Cettre tribune a été publiée sur l’édition papier et le site de Libération
Anciens cadres nationaux et fédéraux du PS, aujourd’hui membres de la Nouvelle Gauche socialiste, nous avons quitté le parti d’Épinay, en crise profonde, et comptons parmi les déçus du quinquennat de François Hollande.
Le bilan décevant du quinquennat
La loi bancaire devait être proclamée pour arraisonner la finance. Elle fut en deçà des recommandations du rapport Liikanen en faveur d’une directive bancaire européenne. La France ne pressa d’ailleurs aucunement son représentant en charge du dossier à la Commission européenne d’en achever l’élaboration. La taxation des transactions financières, qui devait être mise sur pied en coopération renforcée, ne fait toujours pas l’objet d’un appui ferme de l’exécutif.
La réforme fiscale a été enterrée. Bercy s’est-il arrangé avec le Conseil constitutionnel pour «retoquer» le projet de CSG progressive défendu par les «frondeurs» ? Ce dernier n’en répondait pas moins point par point aux objections faites en 1999 au Premier ministre de l’époque, dépositaire du projet et aujourd’hui membre du «conseil des sages».
La lutte contre le chômage est en passe d’échouer, alors que la Commission et le Conseil ont autorisé la France à déroger au «pacte de stabilité» pendant toute la durée du mandat. Ces importantes marges de manœuvre ont été affectées en pure perte au redressement de la part des profits dans la richesse nationale. Leur octroi aurait pu être conditionné à de l’investissement utile. Elles auraient encore pu être consacrées à la transition énergétique, aux services publics et à la redistribution. Enfin, la loi travail et la réforme constitutionnelle sont aussi symptomatiques du virage conservateur de l’Exécutif, qu’inaptes à inverser la courbe du chômage et à lutter contre le terrorisme. Elles affaibliront inévitablement le salariat et la démocratie.
Le piège de la primaire
Certaines voix en appellent à une primaire de toute la gauche pour désigner un candidat susceptible de se «qualifier» pour le second tour afin de faire barrage à l’extrême droite. Nous n’y participerons pas. Pour mobiliser les déçus du quinquennat, ce candidat devrait en effet, au minimum, défendre le programme du Bourget. Or, rien n’est moins sûr. Les expériences de 2007 et 2012 indiquent qu’une primaire, pourtant ultra-médiatisée, ne mobilise que partiellement l’électorat populaire et qu’elle finit par désigner le candidat le mieux placé dans les sondages. Elle musellera pour le reste du débat électoral toutes les forces qui auraient choisi d’y participer dans le but de réorienter la gauche. En participant à cette primaire, ces forces seraient inévitablement perçues comme des forces d’appoint du candidat social-libéral qu’elle aura contribué à légitimer, mais qui aura peu de chance de franchir le premier tour de l’élection présidentielle.
Seule une candidature «hors système», c’est-à-dire dépassant les frontières et jeux des «appareils» existants, est de nature à enclencher une nouvelle dynamique populaire susceptible d’atteindre à un score proche ou égal au seuil de qualification pour le second tour. Son espace politique, au carrefour de la République, du socialisme et de la planification écologique est, à l’évidence, identifiable.
Le candidat de la raison
Plusieurs personnalités pensent que leur tour est venu d’incarner un tel destin. Les traits de caractère sont parfois mis en avant pour comparer les impétrants. Personne n’a, à cet égard, le monopole de la passion et de la grandiloquence, ni de l’égocentricité et de l’autoritarisme. A l’aune de ces critères, nombre de prétendant(e)s susceptibles de faire le choix de s’enfermer dans le piège de la primaire sont relativement bien classés. Pour les progressistes, seule la raison doit guider l’action et considérer les personnalités qui, par le symbole de leurs engagements, sont aujourd’hui en position d’incarner l’espoir d’une résistance au mouvement de balancier vers la droite, en passe d’emporter notre pays.
C’est pourquoi, nous apportons notre soutien à la proposition de candidature faite par Jean-Luc Mélenchon, la mieux placée pour incarner, auprès de ceux qui souffrent, la France insoumise à l’ordre établi. L’élection présidentielle est l’élection majeure à l’occasion de laquelle de nouvelles générations de citoyens s’engagent collectivement en politique, pour peu qu’une perspective s’ouvre. Elle est l’occasion d’expérimenter de nouvelles pratiques susceptibles de jeter les bases d’un futur rassemblement citoyen à la française. Le moment est venu d’en bâtir les fondations.
Signataires :
Liêm Hoang-Ngoc, Ex-membre du bureau national du PS, Julien Jusforgues, Ex-membre du conseil national, Daniel Bonnot, Ex-membre de la Commission nationale des conflits, Roger Tropéano, Ex-délégué national, Catherine Renaud-Mayer, Ex-première secrétaire fédérale de la Manche, Laurent Beaud, Ex-membre du bureau fédéral de l’Hérault, Alain Bourgeade, Ex-membre du bureau fédéral de Haute-Garonne, Jean-Claude Bridon, Ex-membre du bureau fédéral du Cher, Fabienne Chiche, Ex-membre du bureau fédéral du Val-de-Marne, Annie Darrieux, Ex-membre du bureau fédéral du Gers, Sabrina Ghallal, Ex-membre du bureau fédéral de la Marne, Denis Gouteux, Ex-membre du bureau fédéral du Cantal, Nicolas Grondin, Ex-membre du bureau fédéral de l’Essonne, Laurent Hecquet, Ex-membre du bureau fédéral du Puy-de-Dôme, Catherine Laur, Ex-membre du bureau fédéral de l’Aveyron, Frédéric Martin-Delvincourt, Ex-membre du bureau fédéral des adhésions de Paris, Jean-Claude Maurin, Ex-membre du bureau fédéral du Gard, Anas Moutabarrik, Ex-membre du bureau fédéral de la Marne, Daniel Orts, Ex-membre du conseil fédéral de l’Aveyron, Franck Rey Ex-membre du bureau fédéral du Cantal, Olivier Spinelli, Ex-membre du bureau fédéral de la Somme.