Je vois que la campagne électorale a commencé dans les médias avant même l’ouverture des comptes de campagne le 1er avril prochain. En effet, le dénigrement personnel, « Mélenchon-bashing » en anglais, a repris de plus belle sous le commandement des vaisseaux amiraux des canons à ordure que sont la matinale de France Inter, le bulletin paroissial Libération, l’inénarrable « Petit Journal » et, d’une façon générale, tous les services politiques où sont embusqués des griots du PS et tous les récitants du « tous pourris sauf les journalistes ».
Après l’émission « Des paroles et des actes », je reprendrai une position moins exposée. Je reviendrai au mode d’existence où je réserve ma parole aux réseaux sociaux et à tout le système de communication qui me garantit la vie décente « sous les radars médias ». En attendant, il me faut donc de nouveau serrer les dents, et subir l’outrage permanent sans trop broncher, après plusieurs mois de calme pendant lesquels je m’étais méthodiquement organisé pour me placer dans l’angle mort du système médiatique officiel. Le parisianisme aigu des salles de rédactions bienpensantes, son ignorance crasse et sa fainéantise spectaculaire m’avaient bien protégé pendant que je faisais le tour du pays et de ses grandes écoles. Les vacances au ski étant finies, les « titulaires » étant revenus et les stagiaires étant renvoyés dans leurs foyers, le jeu des accointances, plans de carrière et dettes d’entregent ont repris.
Je suis dans ce petit monde d’entre soi et de promiscuité une monnaie de base. Me cracher dessus, me flétrir, m’insulter, ridiculiser mes amis et partisans ne coûte pas cher et signale une appartenance commune contre « les extrêmes ». Pleurnicher en cas de réplique vous installe aussi dans tout un petit monde. Ainsi comme dans le cas de Cyrille Eldin à qui j’ai décidé de ne plus répondre après qu’il a voulu tourner en ridicule de modestes participants à ma réunion du théâtre Déjazet. Cet homme que tout le monde politique piétine sans les réserves humaines que je me suis toujours imposées en dépit de ses harcèlements grotesques, n’a qu’un nom à citer pour se plaindre parmi ceux qui le rabrouent : le mien, bien sûr. Évidemment, le journaliste qui recueille ses précieuses et douloureuses larmes ne manque pas de signaler que ce n’est pas lui qui ridiculise la politique mais « les politiques » eux-mêmes qui le font.
Autre exemple plus récent. Jeudi 17 mars, jour de manif des jeunes. Au cours d’une heure de cortège, je dirai, par modestie, que j’ai été très aimablement accueilli. Je ne compte pas les selfies ni les conversations amicales et militantes que j’y ai eu. Une vidéo en rend compte en partie. Mais il est vrai qu’un seul et unique jeune m’a crié : « Mélenchon/Mitterrand social-traître » ! Sans commentaire. Après quoi il s’est écroulé… en lançant une canette de bière sur… les journalistes. Cela est devenu, grâce au tweet d’un opposant constant, « Mélenchon reçoit un œuf », qui devient « des œufs » et se transforme en une « expulsion » de la manifestation selon France-Inter.
Ce pauvre Jean-Michel Apathie, dont les chroniques sur Europe 1 sont de plus en plus vides, se sent obligé de reprendre « l’info». Évidemment tous ces « enquêteurs curieux et impertinents » n’avaient pas mis le nez dehors cette fois ci davantage qu’aucun autre jour de la semaine où ils passent leur vie dans leur bureau. Et aucun n’a la courtoisie de se renseigner auprès de ses collègues qui se trouvaient sur le terrain. On verra bien qui se fait expulser des manifs si ces gens continuent ce petit jeu destiné à présenter les jeunes comme des brutes qui agressent même ceux qui les soutiennent. Mais comme le procédé se généralise il faut y réfléchir.
Toute cette connivence doit bien reposer aussi parfois sur des penchants communs moins avouables qui fonctionnent comme le jeu de la barbichette : « tu me tiens, je te tiens ! » Alors les bassesses tournent en rond d’un média à l’autre, comme un pétard, d’une bouche flétrie par les complicités à une autre pourrie par les accointances. Tel est le cycle dans lequel je me trouve pris par exemple quand entre en éructation le très spécial Cohn-Bendit, à qui on finira peut-être un jour par demander les comptes moraux que l’on demande déjà à quelques autres.
Un bon exemple de ce processus nous est donné par sa dernière saillie. A l’émission « les Grandes gueules » de RMC, il s’en prend une fois de plus à mon travail de député européen auquel il oppose le modèle de ses pratiques de bureaucrate hors-sol. Ni démonstration, ni preuves, ni droit de réponse. « Vas-y coco, ça saigne ». Aussitôt et sans aucune justification de faits ou d’actualité, France 2, glorieux service public s’il en est un, reprends l’information et « fait son enquête » dans le seul but de me salir ! Je veux bien sûr parler ici du « 20 heures » de France 2.
Constatez déjà que désormais la rédaction va chercher ses sujets dans les extraits des « Grandes gueules » de RMC. Tout un symbole de journalisme d’investigation ! Cohn-Bendit m’accuse « d’écrire mon blog, prendre le fric et me tailler » du Parlement européen. Et que fait France 2 ? Un sujet sous l’angle mille fois rabâché : « Le Pen = Mélenchon » bien sûr ! Comme c’est original ! Comme c’est éthique, indépendant, impertinent, et « frais »… ! Le journaliste PS responsable de cette infamie s’appelle Lafargue, et je ne sais pas dire ce qui peut l’avoir rendu si sensible aux désirs de Cohn-Bendit. Sinon comment expliquer l’emballement de la chaîne à relayer les calomnies de celui-ci contre moi ?
D’autant que les chiffres montrent que Daniel Cohn-Bendit ment ! Je suis présent à 88% des votes. C’est-à-dire autant que MM. Bové ou Jadot qui ne subissent jamais les critiques de Daniel Cohn-Bendit, ni de France 2. On voit aussi que je suis bien plus présent que Mme Le Pen. Et surtout, que parmi les quatre Français les plus absents, on trouve Jean-Marie Le Pen, et les deux vice-présidents du FN, Louis Aliot et Florian Philippot. Pourquoi France2 n’a-t-il pas choisi l’angle des « absences des députés FN » ? Ce serait factuellement plus juste que de me mettre dans le même sac que Marine Le Pen. Mais bien sûr, le « 20 heures » de France 2 ne fait pas de l’information, il fait de la politique. Sinon comment comprendre que David Pujadas ait, dans la foulée même du reportage, annoncé lui-même, en plateau, avoir été appelé par Daniel Cohn-Bendit pour justifier ses propres absences pourtant à peine évoquées dans le reportage ? Qu’ont-ils en commun à se reprocher pour que l’un couvre l’autre de façon aussi inouïe?
Au passage, j’imagine aussi que France 2 n’a pas prévu d’enquêter sur ces anciens élus, comme Cohn-Bendit, reconvertis en chroniqueurs ou éditorialistes ? Pourtant le sujet s’y prêterait, non ? Qui sont-ils ? Combien d’argent touchent-ils ? Pourquoi leur temps de parole n’est pas décompté par le CSA ? Pourquoi sont-ils tous libéraux et pro-UE ? Mais bien sûr, France 2 prendrait le risque de devoir dire que Daniel Cohn-Bendit « prend le fric de Lagardère et se taille » des studios d’Europe 1 après avoir déversé sa propagande ! Je leur donne un scoop, il parait que Daniel Cohn-Bendit fait même régulièrement sa chronique par téléphone. Ça ferait un bon sujet non ? Bien sûr, ça n’aura pas lieu. Car les revenus des présentateurs de « 20 heures » ou de chroniqueurs à Europe 1 restent secrets. Pas comme les miens, qui sont publics.
L’information politique est très malade dans notre pays, notamment à France 2. Ce sujet est d’une mauvaise foi et d’un manque de professionnalisme total. Le journaliste est-il venu regarder sur mon blog pour savoir ce que j’y écris ? Non bien sûr. Il faudrait lire et on y verrait combien j’y parle souvent d’Europe, souvent seul et souvent en avant pointe. Ce qui ne cadre pas avec le parti-pris éditorial contre moi. Sans compter l’existence d’un blog spécialement dédié à mon mandat sur lequel, entre autre, j’ai expliqué 537 votes depuis ma réélection. Expliquer ses votes, n’est-ce pas être un bon député européen ? Cet aspect du travail parlementaire est curieusement absent du sujet du « 20 heures ». France2 et M. Cohn-Bendit préfèrent les députés qui votent en cachette sans avouer leurs soutiens aux lobbies des pesticides ou au marché unique avec les États-Unis ? D’ailleurs Daniel Cohn-Bendit a-t-il jamais publié un seul compte rendu de ses votes ?
Les attaques de mauvaise foi contre moi ont assez duré. Je suis sans doute le dirigeant politique qui contribue le plus au débat sur l’Europe en France. Déjà lors de la précédente polémique sur mon activité européenne en 2013, l’éditorialiste du Monde Arnaud Leparmentier avait dit que j’étais un « bon eurodéputé ». M. Leparmentier est pourtant un adversaire politique, partisan de Mme Merkel et des traités européens. Mais il écrivait ceci : « le héraut du Front de Gauche a compris que le débat n’avait pas lieu à l’intérieur de l’Hémicycle – « ce Parlement n’est pas un Parlement, tout le monde le sait » – ou dans les conciliabules bruxellois avec la Commission et le Conseil. Non, la confrontation européenne a lieu sur les estrades, entre les tribuns et les populations désarçonnées par l’échec que l’on espère provisoire de l’Union européenne. L’Europe politique, pour l’instant, c’est Mélenchon qui la fait et espère bien la défaire ».
Lui, au moins, avait l’honnêteté de reconnaître le vrai problème que je lui pose. Celui d’un désaccord politique sur l’Union européenne. Ce désaccord et ce débat a sa noblesse et son utilité. Cela s’appelle la démocratie, confrontation de point de vue contraire. À l’inverse, pour Daniel Cohn-Bendit, les opposants à l’Union européenne ne devraient pas avoir le droit de siéger au Parlement européen ! C’est ce qu’il dit dans l’émission de RMC « Mélenchon il s’en fout de l’Europe, il est contre » ! Comme si on interdisait aux partisans de la 6e République de siéger dans les assemblées en France ? Le rêve de la caste !
C’est désormais à mon tour de pointer les absences et la mauvaise foi de France 2 à propos d’Europe. Et la liste est très longue. Où était France 2 quand j’ai commencé à dénoncer le danger du projet de grand marché commun entre les États-Unis et l’Europe en 2009 ? Pas là. De quoi parlait France 2 en février 2012 pendant que j’expliquais le Mécanisme européen de stabilité financière dans mes meetings ? De la viande hallal dans les cantines scolaires, à la demande de Mme Le Pen ! Ai-je été invité au « 20 heures » de France 2 en septembre 2012 pour expliquer pourquoi j’appelais à une manifestation nationale contre le traité budgétaire européen ? Non bien sûr. Où était France 2 quand j’ai organisé au parlement européen des initiatives pour la laïcité en Europe ou pour la défense du vin bio et des vignerons ? Pas là. Quand France 2 a-t-il organisé un grand débat sur le prétendu « modèle allemand » que je dénonce dans mon livre Le Hareng de Bismarck qui a pourtant été vendu à 60 000 exemplaires ? Jamais, les créneaux étaient déjà occupés par des débats fumeux sur les musulmans et les névroses identitaires comme en janvier dernier avec Alain Finkielkraut et… Daniel Cohn-Bendit déjà !
J’accuse France 2 de boycotter systématiquement toutes nos initiatives européennes. Et en particulier la démarche engagée pour un « Plan B » en Europe depuis septembre dernier. Déjà en septembre, lors de la Fête de l’Humanité où nous lancions cette démarche, France 2 avait ignoré ce sujet. Le « reportage » diffusé à l’époque était seulement un copié-collé des poncifs habituels sur « l’extrême gauche divisée en de multiples chapelles ». Il y avait pourtant trois anciens ministres des Finances ! Pire : où était France 2 quand j’ai organisé en janvier dernier le sommet pour le Plan B en Europe avec une dizaine de députés européens, et des intervenants de toute l’Europe, universitaire, syndicaliste, élus, militants associatifs etc. ? Pas là. Même LCI et Itélé ont fait l’effort d’inviter sur leurs antennes des participants à ce sommet du Plan B. France 2 ne s’est pas déplacé, n’a invité personne et n’a jamais mentionné cet événement dans ses journaux télévisés. Le service public a censuré le sommet du Plan B. Voilà la vérité : France 2 n’est jamais là quand on parle d’Europe mais prétend nous donner des leçons !
Cohn-Bendit lui-même sert de paravent. Dans l’émission de RMC où il m’insulte sans que personne ne réponde, il est question de la question du détachement de travailleurs. C’est la commerçante libérale Claire O’petit qui déclare « j’aimerais beaucoup plus entendre les députés européens français monter au créneau là-dessus » à propos de la directive sur le détachement des travailleurs. Qu’en pense Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen ? Vous n’en saurez rien ! Il préfère éructer contre moi et m’insulter. Mais Mme O’Petit aurait peut-être aimé apprendre que j’ai interrogé la Commission européenne sur le sujet pas plus tard que le 8 mars dernier. Et qu’en 2014, j’ai été le seul français à voter contre ce système de dumping au parlement européen avec mes camarades du Front de Gauche. Le PS et la droite ont voté pour la poursuite du dumping sur les cotisations sociales. Et Mme Le Pen s’est abstenue ! Mais ça, France 2 ne vous l’a pas dit non plus !