l’entreprise soit à réintégrer les salariés soit à les dédommager. On sait que, souvent, la décision finale du juge arrive une fois l’entreprise fermée comme dans le cas de l’usine Conti de Clairoix dont les propriétaires ont été condamnés trop tard.
Le projet de loi prévoit d’étendre la possibilité de recourir au licenciement économique à toute entreprise qui connaîtrait des difficultés économiques caractérisées « soit par une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant quatre trimestres consécutifs en comparaison avec la même période de l’année précédente, soit par des pertes d’exploitation pendant six mois, soit par une importante dégradation de la trésorerie, soit par tout élément de nature à justifier de ces difficultés». Aucun seuil d’ampleur de cette baisse n’est prévu alors que les artifices comptables sont faciles pour faire croire à des baisses de commandes par exemple. Il suffira d’une baisse de 0,1% des commandes pour pouvoir licencier pour motif économique ! Ces dispositions visent à permettre à une entreprise de licencier dès la moindre difficulté, sans chercher à savoir si les difficultés sont passagères ou durables, conjoncturelles ou structurelles ni à préserver l’emploi, par exemple en ayant recours au chômage partiel dans les cas les plus graves. Avec de telles dispositions, l’hémorragie d’emplois aurait été encore plus grande au moment de la crise de 2008-2009.
Ce n’est pas tout. Le gouvernement protège uniquement les grands groupes. Sa prétendue défense du petit patronat qui aurait « peur d’embaucher » ne tient pas. Car une autre disposition du même article 30 bis sert uniquement les intérêts des multinationales et des groupes, pas des PME. En effet, l’article prévoit la possibilité de licencier les salariés pour motif économique même si les autres filiales du groupe, en France ou à l’étranger, réalisent des bénéfices. La situation économique de l’entreprise ne sera plus établie en fonction de la santé économique globale du groupe mais uniquement des filiales en France. Il suffira donc à un grand groupe d’organiser la dégradation de la trésorerie d’une filiale A en France au profit d’une autre filiale B dans un autre pays pour pouvoir licencier les salariés de la filiale A en toute légalité. Avec ce projet de loi, les plans de licenciements vont se multiplier.
Samedi 27 février : manifestation à Notre-Dame-des-Landes contre les expulsions des paysans qui vivent sur place et pour l’abandon du projet d’aéroport. Décidé il y a quarante ans dans un autre contexte et avec d’autres critères que ceux en qui s’imposent aujourd’hui, cet aéroport est le prototype de grands travaux inutiles. Sa mise en œuvre est si absurde qu’elle soulève les interrogations les plus diverses sur les motivations de ceux qui s’obstinent. À présent, la situation tourne au grotesque depuis que François Hollande a proposé un référendum. Inacceptable par principe et impraticable juridiquement. Il est grand temps d’arrêt les frais. Il est plus que temps de renoncer au projet d’aéroport. D’autant que la démonstration est faite que l’aménagement de l’aéroport actuel serait moins nuisible écologiquement.
Manuel Valls a menti. En octobre dernier, il affirmait devant le Sénat que le projet d’aéroport de Notre-Dame des Lans « est bon pour l’environnement, parce que l’actuel aéroport de Nantes est au contact de trois réserves Natura 2000, dont le réservoir à oiseaux du lac de Grand Lieu ». Le 17 février, Le Canard Enchainé a révélé une lettre qui prouve le contraire. Elle date de 2014. Elle a été rédigée par les services de l’État eux-mêmes, en l’occurrence la Direction régionale de l’environnement des Pays-de-la Loire. Elle est adressée au préfet de la région, également préfet du département de Loire-Atlantique. Rappelons que le préfet est représentant de l’Etat dans le département. Il est placé sous la tutelle directe du ministre de l’Intérieur. La lettre n’a jamais été publiée mais le gouvernement ne pouvait donc ignorer son contenu. Que dit cette lettre ? Elle dit que l’aménagement de l’aéroport actuel serait moins nuisible écologiquement qu’un nouvel aéroport. Plus précisément : que l’aménagement de l’actuel aéroport et l’augmentation du trafic aérien ne présentent « pas de risque » pour la réserve naturelle attenante. Et que « l’impact [des aménagements nécessaires de l’aéroport actuel] sera cependant très minime en comparaison de ceux issus de l’urbanisation prévisible des zones humides aujourd’hui préservées » en cas de construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame des Landes. Cet argument écologique s’ajoute à la longue liste des arguments contre ce projet. Il est temps de l’abandonner.
François Hollande préfère manœuvrer que d’affronter cette réalité. Il a ainsi annoncé jeudi 11 février à la télévision la tenue d’un référendum « local » pour décider de la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Cette annonce est un aveu de faiblesse des partisans de l’aéroport. François Hollande reconnaît surtout qu’il est embourbé dans cette affaire ! Il cherche une porte de sortie qui reporte sur d’autres la responsabilité des décisions à prendre avant la présidentielle. Ce pauvre bidouillage est le fruit d’un marchandage misérable pour l’entrée au gouvernement d’Emmanuelle Cosse tout en évitant de fâcher ce pauvre Jean-Marc Ayrault. Lequel Ayrault s’est déjà obligé à participer au gouvernement de celui qui l’a expulsé de son poste de Premier ministre et se voit obligé d’avaler en prime la couleuvre d’un référendum sur « son » aéroport. Emma Cosse elle aussi est tombée dans le piège. Car bien sûr, le référendum n’aura pas lieu. En tout cas, pas comme Hollande l’a annoncé. Tant mieux. C’est une mauvaise idée.
Quant à François Hollande il bat à cette occasion quelques records de plus en matière de cynisme. Il découvre le mot « référendum » quand ça l’arrange ! Pour faire adopter la révision de la Constitution en cours. Pas de référendum ! Pour faire adopter en 2012 le traité budgétaire non renégocié ? Pas de référendum ! Pour le traité TAFTA créant le marché commun entre l’Europe et les États-Unis ? Pas de référendum ! Mais pour un projet d’aéroport suspect, Hollande propose un référendum !
En réalité, la proposition de François Hollande est stupéfiante. Il a dit vouloir « organiser un référendum local pour qu’on sache exactement ce que veut la population ». Mais c’est l’État qui est le maître d’ouvrage du projet d’aéroport. C’est l’État qui est le principal financeur du projet. C’est-à-dire que tous les contribuables paieront et pas seulement des régions ou communes concernées. C’est l’État qui a pris le décret déclarant le projet « d’intérêt national » et signé les contrats avec Vinci. Quelle serait donc la logique de ne consulter que les électeurs des communes ou départements locaux ? Depuis quand demande-t-on à une partie de la population de prendre une décision au nom de l’État tout entier ? C’est une vision contraire à la loi et aux principes républicains les plus élémentaires.
Le référendum de François Hollande est impraticable ! Le droit actuel ne permet pas d’organiser un tel scrutin. L’article 11 de la Constitution fixe précisément le champ d’application du référendum que peut convoquer le président de la République. Il n’est pas question des infrastructures de transport. Manuel Valls a mis le doigt sur cette difficulté. Jeudi 11 février François Hollande annonçait un « référendum en octobre ». Le lendemain, le Premier ministre Manuel Valls ne parlait plus que d’une « consultation » et « avant l’été ». Le président a donc été déjugé par son Premier ministre en moins de 24 heures.
Mais même la planche de salut de Valls est vermoulue. Le gouvernement finalise actuellement un projet d’ordonnance sur les « procédures destinées à assurer l’information et la participation du public à l’élaboration de projets, plans et programmes et de certaines décisions », notamment en matière d’infrastructures. C’est une conséquence de la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens. L’article 106 de la loi Macron de l’an dernier prévoit que le gouvernement rédige une ordonnance sur le sujet. Une ordonnance, c’est un texte qui a force de loi mais qui peut entrer en vigueur sur simple décision du gouvernement et qui ne sera validé par le Parlement qu’après coup, dans un délai d’un an. Mais même dans ce cas, la proposition Hollande bute sur un os. Le projet d’ordonnance concerne la « consultation locale des électeurs sur des projets relevant de la compétence de l’État et d’intérêt local ». Or, selon le code de l’environnement, la « création ou extension d’infrastructures de pistes d’aérodrome » comme le projet de Notre-Dame-des-Landes ne relèvent pas de « l’intérêt local » mais de l’intérêt national ! Ce que confirme le décret pris en ce sens par le gouvernement Fillon en 2008. Et en toute logique, l’ordonnance ne devrait pouvoir de toute façon s’appliquer qu’à des projets non encore engagés. Encore raté !
Pour éviter le ridicule, Hollande et Valls ont essayé de susciter une consultation des électeurs à l’initiative des collectivités locales. Peine perdue ! Le président de la région Pays-de-La-Loire a déjà refusé cette idée. Quant aux communes et départements, ils ne peuvent convoquer de référendum ou consulter les électeurs que dans des domaines relevant de leur compétence. Or c’est l’État qui porte le projet ! Comme si cet imbroglio ne suffisait pas il faut encore y ajouter le désaccord entre Ségolène Royal et Jean-Marc Ayrault sur le périmètre et le nombre de départements dont la population devrait être consultée. Après quoi il faudra se souvenir qu’aucune garantie n’est apportée non seulement concernant la légalité de cette consultation mais encore ni sur l’égalité des moyens entre opposants et partisans du projet, ni la sur l’impartialité des organisateurs du scrutin… Une situation grotesque comme Hollande n’aura cessé d’en créer tout au long de son quinquennat à force de tergiverser, de chercher à se défausser et de mentir à tout le monde en même temps, tout le temps, sur tous les sujets.
Martine Aubry trouve donc que « trop c’est trop ! » à propos de la politique de François Hollande. Je goûte l’étrange sentiment de ceux qui peuvent se reprocher d’avoir eu raison trop tôt. Et j’ai la même perplexité qu’au premier jour. Rien de ce que fait Hollande n’était imprévisible. Mon livre En Quête de gauche a montré les racines idéologiques profondes de sa vision politique. Dans ma campagne de 2012, j’avais fait les comptes de ce que ses engagements impliquaient en ce qui concerne le retour au 3% de déficit du budget de l’État dès 2013. Il en va de même pour Valls. Je me souviens des plaintes publiques de Pierre Laurent au mois d’août 2013 parce que j’avais dit de Valls « contaminé par Le Pen ». Après l’épisode de la déchéance de nationalité qui me trouvera encore « excessif » ? Et ainsi de suite.
Mais toute l’avance stratégique que devait nous donner la lucidité sur ce qui allait advenir, la force de la geste qui nous conduisait à prendre le drapeau du choc avec le Front national, tout a été perdu par les médiocres querelles des alliances aux élections locales, les jalousies égotiques et tout le reste. Le refus d’assumer le devoir d’entraînement et d’éclaireur de la société est consubstantiel à l’essentiel des petits groupes de l’autre gauche et du Front de Gauche. Là règne le mythe de la « pression sur la gauche », la « mise au pied du mur » et les autres ritournelles de l’impuissance qui ont occupé pendant bientôt presque cent ans les groupes trotskistes et leur variantes contemporaines chez tous ceux qui renoncent à être eux-mêmes acteurs de l’Histoire.
Dès lors, la tribune signée de Martine Aubry soulève une nouvelle vague de folle espérance de tous ceux qui comptent sur les autres pour régler leur problème et celui de notre famille dans l’Histoire longue. Peu importe ce qu’elle a pu écrire vraiment, peu importe avec qui elle écrit, peu importe qu’ensuite elle parle du caractère naturel de la candidature de François Hollande. Ni même qu’elle dise le contraire le lendemain à Lille dans une réunion semi confidentielle de « notre primaire ». Les mêmes qui me chicanent un adjectif se régalent à grosses cuillères de ses satisfécits accordés à la politique du gouvernement dans l’éducation et la santé, deux brasiers déjà allumé de la révolte populaire. Les mêmes qui me disputent une proposition pas assez ceci ou trop cela s’accommodent sans mal d’une conclusion de cette tribune clouée à un niveau de généralité qui ne peut être sans cause. Je ne raisonne pas de cette façon.
Aubry ne fera rien d’autre que ce qu’elle a fait déjà. Et si par hasard elle allait plus loin, il faudrait avoir avec elle un dialogue exigeant et non pas une transe ébahie. Elle, comme les autres doit renoncer aux bavardages sur « les réformes nécessaires » et trancher entre politique de l’offre et de la demande, entre exigence écologique et abandon productiviste. En toutes hypothèses, le temps des cartes blanches est fini avec quelque socialiste que ce soit. Notre dignité est à ce prix mais plus encore l’existence même d’une gauche réelle dans ce pays où elle pourrait bien être liquidée comme elle l’a déjà été en Italie, en Pologne et ailleurs.
Cette tribune est signée par plusieurs partisans éminents de la primaire de toute la gauche. On trouve ainsi parmi les signataires des membres du PS comme Benoît Hamon mais aussi d’EELV comme Daniel Cohn-Bendit. Mais étrangement, aucun dirigeant communiste ni d’EELV n’a été invité à se joindre à cette offensive alors qu’ils sont pourtant de loyaux amis de ce processus. Et le dissident socialiste le plus avancé, le socialiste Pouria Amirshahi, non plus. L’opération reste circonscrite aux « proches » dans la meilleure tradition de la cour des miracles du PS et de ses courants et sous courants. Valls a eu beau jeu d’observer que les signataires socialistes de la tribune forment un club des anciens de la primaire socialiste de 2011.
En bout de course, 48 heures après le lancement de l’obus à fragmentation paru dans Le Monde, il n’y a pas manqué le non moins traditionnel jeu de « tu me vois, tu me vois plus » que pratiquent ces élites pusillanimes. Comme cela sentait trop le souffre il aura suffi de quelques heures pour que Martine Aubry ajoute que si « trop c’est trop » François Hollande reste néanmoins le candidat naturel Bla Bla. Puis le lendemain encore à Lille Elle appelle tous les amis de gauche à participer à la primaire ». Hollande ne serait pas de gauche quoique candidat naturel ? On s’y perdrait si on devait prendre tout cela au sérieux. Au PS, on ne s’approche du Rubicon que pour y pêcher à la ligne.
Bien sûr, la tribune publiée par le journal Le Monde de jeudi 25 février est une critique implacable bienvenue. Une preuve de plus que la monarchie présidentielle et sa cour sont à bout de souffle. Peut-être même le début d’une révolution de Palais ? Car cette tribune ressemble beaucoup à un appel à la démission de Manuel Valls du poste de Premier ministre. En toute hypothèse, j’approuve la critique de la politique du gouvernent que fait Martine Aubry. Comment pourrait-il en être autrement puisque nous faisons la même depuis des mois ? Elle demande l’abandon du projet de révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité comme je l’ai fait sur TF1 le 10 février dernier et comme le demande tout le Front de Gauche. Pour elle, ce projet met en cause « notre conception de l’identité de la France. Pour la gauche, l’identité française doit être républicaine, elle se définit comme une communauté non pas d’origine, mais de destin, fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité ». « Aller au Congrès de Versailles dans ces conditions serait une fêlure profonde pour la gauche et d’ailleurs aussi pour certains démocrates. Évitons-la » demande-t-elle à François Hollande. Elle dénonce aussi « la meurtrissure de l’indécent discours de Munich » de Manuel Valls contre l’accueil des réfugiés.
Sa critique n’en reste pas à ces principes républicains ou moraux. Elle porte avant tout sur la politique économique et sociale du gouvernement. Martine Aubry dénonce le « pacte avec le Medef qui se révéla un marché de dupes ». Elle critique ainsi le gaspillage des 41 milliards d’euros annuels du pacte de responsabilité « mobilisés pour rien, ou si peu, [et qui] auraient été si utiles à la nouvelle économie, à l’écologie, à l’éducation et à la formation, aux territoires, à l’accès à l’emploi de ceux qui en sont le plus éloignés, au pouvoir d’achat, aux investissements publics et privés et donc aux carnets de commandes des entreprises ».
Surtout, elle dénonce le projet de loi El Khomri sur le code du travail avec des mots que je partage. Ainsi quand elle dit que « la gauche a appris des mouvements ouvriers qu’il n’y a pas de liberté sans égalité ». Ou que « le droit n’enferme pas, il libère. Il libère en arrêtant la liberté des autres où commence la sienne. Il libère en apportant aux plus faibles les droits qui visent à rééquilibrer les rapports dans l’entreprise ». Martine Aubry a raison de dire que « c’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes, et en privilégiant l’accord dans l’entreprise dans un pays où le taux de syndicalisation est faible et où le patronat n’a jamais aimé la négociation ». J’ajouterai seulement « et où c’est grâce à la loi qu’est étendue la protection des conventions collectives à tous les salariés et à toutes les entreprises ». Comment ne pas être d’accord quand elle pointe que « les salariés vont subir un chantage permanent et [que] les entreprises seront soumises à des distorsions de concurrence » au sein même de chaque branche ? Et comment contester que « réduire les protections des salariés face au licenciement conduira plus sûrement à davantage de licenciements ! » ? Avec elle, je m’interroge : « à qui fera-t-on croire qu’en multipliant les facilités de licenciements, on favorisera ainsi l’emploi ? », « qui peut imaginer que, en généralisant les possibilités de ne plus payer les heures supplémentaires en heures supplémentaires, on améliorera la situation de l’emploi en France ? Qui peut faire croire qu’augmenter le temps de travail va diminuer le chômage ? ».
Avec elle, nous sommes d’accord pour refuser que « ces revendication du patronat institutionnel deviennent les lois de la République », qui plus est à coup de recours à l’article 49-3 de la Constitution pour les imposer sans vote à l’Assemblée. Doit-on comprendre que si cela devait arriver, Martine Aubry appellerait les députés qui siègent à gauche de l’Assemblée à voter une motion de censure du gouvernement comme je l’ai fait lundi 22 février sur France Info ? Marie Noëlle Liennemann le propose, Christian Paul le suggère fortement !
Toutefois, je trouve que Martine Aubry veut rester au milieu du gué et que cela la conduit à des concessions de langage qui desservent la crédibilité de sa protestation. Ainsi quand elle fait la part belle à plusieurs actions du gouvernement que le terrain rejette clairement. Ainsi quand elle vante le bilan du gouvernement à propos de ce qu’elle juge être « les succès de la COP21, la priorité donnée à la lutte contre les inégalités à l’école, les avancées de la loi santé ». Les engagements des États lors de la COP21 prévoient un réchauffement climatique de 3 degrés d’ici 2100 dont les effets seront insoutenables. Le nombre de professeurs absents non remplacés ou de fermetures de 36 lycées professionnels sous le mandat de François Hollande laissent craindre le pire pour les inégalités scolaires. La création de 60000 postes d’enseignants est clairement un mensonge et chacun sait dorénavant que seuls quelques 5000 postes à peine sont réellement crées. Quant à la loi santé, elle n’améliore aucunement le remboursement des soins mais elle désorganise le service hospitalier et conduit à une carence dont chacun a désormais fait l’expérience par ses proches ou sa famille.
Je ne peux évidemment pas non plus accepter l’idée qu’Angela Merkel aurait « sauvé l’Europe ». À propos des migrants, Martine Aubry écrit « Non, Angela Merkel n’est pas naïve, Monsieur le Premier ministre. Non, elle n’a pas commis une erreur historique. Non, elle n’a pas mis en danger l’Europe, elle l’a sauvée. Elle l’a sauvée du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions et la mort et en oubliant ceux qui chaque jour perdent la vie en Méditerranée ». Si l’on comprend et que l’on peut partager l’intention morale de Martine Aubry, on ne peut pour autant donner de brevet d’humanité à un chef de gouvernement qui a agi avec un tel cynisme dans ce dossier. Car ce serait oublier un peu vite comment son action sur les migrations a d’abord consister à défendre les accords de libre-échange responsables du départ massif de populations d’Afrique subsahélienne et à imposer la politique d’austérité qui a provoqué le départ de plus de 2 millions de personnes de Grèce et d’Espagne.
Mais après tout on comprend que sur ces points, elle et ses co-signataires expriment une sensibilité social-démocrate traditionnelle très européo-enthousiaste. Il me semble pour finir que la vraie faiblesse vient de la chute du texte. Il ne dit rien en effet, ou si peu, de ce qu’il faudrait faire. Tout juste Martine Aubry et les autres signataires disent-il que « pour sortir de l’impasse, il faut de vraies réformes, synonymes de progrès économique, social, écologique et démocratique. Elles doivent être porteuses d’émancipation pour chacun et de vivre-ensemble pour tous. C’est ce chemin qu’il faut retrouver ! Celui de la gauche tout simplement ! ». Mais cela est bien maigre.
Leur texte ne dit rien de l’impasse des traités européens et de la nécessité d’en sortir. Rien de l’impasse de la monarchie présidentielle et de la nécessité de l’abolir. Rien de l’impasse du productivisme et de la nécessité de la transition écologique. Du coup on se demande si ce n’est pas un épisode de plus dans la vie de la cocotte-minute lâchant du lest de vapeur quand il s’en accumule de trop comme les frondeurs s’en sont rendus familiers depuis déjà deux ans. Donc il ne faut pas se plaindre d’être rejoints dans nos critiques, ni de voir la désorganisation augmenter dans le camp de l’adversaire. Mais il ne faut sombrer dans aucune illusion. Du PS ne sont venus rien d’autre que des jeux de rôles sans conséquences autre que d’entrainer les naïfs dans de nouvelles impasses d’illusions et d’impuissance. Et cela pendant que la plus grave crise morale et philosophique de son Histoire l’entraînait ainsi que toute la gauche vers le néant.
142 commentaires
Philalabastille
Bonjour Jean-Luc Mélenchon
Une semaine bien pleine effectivement. J’espère que de nombreux autres yeux que ceux de Martine vont ce déciller mais avec la sincérité pour seule origine. Je suis ravi de voir que l’argument massue que les ultralibéraux nous assénaient régulièrement que la réalité empêchait tous nos « rêves de gauche » de se réaliser leur puisse être retourné avec une telle violence aujourd’hui. Leurs rêves ultralibéraux tournent au cauchemar pour chacun d’entre nous. Tu as tout mon soutien.
Bravo pour la pêche dans le Rubicon, on pêche aussi très bien depuis un pédalo.
PUY Gerard
Je serais bref, on a assez de pepins comme cela, sourire. Jean-Luc Mélenchon a aussi tout mon soutien pour l’aider a conserver sa santé morale, tellement saine !
Titus
Vraiment excellent les vidéos pour porter les propos des ouvriers en lutte. C’est concret, c’est le contre poison de l’information des minables journaux télévisés, c’est un outil qui peut toucher le plus grand nombre.
Jean michel jarry
Enfin des pensées et des analyses lucides cohérentes. Je n’ai pas fait l’ENA ni HEC mais c’est cela le bon s’en sens, la réalité. A qui va-t-on faire croire qu’en augmentant la durée du travail, en retardant le départ à la retraite nous allons diminuer le chômage ? Pour relancer l’économie, augmentons de façon significative le salaire des travailleurs en prenant l’argent la ou il se trouve réellement. Passons des 35 heures à 30 heures de travail hebdomadaire et la retraite pour tous des 55 ans. Partageons le travail. Seule façon de réduire réellement le chômage. Nous manquons d’emplois dans le service public. Des emplois nouveaux et considérables peuvent être créés dans le renouvellement énergétique. Pour tout cela changeons de république et mettons des gens compétents et réalistes au gouvernement en pensant à l’humain d’abord et non à tout ce fric pourri. Jean-Luc continue dans cette voie que tu as choisie. Je suis avec toi.
Patrick Foray
Tout à fait d’accord avec toi, Jean-Michel. En plus de l’augmentation de la durée du travail et du départ à la retraite plus tardif, j’ajouterais la modernisation le l’outil de travail. Il y a plus de 40 ans alors que j’étais encore adolescent mon père m’expliquait que si la machine allait remplacer de nombreuses personnes, il allait falloir réduire le temps de travail ou bien payer des gens à ne rien faire sinon on aboutirait à une impasse. Il avait bien raison, et pourtant il n’avait pas fait de longues études. Que du bon sens !
Jeo
Bonjour Mr Mélenchon
Je vous remercie de faire preuve de tant d’humour pour dénoncer si férocement les cruautés de ce gouvernement prétendu de gauche. Il faut continuer à se battre, rien n’est perdu, jamais !
Noel
Un socialiste, qu’il soit de gauche, de droite, frondeur, dissident, social-libéral ou social-démocrate, il restera toujours socialiste. Plus près de Blair et de Schroder que de l’humain d’abord. Pour ces raisons, moi membre du PCF, je ne comprends pas la position de mon parti qui en étant favorable à une primaire à gauche va encore se faire enfumer. Vu la formidable campagne de 2012 et l’excellent resultat obtenu malgré le vote utile pour Moi Président, je soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon avec le solfient « l’humain d’abord ».
bob.pollet
« Pour ces raisons, moi membre du PCF, je ne comprends pas la position de mon parti qui en étant favorable à une primaire à gauche va encore se faire enfumer »
Il serait plus juste d’écrire « Pour ces raisons, moi membre du PCF, je ne comprends pas la position de quelques camarades de mon parti et me retrouve en bonne compagnie avec d’autres pour soutenir l’humain d’abord et les interventions de Jean-Luc Mélenchon.
gege
Je ne suis pas du tout sûr que certains responsables du PC se fassent enfumer, pas plus qu’ils n’ont subi aux municipales, qu’aux cantonales, qu’aux régionales en imposant sa candidature en Ile-de-France. Faut-il penser que la course aux postes fasse parti d’une stratégie politique tenable ? Pourtant il y aurait tellement à faire ensemble sur d’autres bases plus claires et pleines d’avenir.
oneval
@noël
La réponse à l’attitude de ton parti se trouve dans ses comptes. S’ils restent près des socialos c’est pour avoir des élus. S’ils veulent des élus ce n’est pas pour changer notre vie, mais pour que les fins de mois du parti ne commencent plus le 2. Rien à attendre de cette direction. Elle contribue très largement à décrédibiliser l’idée qu’une autre politique est possible. Bref, des charlots.
tchoo
Ce n’est ni plus ni moins qu’une manoeuvre de Martine Aubry pour se rallier tous ceux proches du PS qui ont du mal cette fois-ci à avaler l’anaconda de la réforme du code du travail, car ils sentent bien tous là que la rupture est proche. Ces déçus, écoeurés, révoltés se laisseront-ils un fois de plus berner ?
Leniglo
Faire feu de tout bois. La presse régionale comporte souvent des libres expressions. C’est par cet espace que j’exprime nos idées. En ce qui concerne la loi El Khomri, il serait très intéressant de pourvoir donner tes analyses sur la malfaisance du texte. Du genre Jean-Luc Mélenchon s’adresse à vous, signé par toi, afin d’éviter toutes manipulations. Les gens ne sont pas tous reliés aux résaux sociaux et ne lisent pas que les nécros. Cette presse est beaucoup lue. […]
Patrick.p
Une loi scélérate. Hollande et Valls dégagez ! Valls a pesé 5% aux primaires socialistes. Il n’a aucune légitimité pour conduire son programme ultra-libéral. Il a pratiqué une OPA avec l’assentiment de Hollande « moi président ». Qu’ils s’en aillent tous ! A nous de les chasser en 2017.
naif
Valls est légitime pour conduire la politique voulue et cadrée par F. Hollande. Puisque pour être légitime il faut et il suffit d’être appelé par le président et avoir la majorité des députés pour conduire cette politique. Valls a les deux critères.
gswan
@naif
Valls n’est pas légitime. Son gouvernement exerce le pouvoir en toute légalité, qui est un concept de droit, mais sans aucune légitimité politique, qui est un concept politique.
Nicks
Aubry concède une manoeuvre tactique pour éviter que les naïfs qui commencent à ce déciller ne se tournent vers la véritable alternative à savoir le rassemblement citoyen progressiste que propose Jean-Luc Mélenchon. Il n’y a plus rien à attendre des appareils vermoulus. La colère monte enfin, les envies d’autres politiques se manifestent. Il faut continuer à agréger et à proposer un chemin. Cela a bien commencé mais la route est longue…
Pablo
Bien, je rejoins votre analyse des déclarations de Martine Aubry. Autant sur le fond je vous rejoins, autant sur la forme je suis distancé. J’aime la plume, l’humour et les images. La pêche dans le rubicon ! ça se voit que tu as été journaliste.
[…]
[Edit webmestre : Il n’y a toujours « pas de forum pour les questions quotidiennes » ! N’essayez pas de rentrer par la fenêtre…]
le révolté
Oui, la réaction de Martine Aubry, n’est pour moi, qu’une fois de plus, un leurre pour récupérer tous les déçus du PS suite à cette loi scélérate de Mme el Khomri. Il ne faut pas se fier à tous ses traitres de frondeurs qui critiquent ces lois et quand il faut voter, votent pour ou s’abstiennent.
CEVENNES 30
Nous sommes lassés des Aubry, Hamon, frondeurs et de l’inénarrable Cohn-Bendit, toutes ces personnes sont discréditées durablement auprès des électeurs, ils soutiennent ce gouvernement à bout de bras depuis près de quatre ans et là subitement ils tentent une ultime manœuvre politicienne pour fixer l’électorat en sentant le danger qui vient. Si vous voulez que l’on vous prennent au sérieux, commencer par déchirer vos cartes du PS puis, nous verrons.
naif
Vous avez raison, mais vous pouvez ajouter, plus grave que Cohn-Bendit qui n’est pas de gauche, l’inénarrable Gérard Filoche membre de la CGT et du PS qui sort de sa boite à coucou à chaque mauvais coup du gouvernement soutenu par le PS et la CFDT, mais qui ne prends aucune responsabilité dans la dérive de son propre parti. Soit il est atteint d’une maladie psychiatrique ou alors il porte en lui ces mêmes dérives.
Invisible
@Naif
Il est peut-être seulement atteint par l’âge. Il est difficile à un moment donné de foutre en l’air tout ce à quoi on a cru. Je serais beaucoup plus indulgente à l’égard de Filoche que toi, car pour moi, c’est un humain avant tout, pas un ordinateur. De la même manière qu’un André Chassaigne. Il arrive un âge où c’est difficile de remettre en question tout ce qu’on a bâti. L’âme humaine est un édifice et elle est friable si on enlève certaines pierres. Conservons-leur le respect dû aux anciens et à tout leur savoir et leur savoir-faire. Mais fondons des espoirs sur du sang neuf, comme le petit François Ruffin, par exemple.
Mollaret Régis
Le PS est la famille de Gérard Filoche. Il ne la quittera jamais car il ne se séparera pas de ses frères. Le PG, comme le FdG représentent pour lui des groupuscules sans visibilité, sans cohérences. C’est l’image que nous avons donné avec les divisions amorcées dès les municipales, aggravées aux cantonales et aux régionales. Quand un militant quitte un parti c’est pour rejoindre un parti suffisamment solide pour être capable de défendre ses valeurs devant l’adversaire. Ce n’est pas l’image que Filoche a de nous. A nous de travailler et de nous organiser pour être crédible. Donnons une place et une responsabilité aux 72000 qui nous soutiennent, travaillons et avançons des propositions qui répondent aux besoins et aux espoirs de tous ceux qui ne votent plus, de tous ceux qui sont exclus. Il faut que chacun participe à l’élaboration du programme et en soit porteur. Nous gagnerons ainsi en cohérence et en lisibilité. C’est ainsi que les frondeurs, les déçus, pourront décider de nous rejoindre avec la conviction de s’engager dans une aventure merveilleuse, un nouveau monde. Peut-être Gérard Filoche nous rejoindra-t-il alors avec de nombreux camarades. Portons tous nos efforts de sensibilisation sur les citoyens qui ne votent pas, sans nous occuper particulièrement de ceux qui se sont égarés au FN. Ceux là n’auront pas de peine en comparant les programmes à nous rejoindre. La classe moyenne et les verts et les militants du PC sont suffisamment éclairés pour…
Happifiou
@Régis Mollaret
« Donnons une place et une responsabilité aux 72000 qui nous soutiennent »
Il serait opportun de quitter ce langage paternaliste qui en fera fuir plus d’un. A moins que vous soyez Jean-Luc Mélenchon en personne, vous n’avez aucune place à donner ni aucune responsabilité à offrir à ceux qui appuient la candidature de Jean-Luc Mélenchon dans les conditions qu’il a clairement énoncées.
J’appuie la candidature de Jean-Luc Mélenchon (j’ai signé) mais je ne vous soutiens pas, vous ! En tous cas, pas les gauchistes sectaires qui s’expriment sur ce blog et croient le faire au nom d’un « peuple » dont ils excluent volontiers tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Jean-Luc Mélenchon prétend rassembler, et jusqu’à preuve du contraire, il le fait. Et le fait que vous vous sentiez appartenir à ce rassemblement ne vous donne aucun droit sur les 71999 autres signataires. Je soutiens « je », je ne soutiens pas « nous », parce que votre « nous » n’a aucune existence, ni aucune consistance et que je n’y appartiens pas.
Quant à votre sempiternelle et condescendante adresse à la « classe moyenne », cela devient insupportable. Si la « classe moyenne » se sent seulement « tolérée » dans le rassemblement des insoumis, elle enverra bouler ce rassemblement de façade, et Jean-Luc Mélenchon ne rassemblera plus qu’un demi-peuple. Comment peut-on se prévaloir d’un peuple sensé englober la totalité des Français et en exclure en même temps une large part ? Ce discours gauchiste fait plus de mal à l’initiative de Jean-Luc Mélenchon qu’il ne la sert. Pensez-y…
Marion
Bonjour Monsieur Mélenchon,
J’approuve votre choix et vos analyses compréhensibles et claires. C’est une source d’envie de construire un monde respectueux de l’homme et de son éco-système. Je suis communiste et je suis pour la démarche que vous avez initiée et qui s’adresse directement aux gens. Il y a de nombreux communistes derrière vous, même s’il attendent encore que notre direction arrète de tourner en rond avec tous ses opposants de pacotille. On ne va quand même pas aller aux primaires avec ces eurobéats ! Bref on verra, mon choix est fait et beaucoup de mes camarades vont le faire aussi. J’ai confiance. Merci d’être notre porte parole.
Guy MAYER
@Guitou 33
Martine Aubry vient au secours de son parti. Les frondeurs et autres s’ils étaient sincères, auraient renforcé le Front de gauche. Front de gauche qui aurait du grossir. Hélas a cause de la tambouille politicienne depuis les municipales, l’incohérence conduit a la déliquescence de la force de 2012.
J’ai 71 ans et lorsque j’étais jeune, je travaillais 12h puis 10h et enfin 8h. Je n’avais pas conscience qu’à l’époque travailler autant était moderne. Vite dégageons tous ces modernes !
Jacques Dominique Michon
Sur le fond, je vois avec plaisir que se précise peu à peu la position qui doit être la nôtre vis à vis de cette Europe, celles des traités libre-échangistes et néo-libéraux. A savoir commencer par penser que la table peut être, doit être, comme Carthage devait être détruite, renversée, et que si elle ne l’est pas nous serons contraints à passer dessous. Merci à Frédéric Lordon pour sa constante contribution à ce sujet.
Je forme des vœux pour que vous soyez le dernier président de cette Vème république, et que vous restiez dans l’histoire un autre Cincinnatus.
Et merci pour la formule sur le Rubicon. Il est vrai que n’est pas Caius Iulius Caesar qui veut !
turmel jm
M Aubry veut surtout (avec d’autres) sauver le soldat PS. Pour cela, elle charge Valls, El Khomri, via Macron avec des termes que nous ne pouvons que partager, et dans le même élan elle dédouane F Hollande. Vieille ficelle mais cela peut fonctionner. Surtout lorsque mon journal l’Humanité, et mon secrétaire général P Laurent, n’hésitent pas à en rajouter une couche. Ils ont réhabilité M Aubry en la désignant comme la gauche qui se rebelle. Paraît même que le Pierrot serait prêt à forcer sa nature afin de participer à une primaire. Il l’aurait déclaré dans Libération selon ce journal. Pour bon nombre d’adhérents(e), nous estimons qu’il s’agit là d’une stratégie désastreuse commençait dés le lendemain de la présidentielle de 2012 et dont nous devons essayer de stopper la spirale mortifère.
CEVENNES 30
Bonjour,
Vous militants communistes, êtes nombreux à vous exprimer sur ce site et à soutenir l’action de M. Mélenchon, ne pouvez-vous peser et infléchir les décisions de votre direction qui font tant de mal à l’union du FdG ? On n’écoute plus la base des militants dans ce parti, qui était réputé démocratique ?
Fulgence
On a jamais écouté la base dans ce parti qui n’a jamais été démocratique. Il fonctionne sur le culte de ses dirigeants omniscients et incorruptibles. Un demi siècle de stalinisme, de bilan globalement positif des « paradis socialistes » et jamais de réelle autocritique sur le fond à part d’avoir rompu avec la dictature du prolétariat dans les années 70/80 alors que personne n’en parlait plus depuis belle lurette. Tous les congrès sont biaisés et les opposants à la ligne considérés comme des traitres. Pourquoi ce parti si démocratique qui comptait plus de 700 000 adhérents dans les années 70 en a-t-il dix fois moins aujourd’hui ? J’y ai milité vingt ans durant en pure perte. J’espère qu’un maximum de communistes sincères nous rejoindrons dans « jlm2017 » et que la direction du PCF se disqualifiera une bonne fois pour toutes dans ses magouilles avec les solfériniens.
naelchoo
Mme Aubry le faux garde-fou comme à son habitude, de temps en temps elle sort sa tête de la fenêtre pour hurler « je suis toujours la moi ! » et disparaît ni vu ni connu. Et bien moi je lui réplique « trop c’est trop ». Merci Jean-Luc Mélenchon, continuons les combats ne nous laissons pas détourner. Abattons cette énième reforme de malheur.
Jean-Paul B.
Bonjour,
une fois de plus vous mettez en lumière la nocivité et la duplicité du PS au pouvoir pour l’immense majorité de nos concitoyens. Je suis convaincu depuis longtemps que nous n’avons rien à espérer de ceux là et qu’il ne faut plus jamais céder au chantage du vote utile au 1er tour ou du vote obligatoire au 2ème tour pour éviter la droite ou le FN.
Concernant votre proposition d’être candidat, non seulement je la soutiens sans réserves, mais devant l’attitude hostile du PCF et du reste du FdG, j’ai décidé d’appliquer à leurs candidats le traitement que j’applique déjà aux candidats PS-EELV-PRG. Tenez bon vous n’êtes pas tout seul si j’en crois le nombre de soutiens publiés sur jlm2017.
Jo
Tu parles du vote obligatoire au 2ème tour, et moi je dirais même dès le 1er tour, car n’oublions pas l’énorme abstention qui nous pénalise à chaque scrutin, d’avantage qu’a droite, et c’est bien là une grande partie de notre problème. J’arrête là pour éviter de sortir du sujet.
Renault
Notre Dame des Landes (Aéroport)
Quand on voit Hollande, Ayrault et Vinci tout essayer pour imposer cet aéroport, et quand on se souvient que le 3ème aéroport Parisien devait se construire à Amiens, or l’arrivée du ministre des transport de Chirac, M. de Robien, élu du coin, à suffit pour tout annuler dans les années 2002-2005. Il faudrait que ce soit crié haut et fort dans les médias.
PG
Dans cette énumération de personnages, n’oublions pas le menteur Valls (et compagnie) qui a caché une lettre très importante à propos de l’aéroport de Nantes ! Ce fut un plaisir que d’écouter Jean-Luc Mélenchon ce soir sur Itélé. Comme d’habitude il a été excellent, la seule chose qui m’ait déplu est d’entendre les petits mots à peine audibles que la journaliste glissait lorsque Jean-Luc Mélenchon était encore en train de parler.
françois 70
Je pense que le coup de gueule d’Aubry n’aurait pas eu lieu sans le lancement réussi du mouvement jlm2017. Il en est même la conséquence, pour tenter désespérément de sauver les derniers bataillons de l’électorat populaire du PS. La vérité est que la pétaudière de Solférino est saisie de panique à l’idée du cataclysme politique qui s’annonce pour 2017. Un indice parmi d’autres. Sous la plume du journaliste Stéphane Alliès, soférinologue et primairiste militant, Mediapart vient de publier un article intitulé « Les gauches à l’épreuve de la primaire ». En voici le début.
« Certains la veulent « de Macron à Mélenchon », d’autres « de toute la gauche sans Mélenchon », et d’autres encore « de la gauche du PS à Mélenchon ». Quant à Mélenchon, il n’en veut pas. »
N’en jetez plus ! Une véritable obsession.
Pauvre2
Pour cet article d’Alliès, solférinien notoire, vous avez raison, reste que l’immense majorité des commentaires sont en faveur de Jean-Luc. C’est vrai sur tous les articles le concernant, bien que la direction et Plenel en tête aimerait pousser Jean-Luc Mélenchon sur le bas-côté.
Nicolas
Moi aussi j’y vois de la duplicité. Quel est le dessein de ce gouvernement ? La loi symbolique de la déchéance de nationalité qui ne sert pas à lutter contre le terrorisme, la loi travail précaire qui ne sert pas à créer des emplois, cela sert à quoi ? Ces 41 milliards pour les amis du Medef, ce racket sur les RMIstes et chômeurs, cette duplicité est flagrante. Les gens finiront bien par comprendre que l’avenir que nous réservent ces libéraux est une régression sociale totale vers l’esclavage, du chacun pour soi et la destruction de notre écosystème. Votre candidature est un repère pour qui veut s’en sortir, et espérer un monde meilleur ou en tout cas avec une volonté d’avenir. Quand aux gesticulations de Mme Aubry elle est la fumée qui veut cacher la politique de la terre brulée. N’oublions pas ces républicains qui voudrons en remettre une couche pour se faire valoir en 2017, et l’extrême duplicité d’un FN sponsorisé par les médias une fois leur épopée judiciaire mis aux oubliettes.