L’épisode du 49.3 est un concentré du tableau politique dans lequel nous vivons. À deux signatures près, une motion de censure venant de la gauche était déposée et le gouvernement serait tombé par la gauche. Tout est-il fini ? Certes non ! La censure peut encore être votée, soit dès à présent, soit au prochain passage du texte à l’Assemblée. J’explique pourquoi. Puis je me moque autant que je me réjouis des nouvelles aventures de Macron dans la presse populaire, dans le sketch orléanais. En bouclant mes lignes j’apprenais que le prodige annoncerait sa candidature pour 2017 en juin. Je jubile. Puis je parle d’Europe et du nouveau traité en préparation dont personne ne vous parle et surtout pas le « service public de l’information ».
Non ! tout n’est pas fini sur la loi El Khomri, loin de là. Voici pourquoi. D’abord au plan parlementaire. Pour en comprendre le sel il faut savoir que le calendrier des navettes parlementaires entre l’Assemblée et le Sénat ne fait que commencer.
En 2014, pour la loi Macron (ouiiiiiiii celui de VSD !), Valls (ouiiiiiiii le dindon de la farce Hollandique) avait déposé trois fois de suite le 49.3 ! Et la droite avait déposé deux fois la motion de censure ! André Chassaigne et les députés communistes n’étaient pas parvenus à déposer une motion de censure de gauche en dépit de tous leurs efforts car le bloc des frondeurs était gelé. Ils avaient dû voter seuls la motion de la droite. J’en étais totalement d’accord. Il est temps d’ailleurs de dénoncer le chantage à la droite que pratique le PS !
Hollande et Valls étaient prêts à voter avec la droite et l’extrême droite la déchéance de la nationalité. Une mesure d’extrême droite ! Ils n’ont pas à nous donner de leçon ! Surtout quand le but de nos efforts est d’empêcher la destruction d’acquis sociaux ! Et davantage encore quand ils sont responsables de toute la situation qui conduit à ce vote. Car, ne l’oublions jamais, il s’agit de décider la fin de la hiérarchie de normes sociales sans débat et sans majorité parlementaire. Que les auteurs d’un tel coup de force osent donner de leçons de morale est aussi choquant que tout le reste de la situation réuni ! Quand à dire que la censure conduit à la dissolution, c’est un épouvantail à nigauds ! La censure fait tomber un gouvernement. Le président nommerait alors un nouveau Premier ministre. C’est tout. Et la loi responsable de la chute disparaîtrait. Si le nouveau Premier ministre est bien choisi, il retrouvera sur les bancs de l’Assemblée la majorité de 2012.
Quoi qu’il en soit sur la loi El Khomri, Valls n’a pas encore gagné ! La lutte continue et elle doit être menée pied à pied ! 56 députés de gauche étaient prêts à voter pour la censure. 234 députés de droite s’y préparent. Cela fait 290 voix pour la censure. Or il en faut 288 pour adopter une motion de censure ! Si les députés de gauche engagés prennent leurs responsabilités en utilisant le vote pour la censure déposée par la droite, ils bloquent la Loi El Khomri dès cette semaine ! Il ne faut pas se payer de mots et de grands gestes de posture : voter la censure du gouvernement est la seule manière de refuser cette loi dans ce régime de la 5e République sitôt que l’article 49.3 de la Constitution est utilisé par le gouvernement. Et la responsabilité du gouvernement est seule en cause comme c’est exactement le sens politique de cette procédure ! Et sinon, la bataille continue au Parlement. Même si cette motion de censure est repoussée, le texte peut quand même être de nouveau l’objet de la censure. Le circuit parlementaire n’est pas fini. La loi va passer devant le Sénat le 14 juin. Puis elle devra revenir en nouvelle lecture et enfin en lecture définitive devant l’Assemblée nationale.
Pour la loi Macron, le gouvernement avait usé les trois fois de l’article 49.3 et la droite avait déposé une motion de censure seulement les deux premières navettes. Le prochain 49.3 sera donc sans doute dégainé de nouveau fin juin. Sauf, bien sûr, si le gouvernement Valls tombe avant. Car le trouble va aller croissant dans les bancs et dans la rue. Continuons donc la pression sur les députés. Un par un dans chaque département ! Encourageons les 56 qui ont signé la motion de censure de la gauche à l’Assemblée pour qu’ils trouvent les deux signatures qui ont manqué cette fois ci. Continuons la mobilisation sous toutes ses formes. Comme ont commencé à le faire les membres de Nuit Debout, du PG, du NPA et de la Jeunesse Communiste hier soir devant l’Assemblée ! Nos élus, comme Danielle Simonnet et Eric coquerel, mais aussi André Chassaigne et Marie-George Buffet, étaient dans la rue ce soir-là, aux côtés des manifestants. Mais aussi en répondant à l’appel des syndicats ! Le plan de marche est fixé.
Les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, FIDL et UNL appellent à l’action ce jeudi 12 mai. La manifestation parisienne partira à 14h de Denfert-Rochereau pour aller vers l’Assemblée : elle y arrivera au moment du vote de la motion de censure. Les syndicats appellent aussi à la grève et à des manifestations la semaine prochaine, mardi 17 et jeudi 19 mai. Les routiers sont aussi appelés à une grève reconductible contre cette loi à partir de lundi 16 mai au soir et les cheminots pourraient en faire autant dans les jours qui suivent. Au total, les syndicats « n’écartent aucun type d’initiative pour les semaines à venir, y compris une manifestation nationale ». Non, décidément, Valls n’a pas gagné ! La lutte continue !
Dans ce contexte, il faut répéter ici les consignes de refus absolu de la violence. Je parle de celle que nous sommes en état de contrôler nous-mêmes : celle qui vient des rangs des manifestants. Les vitrines brisées et les saccages de mobilier urbain ne servent que nos adversaires. Il faut être stupidement nul ou être manipulé pour ne pas le comprendre. Notre intérêt est au contraire que les policiers finissent par rallier, en tant que salariés, la protestation sociale. Le processus est à l’œuvre. Il faut le faire murir. Personne d’entre nous n’a intérêt à une mentalité de guerre civile dont les policiers seraient les boucs émissaires. Je le dis d’autant plus fermement que la situation est très dangereuse déjà et que nous en payons tous le prix. En témoignent les graves blessures reçues par notre camarade Gabriel Mazzolini. Ce militant est un non violent qui assure les formations aux techniques de résistance non-violente. Aucun prétexte de casse ne peut être évoqué contre lui. Le voilà aujourd’hui hospitalisé, pour une opération visant à lui extraire les éclats d’une grenade de désencerclement. Celle-ci a été jetée dans la foule sans aucune précaution face aux risques de graves blessures. Combien de drames faudra-t-il pour que le gouvernement cesse d’organiser cette violence disproportionnée ?
Depuis des semaines, notamment après qu’un très jeune manifestant a perdu un œil à Rennes, nous alertons sur le danger de cette situation. Nous réclamons que l’on cesse d’utiliser ces grenades de type F4 qui ont déjà occasionné beaucoup de blessés, de même que l’interdiction des flash-ball. Et je rappelle que les tirs tendus, maintenant devenus ordinaires dans les manifestations, sont interdits ! Il n’y a dans ces remarques aucun état d’esprit anti-police de notre part. J’ai à mon agenda des rencontres avec des policiers pour parler de tout cela. Et le Parti de Gauche, dont je suis membre, a d’ailleurs prévu de rencontrer les syndicats de policiers pour échanger sur cette situation. De toute façon, nous ne devons jamais oublier qu’en voulant faire passer brutalement une loi illégitime, le gouvernement est le premier responsable de la mise sous tension du pays. Il est directement responsable aussi de la sur-utilisation de forces de l’ordre épuisées dont il décide de la doctrine d’emploi, créant des situations souvent très dangereuses.
A présent, après cet appel à mobilisation et ce calendrier d’action parlementaire et de rues très concret, je pense que je trouverai parmi mes lecteurs des personnes qui s’intéressent comme moi aux questions de l’application de la méthode matérialiste à l’Histoire. Je ne suis pas le premier à vouloir faire entrer cette méthode dans le détail de la compréhension d’un moment politique. Certains se souviennent que Lénine s’y essaya pour définir ce qu’était une situation « pré-révolutionnaire ». Je m’y intéresse avec d’autres outils. Voyons déjà le moment.
J’ai déjà décrit à de nombreuse reprises comment s’installait dans une société cette situation où le slogan commun devient « qu’ils s’en aillent tous », ou, plus bref encore, à la tunisienne : « dégage ». Ce point d’ébullition est en vue en France. C’est le moment où plus aucune autorité n’est crue ni supportée : responsables politiques, juges, journalistes, policiers et ainsi de suite. Tout le lien de l’ordre établi semble crouler sous le poids du même opprobre. Mais quand se produit l’effondrement ? L’expérience montre qu’un évènement fortuit le provoque. Un évènement imprévisible, parfois dérisoire par rapport aux enjeux. L’esprit public connait ce mécanisme sous le nom « d’effet papillon », où une cause minime déclenche un évènement sans rapport à une échelle disproportionnée. Un battement d’aile de papillon à Mexico provoque un ouragan à Pékin, dit-on. En politique, tous ceux qui disaient juste avant le déclenchement « mais vous voyez bien que rien n’y fait, le système tient bon malgré tout » sont alors ébahis : en quelques heures, tout s’effondre. Certes imprévisible, le phénomène s’inscrit pourtant dans une figure dynamique qui peut être décrite et ne doit rien ni à la magie, ni à la providence ni à aucune des habituelles explications compliquées qui fleurissent souvent après coup.
Pour rendre compte du phénomène, imaginons un petit tas de sable sur un petit plateau suspendu. Il recevrait une lente coulée de sable supplémentaire grain par grain. Au bout d’un certain temps, imprévisible, se produit une avalanche sur le flanc du tas de sable. L’importance de cette avalanche est aussi imprévisible que son déclenchement. C’est là une image approximative mais parlante du système dont je parlais. Les grains du tas se tiennent les uns aux autres, quelle que soit la position sur le tas, comme le sont les faits et les individus en société. Le grain de sable qui va déclencher l’avalanche peut-être minuscule et de toute façon sans rapport avec l’état relatif du tas et la position de son point d’atterrissage.
Tel est l’évènement fortuit. Il n’est pas la cause absolue de l’avalanche contrairement aux apparences. C’est l’état du tas de sable qui fait l’avalanche. S’il y a une grosse bosse de grains sur la pente du tas on peut dire que l’avalanche est imminente. Le tas peut être dit en état « surcritique ». Si par contre une avalanche vient d’avoir lieu et qu’on voit un creux, on peut conclure que l’avalanche n’aura pas lieu avant quelque temps. Le tas peut être dit en état sous-critique. Un même grain de sable peut provoquer une avalanche ou n’en provoquer aucune selon que le tas de sable est en état surcritique ou sous-critique. Ce type de système porte un nom barbare en physique : « système critique auto-organisé ». Il rend compte de façon matérialiste de la dynamique des évènements sociaux et politiques dans les processus d’effondrement politique ou de révolution citoyenne.
Sur cette base nous pouvons dire que la situation est surcritique en France quand à deux voix près le gouvernement peut tomber sous les coups de sa propre majorité. D’autant que l’état surcritique va s’aggraver. C’était le sens du début de ce chapitre. Le calendrier des navettes parlementaires ne fait que commencer. Le programme des journées d’action syndicale est engagé. L’évènement fortuit est au bout de la rue.
Au milieu de la pagaille du 49.3, dans le désordre général, après avoir dénoncé la « caste politique » dont sont membres tous ses collègues du gouvernement et le président lui-même, après s’être accroché en public avec le Premier ministre sur les bancs de l’assemblée, Macron annoncerait sa candidature en juin selon Médiapart ! Nooooon ? Encore ! Oui, vraiment, c’est trop bon ! Imaginez la tête de Valls ringardisé en moins de deux mois et réduit à donner le fouet à l’Assemblée pendant que son ministre des Finances fait le kéké en couple dans la presse populaire ! Penser aux chocottes de Hollande qui s’est déjà pris les pieds dans le tapis avec des leurres qui refusent d’obéir ensuite, comme en 2007 avec la candidature de Ségolène Royal ! Bravo Macron qui leur pourrit la vie et dévaste le camp solfériniens !
Je ne dirai pas que « en marche » était le nom de la web-série de ma campagne de 2012. Ni que son site est une mauvaise copie de l’idée de plateforme que nous mettons en œuvre déjà en Espagne en France et aux USA. J’espère juste qu’il paie cher ces plagiats et que sa collecte de fond anglaise (même en passant par l’Amérique latine tout se sait) est déjà bien gaspillée par quelques-uns des paniers percés qui l’accompagnent.
Droitier caricatural, artefact de tigre en peau de lapin, le voici déjà pris à devoir tenir la main de son épouse (« ma femme que j’aime beaucoup ») dans VSD pour rassurer le bon peuple qui aime tant les familles royales ! A peine pondu, déjà frit ! Ce dimanche il a joué l’ami de la pucelle inspirée, dans un discours de sous-préfecture très vintage. Jeanne d’arc ! Poilade !
Seule la production du mythe a de l’intérêt pour l’Histoire de France. Ces messieurs les têtes d’œuf ne le savent pas. Je vous renvoie à l’excellent post d’Alexis Corbière sur l’histoire de cette guerre de propagande entre l’Église et la République. Tant de naïfs découvriront que l’Église, qui condamnait encore le suffrage universel en 1906 et ne reconnut pas la République avant 1920, mena un combat pour s’approprier le personnage de Jeanne d’Arc. En effet elle venait d’être « inventée » (comme on le dit d’une découverte) par les grands laïcs qui venaient de fonder la troisième République. Héroïne nationale de choix au lendemain de la défaite de Sedan. Condamnée par un évêque collabo de l’envahisseur anglais : un beau personnage pour l’époque. Rude épreuve pour les cléricaux d’alors que ce défi ! Car c’est l’Église et non le pouvoir civil, sous la férule de l’évêque Cauchon (mais oui, c’est son nom), qui envoya la douce exaltée au bucher pour sorcellerie du fait qu’elle prétendait avoir entendu des voix d’archanges. Jeanne d’Arc est morte brulée vive en 1431.
585 années après, le pauvre discours de Macron est une des innombrables variantes de ce type de commémoration : raconter des histoires pour s’auto-célébrer au mépris le plus complet de ce qui pourrait déranger. Tous les poncifs, anachronismes et trémolos de rigueur y étaient. Avec le pieu oubli de tout ce qui pourrait fâcher : que la virginité de cette malheureuse continue d’être mentionnée à son crédit, ce qui est patriarcal ; que l’Église la fit brûler, ce qui est anticlérical ; et que la vie du principal lieutenant de la sainte guerrière, Gilles de Rais, est celle d’un monstre pédophile assassin que la justice de l’époque fit exécuter en dépit de son rang tant ses crimes étaient révoltants, ce qui est totalement immoral.
Le pompon de l’ignorance est d’entendre le fantastique et magnifique monsieur Macron dire qu’il ne croit pas à l’homme ou la femme providentiel au moment il parle du parangon de cette variété puisque Jeanne d’Arc fut « donnée par la providence » elle-même, raison pour laquelle elle fut canonisée ! Peu me chaut en fait. Que le journal Les Échos lui aussi se soit senti obligé de pondre à son tour une rédaction d’élève de troisième sur le thème en première page, avec photo couleur, pour participer à la promotion de Macron, meilleur ami de la femme qui entendait des voix, est suffisamment drôle pour que nous nous estimions dédommagés d’avoir eu à subir toutes ces simagrées.
Mais il me semble qu’à notre époque, nous méritons mieux que la légende dorée. Deux mots pour agacer sur le sujet. Le personnage historique de Jeanne d’Arc prend place au milieu d’une foule d’illuminés de l’époque dans un contexte de désordre politique et militaire total. Le roi fou (Charles VI) a reconnu que l’anglais est roi de France. Son fils Charles VII règne sur une petite Cour à Bourges où un certain nombre de seigneurs français attendent leur heure avec lui, tandis que la plupart des autres collaborent avec enthousiasme avec l’occupant. Cette guerre est d’abord une guerre civile sous l’ancien régime. Jeanne ne réconcilia personne mais au contraire choisi son camp. Cette Jeanne-là arrive après bien d’autres jusqu’à Charles VII qui n’en a cure mais voit bien ce qu’il peut tirer d’une illuminée qui clame venir de Dieu pour faire « sacrer le roi à Reims ». De toutes façons il n’en peut mais…
Quant à elle, c’est son inconscience absolue qui lui fait lancer un assaut victorieux sans aucune préparation. C’est ce qui permit de débander à Orléans, par surprise, un siège à moitié abandonné par l’ennemi. Le même genre de charge absurde lui vaut de se prendre un carreau d’arbalète devant Paris (entre la station de métro la Chapelle et Marx Dormoy, selon la légende) et de perdre platement la bataille contre d’autres Français. Les « voix » avaient oublié de la prévenir sans doute. J’en passe.
Bon républicain, je suis un ami de la dame brûlée par les curés, cela va de soi. Bon républicain je sais que l’envahisseur est toujours infâme, anglais ou allemand selon les saisons de l’Histoire et qu’il ne faut jamais oublier quoi que ce soit même quand on pardonne. Ami des héros, je sais aussi que dans notre pays tous les traitres ont des noms adaptés à leur rôle : Cauchon brûle Jeanne d’Arc, Merda tire sur Robespierre, Vilain tue Jean Jaurès. Aimer Jeanne d’Arc, c’est détester ceux qui ne l’aimaient pas à l’époque. La France du roi français contre le roi anglais. Inutile de souligner le genre de parallèle qu’on pourrait faire plutôt que les mièvreries de ce Macron du dimanche. Mais comme on le sait, son apologie n’alla même pas jusqu’à dire de quoi la malheureuse était morte, ni qui en était responsable.
Un jour où l’autre, j’aurai sans doute à mon tour le devoir de parler en public sur cette Jeanne d’Arc d’heureuse mémoire. Je vous y donne rendez-vous quand ce sera le moment. Je saurai mettre un nom sur l’ennemi si j’avais à parler sur le sujet. Le propos au gros burin de Macron était qu’on finisse par le prendre pour elle, au prix d’allusions spécialement lourdingues. Célébrer Jeanne d’Arc est un exercice sans aucune valeur historique. C’est toujours, et à chaque génération politique un exercice allégorique. Il en va de même cette fois-ci et c’est bien pourquoi le système a adoooooréééé la scène et ses farcesques vocalises. Le moment était celui d’une mise en scène de la volonté « d’union nationale » entre la droite LR (maire de la ville) et le PS dont Macron est la figure du jeune marié. Beau comme une grande coalition du type de l’Allemagne et de tant d’autres pays d’Europe. Beau comme madame Clinton s’accordant avec la famille Bush aux USA pour reléguer sur le bord de l’assiette Donald Trump et Bernie Sanders. Mais ma conviction est que leur tour est passé.
Ce soir-là, Pujadas parlait d’Europe. Juste pour m’attribuer « le bonnet d’âne » de celui qui corrige le plus ses votes au Parlement européen… Le Pujadas national n’y connaît rien mais ça ne l’empêche pas de causer. C’est clair que ce ne sont pas ses démentis qui lui permettraient de concourir : Pujadas ne se trompe jamais ! Il n’en reste pas moins que cet homme-là s’intéresse à l’essentiel de ce qui peut détourner l’attention des choses sérieuses. Car pendant qu’il fait le mariole à bon compte, l’histoire de l’Union européenne se prépare à une bifurcation majeure : un nouveau traité européen est en gestation. Ce sera un enjeu majeur de l’élection présidentielle de 2017.
J’en ai déjà parlé sur ce blog et dans ma déclaration pour proposer ma candidature. J’y reviens pour vous mettre en alerte. Je m’étonnerais d’être bien seul à tirer le signal d’alarme sur ce projet si je n’avais connu cette situation une fois déjà. Cela me rappelle étrangement les débuts de la négociation pour le marché unique avec les États-Unis en 2008-2009. Comme j’étais seul à dénoncer ce projet, j’en finissais par me demander si j’avais bien compris. Ce que j’ai compris du coup c’est la façon de faire des auteurs de ce type de projet. D’abord ne rien laisser voir, lancer des ballons d’essai, attendre, jouer à petite touches lentement déposées, jusqu’à ce que la situation paraisse « évidente » et ainsi de suite. Ils peuvent compter sur l’aide bienveillante des médias fatigués d’avance par le sujet européen, qui consacrent leur intérêt pour la vie de l’Europe réelle aux genres de fixettes à deux balles dont ils m’accablent : taux de présence des parlementaires, leurs erreurs de vote et ainsi de suite c’est-à-dire pour tout ce qui n’a pas d’importance. Cela, non par complot mais parce que sinon il faudrait travailler, donner du temps et ainsi de suite, ce qui demanderait donc de l’argent alors que « ca n’intéresse personne ».
Cette méthode ce fut celle pour TAFTA bien avant que celui-ci devienne un sujet médiatique désormais propice à toutes les manipulations. L’actuel numéro de réticences hypocrites et soudaines de François Hollande ou Nicolas Sarkozy contre ce traité avec les USA ne doit pas faire illusion. Je me permets donc de vous donner la clef d’explication : les deux savent que Merkel joue en ce moment la tension avec les USA et que, en même temps, l’affaire est mal emmanchée côté nord-américain. En effet, ces derniers ne cèderont rien sur l’accès des européens aux marchés publics des divers États qui composent les USA. Mais l’Allemagne veut ce traité. Il favorise en effet son industrie et en particulier, en ce moment, ses exportations de machines-outils. L’Allemagne l’imposera aux Français, qui se coucheront comme d’habitude, lorsqu’elle aura obtenu les garanties qu’elle demande. Je n’en dis pas plus pour cette fois mais il est désolant de voir qu’un sujet qui agite tant de décideurs ne suscite aucun débat ni intérêt du côté européen et français. Et du côté français encore une fois, aucune vision stratégique, aucun projet à part : les bredouillements habituels sur « l’Europe qui nous protège » et autres refrains ineptes de ce type. Et ce n’est pas Pujadas qui va relever le niveau !
Quoi qu’il en soit, préparez-vous en 2017 à voter aux présidentielles en vous demandant ce que chaque candidat se prépare à faire sur ces sujets. Et vérifiez bien ce qu’ils ont déclaré vouloir faire dans le passé récent et ce qu’ils firent vraiment. Attention aux héros d’opérette qui disent « non » au traité tout en ajoutant un ton plus bas, à la mode hypocrite du refrain des « frondeurs » : « en l’état ». Voilà pour TAFTA.
Mais les mêmes vont aussi faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas parler du prochain traité européen. Il est pourtant déjà en discussion entre gens importants. Comme les poissons-pilotes de François Hollande lancent des ballons d’essai, mieux vaut se dire que le coup pourrait arriver plus tôt que prévu. Méfiance donc ! Deux grosses pointures de la Hollandie réelle ont pointé le nez : le ministre des Finances Michel Sapin et son collègue de l’Économie, le magnifique, formidable, moderne « Mozart de la finance » et ami de Jeanne d’Arc qu’il « aime beaucoup » aussi, j’ai nommé, mesdames et messieurs, trrrrrrrr (roulement de tambour), Emmanuel Macron.
Lui et Sapin, ces deux finauds, ont récemment évoqué l’idée qu’ils aimeraient « un nouveau traité européen ». Comme si tout d’un coup ces deux-là avaient une vision géopolitique personnelle ! Michel Sapin l’a joué dans son mode sournois habituel. Il a déclaré dans Libération du 30 mars que son homologue allemand « Wolfgang Schäuble, et moi, nous partageons la conviction que l’Union monétaire, qui est une réussite, doit impérativement s’accompagner d’une union économique plus forte. Donc nous devons aller de l’avant. Mais l’un et l’autre, nous faisons le constat, peut-être à regret, que la situation politique dans nos pays respectifs ne permet pas d’envisager dans les mois qui viennent une avancée qui rendrait obligatoire une modification des traités. Nous devons donc aller le plus loin possible dans l’intégration, sans qu’il y ait besoin de changer les traités. Pour autant, je pense que la France et l’Allemagne doivent prendre rapidement une initiative qui trace un horizon au-delà de 2017, et qui ne s’interdit pas à terme une modification des textes européens ». Compris ? Deux semaines plus tard, le 18 avril, à Bruges, c’est Emmanuel Macron qui a entonné le même refrain : « On doit prendre un vrai traité refondateur […] que nous devons préparer dans les 18 mois qui viennent », c’est-à-dire d’ici fin 2017. La presse qui gonfle à l’hélium enrichi cette baudruche s’est pâmée d’admiration sans qu’un seul des plumitifs qui pompent se pose la moindre question. Mais à mon quartier général, la veille politique a noté : alerte !
Macron et Sapin ne sont pas capables d’avoir eu cette idée tout seuls. Leur « proposition » n’est en fait qu’un empaquetage d’un projet déjà dans les cartons des eurocrates. Je l’ai déjà évoqué sur ce blog. Je le prouve. La mise en chantier d’un nouveau traité européen est au programme depuis un rapport rendu en juin 2015 par les « cinq présidents » de l’Union européenne. Oui, les « cinq présidents » ! C’est-à-dire le président du Conseil des chefs d’État Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi et le président de la réunion des ministres des Finances de la zone euro Jeroen Dijsselbloem ! Evidemment, vous chercherez qui d’autre que moi vous en aura parlé alors comme je l’ai fait sur ce blog !
Quand Sapin et Macron font semblant d’avoir une idée qui resterait à approfondir, sachez que les cinq présidents ont déjà commencé à tracer davantage qu’un croquis. Leur but est déclaré sans ambiguïté: « approfondir l’Union économique et monétaire (UEM) à partir du 1er juillet 2015 et la parachever en 2025 au plus tard ». C’est-à-dire achever la construction d’une zone euro où les peuples et les États ne seront plus souverains. Une zone où des décisions peuvent être imposées aux États en matière budgétaire ou de réformes du marché du travail encore plus durement qu’aujourd’hui. Parmi leurs ambitions à court terme, on trouve évidemment le renforcement du « semestre européen ». C’est-à-dire des procédures annuelles de contrôle des budgets et des réformes nationales par la Commission européenne. Les eurocrates veulent que les exigences de la Commission soient appliquées plus férocement encore par les gouvernements.
Ainsi, le rapport des « Cinq présidents » propose que la Commission fournisse un « soutien technique coordonné par le service d’appui à la réforme structurelle de la Commission ». Ce serait l’application du régime de la Troïka à tous les États européens soumis à des « recommandations » qui verraient débarquer les hommes de main de la Commission dans les ministères pour imposer les « réformes structurelles » dont le peuple ne veut pas. Ces eurocrates voudraient aussi créer un « comité budgétaire européen » composés « d’experts » et chargé d’émettre des avis sur les budgets de chaque État en plus de l’avis déjà rendu par la Commission. Alléchant, non ? Sapin et Macron ne sont pas au courant ? Ou bien l’ami de la pucelle qui a bouté les Anglais hors de France ne voit pas d’inconvénient à élargir le champ d’action de l’occupant.
Après 2017, les eurocrates aimeraient pouvoir renforcer de manière drastique ces instruments de verrouillage des peuples, y compris si besoin par un nouveau traité budgétaire. L’habillage ? Ce serait la création d’un « budget et d’un Trésor de la zone euro ». La Commission ou un autre organe verrait ses pouvoirs d’injonctions et de sanctions renforcés voire automatisés. La Banque centrale resterait quant à elle bien évidemment indépendante, c’est-à-dire capable d’étrangler monétairement un État comme elle l’a fait avec la Grèce et Chypre. C’est en fait une mise au pas de toutes les démocraties nationales qui se profilent. Les cinq visent aussi l’instauration d’une représentation unique de la zone euro au sein du FMI au lieu des représentations de chacun des 19 États à court terme, avant d’étendre ce principe à d’autres organisations internationales comme l’organisation mondiale du commerce et ainsi de suite comme on le devine.
« L’approfondissement » de la zone euro serait en réalité une nouveau tour de vis contre la souveraineté populaire. Ce n’est pas un procès d’intention. Tous les libéraux qui dirigent l’Union européenne ont déjà fait savoir qu’ils rêvaient d’une prison des peuples à ciel ouvert. Ainsi Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne a déjà dit que, à ses yeux, « il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens », dans Le Figaro du 29 janvier 2015, quatre jours après la victoire de Syriza en Grèce. Avant lui, Angela Merkel avait plaidé en 2012 pour un « droit d’ingérence » et un « droit de véto » de la Commission européenne sur les budgets nationaux. Après lui, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble s’était permis de dire que « La France serait contente que quelqu’un force le Parlement » à adopter des réformes « mais c’est difficile, c’est la démocratie ».
Ces quelques citations en disent long sur le projet de ces gens. Voilà ce à quoi Macron et Sapin veulent préparer les esprits en faisant mine d’avoir eu une belle idée pour relancer « l’Europe qui nous protège ». On devine qui serait surtout protégé par leurs trouvailles… Surtout quand on sait que le projet comporte aussi par exemple la finalisation de « l’union des marchés de capitaux » ce nœud coulant mortel pour l’indépendance des économies. Encore un coup parti de loin avec un rapport enthousiaste voté récemment par la droite et le PS du Parlement européen. Ils se prononçaient avec enthousiasme notamment pour relancer la « titrisation » des emprunts des entreprises en Europe pour que les banques et fonds puissent les revendre à la découpe dans des empaquetages différents. C’est pourtant ce modèle qui a créé l’effet boule de neige de la crise des subprimes en 2008.
Donc, 2017 sera l’année charnière de ce projet. La Commission européenne a précisé le calendrier de réalisation de cet objectif. Personne ne devrait l’ignorer. Les débats auraient dû commencer. Une première phase est en cours jusqu’au 30 juin 2016. Elle prévoit le renforcement de l’intégration de la zone euro sans changer les traités. Et après ? 2017 marquera le début de la deuxième phase, avec une modification des traités envisagée et même souhaitée. Dès la mi-2016, un groupe d’experts nommés par la Commission européenne planchera sur un éventuel nouveau traité. Au printemps 2017, la Commission prévoit la publication d’un paquet d’orientations sous la forme d’un Livre Blanc sur l’achèvement de l’Union économique et monétaire. Puis suivra la négociation à proprement parler de ce nouveau traité entre les États, sitôt passée l’élection présidentielle française de 2017. L’idée étant que tout soit bouclé dans le prochain mandat des dirigeants français et allemand qui débutera en 2017.
Si la France est alors dirigée par un personnage du même acabit que l’actuel président de la République ou son prédécesseur, le peuple français sera tenu à l’écart de ces tractations. Comme avec Sarkozy en 2008 sur le Traité de Lisbonne ou avec Hollande en 2012 sur le traité budgétaire, aucun référendum n’est prévu pour solliciter l’accord du peuple français. Aucune de leurs promesses sur le sujet ne sera jamais tenue comme l’ont montré les deux précédentes expériences sur le sujet. Je vous mets aussi en garde contre les numéros d’enfumage à l’occasion de la campagne présidentielle. Souvenez-vous des promesses non-tenues en matière européenne. Souvenez-vous de la promesse envolée de François Hollande à propos de la « renégociation » du traité budgétaire. Souvenez-vous de la promesse envolée de Nicolas Sarkozy d’un « mini-traité » suite au référendum de 2005. Ne vous faîtes pas avoir une nouvelle fois. Pour ma part, je dis les choses clairement. Je n’accepterai pas ce nouveau traité qui étouffe la souveraineté des Français. Je plaide pour que 2017 soit l’occasion de sortir des traités européens. Ma ligne est claire : l’Union européenne, on la change ou on la quitte !
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Jacques
On aurait aimé qu’il soit rappelé que l’origine de la loi « El Kohmri » est dans les traités européens. Pour l’UE, les responsables en sont aux aveux. Le 5 mai dernier à Rome, Martin Schultz, président du « parlement » européen: «L’Europe est une promesse, mais une promesse qui n’a pas été tenue», L’Europe «était une promesse faite tous les jours pour davantage d’emplois, de services, de croissance», et des générations d’Européens ont consenti des sacrifices dans l’attente de cette promesse, au moins pour leurs enfants. Or, les dirigeants européens continuent à demander des sacrifices, moins de services, plus d’impôts, «pour quoi faire, pour sauver des banques». Et Donald Tusk, président du Conseil européen. A trop idéaliser l’Europe, à la considérer comme un projet d’Union avec un seul État, une seule nation est non seulement «complètement irréaliste», mais aussi dévastateur pour son avenir. Le rêve d’un seul État européen, d’une seule nation européenne, est une illusion. Nous devons accepter de vivre dans une Europe avec différentes monnaies, avec différentes forces politiques, et la pire chose est de prétendre de ne pas le savoir.
Claude31
Il n’y a aucune illusion de la part de Jean Luc Mélenchon sur cette question . « L’Europe qui nous protège « , c’est de l’humour. Bien relire la dernière phrase de son post.
naif
La Sainte et le Macron.
C’est parti la presse quotidienne régionale annonce le Messie et sa forte progression des intentions de vote alors qu’il n’est même pas candidat. La baudruche médiatique va exploser en plein vol.
Claude31
Bonjour à tous,
Comme d’habitude, l’analyse et les informations que nous livre Jean Luc nous sont très précieuses. On sent bien que quelque chose est en ébullition mais je ne suis pas encore persuadé que nous sommes dans cette situation sur critique qui est annoncée. Je serais, quant à moi plus prudent. En effet je ne sens pas notre peuple prêt à faire une grève générale par exemple, alors qu’il me semble que seul cela pourrait vraiment précipiter la chute de cette équipe mal faisante qui est au pouvoir. Il faut bien sûr continuer les mobilisations mais sans doute à un niveau plus important que maintenant. Mais ça ne se décrète pas !
Tous ceux de ce blog attendent beaucoup de ta participation à l’émission de Pujadas mais, si je puis me permettre après la lecture de ton appréciation du personnage (que je partage), il faudra faire très attention aux provocations qui ne manqueront pas. N’oublie pas de jouer de ton humour qui souvent fait mouche pour faire passer tes belles idées et d’user de ton super sourire. Le fond et la forme. Et tu es bien le seul à pouvoir les réunir.
Un mot sur le PCF. J’espère que Marie Georges Buffet, qui est vraiment une belle personne, fera entendre son point de vue sur la mascarade des primaires le moment venu et avant qu’il ne soit trop tard.
Eric RAVEN
Un grand merci pour ce travail de décryptage qui est rare et précieux pour nous simples citoyens qui avons besoin de comprendre ce moment singulier de de notre histoire… Un jour ou l’autre, c’est sûr, ce blog sera déclaré patrimoine de salubrité politique. Salut et fraternité
sylvie
Ne serait-pas temps de s’interroger sur la source des réticences de ces gens de gooche à renverser le gouvernement actuel ? Pensons à l’étape d’après pour eux. Les signataires risquent leur place aux législatives. Et ils ne sont pas sûrs d’avoir la leur avec jlm2017. Que se passe-t-il entre vous et cette gooche ? Toujours la même ambiance ? La constituante passe par un vote des futurs députés de la future assemblée ? Le coup d’après se prépare-t-il autrement qu’en secret ? On gagne, les eurocrates refusent toute modification essentielle. On fait quoi ? On Change de monnaie. ça se fait en un mois ? Je pense que oui, mais y avez-vous pensé ? Ici à la base on manque de beaucoup d’arguments pour discuter avec nos voisins.Le 5 juin est-il prévu une réunion des différents groupes de travail ? Qui me répondra dans ce dispositif massifiant?
morvan
Franchement le calcul, pour les députés suiveurs solfériniens, de l’investiture aux législatives par le PS, me parait un peu court par les temps qui galopent. Je gage quant à moi que, voir le sigle PS sur des affiches électorales et des bulletins de vote va en 2017 faire chiffon rouge, plus qu’autre chose, et que le handicap de ne pas avoir en soutien la machinerie dudit PS serait avantageusement compensée par la sympathie créée par la rupture. Encore faudrait-il que celle-ci n’intervienne pas (et le moment s’en rapproche furieusement) après des enfilades de compromissions scélérates, lorsque leur plat de carottes est non seulement cuit, mais cramé.
PEPELLE
Comme prévu, la motion de censure a été rejetée. Honte à ces frondeurs, ces écologistes qui ont préféré faire passer la loi plutôt que de voter une motion venant de la droite. Leurs arguments pour ne pas voter cette motion ne tiennent pas. Non Mr Hamon, voter cette motion ne signifiait pas mettre Juppé au pouvoir. Le PS n’a pas eu d’état d’âme pour s’allier à la droite lors des régionales quitte à retirer ses candidats. Un député bien qu’élu dans le cadre d’une circonscription, du fait de ses missions, représente la nation toute entière, il a un mandat national. Sachant que plus de 70% des Français rejettent la loi El Khomri, comment un député peut-il faire passer ses états d’âme sur l’origine politique de cette motion avant le souhait des Français du retrait de cette loi ?
cata
Quittons la ! Puisque si changement il doit y avoir, ce ne sera pas le fait des peuples mais celui des banquiers. Et ce sera vers le pire !
Nicolas.B
O rage, il manquait deux députés pour avoir cette fumeuse motion de censure, on se fout du peuple, faudrait pas entrer en disgrâce. De la rébellion oui, mais point trop n’en faut mon bon seigneur. J’espère me tromper mais la majorité approuve cette loi, comme ils ont appuyé ou laissé passer les autres. La populace se calmera petit à petit, les dieux du stade arrivent bientôt, si la France gagne, les médias n’auront pas de mal à endormir le bon peuple, celui qui se laisse tondre pourvu qu’on lui offre des jeux. D’ici 2017, il vont nous sortir une autre saloperie, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, il se disent qu’ils se referont une virginité de gauche dans l’opposition et qu’ils pourront revenir en 2023. Il faut casser ce scénario et briser cette camisole européenne, c’est le préalable, à eux de proposer les changements si ils veulent éviter cela, on doit être sur la ligne claire de la sortie de cette union Européenne pour rassembler le peuple.
dMc
Bonjour,
J’écris après le non-vote des « frondeurs », non-vote dont je n’ai jamais douté.
Macron ! Je crains qu’il ne mérite pas toutes les lignes que vous lui consacrez, mais le mythe de Jeanne d’Arc est intéressant. Je crains que nous n’ayons plus d’autre choix que de quitter l’euro et l’union européenne, sinon nous serons pasokisé comme Syrisa. Votre victoire à la présidentielle est le seul projet prévisible réaliste pour nous sortir du bourbier, mais la nuit du 4 aout n’était pas programmée en mai 1789 !
Antraigues
Dans un récent article paru dans l’Huma, un policier syndicaliste explique que «…tout est fait pour que ça dégénère…». C’est ce que j’ai constaté de visu lors de chaque manif. Depuis des années, les forces de police sont militarisées et de plus en plus violentes. Les nouveaux matériels sont de plus en plus dangereux, les tirs tendus plus fréquents, et cela ne date absolument pas des débuts du mouvement contre la loi El Khomri. La présence d’activistes ne sert que de prétexte à cette répression grandissante. J’ai d’ailleurs le souvenir des « autonomes » dans les années 70,qui étaient autrement plus violents. Pour obliger les peuples à accepter l’inacceptable, il est indispensable de radicaliser les méthodes de la police. C’est là la principale raison des violences actuelles. C’est pourquoi les tirs tendus et autres brutalités, utilisées parfois contre les cortèges syndicaux pacifiques ou contre la Nuit debout, ne sont pas liées aux « casseurs » et ne sont pas des bavures occasionnées par des policiers épuisés, mais obéissent à une évidente volonté politique. Les quelques policiers qui dénoncent leur instrumentalisation doivent s’interroger profondément sur le rôle qu’on leur fait jouer.
Carmine
Bonjour à toutes et à tous. Encore un grand merci pour ce post qui éclaire les esprits et nous donne du courage à la bataille. Oui, le club des cinq sous l’impulsion des puissants veulent un gouvernement européen où les peuples n’auront plus rien à dire si ce n’est qu’appliquer les ordres pour le bienfait des gros riches planétaires. Ça bouge. Le mécontentement semble grossir de jour en jour. De plus en plus d’électeurs de Hollande de 2012 disent, que dis-je, affirment qu’il ne voteront pas ps voir plus PS de toute leur vie. Et ce ne sont pas des personnes qui voteront FN, bien au contraire. Nous devons, toutes et tous convaincus du programme porté par Jean-Luc et que nous contribuons à améliorer battre les pavés et les gazons pour informer, discuter et faire naître le conflit cognitif. La seule alternative, le vote utile c’est celui pour Jean-Luc Mélenchon. N’hésitons pas à le dire et retroussons nos manches. C’est maintenant ou peut-être jamais.
Hervé
« Je plaide pour que 2017 soit l’occasion de sortir des traités européens. Ma ligne est claire : l’Union européenne, on la change ou on la quitte ! »
Après vous avoir lu entièrement et au vu de ce qui se prépare après 2017, comme dictature néolibérale (néo-féodalisme), j’ai eu peur que vous ne disiez pas, en conclusion, les mots qui me venaient sur les lèvres. Heureusement, cohérent avec vous même et avec votre démonstration, ces mots, maintenant, vous les avez dit « On la change ou on la quitte ! ». Monsieur Mélenchon, si nous voulons être audibles désormais et au vu des Lumières dont nous nous revendiquons, nous devons dire au peuple français que l’heure de « changer l’Union Européenne » est bien derrière nous et que nous n’avons plus d’autre choix que de fermement la quitter. L’Union Européenne n’est pas l’Europe. Les Banques ne sont pas l’âme des peuples européens. Elles sont leurs ennemis comme la Commission européenne est la puissance occupante. J’ai parfaitement entendu votre message. Face à l’occupant, le temps de la tergiversation est largement dépassé. Il faut agir. Appelons-donc clairement maintenant à la libération de notre pays, à la libération des citoyennes et des citoyens de France, à la libération républicaine de notre peuple. Vous le faites ici ce soir. Il faudra demain clairement annoncer la guerre politique de libération nationale, sans plus de détour, ni plus aucune contrition.
Yves Falck
Merci à Jean-Luc Mélenchon pour ses éclairages pertinents, pédagogiques et plein d’humour lorsque le sujet traité le permet, comme notre nouvel avatar de Jeanne d’Arc. J’ai, sans doute comme la majorité des personnes qui interviennent sur ce blog, signé pour apporter mon soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon et au mouvement des insoumis. Comme beaucoup je pense que Jean-Luc Mélenchon est le mieux à même d’offrir au peuple français une porte de sortie du désastre politique social et écologique où nous nous enfonçons depuis plusieurs décennies. Ce nouvel épisode de tentative de passage en force, au 49-3, pour imposer au forceps une loi inspirée par l’UE et le MEDEF (et l’AFEP) et rejetée par une grande majorité des Français (>70%) prouve, s’il en était encore besoin, le bien fondé d’un travail citoyen pour une nouvelle constitution et une 6ème République où la démocratie ne soit pas un mot pratiquement vide de sens dont se gargarisent le plus celles et ceux qui y croient le moins. Ceci dit, je pense que la principale vulnérabilité de Jean-Luc Mélenchon est qu’il est perçu comme quelqu’un de trop perso. Même s’il est naïf d’espérer que des personnalités comme Thomas Picketty (idée de Paul Jorion), Nicolas Hulot, Daniel Mermet ou Gérard Filoche puissent travailler ensemble avec leurs compétences spécifiques dans un contemporain CNR. Devant l’importance de l’enjeu j’ose néanmoins souhaiter, comme Marie Labat, que Jean-Luc Mélenchon prenne l’initiative de contacter certaines de ces personnes.
Nicks
Le sens politique de Paul Jorion est à peu près nul et Picketty une très mauvaise idée, tant il est l’incarnation d’une forme d’impossibilité d’une certaine gauche à envisager le rapport de force politique. Filoche est totalement aveuglé par son affect et ne s’est pas aperçu que la plupart de ses collègues du PS étaient des professionnels qui pensaient avant tout à leur carrière. Son engagement est réel mais son énergie bien mal dépensée. Il ferait pourtant un bon ministre du travail ou des affaires sociales. Mais il ne jure que par le PS. En revanche, dans le projet écosocialiste, il y aurait la place pour un super ministère de l’environnement et Hulot pourrait l’occuper de façon crédible, pour peu qu’il se rallie définitivement au principe de l’action collective. D’un point de vue électoral et dans le but de rassemblement citoyen que s’est fixé Jean-Luc Mélenchon, il me semble que ce serait un gros plus d’obtenir sa coopération. Mais est-il prêt à accepter que l’efficacité du projet soit synonyme de l’acceptation d’un antagonisme entre l’intérêt général et celui des multinationales et de réduire les nuisances de ces dernières par l’autorité étatique, donc de celle de l’ensemble des citoyens ? Son parcours montre une véritable inflexion d’un libéralisme à préoccupation écologique, vers une prise de conscience qu’aucune avancée ne peut exister dans le laisser-faire et l’unique action des individus isolés. La porte n’est peut-être pas fermée.
Philippe123
L’Europe n’est perçue que comme une manne de consommateurs, on est juste bons à vider nos comptes pour acheter des produits qui sont faits ailleurs et une fois qu’on n’aura plus les moyens on s’endettera à titre personnel comme c’est le cas au Royaume Unis ou aux Etats-Unis où tout le monde vit à crédit. Or qui dit crédit dit intérêts et surtout remboursement. Or la crise de 2008 c’est justement la crise des défauts de paiements que tout à coup on découvre catastrophés « Hé bien mince alors excusez nous on s’est trompé mais promis on fera attention en attendant vous devez régler nos ardoises car si on s’effondre vous vous effondrez avec nous ».
Depuis pas mal de temps on reparle d’une possibilité d’une nouvelle crise financière de type 2008 même certains pensent que cela sera encore plus fort. C’est bien la preuve que le système tel qu’il est présente des failles énormes, il y a tout à coup ruptures très violentes.
Sinon tout va bien c’est l’euro de football qui arrive. Et puis après le tournois de Rolland Garros, après les JO au Brésil, et puis après le Tour de France et vers le 20 aout c’est le championnat de foot qui reprend ! Elle n’est pas belle la vie ?
Francis
Vous semblez faire l’amalgame entre un geste de colère spontané d’un syndicaliste engagé de longue date dans un conflit pour sauver son entreprise et les emplois de ses frères de peine qui vient d’apprendre qu’il a été trahi et les casseurs professionnels organisés pour semer le désordre dans les manifestations populaires. Ceux-là servent le pouvoir des possédants en écartant des manifestations tous ceux du peuple qui réprouvent la violence et ils sont majoritaires et j’en suis. Rappelez-vous simplement que tous les pouvoirs autoritaires se sont installés avec l’assentiment ou la neutralité bienveillante d’une majorité (silencieuse) suite à des provocations voir des complots violents.
Dans ma vie syndicale j’ai eu à vivre un tel épisode. Une grève majoritaire du personnel de mon entreprise a été littéralement cassée par une bande de provocateurs extérieurs à l’entreprise qui ont saccagé un siège patronal détruisant même des tableaux de valeur historique. Le lendemain la grève était minoritaire et le mouvement syndical en a été terriblement affaibli. L’entreprise a été liquidée par la suite. Aujourd’hui des belles résidences se dressent sur l’emplacement de cette entreprise qui employait plus de 5000 personnes. Les capitaux sont allés au capital et les salariés au chômage. Avec la complicité des casseurs organisés.
DOIDY
Dans l’histoire, la révolte pour que les responsables s’en aillent tous est toujours suivie d’une reprise en main d’un ordre moral, qui profite de l’occasion pour effacer les traces des conquêtes faites par le peuple au prix de grands sacrifices. C’est ce qui se passe en Amérique du sud ! Jean-Luc décrit avec une lucidité impressionnante le processus de déchéance de ceux qui préparent la suite pour qu’elle soit réactionnaire, mais il ne dit pas comment éviter que cela se produise. Les énarques et les banquiers savent que c’est inéluctable et c’est pour ça qu’ils l’anticipent, c’est indigne. Si la campagne qui commence et qui se conclura en mai 2017 ne parvient pas à alerter les citoyens sur ce risque, l’histoire du grain de sable pourrait bien révéler non pas la chute d’un régime mais celle de la République.
Pastit
Simple à faire : éditer la liste des députés de gooche qui ne se sont pas opposés au 49-3 ainsi que la liste des frondeurs qui ont tenté la deuxième motion de censure. Par tous les moyens possibles, appeler (ou demander à) tous les travailleurs à ne plus jamais voter pour ceux qui sont incapables de les défendre quand la situation l’exige. Pour le moins ne pas remettre au parlement ceux qui ne tentent rien ! Ils y réfléchiront peut être en 2 fois quand repassera la navette. Ils doivent sentir le couperet du peuple tout aussi affûté que celui de Solférino.
lilitte
Mais elle existe la liste, sur Médiapart.
NICO 75
Toujours autant de plaisir et d’impatience de te lire. J’ai aussi hâte d’être au 26 pour ce grand moment de télé. Il sera évidement très important pour la suite des événements, et une bonne caisse de résonance pour le défilé des insoumis le 5 juin, et faire connaitre notre programme. Tu vas avoir à affronter les salopards du PAF. Soit bon et ridiculise les. Merci d’être notre porte parole.
Rémi
Imaginez un tantinet ce qu’il adviendrait de la République avec le 49.3 si la fille du borgne arriverait au pouvoir ! Doit-on remercier Mme Myriam El Khomri, d’avoir, à coups d’une loi inepte sur le travail d’avoir, une fois de plus, révélé la droitisation inexorable d’un parti socialiste ayant oublié le socialisme (définition : socialisation des bien de production à des fins de progrès) ? Peut-être ? Car ainsi s’ouvre une formidable fenêtre de recomposition des forces politiques de progrès dont Jean-Luc peut et doit saisir l’opportunité de clarification droite-gauche, la création d’un véritable parti progressiste et social avec l’aide des élus communistes emmenés par Chassaigne, apparentés comme Huguette Bello, certains EELV, les frondeurs, certains démissionnaires du PS, le Parti de gauche bien évidemment et même (pourquoi pas ?) des démocrates comme Jean Lassalle. En politique, il faut savoir se regrouper pour se faire entendre.
La loi du marché n’a jamais été écrite et elle n’est ni immanente ni divine, par cette « loi », ceux sont des hommes qui misérabilisent d’autres hommes. A vous d’agir, cher Jean-Luc, je vous suivrais.
marcel
bonjour à toutes et à tous,
Merci Jean-Luc. Vu dans l’Huma aujourd’hui un entretien avec Jean-François Gayraud commissaire divisionnaire spécialiste de l’évasion fiscale. J’ai relevé des chiffres percutants comme « les 28 banques qui constituent l’oligopole mondial possèdent 56 000 milliards d’euros tandis que la dette mondiale atteint environ 47 000 milliards d’euros« , chercher l’erreur ! Pour terminer un livre qui instruit et qui détend « au bord du gouffre » de Claude Mazauric, éditions Arcane 17.
Montagne noire
Bravo Jean-Luc Mélenchon.
À tous les nuits debouts et les ulcérés du 49.3, que ferez-vous le matin du 1er tour ?