Ce post est écrit au fil du flux de mes allées et venues qui cette semaine m’a conduit à Nantes et à Rennes à la rencontre d’amphis bondés d’étudiants à qui j’ai présenté mon livre « L’Ère du peuple ». Mais comme j’ai choisi aussi d’aller à la rencontre d’une équipe de paysans, femmes et hommes d’un style tout à fait moderne, plutôt qu’au salon de l’agriculture, j’en parle. Ils en valent la peine. Ceux-là sont loin du modèle archaïque du sulfateur compulsif de pesticide qui suit les consignes de Xavier Beulin et saccage sa propre vie en même temps que la terre, l’air et l’eau. Je fais un rapide bilan de mes trois premières semaines d’entrée en pré-campagne car, après tout, cette activité concentre la plus grande part de mes efforts. Et je conclus avec quelques mots sur la mobilisation pour le retrait total et définitif de la loi El Khomri. À cette occasion j’ai improvisé l’usage d’une pastille vidéo d’appel à la mobilisation pour prendre ma part au travail que mènent ceux qui se mobilisent sur ce sujet.
Le fond de l’air est frémissant. La jeunesse du pays commence à s’impliquer et à déployer son inventivité pour amplifier la prise de conscience qui se construit contre cette ignominie. Au palais, les complots vont bon train. En haut, on ne peut plus commander comme avant sachant qu’on n’est plus trop obéi. En bas on commence à ne plus vouloir subir. Si personne ne trouve le moyen de nous remettre sur les genoux des histoires communautaristes ou xénophobes, il est possible que le pays s’intéresse à sa situation sociale. Et alors, les dinosaures du MEDEF et leurs suppôts dans la caste médiatique vont commencer à sentir le vent du boulet. Enfin la France serait autre chose que le pays des va-t-en-guerre-partout, le pays qui chasse dans l’errance des enfants sans parents et des familles de réfugiés comme à Calais.
Plus besoin pour moi d’y ajouter quelque dénonciation que ce soit. Des Aubry ou Pouria Amirshahi en disent dorénavant pire que moi ou au moins autant que ce que j’en ai dit de multiples fois. Et avant qu’ils se réveillent, ceux-là voulait croire que c’était excessif et me dénonçaient avec la mine des bons élèves qui n’en pensent pas moins. En tous cas, ces deux-là récusaient le « sectarisme » de mon ton. Bienvenue au club, amis ! N’oubliez pas de passer à l’acte. Il ne suffit ni de dénoncer ni de démissionner. Il faut construire une sortie positive pour tout notre pays. Je m’y suis attelé. De longue date. A présent j’ai proposé ma candidature. Pourquoi ceux qui confirment mon diagnostic ne viendraient-ils pas dire « nous » avec moi ? Moins d’égo et davantage de collectif seraient bienvenus. Un peu d’aide ne serait pas refusée.
Voilà seulement trois semaines que j’ai proposé ma candidature. Tout le projet du mouvement « la France Insoumise » repose sur la capacité à être entendu de tous et pris en charge par tous. Et notamment par le cœur de ceux qui sont aujourd’hui non seulement dans le rejet du système de la caste, mais veulent aussi ouvrir une issue positive à la situation politique et sociale qui se nécrose sous nos yeux. Une attitude qui se répand sans étiquette de parti ni bulletin d’adhésion, bousculant les lignes rouges que l’on croyait bien fixes dans sa propre tête.
J’estime que la première étape du déploiement que je prévoyais a été franchie avec méthode et succès. En dépit du tir de barrage de mes prétendus « amis du Front de Gauche » qui se seront acharnés à critiquer et dénaturer ma démarche sous le prétexte d’une « action en solo » et, crime suprême, sans les avoir prévenu du jour où ils auraient pu me nuire plus efficacement, plus de 72 500 « insoumis » se sont déclarés en appuyant ma proposition de candidature et 2000 d’entre eux ont fait un don ! En fait, peut-être que les mises en cause de mes détracteurs m’auront servi en confirmant que je me présentais bien hors cadre. Car ceux qui se sont engagés avec moi l’ont fait avec énergie et engagement. Ils comprennent que tout se jouera sur l’ancrage populaire et personnel de cette démarche. De fait, plus de 600 groupes d’appui ont été enregistrés et ils sont situés partout dans le pays. 19 de ces groupes d’appuis se trouvent d’ailleurs dans les outre-mers et 26 parmi les Français de l’étranger.
Le maillage est donc déjà bien dense. Il faut le renforcer bien plus encore. Si vous n’avez pas encore rejoint un groupe, vous pouvez le faire à chaque instant. Notez d’ailleurs que tout le monde peut créer soi-même un groupe d’appui s’il n’en existe pas près de chez vous. Mais pour le dire franchement, on peut et on doit aussi le faire si l’on ne supporte pas les autres membres du groupe existant. L’action politique ne doit pas être une corvée ni une punition. Les groupes d’appui ne doivent être ni récupérés ni privatisés et nul ne doit voir son action paralysée par des contingences locales ou de personne. C’est pourquoi je ne permets pas que se déclarent des « groupes régionaux » ou « départementaux » car ces périmètres ne correspondent pas au projet que les groupes d’appui incarnent. Nous formons un mouvement pas un nouveau parti. Pour que le plan de marche fonctionne il faut ancrer l’action dans le plus grand nombre de points de contacts.
Je vois que les insoumis comprennent vite et bien ce qu’il faut faire. Je suis scotché par leur rapidité de réaction. D’ores et déjà, les insoumis ont commandé 600 000 tracts. A noter : ils les ont payés. Tout comme les 80 000 affiches et les 60 000 autocollants, envoyés en métropole et dans les outre-mers. A noter encore que ce matériel a été empaqueté par des militants, bénévolement. Les premiers colis ont déjà été reçus et le reste suit, si bien que le passage à l’action au grand jour dans les rues et sur les murs a commencé un peu partout. L’orgueil de notre lancement, c’est l’appel spécifique, lancé par des syndicalistes et lanceurs d’alerte. Il a reçu déjà plus de 2 000 signatures dont plus d’un millier de syndicalistes de tout le pays.
De nombreux colis d'affiches, tracts et autocollants prêts à partir ! Si vous en voulez, ça se passe sur : materiel.jlm2017.fr
Posté par JLM 2017 sur lundi 22 février 2016
La France insoumise se met donc en mouvement. Je suis un déclencheur. Mais le but de la campagne n’est pas ma personne. C’est évidemment le projet que nous allons porter et le mouvement que nous allons construire ensemble. C’est ce que j’ai dit dès la première heure dans la déclaration présentant ma démarche mise en ligne sur le site jlm2017.fr : « je vous propose donc à la fois une candidature, un projet en construction, un moyen de travail commun et un outil d’action ».
C’est dans cet état d’esprit que j’ai proposé dimanche 28 février sur i>télé un processus de désignation collective des 577 candidats aux élections législatives. L’objectif est de permettre à une nouvelle majorité de se créer, à partir de l’action populaire, hors des négociations des partis. Ceux-ci sont évidemment légitimes à proposer leur aide pour agir et leur concours sera le bienvenu. Les militants politiques sont évidemment les très bienvenus. Mais je refuse que la désignation des candidats aux élections législatives se fasse une fois de plus dans les arrière-cuisines d’une négociation entre appareils.
Législatives : pour un processus de désignation collective
Législatives : pour un processus de désignation collectiveLe 28 février, Jean-Luc Mélenchon a expliqué qu'il souhaitait un processus de désignation collective aux élections législatives. Partagez !Et rendez-vous sur www.jlm2017.fr pour appuyer ce processus.
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur mercredi 2 mars 2016
Je souhaite au contraire que des assemblées de base du mouvement « la France insoumise » décident de nos candidats aux législatives, qu’ils construisent les candidatures. Et surtout, il s’agit d’établir une cohérence totale entre la campagne législative et celle de la présidentielle. Il s’agit de viser à avoir un groupe à l’assemblée qui ne fonctionne pas sur le mode « chacun pour soi » ou « je fais ce que je veux et je ne dois de comptes à personne ». Mais un groupe où la discipline collective existe, où on rend des comptes aux électeurs et aux citoyens qui vous ont porté, où on se consulte avant les votes et où les citoyens sont associés au travail parlementaire. C’est la condition pour chacun se sente à sa place dans ce mouvement.
En toute hypothèse, il ne s’agit pas de psalmodier mon nom pendant les 14 mois qui nous séparent de l’élection. Notre campagne ne prend de sens qu’en relation avec le contexte qui la justifie. Nous ne faisons pas seulement campagne pour un homme, un nom pour un programme ! Il s’agit de projeter notre force en renfort de l’action de tous ceux qui vont mettre notre pays en mouvement contre l’ordre établi, les projets de la caste et ainsi de suite.
A l’heure actuelle, la tâche pour « la France insoumise », c’est d’aider à la lutte pour le retrait total du projet de loi El Khomri. Une marée citoyenne peut l’obtenir ! Le gouvernement a déjà dû reculer la date de présentation du projet de loi en conseil des ministres de 15 jours. Trop tard ! La date du 9 mars s’est imposée comme un premier rendez-vous de mobilisation. Son origine dans la jeunesse et sur les réseaux sociaux est un très bon indicateur de l’énergie disponible pour ce combat. L’appui résolu de plusieurs syndicats dont l’UNEF, la FIDL, l’UNL, la FSU, FO, Solidaires et la CGT à cette journée est prometteur. Ils appellent à la manifestation le 9 et le 31 mars.
Les groupes d’appui et les insoumis doivent se mettre au service de la mobilisation nationale pour le retrait de la loi El Khomri. Chacun doit accomplir sa part du travail. Nous avons appelé à signer la pétition contre la loi et j’ai relayé sur les réseaux sociaux l’initiative #OnVautMieuxQueCa des youtubeurs. Tout ce qui permet de faire grandir le mouvement contre cette loi est bon. Notre tâche est de propager des arguments comme je l’ai fait sur ce blog et comme nous venons de le faire sur le site jlm2017.fr. Vous y trouverez une lecture analysée de l’avant-projet de loi. Nous devons faire connaître les dangers de ce projet de loi comme nous l’avons fait avec le visuel contre la suppression de la durée légale de congés en cas de décès d’un proche. Ce visuel a été partagé plus de 80 000 fois sur les réseaux sociaux. Vous aurez noté que ce matériel n’est pas siglé du site jlm2017.fr ou de mon nom. Ce n’est pas l’objectif de cette action d’appeler à signer pour la présidentielle. Et surtout pas de donner l’impression qu’il faut attendre 2017 pour agir ! L’objectif est de se mettre au service de la mobilisation pour la faire grandir.
Le projet de loi travail supprime la durée légale du congé en cas décès d'un proche. Cette loi est inhumaine. Partagez ! Pour en savoir plus : bit.ly/1QD5yO9
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur mercredi 24 février 2016
De toutes les façons possibles, il faut donner le coup de main dans l’action, propager des mots d’ordre rassembleur comme celui du « retrait » du texte. C’est dans cet esprit que sera lancé la semaine prochaine la campagne de la « France insoumise » pour participer à la lutte pour le retrait du projet de loi El Khomri. Plus large et ample sera la mobilisation meilleure sera le contexte pour notre projet. Plus la température sociale s’élève plus croît la conscience qu’il est urgent d’en finir radicalement avec le système et la politique qui rend possible de telles agressions contre la vie quotidienne des gens.
Jeudi 3 mars, je visitais une ferme bio, « le P’tit Gallo », en Ille-et-Vilaine, à 20 minutes de Rennes. J’ai préféré aller à la rencontre des paysans qui mettent en œuvre l’agriculture à laquelle je crois plutôt que de participer à cette cohue violente qu’est devenu le salon de l’agriculture à Paris. La presse locale et France 3 m’ont bien accompagné sur place. Je pardonne aux médias nationaux leur indifférence en béton armé pour tout ce qui est au-delà du périphérique car je sais bien que ce sont des entreprises et que ça coûte cher… blablabla… même avec des esclaves en CDD, stagiaires et ainsi de suite. Cependant, une équipe de France 5 m’accompagnait et je parie sur de belles images pour l’émission de Caroline Roux à laquelle je participe dimanche 13 mars.
À vrai dire, je me suis trouvé comme un poisson dans l’eau, si j’ose dire, parmi les vaches. Les connaisseurs de ma bio savent que j’ai été, il y a longtemps, le rédacteur du Jura rural, supplément hebdo du journal Les Dépêches. J’ai donc un œil sur la chose rurale depuis très longtemps. En tous cas depuis assez longtemps pour avoir vu comment se vérifiaient, ou non, bien des pronostics et bien des stratégies de développement. Le hasard a d’ailleurs fait de moi l’illustrateur (à l’époque je gagnais aussi ma vie en dessinant) d’une brochure hostile à la mise en place des quotas laitiers… Ceux-là même dont la suppression vient de plonger les producteurs de lait dans le chaos. Puis à la création du Parti de Gauche, j’ai eu le bonheur de travailler avec Laurent Levard, l’actuel secrétaire national chargé des questions agricoles, spécialiste avancé de ce domaine qui l’a pratiqué non seulement en France mais dans un pays du « sud ». Grâce à lui et de façon paradoxale, le premier programme complet dont le Parti a disposé, du temps où je le présidais avec Martine Billard, était son programme agricole. Depuis 2009 je suis donc assisté de ses conseils, avis et mises à jour. Je ne dis pas que ça me rend incollable et je sais qu’il me reste beaucoup encore à apprendre, mais du moins je sais de quoi on parle quand il est question d’agriculture.
Je livre donc ici quelques éléments sur la crise actuelle dans les élevages de vaches laitières. C’est avec le marché de la viande de porc le principal secteur en crise. Justement, ce sont les deux secteurs les mieux « déréglementés ». Le cas du lait est emblématique. Le prix du lait payé aux producteurs est en baisse continue depuis 2014. Le prix moyen était de 365 euros par tonne de lait en 2014. Il est tombé à 309 euros par tonne en 2015. Et il est actuellement à 270 euros par tonne, 25% de moins qu’il y a deux ans ! 270 euros la tonne, cela signifie moins de 30 centimes le litre de lait ! Demandez-vous où passe la différence entre ce prix payé au paysan et le prix que vous payez pour une bouteille de lait en supermarché ! N’empêche que désormais, le prix d’achat aux paysans est nettement en dessous des coûts de production de nombreux éleveurs. L’investissement massif, la maltraitance des animaux, l’acharnement au travail dans des journées interminables, tout aura été vain pour des milliers de paysans. Le désastre social est garanti. Mais cette crise ne tombe pas du ciel.
Au fond, c’est une crise de surproduction assez classique. La production de lait dépasse la demande et l’ajustement entre les deux se fait par les prix selon la loi du marché. Si l’on veut faire mieux que de distribuer des pansements et subventions, il faut donc prendre le problème dans sa globalité. La crise actuelle est directement liée à la course à l’industrialisation de l’agriculture et à la dérégulation des marchés. Le marché européen du lait est désormais totalement libéralisé. En effet, depuis mars 2015, il n’y a plus de quotas plafonnant la production européenne de lait. J’avais voté contre cette décision au Parlement européen. Elle était contenue dans la nouvelle Politique Agricole Commune validée en 2013 par François Hollande et avait été préparée dès le mandat de Nicolas Sarkozy. Dès lors, chacun produit comme il veut, tant qu’il veut. La course au gigantisme des élevages est d’ailleurs sans limite.
Le but est de lier le marché européen au marché mondial. Il s’agit de faire du marché mondial l’aire de jeu de l’agriculture productiviste. Ce que l’on appelle ici des « surplus » qu’il faudrait bien pouvoir écouler sur le marché mondial, raison pour laquelle les prix devraient s’y aligner, sont en réalité l’objectif visé par le modèle de production agricole actuel. Dès lors s’impose sans pitié l’indexation du prix sur le prix du marché international du lait, essentiellement à travers la poudre de lait et le beurre qui sont les matières premières échangées au niveau international. Les défenseurs de la fin des quotas mettent d’ailleurs en avant les perspectives de développement des exportations, notamment vers les pays émergents, et en particulier la Chine. Cette stratégie est absurde. D’abord parce que le marché mondial des produits laitiers est un marché marginal qui ne concerne que les très gros producteurs. Ensuite parce que sur ce marché international, l’offre est relativement abondante notamment du fait de la Nouvelle-Zélande qui a des dispositions de production favorables avec de grands élevages herbagers. Sans oublier que la demande mondiale à court et moyen terme est en baisse : les importations chinoises se sont fortement ralenties avec la moindre croissance dans le pays et la demande russe est tarie par l’embargo sur les fromages européens décrété par la Russie en rétorsion des sanctions de l’UE contre elle.
C’est un cercle vicieux qui n’en finit plus. Comme les prix baissent, il faut produire plus, donc s’endetter pour augmenter la taille de l’élevage et de l’exploitation, ce qui contribue à la crise de surproduction et donc à une nouvelle baisse du prix, etc. À ce jeu de massacre, le « modèle allemand », danois et hollandais est particulièrement destructeur avec de très grands élevages intensifs et une forte concentration de la production, comme je l’ai montré dans Le Hareng de Bismarck. Au final, ce système pousse les éleveurs à l’endettement, à l’hyperspécialisation et au gigantisme. Tout le contraire de la qualité des produits, du bien-être animal et d’un modèle stable et capable d’absorber les difficultés par une diversification des cultures.
La France, longtemps première nation agricole de l’Europe est au cœur de la tourmente. Le modèle est spécialement destructeur pour elle. Il y a aujourd’hui 66 000 exploitations laitières en France, contre 100.000 il y a dix ans. La crise actuelle mènera mécaniquement à une réduction encore plus rapide du nombre d’exploitations. C’est l’agenda des libéraux, agenda explicite dans le cas des grands groupes industriels. Et comme ils ne peuvent ignorer tout cela, nous pouvons dire qu’il s’agit de l’agenda caché de la bande des trois qui a les doigts dans le système : LR, PS et FNSEA.
Dans ce contexte, les élevages laitiers bios résistent beaucoup mieux. Bien sûr tout n’est pas rose pour eux non plus. Mais ils proposent un contre-modèle qui est sans doute la seule voie viable pour l’élevage à l’avenir. Ils sont moins touchés aujourd’hui par la crise des prix, et pour plusieurs raisons. D’abord, la qualité du lait produit leur permet de le vendre un peu plus cher. Ensuite ils se tiennent pour la plupart à distance du marché mondial et préfèrent les circuits courts, la vente directe, les circuits de distribution plus respectueux des éleveurs.
Ainsi, à la ferme du « P’tit Gallo », où j’étais, on transforme le lait en fromage, yaourt, riz au lait et on vend tout cela sur place autant que dans la restauration collective environnante. Ici, on évite la marge de celui qui ramasse le lait, celle du transformateur, celle du distributeur et la course aux quantités que tout cela implique… À noter aussi que les élevages bios sont souvent plus autonomes en matière de production des aliments pour le bétail. Et ces élevages plus autonomes, bios ou pas d’ailleurs, résistent beaucoup mieux que les élevages les plus intensifs à la baisse des prix payés aux producteurs. La vache qui broute dans le pré coûte moins cher à entretenir que celle nourrie avec des tourteaux de soja importés de pays qui rasent leurs forêts et détruisent leurs production vivrières pour les faire pousser, de maïs dévoreur d’eau, le tout empoisonné aux pesticides. Et je ne dis rien de celles qu’on a mis à manger des farines animales… Evidemment, la diversification des exploitations avec plusieurs cultures ou plusieurs élevages permet aussi d’amortir les chocs lorsqu’un marché s’effondre. C’est du bon sens non ? Les paysans ont fait comme ça pendant les millénaires où la survie de la communauté humaine dépendait de la diversité des productions pour faire face aux aléas du climat sur les cultures…
La crise actuelle montre la fragilité du système d’agriculture productiviste. Tant que les prix sont à un certain niveau, les éleveurs pratiquant une agriculture intensive, productiviste, s’en sortent mieux, car même s’ils gagnent moins par litre de lait, ceci est compensée par la grande quantité produite par éleveur. Le peu de valeur ajoutée par litre de lait est compensé par la très forte productivité. Et il faut le dire, par des aides de la Politique Agricole Commune qui sont d’autant plus importantes qu’un éleveur produit beaucoup. Mais, quand le prix baisse, et surtout lorsqu’il baisse jusqu’au-dessous du niveau des coûts de production unitaire de l’agriculture productiviste, comme en moment, la crise fait des ravages chez les éleveurs les plus intensifs et les plus capitalisés : ils perdent d’autant plus qu’ils produisent davantage. Dans le même temps, les éleveurs plus autonomes continuent à dégager de la valeur ajoutée par litre de lait car leurs coûts unitaires sont plus faibles. David résiste mieux que Goliath !
Tous les arguments rationnels plaident pour sortir de ce modèle agricole productiviste : le bilan écologique des productions, la qualité nutritive et sanitaire des productions, le bien-être des animaux, l’épanouissement et les revenus des paysans, le nombre d’emplois créés. La percée continue de l’agriculture biologique montre que c’est possible. Les chiffres sont très encourageants. Ils révèlent l’absurdité de l’entêtement dans le modèle productiviste. En 2015, l’agriculture biologique représentait 1,3 millions d’hectares, soit 4,9% des surfaces agricoles. Aujourd’hui, le bio occupe une surface agricole cinq fois plus grande qu’en 2005. L’an dernier, on comptait 28 725 fermes bios, soit 6,5% des exploitations sur un nombre total de 440 000. C’est près de trois fois plus qu’il y a 10 ans.
Sur ce point, dans ma visite à la ferme du « P’tit Gallo », il y avait un top ! On élève 70 vaches sur 50 hectares. Et 9 personnes en vivent. C’est un nombre considérable si on le compare aux normes en vigueur dans l’agriculture dominante. J’en profite pour dire que mon réflexe d’ancien ministre de l’enseignement professionnel m’a été bien utile dans cette visite. Au lieu de m’émouvoir de toute cette belle ruralité aux sourires frais et aux joues rouges, j’ai demandé à la crémière et à quelques autres quels étaient leurs niveaux de diplômes, donc de qualifications. La crémière est juste BTS et Licence pro (je me félicite d’avoir créé ce diplôme !), la chef de production (et du magasin) est une ingénieure agricole, le paysan qui m’accueillait un BTS de même que celui qui s’occupe de la commercialisation ! Des têtes bien pleines, au top des connaissances de leurs métiers. Et je crois que si leur produits frais comme les yaourts et le reste ne contiennent aucun conservateurs ni adjuvants, c’est bien parce que ces gens-là maitrisent de A jusqu’à Z le savoir qui est mis en jeu à chaque étape de la chaine de production du chaud et du froid et ainsi de suite.
Je souligne ce point pour clore le bec aux ignorants qui croient que le bio et l’écolo seraient des régressions scientifiques et techniques alors que c’est exactement l’inverse. Je veux préciser que ces gens-là sont heureux et que ça se voit. Cette question du contenu en emploi de l’agriculture bio est très importante. Car si l’agriculture bio n’occupe que 4,9 % de la surface agricole du pays, elle représente 10% des emplois. Dans l’après-midi j’ai dialogué aussi avec un maraicher bio. Lui et sa famille vivent sur deux hectares seulement. Donc l’agriculture écologique crée de l’emploi en masse. D’après le programme de Laurent Levard, nous devrions créer de cette façon 3 ou 400 000 emplois ! D’ores et déjà, au total, l’agence Bio estime que 100 000 emplois sont liés directement ou indirectement à l’agriculture bio si on ajoute les entreprises de transformation, distribution etc. Le bio, ça marche !
C’est bien. Mais il va falloir trouver les gens pour aller y travailler. Cela veut dire que la condition de vie paysanne doit s’ajuster aux standards de vie communs. Au « P’tit Galo », il y a des week-ends et des vacances annuelles pour chacun. Nul n’est condamné à passer sa vie au cul des vaches. Ce n’est pas anecdotique. Il ne suffit pas de dire « nous voulons une agriculture bio » sans se soucier de savoir qui va la faire et dans quelles conditions. Notre nouveau modèle paysan doit répondre à la question sociale de la condition de vie des travailleurs de la terre. Ce que j’ai vu au « P’tit Gallo » prouve que c’est possible. Nous n’avons pas à inventer un modèle comme disent les bavards qui pullulent dans les réunions de la « gôche tellement déçuuuue » mais qui ne s’est intéressée à rien de ce qui murissait au cœur même de notre temps. Ce modèle, d’autres l’ont fait naitre déjà. Le travail consiste à l’étendre et à l’adapter d’une région à l’autre d’une ferme (« exploitation agricole ») à l’autre. Pour cela il faut savoir, vouloir, planifier !
Bien sûr, reste la question du surcoût de production. En soi ce n’est pas un problème. Mais la conséquence ce serait une augmentation du prix de l’alimentation qui romprait avec une baisse continue qui a fortement aidé à maintenir le pouvoir d’achat des salariés urbains et même à l’augmenter dans certaines périodes. On sait à quel prix mais quand même ! En tous cas, les coûts de production bio ont déjà beaucoup baissé du fait des économies d’échelle rendues possibles par le développement de la production et de la consommation de produits bios. Il baisserait encore nettement si les milliards d’euros engloutis dans les subventions au modèle actuel en faillite étaient réorientés et si une politique volontariste de développement était mise en place. Mais il ne faut pas biaiser, le développement d’une agriculture bio implique des prix rémunérateurs pour payer ses emplois.
A ce propos, il faut noter une démocratisation certaine de la consommation de bio. Selon un sondage commandé par le ministère de l’agriculture, en 2015, 89% des consommateurs ont consommé au moins une fois du bio au cours de l’année. C’était seulement 54% en 2003. 65% des consommateurs disent même avoir consommé des produits bios régulièrement. C’est un chiffre très important : même si cela ne représente pour certains qu’une faible partie de leur consommation, cela témoigne d’une habitude réelle. Et 58% des consommateurs de produits bios le font notamment pour préserver de l’environnement. La question de la démocratisation du bio n’est donc plus d’abord une question de communication ou de conviction. L’enjeu numéro un est désormais clairement la question des moyens financiers des acheteurs, et de partage du prix entre producteurs et distributeurs. C’est-à-dire une question sociale.
Jean-Luc Mélenchon appelle au retrait total et définitif de la loi El Khomri. Il propose d’agir en signant la pétition et en participant aux actions du 9 mars. Une vidéo à partager.
Pour aller plus loin, découvrez les 16 pires mesures de la loi El Khomri.
97 commentaires
Degorde Philippe
Tout à fait d’accord avec vous. Un des points essentiels pour sortir de cette impasse c’est la levée des sanctions contre la Russie imposées par les Etats-Unis. En représailles les Russie ont boycottés nos produits agricoles, la Pologne subit la colère des russes aussi de sorte qu’elle brade sur nos marchés les produits qu’elle avait l’habitude de vendre à la Russie. C’est un cercle vicieux dont il faut sortir très vite. L’UE n’a imposé ces sanctions que par servilité envers les USA dont un des principaux ministres paradait sur France 2 hier au soir sans qu’aucune question gênante ne lui soit posée. Depuis l’application de ces sanctions on oublie trop souvent de le dire, le commerce entre la Russie et les Etats-Unis est florissant. Peut-on être si stupides comme ces décideurs européens ? Difficile de faire pire. C’est si vrai que lorsque Macron a évoqué la levée des sanctions immédiatement les responsables américains se sont exprimés pour dire que c’était aux Etats-Unis et pas à l’Europe de décider quand les sanctions qui frappent la Russie seraient levées. Bel exemple de domestication de l’Europe.
Encore une fois ce seul exemple confirme l’analyse qu’il n’y a d’issue pour nos problèmes agricoles et tout autre que dans la sortie non pas seulement de l’Euro mais aussi de l’Union européenne.
Tania
Cette loi démontre, si ce n’était pas suffisant, qu’il faut sortir de l’euro, de l’Europe et du capitalisme. Ne restons pas au milieu du gué et osons dire qu’il n’est qu’une alternative crédible, la construction du socialisme en tant qu’appropriation sociale des moyens de production par les salariés en cessant d’épuiser la terre et d’exploiter la femme et l’homme au travail !
Jean ESCOE
Il n’y a pas que la Pologne et la France qui sont touchés. Valio principal laitier finlandais a subi de lourdes pertes. Il y a donc maintenant une concurrence exacerbée en Europe de l’Ouest et ça va durer.
Un exemple, la France avait une forte position dans le domaine de la sélection de bovins pour le marché Russe. Une ingénieur agronome travaillant dans le domaine m’a dit cette semaine que les Belges essaient de se substituer à la France en passant par des sociétés suisse. Bravo l’Union Européenne. A Moscou on rit, ça fait rire.
Underwood
Porter atteinte à l’institution judiciaire en voulant plafonner les indemnités prud’hommales vise à encourager aux licenciements abusifs. En effet, cette instance judiciaire et ces indemnités ne visent pas à indemniser les salariés mais à corriger un préjudice dont le niveau est évaluée, de manière indépendante par l’institution et non par le gouvernement.
Ce projet de réforme, par ailleurs ne répond pas à l’érosion des parts de marché des entreprises françaises, dont l’immense majorité sont de petites tailles mais vise, au contraire, à satisfaire les revendications des organisations patronales. Au delà des divergences que chacun peut avoir, refuser, à son niveau, soutenir, même modestement les initiatives visant à s’y opposer et construire une alternative répondant mieux aux attentes des entreprises et de leurs salariés semblent être la voie à suivre. Pour cela, nombre de bonne volonté, dont la mienne, sont disponible.
maximilienne elle
Vous aurez tout essayé Mr Mélenchon. Prévenu sur le sort de la Grèce, humiliée, malmenée, qui reçoit cette marée continue de pauvres hères, rejetés de partout. Cette Grèce abandonnée à son sort et qui malgré tout montre son humanité. De l’autre côté, on a la Grande Bretagne, monstre sacré, qui nargue et qui pourtant reçoit les offrandes de l’UE. Mais ces puissants feraient mieux de se rappeler l’histoire de David et Goliath. Et puis cette bêtise, persistante, à écarter les Russes, en tout cas, à ne pas vouloir reprendre de véritables relations cordiales. Ah! si seulement c’était vous ! A ceux qui ne vous connaissent pas, et qui s’acharnent à vous dénigrer, regardez cette image de cet homme humaniste, qui préfère aller à la rencontre de ces inconnus, lanceurs d’alerte, pour une agriculture plus saine, qui ne tue plus. La photo magnifique et qui devient si rare, aujourd’hui, de ces vaches libres qui broutent dans les pâturages. Merci, Mr Mélenchon de nous promettre cette société bio qui restera le bien-être de tous.
D.Mino
Je me permets de vous proposer deux suites au choix d’une légende bien connue des milieux alternatifs, la légende du colibri et ses suites possibles.
« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part »
Suite N° 1 : Alors, les autres animaux se moquèrent du colibri et de sa naïveté. Certains dirent : « ce n’est pas normal que le colibri ait commencé sans nous en parler, il faudrait débattre pour savoir pourquoi la forêt a pris feu et quel est le meilleur moyen de l’éteindre, voter pour choisir qui doit commander la manœuvre… » Pendant ce temps-là, l’incendie grandit, brûla le colibri, la forêt et tous les animaux.
Suite N° 2 : Alors, les autres animaux dirent au colibri : « tu as raison, nous sommes stupides de rester sans rien faire et de nous disputer sur la meilleure façon d’affronter cette catastrophe. Nous allons t’aider, agir tous ensemble, faire la chaine et combattre ce feu qui nous menace tous ». Ainsi, les animaux éteignirent l’incendie et sauvèrent et la forêt et leurs vies.
Laquelle des 2 vous semble la plus…
maximilienne elle
C’est dommage que l’association de Pierre Rabbi ait déjà comme emblème « le petit colibri » car ce petit oiseau aurait été le parfait symbole du mouvement pour la sixième République. @D.Mino, vos deux propositions sont excellentes et résument complètement l’absurdité de la situation. Malheureusement, je pense que c’est la première qui est en œuvre. Au niveau du monde, où les gros bras font régner la loi du plus fort, et au niveau de chaque pays. En France, où sont les camarades, ceux qui devraient être là aujourd’hui, pour accompagner, pour soulager Mr Mélenchon, d’une partie de son fardeau. Ces primaires, qui sont un piège, pour faire en sorte que les anciens amis s’entredéchirent « diviser pour mieux régner ». Aux camarades communistes, je dis qu’il temps que cessent les querelles, car il y a déjà le feu à la plaine. Que l’espoir, c’est maintenant, tous ensembles, pour une vie meilleure.
Jean-Louis CAYLA
Je suis bien d’ accord avec vous que c’ est la seconde, mais la première est un mal français qu’ il est difficile d’ éradiquer chez les gens les plus évolués, ceux habitués à ne travailler qu’en terrain aseptisé et pas à mettre les mains dans le camboui.
oneval
Le souci c’est que dans la nature humaine beaucoup pensent que ce sont les autres qui vont bruler.
Francis
Avec vous j’ai retrouvé le goût de la politique, la vraie, la belle. Et pendant ce temps d’autres, de lundi en primaire, de chantiers en forum, tournent en rond comme s’ils avaient un pied cloué au sol. Finalement il vaut peut-être mieux qu’au départ ils n’en soient pas. Je souscrit entièrement à votre analyse sur les groupes d’appui. Nul besoin de coordination départementale ou régionale pour convaincre son voisin, son cousin, sa compagne.
tchoo
Il n’est peut-être pas utile de fustiger de façon générale et amalgamique les agriculteurs sulfateurs compulsifs, qui deviennent de plus en plus marginaux, et pour ma part, dans mon sud-ouest, je n’en connais plus guère. C’est vous aliéner une population qui bien souvent, sans se l’avouer est bien proche de vous.
Vous mettez le doigt sur l’essentiel de la problématique bio, le prix rémunérateur du producteur, et les moyens du consommateurs d’aller vers ces produits. On ne peut pas faire l’économie d’une revalorisation importante des salaires si l’on veut renverser les problématiques de consommation. Savez vous qu’il existe des agriculteurs qui renoncent au bio faute aussi de trouver des prix suffisamment rémunérateurs sur le marché. C’est peut-être marginal, mais pas à négliger, car il ne faudrait pas que ce soit le début d’une dégringolade, et que le bio reste le snobisme de quelques bobos urbains.
D.B
Moi aussi j’habite le Sud-Ouest, la Gironde secteur de vignobles à perte de vue. Vous dites que les sulfateurs compulsifs deviennent de plus en plus marginaux ? Je vous invite à venir vous rendre compte par vous même et vous verrez si ce que vous avancez est une vérité. Si l’on rajoute par exemple les départements de la Dordogne, du Tarn et Garonne (Montauban) secteur de pommes et fruitiers, ici ou là on respire à plein nez pesticides et traitements divers ce du mois d’avril à septembre minimum. Dans ce secteur du Sud-Ouest les cancers chez les agriculteurs ne se comptent plus, d’ailleurs souvent reconnus maladie professionnelle.
Ce que vous affirmez est une réelle contre vérité. Cette population agricole est en général à droite voire trés trés à droite (FN). Je vous rappelle que Jean-Luc Mélenchon aux dernières européennes ne fait dans le Sud-Ouest que 6-7%. Proche de JlM dites vous ?! J’en doute. Il faut se battre encore et encore pour qu’ici progresse le vote Jean-Luc Mélenchon.
CLAUDE J
« un peu d’aide ne serait pas refusée »
Il y a des baisers qui tuent. Les « déçus » peuvent vouloir quitter leur navire actuel pour embarquer ailleurs. Ils y mettront le bazar. Par exemple les européistes ne lâcheront pas tous facilement leur croyance malgré tout le mal fait. Ce sera compliqué avec eux.
imagine
Appuyer la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2017 oui. Pour que Jean-Luc Mélenchon soit le dernier président de la 5° république, le temps que la constituante vote la constitution de le 6° et le destitue. Là dessus Jean-Luc Mélenchon semble clair.
Pour que fin 2017, la France sorte de l’euro, arme de destruction massive des égalités. Là dessus Jean-Luc Mélenchon semble moins clair. Mais pourquoi ? Pourquoi ? Si Jean-Luc Mélenchon doit être le nouveau Tsipras, alors…
Francis
« S’il faut choisir entre la souveraineté du peuple français et l’euro, je choisis la souveraineté »
Qu’est-ce qui n’est pas clair dans cette proposition ?
maximilienne elle
Mr Mélenchon propose le référendum révocatoire qui serait inscrit dans la constitution. C’est un grand pouvoir que de permette au peuple de destituer tous les élus. Personnellement, même si je réprouve le pouvoir monarchique présidentiel de la 5è République et du 49.3 (qu’il faut abolir définitivement) j’aimerai bien que Mr Mélenchon reste à son poste, comme garant des institutions, pour nous représenter à l’étranger, et comme celui qui nous rend compte des décisions de la nouvelle Assemblée Constituante. La nature à horreur du vide. Quand Mr Mélenchon dit qu’il va ensuite rentrer chez lui, nombreux sont ceux qui peuvent être effrayés, qui pensent que ce sera l’anarchie.
Et concernant l’UE, il est entouré de bons experts qui sauront réagir à tous les cas de figures.
CEVENNES 30
Lors de son passage à l’émission ONPC, la journaliste Léa Salame lui a demandé de clarifier sa position sur l’Europe. Personnellement j’ai trouvé M. Mélenchon hésitant. Bien sur, la France pèse en Europe, mais la renégociation des traités se fait a l’unanimité des 28 états membre et les états du nord, Allemagne, Pays-Bas n’accepterons jamais nos modifications des traités. A mon modeste avis, une réponse plus approprié serait de consulter le peuple français par référendum sur son désir d’Europe. La sortie de l’Europe ne doit pas être un tabou au PG, le mot souveraineté non plus.
W.S.Domingo
Une info récente. En Ukraine, Cargill la multinationale états-unienne du grain (elles sont 5 dans le monde à se partager le marché) vient de signer un accord pour la construction d’un terminal dans la région d’Odessa pour pouvoir exporter 37 millions de tonnes de blé de juillet 2015 à juin 2016, un record. Et ce n’est qu’un début car l’Ukraine était le grenier à blé de l’ex-URSS.
Jean ESCOE
Heu, la production de blé de l’Ukraine était de 24 millions de tonnes en 2014. Ca va être dur d’exporter la totalité voire plus.
Happifiou
@w.s domingo
Il serait intéressant de connaitre la source d’une pareille imbécilité, et accessoirement de savoir ce que vous y trouvez de répréhensible.
L’Ukraine possède le quart des terres noires (à céréales) fertiles du monde, pour une production annuelle totale de 60 à 80 millions de tonnes, toutes céréales confondues (tournesol, orge, maïs, blé) dont elle exporte à peu près le tiers. Cargill, qui n’est d’ailleurs pas une multinationale, mais une société américaine pur jus, serait débile de ne pas investir dans l’agriculture ukrainienne, si elle en a les moyens, investissement d’ailleurs limité à 100 milions de dollars, en joint venture le plus gros constructeur ukrainien d’installations portuaires M.V. Cargo. (Source Reuters 24/2/16). La BERD participe également au financement. Le terminal sera opérationel au printemps 2018 et aura une capacité annuelle de 5 million de tonnes, toutes céréales confondues. La seule inconnue est que la météo est instable dans cette région du monde et peut provoquer des variations considérables de rendement rendant hasardeux un tel investissement. Il y a moins de 10 ans, l’Ukraine importait du blé.
Ou est le problème ?
Camel
La loi El Khomri était dans les tuyaux depuis le projet de loi de finances pour 2016 en date du 30 septembre 2015. En effet, l’article 87 de ce projet de loi crée l’article 242 bis du code général des impôts :
I.« -Les entreprises, quel que soit leur lieu d’établissement, qui mettent en relation à distance, par voie électronique, des personnes en vue de la vente d’un bien, de la fourniture d’un service ou de l’échange ou du partage d’un bien ou d’un service sont tenues de fournir, à l’occasion de chaque transaction, une information loyale, claire et transparente sur les obligations fiscales et sociales qui incombent aux personnes qui réalisent des transactions commerciales par leur intermédiaire. Elles peuvent utiliser, dans ce but, les éléments d’information mis à leur disposition par les autorités compétentes de l’Etat. Elles sont également tenues de mettre à disposition un lien électronique vers les sites des administrations permettant de se conformer, le cas échéant, à ces obligations ».
Comme quoi, si les députés et sénateurs PCF travaillaient avec le FdG, ils n’auraient pas loupé cette disposition et nous aurions pu alerter l’opinion publique et anticiper ce recul historique !
Happifiou
@camel
Pouvez vous m’expliquer en quoi cet article du code des impôts préfigure quoi que ce soit de la loi El Khomri ?
En effet, il précise, dans un langage un peu ampoulé assez habituel dans cette administration, que les entreprises qui organisent en ligne des ventes de biens ou de services entre tiers (on pensera à Ebay, evidemment, mais pas seulement) doivent les informer de leurs obligations fiscales et les mettre en lien avec l’administration des impôts. Cela semble assez judicieux dans le cadre de la lutte contre la fraude.
En gros, vous recopiez sottement un article que vous n’avez pas compris, probablement pas lu, pour appuyer une dénonciation fantaisiste. Ou alors il y a une autre explication que j’attends avec gourmandise.
Camel
@ Happifiou
Vous faîtes un commentaire sur mon commentaire : « sottement un article que vous n’avez pas compris, probablement pas lu ». Vous faîtes également un commentaire sur celui de @w.s domingo « Il serait intéressant de connaitre la source d’une pareille imbécilité ». Je vois que grâce à vos commentaires, le niveau d’intelligence augmente fortement. C’est bien !
Le Projet de loi pour l’avenir de la négociation collective, du travail et de l’emploi crée, dans son article 23, les dispositions suivantes :
« Art. L. 7341-1.– Les dispositions du présent titre sont applicables aux travailleurs recourant pour l’exercice de leur activité professionnelle à une ou plusieurs plateformes de mise en relation par voie électronique mentionnées à l’article 242 bis du code général des impôts. Les dispositions de l’article L. 7411-1 et suivants ne leur sont pas applicables ».
« CHAPITRE II : « NATURE DE LA RELATION DE TRAVAIL
« Art. L. 7341-2.– Le travailleur mentionné à l’article L. 7341-1 ne peut être regardé comme ayant avec la plateforme un lien de subordination juridique caractéristique du contrat de travail lorsque les conditions suivantes sont réunies».
Cet article 87 de ce projet de loi de finances pour 2016 en date du 30 septembre 2015 créant l’article 242 bis du code général des impôts a tout simplement anticipé l’article L. 7341-1 et L. 7341-2 du code du travail.
Happifiou
Je ne vais pas perdre mon temps à décortiquer votre syllogisme. L’article de la loi de finance précise le régime fiscal des services rendus ou biens échangés à travers une plateforme électronique de mise en relation, et détermine les droits et devoirs de la plateforme. L’article de la loi travail précise que le fait d’utiliser une plateforme électronique de mise en relation n’implique pour un professionnel aucun lien de subordination, sauf circonstances particulières.
La première ne préfigure ou n’anticipe absolument pas la seconde. Il n’y a rien de machiavélique ni d’«ultra-libéral» à préciser les condition de l’exercice professionnel (qui ne concerne d’ailleurs que les professionnels indépendants, que ce soit dans les services ou le négoce) sur les plateformes électroniques. Il n’y a rien d’étonnant non plus à ce que le droit fiscal et le droit du travail soient cohérents et réfèrent l’un à l’autre.
Il n’y a donc aucune raison de le dénoncer ici.
Camel
La question qui est posée est la suivante : il aurait été peu être plus sérieux de la part du gouvernement d’attendre l’adoption des articles L. 7341-1 et L. 7341-2 du code du travail pour ensuite adopter une loi qui crée l’article 242 bis du code général des impôts ? Or ce gouvernement a adopté ce dernier article en catimini dans un projet de loi de finances pour 2016 en date du 30 septembre 2015 ? Il y a bien une raison ? Il pensait que le projet de loi El Khomri passerait comme une lettre à la poste mais manque de bol, la pétition dénonçant les risques de ce projet a recueilli 1 241 698 soutiens et les manifs d’hier ont été un grand succès. Le Président de la République et ce gouvernement ne savent plus quoi inventer pour mettre en application une politique de droite voir réactionnaire !
Définition Larousse du mot réactionnaire : « Qui se montre partisan d’un conservatisme étroit ou d’un retour vers un état social ou politique antérieur : Gouvernement réactionnaire. (Abréviation familière : réac). »
Happifiou
Plus sérieux ? Cela aurait été complètement idiot ! Evidemment « il y avait une raison » ! Jusqu’à présent, les professionnels qui vendaient des services et des produits sur les plateformes d’e-commerce dématérialisées pouvaient souvent échapper complètement à l’impôt. La loi de finance constate ces nouvelles formes de commerce et rétablit la justice fiscale. Légiférer sur le commerce électronique est tout sauf « réac. » L’aticle 242 n’a pas été créé en « catimini » mais il était nécessaire (ainsi que bien d’autres) pour lutter contre des formes modernes de trafic et d’évasion fiscale. Il n’avait rien à voir avec le code du travail, en dehors de pouvoir servir « ensuite » à caractériser une certaine forme d’activité professionnelle. Il était donc bien antérieur.
Les deux articles que vous évoquez dans le projet de loi travail utilisent donc cette définition fiscale de façon tout à fait anecdotique et pour un propos qui n’appelle vraiment aucune réprobation.
Franchement, il n’y a rien d’autre dans ce projet de loi qui attire votre attention pour que vous vous accrochiez comme un morpion à un truc que vous avez compris de travers ?
MORVAN
L’agriculture bio a aussi des avantages pour l’intérêt général (goût, santé, environnement, bien-être, etc), ce qu’il faudrait déduire des coûts apparents. Sans parler de la nature des aliments et de leurs richesses en vitamines, fibres…
françois 70
Un peu hors sujet du billet, mais utile me semble-t-il. Je viens de discuter avec le maire de ma commune. Il se dit près à apporter son parrainage pour 2017. Comment se procurer le formulaire ?
PG
C’est une très bonne nouvelle, j’espère bien que beaucoup d’autres suivront cet exemple. Si ce sont des bons maires proches de leurs citoyens, ils décideront la même chose, surtout dans les petites communes qui n’ont pas de moyens important. Avec toute la casse, les restrictions que ce gouvernement impose aux communes et à leurs représentants, je pense qu’ils ne peuvent avoir de meilleurs candidat que Jean-Luc Mélenchon.
paparamborde
Je vais participer au soutien de la France insoumise dans ma ville mais je m’interroge sur les réponses que nous proposons au combat qui va commencer pour la suppression de la loi du travail. Cela suffit-il ? Car actuellement les témoignages accablants des jeunes se passent sous la loi actuelle et que proposons nous ? Si nous voulons être une réponse ou du moins des pistes de réflexions dans ce domaine qui concerne beaucoup de Francais, je ne vois rien dans notre actuel programme. La démarche des 32 h, un statut pour tous les salariés public et privé confondus ou autre. Il me semble qu’il serait intéressant d’accompagner la démarche citoyenne et pouvoir promouvoir des propositions, car il me semble que cette colère légitime peut nous rejoindre.
Francis
On pourrait par exemple soutenir la proposition de nouveau code du travail de la CGT.
maximilienne elle
La nouvelle assemblée de la 6ème République pourrait contenir en son sein, une chambre syndicale de députés élus dans le cadre des entreprises (ouvriers, cadres, patrons) ce qui permettrait d’avoir des députés représentatifs de tous les corps de métiers, compétents, du fait de leur contact direct avec la réalité du monde du travail. Ainsi, on s’épargnerait toutes les bisbilles, les tensions de tous ces syndicats divisés. Dans le cadre collectif, de l’Assemblée Nationale, ils se verraient alors attribuer, un véritable pouvoir décisionnaire, pour réfléchir, discuter et concevoir les nouvelles règles du Code du Travail.
Jean-Louis CAYLA
Si je puis me permettre cette probable grossièreté, ne pouvez-vous imaginer qu’en économie capitaliste et dans cette Europe du fric où la majorité des membres pratiquent un lumpenprolétariat grâce aux derniers entrants qui y trouvent leur compte et au traité de Lisbonne et sa directive Bolkestein à peine « adoucie », le seul moyen de remettre au travail, et donc de guérir, les millions de chômeurs victimes de ce mal et qui n’attendent donc que ça, est de dire amen à tous les desiderata du patronat pour lui oter tout prétexte à ne pas embaucher alors que pour beaucoup les carnets de commande sont pleins (en tout cas dans le bâtiment), quitte à voter ensuite massivement pour vous en 2017 et foutre démocratiquement toutes les errances anti-sociales en l’air ?
sergio
Est-ce que vous plaisantez @J-L CAYLA ?
« Dire amen à tous les desiderata » (sic) pourris du Medef pour « lui ôter tout prétexte à ne pas embaucher » (sic) alors que ça fait des années que la droite et la gauche libérales avec l’aide de la CFDT, de l’Unsa et autres marionnettes, pratiquent justement ce que vous préconisez sans en tirer un seul bénéfice pour l’emploi et en permettant en revanche aux grosses sociétés d’engranger des milliards pour la spéculation ? Votre commentaire n’est donc pas « grossier » comme vous dites ou simplement idiot, mais il n’a pas sa place ici sur un blog de militants progressistes honnêtes, de licenciés et de salariés trahis et exploités.
Invisible
Tous les agriculteurs vont devenir bio. On va leur donner des subventions pour ça. Au bout de trois ans seulement, ils auront le droit de vendre leurs produits sous une appellation bio, quand bien même ils auront déversé des produits chimiques pendant les 40 années précédentes. Quel progrès ! Et on va faire la misère aux paysans bio historiques, plus ou moins marginaux, avec un harcèlement de contrôles, jusqu’à 3 par an. On va les éjecter pour laisser place seulement aux « vrais agriculteurs », c’est à dire entrepreneurs. Cet agriculteur du P’tit Gallo n’en est pas moins un propriétaire terrien, patron, chef d’entreprise employant 8 salariés. Le vrai partage serait 9 paysans tous au même plan d’égalité. On en est loin. Jean-Luc, gloire au général Beulin, notre adversaire, car on doit lui reconnaître sa victoire : 7% de baisses de cotisations sociales prises en charge par le régime général (nous). Pierre Gattaz doit se pâmer d’admiration devant lui et ses commandos tractorisés.
Goissédé
Mon intervention est assez rare, car je ne peux plus faire ce que j’argumenterais, il y a cinquante ans j’aurais été aussi impatient que beaucoup d’entre vous, mais à l’époque nous n’avions que l’Huma, aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir le blog à Jean Luc, il y a matière pour argumenter.
Invisible
En illustration à ce billet, on voit 5 photos : Hollande, Valls, Gattaz, El Komri, et Macron. Il manque le généralissime Xavier Beulin. Lui, il a déjà remporté une victoire décisive dans la démolition de la protection sociale.
MAMIE TATOUNE
Je suis une grand-mère, seule, retraitée minima sociaux, j’ai élevé mes enfants et les enfants de personnes qui elles travaillaient dans des banques. Ce travail me plaisait car je pouvais aussi m’occuper de mes 3 enfants, mais si j’avais su que j’allais galerer pendant ma vieillesse avec si peu pour vivre… Mais surtout ma souffrance est de savoir mes enfants qui souffrent dans des emplois où l’humanité n’existe pas, seulement le rapport à l’argent pour leurs employeurs. Et effectivement, je retrouve dans ce que dit Jean-Luc Mélenchon toutes ces vérités que je vis et que beaucoup, beaucoup de jeunes vivent actuellement et déjà depuis longtemps. Je fais partie des insoumises dans mon coeur, dans mes pensées et je dis aux jeunes réveillez-vous, battez-vous, signez les pétitions qui refusent tout retour en arrière dans les acquis sociaux pour lesquels vous parents et grands parents se sont battus. C’est vous qui pouvez empêcher le retour en arrière. C’est votre avenir et ceux de vos enfants qui est en jeu et moi j’y serai le 3 mars et le 31 mars. A bientôt.
JeanLouis
Je crois que dans ce « nouveau modèle » que JL Mélenchon comme avenir de l’agriculture il ne faut pas oublier le problème majeur des semences. Passer d’un système où quelques entreprises mondiales possèdent toutes les semences, ce qui conduit à une perte de diversité néfaste dont les conséquences en relation avec le réchauffement climatique peuvent être catastrophiques avec l’apparition de nouvelles maladies et des destructions massives de récoltes. Il faut permettre au paysan de faire ses propres semences et de par la même recréer l’indispensable diversité seule rempart devant les épidémies.