Le procès des lanceurs d’alerte a commencé. Ces trois-là qui permirent de faire connaître le scandale des arrangements fiscaux au Luxembourg pour les grandes firmes qui y étaient domiciliées. Je n’y reviens que pour vous appeler à vous y intéresser. N’oubliez pas de mettre un commentaire après chaque lecture.
Comment François Hollande a-t-il pu rester silencieux face au coup de force de Barack Obama et Angela Merkel sur le projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis ? Une fois de plus il a accepté l’abaissement de notre pays ! Il s’est contenté d’un strapontin pour boire le café après le repas du maître du monde avec la reine en exercice de l’Europe. Comme avec la Turquie à propos des réfugiés, Merkel décide et reçoit seule. Où est la France ? Assez louvoyé, François Hollande ! Assez de vos ruses médiocres et de vos atermoiements de petit notable corrézien. Il faut dire clairement stop à ce projet. C’est l’engagement que je prends si je dois demain gouverner le pays, même si vos sottises et vos capitulations ont déjà tout rendu plus compliqué. Je traite de cela et des sujets observés depuis le Québec d’où je serais rentré au moment où paraîtront ces lignes. Légalisation du cannabis et abolition de la déchéance de la nationalité sont là-bas proposées par un gouvernement de droite… Avant cela, je fais un rapide tour d’horizon sur notre moment politique.
Une nouvelle rumeur circulant sur la toile selon laquelle je possèderais une montre Rolex, je démens formellement. Je n’ai pas de Rolex et je n’en désire point. J’informe mes lecteurs que ce genre de rumeurs à mon sujet va se développer à mesure que je talonnerai Hollande et que je progresserai.
Quelques sondages favorables ont déclenché un intérêt pour moi que je n’ai pas souhaité. Passer à la moulinette des commentaires fielleux et des analyses de gens de média à qui ça tord la bouche d’envisager que je puisse incarner autre chose que leur fantasmes méprisants, leur sempiternels moulins à clichés ronronnant sur mon agressivité et mes relations personnelles avec Hollande, voilà ce que je ne souhaite à personne. Voyez ce bouddha malfaisant d’Alain Duhamel recopier mot pour mot ce qu’il disait déjà de Vercingétorix après l’avoir interviewé : que je n’ai pas de programme, ni de troupes ni de bon sens. Ce type est tellement pontifiant qu’il n’a pas été jusqu’à aller consulter le site qui lui aurait montré l’étendue de sa suffisance. Mais sait-il seulement allumer un ordinateur ? Bref : à quoi bon ? Qu’attendre de l’homme qui avait pompeusement tout prévu dans un livre sur les présidentielles en 2007 sauf la candidature de Ségolène Royal ! Et de bien d’autres ! D’eux tous il ne faut rien attendre non plus, sinon les mêmes questions politiciennes, les mêmes « angles » étroitement franco-français, macronolâtres jusqu’au ridicule, « nuitdebout/opportunistes » à en pleurer !
En France la conjonction de l’insurrection civique nommée « Nuit Debout » et de la lutte contre la loi travail n’a pas encore produit tout son potentiel ni tout son effet. L’extension de ville en ville de la « Nuit Debout » est un formidable accélérateur des prises de consciences. Que la demande d’une nouvelle Constitution s’impose progressivement est un formidable accélérateur de la révolution citoyenne qui couve en France. Car la confirmation du front syndical du refus est un atout. La volonté de lutte, perceptible au congrès de la CGT, approfondit le rejet du gouvernement et lui donne une portée politique singulière. En effet, les cris et les huées contre le PS au congrès CGT, montant, descendant et reprenant portent loin ! Ils attestent du fait que la connexion politique traditionnelle du monde syndical ouvrier traditionnel avec le parti dominant de la gauche est finie. Elle cherchera donc à se reconstituer ! Parce qu’elle est nécessaire en temps d’affrontement aussi sévère qu’il l’est aujourd’hui face à un Medef aussi exalté que celui qui a tant obtenu d’un gouvernement veule ! Le mouvement des intermittents pourrait bien être l’étincelle qui met le feu à la plaine. Ayez aussi un œil sur la mobilisation chez les cheminots le dos au mur devant la réforme qui brise le rail français.
Dans le poste de pilotage, c’est panique à bord ! Histrions et commensaux jouent des coudes vers les canots de sauvetage tandis que les chefs se disputent l’image du capitaine sur la passerelle. Macron cornaqué par Dray, Hollande soutenu par Le Foll « Hé ho ! Les nuls ! », Valls disjoncté et Cambadélis construisant des décors Potemkine pour que le naufrage ait l’air d’une retraite calculée : autant dire que plus personne ne maîtrise rien et n’est pas prêt d’y parvenir. Quelle déroute ! Car dans le contexte, sur fond de haine populaire et de mépris pour tout et tous, cela prend une tournure de crise de régime. Les chefs n’en croient pas un mot, chacun englouti dans ses calculs médiocres. « Une révolte ? » « Non sire, une révolution ». Les importants ne le savent pas. Ils ne voient qu’une jacquerie ordinaire. Leurs gestes sont et seront donc tous déplacés.
D’un autre côté, ma situation change donc de nature à mesure que je me rapproche du point où les sondages me placeront devant le candidat du PS. On me dit que c’est inéluctable. J’ai déjà dit pourquoi je continue à ne croire qu’aux efforts réels de construction et d’enracinement du mouvement collectif que représente « La France insoumise ». Reste qu’alors si cela se produisait il faudra être capable de rallier tous ceux qui verront alors que le « vote utile » aura changé de titulaire ! Comment ? Comment le faire sans retomber dans la vieille ornière où tout se limite à des accords d’appareils, des partages de circonscriptions et autres délices de l’ancien monde ? Comment tenir le cap de parler à tous, au pays et pas seulement à « la gauche ». Inutile de figer les idées et les trajectoires à cette heure. Mais je sais que je dois tenir fermement le cap fixé.
C’est le programme l’alpha et l’oméga du contrat que je propose avec ma candidature. C’est à cela que je demande adhésion. Le travail en cours à partir, notamment, de « L’Humain d’abord » la plateforme, les 3000 contributions arrivées me prouvent que le travail est en cours et qu’il est compris. 17 insoumis, garçons et filles, se sont attelés à la tache de synthèses et d’auditions par chapitres. En octobre prochain la première Convention nationale du mouvement devrait clore ce cycle. Bref, ma candidature, le programme, la stratégie « fédérer le peuple » et la construction de l’outil ouvert à tous qu’est le mouvement/plateforme « la France insoumise », cela forme un tout. Chaque volet doit être construit en même temps. C’est ce qui se fait. Je crois que nous allons bientôt atteindre les cent mille signatures d’appui et les mille groupes d’appui.
Ces groupes d’appui sont évidemment très divers selon les lieux et les thèmes. Celui que j’ai rencontré à Montréal comptait 62 présents. Cinq seulement étaient des affiliés à un parti (en l’occurrence quatre au Parti de Gauche, une au Parti Communiste). La subdivision de ce groupe est évidemment nécessaire. Pas question de construire des comités de partis traditionnels. Des assemblées générales de temps en temps, oui bien sûr, mais surtout s’enraciner un par un dans un environnement à créer de sympathisants et amis autour de chacun. Je vais vous dire bientôt une consigne à ce sujet. Mais d’ici là, n’attendez pas les consignes. Allez de l’avant. J’en fais autant. Et rendez-vous tous le 5 juin.
Hollande tient la chandelle ! La France ne compte plus pour rien. Les gouvernements allemand et américain sont main dans la main pour boucler les négociations avant la fin de l’année. Ils ont réaffirmé cet objectif dimanche 24 avril lors d’un tête-à-tête. La veille, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté en Allemagne contre ce projet TAFTA. Le lendemain, Merkel et Obama avaient un rendez-vous élargi à François Hollande, et aux Premiers ministres italien et britannique. Rien n’y a fait, ils ont annoncé leur intention d’accélérer les négociations, rien que tous les deux, dès le dimanche. À quoi servait-il donc d’inviter les autres chefs d’État et de gouvernement ? À leur montrer qui commande. Déjà en 2013, c’est Merkel et Obama qui avaient forcé le passage pour lancer les négociations et faire entrer ce projet dans une phase active après des années de préparation en cachette. L’Europe germano-américaine se construit au profit des multinationales. Le lamentable François Hollande regarde ailleurs.
Le journal Le Parisien confirme que nos craintes concernant ce projet de traité TAFTA sont plus que jamais fondées. Les menaces évoquées dans la campagne des élections européennes de 2014 sont toujours là : arrivée en Europe du poulet lavé au chlore, du bœuf aux hormones, facilitation des OGM, privilèges juridiques hallucinants pour les multinationales contre les décisions des États… Le quotidien parisien révèle que les autorités américaines espèrent jusqu’à une hausse de 33 000 % des exportations de poulets états-uniens vers l’Union européenne ! Et tout cela se négocie dans l’opacité la plus totale. Les parlementaires ont seulement le droit de consulter les documents dans une salle fermée, sans téléphone et sans droit de divulguer les informations sous peine de poursuites judiciaires. Sans compter le pire. La négociation sur un mécanisme spécifique aux multinationales pour traiter leurs différends juridiques avec les États continue. Et cela alors même que le Parlement français a explicitement rejeté le principe d’un tel mécanisme ! Mais le gouvernement français accepte cette violation du vote parlementaire français sans broncher. Hollande le petit avale tout en gargouillant des borborygmes.
Il essaye de gagner du temps. Il sait qu’accepter ce projet avant la présidentielle le condamnerait encore un peu plus. Alors il roule des mécaniques comme l’autre soir France 2, le 14 avril. « La France a fixé ses conditions, a-t-il dit. S’il n’y a pas de réciprocité, s’il n’y a pas de transparence, si pour les agriculteurs il y a un danger, si on n’a pas accès aux marchés publics, et si en revanche les États-Unis peuvent avoir accès à tout ce que l’on fait ici, je ne l’accepterai pas ». Mais en 2013, il a accepté l’ouverture de négociations sans aucune garantie sur ces points et sans en avoir jamais parlé avant. Et depuis, il a validé chaque étape de la démarche : nous en sommes déjà à la treizième séance de négociation ! Que faisaient pendant ce temps ses petits bras et ses petits muscles de coq de village ?
Et quand Merkel et Obama décident tout seul d’appeler à boucler les négociations avant la fin 2016, François Hollande se tait. Il se cache. Selon le journal allemand Der Spiegel, il parait qu’il aurait même voulu ne pas aborder le sujet lors du sommet entre chefs d’État de lundi 25 avril ! Pourquoi ? Par peur de déplaire à Obama et Merkel ? Ou par peur de devoir assumer son soutien à ce projet ? Quel simulateur incroyable ! Quelle double face permanente ! Le 10 février 2014, au côté de Obama, il avait dit que ce projet était « une vraie opportunité » et qu’il fallait « aller vite » pour éviter « une accumulation de peurs, de menaces, de crispations ». Il disait même à l’époque, « aller vite n’est pas un problème, c’est une solution » ! Sarkozy « l’Américain » selon Besson n’en a jamais fait autant !
François Hollande rêve de nous refaire le coup du traité budgétaire européen ou le coup de Sarkozy avec le traité de Lisbonne : faire les gros yeux, promettre que ça ne se passera pas comme ça, etc. Avant de se coucher devant Merkel et de signer là où la dame lui demande. Mais nous avons les moyens de ne pas nous faire berner une fois de plus ! ne nous ferons pas avoir une nouvelle fois. Si jamais le traité est finalisé en 2016, il ne pourra pas être ratifié avant 2017. Donc la présidentielle peut fonctionner comme un référendum sur le sujet. A ce stade, on sait seulement que le Parlement européen devra le valider ainsi que les chefs d’État et de gouvernement.
Avec moi, c’est clair : je n’accepterai jamais ce traité. En 2009, j’ai publiquement alerté sur ce projet dangereux pour les droits sociaux et écologiques. J’ai été le seul alors à inscrire la condamnation du traité dans ma profession de foi aux élections européennes. Longtemps j’ai été seul. Je combats pour les mêmes raisons encore l’arrimage de la France à cet OTAN économique qui profitera uniquement aux multinationales, et d’abord aux multinationales états-uniennes. Lors de mon voyage au Canada ces derniers jours, j’ai également dénoncé le frère jumeau du TAFTA, l’accord CETA qui se conclut actuellement entre l’Union européenne et le Canada. C’est le laboratoire du TAFTA. Je suis opposé aux deux. Comme je l’écris dans mon livre l’Ère du Peuple, il faut mettre fin à ce libre-échange intégral qui détruit les économies. Il abaisse les normes sociales, environnementales ou sanitaires. Il donne tous les droits aux multinationales au détriment de toute autre considération. Enfin, il engendre un système de déménagement permanent du monde en faisant exploser le transport de marchandises d’un bout à l’autre de la planète.
Du temps de Lionel Jospin, le gouvernement français a déjà fait stopper un accord de ce type. C’était l’accord précurseur en matière d’avantage donné aux investisseurs contre les États : l’AMI. Il faut faire de même. Stopper les « négociations » et refuser ces deux traités transatlantiques. La logique du libre-échange est une vieillerie sans efficacité économique. Elle ne sert qu’à emballer avec de belles paroles une démolition de toutes les sociétés au motif du moins-disant social comme écologique. La coopération plutôt que le libre-échange ! Voilà pourquoi il faut mettre à l’ordre du jour le protectionnisme solidaire.
Coïncidence : le jour de mon arrivée au Québec, le gouvernement canadien annonçait son intention de légaliser la consommation du cannabis à partir de 2017. Une bonne occasion pour moi de m’intéresser de nouveau à ce sujet. Il revient régulièrement dans le débat en France. Et L’ONU vient de conclure à la défaite de la lutte par la prohibition. La légalisation du cannabis est une promesse de campagne de Justin Trudeau, le chef du gouvernement de droite canadien. La légalisation, cela signifie l’autorisation. Ce n’est pas la seule dépénalisation qui tolère ou limite les sanctions à de petites amendes. C’est donc bien un changement radical dans la manière d’aborder la question.
Qu’on en juge. L’annonce n’a pas été faite par le ministre de l’Intérieur ou de la Justice. Mais par la ministre de la Santé. C’est déjà tout un symbole dans l’ambition affichée. Et elle n’a pas fait cette annonce n’importe où. Elle l’a faite à la tribune de l’ONU. L’occasion, c’était une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée aux drogues. Cette assemblée générale a d’ailleurs constaté l’échec du tout répressif pour faire baisser la consommation de drogue.
Le premier point que je retiens, c’est la volonté d’aborder la question du cannabis en partant des enjeux de santé publique. En 2012, j’avais déjà donné mon point de vue. Je soutenais que le cannabis devait être appréhendé dans le cadre plus global de la lutte contre les addictions et en intégrant le taux très élevé de recours aux anxiolytiques et antidépresseurs dans notre pays. Les choses doivent être dites clairement. Fumer du cannabis n’est pas souhaitable du point de vue de la santé. En annonçant la légalisation de la consommation de cannabis, la ministre n’a pas appelé à en fumer. Bien au contraire. Elle a déclaré « nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels. (…) Nous sommes convaincus qu’il s’agit de la meilleure façon pour protéger nos jeunes tout en renforçant la sécurité publique. » Donc la légalisation annoncée est loin d’être totale.
Tout l’enjeu est là. Le Premier ministre Trudeau avait promis des lois « qui légaliseront et réglementeront la consommation de marijuana et limiteront l’accès à cette substance ». Il ne s’agit donc pas pour le gouvernement Trudeau de permettre à n’importe qui d’acheter du cannabis n’importe où. Et bien sûr cela ne revient pas à considérer ce produit comme anodin. Certains usages peuvent être spécialement morbides. Ainsi, les médecins alertent sur la nécessité de commercialiser le cannabis dans des conditions qui évitent les cocktails avec le tabac ou l’alcool. Mais on conviendra que bien des cocktails morbides se pratiquent déjà en toute légalité.
Le deuxième argument de la ministre canadienne est que la légalisation va « renforcer la sécurité publique ». Comment ? C’est le point essentiel à mes yeux. En tarissant les trafics. Le député en charge de la question du cannabis au parti libéral canadien, celui de Trudeau, n’est autre qu’un ancien chef de la police de Toronto. Vous aviez bien lu. Un ancien chef de la police partisan de la légalisation du cannabis ! Il explique calmement « nous allons prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses : légaliser le cannabis, mais aussi encadrer strictement sa consommation et la restreindre pour les jeunes ». Car il constate que l’interdiction en vigueur au Canada comme en France et dans la plupart des pays du monde n’a pas empêché l’explosion de la consommation. L’interdiction a en revanche eu pour effet très puissant de développer les trafics. Et avec ces trafics s’est développée toute une économie parallèle qui va avec gangrenant certains quartiers, parfois des territoires immenses et même certains pays tout entier.
La pénalisation dans ce contexte, cela signifie une course sans fin, une charge de travail des policiers et des magistrats sans aucun résultat probant au niveau de la consommation. Au Canada, environ 100 000 infractions en lien avec le cannabis sont recensées chaque année. Mais dans les deux tiers des cas, il s’agit seulement d’interpellations de personnes en possession d’une petite dose de cannabis. On peut en dire autant chez nous en France ! Les forces de police sont-elles plus utiles à courir après un fumeur de joint où à démanteler des réseaux mafieux ? Légaliser non seulement la consommation mais aussi la vente permettrait de « couper l’herbe sous le pied des trafiquants », comme le disent de nombreux spécialistes de sécurité publique. Et l’argent public est-il mieux dépensé en patrouilles pour saisir quelques grammes de shit ou dans des campagnes de prévention et d’accompagnement de ceux qui veulent sortir de la consommation ? Et au retournement rééducatif des trafiquants repentis qu’il faut organiser pour que l’assèchement du trafic puisse assécher toute la chaîne des agissements que la prohibition rend rentable !
Mais j’apprends aussi du ministre de la Santé de la province du Québec. Un libéral aussi. Il se garde bien de donner son avis sur la légalisation. En effet c’est une compétence de l’Etat fédéral Canadien et non des provinces. Mais il appelle à bien réfléchir à la question et à ses modalités. Selon lui, « le premier pas, s’il n’est pas le bon, peut provoquer des dégâts. C’est comme sortir quand il vient de pleuvoir l’hiver : s’il n’est pas le bon, on va déraper, on va tomber et on va se casser quelque chose. Le premier pas ne devra pas aller trop loin, parce qu’on ne sera jamais capable de revenir en arrière. C’est sûr qu’à partir du premier pas, tout le monde va vouloir aller plus loin.» Je sens bien ce que cette sorte de prudence peut signifier de réserves. Mais je la mentionne parce qu’elle fait réfléchir sérieusement aux conditions concrètes de la mise en œuvre.
La légalisation permet de réglementer et de contrôler la production, la vente et donc la consommation. Dans certains pays, comme l’Uruguay, la légalisation du cannabis s’accompagne d’un monopole d’État pour sa production et sa commercialisation. C’est une restriction de taille pour qui craint que les financiers ne s’emparent du magot sans souci de santé ou de sécurité publique. Au Canada, un groupe de travail a prévu de se pencher sur tous les aspects de la question au Canada : « règles d’accessibilité, âge légal de consommation, prix de vente, taxation, taux de THC, le principe actif du cannabis autorisé, contrôle de la qualité des produits, des réseaux de production et distribution… » comme l’écrivait Le Monde en février. On pourrait ajouter aussi les lieux et heures de vente. Ce n’est pas du tout la même chose de trouver le cannabis en pharmacie, dans des bureaux assermentés ou à l’épicerie du coin par exemple. Aujourd’hui, par exemple, le Canada autorise la production, la commercialisation et la consommation de cannabis à des fins médicales. Mais les producteurs-distributeurs doivent tous obtenir une licence délivrée par les autorités.
Un autre argument souvent donné pour légaliser le cannabis est l’intérêt fiscal pour l’État. Une vente légale et encadrée, c’est une vente taxée et donc de nouvelles recettes fiscales. Au Canada, ces recettes fiscales sont estimées entre 2 et 7 milliards d’euros par an selon le système retenu. Le pays compte 36 millions d’habitants, deux fois moins que la France. Le chiffre parait élevé ; en France, les études tablent sur une recette fiscale de 1 à 2 milliards d’euros par an. Cela permettrait de dégager des moyens financiers importants pour lutter contre les addictions et les drogues par des moyens plus efficaces que l’interdiction. Mais le simple gain fiscal ne saurait être un argument suffisant en matière de sécurité ni de santé publique. En tout cas, pas plus que ne devrait l’être le « ça coûte trop cher » de nos adversaires dès lors qu’il est question de renforcer le nombre de fonctionnaires de police, la prévention et la prise en charge collective des soins par exemple.
Je sais bien que la question de la dépénalisation et, encore plus, de la légalisation du cannabis pose d’autres questions. Parfois des questions morales qui doivent être respectées à condition qu’elles n’empêchent pas le débat rationnel. Parfois, les questions posées sont très lourdes, notamment en ce qui concerne la crainte d’un report vers d’autres drogues plus dures, tant du côté des consommateurs que des dealers et réseaux mafieux. Pour ma part, je n’y crois pas. Le prix et les conditions sociales de l’usage jouent un très grand rôle dans la consommation. Évidemment, il faut aussi tenir compte aussi de l’impact en matière de sécurité routière. Une question à vrai dire déjà posée. Au final, l’expérience de l’alcool, dont les effets d’addiction et de morbidité ne doivent jamais être oubliés, montre que la prohibition n’est pas la solution pour contrôler les risques avec le plus d’efficacité.
La honte ! Au moment où François Hollande proposait la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, le Canada supprimait cette mesure ! Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait promis dans sa campagne électorale d’abroger la loi permettant de déchoir de sa citoyenneté canadienne un Canadien condamné pour atteinte à l’intérêt national. Il est entré en fonction le 4 novembre 2015. C’est à dire dix jours avant les attentats de Paris. Et treize avant le honteux discours de François Hollande proposant cette mesure piochée dans le catalogue de l’extrême-droite. Justin Trudeau a déposé en février un projet de loi abrogeant la possibilité de déchoir de sa nationalité un Canadien binational. Ce chef de gouvernement est pourtant un « libéral ». Il est censé être plus à droite qu’un supposé « social-démocrate » français comme Hollande. C’est dire si ces étiquettes ne disent plus grand-chose de la réalité de l’action politique. Et surtout si François Hollande a vraiment tourné le dos à toute l’histoire républicaine et progressiste en proposant une telle mesure.
Le projet de loi abrogeant la déchéance de nationalité pour les Canadiens a été présenté le 25 février dernier. Juste au moment où le Parlement français débattait de l’introduction de cette mesure pour les Français binationaux. Le contraste est frappant. Au Canada, une loi avait été adoptée en mai 2015 pour déchoir de la citoyenneté canadienne les binationaux. Précisément ceux qui avaient été condamnés pour actes de terrorisme ou crimes contre l’intérêt national. Cette loi avait été adoptée sous la majorité conservatrice de l’époque. C’était à la suite d’une attaque djihadiste spécialement horrible contre le parlement Canadien. Je précise pour mes lecteurs que le terme de « citoyenneté » est dans le cas canadien absolument synonyme de « nationalité » au sens où ce mot est utilisé en France. À l’époque où fut votée cette loi, le leader du parti libéral Justin Trudeau était alors dans l’opposition. Il avait promis d’abroger cette mesure s’il remportait les élections suivantes. Son parti a remporté la majorité des élections en octobre. Voilà déjà une leçon : emprunter aux discours de l’extrême-droite et de la droite extrême n’est pas le meilleur moyen de gagner les élections !
Le nouveau gouvernement a proposé un projet de loi abrogeant cette mesure en février 2016. Il est en cours d’examen au Parlement canadien. Le ministre du gouvernement Trudeau défend sa position avec des arguments identiques à ceux que nous avons utilisés contre le projet de François Hollande. La précédente loi « a créé deux classes de Canadiens et nous croyons fortement qu’il n’y a qu’une classe de Canadiens et que tous les Canadiens sont égaux. Tous les citoyens canadiens sont égaux devant la loi, qu’ils soient nés au Canada, aient été naturalisés au Canada ou possèdent une double citoyenneté » a ainsi déclaré le ministre chargé du dossier. « On ne peut faire son choix entre les bons et les mauvais Canadiens. Tous ceux qui commettent des crimes devraient faire face aux conséquences de leurs gestes par le truchement du système judiciaire canadien » et seulement de cette façon.
Un seul individu avait été déchu en vertu de cette loi, un canado-jordanien condamné à perpétuité en 2006 pour avoir planifié un attentat à Toronto, et déchu en octobre dernier, en pleine campagne électorale. Il sera même rétabli dans sa nationalité canadienne. Dorénavant, il restera seulement possible de déchoir de sa nationalité une personne qui aurait obtenu la nationalité canadienne frauduleusement ou en mentant. Au passage, le projet de loi canadien prévoit aussi de faciliter l’acquisition de la citoyenneté canadienne en réduisant les exigences de maîtrise de la langue, notamment pour les adolescents, et en réduisant le temps de présence dans le pays à trois ans avant de pouvoir demander sa naturalisation. Le gouvernement a par ailleurs annoncé son intention de quitter la coalition militaire contre Daech et d’accueillir 29 000 réfugiés syriens. Vous entendez ? Vous devriez relire. Oui c’est possible ! La dignité, l’honneur, le courage de la Vertu sont possibles ! La veulerie, l’abaissement électoraliste devant la pire bêtise à front de bœuf n’est pas la seule attitude possible. Non seulement à « gôche », mais même à droite. Et c’est un homme de droite qui le prouve.
159 commentaires
Jean ai marre
Hé ho, ça sert à quoi une Rolex, vu que l’heure change tout le temps !
Ce qui est préoccupant, c’est la position du PC. De plus en plus des militants communistes viennent grossir nos rangs, alors que d’autres, le doigt sur la couture du pantalon font le dos rond, et d’autres attendent le congrès ! La primaire s’essouffle, alors que les sitting du soir prennent de l’essor.
Impensable que l’armement soit le sauveur d’un gouvernement qui se dit de gauche. Hollande va réussir à inverser la courbe du chômage de l’Australie, et mette la tête hors de l’eau grâce à un sous marin à diesel ! Et que vont penser nos ingénieurs et bureaux d’études qui vont se déplacer en Australie ? On y verrait clair qu’en 2017 , d’ici là…
Laurent
Hé ho la gôche, Le Foll, il n’y a rien d’autre à vendre que des armes qui sèment mort et misère sur toute la planète ? Le pays des lumières sème l’ombre, dingue !
Jean-Luc LOPEZ
Comment l’histoire se renouvelle, l’Amérique avec les Allemands …..
repavenue
Mr Mélenchon, vous fûtes le premier à révéler et dénoncer les négociations du Tafta en 2009. Aujourd’hui vous dénoncez à juste titre l’Europe germano-américaine, le lamentable abaissement de notre pays du fait de ses dirigeants actuels, les fourberies passées et donc à venir de FH et ses communicants. Votre courageux combat redonne de la fierté aux « indépendantistes » Français qui enragent. Merci !
PIETRON
Plus le temps passera et plus les attaques seront dures. Le « Hollande bashing » dont certains, plutôt intéressés (sait on jamais se disent-ils), se plaignent, est l’os à ronger de la politique spectacle dont raffolent les médias.
En entreprise, le harcèlement à l’encontre des militants actifs est à peu près de même nature. Leurs libertés d’expression n’a de frontière que le rapport de force au sein de la boite, ou que leur courage à chercher la vérité et de la dire. Les licenciements en France pour délit d’expression sont légions en matière syndicale (CGT en premier lieu et Sud).
En politique la bourgeoisie mise sur ses médias (la totalité) pour discréditer tout mouvement ou parti décidé à la dessaisir du pouvoir absolu. A fortiori Jean-Luc Mélenchon dont ils connaissent la capacité et la force de convictions rassembleuses, désormais. C’est bien pour cette raison que plus le rapport de force est élevé et plus la personne exposée devient intouchable au delà des quolibets et des tentatives d’avanies des nombreux valets engraissés par la bourgeoisie capitaliste. Duhamel qui, il fut un temps, ne s’extériorisait point à ce niveau (quoique) face à Marchais (dont le parti était puissant), il le fait avec Jean-Luc Mélenchon car son mouvement est neuf d’une part, donc « insultable » pour ses objectifs. Et puis à son age (celui de Duhamel) il veut toujours exister médiatiquement et pour cela mieux vaut taper sur les anti-système. Un détail Duhamel, un détail.
catherine dumas
Bien, bien, vous êtes de retour, la confrontation entre les idées canadiennes et les nôtres peut apporter quelques éléments progressistes. Mais légaliser une drogue qui enfume le cerveau de nos enfants, eux qui déjà dégoutés, refusent d’aller voter pour des menteurs, je ne crois pas que cela fasse progresser les choses. Leur donner des bonnes conditions de vie pour étudier ou encore travailler serait déjà un grand pas en avant. Ce n’est pas le cas. Le gouvernement voyait en eux de futur électeurs peut être.
D’autre part il faut faire attention aux personnes qui sont capables de s’inscrire sur votre site. Je viens de découvrir par exemple qu’une personne d’extrême droite, […] fait partie de la FCPE alors que c’est une intime des Le Pens, Carl Lang. Un moyen tout simple d’infiltrer et donc de divulguer des renseignements. Vue les photos de groupes dans lesquelles il est présent et les poignées de mains qu’il serre à certains gendarmes je pense que c’est un mouchard.
Quant à nos nuits debout, je ne rate pas un seul épisode. Le mouvement s’intensifie même si nous ne sommes pas des mètres étalons avec notre petit cerveau.
L. A.
Puisque les substances addictives sont sur le tapis, que d’aucuns craignent pour la santé des gamins, et que M. Mélenchon a également effleuré le sujet de certains médicaments et de l’alcool, je me permets d’avancer cette idée qu’il faudrait s’intéresser aussi à cet autre fléau addictif de l’ère industrielle dont on ne parle jamais : le sucre. Il y a là un lobby de l’ampleur de celui du tabac, avec une addiction généralisée et des conséquences sanitaires désastreuses scientifiquement reconnues, mais couvertes par un mutisme scandaleux (les affaires avant tout).
Marie-Christine
J’ai appris il y a quelques jours que le nombre d’adhérents au PS ne faisait que chuter. Il y a 86 000 adhérents à jour de cotisation et environ 131 000 membres actifs (personnes qui ont payé la cotisation en 2013 ou 2014). Ce qui veut donc dire aujourd’hui Jean-Luc que le nombre de personnes qui vous soutient est supérieur aux inscrits au PS. Donnée importante quand les médiacrates vous poseront une énième fois la question de votre représentativité.
patrice 30
Non seulement il y a peu d’adhérents au PS mais en plus dans ce peu d’adhérents il y en a une bonne partie dont l’adhésion n’est qu’une stratégie perso utilisée dans un but carriériste. Le PS étant depuis belle lurette un parti d’élus. Que dire de l’ex UMP dont le clownesque Sarkozy vient de révéler sa vraie nature en insultant bassement les participants aux nuits debout qui eux n’ont pas de Rolex. Marre du discours de droite. 2017 ni Sarko et compagnie ni Hollande mais Mélenchon.
Jeannot
Je prends date pour le 05 juin, place Stalingrad à Paris. Montrons à cette occasion, par notre présence, notre détermination à changer le cours des choses. Merci à Jean-Luc Mélenchon pour toutes ses explications.
PCharp
Professionnel des addictions, j’attendais depuis plusieurs années que Jean-Luc Mélenchon s’empare du sujet de la dépénalisation des drogues. On parle ici du cannabis. En Suisse, jusqu’avec le chef de la police du Canton de Neuchatel, le débat sur la dépénalisation de toutes les drogues est lancé. La réflexion ci-dessus est approfondie, emprunte des multiples positions prises de professionnels des addictions qui réfléchissent sur le sujet. Bravo Jean-Luc, tu fais preuve ici de ta capacité à prendre le temps d’une profonde réflexion, indépendante, avant de te positionner. En 2012 tu reconnaissais ne pas avoir étudié le sujet et te positionnais juste comme « grand-père » désirant protéger la jeunesse (je respectais d’ailleurs). C’est revenant du Québec que tu nous fais part de ton cheminement. (Québec, allez lire les éléments du rapport Nolin, sénateur, 2002 et qui fait le bilan des politiques concernant les drogues de multiples pays). A savoir qu’en France, hormis la Fédération Addiction, nombreux sont les professionnels qui défendent, ainsi que la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), la position française de maintenir la pénalisation. La position de Jean-Luc Mélenchon est courageuse, à risque politiquement, (me rappelle la position contre le peine de mort de François Mitterrand) mais comme beaucoup de ses positions, font avancer considérablement le débat et la société. En route, construisons la candidature de 2017 sur tous les fronts, tous les…
Philippe
Le salut contre le TTIP viendra des états unis et des fromages qui puent ! Le TTIP n’est souhaité par aucun peuple, pas même par le peuple américain. Le fameux « way fo life » américain a pris dur avec une disparition de la classe moyenne américaine. L’accord de libre échange avec le Mexique/Canada (ALENA) et le million d’emplois promis s’est finalement traduit par des centaines de milliers d’emplois détruits aux USA et au Mexique. Le peuple américain a donc l’expérience (amère) de tels accords. Tous les candidats aux élections US sont assez unanimement contre ce projet dans leur campagne électorale (poussés par leurs électeurs). Après Novembre 2016, le TTIP ne passera pas aux USA (si les promesses sont tenues par Clinton).
Fervent défenseurs des appellations d’origine françaises et européennes, je suis de près cette actualité. Je crois donc savoir que c’est un des derniers points de blocages des négociations du TTIP car les européens qui négocient ne sont pas près à se faire lyncher par le peuple européen (en premier par les Français et les Italiens) si les AOP/IGP sont cassés par ce traité. Le peuple américain d’un côté, les fromages qui puent et le champagne de l’autre, voilà notre salut contre le TTIP !
Jacques J
J’appelle tous ceux qui discréditent Jean Luc melenchon simplement par ragots médiatiques , par ignorance, simplement par oui dire, par absence de connaissance à se rendre sur son blog, ou à visionner les différentes videos tv sur YouTube. Prenez le temps de lire, de vous documenter, d’étudier ses nombreuses et différentes analyses dans les domaines divers tant économiques, politiques, fiscal, écologiques, géopolitiques, conflits divers. Il s’informe, rencontre des forces vives pour comprendre, analyser afin de proposer des solutions pour notre France que nous aimons tous. Je voudrais leur dire de ne pas se laisser abuser par une certaine forme de rumeur, d’intolérance de certains qui voit en sa personne un danger pour leur propre avenir.
Merci Jean-Luc Mélenchon de l’espoir que vous apportez à nous les millions d’insoumis La campagne des élections n’en est qu’à ses balbutiements que les coups bas vous sont destinés. La route vers la victoire sera longue et difficile mais 2017 sera l’aboutissement du renouveau de la France.
Noury
Jean-Luc Mélenchon, vous me semblez 50 ans largement révolus, et toujours pas de Rolex ? Ce gars là à raté sa vie, non ?
Verdier Nadine
Merci JL. Qu’il est agréable de lire des argumentations intelligentes sur les addictions et la nationalité et de voir qu’il existe des élus qui ne renient pas leurs engagements de campagne en matière de santé publique et de droit public.
Didier
Parler de « couper l’herbe sous le pied des trafiquants » à propos du cannabis, faut oser…
Ceci dit, il me semble qu’un aspect du débat n’est jamais évoqué, l’auto-production. Des dizaines de milliers de personnes en France font pousser du cannabis dans leur jardin pour leur consommation personnelle, sans nuire à personne, sans se livrer au moindre trafic. Dépénaliser la consommation permettrait de foutre la paix une bonne fois pour toutes à ces gens qui non seulement ne représentent pas le moindre danger pour l’ordre public, mais ont choisi, pacifiquement, de sortir de la relation marchande et d’accéder à une forme d’autonomie pour l’un des aspects de leur vie.
Et pour ceux qui s’effraient des dégâts possibles sur la santé mentale de nos compatriotes, une consommation raisonnée, c’est tout à fait possible, de cannabis n’est pas plus nocive que deux pastis virilement vidés au bar. Ou que de regarder la télévision. Et au moins, elle ne pousse pas à l’agressivité, comme l’alcool.
L. A.
« Une consommation raisonnée […] de cannabis n’est pas plus nocive que deux pastis virilement vidés au bar »
Mais est-ce qu’elle l’est moins ? Quoi qu’on puisse penser de la légalisation du cannabis (ou de sa dépénalisation, c’est pas tout à fait pareil), faire en permanence la comparaison avec la consommation d’alcool sur le thème « c’est pas pire », est une posture assez infantile (m’sieur c’est lui, c’est pas moi). En quoi « deux pastis virilement vidés au bar » serait un modèle ou un critère de comparaison ? Et l’on pourrait épiloguer sur le mépris sous-jacent que contient le choix de votre exemple (au bar : un beauf ouvrier et plus tout jeune, hybride de Cabu et de Plantu, pas un journaliste ou un bobo, qui eux prennent plutôt du whisky, et de la « coke », dans des « lounge »).
N. B. : la consommation habituelle (accoutumance rebaptisée « tradition ») d’alcool n’est qu’un asservissement de plus aux lobbys marchands et il est à craindre qu’après une légalisation (déprohibition, souhaitable de fait) de la marijuana on assiste à une mainmise des mêmes multinationales sur ce marché, qui devra être libre et non faussé, c’est-à-dire sans contrôle ni restriction de la part de l’État. Prêts pour les spots radio-télé et les panneaux 4 x 3 « Ligne de soin au cannabis des laboratoires Requin-Coquin», « haschisch light de Nestlé-Danone » ou « la marijeanne bio c’est à Auchan » ?
Didier
Il n’y a pas de mépris sous-jacent: je me trouve simplement plus souvent dans des bars, avec des ouvriers (ou pas) qui vident des pastis, que dans des lounges à sniffer de la coke avec des journalistes. Donc inutile d’épiloguer.
Quant à savoir si c’est souhaitable ou pas, je note simplement que toutes les cultures (les anthropologues l’ont montré) usent à intervalles plus moins réguliers de substances plus ou moins euphorisantes. On peut penser que la vie sociale est à la fois un facteur positif et un facteur de stress, et que cet usage permet d’évacuer une partie de ce stress sous des formes finalement civilisées.
Enfin, qu’est-ce que les « lobbys marchands » ont à voir dans l’auto-production ?
L. A.
Il y a effectivement une question de culture dans les addictions auxquelles les lobbys nous incitent en permanence (alcool, sucre, graisse, tabac, café, « médicaments », JT, foot, bagnole, Iphone…) et on peut noter l’omniprésence du bistro (un des principaux revendeurs) pour toute réunion conviviale. Je subis ça comme tout le monde, mais il doit pourtant bien être possible d’envisager le lien social autrement, encore faut-il se poser la question. C’est pas parce que les anthropologues nous enseignent que les humains ont été anthropophages « à intervalles plus moins réguliers » qu’on doit continuer à promouvoir le cannibalisme.
Les lobbys (multinationales) eux n’ont d’yeux que pour la légalisation, qui sera consécutive à plus ou moins brève échéance à la dépénalisation, et qui sera le top départ d’un « nouveau marché juteux », pour lequel l’autoproduction ne leur fera pas plus ombrage que l’autoproduction de tomates n’en fait aujourd’hui à l’agroalimentaire et à la grande distribution. Et si cette autoproduction venait à les importuner, ils étudieraient alors le moyen de l’interdire (je vous renvoie aux dernières tentatives de dictats de Monsanto et consorts sur les semences autoproduites). Par ailleurs, la consommation ordinaire d’herbe implique de fumer et donc de conserver aussi l’addiction au tabac, et vous savez bien que l’autoproduction de celui-ci est inexistante face à Stuyvesant et son gang.
Christiane DIDIER
J’apprécie énormément cet art de faire le tour des questions essentielles. Merci encore de nourrir si bien notre argumentation ! Il serait utile de nous concocter un tableau, genre questions/réponses et arguments, de manière à intervenir rapidement et intelligemment dans toutes nos discussions. On essaie déjà de le faire, mais ce tableau serait un formidable outil pour les modestes militants de base que nous sommes.
Victor
Au sujet de votre inexistante montre Rolex, il est bon de voir que les politiques ne s’affichent pas tous aujourd’hui avec des montres de luxe hors de prix (voir ici). Ces derniers pourraient au moins essayer de soutenir le french made avec des marques comme Pequignet, cela aurait alors un sens de pousser la belle horlogerie française sur le devant de la scène médiatique.
Nicolas.B
Le bio y’ a pas mieux, surtout quand c’est pour fumer. Votre argumentaire découle du bons sens, mais ce doit être l’occasion d’avoir une distribution sous contrôle de l’état dans un premier temps et de limiter la production personnelle, l’hypocrisie répressive doit finir. Personnellement je ne fume pas, trop peur des maladies ayant eu des bronchites chroniques étant petit je me laisse encore du temps pour commencer. Quand aux chiens de garde, les brocarder c’est leur faire trop d’honneur, ne vous rabaissez pas à cette besogne ils n’en valent même pas la peine et s’auto ridiculisent eux même des attaques qu’ils vous portent. J’ai cru comprendre que Bernie Sanders ne se détournait pas de son programme, et qu’il ne se laissait pas polluer par les fumées des contre-feu de ses adversaires et autres médias, il est grand temps d’imposer le notre, ils se décrédibiliseront tous seuls d’ailleurs ça a déjà commencé.
Bud Butley
« Si jamais le traité est finalisé en 2016, il ne pourra pas être ratifié avant 2017. Donc la présidentielle peut fonctionner comme un référendum sur le sujet. »
D’autant plus que j’ai le sentiment que la grève va doucement s’étendre et gripper tout ce qui n’a pas recours au systeme D.
« Ainsi, les médecins alertent sur la nécessité de commercialiser le cannabis dans des conditions qui évitent les cocktails avec le tabac ou l’alcool. »
On dit que l’huile de cannabis soigneusement réchauffée est moins âpre que la fumée, et guérit beaucoup de maux.
Fonfreyde
Les gens commencent à vous apprécier plus. Je le sens par le discours que j’ai avec eux. Mais il y a un problème dont on ne parle pas assez. Seul vous l’esquissez. Cet état voyou que sont les États-Unis (je parle des politiques et surtout toutes ces officines comme la CIA par exemple) qui pourrissent encore plus ce monde vacillant. On va me taxer d antiaméricanisme primaire mais les faits sont là. Toutes les organisations comme le FMI, OMC etc sont à la botte de ce pays ultra-puissant et vindicatif (je ne parle pas du peuple) et mènent des politiques mortifères dans d innombrables pays. Ce pays qui nous est montré comme démocratique est dirigé par une mafia militaro financière. Le traité Tafta est presque anecdotique tant leur puissance de nuisance est grande. Nous ne pourrons jamais rien faire sans sortir complètement de l’OTAN et de l’Europe qui n’est qu’un jouet créé par cette mafia dont les dirigeants européens ne sont que des laquais (qui réussissent très bien dans leur rôle d’ailleurs). Évidemment ce n’est pas le seul problème mais celui-ci est énorme. C’est pour ça, la légalisation du cannabis c’est très bien mais ne vous enfermez pas dans ce sujet car je vois très bien les médias vous confiner à cela. Le candidat qui veut légaliser le cannabis comme programme y a pas mieux pour décrédibiliser un homme et son programme. Je vous soutiens et m’efforce de faire connaître votre discours aux abstentionnistes. Merci pour votre courage.
insoumis
Oui sortir de l’OTAN est vital. De plus nous pourrions collaborer militairement avec la Russie, pays qui nous as libéré du nazisme pendant que les américains bombardaient les civils francais. De plus non au TAFTA avec ces meurtriers contre l’humanité que sont les américains. Nous aurions plus d’intérêts à collaborer économiquement avec la Chine par des échanges bien plus humains qu’avec ces diables d’américains. Pour le cannabis, pas très d’accord sur sa légalisation. Pourquoi pas une dépénalisation, mais avec un contrôle de ces toxicomanes et pourquoi pas des centres de soins obligatoires pour ceux ci avec des contrôles psychologiques et policiers sur ces individus.
Pauvre2
@Insoumis
Enfin, insoumis variante la « shlague ». N’importe quel psy (même pas très bon) vous dira qu’il est impossible de travailler sous contrainte. Les gens font semblant d’être de bonne volonté parce que le juge surveille, mais ils n’avancent pas d’un pouce. Quant à la police là dedans, c’est de la provocation ? Des soins sous surveillance policière !
Jacquesdu87
Je suis moi aussi, opposé à la déchéance de nationalité et au contraire je souhaite que la France accorde la Nationalité Française à tous ceux qui en feraient la demande en adhérant aux principes républicains, en faisant sienne la devise « Fraternité, égalité, Liberté », avec Fraternité en premier, qui seraient les bienvenus partout sur le territoire de la France, et surtout qu’ils puissent participer aussi aux consultations électorales qu’il suffirait d’organiser dans les consulats et les ambassades de France en même temps que sur l’ensemble du territoire.
Imaginez l’impact si des millions de personnes faisaient le choix d’ajouter la nationalité Française à leur nationalité d’origine, et qu’ils s’expriment, par exemple sur le TAFTA, sur la nécessité de la bifurcation écologique, sur la lutte contre la finance internationale, etc. Imaginez le poids des mots si la France exigeait la fin de la toute puissance de la finance, la renégociation des dettes des pays, la coopération entre les nations, à la tribune de l’ONU, au nom de dizaines ou de centaines de millions de citoyens français répartis dans le monde entier !
Pour rassurer ceux qui craindraient le risque d’une « invasion », peut être faudrait-il commencer par créer un statut de « citoyen français de cœur » qui permettrait simplement de voter dans les consultations sur les sujets qui intéressent le monde entier.
Alain Léger
Bien sûr, tout le monde aura compris que vous n’êtes pas subitement devenu un adepte du Parti Libéral canadien. Sauf les « journalistes » façon Duhamel, bien entendu, qui déformeront une fois de plus le sens de vos propos s’ils pensent que cela peut vous nuire. Pour ma part, je trouve jubilatoire votre démonstration du fait que certains partis de droite peuvent se retrouver finalement plus à gauche que le PS.