C’est peu dire que les événements cristallisent partout autour de nous. La lutte contre la loi El Khomri a engendré le mouvement « La Nuit Debout » qui gagne de ville en ville et focalise l’envie de prise de parole politique des citoyens. Laissons tomber le racolage médiatique sur la récupération ou non du mouvement. Ce qui compte c’est l’état d’esprit que cet évènement déclenche partout et chez tous. Il est clair que la première conquête idéologique de ces assemblées est l’immense avancée du discrédit des institutions et de ceux qui les représentent. Si l’idée de la Constituante gagne autant de terrain par la base après que tant ait été dit contre cette idée par les partis traditionnels et jusque dans notre gauche, c’est une très bonne nouvelle. Ce mouvement féconde la perception politique des citoyens et lui fait porter des fruits qui viendront à leur heure électorale. Prise en tenaille sur le front social et sur le plan citoyen, la présidence Hollande est une lente agonie glauque. Elle tourne au grotesque à mesure que le tableau se surcharge d’une révolution de palais entre les vizirs et leurs spadassins respectifs.
De son côté, l’Union Européenne, écroulée sous le poids de la crise des réfugiés, du vote « non » des Hollandais à l’accord anti Russe, du Brexit qui s’avance, va comme un bateau ivre. Ses responsables regardent, en brassant de l’air, l’économie du continent sombrer dans la déflation et la neurasthénie allemande. Mais des États-Unis nous viennent les nouvelles rafraîchissantes des victoires en chaîne de Bernie Sanders et de ses mobilisations populaires massives. Et l’exaspération hargneuse de Hillary Clinton et de l’appareil Démocrate n’y peuvent rien. Si la révolution politique de Sanders parvient jusqu’au point de vaincre dans le parti démocrate les Clinton, un cycle politique mondial nouveau commencera. Nous avons notre part de ce combat. Il est donc temps pour nous de rompre avec le vieux monde des combines, des « primaires de toute la gauche » et de son cortège de vieux appareils à la ramasse. La lutte nous appelle à la clarté politique du projet et des méthodes pour construire une conscience populaire majoritaire favorable.
En visite au siège de l’ONU à New-York, le président de l’Équateur Rafael Correa propose une campagne mondiale pour la divulgation complète de la liste des noms des « Panama papers ». J’y souscris totalement.
Le cas de l’Équateur montre bien les conséquences d’une diffusion restreinte à quelques organes de presse. Dans ce pays, par exemple, les journalistes à qui ont été remises ces données sont au nombre de trois. Ils travaillent pour El Universo et El Comercio. Ce sont là deux journaux de l’opposition. Des journaux opposants à la sauce latino : appel au meurtre, complot permanent, encouragement aux putschs et ainsi de suite. Bref, ce sont là deux journaux représentant l’oligarchie. Autant dire que les multimillionnaires et opposants comme Alvaro Noboa (l’homme le plus riche d’Équateur), ou d’autres comme Guillermo Lasso ou Jaime Nebot, deux figures de proue de l’opposition, n’ont guère de soucis à se faire. Pourtant Noboa avait déjà reconnu l’an dernier qu’il faisait de l’évasion fiscale via le Panama ! Seul le journal public, El Telegrafo, révèle leurs liens avec Panama. Il va de soi que les journaux de l’opposition ne s’empressent guère d’aller fouiller tout cela…
La publication de la liste intégrale reste donc un enjeu de l’affaire des « Panama papers ». Car la présentation des noms et la rétention d’autres obéit à des logiques politiques partisanes évidentes, partout dans le monde. Et en France aussi. La décision de ne publier aucun nom d’Américains sous prétexte qu’ils « ne sont pas connus » a montré très vite ses limites. J’avais écrit dans mon précédent post que ces inconnus ne l’étaient sans doute pas pour tout le monde. Et de fait, on s’est vite aperçu qu’un membre de l’état-major de Hillary Clinton était inclus dans cette liste « d’inconnus ». En tous cas, l’affaire n’en a pas fini de connaître des rebondissements. Politiquement, plusieurs pays sont atteints au cœur de leur dispositif comme en Islande et en Grande Bretagne. En Amérique latine, le nouveau gouvernement de droite de monsieur Macri est confronté à une sérieuse révolte. L’onde de choc n’est donc pas épuisée. En France, je crois que l’affaire n’est pas encore à maturité complète.
En attendant, la Société Générale a décidé de porter plainte en diffamation contre moi. Que me reproche-t-elle ? D’avoir traité de « menteurs » ses dirigeants. Mais son président a juré, sous serment, le 17 avril 2012 devant une commission d’enquête du Sénat sur « l’évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales », avoir cessé ses activités dans les paradis fiscaux. Frédéric Oudéa a tenu les propos suivants : « la Fédération française des banques avait pris, au nom des établissements qu’elle regroupe, l’engagement de fermer les implantations dans les paradis fiscaux définis en référence à la liste grise de l’OCDE. Les banques françaises ont appliqué cet engagement. La Société Générale a fermé ses implantations dans les pays qui figuraient sur cette liste grise, mais aussi dans ceux que désignait la liste des États non coopératifs, c’est-à-dire en pratique, pour nous, à Panama ».
Si la Société Générale avait fermé ses implantations dans les paradis fiscaux en 2012, comment expliquer le fait qu’elle soit l’une des cinq banques du monde à avoir le plus sollicité le cabinet panaméen Mossak et Fonseca pour ouvrir des sociétés offshore ? Comment se fait-il que sur les 979 sociétés ouvertes par la banque dans différents paradis fiscaux entre 1977 et 2015, une petite centaine soit encore active ? La banque joue sur les mots et nous prend pour des idiots. Pour sa défense elle explique que « il ne faut pas confondre une implantation détenue et opérée par une banque et les sociétés ou structures qui sont détenues par nos clients » et que les deux fondations encore actives à Panama « ne sont pas contrôlées par la Société Générale, mais servent deux de nos clients, pour des motifs dont nous nous sommes assurés. Il n’y avait donc pas de raison de les supprimer ». C’est un argument particulièrement fallacieux de la part de la banque. En effet, à quoi sert une banque sinon à servir d’intermédiaire financier pour ses clients ?
M. Oudéa fait le fanfaron en croyant ainsi dire qu’il n’a pas menti parce que la banque n’aurait pas d’activités pour son propre compte. Mais cela ne signifie nullement qu’elle n’avait pas d’activités dans les paradis fiscaux. Les propos d’avril 2012 ont été tenus devant une commission d’enquête parlementaire et prononcés sous serment de dire la vérité. Une commission d’enquête parlementaire dispose de pouvoirs spéciaux : mentir devant elle est apparenté à mentir devant un enquêteur de police ou un magistrat. C’est un délit passible de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende comme tout « faux témoignage ». Le bureau du Sénat doit décider le 28 avril d’engager ou non des poursuites judiciaires contre lui. Il se prononcera à la demande des sénateurs communistes et notamment d’Éric Bocquet le rapporteur de la Commission d’enquête sur « l’évasion des capitaux et des actifs hors de france et ses incidences fiscales ».
La banque va attaquer. La plainte contre Jérôme Kerviel, son avocat et moi est le signe d’une volonté d’intimidation. C’est une rude bataille qui commence. Ces gens-là ne sont pas des gentils, ils ne jouent pas. Je renvoie les naïfs aux propos des enquêtrices de l’affaire Kerviel. La commandante de police Nathalie Le Roy et la vice-procureur Chantal de Leiris ont elles-mêmes dit avoir été « manipulées » par la Société Générale dans leur enquête. Il faut donc s’attendre à recevoir tous les coups, les plus bas comme les plus tordus. L’action populaire contre la direction de la banque est la meilleure garantie que l’affaire des « Panama papers » ne sera pas enterrée. Elle est ma protection contre les coups tordus et l’absence de solidarité de partis de « la gauche des primaires » comme le PS, le PCF et EELV.
Car la banque et son directeur-général ont des amis puissants. M. Oudéa a été membre du cabinet de Nicolas Sarkozy en 1993 quand il était ministre du Budget. Et il a été fait chevalier de la Légion d’honneur l’an dernier à la demande du ministre Michel Sapin et de François Hollande. Il est aussi soupçonné d’avoir séquestré des cadres de la banque pour exiger le silence total au moment de l’affaire Kerviel. L’oligarchie prise la main dans le sac sort les griffes. Elle n’est pas tirée d’affaire. La commission d’enquête sénatoriale n’ayant plus d’existence depuis son rapport de 2013, c’est le bureau du Sénat qui doit engager les poursuites. Il se prononcera donc le 28 avril. Mais la pieuvre a les bras long. L’influence est ample. Déjà, la droite sénatoriale veut gagner du temps. Philippe Dominati, ancien président de la commission d’enquête veut reformer ponctuellement la Commission d’enquête pour ré-auditionner Oudéa plutôt que de saisir le bureau pour engager des poursuites. Pour lui, « pour l’instant, il serait irresponsable de dire qu’il y a faux témoignage sans débat contradictoire ». Mais nombre de sénateurs sont choqués d’avoir été ainsi bernés par M. Oudéa. Je demande au bureau du Sénat d’engager des poursuites. La banque, elle, ne se gêne pas pour attaquer en justice ceux qui dénoncent ses agissements comme je l’ai fait.
Comme je l’ai dit sitôt la nouvelle de la plainte connue, je ne me tairai pas. Il faut développer l’action de conscientisation et de protestation. Face à la plainte, mes camarades ont réalisé un petit visuel humoristique pour tourner en ridicule la banque. Vous pouvez le télécharger, l’imprimer et scotcher cette affichette où bon vous semble. Déjà je me réjouis de voir à travers les actions comme celle d’Attac que cette banque est devenue l’incarnation de toutes les turpitudes du système financier aux yeux de tous. En effet, Attac a aussi décidé de dénoncer la Société Générale. En réponse aux révélations des « Panama papers », l’association a lancé un appel à occuper les agences de la banque ! Plusieurs agences ont déjà été investies par des militants comme à Paris ou au Mans, de manière bon enfant et pacifique. Marie-George Buffet a aussi demandé la démission du Directeur-général de la Banque Frédéric Oudéa.
L’étau se resserre autour de la banque. J’espère que la pression va encore grandir contre sa direction et le système dont elle est un rouage. J’ai entendu que les syndicats de la banque mettaient en cause la « crédibilité » de la direction et donc la « confiance » qu’ils pouvaient avoir en elle. La banque a été perquisitionnée le lendemain des révélations, mardi 5 avril, dans un silence des chaines d’info en continu qui est un puissant signal politique…. Une pétition/déclaration est en cours de finalisation pour organiser la solidarité avec les inculpés pour diffamation que nous sommes. L’affaire ne fait donc que commencer. Puisque la banque a commencé !
Dans mon intervention devant le Parlement européen à propos des « Panama papers », j’ai cité le cas d’Antoine Deltour qui va être jugé le 26 avril prochain au Luxembourg. Il est accusé de violation du secret professionnel et du secret des affaires. Son crime ? Avoir révélé des preuves d’un système méthodique d’organisation de l’évasion fiscale des multinationales vers le Luxembourg pendant les 18 années du pouvoir de Jean-Claude Juncker. Il risque jusqu’à 10 ans de prison et un million d’euros d’amende. Dans le même temps, le responsable du scandale a été élu président de la Commission européenne. Et deux sessions de la commission d’enquête du Parlement européen sur cette affaire n’ont abouti à rien !
Ce n’est pas aussi incroyable que cela en a l’air. Juncker, comme Premier ministre du Luxembourg, ne violait pas la loi de son pays quand il accordait des faveurs fiscales à chaque entreprise qui en demandait pour installer son siège au Luxembourg. Il ne violait pas non plus la loi européenne puisque celle-ci interdit l’harmonisation fiscale européenne. En fait il se comportait comme un « bon élève de la classe », comme dirait Hollande en utilisant les ressorts de l’Union pour duper tous ses partenaires et faire de l’argent fiscal sur leur dos. Exactement comme le gouvernement allemand fait du dumping social sur le dos de tous ses partenaires et accumule les excédents commerciaux.
Mais Deltour est français. Que fait le grand président François Hollande dans cette affaire ? Rien, bien sûr, comme d’habitude. Mais alors quelle hypocrisie d’avoir affirmé au lendemain de l’explosion du « Panama papers » vouloir « remercier » et « protéger les lanceurs d’alertes. C’est grâce à un lanceur d’alertes que nous avons maintenant ces informations. Ces lanceurs d’alertes font un travail utile pour la communauté internationale. Ils prennent des risques, ils doivent donc être protégés ». Hollande protecteur des lanceurs d’alerte ! Quelle mascarade de plus ! Car que fait-il pour protéger ceux qui sont actuellement poursuivis ? Pourquoi a-t-il refusé d’accorder l’asile politique en France à Edward Snowden ou Julian Assange ? Qu’a-t-il à dire à tous les lanceurs d’alertes pourchassés et sanctionnés dont parle la journaliste Eloïse Lebourg dans sa série documentaire et dans le dernier épisode de mon émission « Pas vu à la télé » sur ma chaîne YouTube ? Et que fait le gouvernement français pour « protéger » Antoine Deltour, le lanceur d’alerte à l’origine des révélations du Luxleaks ? Rien. Antoine Deltour sera jugé le 26 avril prochain au Luxembourg.
Antoine Deltour est un ancien membre d’un cabinet de conseil. C’est lui qui a sorti les informations sur ce système très organisé entre le gouvernement du Luxembourg et 340 entreprises multinationales. Il a dévoilé 28 000 pages de 548 accords entre le Luxembourg et ces firmes ! Ces accords ont permis aux plus grosses firmes transnationales comme Apple, Amazon ou Disney, et plusieurs banques, de réduire considérablement leurs impôts en organisant la remontée de leurs bénéfices vers le Luxembourg et en « encadrant » les impôts payés dans ce pays. L’administration fiscale du Luxembourg délivrait, et délivre toujours, un « rescrit fiscal » à l’entreprise, c’est-à-dire un document fixant les règles fiscales applicables et protégeant de tout redressement en cas d’erreur. L’évasion fiscale ainsi organisée se chiffre en centaines de milliards d’euros !
Antoine Deltour est français. Il risque plusieurs années de prison, et plus d’un million d’euros d’amende. C’est notamment lui qui a fourni ces éléments à l’émission Cash Investigation de France2. Que fait le gouvernement pour lui venir en aide ? Un site internet de soutien a été ouvert. Une pétition de soutien a recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures. De très nombreuses personnalités soutiennent Antoine Deltour. Je le soutiens également sans réserve. Son acte était un acte citoyen, défendant l’intérêt général. Qu’il soit poursuivi alors que l’instigateur de cette évasion fiscale dirige la Commission européenne est un symbole terrifiant du fonctionnement de l’Union européenne. Bien sûr, aucune entreprise bénéficiaire n’est poursuivie puisque ce système était, et reste toujours, légal en Europe.
Dans ce domaine il y a du neuf en Europe. On se souvient que j’ai plaidé pour un statut protecteur des lanceurs d’alerte mardi. Dès jeudi j’ai eu ma réponse. Le parlement européen a été saisi d’une directive présentée par la Commission européenne pour « protéger le secret des affaires » contre les « divulgations illicites ». On croit rêver ! N’écoutant ni les oppositions des journalistes, ni des syndicalistes de tout le continent, restant sourd aux appels de la société civile et de nombreux lanceurs d’alerte, il a décidé de passer en force. Cette directive vise à introduire un système harmonisé de protection « des secrets d’affaire et des savoirs faire » en Europe. Ainsi « Les personnes physiques et morales auront la possibilité d’empêcher que des renseignements licitement sous leur contrôle ne soient divulgués à des tiers ou acquis ou utilisés par eux sans leur consentement et d’une manière contraire aux usages commerciaux honnêtes ».
Vous ne comprenez pas facilement la langue de béton européenne ? Lisez une seconde fois. On voit qu’il s’agit en fait de donner aux multinationales des moyens d’attaquer les citoyens qui oseraient dénoncer leurs agissements. Les procès et poursuite contre les lanceurs d’alerte ayant révélés LuxLeaks, SwissLeaks, Dieselgate en seraient hautement facilités. Les défenseurs de ce texte arguent qu’il permettrait aux petites entreprises de défendre leurs processus de production et leurs inventions face aux grandes multinationales. Dire cela, c’est être en dehors des réalités du système financier mondialisé. Ce texte ne bénéficiera justement qu’aux grands groupes désirant utiliser les secrets d’affaires pour contourner les législations et garde-fous sanitaires et sociaux mis en place par les Etats membres. Les artisans, les PME n’ont en réalité rien à y gagner.
Notez aussi que cette directive européenne coïncide justement avec une initiative similaire prise par le gouvernement des États-Unis. Car la protection des « secrets commerciaux » permettrait aux entreprises européennes et américaines de coopérer plus étroitement sans craindre les malveillants lanceurs d’alerte et autres énergumènes. Le cadre du TTIP se met en place de bien des manières. Et ce n’est pas rassurant car de lourds précédents existent aux États-Unis. Là bas, les produits chimiques toxiques utilisés pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste ne peuvent être rendus publics car ils sont justement classés « secrets d’affaires ». Et lorsque sortent les « Panama Papers », Mossack Fonseca, le cabinet d’avocat panaméen responsable de cette fraude sans précédent à l’impôt, se permet de menacer de poursuites les journalistes qui relayent l’information, justement au nom du secret d’affaires.
J’ai voté contre ce texte cela va de soi. Mais le PS a voté pour après des explications embrouillées ou l’orateur socialiste a bafouillé a toute vitesse des mantras sans queue ni tête « … protéger les TPE, PME et les lanceurs d’alerte, la Commission doit proposer une autre fois et donc j’appelle à voter pour ce texte ».
La France va donc poursuivre dans le nucléaire à tout va. Au prix du risque de catastrophe. Et jusqu’à ce qu’EDF finisse par mourir sous le coup des dépenses insupportables pour l’entreprise comme je l’ai souligné récemment sur ce blog. Il en est ainsi de l’investissement dans le réacteur EPR anglais de Hinkley Point, un investissement de 16 milliards d’euros pour EDF ! La décision de poursuivre cet investissement doit être prise le 11 mai par un Conseil d’administration. Le gouvernement pousse pour continuer dans cette impasse, notamment par la voix d’Emmanuel Macron. Mais je sais qu’à l’intérieur d’EDF, des voix s’élèvent contre ce projet. Le directeur financier a démissionné le mois dernier. Les organisations syndicales demandent toutes au moins le report du projet, quand elles ne réclament pas son abandon pur et simple. Comme moi. D’autres initiatives sont en préparation sur ce dossier. La poursuite dans le nucléaire prend de plus en plus les allures d’un sabordage industrialo-financier d’EDF. Et François Hollande y participe activement.
Il vient de prendre une décision que je juge désastreuse. Il enterre la loi de transition énergétique. Et cela quelques jours avant d’aller fanfaronner à New York le 22 avril pour la cérémonie de signature de l’accord conclu à Paris lors de la COP21 de décembre dernier. En matière d’écologie comme sur le reste, la mauvaise foi de l’équipe Hollande est un incroyable facteur de disqualification de la parole politique et des institutions politiques. Dernier épisode en date : « Le gouvernement renonce à réduire la part de l’énergie nucléaire ». C’est la une du journal Le Monde de ce jeudi 14 avril. Le gouvernement a décidé de renvoyer à 2019 tout arbitrage sur des fermetures de centrales nucléaires hormis Fessenheim. C’est le naufrage total de l’accord PS-EELV de 2012 négocié par Martine Aubry et Cécile Duflot et de la loi de transition énergétique voté par les députés PS et EELV. Emmanuelle Cosse et les autres ministres écolos du gouvernement ont intérêt à avoir une bonne digestion vu la taille de la couleuvre.
La baisse de la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% d’ici 2025 rejoint les autres promesses envolées de François Hollande et ses alliés. Ainsi en a décidé la ministre Ségolène Royal, en accord évidemment avec le président. La loi de transition énergétique votée en 2015 reprenait la promesse de 2012 de baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité. Certes, elle se contentait de geler la production d’électricité nucléaire à sa capacité actuelle. Il n’y avait pas de baisse de cette capacité. Et encore moins de fermeture de réacteurs. C’était un marché de dupes. Il permettait à EDF de continuer les travaux du réacteur EPR de Flamanville sans avoir à fermer de centrales nucléaires avant sa mise en service. Mais la loi renvoyait les modalités d’application de la réduction de la part du nucléaire à une « programmation pluriannuelle » de l’énergie fixée par décret, c’est-à-dire par le gouvernement.
C’est cette programmation que prépare Ségolène Royal. Cette programmation couvre deux périodes, 2016-2018 d’une part et 2019-2023 d’autre part. Dans cette programmation en préparation, tous les arbitrages sur les centrales nucléaires sont repoussés à 2019. Deux ans après la fin du mandat de François Hollande ! Or selon la loi, la programmation pluriannuelle doit fixer « les priorités d’action des pouvoirs publics ». Il est donc clair que la réduction de la part du nucléaire n’est pas une « priorité d’action » du gouvernement ! En effet, la ministre Royal vient de présenter un projet d’arrêté ministériel portant uniquement sur les capacités de production d’énergies renouvelables. Pas question de nucléaire donc. La ministre botte en touche et gagne du temps alors que le quinquennat touche à sa fin. Le décret de fermeture de la centrale de Fessenheim n’est toujours pas pris et sa fermeture ne peut plus être effective avant l’élection présidentielle. Dans la logique de Hollande, elle ne devrait fermer qu’à l’occasion de la mise en service d’un nouveau réacteur, l’EPR de Flamanville. Laquelle est prévue pour 2018. Un horizon d’ailleurs purement théorique car il y a déjà eu plusieurs reports.
Et pour les autres réacteurs ? Aucune fermeture avant plusieurs années ! « C’est dans la seconde période de la programmation pluriannuelle, entre 2019 et 2023, qu’il va falloir prendre des décisions » dit la ministre. Fermez le ban, rien ne sera décidé avant la présidentielle. Et encore, les décisions à prendre sont elles-mêmes très floues. Elles seront prises « avec l’Autorité de sûreté nucléaire, en fonction du développement constaté des énergies renouvelables et de l’évolution de la demande en électricité » et non en fonction de choix démocratiquement exprimés. Ségolène Royal ajoute, toujours aussi imprécise, qu’« il y aura des réacteurs prolongés et des réacteurs fermés, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ». Mais Le Monde évoque une autre hypothèse pour faire baisser la part du nucléaire sans fermeture de centrale. Comment ? En « diminuant la production des centrales » pour maintenir la puissance actuelle tout en faisant de la place à de nouveaux réacteurs ! Où l’on mesure la mauvaise foi de la loi de transition énergétique, véritable carte blanche laissé au gouvernement.
Ségolène Royal explique qu’elle dissocie le développement des énergies renouvelables de la fermeture des centrales nucléaires pour donner la priorité au développement des renouvelables. Elle affirme avoir « choisi de procéder en deux temps » pour, dit-elle, « sécuriser le développement [des renouvelables], en le rendant indépendant du volet nucléaire, plus compliqué à traiter et conflictuel. Les filières renouvelables ont besoin de visibilité. Si leur sort était lié à celui du nucléaire, les professionnels pourraient craindre que tout soit remis en cause en cas d’alternance politique ». C’est une manière d’avouer que sur le nucléaire, Hollande cherche à gagner du temps pour que rien ne soit irréversible. Le Monde relève que « Pour autant, la Cour des comptes estime, dans son dernier rapport annuel, que baisser la part de l’atome à 50 % du bouquet électrique revient à arrêter » de 17 à 20 réacteurs » sur les 58 que compte l’Hexagone. Ce qui, en bonne programmation, exigerait de planifier et d’étaler les fermetures. Au lieu de quoi l’exécutif se défausse, de facto, sur les gouvernements futurs ».
Plus c’est gros, plus ça passera doit se dire Ségolène Royal ! Car prétendre développer les renouvelables en les séparant du nucléaire est une mauvaise plaisanterie. C’est renoncer à toute transition énergétique globale et cohérente. Surtout, tous les spécialistes du secteur savent que les énergies renouvelables ne peuvent franchir un palier de développement qu’en ayant la garantie de remplacer le nucléaire au moins en partie. C’est ce que dit Cyrille Cormier, de Greenpeace : « on ne peut pas sécuriser les renouvelables sans garantir, dans le même temps, qu’on va leur faire de la place sur le marché et sur le réseau ». Pourquoi ? Parce que « la France et l’Europe sont en surcapacité de production électrique, si bien que ces filières ne pourront pas progresser sans une baisse effective du nucléaire, donc sans fermeture de réacteurs ».
La ministre est d’une totale mauvaise foi. Car à toutes les considérations que je viens d’évoquer s’en ajoute une décisive : il ne sera pas possible de développer massivement les énergies renouvelables tout en engageant les dépenses exorbitantes que suppose la poursuite du nucléaire. En effet, la Cour des Comptes a estimé à 100 milliards d’euros les dépenses nécessaires pour la mise aux normes du parc nucléaire si l’on veut prolonger sa durée de vie de 40 à 50 ans, soit dix ans de fonctionnement supplémentaires par rapport au maximum qui avait été prévu à l’origine. Et ce chiffre n’intègre ni la poursuite du fiasco industriel et financier de l’EPR en France et à l’étranger, ni les sommes à investir pour démanteler les centrales, reconvertir les sites nucléaires actuels, former les salariés des centrales à de nouveaux métiers. La catastrophe est commencée, c’est celle de cette politique !
Cette annonce du gouvernement intervient à quelques jours du 30e anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Plusieurs manifestations anti-nucléaires seront organisées notamment le samedi 23 avril. Cet anniversaire aurait pu coïncider avec la fermeture de Fessenheim et l’engagement d’un plan de sortie du nucléaire sur plusieurs années. Pour cela, il aurait fallu une volonté plus grande que les accords électoraux du PS et d’EELV en 2012. Au lieu de quoi, le gouvernement décide de continuer dans le nucléaire. Ce quinquennat aura vraiment été cinq ans de perdus en matière de transition énergétique.
Coup sur coup, on a appris que le Parlement français acceptait les conditions nécessaires au retour des troupes nord-américaines sur le sol d’où le général De Gaulle les avait expulsées, et vu arriver au Parlement de Strasbourg un rapport visant au renforcement de la « défense européenne intégrée à l’OTAN ». À l’arrière-plan de cette agitation, une poussée de la volonté des USA d’augmenter la pression sur la Russie comme prétexte de son propre leadership. Dès lors, l’OTAN et les États-Unis passent « de la réassurance à la force de dissuasion » en Europe de l’Est, a indiqué le 31 mars dernier le général Philip Breedlove, chef des forces américaines en Europe. Concrètement, le Pentagone entend lancer, à partir de 2017, des rotations continues d’une brigade blindée. Elle comptera environ 4200 soldats, 250 chars et 1750 véhicules dans un ou plusieurs pays en Europe de l’Est qui ne sont pas encore précisés. Le général Breedlove prétend ainsi « rassurer » les « alliés et partenaires de l’OTAN dans le sillage d’une Russie agressive en Europe et ailleurs ». Bien sûr !
Cette décision remet en question les annonces ces dernières années de réduction des effectifs US en Europe. Les États-Unis développent de nouveau, avec leurs alliés dans la zone, le fantasme d’une invasion russe en Europe ! Comme à l’époque de la guerre froide et du fantasme de la prétendue écrasante supériorité militaire russe en Europe, et sa légende des « chars soviétiques à Paris en 48h ». Cette vision poussée à l’absurde a pu amener en octobre 2014, lors d’une conférence de presse, un responsable américain (John Kirby, contre-amiral et attaché de presse du Pentagone à l’époque) à déclarer que l’armée Russe se « rapprochait dangereusement des frontières de l’OTAN ». Grimaçante mauvaise foi qui a donné lieu à un échange serré avec le journaliste lui faisant remarquer que ce rapprochement était avant tout dû au rapprochement des frontières de l’Otan de la Russie… Autre exemple : le 23 février 2015, des chars américains défilaient à 300m de la frontière Russe.
Dans cette ambiance dangereuse, il faut rappeler que chaque élargissement de l’Union Européenne a été précédée d’une adhésion à l’OTAN, élargissant la présence de l’organisation militaire à l’Est, sans aucune précaution diplomatique envers la Russie ! Du coup, la tension devenant palpable, la France et l’Allemagne ont empêché à plusieurs reprises l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance Atlantique. Car cela aurait été une véritable provocation à l’égard de la Russie. Les deux pays ne se retrouvent pas moins en accord pour considérer que le seul horizon de l’improbable « défense européenne » est de s’inscrire dans l’OTAN…
En définitive, la présence étasunienne sur le continent européen, mise en scène dans les exercices multinationaux de l’opération Atlantic Resolve, s’élève à 62 000 hommes (cf. cartographie). Les États-Unis se sont toujours préoccupés d’empêcher que la CEE, puis l’Union européenne, considérée par eux comme un débouché commercial et une ligne de défense face à l’URSS, puisse devenir une puissance alternative. Ils ont pu compter sur la complicité d’élites dirigeantes européennes partageant une vision et des intérêts communs avec leurs homologues étasuniennes. On retrouve les mêmes à l’œuvre dans les négociations sur le Grand Marché Transatlantique. Cette osmose n’a fait que se renforcer à la fin de la Guerre froide. Un document l’a résumé : le Defense Planning Guideline 1994-1999. C’est un document d’orientation stratégique rédigé au lendemain de la guerre froide à la demande de Dick Cheney, alors secrétaire à la Défense, pour élaborer une « stratégie de suprématie militaire ». Il recommandait que les États-Unis préviennent « l’émergence d’accords de sécurité intra-européens qui saperaient l’OTAN, et surtout la structure de commandement intégré de l’alliance ». La recommandation n’a pas été oubliée. Le débat sur le rapport examiné à cette session de Strasbourg le montre.
Mercredi, Strasbourg. Je sors de l’hémicycle. Je butte sur une journaliste et une caméra sans logo. Allo, quoi ! Même le « Petit Journal » met un logo qui laisse sa chance au gibier ! J’apprendrai qu’il s’agit de « France 2 ». Le porte micro a pris sa tête de témoin de noce. Ses questions : « Vous êtes le parlementaire qui corrigez le plus souvent vos votes, comment l’expliquez-vous ? », « Vous avez changé votre vote en juillet 2014 sur le rapport jeunesse pourquoi ? », « Vous savez que vos corrections ne changent rien car les votes ne sont pas modifiés ? ». Wouai !
Enfin de l’info et une enquête impitoyable. Je réponds : « Je ne suis qu’un être humain et pas un demi dieu journaliste : je ne me rappelle pas mes votes en juillet 2014 ! ». Je lui demande quelle proportion des votes a une valeur législative. A peine trente pour cent. Il l’ignorait. Je lui demande : « À votre avis, de quoi parlait-on à l’instant dans l’hémicycle ? » L’ahuri « journaliste » n’en savait rien, bien sûr. Il ne savait rien sur rien à propos du Parlement européen. Son enquête « sur le fond » ne lui permettait pas de s’intéresser aux détails du jour !
La majorité droite-PS du parlement venait seulement de voter sept années supplémentaires d’autorisation pour les pesticides cancérigènes Monsanto. Le lendemain on votait sur le PNR, fichage des passagers des avions. Et aussi sur un rapport rendant plus difficile le travail des lanceurs d’alerte et facilitant leur répression. Et cela dix jours avant que soit jugé les lanceurs d’alerte qui ont révèle le système de fraude fiscale dont le Luxembourg était l’épicentre sous l’autorité de junker qui est l’actuel président de la Commission ! Rien de tout cela n’intéressait le « professionnel de l’info » ni le malheureux qui portait sa caméra. Rien.
Tel est le crétinisme médiatique. Évidemment, je suis une cible pour ce genre de zèbre « Faut que ça saigne coco ! Va faire chier Mélenchon, il va peter un câble, ha ! ha ! ha ! ». La dernière fois que la grande chaine du service public s’est intéressée à mon travail de parlementaire c’était sur la suggestion de Cohn-Bendit qui a de vieux potes dans la rédaction. Il s’agissait de mes « absences » au Parlement, évidemment. La dernière fois que France 2 s’est foutu de la gueule du monde et de ses téléspectateurs à plus grande échelle c’est en 2012 quand j’essayais de lancer le débat sur le mécanisme européen de stabilité financière qui allait être voté au Parlement français. France 2 lançait alors la polémique sur la viande hallal !
Ce jeudi, en sortant des votes, il y avait une foule de caméras et de micros qui m’interpellaient. Je suppose qu’il voulait eux aussi tenter leur chance pour savoir pourquoi je ne me suis pas rasé en juin 2013 et pourquoi je n’ai pas ciré mes chaussures en janvier 2015. Je suis passé en courant parce que j’étais furieux du vote du PS en faveur de PNR et de Monsanto ! Je n’avais plus de patience pour les enquêtes de fond. J’ai bien fait, non ?
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sergio
Pouviez-vous vous-même, @Marcault, prévoir à quel point d’abjection et de trahison son futur gouvernement et les parlementaires PS allaient s’abaisser ? Je ne le pense pas. C’est d’ailleurs comme cela que peut fonctionner toute trahison. En trompant et en mentant, ce que Hollande a su faire sans que les médias ne trouvent trop à redire depuis 2012, ni ses concurrents LR ou FN qui auraient d’ailleurs conduit une fois au pouvoir exactement la même politique désastreuse que lui.
Pour le dernier sondage sur les intentions de vote, nous pouvons apprécier à quel point une bonne part de l’ex-électorat de base PS et Vert et j’espère aussi d’abstentionnistes, ne s’y trompent pas. A nous tous de le faire encore grossir maintenant malgré l’intox médiatique déchaînée. Non seulement ces nouveaux électeurs n’en veulent pas à Jean-Luc d’avoir appelé à battre Sarkozy et la droite des « affaires » en 2012, mais ils lui font confiance pour virer en 2017 et définitivement ce que notre candidat appelait déjà « la bande des quatre ». L’auriez-vous « oublié » ça aussi ?
MARCAULT
En effet je ne pouvais pas prévoir la trahison du PS, n’étant pas dans les arcanes politiques. Mais je pense que Mr Mélenchon (et tous les autres) le pouvait car la France a signé les traités européens et tant que ces traités s’appliquent, tous les politiques élus, quelque soit leurs convictions politiques y sont contraints. Je suis désolée d’apporter ici la contradiction mais enfin il faut tout de même s’attaquer aux vrais responsables. Hollande et les autres y compris le FN, ne sont que des leurres.
invisible
Pour être « dans les arcanes », il aurait fallu lire le blog de Jean-Luc ou suivre ses meetings par internet. Il nous prévenait de ce que serait une gestion Hollande. Et puis, il suffisait de voir à la télé les extraits du meeting de Hollande au Bourget : c’était juste de la contrefaçon de Mélenchon pour lui rafler ses voix. Et comparer l’excitation artificielle des militants socialistes au calme sérieux des meetings du FdG. Ah ! Quelle émotion rien qu’à ce souvenir ! Mais je constate avec joie que tout s’agence au mieux. Jean-Luc profite des gestations sur les places publiques pour nouer des contacts à l’extérieur et se faire discret, ne pas imposer sa présence. C’est très bien ainsi. Le ferment agit.
Roland011
@MARCAULT
Hollande et les autres y compris le FN, ne sont que des leurres.
Là ! Moi rien comprendre ! C’est quoi « des leurres » ? M’enfin, les leurres comme tu dis UMP, PS, FN et souvent Verts, votent régulièrement toutes les directives libérales-droitière de l’UE, c’est du concret qui effectivement s’appliquent, sans ces lois de dérèglementation généralisé (la mondialisation) les financiers voyous n’auraient pas la main, c’est toujours le politique qui décide, ça n’a rien de leurre.
Maintenant si l’on veut changer tout ça il faut que l’électeur se décide a voter pour renverser la table, sortir du cadre, mais voila reste a convaincre que pour le plus grand nombre l’offre sérieuse pour un deuxième tour c’est Jean-Luc Mélenchon et pas truc ou Machin ou allez au pâquerette sous prétexte de gnagnagna, il y aura toujours des avis divers et variés. Pas l’homme providentiel mais (qu’il m’excuse) c’est tout ce que nous avons en magasin de crédible. Sinon on repart pour un tour a droite toute et vont pas se gêner compter vos abatis.
Denayrolles
Je suis en désaccord avec les considérations énergétiques présentées qui ne font aucune allusion au problème du changement climatique et donc à celui de l’utilisation des énergies fossiles génératrices de gaz à effet de serre. Le débat sur le nucléaire et sa dangerosité devrait porter sur sa maîtrise et la sûreté d’exploitation et pas sur son essence (sinon il faudrait aussi condamner au même titre toute l’industrie chimique, biologique, automobile… qui tuent autant sinon plus que le nucléaire civil). Le contrôle plutôt public que privé de cette activité, et la transparence démocratique associée, sont le véritable enjeu. Se passer du nucléaire, pourquoi pas, mais après avoir préparé sa succession de façon responsable. L’exemple allemand, curieusement jamais rappelé, est bien à ne pas suivre.
Ne plus augmenter l’effet de serre pour préserver l’avenir de l’humanité passe par les économies d’énergie, les énergies durables et le nucléaire. C’est ce qu’affirme le GIEC et nombre d’experts de l’énergie, sachant que la place exorbitante actuelles des énergies fossiles nous conduit à la catastrophe. La loi sur la transition énergétique votée l’an dernier est une mauvaise loi qui a par exemple complètement écarté le problème des émissions polluantes du secteur des transports. Je regrette le suivisme partisan et démagogique qui consiste à être contre le nucléaire pour avoir l’air intelligent et responsable. Gare au retour de bâton de la réalité !
Happifiou
Votre point de vue n’est pas incompatible avec la position de Jean-Luc Mélenchon. L’article auquel vous réagissez ne rappelle pas, en effet, cette position, mais n’est pas non plus contradictoire.
Je vous recommande de visiter le site jlm2017, dans la rubrique concernant le projet et plus particulièrement « La planification écologique ». Vous y trouverez ce que contenait le programme de 2012 l’Humain d’abord, et que Jean-Luc Mélenchon propose en prémisses de la réflexion engagée pour définir collectivement le programme 2017. Vous y trouverez ceci :
« Nous proposerons un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France. Ce grand débat devra permettre la remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire et préparer le remplacement des énergies fossiles. Il se déroulera sous contrôle citoyen de l’information jusqu’à la prise de décision et se terminera par un référendum. Dans le domaine du nucléaire civil, l’ensemble des possibilités – dont la sortie du nucléaire ou le maintien d’un nucléaire sécurisé et public – sera alors tranché. Aucun choix définitif en matière de politique énergétique ne sera effectué avant la conclusion de ce grand débat public. Sans attendre, la réinternalisation de toutes les opérations de maintenance et de sûreté nucléaire sera engagée. »
Si je ne me trompe, c’est très exactement ce que vous recommandez, non ? Ne vous fiez pas aux élucubrations des « suivistes partisans et démagogiques », revenez aux fondamentaux : le programme de 2012 en cours d’actualisation.
pdef12
Je suis assez d’accord avec ce commentaire, l’agressivité en moins. C’est vrai que le dérèglement climatique est le problème numéro 1. Il concerne le monde entier et peut avoir des conséquences négatives sur des centaines de millions de personnes. C’est à dire infiniment plus qu’une catastrophe nucléaire. Dans l’ordre, je pense qu’il faut d’abord se débarrasser des énergies carbonées et ne surtout pas faire comme les allemands qui ont augmenté leur consommation de gaz après la fermeture des centrales nucléaires.
Mélenchon me donne l’impression d’avoir sur le nucléaire le zèle un peu excessif des nouveaux convertis.
jlmld
Enfin une remarque responsable sur le sujet. Je pense aussi que le véritable enjeu du nucléaire passe par son strict maintien dans la secteur public et, par la même, par une grande transparence sur sa sureté d’exploitation et la totale maitrise de sa maintenance en limitant la sous traitance aux activités secondaires. Il reste indéniable qu’il faut dès à présent, parce que nous avons pris du retard dans le domaine, engager les recherches conduisant à la substitution du nucléaire mais toujours, et c’est capital puisqu’il s’agit d’un long terme, dans le même cadre public.
L’energie, tout comme l’eau, n’est pas une marchandise comme une autre.
Pastit
Evidemment qu’il ne faut pas passer de tout à rien du jour au lendemain et que tout cela mérite réflexion collective et démocratique ainsi qu’une démarche affichant des priorités. Il n’empêche que l’énergie nucléaire c’est, aussi, un dérèglement de la vie sociale et de l’écosystème lorsqu’il y a un accident (même mineur) : personnes irradiées, pollution de l’environnement, etc. sans parler des explosions bien connues. La grosse différence c’est que, au jour d’aujourd’hui, on a aucune solution au nettoyage de la radioactivité pour des milliers d’années ! De plus, en tant que Meusien, je n’accepte pas qu’on enfouisse les déchets dans notre département parce que nous sommes peu nombreux (c’est la vraie raison du choix du site de Bure), en utilisant les mannes financières qui permettent d’acheter les consciences ! La solution énergétique n’est donc pas le nucléaire et il faut aspirer à s’en débarrasser dès que possible sans pour autant utiliser des remèdes dramatiques comme les centrales à charbon. On doit pouvoir être d’accord sur ces points.
tchoo
Notre captaine de pédalo est en train de se rappeler qu’il lui faudrait montrer un peu un visage de gauche. Il fait critiquer (oh si peu) par son premier ministre le TAFTA, et il tente de faire les gros yeux à Gattaz. Christophe Alévêque a raison de vouloir porter plainte pour vol d’effet comique.
Jean ai marre
Comme toujours le billet est très fort, très intense, et fort argumenté. De quoi alimenter toutes les conversations que nous avons entre citoyens. Sur la loi El Komri, on peut ajouter que c’est Bruxelles l’investigateur. Comment faire pour tirer les pays de l’Europe vers le bas ? Maintenant c’est Guettaz qui fait du chantage ! Dans l’enquête parlementaire, seul Jean-Claude Mailly a été parfait dans l’analyse du projet de loi. D’ailleurs, Jean-Claude Mailly s’est adressé à la ministre du Travail pour lui indiquer que « FO se réserve le droit d’ester en justice » contre la légalité de la loi Travail. A contrario du Conseil d’État, FO estime que « les dispositions de l’article L1 du Code du travail n’ont pas été respectées ». La CFDT, pareille a elle même, négocie le poids des chaînes. La CGT n’est pas venue. Magnifique front syndical entre FO, Sud, et la CGT.