Ceci est un carnet de voyage. Je suis au Québec. J’y resterai plusieurs jours. Mon programme est bien chargé. Je prévois un bulletin régulier sur mon séjour. Pourquoi le Québec ? D’abord respirer un air moins nauséabond qu’en France. Certes, ils crèvent de libéralisme économique comme tout le monde mais quant au reste, ils peuvent nous apprendre à vivre au 21 ème siècle. Ici on s’apprête à légaliser le cannabis et à voter « l’aide à mourir ». Il y a peu, on y a abrogé la déchéance de la nationalité. Mais je viens ici surtout comme à une étape de la bataille contre les traités de libre-échange dont le vote va se jouer dans les prochaines semaines en Europe.
Je vais rencontrer plusieurs syndicats et associations qui combattent le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA). C’est une très grosse affaire dont vous ne savez rien sans doute. Je l’explique. Mais je vais aussi présenter mon livre « L’Ère du peuple » dans une conférence à la bibliothèque nationale. À cette occasion, je vais confronter mon analyse avec des gens qui ont eu à connaître concrètement de mes thèses : les acteurs du « printemps érable québécois » dont je vous raconte ici en quelques mots l’histoire. Et bien sûr, je vais avancer quelques idées à propos de l’avenir de l’Europe et de notre pays. Je rencontrerai aussi de nombreux dirigeants de partis politiques québecois et canadiens, des intellectuels.
Enfin, sachez qu’il y a 180 appuis pour ma candidature dans le vaste Canada. Je rencontre donc le groupe des Insoumis de Montréal et le comité du PG de la grande ville québécoise qui militent auprès des cent mille français expatriés au Québec. Un mot enfin pour avouer qu’il est impossible de cacher l’excitation de ce voyage vers une terre aussi pleine d’émotion pour un Français que le Québec. N’en parler jamais, y penser toujours !
L’un des temps fort de ma visite sera évidemment cette conférence à la Bibliothèque nationale de Montréal. J’y présenterai mon livre L’Ere du peuple. Je serai accompagné par Gabriel Nadeau-Dubois. Il a 26 ans. Son nom vous dit sans doute quelque chose. En 2012, il était l’un des porte-parole de la grève étudiante contre la hausse des frais d’inscription à l’université au Québec décidée par le gouvernement libéral de la province. C’était le mouvement des « carrés rouges » puisque les étudiants s’accrochaient des petits carrés de tissu rouge à la boutonnière en signe de ralliement et de protestation. J’étais alors en campagne présidentielle. Je n’avais pu me rendre sur place pour apprendre de ce mouvement comme j’essaye de le faire chaque fois qu’un insurrection populaire s’affirme ici ou là. Pourtant, ce mouvement était bel et bien un maillon de la chaîne des évènements qui unit les indignés de la Puerta del Sol, le « printemps arabe », notre campagne présidentielle d’alors, la montée de Syriza. Bref : l’exportation du cycle commencé en Amérique latine sur le reste du continent américain, le Maghreb et l’Europe.
Le « Printemps érable » fut une démonstration incroyable des traits forts du processus de révolution citoyenne avec sa propagation en comités citoyens dans les quartiers, sa technique d’occupation de l’espace public. A cette heure, la victoire de Syriza, l’émergence de Podemos, la victoire de Corbyn dans le Labour, la percée de Bernie Sanders et la campagne des « insoumis » tout cela tient d’une même cordée politique si diverses que soient les situations, les motivations, la maturité des processus, les personnages et les formules politiques.
Je reviens quand même sur ce « Printemps érable » canadien. J’en résume l’argument. Les étudiants québécois luttaient contre une hausse des frais d’inscription à l’université de plus de 1600 dollars canadiens par an, soit environ 1200 euros. Cela revenait quasiment à doubler ces frais d’inscription. Cette décision a provoqué une grève étudiante d’une ampleur inédite au Québec. Elle a rassemblé les trois principales associations étudiantes du Québec : la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ), la Fédération Étudiante Collégiale du Québec (FECQ), et la Coalition Large de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE), dont Gabriel Nadeau-Dubois était le porte-parole avec Jeanne Reynolds. La hausse des frais d’inscription revenait à exclure de l’université de nombreux jeunes des classes moyennes ou à les obliger à s’embaucher encore davantage pour financer leurs études. Ou à les pousser à s’endetter massivement au risque de former une nouvelle bulle, celle de la dette étudiante. Une question qui mettait en scène le processus de marchandisation du savoir et de sa production. Cela nous concerne de près avec le processus européen qui s’installe sur ces bases. Je note d’ailleurs aussi que la question des frais d’inscription à l’université est aussi au cœur de la campagne de Bernie Sanders aux États-Unis, qui réclame la gratuité de l’enseignement supérieur.
Cette grève étudiante québécoise a durée huit mois, de janvier à septembre 2012, et s’est transformée en mouvement populaire global, d’où l’appellation « Printemps érable » en référence aux « printemps arabes » de l’année précédente. Le gouvernement de la province a d’abord méprisé le mouvement, appelant les universités à ne pas reconnaître les votes de grèves des assemblées générales étudiantes. Mais fin mars 2012, un mois et demi après les premiers votes de grève, le mouvement a pris une ampleur encore plus grande. 300 000 des 400 000 étudiants du Québec se sont alors mis en grève : les trois quarts ! Le mouvement a ensuite reçu l’appui des syndicats et des enseignants.
Face à cela, le gouvernement libéral de l’époque a choisi la répression. Il a fait voter en urgence mi-mai 2012 la « loi 78 ». Cette loi obligeait les universités à dispenser les cours prévus et punissait l’entrave au cours par les piquets de grève. Le droit de manifester était restreint et les pouvoirs de la police pour encadrer et disperser les manifestations élargis. 3 500 personnes ont été arrêtées et 500 jugées suite à cette loi et dans le cadre du mouvement étudiant. Des actes de très grandes violences policières ont été constatés dans la logique folle qui s’est observée en Espagne et ailleurs. C’est sur la base de cette loi qu’a été poursuivi Gabriel Nadeau-Dubois lui-même, comme je vais le dire dans un instant.
Le mouvement ne s’est point laissé débander. Les manifestations dans les rues de Montréal se sont amplifiées. Ce sont les plus grandes depuis celle contre l’invasion de l’Irak en 2003. Le Québec a connu un ample mouvement populaire multiforme : les citoyens se retrouvaient chaque soir dans les rues et sur les places pour frapper sur des casseroles en signe de contestation. Ils arboraient le carré rouge, symbole de soutien aux revendications étudiantes. Ce mouvement a été si puissant que la ministre de l’enseignement supérieur a dû démissionner dès le mois de mai 2012. Avant que le gouvernement libéral tout entier ne suive en août, après avoir convoqué des élections anticipées qu’il a perdu ! Le Premier ministre sortant a été battu, la loi 78 abrogée et la hausse des frais d’inscription quasi-totalement abandonnée. Un bon modèle pour ce que nous vivons en France en ce moment avec la mobilisation étudiante et salariée contre la loi El Khomri. D’où l’importance de voir le mouvement « Nuit debout » se répandre de ville en ville, sans se préoccuper des épisodes contrariant du chemin ni des erreurs éventuelles ni des tentatives de récupérations groupusculaires qui peuvent aussi s’observer. Pour être contagieux et être fort, « Nuit debout », comme le « Printemps érable », le mouvement doit rester radicalement indépendant et fuir tout ce qui pourrait le carteliser.
Gabriel Nadeau-Dubois a été poursuivi en justice pour son activité syndicale pendant ce mouvement. La criminalisation de l’action syndicale est une constante sous tous les gouvernements « libéraux ». La décision finale de la justice est attendue pour jeudi 22 avril, veille de notre conférence commune. Quatre ans après les faits ! Quatre ans d’acharnement judiciaire contre l’un des leaders d’un mouvement social victorieux ! Ici aussi, les nôtres prennent de rudes coups mais ils ont la tête dure et ne cèdent jamais.
Qu’est-il reproché à Gabriel Nadeau-Dubois ? D’avoir « outragé » les tribunaux en appelant à la désobéissance civile et à des piquets de grève alors que la justice ordonnait la reprise des cours pour casser les votes de grèves des assemblées générales étudiantes. Nombreux sont les juristes et les magistrats qui ont trouvé cette décision excessive et confinant à la répression politique. La cour d’appel avait donc déjà cassé le jugement le 22 janvier 2015. Mais ici, comme sous Valls et Hollande, d’aucuns se sont acharnés. C’est donc la Cour de Cassation qui va dire le dernier mot ce jeudi 22 avril. Elle devrait sans doute confirmer la décision d’appel. Un soulagement pour lui. Tout de même, cet homme jeune a d’autres fronts où dépenser son énergie ! Mais ce sera une ultime victoire pour le « Printemps érable ».
Gabriel Nadeau-Dubois n’est plus un leader étudiant. Les dirigeants des deux Fédérations étudiantes québécoises non plus. Eux ont depuis été candidats ou élus sur les listes du Parti québécois, parti partisan de l’indépendance du Québec d’orientation plus ou moins social-démocrate. Gabriel Nadeau-Dubois lui, a décidé de poursuivre la lutte pour une alternative radicale sans s’affilier à un mouvement en particulier. Après avoir raconté la grève du « Printemps érable » dans un essai en 2013, il a obtenu un prix de 25 000 dollars pour ce livre. L’équivalent de 18 000 euros. Qu’en a-t-il fait ? Il a décidé de remettre cet argent au collectif de lutte contre la construction d’un oléoduc lançant par la même occasion une souscription qui a permis de lever 385 000 dollars canadiens !
Il poursuit aujourd’hui ce combat contre les hydrocarbures et le changement climatique à travers la plateforme Elanglobal qui regroupe plus de 40 000 personnes au Québec. Elle appelle à « se libérer des hydrocarbures et bâtir un monde juste et viable ». On voit qu’à l’heure où la mobilisation citoyenne a si bien réussi à Pau contre le sommet des amis du pétrole, nous sommes bien sur la même planète, à tous points de vue (une pensée amicale pour mes camarades Martine Billard et Danielle Simonnet parties bloquer l’entrée du sommet avec les militants d’Attac organisateurs de l’action). Je vais apprendre de cet homme si bien avancé dans la lutte pour l’intérêt général humain. Je crois que nous devrions trouver de nombreux sujets d’accord.
Voyons d’abord la lutte contre le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. C’est la raison principale de ma visite. Car ce projet est censé être adopté d’ici la fin de l’année, peut-être même dès cet été. En tout cas avant l’élection présidentielle française de 2017. Les eurocrates libéraux et sociaux-libéraux qui gouvernent n’ont évidemment pas prévu de consulter les citoyens sur ce projet. Mais le Parlement européen aura le pouvoir de rejeter cet accord. Chacun devra donc se positionner clairement et assumer son vote et ses conséquences. Car le projet d’accord avec le Canada sert aussi de cahier de brouillon à l’accord entre l’Union européenne et les États-Unis.
Je me réjouis de voir que le combat contre ces deux traités en négociation mêle les questions sociales, écologiques, sanitaires et démocratiques. Le refus du libre-échange est la position de regroupement des altermondialistes depuis le début et les manifestations contre l’Organisation Mondiale du Commerce. Certains ont encore peur du mot protectionnisme, mais pas moi. Si nous voulons mettre au pas les multinationales, conquérir de nouveaux droits et préserver la souveraineté populaire face aux firmes transnationales, c’est bien une politique de protectionnisme solidaire qu’il faudra mettre en œuvre. C’est de tout cela que je vais parler avec les syndicats québécois et canadiens. Car un jour prochain, au moment de renverser la table il faudra bien savoir sur qui s’appuyer et comment proposer des convergences.
Voici le moment de rafraîchir nos savoirs à propos de l’affaire du CETA. Elle est quasi totalement inconnue France hors des cercles militants ! Le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), ou AECG, (Accord Économique et Commercial Global) en français, est un nouveau traité international qui se trame dans notre dos. Une idée de reportage pour France 2, qui à propos d’Europe pourrait à cette occasion renoncer à faire prévaloir le dérisoire sur l’essentiel ? Lancé en 2009, cet accord vise officiellement à déréguler le commerce entre l’Union européenne et le Canada. Et, comme pour le Grand Marché Transatlantique (GMT), pour s’assurer du consentement des populations, tout se déroule dans le plus grand secret. Ainsi, même la résolution votée par le Parlement européen le 10 décembre 2013 à son sujet ne contenait aucun élément précis sur le contenu des négociations, si ce n’est quelques phrases habituelles nous assurant du respect des « droits de l’homme et de la démocratie ». Et bien que la résolution ait demandé à « garantir la pleine implication, l’information et la consultation de la société civile et des principales parties prenantes au cours du processus ». Lors de la conclusion des négociations en septembre 2014 le contenu de l’accord : un document de 500 pages, complété par 1 000 pages d’annexes, n’avait toujours pas été publié, que ce soit par la Commission européenne ou par le gouvernement français.
À la lecture du document, on comprend mieux leur empressement à nous en cacher le contenu. Au menu : la suppression totale des droits de douane pour commencer. Mais aussi « l’harmonisation » des normes sociales, sanitaires, environnementales ou techniques, via une nouvelle institution, le Forum de coopération réglementaire, visant à « réduire les différences de réglementation non nécessaires » et dans lequel les représentants des grandes entreprises auront toujours plus de poids et de moyens que les PME et les organisations de défense de l’intérêt général. Ce mécanisme fait du CETA un traité « vivant », qui ne fait pas qu’influencer les règles actuelles mais modifie les processus de décision pour écrire l’avenir. Enfin, le traité prévoit la fin des limitations d’accès aux marchés publics et ouverture du marché des services. En bref, libéralisme à tous les étages.
À l’instar du Grand Marché Transatlantique (GMT), le projet initial CETA prévoyait un mécanisme de règlement des différends Investisseurs-États (ISDS). Vous savez, les fameux tribunaux d’arbitrage privé ! Il y a eu là un peu d’émotion. L’opinion étant en alerte en raison du traité TAFTA. Il fallut remanier le texte pour faire baisser la température qui serait bien montée si les gens avaient découvert que pendant qu’on les lanternait avec le traité TAFTA, on leur faisait avaler pire avec le traité CETA… Dans une version remaniée en février 2016, ce mécanisme de tribunaux d’arbitrage a été remplacé. Les poètes à l’œuvre ont inventé un système de « Cour sur l’investissement » (ICS). Pompeux et verbeux à souhait. Mais ce système reste de toute façon un système de juridiction parallèle à celui des États. Il autorise toujours les investisseurs à choisir le droit qui leur sera le plus favorable entre les tribunaux nationaux et l’arbitrage international. D’ailleurs, l’obligation pour eux de commencer par passer d’abord par les voies de recours nationales et ceci jusqu’à ce qu’elles soient allées au bout des procédures possibles n’est pas prévue. Enfin, ce nouveau mécanisme réserve le monopole du dépôt de la plainte aux entreprises ! Autant qu’elles veulent ! Rien n’est prévu en cas d’abus.
En fait, ce système permet surtout de pérenniser et d’institutionnaliser le principe d’un arbitrage « investisseurs contre État ». Ce dont nous ne voulons pas. Car on connait la conséquence : la souveraineté des États et leur droit à réguler est limitée. Elle reste soumise à un « test de nécessité ». Ce jargon embrouilleur signifie que « l’arbitre » (le « juge ») a le pouvoir de se prononcer sur la nécessité des mesures prises par les gouvernements ! Oui, rien de moins ! Un « arbitre » décide si un objectif de politique gouvernementale est légitime et si le moyen pour l’atteindre est valable. On comprend bien que dans le contexte où le traité se négocie en même temps que celui avec les USA, les passerelles sont spontanément installées ! Ces dispositions sur la protection des investisseurs pourront aussi être utilisées comme un cheval de Troie par les USA. En effet, 81 % des entreprises états-uniennes présentes en Europe possèdent également une filiale au Canada. Elles pourront donc utiliser ce traité et sa « Cour sur l’investissement » pour porter plainte contre les États européens en cas de désaccord, avant même la conclusion du Grand Marché Transatlantique. Et il va de soi que ce modèle puisqu’il aura été accepté avec le Canada, pourrait être recopié tel quel pour rédiger le « compromis final » sur TAFTA avec les Nord-Américains.
La procédure de ratification de cet accord comme son calendrier restent toujours à cette heure dans un flou total ! Tout d’abord, nous ne savons toujours pas si l’accord sera considéré comme mixte par la Commission européenne. Autrement dit : est-ce qu’ils devront aussi être votés dans les parlements nationaux ou pas et pas seulement par l’UE ! Si l’accord est réputé non-mixte, il suffirait d’une approbation à l’unanimité des vingt-huit gouvernements européens réunis en Conseil de l’UE (vers septembre 2016) et d’un vote au Parlement européen (prévu pour décembre 2016). La question est donc : doit-on demander leurs avis aux citoyens ? Même Martin Schulz, président du Parlement européen, le souhaite dans le cadre de l’accord jumeau avec les USA. Du moins c’est ce qu’il a laissé comprendre au micro de France Inter ce lundi en déclarant « On aura besoin de la ratification de 700 parlementaires et de 42 Parlements nationaux (…) ça sera la transparence totale ».
Ce n’est pas simple à suivre j’en conviens. On mesure la culpabilité du service public qui ne fait rien pour informer et permettre de comprendre. Pourtant, il y a urgence. Car même si l’accord est finalement jugé « mixte » et doit entrer de force dans le tunnel du processus des ratifications pays par pays, il reste quand même la possibilité que le CETA entre tout de même en vigueur provisoirement avant même le vote des parlements nationaux. Car les règles européennes autorisent les gouvernements européens à appliquer provisoirement, s’ils le souhaitent, tout ou une partie des accords internationaux avant même leur ratification officielle. Vous n’y croyez pas ? C’est pourtant parfois déjà le cas. Par exemple dans les derniers accords avec la Corée du Sud et le Pérou. L’ONG FoodWatch parle à ce sujet d’une sorte de « coup d’État démocratique ».
La résistance à cet accord est néanmoins bien présente. Des deux cotés de l’Atlantique, syndicats et associations bataillent pour empêcher la conclusion de ce traité. Et les Canadiens ne sont pas en reste dans la contestation. Je rencontrerai à ce sujet, ce vendredi, à Montréal, différentes organisations à la pointe de la lutte : FTQ (Fédération des travailleurs du Québec), CSN (confédération des syndicats nationaux), Attac Québec, CSD (confédération des syndicats démocratiques) et le Réseau Québécois sur l’Intégration Continentale. Enfin, du côté européen, l’espoir est aujourd’hui belge, puisque c’est la Wallonie qui menace de bloquer la conclusion de cet accord. En effet en Belgique, le commerce extérieur relève d’une compétence régionale. Le pays aura donc besoin de l’unanimité des régions pour pouvoir signer le traité. Or, la Wallonie s’y oppose par la voix de son ministre-président wallon, Paul Magnette, qui estime qu’il « manque des garanties ».
La contestation institutionnelle est certes encore un peu timide mais elle s’ajoute aux réticences de la Bulgarie et la Roumanie qui ont, elles aussi, annoncé clairement leur refus d’adopter l’accord en l’état, vu le refus du Canada de supprimer la procédure de visa pour ses ressortissants. Nous sommes donc bien loin de l’unanimité des 28 qui sera nécessaire au Conseil pour faire adopter ce traité. La bataille a donc de l’espoir ! À condition de la mener. On ne peut compter sur l’inconsistant Hollande pour cela. Ni sur la « relève » des « républicains », tout aussi atlantiste et libérale. Tant que nous ne sommes pas nous-mêmes aux commandes, il ne faut compter que sur l’action de la société citoyenne et sociale. Encore faut-il se mettre au travail pour faire connaître les enjeux.
De Paris à Montréal, le vol est long, bien sûr. J’écris ces lignes à plus de 2870 kilomètres du but. Reykjavik à ma droite. « Chaque minute de vol, c’est un jour de moins à la nage » m’avait dit une fois un commandant de bord. Cela m’aide à patienter. Mais il y a un autre bienfait : six heures de vol sans possibilité de s’adonner à l’addiction du smartphone. Car je pense le plus grand mal de l’impact de cet outil pourtant vital. Je ne parle pas seulement des ondes qu’il fait rayonner si près de mon corps. Je ne sais rien à ce sujet sinon que j’ai bel et bien une petite angoisse et un gros doute. Ça m’étonnerait que ça me fasse du bien. Et la grosse grappe d’antennes pile poil en face de chez moi ne me dit rien qui vaille non plus.
Mais ici, je parle d’autre chose. Certes, je ne veux pas être ingrat avec l’objet central de mon époque. Le smartphone m’a fait déserter avec délice la sphère de l’info émergée, celle des journaux télévisés et de la plupart de mes journaux papier. Je n’ai pas été moins informé pour autant. Et j’ai découvert des dizaines de sources d’infos précises, sérieuses et sans les injonctions du prêt à penser de la sphère émergée. De plus, le smartphone me permet l’équivalent d’un porte à porte quotidien en tchatant ici ou là, et en répondant à des commentaires parfois sur ma page Facebook. Je m’enhardis aussi depuis quelques temps à aller commenter chez les autres. C’est comme une déambulation, ou une diffusion de tracts. Tous les jours. Un militantisme personnel follement oxygénant. Un petit défi pour moi et une gourmandise car j’ai toujours aimé le dialogue même bien animé. Ce sont donc des moments ou s’affutent pensées et arguments.
Mais à cet instant, j’évoque un autre aspect. L’addiction au smartphone n’est pas seulement une occupation qui peut tout envahir. Elle crée des réflexes comportementaux, de véritables tics mentaux. En bref, elle abaisse la capacité à se concentrer durablement sur un sujet. Je m’en suis aperçu quand j’ai commencé à constater que je me tournai vers mon smartphone pour le consulter en pleine rédaction d’un texte, en pleine lecture d’une fiche ou d’un livre. Exactement comme autrefois je le faisais avec ces cigarettes que je ne touche plus depuis 14 ans bientôt.
Alerte ! Dans mon activité, la capacité à se concentrer vite, fort et durablement est décisive. Le zapping d’activité donne peut-être une illusion de toute puissance et d’ubiquité totale. Mais en réalité, il vous asservit au temps court et vous cloue dans les pulsions. Voilà qui vous dépossède de vous-même, car la conscience de soi ne se possède que dans la durée et la perception d’elle-même. Sur le rocher, la moule est la plus forte malgré les vagues qui le battent. Du point de vue de la lutte, fusse-t-elle intellectuelle, le pulsophone vous met à la merci de qui s’installe dans une temporalité plus calculée, plus lente, c’est-à-dire plus maitrisée.
C’est presque une allégorie de la condition du porte-parole politique que je suis et du candidat que je propose d’être. Je viens de l’éprouver. Un bon sondage m’a valu une mise en lumière qui m’a replongé dans les tourbillons affreux de la vie au rythme des échos médiatiques, des réactions aux réactions et ainsi de suite. Sans oublier le fiel de jalousie et de haine giclant à plein jet de toute la gentry médiatique à qui une bonne nouvelle me concernant arrache la bouche et le pissat de vinaigre des aigris dans les réseaux sociaux. Tout ce que j’ai appris à détester et à ne plus accepter au fil des mois de violences que j’ai vécu en même temps que François Delapierre agonisait. En ce temps-là, je ne me sentais plus capable d’aucune exposition durable tant la vanité de ce qui se faisait et se disait me semblait vertigineuse et jusqu’au sens de ma propre existence, face à au défi sans issue de sa mort annoncée. Je n’en reparle que parce que j’ai le temps d’écrire plus tranquillement et lentement qu’à l’ordinaire.
Bref, je n’ai pas aimé cette brutale accélération du temps politique et de sa violence nous concernant. Je m’en méfie. Il est vrai que c’est un effet d’une conjonction dont nous ne sommes que la conséquence. Retour de la question sociale, de la question citoyenne et spectacle de l’impuissance de la monarchie présidentielle forment un cocktail détonant. Il faut à la fois réévaluer le dispositif et continuer à agir dans toutes les dimensions de la scène. Tandis que toute notre équipe tend ses muscles dans l’effort, je ne suis pas mécontent de pouvoir m’éloigner un peu, hors de portée, surtout pour aller jouer le début d’une partie dont j’espère de nombreux rebondissements intellectuels (chutt !).
Car la meute va se déchainer, les jalousies s’exaspérer. Et nous sommes encore trop tendres, comme des pousses de printemps. Le mouvement « la France insoumise » est encore très balbutiant après dix semaines d’existence. Dans mes plans, cette situation de croisement des courbes avec Hollande et le PS n’était pas envisageable avant janvier prochain. Le dévouement sans borne des militants du PG et de ses réseaux alliés ne peut à lui seul tenir la grande tranchée dans la cour des grands que nous commençons à occuper. Surtout quand les mêmes doivent courir des mobilisations sociales et écolos aux soirées de la Nuit Debout et aux perrons de la Société Générale. Et encaisser la campagne de dénigrement permanent du PCF. Entendre dire que ma « percée dans les sondages ne fait pas reculer le danger du Front national , bien au contraire…. » de la bouche du porte-parole de Pierre Laurent est un signe d’ignominie qui laisse pantois ! « Bien au contraire… » ! Décidément… « Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre » dit l’adage latin.
La solidité de notre équipe de pilotage et le déploiement de tous les postes de combat exige de ne se laisser ni emballer ni griser. C’est une affaire sérieuse que de vouloir conquérir démocratiquement le pouvoir de son pays, renverser un régime institutionnel et mettre en mouvement une force aussi immense que celle du peuple français pour ouvrir une voie nouvelle dans l’Histoire.
Alors je ne veux pas répéter les raisons scientifiques qui me font mettre à distance les sondages comme moyens de connaissance. Mais je connais leur capacité d’injonction. Et je ne voudrais pas que nous y succombions. Car si l’opinion n’existe pas, par contre elle se fabrique. Un jour bleu, l’autre noir. Pour moi, il faut construire patiemment et méthodiquement les moyens de ne pas dépendre de telles sautes d’humeur. Que ferions-nous d’une force dont l’humeur fluctuerait au gré des sondages, des succès accordés et des enthousiasmes de circonstances ? La méthode reste de s’incruster plus avant et plus profond dans les consciences. De construire le mouvement en avançant. Sans oublier un instant que j’ai proposé ma candidature et que la réponse à cette proposition est en cours, tout juste à son début. Elle l’est avec les clics d’appuis sur le site, la formation du collectif des partis et organisations qui veulent se joindre à la campagne, la collecte de financement, la mise en place des groupes d’appuis, la préparation du défilé du 5 juin.
Montréal le 22 avril 2016
41 commentaires
Jan Maertens
Cher Jean-Luc,
Permettez-moi de vous critiquer un peu même si je vous aime bien avec vos coups de gueule et prises de position. J’ai bien aimé « L’ère du Peuple », même s’il m’a un peu déçu et laissé sur ma faim, car je m’attendais à des idées plus « gauchistes », bref.
Vous voyez un peu le Québec comme un touriste bien naïf. Non, le Québec ne s’apprête pas à légaliser le cannabis. C’est Justin Trudeau qui a promis, qu’au cours de son mandat il allait légaliser la marijuana, nuance ! Et croyez-moi ce n’est pas fait, avec tous les opposants. Par contre visitez ce site web instructif créé par un Canadien.
Et l’aide à mourir est loin d’être votée dans un pays, ici le Québec, ou un crucifix est encore accroché au Salon Bleu (l’Assemblée « nationale » québécoise) et ou, si la langue est commune, la mentalité est avant tout nord américaine, c’est à dire assez puritaine. Voici 15 ans que j’habite ici et je ne peux laisser dire tout et n’importe quoi sur le Québec et le Canada. Et la France n’a pas de leçon à recevoir en matière de laïcité par exemple (bafouée tous les jours ici) du Québec ou du Canada, ou règne un multiculturalisme hyper communautariste identique à ce qu’on peut trouver aux États-Unis par exemple. De plus l’accord Europe-Canada est bien loin d’être signé dans sa forme actuelle (et c’est tant mieux) mais vous devez savoir que certains au Québec se voient « souverains » et protectionnistes, bien plus que le…
billel
Excusez-moi, mais c’est vous qui n’êtes pas a jours sur le sujet du cannabis. Il vous a peut être échappé, mais Le gouvernement prévoit de retirer du code criminel la consommation et la possession de cannabis à des fins récréatives, de punir d’avantage les vendeurs qui en délivreraient aux mineurs, ainsi que les personnes qui prendraient le volant après avoir fumé. La ministre a détaillé le plan d’action hier dans un discours donné aux Nation Unis. « Nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels. (…) Bien que ce plan remette en question le statu quo dans plusieurs pays, nous sommes convaincus qu’il s’agit de la meilleure façon pour protéger nos jeunes tout en renforçant la sécurité publique. »
Le gouvernement canadien travaillerait avec ses provinces sur le sujet. L’Etat fédéral se chargerait des problèmes de santé publique et d’extermination du marché illégal, alors que les provinces s’occuperaient de l’approvisionnement et de la diffusion, régulée, de la marijuana dans les lieux de vente.
l'écossais
Merci Jean-Luc de vos nouvelles d’outre Atlantique. Il y a beaucoup à prendre de ce côté. Les mauvaises habitudes de beaucoup de nos compatriotes à critiquer tout ce qui vient de la-bas sont contre productives. Comme disait De Gaulle, quand ils font des conneries ils les font grosses, et ainsi comprennent plus vite leurs inconvénients. Nous pour ne pas faire de conneries, on ne fait rien ! On cause, on cause, on cause. C’est mieux comme ça, des fois qu’un crétin de base ait une meilleure idée que les élites. J’ai vu les blablas du salon de la Mer, à Lorient, que vous avez initié. J’étais sans illusion, mais faudra passer à autre chose un de ces jours, avant trop tard…
Lyendith
Concernant, le TAFTA et le CETA, il me semble que le gouvernement grec actuel y est également opposé. Si Tsipras a jeté à la Méditerranée tout son programme de janvier 2015, il n’est pas (encore) revenu sur cette position. Même s’il serait probablement facile pour la commission de le « convaincre » de changer d’avis.
Vega
Oubliez le fiel des médias ici. Les peuples en lutte ici et ailleurs se respectent entre eux et reconnaissent ceux qui sont de leurs côtés. Vous serez toujours le bienvenu dans un Québec solidaire comme vous l’avez été à la CGT avant votre départ.
magda corelli
Bon séjour au Canada. Je me souviens très bien du printemps Erable et de ce jeune homme. Je suis heureuse qu’il n’est pas mal tourné car ce n’est pas toujours le cas. Voir ce que sont devenus certains leaders lycéens et étudiants en France. Merci de toutes ces informations concernant les traités. En effet, c’est très ardu. Je me demande même si les journalistes à qui vous mâchez le travail vont avoir le courage d’en prendre connaissance. J’apprécie vos remarques sur le smartphone : un empêcheur de communiquer avec les personnes en chair et en os car toutes ont le nez plongé sur cet outil. Je le refuse personnellement et consulte vos messages sur ce blog et c’est bien assez.
Nous serons beaucoup le 5 juin mais ce qui m’inquiète c’est la récolte des signatures des maires et les 200.000 euros que « vous avez ramassés ». C’est peu quand on entend parler de dépassements de campagne se chiffrant à plusieurs millions d’euros (affaire Sarkozy) et d’une levée de fonds à Londres de la part de M. Macron auprès de la Finance.
Matamoros
Bienvenue au Québec,
Votre visite chaleureuse et vos paroles sensées sont un baume pour les « militants » qui, comme moi, ont passé toute leur vie (70 ans) à croire et à lutter pour la justice sociale et économique, l’appartenance culturelle ouverte sur le Monde, la francophonie active et égalitaire… bref pour un Québec indépendant, de gauche, progressiste, ouvert sur le monde. Vous êtes un homme généreux, inspirant, sympathique et cultivé. Bon vivant en plus ! Vous me réconciliez avec mes utopies et mes propres rêves d’un monde meilleur. Bienvenue chez nous et merci.
rage au coeur
« La belle province » a quand même pas mal bougé depuis les années 70/80. J’y ai vécu en 1977 et le poids de la religion y était encore très lourd. Merci donc aux militants et donc à toi Matamoros !
Malgré les icebergs qui dérivent ça et là dans l’Atlantique nord, tisser des liens politiques avec le Québec, va être prolifique. Hauts les cœurs !
Alain Doumenjou
Une fois de plus un billet clair et lucide sur des points essentiels.
Je comprends parfaitement l’utilité du séjour de Jean-Luc au Québec et des enseignements qu’il pourra en tirer et diffuser au sujet des négociations (pardon, des tractations) en cours entre l’UE et l’Amérique du nord. Néanmoins ce qui s’est passé et s’accélère plus au sud depuis son dernier passage en cette partie australe de l’Amérique, où je vis et qu’il affectionne depuis toujours, mérite amplement qu’il y consacre prochainement un autre voyage (matière à d’instructifs futurs billets) car il s’y déroule actuellement une guerre de classes impitoyable qui n’est dans cette partie du monde, en raison d’une situation géopolitique hautement stratégique, que le reflet dramatique et bien vivant d’enjeux planétaires, l’expression la plus concrète de l’essence même du fascisme, facette indissociable du capitalisme prédateur lorsqu’il se sent menacé.
Nicolas.B
Qu’en est il des 500 personnes jugées ? Y a-t-il eu aussi des abus comme en ce moment en France ? J’espère que la conclusion se reproduira ici en mettant un terme à ces gouvernements libéraux et liberticides. En tout cas bon voyage au Québec, on dirait que vous serez mieux accueilli qu’une autre voyageuse. Et comme beaucoup de nous le Québec et son été indien nous fascine, quand à leur projet de traité c’est la continuité de cette Europe que nous n’avons pas voulu déjà en 2005. Ceux qui ont trahi le choix du peuple devront payer un jour ou l’autre leur forfaiture.
Charlie 47
Bon séjour M. Mélenchon. Je suis d’accord sur la presque totalité de vos propositions.
S’agissant du TAFTA, il faut demander un référendum, je ne fais aucune confiance au parlement réuni en congrès (cf le traité de Lisbonne) seul le peuple souverain peut et doit trancher cette question.
En revanche, je suis en désaccord sur votre position concernant le cannabis. Je crois à votre sincérité, mais permettez-moi de vous dire que vous faites fausse route sur ce sujet. Le cannabis est un « opium » du peuple qui endort ses consommateurs, c’est une drogue qui détruit les neurones et le principal carburant économique de l’agitation des cités et de l’économie parallèle.
semons la concorde
La légalisation supprimera la criminalité liée au cannabis, c’est précisément le but. Ce n’est pas différent du tabac. Je sais que je peux en acheter, mais ce n’est pas pour autant que je le fais ! Il faut une grande politique d’information et d’éducation sur le cannabis, au niveau de l’éducation nationale, comme sur le tabac, l’alcool, la prévention routière, etc.
Magisterludi
Comment croire que une fois légalisée la consommation de cannabis sera diminuée, alors qu’elle est déjà la première consommation de drogue en France ? Pourquoi voulez-vous que les criminels qui profitent de ce trafic s’arrêtent de vouloir gagner beaucoup d’argent. Ils feront en sorte que les consommateurs utilisent des drogues illicites plus rémunératrices. On voulait eviter les profits criminels de la drogue et le danger sanitaire, et on aura les deux !
Le Roy
@Magisterludi.
Si ce que vous voulez ce sont des résultats spectaculaires et immédiats alors effectivement vous ne les verrez pas ! Les changements ne se font pas en un jour et les révolutionnaires (surtout ceux des urnes) le savent bien. Ce que vous ne semblez pas savoir, c’est que le cannabis est largement utilisé par les adultes de tous âges et toutes origines sociales à travers une consommation responsable. N’est-ce pas une forme de prise de pouvoir du peuple sur une pratique prohibée ? La légalisation leur permettra enfin d’éduquer leurs futurs ados à une vision mûrie de cette pratique dans un contexte légalisé.
Quand au transfert d’activité des dealers vers d’autres drogues il semble également qu’il vous ait échappé que le fléau d’aujourd’hui chez les jeunes et dans les milieux ouvriers ce sont l’héroïne et le crack déjà largement plus répandus, peu cher, et facile à se procurer dans certaines régions comme la mienne. Et là, croyez moi, on touche à quelque chose de bien plus urgent et complexe à combattre. Par contre c’est sûr, et là je vous rejoins peut-être, qu’une légalisation « sèche » sans une armada de moyens techniques et financiers liés à la pédagogie, aux aspects sanitaires et que sais-je encore risque de montrer des effets limités. Légaliser le cannabis est une réforme qui doit se mener avec la plus grande rigueur.
Olivier91
Hé hé, bien content, à vous lire, de n’avoir pas succombé à l’appel des smartphones. Une tablette pour quand je suis à la maison, et un téléphone tout simple quand je suis de sortie, plus un ordi au travail, évidemment, voilà qui est bien suffisant et me protège des addictions.
Les communistes évoluent. Je cois que nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’au lieu de se chicaner pendant dix mois à discuter sans décider de rien, au nom d’un programme à construire en préalable, on ferait mieux de rejoindre votre candidature tout de suite, et de construire un projet avec vous, les vôtres, et tous ceux qui nous rejoindront en chemin. Vos idées, votre rectitude intellectuelle, votre sens politique et stratégique vous apportent la légitimité la plus grande, sans conteste, sans parler de la vision ecosocialiste qui semble la plus pertinente aujourd’hui. Les communistes finiront bien par vous rallier, avec ou sans l’assentiment de nos dirigeants. Marie-Georges est à deux doigts. Je connais des maires qui en parlent. De votre côté, veillez à ne pas bétonner le mur que certains s’acharnent à ériger. Avec les obstacles que nous auront à franchir, il y aura besoin de tout le monde. Restez droit, digne, et ouvert à l’egard des cocos, y compris en dépit du Melenchon bashing dont ils sont malheureusement parfois capables. Les retrouvailles auront lieu, je ne vois pas d’alternative !
dMc
Ce voyage au Québec où se nouent des contacts entre opposants aux traités scélérats est un bel exemple de renforcements mutuels du nationalisme et de l’internationalisme qui se fortifient avec l’amitié des peuples ( excusez cette formulation un peu pompeuse, mais je n’ai pas trouvé plus élégant dans l’instant pour exprimer ce que je ressens profondément).
Quant à la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon pour 2017, j’ai immédiatement cliqué pour la soutenir. J’ai lu depuis sur le site du Mouvement des Socialistes Insoumis la belle formule « Mélenchon : le candidat de la raison » qui résume assez bien ma position. Mon soutien est raisonné, il s’appuie sur ce que je pense et sur les propositions réfléchies que Jean-Luc Mélenchon a développé ici et dans ses livres ou conférences. En comparaison les déraisonnements de quelques principaux dirigeants du PC les condamnent à court terme ou condamnent leur parti à des alliances honteuses qui vont précipiter, hélas, un éclatement dont on perçoit les prémices.
Richard Fitzgerald
Je vous ai serré la main ce-soir à la sortie de votre hôtel sur la rue St-Laurent. Je suis votre blogue depuis longtemps et j’admire votre ténacité et vos ambitions. Ce que j’aurais voulu vous dire, en tant que franco-ontarien (francophone de l’Ontario) c’est que vous avez aussi des amis du côté du Canada français. Nous allons suivre avec intérêt votre carrière et qui sait, votre route vers la présidence de la 6e République. Bon séjour chez nous.
JudithP
Je suis toujours dans les premiers à lire vos billets, et à les apprécier. Merci de nous transmettre votre enthousiasme et vos espoirs. Peut-être n’est-il pas utile de stigmatiser Polonais et Lituaniens pour encourager la francophonie ? Les Polonais ont choisi majoritairement un gouvernement épouvantable, mais beaucoup d’entre eux sont dans la rue, avec une constance que je ne suis pas sûre que nous aurons au cas où Marine Le Pen parviendrait à son but.
Bernard
Je pense qu’il n’y a pas de stigmatisation des Lituaniens et de Polonais de la part de Jean-Luc Mélenchon puisqu’il dit « …qui sont des gens adorables… » mais avec lesquels, nous Français avons moins d’atomes crochus qu’avec les Québécois.
catherine dumas
Merci de nous faire participer à vos échanges avec nos cousins. Je resterai très attentive à tout ce que vous nous procurerez comme informations.
En France Nuit Debout a beaucoup de mal à se faire comprendre, si cela peut encourager les personnes que vous rencontrerez, il ne faut pas baisser les bras. Nuit Debout lutte. La solidarité fera sont chemin petit à petit dans ce monde absurde.
Bon voyage ramenez nous plein de belles idées.
italianovero
Bonjour,
je t’invite à profiter de ta présence au Québec pour saluer la mémoire d’un syndicaliste progressiste des années 70-80 qui vient de nous quitter, Yvon Charbonneau.
Merci
PIETRON
Découvrir d’autres facettes culturelles et politiques du monde est certainement une bonne chose. Le Québec, le Canada, des contrées hyper capitalistes présentent bien entendu un intérêt notable. Cela dit, je doute que les Français s’intéressent, »sur le champ politique », à cet autre continent voisin des USA. Langue française avec fond « Amérique du nord », c’est bien ce qui caractérise globalement nos amis Québécois. Beaucoup de chemin à parcourir pour renverser la vapeur. Ce continent qui a quand même délogé les autochtones (indiens) par voie violente.
Mais le TAFTA vaut bien ça. Autant aller y prendre la température. Pourquoi pas. Mais je pense que c’est sur le terrain local (européen) et notamment français que l’avenir se joue. C’est bien la vieille Europe et la France en tout premier lieu qui ont été les ferments d’un socialisme toujours à construire, avec la chance de contenir en son sein encore et toujours les idéaux qui portent haut la flamme rouge (au delà d’une direction de parti), n’en déplaisent aux sempiternels allergiques (blancs ou roses).
Bon séjour.
DAVID
Je viens de visionner la vidéo des travailleurs d’Akers Berlaimont menacés dans leur emploi, et j’en sors bouleversé. Comme souvent, après avoir pris connaissance des sujets traités sur le site (l’interview d’une journaliste sur les lanceurs d’alertes, les interventions télé, les positions sur l’actualité récente) dont j’attends avec impatience chaque livraison en fin de semaine.
Je veux après tant d’autres remercier Jean-Luc de rester envers et contre tout (contre tous!) l’honneur de la gauche, d’exprimer avec autant de talent, de justesse et d’authenticité ce que nous ressentons au plus profond de nous-même sans pouvoir, ni parfois oser, l’exprimer, et lui rappeler qu’il est notre dernière chance, sinon d’espérer, du moins d’être représentés avec dignité dans les futures échéances qui s’annoncent.
Courage Jean-Luc, tiens bon, mais pour porter toujours plus haut les couleurs de ce « joli mot, camarade », ménage ta santé, ton hypertension et, comme disait l’autre, ne dispense ton acrimonie qu’avec parcimonie tant le nombre de nécessiteux est important, sans parler des tièdes que ça pourrait rebuter (les autres ne te feront plus défaut) et qu’il faut pourtant bien gagner à la cause pour aller au-delà des 16%. Vaste programme. Mais, bon dieu, que la manœuvre est belle !
Philippe Rottenberg
Bonjour Mr Mélenchon,
Tout d’abord, bienvenu au Québec, je viens d’apprendre votre passage ici par de la famille qui est encore en France. Je vais donc regarder quels sont vos passages à Montreal voir si je pourrai avoir la chance de vous entendre de vive voix et qui sait peut être vous poser des questions sur vos points de vue concernant la France, sa gestion, et ce qui pourrait être changé ou simplement amélioré.
Je me permet donc de faire un petit commentaire sur votre texte concernant les frais d’études que le printemps érable a combattu. Les frais n’ont pas été augmentés c’est vrai, par contre si vous aviez un peu approfondi vos recherches, vous auriez alors constaté que les étudiants ont le droit à des crédits d’impôts et que ceux-ci viennent diminuer en fin de compte la charge réelle des frais. Le gouvernement qui a suivi, qui a été entre autre été élu grâce à la participation massive des étudiants, avait promis de ne pas augmenter les frais d’étude universitaire. Mais en contrepartie, puisqu’il fallait réellement trouver des fonds supplémentaires pour les universités, ce gouvernement de Mme Marois, à tout simplement coupé dans ces crédits d’impôts étudiants dont je parlais un peu plus tôt. Conclusion de l’histoire (certe un peu succincte et rapide), le mouvement du printemps d’érable des étudiants a été excessivement politisé, a permis à un nouveau gouvernement d’être élu, mais pour les étudiants, rien n’a réellement été gagné.
Maryvonne
Réel engouement pour Jean-Luc Mélenchon à Montréal. Arrivée à 15 h pour la conférence à la Bibliothèque nationale, j’ai été repoussée ainsi qu’une centaine d’autres personnes parce que la salle était déjà pleine à craquer. Les gens attendaient depuis midi pour faire la file, et à 15 h ils continuaient d’affluer. Mouvement spontané m’a dit un employé de la Bibliothèque, car la conférence n’avait pas été très publicisée. La prochaine fois, il faudra réserver une salle d’au moins 1000 personnes.
J’espère que ce voyage sera fructueux et qu’il inspirera nombre de Québécois. En fait je n’en doute pas. Le Québec progressiste vous aime, Jean-Luc.
Ronald Thibault
Bonjour Maryvonne. Juste pour vous dire que notre camarade Jean-Luc a salué chaleureusement l’accueil que nous lui avons fait et particulièrement vous toutes et tous qui n’avez pu accéder à sa conférence. Cette attention démontre chez lui un profond respect pour les citoyens.
Denise Gendron
21h j’arrive de Montreal ou j’ai pu in extremis assister a la conférence de Jean-Luc a la Bibliotheque Nationale. Quelle culture, quelle clarté de la pensée et quelle générosité dans l’engagement! Cela valait les presque 5 heures de déplacement. Aucun de nos petits politiciens Québécois, excluant Amir Qadir de QS, n’aurait pu expliquer si simplement les bifurcations inéluctables du monde présent, et les pistes d’espoir ou s’engager. Je suis M. Melenchon depuis 2012, et je l’ai trouvé tel que je l’attendais.
Continuons a tisser ces amitiés entre les insoumis de tous les pays, a partager nos analyses et nos grandes espérances. Vive le peuple!