Toute cette semaine est sous l’onde de choc de l’annonce de la loi El Khomri. Une grosse et belle colère monte. J’en parle en contribuant de nouveau à faire connaître le contenu de ce texte scélérat.
Pour moi, la semaine a filé entre mes doigts. La conduite de la campagne de signatures sur le site jlm2017.fr, la suite de l’émission ONPC de Ruquier, mes sorties sur le terrain comme à Valourec Valencienne, un aller-retour Bruxelles et une conférence étudiante à Lille II, ont fait défiler les jours en accéléré. Mon pire moment aura été quand ces étudiants empilés dans un amphi de 300 places n’ont pu ensuite entrer dans celui de 700 quand la décision a été prise de changer de salle compte tenu de l’affluence. Les bouilles désolées, mon nom crié en slogan dans les couloirs par mes jeunes amis frustrés qui avaient été si tôt à l’heure m’ont rudement secoué !
Le livre L’Ère du peuple dans sa nouvelle édition poche se vend bien. Comme prévu dans le contexte. Le tirage de 10 000 d’abord prévu a été depuis porté par paliers à 25000. Là encore, des excuses à qui n’a pu le trouver quoi que je n’y sois pour rien. Sur Amazon (oui, je sais, ce n’est pas une référence sociale) mes deux livres L’Ère du peuple et Le Hareng de Bismarck ont donc été en tête des essais politiques la semaine passée. Fierté d’auteur !
L’autre évènement de ces jours aura été l’expérimentation du live-vidéo de Facebook, nouveau saut dans un espace médiatique nouveau qui va bouleverser davantage encore la communication citoyenne. C’est la première fois que cela se fait en France dans la sphère politique et je suis heureux que ce soit pour porter la parole d’ouvriers en lutte, ceux de Valourec et d’Alstom. 4000 personnes se sont connectées, plus de mille ont déposé un commentaire dans les 4 premières minutes. Je suis fasciné par les implications d’un monde où la production de l’information se libère et se généralise si facilement.
Avec les salariés en lutte d’Alstom et Vallourec
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur jeudi 25 février 2016
Manuel Valls ne prend pas assez en compte l’utilité du travail des enfants pour relever le défi de la compétitivité, de la flexibilité et de la modernité. De même, il laisse les femmes traîner à la maison avant et après leur accouchement, même si elles sont chassées de plus en plus vite de la maternité, au nom de fumeux avantages acquis au siècle précédent sous le nom de « congés maternité ». Il semble aussi que le travail forcé et gratuit des gens sans emploi pourrait être une forme très moderne d’abaissement des charges sociales. De nombreuses pistes de cette sorte peuvent être explorées évidemment dans le dialogue social du renard libre dans le poulailler libre étant entendu que, faute de conclusions, ce serait au gouvernement de prendre ses responsabilités. (Note pour journaliste pressé : ceci est une figure littéraire humoristique nommée humour noir. Cela ne veut donc pas dire que c’est ce que souhaite l’auteur. Au contraire, celui-ci prône l’inverse.)
En tous cas, grâce à la loi El Khomri, nous sommes rassurés et nous savons qu’aucune ignominie ne peut faire reculer une équipe capable d’inventer la suppression de la durée légale du congé pour décès d’un conjoint ou d’un parent. Beaucoup de gens ont désormais compris le recul social et la destruction de leur vie quotidienne que constitue ce projet de loi sur le code du travail. Déjà, de nombreux textes et décryptages circulent venant de toutes origines. Une pétition a rassemblé 700 000 signatures hostiles au texte, ce qui atteste d’un haut niveau de prise de conscience. La riposte se construit petit à petit. Mais la volonté de lutte se répand comme une trainée de poudre, cristallisant toutes les haines que ce gouvernement suscite. Une première réunion intersyndicale et la promesse de se revoir le 3 mars sont intervenues. Pour ma part, je souhaite qu’une marée citoyenne soit organisée par ceux qui en ont le pouvoir : syndicats, partis, associations et groupes etc. La date du 9 mars comme premier rendez-vous circule de toute part. Celle du 31 semble devoir aussi réunir les syndicats. Je plaide pour qu’un rassemblement soit imaginé un jour de fin de semaine pour que le plus grand nombre puisse s’y associer. Je crois que la société toute entière étant agressée, c’est elle toute entière qui doit pouvoir répondre ensemble. Il s’agit ici de construire un mouvement d’action citoyen, populaire autour de ce que les syndicats vont faire.
En fait, avec ce texte, la vie quotidienne des salariés sera mise en miettes. L’abolition des onze heures de repos consécutifs entre deux journées de travail, la suppression de la durée légale du congé familial en cas de décès d’un proche parent, la journée de 12 heures de travail, le forfait jour, tout cela, c’est beaucoup de violence introduite à grandes rasades dans la vie quotidienne de millions de gens. Et au bout du compte, toute cette souffrance sociale et personnelle ne servira à rien. En tous cas à rien de ce à quoi cela prétend servir. Mais bien sûr, quand le muscle est mis à suer l’actionnaire y trouve bien vite son compte.
De fait, la prétendue « Loi Travail » de Mme El Khomri ne créera pas un seul emploi ! C’est plutôt une loi qui va aggraver le chômage. Elle est économiquement totalement absurde et même contre-productive. C’est à se demander si le gouvernement sait quelque chose de la réalité économique du pays. Ce projet de loi vise selon le gouvernement à permettre aux entreprises de faire face plus facilement à des pics d’activité. Mais nous sommes en pleine période d’inactivité ! Les carnets de commandes sont vides, les capacités de production sont très loin de tourner à plein régime. Les travailleurs sont jetés ou maintenus au chômage par millions, les prévisions de croissance mondiale sont revues à la baisse ! Dans ce contexte, forcer l’augmentation du temps de travail de ceux qui ont un emploi alors qu’on compte 6 millions d’inscrits à Pôle Emploi est absurde. C’est empêcher des chômeurs de trouver quelques heures de travail dans les rares secteurs où l’activité est un peu soutenue. .
Il est même plutôt évident que la loi El Khomri va aggraver la crise. L’activité économique ne tient ici ou là que grâce à la consommation populaire. C’est justement celle-ci que le gouvernement attaque avec son projet de loi. Payer moins les heures supplémentaires, baisser les salaires pendant cinq ans comme cela sera possible, faciliter les licenciements… tout cela réduit le pouvoir d’achat et par conséquence ne peut que réduire la consommation populaire aujourd’hui et demain. Pour se justifier, le gouvernement répète les mantras du MEDEF sur la prétendue « peur d’embaucher » des patrons. Mais il va surtout renforcer la peur du lendemain pour des millions de salariés. Or, toute une série de dépenses de la vie quotidienne sont repoussées quand on craint pour son emploi, son salaire etc. Les petits patrons, les artisans, les commerçants le savent bien. Ils comprennent que cette précarisation des salariés va encore réduire leur activité et donc renforcer leur crainte pour leur carnet de commandes au lieu de la combattre. Manuel Valls n’a toujours pas compris que c’est le progrès social qui permet l’activité économique utile et durable. Ce projet est le fruit des mêmes recettes archaïques du MEDEF. Il est condamné au même échec social et économique que les autres macronades comme le travail du dimanche ou les 41 milliards d’euros donnés sans contreparties au MEDEF chaque année.
Comment peut-on croire qu’on lutte contre le chômage en facilitant les licenciements ? C’est pourtant exactement ce que prévoit l’avant-projet de loi. Je veux ici pointer en particulier deux dispositifs. Le premier, c’est le plafonnement des indemnités versées aux salariés par l’employeur en cas de licenciement abusif. Commençons par rappeler que « licenciement abusif » est un euphémisme pour dire « licenciement illégal », c’est-à-dire pratiqué par un employeur délinquant. Le plafonnement des indemnités ignore totalement la réalité du préjudice pour le salarié : ce n’est pas la même chose d’être licencié à 50 ans quand votre épouse est déjà au chômage et vos enfants en études qu’à 6 mois de la retraite. D’autant que le plafonnement est particulièrement bas puisque l’indemnité maximale que pourra toucher un salarié est égale à 15 mois de salaire pour 20 ans d’ancienneté ou plus : même pas un mois de salaire par année d’ancienneté ! C’est environ la moitié de ce qui est actuellement accordé aux salariés par les conseils de prud’hommes. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a aussi prévu de supprimer l’indemnité minimale à verser dès qu’un licenciement est reconnu comme « abusif ». Tout cela revient à dire qu’un licenciement illégal est possible si vous pouvez payer. Le patron voyou connaîtra exactement la somme maximale qu’il risque de devoir verser, il pourra prévoir précisément cette somme et ainsi « acheter » la possibilité de contourner la loi et de licencier plus facilement. Tous les syndicats réclament unanimement le retrait de cet article inique.
L’autre facilitation des licenciements concerne les licenciements pour motif économique. C’est l’article 30 bis de l’avant-projet de loi. Il a été ajouté à la dernière minute, manifestement sous la dictée du MEDEF. Que dit cet article ? Il précise et élargit les situations dans lesquelles est possible le recours à une procédure de « licenciement économique ». Le but ? Empêcher qu’un juge conteste ensuite la réalité du motif économique du licenciement et condamne l’entreprise soit à réintégrer les salariés soit à les dédommager. On sait que, souvent, la décision finale du juge arrive une fois l’entreprise fermée comme dans le cas de l’usine Conti de Clairoix dont les propriétaires ont été condamnés trop tard.
Le projet de loi prévoit d’étendre la possibilité de recourir au licenciement économique à toute entreprise qui connaîtrait des difficultés économiques caractérisées « soit par une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant quatre trimestres consécutifs en comparaison avec la même période de l’année précédente, soit par des pertes d’exploitation pendant six mois, soit par une importante dégradation de la trésorerie, soit par tout élément de nature à justifier de ces difficultés». Aucun seuil d’ampleur de cette baisse n’est prévu alors que les artifices comptables sont faciles pour faire croire à des baisses de commandes par exemple. Il suffira d’une baisse de 0,1% des commandes pour pouvoir licencier pour motif économique ! Ces dispositions visent à permettre à une entreprise de licencier dès la moindre difficulté, sans chercher à savoir si les difficultés sont passagères ou durables, conjoncturelles ou structurelles ni à préserver l’emploi, par exemple en ayant recours au chômage partiel dans les cas les plus graves. Avec de telles dispositions, l’hémorragie d’emplois aurait été encore plus grande au moment de la crise de 2008-2009.
Ce n’est pas tout. Le gouvernement protège uniquement les grands groupes. Sa prétendue défense du petit patronat qui aurait « peur d’embaucher » ne tient pas. Car une autre disposition du même article 30 bis sert uniquement les intérêts des multinationales et des groupes, pas des PME. En effet, l’article prévoit la possibilité de licencier les salariés pour motif économique même si les autres filiales du groupe, en France ou à l’étranger, réalisent des bénéfices. La situation économique de l’entreprise ne sera plus établie en fonction de la santé économique globale du groupe mais uniquement des filiales en France. Il suffira donc à un grand groupe d’organiser la dégradation de la trésorerie d’une filiale A en France au profit d’une autre filiale B dans un autre pays pour pouvoir licencier les salariés de la filiale A en toute légalité. Avec ce projet de loi, les plans de licenciements vont se multiplier.
Samedi 27 février : manifestation à Notre-Dame-des-Landes contre les expulsions des paysans qui vivent sur place et pour l’abandon du projet d’aéroport. Décidé il y a quarante ans dans un autre contexte et avec d’autres critères que ceux en qui s’imposent aujourd’hui, cet aéroport est le prototype de grands travaux inutiles. Sa mise en œuvre est si absurde qu’elle soulève les interrogations les plus diverses sur les motivations de ceux qui s’obstinent. À présent, la situation tourne au grotesque depuis que François Hollande a proposé un référendum. Inacceptable par principe et impraticable juridiquement. Il est grand temps d’arrêt les frais. Il est plus que temps de renoncer au projet d’aéroport. D’autant que la démonstration est faite que l’aménagement de l’aéroport actuel serait moins nuisible écologiquement.
Manuel Valls a menti. En octobre dernier, il affirmait devant le Sénat que le projet d’aéroport de Notre-Dame des Lans « est bon pour l’environnement, parce que l’actuel aéroport de Nantes est au contact de trois réserves Natura 2000, dont le réservoir à oiseaux du lac de Grand Lieu ». Le 17 février, Le Canard Enchainé a révélé une lettre qui prouve le contraire. Elle date de 2014. Elle a été rédigée par les services de l’État eux-mêmes, en l’occurrence la Direction régionale de l’environnement des Pays-de-la Loire. Elle est adressée au préfet de la région, également préfet du département de Loire-Atlantique. Rappelons que le préfet est représentant de l’Etat dans le département. Il est placé sous la tutelle directe du ministre de l’Intérieur. La lettre n’a jamais été publiée mais le gouvernement ne pouvait donc ignorer son contenu. Que dit cette lettre ? Elle dit que l’aménagement de l’aéroport actuel serait moins nuisible écologiquement qu’un nouvel aéroport. Plus précisément : que l’aménagement de l’actuel aéroport et l’augmentation du trafic aérien ne présentent « pas de risque » pour la réserve naturelle attenante. Et que « l’impact [des aménagements nécessaires de l’aéroport actuel] sera cependant très minime en comparaison de ceux issus de l’urbanisation prévisible des zones humides aujourd’hui préservées » en cas de construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame des Landes. Cet argument écologique s’ajoute à la longue liste des arguments contre ce projet. Il est temps de l’abandonner.
François Hollande préfère manœuvrer que d’affronter cette réalité. Il a ainsi annoncé jeudi 11 février à la télévision la tenue d’un référendum « local » pour décider de la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Cette annonce est un aveu de faiblesse des partisans de l’aéroport. François Hollande reconnaît surtout qu’il est embourbé dans cette affaire ! Il cherche une porte de sortie qui reporte sur d’autres la responsabilité des décisions à prendre avant la présidentielle. Ce pauvre bidouillage est le fruit d’un marchandage misérable pour l’entrée au gouvernement d’Emmanuelle Cosse tout en évitant de fâcher ce pauvre Jean-Marc Ayrault. Lequel Ayrault s’est déjà obligé à participer au gouvernement de celui qui l’a expulsé de son poste de Premier ministre et se voit obligé d’avaler en prime la couleuvre d’un référendum sur « son » aéroport. Emma Cosse elle aussi est tombée dans le piège. Car bien sûr, le référendum n’aura pas lieu. En tout cas, pas comme Hollande l’a annoncé. Tant mieux. C’est une mauvaise idée.
Quant à François Hollande il bat à cette occasion quelques records de plus en matière de cynisme. Il découvre le mot « référendum » quand ça l’arrange ! Pour faire adopter la révision de la Constitution en cours. Pas de référendum ! Pour faire adopter en 2012 le traité budgétaire non renégocié ? Pas de référendum ! Pour le traité TAFTA créant le marché commun entre l’Europe et les États-Unis ? Pas de référendum ! Mais pour un projet d’aéroport suspect, Hollande propose un référendum !
En réalité, la proposition de François Hollande est stupéfiante. Il a dit vouloir « organiser un référendum local pour qu’on sache exactement ce que veut la population ». Mais c’est l’État qui est le maître d’ouvrage du projet d’aéroport. C’est l’État qui est le principal financeur du projet. C’est-à-dire que tous les contribuables paieront et pas seulement des régions ou communes concernées. C’est l’État qui a pris le décret déclarant le projet « d’intérêt national » et signé les contrats avec Vinci. Quelle serait donc la logique de ne consulter que les électeurs des communes ou départements locaux ? Depuis quand demande-t-on à une partie de la population de prendre une décision au nom de l’État tout entier ? C’est une vision contraire à la loi et aux principes républicains les plus élémentaires.
Le référendum de François Hollande est impraticable ! Le droit actuel ne permet pas d’organiser un tel scrutin. L’article 11 de la Constitution fixe précisément le champ d’application du référendum que peut convoquer le président de la République. Il n’est pas question des infrastructures de transport. Manuel Valls a mis le doigt sur cette difficulté. Jeudi 11 février François Hollande annonçait un « référendum en octobre ». Le lendemain, le Premier ministre Manuel Valls ne parlait plus que d’une « consultation » et « avant l’été ». Le président a donc été déjugé par son Premier ministre en moins de 24 heures.
Mais même la planche de salut de Valls est vermoulue. Le gouvernement finalise actuellement un projet d’ordonnance sur les « procédures destinées à assurer l’information et la participation du public à l’élaboration de projets, plans et programmes et de certaines décisions », notamment en matière d’infrastructures. C’est une conséquence de la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens. L’article 106 de la loi Macron de l’an dernier prévoit que le gouvernement rédige une ordonnance sur le sujet. Une ordonnance, c’est un texte qui a force de loi mais qui peut entrer en vigueur sur simple décision du gouvernement et qui ne sera validé par le Parlement qu’après coup, dans un délai d’un an. Mais même dans ce cas, la proposition Hollande bute sur un os. Le projet d’ordonnance concerne la « consultation locale des électeurs sur des projets relevant de la compétence de l’État et d’intérêt local ». Or, selon le code de l’environnement, la « création ou extension d’infrastructures de pistes d’aérodrome » comme le projet de Notre-Dame-des-Landes ne relèvent pas de « l’intérêt local » mais de l’intérêt national ! Ce que confirme le décret pris en ce sens par le gouvernement Fillon en 2008. Et en toute logique, l’ordonnance ne devrait pouvoir de toute façon s’appliquer qu’à des projets non encore engagés. Encore raté !
Pour éviter le ridicule, Hollande et Valls ont essayé de susciter une consultation des électeurs à l’initiative des collectivités locales. Peine perdue ! Le président de la région Pays-de-La-Loire a déjà refusé cette idée. Quant aux communes et départements, ils ne peuvent convoquer de référendum ou consulter les électeurs que dans des domaines relevant de leur compétence. Or c’est l’État qui porte le projet ! Comme si cet imbroglio ne suffisait pas il faut encore y ajouter le désaccord entre Ségolène Royal et Jean-Marc Ayrault sur le périmètre et le nombre de départements dont la population devrait être consultée. Après quoi il faudra se souvenir qu’aucune garantie n’est apportée non seulement concernant la légalité de cette consultation mais encore ni sur l’égalité des moyens entre opposants et partisans du projet, ni la sur l’impartialité des organisateurs du scrutin… Une situation grotesque comme Hollande n’aura cessé d’en créer tout au long de son quinquennat à force de tergiverser, de chercher à se défausser et de mentir à tout le monde en même temps, tout le temps, sur tous les sujets.
Martine Aubry trouve donc que « trop c’est trop ! » à propos de la politique de François Hollande. Je goûte l’étrange sentiment de ceux qui peuvent se reprocher d’avoir eu raison trop tôt. Et j’ai la même perplexité qu’au premier jour. Rien de ce que fait Hollande n’était imprévisible. Mon livre En Quête de gauche a montré les racines idéologiques profondes de sa vision politique. Dans ma campagne de 2012, j’avais fait les comptes de ce que ses engagements impliquaient en ce qui concerne le retour au 3% de déficit du budget de l’État dès 2013. Il en va de même pour Valls. Je me souviens des plaintes publiques de Pierre Laurent au mois d’août 2013 parce que j’avais dit de Valls « contaminé par Le Pen ». Après l’épisode de la déchéance de nationalité qui me trouvera encore « excessif » ? Et ainsi de suite.
Mais toute l’avance stratégique que devait nous donner la lucidité sur ce qui allait advenir, la force de la geste qui nous conduisait à prendre le drapeau du choc avec le Front national, tout a été perdu par les médiocres querelles des alliances aux élections locales, les jalousies égotiques et tout le reste. Le refus d’assumer le devoir d’entraînement et d’éclaireur de la société est consubstantiel à l’essentiel des petits groupes de l’autre gauche et du Front de Gauche. Là règne le mythe de la « pression sur la gauche », la « mise au pied du mur » et les autres ritournelles de l’impuissance qui ont occupé pendant bientôt presque cent ans les groupes trotskistes et leur variantes contemporaines chez tous ceux qui renoncent à être eux-mêmes acteurs de l’Histoire.
Dès lors, la tribune signée de Martine Aubry soulève une nouvelle vague de folle espérance de tous ceux qui comptent sur les autres pour régler leur problème et celui de notre famille dans l’Histoire longue. Peu importe ce qu’elle a pu écrire vraiment, peu importe avec qui elle écrit, peu importe qu’ensuite elle parle du caractère naturel de la candidature de François Hollande. Ni même qu’elle dise le contraire le lendemain à Lille dans une réunion semi confidentielle de « notre primaire ». Les mêmes qui me chicanent un adjectif se régalent à grosses cuillères de ses satisfécits accordés à la politique du gouvernement dans l’éducation et la santé, deux brasiers déjà allumé de la révolte populaire. Les mêmes qui me disputent une proposition pas assez ceci ou trop cela s’accommodent sans mal d’une conclusion de cette tribune clouée à un niveau de généralité qui ne peut être sans cause. Je ne raisonne pas de cette façon.
Aubry ne fera rien d’autre que ce qu’elle a fait déjà. Et si par hasard elle allait plus loin, il faudrait avoir avec elle un dialogue exigeant et non pas une transe ébahie. Elle, comme les autres doit renoncer aux bavardages sur « les réformes nécessaires » et trancher entre politique de l’offre et de la demande, entre exigence écologique et abandon productiviste. En toutes hypothèses, le temps des cartes blanches est fini avec quelque socialiste que ce soit. Notre dignité est à ce prix mais plus encore l’existence même d’une gauche réelle dans ce pays où elle pourrait bien être liquidée comme elle l’a déjà été en Italie, en Pologne et ailleurs.
Cette tribune est signée par plusieurs partisans éminents de la primaire de toute la gauche. On trouve ainsi parmi les signataires des membres du PS comme Benoît Hamon mais aussi d’EELV comme Daniel Cohn-Bendit. Mais étrangement, aucun dirigeant communiste ni d’EELV n’a été invité à se joindre à cette offensive alors qu’ils sont pourtant de loyaux amis de ce processus. Et le dissident socialiste le plus avancé, le socialiste Pouria Amirshahi, non plus. L’opération reste circonscrite aux « proches » dans la meilleure tradition de la cour des miracles du PS et de ses courants et sous courants. Valls a eu beau jeu d’observer que les signataires socialistes de la tribune forment un club des anciens de la primaire socialiste de 2011.
En bout de course, 48 heures après le lancement de l’obus à fragmentation paru dans Le Monde, il n’y a pas manqué le non moins traditionnel jeu de « tu me vois, tu me vois plus » que pratiquent ces élites pusillanimes. Comme cela sentait trop le souffre il aura suffi de quelques heures pour que Martine Aubry ajoute que si « trop c’est trop » François Hollande reste néanmoins le candidat naturel Bla Bla. Puis le lendemain encore à Lille Elle appelle tous les amis de gauche à participer à la primaire ». Hollande ne serait pas de gauche quoique candidat naturel ? On s’y perdrait si on devait prendre tout cela au sérieux. Au PS, on ne s’approche du Rubicon que pour y pêcher à la ligne.
Bien sûr, la tribune publiée par le journal Le Monde de jeudi 25 février est une critique implacable bienvenue. Une preuve de plus que la monarchie présidentielle et sa cour sont à bout de souffle. Peut-être même le début d’une révolution de Palais ? Car cette tribune ressemble beaucoup à un appel à la démission de Manuel Valls du poste de Premier ministre. En toute hypothèse, j’approuve la critique de la politique du gouvernent que fait Martine Aubry. Comment pourrait-il en être autrement puisque nous faisons la même depuis des mois ? Elle demande l’abandon du projet de révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité comme je l’ai fait sur TF1 le 10 février dernier et comme le demande tout le Front de Gauche. Pour elle, ce projet met en cause « notre conception de l’identité de la France. Pour la gauche, l’identité française doit être républicaine, elle se définit comme une communauté non pas d’origine, mais de destin, fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité ». « Aller au Congrès de Versailles dans ces conditions serait une fêlure profonde pour la gauche et d’ailleurs aussi pour certains démocrates. Évitons-la » demande-t-elle à François Hollande. Elle dénonce aussi « la meurtrissure de l’indécent discours de Munich » de Manuel Valls contre l’accueil des réfugiés.
Sa critique n’en reste pas à ces principes républicains ou moraux. Elle porte avant tout sur la politique économique et sociale du gouvernement. Martine Aubry dénonce le « pacte avec le Medef qui se révéla un marché de dupes ». Elle critique ainsi le gaspillage des 41 milliards d’euros annuels du pacte de responsabilité « mobilisés pour rien, ou si peu, [et qui] auraient été si utiles à la nouvelle économie, à l’écologie, à l’éducation et à la formation, aux territoires, à l’accès à l’emploi de ceux qui en sont le plus éloignés, au pouvoir d’achat, aux investissements publics et privés et donc aux carnets de commandes des entreprises ».
Surtout, elle dénonce le projet de loi El Khomri sur le code du travail avec des mots que je partage. Ainsi quand elle dit que « la gauche a appris des mouvements ouvriers qu’il n’y a pas de liberté sans égalité ». Ou que « le droit n’enferme pas, il libère. Il libère en arrêtant la liberté des autres où commence la sienne. Il libère en apportant aux plus faibles les droits qui visent à rééquilibrer les rapports dans l’entreprise ». Martine Aubry a raison de dire que « c’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes, et en privilégiant l’accord dans l’entreprise dans un pays où le taux de syndicalisation est faible et où le patronat n’a jamais aimé la négociation ». J’ajouterai seulement « et où c’est grâce à la loi qu’est étendue la protection des conventions collectives à tous les salariés et à toutes les entreprises ». Comment ne pas être d’accord quand elle pointe que « les salariés vont subir un chantage permanent et [que] les entreprises seront soumises à des distorsions de concurrence » au sein même de chaque branche ? Et comment contester que « réduire les protections des salariés face au licenciement conduira plus sûrement à davantage de licenciements ! » ? Avec elle, je m’interroge : « à qui fera-t-on croire qu’en multipliant les facilités de licenciements, on favorisera ainsi l’emploi ? », « qui peut imaginer que, en généralisant les possibilités de ne plus payer les heures supplémentaires en heures supplémentaires, on améliorera la situation de l’emploi en France ? Qui peut faire croire qu’augmenter le temps de travail va diminuer le chômage ? ».
Avec elle, nous sommes d’accord pour refuser que « ces revendication du patronat institutionnel deviennent les lois de la République », qui plus est à coup de recours à l’article 49-3 de la Constitution pour les imposer sans vote à l’Assemblée. Doit-on comprendre que si cela devait arriver, Martine Aubry appellerait les députés qui siègent à gauche de l’Assemblée à voter une motion de censure du gouvernement comme je l’ai fait lundi 22 février sur France Info ? Marie Noëlle Liennemann le propose, Christian Paul le suggère fortement !
Toutefois, je trouve que Martine Aubry veut rester au milieu du gué et que cela la conduit à des concessions de langage qui desservent la crédibilité de sa protestation. Ainsi quand elle fait la part belle à plusieurs actions du gouvernement que le terrain rejette clairement. Ainsi quand elle vante le bilan du gouvernement à propos de ce qu’elle juge être « les succès de la COP21, la priorité donnée à la lutte contre les inégalités à l’école, les avancées de la loi santé ». Les engagements des États lors de la COP21 prévoient un réchauffement climatique de 3 degrés d’ici 2100 dont les effets seront insoutenables. Le nombre de professeurs absents non remplacés ou de fermetures de 36 lycées professionnels sous le mandat de François Hollande laissent craindre le pire pour les inégalités scolaires. La création de 60000 postes d’enseignants est clairement un mensonge et chacun sait dorénavant que seuls quelques 5000 postes à peine sont réellement crées. Quant à la loi santé, elle n’améliore aucunement le remboursement des soins mais elle désorganise le service hospitalier et conduit à une carence dont chacun a désormais fait l’expérience par ses proches ou sa famille.
Je ne peux évidemment pas non plus accepter l’idée qu’Angela Merkel aurait « sauvé l’Europe ». À propos des migrants, Martine Aubry écrit « Non, Angela Merkel n’est pas naïve, Monsieur le Premier ministre. Non, elle n’a pas commis une erreur historique. Non, elle n’a pas mis en danger l’Europe, elle l’a sauvée. Elle l’a sauvée du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions et la mort et en oubliant ceux qui chaque jour perdent la vie en Méditerranée ». Si l’on comprend et que l’on peut partager l’intention morale de Martine Aubry, on ne peut pour autant donner de brevet d’humanité à un chef de gouvernement qui a agi avec un tel cynisme dans ce dossier. Car ce serait oublier un peu vite comment son action sur les migrations a d’abord consister à défendre les accords de libre-échange responsables du départ massif de populations d’Afrique subsahélienne et à imposer la politique d’austérité qui a provoqué le départ de plus de 2 millions de personnes de Grèce et d’Espagne.
Mais après tout on comprend que sur ces points, elle et ses co-signataires expriment une sensibilité social-démocrate traditionnelle très européo-enthousiaste. Il me semble pour finir que la vraie faiblesse vient de la chute du texte. Il ne dit rien en effet, ou si peu, de ce qu’il faudrait faire. Tout juste Martine Aubry et les autres signataires disent-il que « pour sortir de l’impasse, il faut de vraies réformes, synonymes de progrès économique, social, écologique et démocratique. Elles doivent être porteuses d’émancipation pour chacun et de vivre-ensemble pour tous. C’est ce chemin qu’il faut retrouver ! Celui de la gauche tout simplement ! ». Mais cela est bien maigre.
Leur texte ne dit rien de l’impasse des traités européens et de la nécessité d’en sortir. Rien de l’impasse de la monarchie présidentielle et de la nécessité de l’abolir. Rien de l’impasse du productivisme et de la nécessité de la transition écologique. Du coup on se demande si ce n’est pas un épisode de plus dans la vie de la cocotte-minute lâchant du lest de vapeur quand il s’en accumule de trop comme les frondeurs s’en sont rendus familiers depuis déjà deux ans. Donc il ne faut pas se plaindre d’être rejoints dans nos critiques, ni de voir la désorganisation augmenter dans le camp de l’adversaire. Mais il ne faut sombrer dans aucune illusion. Du PS ne sont venus rien d’autre que des jeux de rôles sans conséquences autre que d’entrainer les naïfs dans de nouvelles impasses d’illusions et d’impuissance. Et cela pendant que la plus grave crise morale et philosophique de son Histoire l’entraînait ainsi que toute la gauche vers le néant.
142 commentaires
colonelvabien
Ce mot juste pour savoir si Jean-Luc Mélenchon est allé ou ira au salon de l’agriculture ? Au delà de l’effet médiatique, il me semble important qu’il y ait une rencontre entre nos idées et le monde rural, même si ce salon n’en est qu’une vitrine non représentative.
Francis
Il a programmé une visite ici et c’est à mon sens bien plus représentatif des thèses de l’éco-socialisme et de l’agriculture que nous voulons développer.
Invisible
Je me réjouis que Jean-Luc laisse les autres y aller d’abord. Excellente tactique pour éviter qu’ils ne se mettent à copier-coller ses trouvailles. La fille Le Pen a une fâcheuse tendance à faire de la copie simple. Ainsi, je l’ai entendu reprendre le « je sais faire » de JL. C’est un cas psychiatrique cette femme. Moi, j’espère que le périple de Jean-Luc sera super bien préparé, sérieux comme de juste et qu’on aura même une liste des stands visités comme celui de Francis en lien. Et j’espère, surtout, que la conf’ entrera dans la danse.
club 22
Il n’y a pas de véritable reconquête à gauche sans les convictions et propositions que défend Jean-Luc Mélenchon. C’est le sel de l’humanisme de gauche indispensable à une alternative de gauche.
Les insurgés du PS à cette politique de dérive libérale de l’exécutif, si ils sont sincère et ne jouent pas au rôle du bon et du méchant pour calmer leur électorat, n’ont plus le choix il faut passer le Rubicon et refonder leur parti, ou éventuellement rejoindre la France insoumise ce qui serait peut être plus efficace. Toutefois il n’est plus temps de louvoyer mais il est urgent de construire une union de pensée de la gauche moderne et humaniste fait d’hommes et de femmes issues de la société civile, des partis, pour proposer une autre politique digne de la grande France des lumières qui a souvent éclairées le chemin au Monde.
Dupuis
Concernant NDDL, j’y étais samedi dernier et je peux vous dire que nous étions au moins 50 000 personnes. La presse nationale ne veut pas l’entendre et elle a relayé le chiffre farfelu de 15 000, « Libération » en tête. Cette désinformation, comme la politique gouvernementale d’ailleurs, est réellement nauséabonde.
le révolté
Le « bidouillage » des chiffres a toujours été fait par les médias, ce sont les chiens de garde du systéme.
Arturo
« Rien de ce que fait Hollande n’était imprévisible »
Mais alors, pourquoi avoir appelé à voter pour lui ? Et si il est pire que Sarkozy puisqu’il va plus loin dans les réformes libérales et que en plus il détruit l’idée de gauche, pourquoi alors n’aurait-il pas été moins pire que ce dernier fasse un mandat supplémentaire? Ce n’est pas pour critiquer, je m’interroge vraiment et je souhaite attirer l’attention de Jean-Luc sur ce point qu’on (Philippot, Le Pen et consorts) ne manquera pas de lui renvoyer à la figure.
Bon courage pour la suite.
lilou45
Ça a permis de démontrer le vrai visage du PS de ces hommes politique et de la social démocratie. Ils ont toujours été du côté du capital. Leurs trahisons au cours de l’histoire sont nombreuses et quelquefois sanglantes et elles ont permis au capital de se maintenir et de contrer les luttes ouvrières. Ces formations ont un langage de gauche, des attitudes de gauche pour mieux berner le citoyen et surtout l’électeur, mais au fond d’eux même ce sont des gérants loyaux du capitalisme. Ces partis, comme le Front National, sont néfastes pour le peuple et la classe ouvrière, autant que les partis de droite. Les socialistes sont profondément anti communistes, ils ont peur du peuple et ils le détestent, ils sont un rempart contre la classe ouvrière comme les médias, la droite et l’extrême droite. Il faut virer ces salopards et instaurer une vraie démocratie avec la VIeme république.
naif
Retournons la question ? Si nous n’avions pas appeler à battre Sarkozy en 2012 sans conditions. Nous aurions porté la responsabilité de l’échec de F.Hollande. Les mesures et autres lois contre les syndicats, le monde du travail auraient plu comme à Gravelotte et le PS se serait drapé dans la posture de la veuve effarouchée. Les travailleurs auraient vécu la victoire de la droite comme une trahison de la part de la vraie gauche. Le PS assurerait ainsi l’alternance en 2017. On peut dire que nous avons gagné 5 ans, à nous de transformer l’essai.
Patrice 30
Un second mandat de Sarkozy aurait été catastrophique pour les travailleurs. De Républicain il n’a que le nom. Il faut bien voir la souffrance au travail qu’ont amené des slogans comme « Travailler plus pour gagner plus ». Son égo surdimensionné était devenu insupportable et cachait mal son absence de résultats. Le danger demeure que s’il revenait au pouvoir il ferait payer très cher aux « masses laborieuses » sa défaite car il est toujours persuadé qu’il est le meilleur! Qu’il reste ou il est.
Fulgence
Nous n’avions pas d’illusion sur Hollande sans toutefois penser qu’il pourrait faire pis que Sarkozy ! Le peuple manifestant hélas par le « vote utile » son rejet et son ras le bol du nabot mégalo à talonnettes, pouvions nous nous en laver les mains et appeler à l’abstention ? Bonnet blanc et blanc bonnet ? C’est toujours facile de refaire l’histoire 4 ans après devant son clavier.
Olivier
Quand on voit qu’un amendement de loi gouvernemental a failli être déposé pour annihiler le principe pollueur/payeur, on ne peut que rester incrédule. Il faut que Valls et Hollande arrêtent de fréquenter en permanence le Medef et l’Afep et d’aligner leur politique sur les désidératas de ces organismes. Ce quinquennat est décidément un véritable cauchemar et est l’expression de la politique bourgeoise du 19ème siècle.
bob.pollet
Il est bon d’avoir un média à soi « bien à gauche » avec Jean-Luc, car « il est aussi remarquable que les autres médias, souvent prompts à faire des historiques, soient peu diserts sur l’échec du plan Devaquet en 1986, sur l’échec du CIP de Balladur en 1994, sur l’échec du plan retraites de Juppé en 1995 et sur l’échec du CPE de Villepin en 2006 (pour ne parler que de ceux-ci). Echecs tous consécutifs à des mobilisations massives, comme celle qui semble s’esquisser aujourd’hui contre le plan El Khomri. Sait-on jamais : cela pourrait donner des idées au peuple… »
[Edit webmestre : Vous recopiez intégralement, pour des raisons obscures, un paragraphe complet d’un article du Grand Soir. Soit ! Mais la règle du Copy Left revendiqué par ce journal est de citer sa source. Vous auriez dû le faire !]
Jean ai marre
Le gouvernement sous le menton de Valls ne recule pas, il retarde le débat sur le projet de loi du lessivage du code du travail. Pas de doute, il va mettre à profil ce temps d’ajournement pour travailler en sous marin avec certaine organisation syndicale. Ne soyons pas dupes, on ne se libère pas de l’idéologie libérale par ce qu’une pétition citoyenne ramasse un million de signatures. Quand à la ministre, fatiguée parait il, en fait étant le fusible de Valls, quoique de plus normal quelle pète un plomb !
Denis F
N’ayons pas peur de les nommer ces syndicats marrons dit réformistes qui sont prêts à signer des deux mains un texte ignoble, même s’il est modifié à la marge, ce sont la CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa et la Fage. Ces gens ne défendent aucunement les salariés, ils sont seulement représentatifs de leur intérêts propres, de leur gamelle, je ne comprends pas que des prolétaires puissent encore élire des gens aussi puants. Il y a effectivement trop de syndicats en France cela sont à supprimer d’urgence. Le 31 mars grève à l’appel de la CGT, FO et d’autres dont Solidaires, mais pourquoi attendre le 31 mars c’est maintenant qu’il faut faire pression par une grève générale, tout doit s’arrêter jusqu’au retrait sans condition du texte de la loi travail et la démission du gouvernement de Valls. Sinon tous les salariés vont le regretter amèrement et rapidement.
PG
Je regrette vraiment le temps ou les ouvriers se mettaient en grève sans tambour ni trompette. Cela avait de la répercussion et nous obtenions bien souvent ce que nous demandions, tout au moins de bonnes avancées. Il faut désobéir au préavis de gréve car cela ne ressemble à rien. Demander la permission de ne pas être content et de le faire savoir en demandant autorisation de le manifester, cela en devient comique. Sarko s’est bien moqué des travailleurs avec cette loi. Désobéir et le faire tous ensemble, pas les uns après les autres, en gréve générale et illimitée s’il le faut. Que j’ai aimé 68, une fraternité sans limite. Le reverrai-je ? Le patronat ne sera jamais en mesure de renvoyer des centaines et même plus d’ouvriers du jour au lendemain. Et celui qui perdrait sa place doit se dire qu’à la rapidité ou tout se détruit le boulot ils l’auraient perdu peu de temps après.
club 22
La révolution citoyenne est en marche, une pétition de plus de 1 million, c’est une prise de conscience des gens, c’est la parole et la communication numérique d’aujourd’hui l’analyse à froid d’une mauvaise loi et demain d’un peuple dans la rue pour crier non ! Gardez votre loi scélérate ultra libérale, l’espérance est en marche, après demain c’est pouvoir porter à la gouvernance de la France des hommes et des femmes aux véritables valeurs de gauche, le chemin est parfois long et parsemé d’embûches et de trahisons mais au bout l’humanisme l’emportera toujours, c’est ce qui fera toujours la grandeur de notre pays, heureusement. La France est insoumise, c’est le sang de son histoire qui coule dans nos veines et qui nous animent.
oneval
La loi du travail est la conséquence de la construction européenne actuelle. Loin d’une Europe collaborative, les traités actuels nous enferment dans une logique de concurrence pure et parfaite. La logique à l’œuvre est la concurrence entre les peuples. C’est ceux qui accepteront les régressions qui emporteront le droit de se faire exploiter un peu plus qu’hier mais un peu moins que demain. Le mouvement démocrative à construire doit se faire un socle, le refus de l’Europe libérale. A défaut seul le FN capitalisera sur ce rejet.
la pavana
Le 9 mars proposition de banderoles : la souveraineté populaire interdit la régression sociale salaire à vie = reconnaissance du travail revenu = subordonné au capital la cotisation sociale remplace la propriété lucrative
Redon
Cette loi peut avoir 2 origines. Soit une copie intégrale des désirs du Medef, soit une élaboration de plusieurs années en attente et sortie à un moment ou la popularité des gouvernants est au plus bas, ce qui fera un déclenchement naturel du 49/3. La droite pourra alors revenir en 2017 en se lavant les mains. C’est pour cela qu’il ne faut pas négocier et exiger le retrait total de la loi, avant que les syndicats collaborateurs ne fassent semblant de négocier des virgules et des carottes.
catherine dumas
Belle initiative que cette rencontre avec les agriculteurs bio du nom de Simon.La aussi nos belles vaches pourraient dire : l’amour est dans le pré. Pourquoi tant d’étonnement ? La meilleur herbe c’est la plus naturelle celle que nous mettions enfants entre nos doigts pour siffler. Ce retour aux sources est un grand bien. Ce salon de l’agriculture n’a plus rien d’une découverte tant il est devenu une ballade médiatique pour futurs élections.
CEVENNES 30
Bonjour à tous,
Ayons le courage de le dire bien haut, la loi sur le code du Travail découle de la subordination de notre politique économique à l’institution de Bruxelles, bien sur que ce gouvernement est à blâmer mais ce projet de loi El Khomri est la mise en application par Paris de l’article 121 du TFUE, les grandes orientations de politique économique (GOPE) fixées par la commission Européenne, voilà d’où vient le mal. Dénonçons les vrais coupables, l’Europe et l’ Euro, en attendant ce projet de loi sera amendé mais mis en application pétition ou pas, pour le plus grand malheur des actifs.
Cordialement
Invisible
Les agriculteurs ont obtenu 7% de baisses de cotisations sociales qui seront compensées par le régime général. Est-ce que les gens (nous) se rendent compte de l’entourloupe ? Déjà qu’ils paient à peine d’impôts et défiscalisent au maximum, déjà qu’ils reçoivent des subventions non imposables, on va leur préparer un doux lit de privilèges sociaux pour quand ils seront tous devenus des patrons d’entreprise après avoir éliminés les plus faibles. Jean-Luc, help ! Donnez votre avis !
lilou45
Ce gouvernement à la ramasse fait cette politique pour ne pas toucher aux profits des groupes agroalimentaires et de la grande distribution. De plus, les paysans se font berner par la FNSEA qui est un syndicat qui fait le jeu des grands groupes et des paysans les plus fortunés. Quand les paysans auront compris le manège de la FNSEA ils pourront voir l’avenir plus sereinement après s’être débarrassé de ces escrocs. Il faudrait aussi que les paysans cessent d’être corporatistes, ils ne se battent que pour eux, ils n’ont pas compris que leur sort est intimement lié à celui de la classe ouvrière. Ces mesures sont lâchées par le gouvernement pour faire cesser les manifs, ça fait désordre avant les présidentielles.
Invisible
@Lilou45
J’ai l’impression soudaine que dans la bataille sociale, nous venons de nous prendre un revers que nous n’avons pas vu venir. Fascinés par la loi El Komri, notre attention toute tournée vers le gouvernement et le Medef, nous n’avons pas vu arriver la banderille de l’entreprise agricole. L’entrepreneur agricole, qui est en pleine transformation, est en passe de s’agrandir, de s’industrialiser, de se financiariser. Il vient d’empocher une exception avec cette ristourne de 7% qu’il laisse à la charge du corps social. Un jour, ça va nous péter à la figure quand les entreprises tout-venant vont réclamer, au nom de l’égalité, d’avoir le même cadeau. Un sacré coup de Jarnac. On s’est bananer, dans les grandes largueurs, et en toute empathie et altruisme pour ces pov’ paysans qui cachent une autre réalité. Beulin peut être fier, sa manœuvre a fonctionné au-delà de toute espérance. En brandissant le suicide face à toute réprobation, il s’est comporté comme Tartuffe retranché derrière un crucifix. Celui qui le contredit ne peut être qu’un blasphémateur. On s’est bien fait eus.
la pavana
@cevenne30
Dommage que Jean-Luc Mélenchon nous n’informe pas de cet article
Louis31
Mais enfin cette loi du travail n’a pas été inventé par Hollande et Valls, ils sont aux ordres, il suffit de lire la « Recommandation du Conseil » de juillet 2015 pour comprendre pourquoi cette loi. Elle détaille point par point le contenu de cette loi, et je vous recommande de la lire en entier, vous comprendrez ce que demande la commission de l’Europe à la France, après cette lecture, il ne peut y avoir de plan A. Seul un plan B pour la sortie de l’Europe reste possible si on veut appliquer l’Humain d’abord et l’écosocialisme.
Jo
C’est exactement ce que je m’apprêtais à écrire, tout en me posant la question, a quoi bon perdre du temps à passer par le plan A qui sera automatiquement refusé, sans discussion possible, même venant de la France… Au mieux un semblant de modifs de traités sans signification nous conduisant inéluctablement au plan B et tchao l’Europe… ouf ! Merci.
Alain RONTEIX
En aparté de ce sujet très intéressant, je voulais faire part d’une réflexion personnelle.
Membre d’un groupe de travail engagé à gauche dans la ville de Sarlat (Atelier Citoyen 24), j’avais noté une certaine réaction épidermique à la candidature « free-lance » de Jean-Luc. Or, je constate qu’à l’image de tout ce qui se fait dans les organisations de gauche et sous prétexte de pluralité d’opinion (ce qui est parfaitement respectable) nous passons souvent notre temps à converser sur des sujets d’importance de façon décousue et assez peu constructive, in fine. Le sujet des primaires de gauche a, dès qu’il a été du domaine crédible, totalement pollué par la bande à Solférino (comme je les appelle) et les pierres d’achoppement ont été distribuées à qui mieux-mieux. En définitive, cette candidature, pardon, proposition de candidature, me semble tout à fait judicieuse dans la mesure ou elle va couper court à un tas de blabla sur la sodomie des hyménoptères et faire se regrouper les gens de bonne volonté vers une candidature crédible de gauche pour 2017. Je souhaite à Jean-Luc Mélenchon une bonne dose de courage, je sais qu’il en a, et une capacité de synthèse à toute épreuve pour regrouper nos forces de gauche afin de perturber sérieusement l’ordre établi, droite, droite ou droite.
Signé: Un militant qui ne vote plus au second tour !
BAULèS
L’effondrement du communisme ne justifie pas ce tsunami capitaliste ! Cette Europe, celle-là même qu’un référendum, en France, avait rejetée n’est qu’un maillon dans une chaîne liant multinationales, états, finances et médias et qui développe une stratégie tous azimuts propre à aliéner l’humain, depuis des lois liberticides telle l’état d’urgence (il est à se demander s’il n’y a pas collusion avec le terrorisme !), le projet controversé de loi sur le travail et celles à venir jusqu’à la marchandisation étendue à tout, en passant par ces lois scélérates permettant aux banques faillies de capter les avoirs qu’elles gèrent (aujourd’hui 100000€, mais dans le futur combien?), pour demain tout contrôler, depuis votre consommation d’énergie jusqu’à vos dépenses en dématérialisant la monnaie (certes, il vous sera proclamé que c’est pour lutter contre la fraude fiscale mais ceci permettra aussi de savoir quelle adhésion politique, quels sont vos journaux, vos loisirs ou à quelle obédience religieuse, syndicale ou religieuse vous destinez vos dons ou cotisations).
Est ce que notre vie sera alors foncièrement différente de celle qui nous fut dépeinte dans les pays communistes ? Je crains qu’elle ne ressemble à celle décrite par Huxley et non à celle que l’on veut nous vendre .
Merci Jean-Luc de votre lutte.
GUY MAYER
Le peuple de gauche est à la recherche d’un avenir meilleur, qu’elle déception. Nous assistons nombreux à la décomposition du Front de gauche. Les choix politiques mesquins de quelques élus nous ont conduis à cette incohérence. Ces choix politiques désastreux offrent un boulevard aux partis « ramasse tout » et aux libéraux. Courir derrière les primaires c’est une mauvaise farce. Qui pourrait croire que les frondeurs en charge de sauver leur parti puissent laisser leur place ? M. Mélenchon ouvre la voie des insoumis. Soyons nombreux pour soutenir, aider, mobiliser et faire gagner ceux qui veulent un réel changement. Regroupons nos forces de gauche.
Riela arthur
Je propose une idée de négociation au bon syndicat. Fin XIXe, une grande entreprise lorraine accordait ou pas une autorisation d’absence pour des funérailles aux « bons ouvriers » selon le degré de parenté ou de proximité au travail.