L’épisode du 49.3 est un concentré du tableau politique dans lequel nous vivons. À deux signatures près, une motion de censure venant de la gauche était déposée et le gouvernement serait tombé par la gauche. Tout est-il fini ? Certes non ! La censure peut encore être votée, soit dès à présent, soit au prochain passage du texte à l’Assemblée. J’explique pourquoi. Puis je me moque autant que je me réjouis des nouvelles aventures de Macron dans la presse populaire, dans le sketch orléanais. En bouclant mes lignes j’apprenais que le prodige annoncerait sa candidature pour 2017 en juin. Je jubile. Puis je parle d’Europe et du nouveau traité en préparation dont personne ne vous parle et surtout pas le « service public de l’information ».
Non ! tout n’est pas fini sur la loi El Khomri, loin de là. Voici pourquoi. D’abord au plan parlementaire. Pour en comprendre le sel il faut savoir que le calendrier des navettes parlementaires entre l’Assemblée et le Sénat ne fait que commencer.
En 2014, pour la loi Macron (ouiiiiiiii celui de VSD !), Valls (ouiiiiiiii le dindon de la farce Hollandique) avait déposé trois fois de suite le 49.3 ! Et la droite avait déposé deux fois la motion de censure ! André Chassaigne et les députés communistes n’étaient pas parvenus à déposer une motion de censure de gauche en dépit de tous leurs efforts car le bloc des frondeurs était gelé. Ils avaient dû voter seuls la motion de la droite. J’en étais totalement d’accord. Il est temps d’ailleurs de dénoncer le chantage à la droite que pratique le PS !
Hollande et Valls étaient prêts à voter avec la droite et l’extrême droite la déchéance de la nationalité. Une mesure d’extrême droite ! Ils n’ont pas à nous donner de leçon ! Surtout quand le but de nos efforts est d’empêcher la destruction d’acquis sociaux ! Et davantage encore quand ils sont responsables de toute la situation qui conduit à ce vote. Car, ne l’oublions jamais, il s’agit de décider la fin de la hiérarchie de normes sociales sans débat et sans majorité parlementaire. Que les auteurs d’un tel coup de force osent donner de leçons de morale est aussi choquant que tout le reste de la situation réuni ! Quand à dire que la censure conduit à la dissolution, c’est un épouvantail à nigauds ! La censure fait tomber un gouvernement. Le président nommerait alors un nouveau Premier ministre. C’est tout. Et la loi responsable de la chute disparaîtrait. Si le nouveau Premier ministre est bien choisi, il retrouvera sur les bancs de l’Assemblée la majorité de 2012.
Quoi qu’il en soit sur la loi El Khomri, Valls n’a pas encore gagné ! La lutte continue et elle doit être menée pied à pied ! 56 députés de gauche étaient prêts à voter pour la censure. 234 députés de droite s’y préparent. Cela fait 290 voix pour la censure. Or il en faut 288 pour adopter une motion de censure ! Si les députés de gauche engagés prennent leurs responsabilités en utilisant le vote pour la censure déposée par la droite, ils bloquent la Loi El Khomri dès cette semaine ! Il ne faut pas se payer de mots et de grands gestes de posture : voter la censure du gouvernement est la seule manière de refuser cette loi dans ce régime de la 5e République sitôt que l’article 49.3 de la Constitution est utilisé par le gouvernement. Et la responsabilité du gouvernement est seule en cause comme c’est exactement le sens politique de cette procédure ! Et sinon, la bataille continue au Parlement. Même si cette motion de censure est repoussée, le texte peut quand même être de nouveau l’objet de la censure. Le circuit parlementaire n’est pas fini. La loi va passer devant le Sénat le 14 juin. Puis elle devra revenir en nouvelle lecture et enfin en lecture définitive devant l’Assemblée nationale.
Pour la loi Macron, le gouvernement avait usé les trois fois de l’article 49.3 et la droite avait déposé une motion de censure seulement les deux premières navettes. Le prochain 49.3 sera donc sans doute dégainé de nouveau fin juin. Sauf, bien sûr, si le gouvernement Valls tombe avant. Car le trouble va aller croissant dans les bancs et dans la rue. Continuons donc la pression sur les députés. Un par un dans chaque département ! Encourageons les 56 qui ont signé la motion de censure de la gauche à l’Assemblée pour qu’ils trouvent les deux signatures qui ont manqué cette fois ci. Continuons la mobilisation sous toutes ses formes. Comme ont commencé à le faire les membres de Nuit Debout, du PG, du NPA et de la Jeunesse Communiste hier soir devant l’Assemblée ! Nos élus, comme Danielle Simonnet et Eric coquerel, mais aussi André Chassaigne et Marie-George Buffet, étaient dans la rue ce soir-là, aux côtés des manifestants. Mais aussi en répondant à l’appel des syndicats ! Le plan de marche est fixé.
Les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, FIDL et UNL appellent à l’action ce jeudi 12 mai. La manifestation parisienne partira à 14h de Denfert-Rochereau pour aller vers l’Assemblée : elle y arrivera au moment du vote de la motion de censure. Les syndicats appellent aussi à la grève et à des manifestations la semaine prochaine, mardi 17 et jeudi 19 mai. Les routiers sont aussi appelés à une grève reconductible contre cette loi à partir de lundi 16 mai au soir et les cheminots pourraient en faire autant dans les jours qui suivent. Au total, les syndicats « n’écartent aucun type d’initiative pour les semaines à venir, y compris une manifestation nationale ». Non, décidément, Valls n’a pas gagné ! La lutte continue !
Dans ce contexte, il faut répéter ici les consignes de refus absolu de la violence. Je parle de celle que nous sommes en état de contrôler nous-mêmes : celle qui vient des rangs des manifestants. Les vitrines brisées et les saccages de mobilier urbain ne servent que nos adversaires. Il faut être stupidement nul ou être manipulé pour ne pas le comprendre. Notre intérêt est au contraire que les policiers finissent par rallier, en tant que salariés, la protestation sociale. Le processus est à l’œuvre. Il faut le faire murir. Personne d’entre nous n’a intérêt à une mentalité de guerre civile dont les policiers seraient les boucs émissaires. Je le dis d’autant plus fermement que la situation est très dangereuse déjà et que nous en payons tous le prix. En témoignent les graves blessures reçues par notre camarade Gabriel Mazzolini. Ce militant est un non violent qui assure les formations aux techniques de résistance non-violente. Aucun prétexte de casse ne peut être évoqué contre lui. Le voilà aujourd’hui hospitalisé, pour une opération visant à lui extraire les éclats d’une grenade de désencerclement. Celle-ci a été jetée dans la foule sans aucune précaution face aux risques de graves blessures. Combien de drames faudra-t-il pour que le gouvernement cesse d’organiser cette violence disproportionnée ?
Depuis des semaines, notamment après qu’un très jeune manifestant a perdu un œil à Rennes, nous alertons sur le danger de cette situation. Nous réclamons que l’on cesse d’utiliser ces grenades de type F4 qui ont déjà occasionné beaucoup de blessés, de même que l’interdiction des flash-ball. Et je rappelle que les tirs tendus, maintenant devenus ordinaires dans les manifestations, sont interdits ! Il n’y a dans ces remarques aucun état d’esprit anti-police de notre part. J’ai à mon agenda des rencontres avec des policiers pour parler de tout cela. Et le Parti de Gauche, dont je suis membre, a d’ailleurs prévu de rencontrer les syndicats de policiers pour échanger sur cette situation. De toute façon, nous ne devons jamais oublier qu’en voulant faire passer brutalement une loi illégitime, le gouvernement est le premier responsable de la mise sous tension du pays. Il est directement responsable aussi de la sur-utilisation de forces de l’ordre épuisées dont il décide de la doctrine d’emploi, créant des situations souvent très dangereuses.
A présent, après cet appel à mobilisation et ce calendrier d’action parlementaire et de rues très concret, je pense que je trouverai parmi mes lecteurs des personnes qui s’intéressent comme moi aux questions de l’application de la méthode matérialiste à l’Histoire. Je ne suis pas le premier à vouloir faire entrer cette méthode dans le détail de la compréhension d’un moment politique. Certains se souviennent que Lénine s’y essaya pour définir ce qu’était une situation « pré-révolutionnaire ». Je m’y intéresse avec d’autres outils. Voyons déjà le moment.
J’ai déjà décrit à de nombreuse reprises comment s’installait dans une société cette situation où le slogan commun devient « qu’ils s’en aillent tous », ou, plus bref encore, à la tunisienne : « dégage ». Ce point d’ébullition est en vue en France. C’est le moment où plus aucune autorité n’est crue ni supportée : responsables politiques, juges, journalistes, policiers et ainsi de suite. Tout le lien de l’ordre établi semble crouler sous le poids du même opprobre. Mais quand se produit l’effondrement ? L’expérience montre qu’un évènement fortuit le provoque. Un évènement imprévisible, parfois dérisoire par rapport aux enjeux. L’esprit public connait ce mécanisme sous le nom « d’effet papillon », où une cause minime déclenche un évènement sans rapport à une échelle disproportionnée. Un battement d’aile de papillon à Mexico provoque un ouragan à Pékin, dit-on. En politique, tous ceux qui disaient juste avant le déclenchement « mais vous voyez bien que rien n’y fait, le système tient bon malgré tout » sont alors ébahis : en quelques heures, tout s’effondre. Certes imprévisible, le phénomène s’inscrit pourtant dans une figure dynamique qui peut être décrite et ne doit rien ni à la magie, ni à la providence ni à aucune des habituelles explications compliquées qui fleurissent souvent après coup.
Pour rendre compte du phénomène, imaginons un petit tas de sable sur un petit plateau suspendu. Il recevrait une lente coulée de sable supplémentaire grain par grain. Au bout d’un certain temps, imprévisible, se produit une avalanche sur le flanc du tas de sable. L’importance de cette avalanche est aussi imprévisible que son déclenchement. C’est là une image approximative mais parlante du système dont je parlais. Les grains du tas se tiennent les uns aux autres, quelle que soit la position sur le tas, comme le sont les faits et les individus en société. Le grain de sable qui va déclencher l’avalanche peut-être minuscule et de toute façon sans rapport avec l’état relatif du tas et la position de son point d’atterrissage.
Tel est l’évènement fortuit. Il n’est pas la cause absolue de l’avalanche contrairement aux apparences. C’est l’état du tas de sable qui fait l’avalanche. S’il y a une grosse bosse de grains sur la pente du tas on peut dire que l’avalanche est imminente. Le tas peut être dit en état « surcritique ». Si par contre une avalanche vient d’avoir lieu et qu’on voit un creux, on peut conclure que l’avalanche n’aura pas lieu avant quelque temps. Le tas peut être dit en état sous-critique. Un même grain de sable peut provoquer une avalanche ou n’en provoquer aucune selon que le tas de sable est en état surcritique ou sous-critique. Ce type de système porte un nom barbare en physique : « système critique auto-organisé ». Il rend compte de façon matérialiste de la dynamique des évènements sociaux et politiques dans les processus d’effondrement politique ou de révolution citoyenne.
Sur cette base nous pouvons dire que la situation est surcritique en France quand à deux voix près le gouvernement peut tomber sous les coups de sa propre majorité. D’autant que l’état surcritique va s’aggraver. C’était le sens du début de ce chapitre. Le calendrier des navettes parlementaires ne fait que commencer. Le programme des journées d’action syndicale est engagé. L’évènement fortuit est au bout de la rue.
Au milieu de la pagaille du 49.3, dans le désordre général, après avoir dénoncé la « caste politique » dont sont membres tous ses collègues du gouvernement et le président lui-même, après s’être accroché en public avec le Premier ministre sur les bancs de l’assemblée, Macron annoncerait sa candidature en juin selon Médiapart ! Nooooon ? Encore ! Oui, vraiment, c’est trop bon ! Imaginez la tête de Valls ringardisé en moins de deux mois et réduit à donner le fouet à l’Assemblée pendant que son ministre des Finances fait le kéké en couple dans la presse populaire ! Penser aux chocottes de Hollande qui s’est déjà pris les pieds dans le tapis avec des leurres qui refusent d’obéir ensuite, comme en 2007 avec la candidature de Ségolène Royal ! Bravo Macron qui leur pourrit la vie et dévaste le camp solfériniens !
Je ne dirai pas que « en marche » était le nom de la web-série de ma campagne de 2012. Ni que son site est une mauvaise copie de l’idée de plateforme que nous mettons en œuvre déjà en Espagne en France et aux USA. J’espère juste qu’il paie cher ces plagiats et que sa collecte de fond anglaise (même en passant par l’Amérique latine tout se sait) est déjà bien gaspillée par quelques-uns des paniers percés qui l’accompagnent.
Droitier caricatural, artefact de tigre en peau de lapin, le voici déjà pris à devoir tenir la main de son épouse (« ma femme que j’aime beaucoup ») dans VSD pour rassurer le bon peuple qui aime tant les familles royales ! A peine pondu, déjà frit ! Ce dimanche il a joué l’ami de la pucelle inspirée, dans un discours de sous-préfecture très vintage. Jeanne d’arc ! Poilade !
Seule la production du mythe a de l’intérêt pour l’Histoire de France. Ces messieurs les têtes d’œuf ne le savent pas. Je vous renvoie à l’excellent post d’Alexis Corbière sur l’histoire de cette guerre de propagande entre l’Église et la République. Tant de naïfs découvriront que l’Église, qui condamnait encore le suffrage universel en 1906 et ne reconnut pas la République avant 1920, mena un combat pour s’approprier le personnage de Jeanne d’Arc. En effet elle venait d’être « inventée » (comme on le dit d’une découverte) par les grands laïcs qui venaient de fonder la troisième République. Héroïne nationale de choix au lendemain de la défaite de Sedan. Condamnée par un évêque collabo de l’envahisseur anglais : un beau personnage pour l’époque. Rude épreuve pour les cléricaux d’alors que ce défi ! Car c’est l’Église et non le pouvoir civil, sous la férule de l’évêque Cauchon (mais oui, c’est son nom), qui envoya la douce exaltée au bucher pour sorcellerie du fait qu’elle prétendait avoir entendu des voix d’archanges. Jeanne d’Arc est morte brulée vive en 1431.
585 années après, le pauvre discours de Macron est une des innombrables variantes de ce type de commémoration : raconter des histoires pour s’auto-célébrer au mépris le plus complet de ce qui pourrait déranger. Tous les poncifs, anachronismes et trémolos de rigueur y étaient. Avec le pieu oubli de tout ce qui pourrait fâcher : que la virginité de cette malheureuse continue d’être mentionnée à son crédit, ce qui est patriarcal ; que l’Église la fit brûler, ce qui est anticlérical ; et que la vie du principal lieutenant de la sainte guerrière, Gilles de Rais, est celle d’un monstre pédophile assassin que la justice de l’époque fit exécuter en dépit de son rang tant ses crimes étaient révoltants, ce qui est totalement immoral.
Le pompon de l’ignorance est d’entendre le fantastique et magnifique monsieur Macron dire qu’il ne croit pas à l’homme ou la femme providentiel au moment il parle du parangon de cette variété puisque Jeanne d’Arc fut « donnée par la providence » elle-même, raison pour laquelle elle fut canonisée ! Peu me chaut en fait. Que le journal Les Échos lui aussi se soit senti obligé de pondre à son tour une rédaction d’élève de troisième sur le thème en première page, avec photo couleur, pour participer à la promotion de Macron, meilleur ami de la femme qui entendait des voix, est suffisamment drôle pour que nous nous estimions dédommagés d’avoir eu à subir toutes ces simagrées.
Mais il me semble qu’à notre époque, nous méritons mieux que la légende dorée. Deux mots pour agacer sur le sujet. Le personnage historique de Jeanne d’Arc prend place au milieu d’une foule d’illuminés de l’époque dans un contexte de désordre politique et militaire total. Le roi fou (Charles VI) a reconnu que l’anglais est roi de France. Son fils Charles VII règne sur une petite Cour à Bourges où un certain nombre de seigneurs français attendent leur heure avec lui, tandis que la plupart des autres collaborent avec enthousiasme avec l’occupant. Cette guerre est d’abord une guerre civile sous l’ancien régime. Jeanne ne réconcilia personne mais au contraire choisi son camp. Cette Jeanne-là arrive après bien d’autres jusqu’à Charles VII qui n’en a cure mais voit bien ce qu’il peut tirer d’une illuminée qui clame venir de Dieu pour faire « sacrer le roi à Reims ». De toutes façons il n’en peut mais…
Quant à elle, c’est son inconscience absolue qui lui fait lancer un assaut victorieux sans aucune préparation. C’est ce qui permit de débander à Orléans, par surprise, un siège à moitié abandonné par l’ennemi. Le même genre de charge absurde lui vaut de se prendre un carreau d’arbalète devant Paris (entre la station de métro la Chapelle et Marx Dormoy, selon la légende) et de perdre platement la bataille contre d’autres Français. Les « voix » avaient oublié de la prévenir sans doute. J’en passe.
Bon républicain, je suis un ami de la dame brûlée par les curés, cela va de soi. Bon républicain je sais que l’envahisseur est toujours infâme, anglais ou allemand selon les saisons de l’Histoire et qu’il ne faut jamais oublier quoi que ce soit même quand on pardonne. Ami des héros, je sais aussi que dans notre pays tous les traitres ont des noms adaptés à leur rôle : Cauchon brûle Jeanne d’Arc, Merda tire sur Robespierre, Vilain tue Jean Jaurès. Aimer Jeanne d’Arc, c’est détester ceux qui ne l’aimaient pas à l’époque. La France du roi français contre le roi anglais. Inutile de souligner le genre de parallèle qu’on pourrait faire plutôt que les mièvreries de ce Macron du dimanche. Mais comme on le sait, son apologie n’alla même pas jusqu’à dire de quoi la malheureuse était morte, ni qui en était responsable.
Un jour où l’autre, j’aurai sans doute à mon tour le devoir de parler en public sur cette Jeanne d’Arc d’heureuse mémoire. Je vous y donne rendez-vous quand ce sera le moment. Je saurai mettre un nom sur l’ennemi si j’avais à parler sur le sujet. Le propos au gros burin de Macron était qu’on finisse par le prendre pour elle, au prix d’allusions spécialement lourdingues. Célébrer Jeanne d’Arc est un exercice sans aucune valeur historique. C’est toujours, et à chaque génération politique un exercice allégorique. Il en va de même cette fois-ci et c’est bien pourquoi le système a adoooooréééé la scène et ses farcesques vocalises. Le moment était celui d’une mise en scène de la volonté « d’union nationale » entre la droite LR (maire de la ville) et le PS dont Macron est la figure du jeune marié. Beau comme une grande coalition du type de l’Allemagne et de tant d’autres pays d’Europe. Beau comme madame Clinton s’accordant avec la famille Bush aux USA pour reléguer sur le bord de l’assiette Donald Trump et Bernie Sanders. Mais ma conviction est que leur tour est passé.
Ce soir-là, Pujadas parlait d’Europe. Juste pour m’attribuer « le bonnet d’âne » de celui qui corrige le plus ses votes au Parlement européen… Le Pujadas national n’y connaît rien mais ça ne l’empêche pas de causer. C’est clair que ce ne sont pas ses démentis qui lui permettraient de concourir : Pujadas ne se trompe jamais ! Il n’en reste pas moins que cet homme-là s’intéresse à l’essentiel de ce qui peut détourner l’attention des choses sérieuses. Car pendant qu’il fait le mariole à bon compte, l’histoire de l’Union européenne se prépare à une bifurcation majeure : un nouveau traité européen est en gestation. Ce sera un enjeu majeur de l’élection présidentielle de 2017.
J’en ai déjà parlé sur ce blog et dans ma déclaration pour proposer ma candidature. J’y reviens pour vous mettre en alerte. Je m’étonnerais d’être bien seul à tirer le signal d’alarme sur ce projet si je n’avais connu cette situation une fois déjà. Cela me rappelle étrangement les débuts de la négociation pour le marché unique avec les États-Unis en 2008-2009. Comme j’étais seul à dénoncer ce projet, j’en finissais par me demander si j’avais bien compris. Ce que j’ai compris du coup c’est la façon de faire des auteurs de ce type de projet. D’abord ne rien laisser voir, lancer des ballons d’essai, attendre, jouer à petite touches lentement déposées, jusqu’à ce que la situation paraisse « évidente » et ainsi de suite. Ils peuvent compter sur l’aide bienveillante des médias fatigués d’avance par le sujet européen, qui consacrent leur intérêt pour la vie de l’Europe réelle aux genres de fixettes à deux balles dont ils m’accablent : taux de présence des parlementaires, leurs erreurs de vote et ainsi de suite c’est-à-dire pour tout ce qui n’a pas d’importance. Cela, non par complot mais parce que sinon il faudrait travailler, donner du temps et ainsi de suite, ce qui demanderait donc de l’argent alors que « ca n’intéresse personne ».
Cette méthode ce fut celle pour TAFTA bien avant que celui-ci devienne un sujet médiatique désormais propice à toutes les manipulations. L’actuel numéro de réticences hypocrites et soudaines de François Hollande ou Nicolas Sarkozy contre ce traité avec les USA ne doit pas faire illusion. Je me permets donc de vous donner la clef d’explication : les deux savent que Merkel joue en ce moment la tension avec les USA et que, en même temps, l’affaire est mal emmanchée côté nord-américain. En effet, ces derniers ne cèderont rien sur l’accès des européens aux marchés publics des divers États qui composent les USA. Mais l’Allemagne veut ce traité. Il favorise en effet son industrie et en particulier, en ce moment, ses exportations de machines-outils. L’Allemagne l’imposera aux Français, qui se coucheront comme d’habitude, lorsqu’elle aura obtenu les garanties qu’elle demande. Je n’en dis pas plus pour cette fois mais il est désolant de voir qu’un sujet qui agite tant de décideurs ne suscite aucun débat ni intérêt du côté européen et français. Et du côté français encore une fois, aucune vision stratégique, aucun projet à part : les bredouillements habituels sur « l’Europe qui nous protège » et autres refrains ineptes de ce type. Et ce n’est pas Pujadas qui va relever le niveau !
Quoi qu’il en soit, préparez-vous en 2017 à voter aux présidentielles en vous demandant ce que chaque candidat se prépare à faire sur ces sujets. Et vérifiez bien ce qu’ils ont déclaré vouloir faire dans le passé récent et ce qu’ils firent vraiment. Attention aux héros d’opérette qui disent « non » au traité tout en ajoutant un ton plus bas, à la mode hypocrite du refrain des « frondeurs » : « en l’état ». Voilà pour TAFTA.
Mais les mêmes vont aussi faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas parler du prochain traité européen. Il est pourtant déjà en discussion entre gens importants. Comme les poissons-pilotes de François Hollande lancent des ballons d’essai, mieux vaut se dire que le coup pourrait arriver plus tôt que prévu. Méfiance donc ! Deux grosses pointures de la Hollandie réelle ont pointé le nez : le ministre des Finances Michel Sapin et son collègue de l’Économie, le magnifique, formidable, moderne « Mozart de la finance » et ami de Jeanne d’Arc qu’il « aime beaucoup » aussi, j’ai nommé, mesdames et messieurs, trrrrrrrr (roulement de tambour), Emmanuel Macron.
Lui et Sapin, ces deux finauds, ont récemment évoqué l’idée qu’ils aimeraient « un nouveau traité européen ». Comme si tout d’un coup ces deux-là avaient une vision géopolitique personnelle ! Michel Sapin l’a joué dans son mode sournois habituel. Il a déclaré dans Libération du 30 mars que son homologue allemand « Wolfgang Schäuble, et moi, nous partageons la conviction que l’Union monétaire, qui est une réussite, doit impérativement s’accompagner d’une union économique plus forte. Donc nous devons aller de l’avant. Mais l’un et l’autre, nous faisons le constat, peut-être à regret, que la situation politique dans nos pays respectifs ne permet pas d’envisager dans les mois qui viennent une avancée qui rendrait obligatoire une modification des traités. Nous devons donc aller le plus loin possible dans l’intégration, sans qu’il y ait besoin de changer les traités. Pour autant, je pense que la France et l’Allemagne doivent prendre rapidement une initiative qui trace un horizon au-delà de 2017, et qui ne s’interdit pas à terme une modification des textes européens ». Compris ? Deux semaines plus tard, le 18 avril, à Bruges, c’est Emmanuel Macron qui a entonné le même refrain : « On doit prendre un vrai traité refondateur […] que nous devons préparer dans les 18 mois qui viennent », c’est-à-dire d’ici fin 2017. La presse qui gonfle à l’hélium enrichi cette baudruche s’est pâmée d’admiration sans qu’un seul des plumitifs qui pompent se pose la moindre question. Mais à mon quartier général, la veille politique a noté : alerte !
Macron et Sapin ne sont pas capables d’avoir eu cette idée tout seuls. Leur « proposition » n’est en fait qu’un empaquetage d’un projet déjà dans les cartons des eurocrates. Je l’ai déjà évoqué sur ce blog. Je le prouve. La mise en chantier d’un nouveau traité européen est au programme depuis un rapport rendu en juin 2015 par les « cinq présidents » de l’Union européenne. Oui, les « cinq présidents » ! C’est-à-dire le président du Conseil des chefs d’État Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi et le président de la réunion des ministres des Finances de la zone euro Jeroen Dijsselbloem ! Evidemment, vous chercherez qui d’autre que moi vous en aura parlé alors comme je l’ai fait sur ce blog !
Quand Sapin et Macron font semblant d’avoir une idée qui resterait à approfondir, sachez que les cinq présidents ont déjà commencé à tracer davantage qu’un croquis. Leur but est déclaré sans ambiguïté: « approfondir l’Union économique et monétaire (UEM) à partir du 1er juillet 2015 et la parachever en 2025 au plus tard ». C’est-à-dire achever la construction d’une zone euro où les peuples et les États ne seront plus souverains. Une zone où des décisions peuvent être imposées aux États en matière budgétaire ou de réformes du marché du travail encore plus durement qu’aujourd’hui. Parmi leurs ambitions à court terme, on trouve évidemment le renforcement du « semestre européen ». C’est-à-dire des procédures annuelles de contrôle des budgets et des réformes nationales par la Commission européenne. Les eurocrates veulent que les exigences de la Commission soient appliquées plus férocement encore par les gouvernements.
Ainsi, le rapport des « Cinq présidents » propose que la Commission fournisse un « soutien technique coordonné par le service d’appui à la réforme structurelle de la Commission ». Ce serait l’application du régime de la Troïka à tous les États européens soumis à des « recommandations » qui verraient débarquer les hommes de main de la Commission dans les ministères pour imposer les « réformes structurelles » dont le peuple ne veut pas. Ces eurocrates voudraient aussi créer un « comité budgétaire européen » composés « d’experts » et chargé d’émettre des avis sur les budgets de chaque État en plus de l’avis déjà rendu par la Commission. Alléchant, non ? Sapin et Macron ne sont pas au courant ? Ou bien l’ami de la pucelle qui a bouté les Anglais hors de France ne voit pas d’inconvénient à élargir le champ d’action de l’occupant.
Après 2017, les eurocrates aimeraient pouvoir renforcer de manière drastique ces instruments de verrouillage des peuples, y compris si besoin par un nouveau traité budgétaire. L’habillage ? Ce serait la création d’un « budget et d’un Trésor de la zone euro ». La Commission ou un autre organe verrait ses pouvoirs d’injonctions et de sanctions renforcés voire automatisés. La Banque centrale resterait quant à elle bien évidemment indépendante, c’est-à-dire capable d’étrangler monétairement un État comme elle l’a fait avec la Grèce et Chypre. C’est en fait une mise au pas de toutes les démocraties nationales qui se profilent. Les cinq visent aussi l’instauration d’une représentation unique de la zone euro au sein du FMI au lieu des représentations de chacun des 19 États à court terme, avant d’étendre ce principe à d’autres organisations internationales comme l’organisation mondiale du commerce et ainsi de suite comme on le devine.
« L’approfondissement » de la zone euro serait en réalité une nouveau tour de vis contre la souveraineté populaire. Ce n’est pas un procès d’intention. Tous les libéraux qui dirigent l’Union européenne ont déjà fait savoir qu’ils rêvaient d’une prison des peuples à ciel ouvert. Ainsi Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne a déjà dit que, à ses yeux, « il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens », dans Le Figaro du 29 janvier 2015, quatre jours après la victoire de Syriza en Grèce. Avant lui, Angela Merkel avait plaidé en 2012 pour un « droit d’ingérence » et un « droit de véto » de la Commission européenne sur les budgets nationaux. Après lui, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble s’était permis de dire que « La France serait contente que quelqu’un force le Parlement » à adopter des réformes « mais c’est difficile, c’est la démocratie ».
Ces quelques citations en disent long sur le projet de ces gens. Voilà ce à quoi Macron et Sapin veulent préparer les esprits en faisant mine d’avoir eu une belle idée pour relancer « l’Europe qui nous protège ». On devine qui serait surtout protégé par leurs trouvailles… Surtout quand on sait que le projet comporte aussi par exemple la finalisation de « l’union des marchés de capitaux » ce nœud coulant mortel pour l’indépendance des économies. Encore un coup parti de loin avec un rapport enthousiaste voté récemment par la droite et le PS du Parlement européen. Ils se prononçaient avec enthousiasme notamment pour relancer la « titrisation » des emprunts des entreprises en Europe pour que les banques et fonds puissent les revendre à la découpe dans des empaquetages différents. C’est pourtant ce modèle qui a créé l’effet boule de neige de la crise des subprimes en 2008.
Donc, 2017 sera l’année charnière de ce projet. La Commission européenne a précisé le calendrier de réalisation de cet objectif. Personne ne devrait l’ignorer. Les débats auraient dû commencer. Une première phase est en cours jusqu’au 30 juin 2016. Elle prévoit le renforcement de l’intégration de la zone euro sans changer les traités. Et après ? 2017 marquera le début de la deuxième phase, avec une modification des traités envisagée et même souhaitée. Dès la mi-2016, un groupe d’experts nommés par la Commission européenne planchera sur un éventuel nouveau traité. Au printemps 2017, la Commission prévoit la publication d’un paquet d’orientations sous la forme d’un Livre Blanc sur l’achèvement de l’Union économique et monétaire. Puis suivra la négociation à proprement parler de ce nouveau traité entre les États, sitôt passée l’élection présidentielle française de 2017. L’idée étant que tout soit bouclé dans le prochain mandat des dirigeants français et allemand qui débutera en 2017.
Si la France est alors dirigée par un personnage du même acabit que l’actuel président de la République ou son prédécesseur, le peuple français sera tenu à l’écart de ces tractations. Comme avec Sarkozy en 2008 sur le Traité de Lisbonne ou avec Hollande en 2012 sur le traité budgétaire, aucun référendum n’est prévu pour solliciter l’accord du peuple français. Aucune de leurs promesses sur le sujet ne sera jamais tenue comme l’ont montré les deux précédentes expériences sur le sujet. Je vous mets aussi en garde contre les numéros d’enfumage à l’occasion de la campagne présidentielle. Souvenez-vous des promesses non-tenues en matière européenne. Souvenez-vous de la promesse envolée de François Hollande à propos de la « renégociation » du traité budgétaire. Souvenez-vous de la promesse envolée de Nicolas Sarkozy d’un « mini-traité » suite au référendum de 2005. Ne vous faîtes pas avoir une nouvelle fois. Pour ma part, je dis les choses clairement. Je n’accepterai pas ce nouveau traité qui étouffe la souveraineté des Français. Je plaide pour que 2017 soit l’occasion de sortir des traités européens. Ma ligne est claire : l’Union européenne, on la change ou on la quitte !
149 commentaires
camille
Jean-Luc,
Je suis avec intérêt mais ceci, l’évolution est notable sur un point, avant c’était l’UE on la change car on ne sera pas aussi mou que Hollande. C’était un plan A’. Te voilà avec un plan A ». Résultat ? Rien à en attendre. Pourquoi ? Parce que ton discours ne propose aucune voie de sortie de l’UE et de l’Euro précise. Quel texte utiliserais tu, l’article 50 prôné par l’UPR, ceux de la convention de Vienne prônés par le M’PEP, ou encore rien on s’en fout ? Tu l’as dit toi même, lorsqu’on prend le pouvoir il faut savoir précisément où on veut aller sinon le cours de l’histoire vous écrase. Désolé mais il nous faut une visibilité. Les classes populaires suivront elles un discours binaire « on la change ou on la quitte » sans précision. Compte là dessus et bois de l’eau, hors des pôles urbains et leur première couronne ce discours, comme d’ailleurs les « nuit debout » ou le militantisme PG est réduit à zéro, rien, nada, aucun relais, le quotidien domine.
Si tu veux entrainer la population largement il te faut adopter un ligne plus claire. Porter comme horizon premier le retour à l’indépendance et la république, c’est du basique « gaullien ». Et les mythes ça compte, surtout celui là. Ou a minima donner clairement ton « plan B » en fait A », un vrai plan B clair et détaillé de sortie (texte, délai) en même temps. Faute de clarté tu peux t’asseoir sur un relais large populaire suffisant pour gagner et surtout tenir face…
malinvoy
Entièrement d’accord avec le raisonnement de @Camille. J’ajouterais que l’expérience (la Grèce entre autre) a montré que l’UE ne peut être changée de l’intérieur quelque soit notre poids économique. En résumé contrairement au raisonnement de Jean-Luc Mélenchon ce n’est pas « l’Europe on la change ou on la quitte » mais « l’Europe on la quitte pour la changer » c’est-à-dire que l’on sort de la bureaucratie (totalitaire) des institutions européennes pour instituer des relations équilibrées entre nations souveraines. Un détail, les dites institutions ne laisseront pas une minute de répit au nouveau pouvoir de gauche encore plus s’il s’agit d’un pays important comme la France.
Donato Di Cesare
Justement si, l’Europe, on peut la changer de l’intérieur à condition de peser économiquement et c’est le cas de la France.
Rhodine
Ne serait-il pas honorable d’annoncer dès à présent le soutien de l’autre gauche aux députés PS, MRC ou verts ayant voté ou votant ultérieurement pour une motion de censure contre ce gouvernement, aux prochaines élections ? Cela pourrait peut-être aider les récalcitrants à oser le pas ….
BECQ
Les prochaines élections, sauf accident démocratique, seront une présidentielle qui devra porter l’exigence constituante. Aucun des parlementaires ayant été élus précédemment ne pourra être candidat. Ceux d’aujourd’hui n’ont qu’à prendre et assumer pleinement leur responsabilité républicaine, en conscience qu’ils devront ensuite vaquer à d’autre occupations. Il n’y a donc pas à marchander avec eux, méthode trop souvent employée qui a fini de lasser les électeurs, électrices et citoyen(ne)s.
André
Non seulement les tentatives de ralliement de tout ce qui évoque la politicaillerie en cours n’apportent rien au mouvement mais elles en fragilisent la crédibilité. C’est avec et par les abstentionniste qui sont devenus tels en raison de ce fonctionnement ambiant que se renforcera la dynamique de la reconquête de la démocratie à condition qu’ils arrivent à ne plus douter qu’on est définitivement et fermement en dehors de ce système.
ARDUS
Tout à fait d’accord ! L’abstentionnisme a changé de nature en de développant ces dernières années. Il est devenu le refuge des dégoûtés du système, de ceux qui voient plus haut et plus loin. On devrait s’adresser directement et clairement aux absentionnistes durant la campagne sur la base d’un argumentaire dédié, c’est parmi eux qu’il y a le plus d’insoumis.
L. A.
@ ARDUS
L’erreur récurrente est de considérer qu’un ensemble de personnes individuelles fonctionne comme un collectif structuré. Cela vient principalement du fait que, par commodité statistique, on donne un nom global à une catégorie d’individus, qui eux ne se reconnaissent pas comme un ensemble, ne fonctionnent pas ensemble, ne réagissent pas ensemble. L’exemple type qui me vient à l’esprit c’est « les piétons », définis ainsi par le Code de la route et non par les individus concernés, dont un bon nombre n’ont rien à faire du Code de la route et qui ne se perçoivent pas comme appartenant à une catégorie. On n’est pas « piéton » par communauté de point de vue.
Ainsi, « les abstentionnistes » n’étant absolument pas un ensemble pertinent, s’adresser « aux abstentionnistes » n’a guère de sens. Quant à s’adresser aux insoumis, de la part de M. Mélenchon, c’est déjà le cas depuis des années me semble-t-il.
Siamy
@L.A
On ne peut pas nier que pour bon nombre de personnes, l’abstentionnisme est motivé par le rejet d’un système, qui incite à mettre un bulletin dans l’urne tous les 5 ans sur la base d’un programme électoral qui s’avère par la suite totalement mensonger, et qui sous prétexte de représentativité, obligerait à avaler des couleuvres de la taille de celles que nous avons avalées depuis 2012 (pour ne citer que cette période). L’abstentionnisme est devenu un mode d’expression contestataire et dérangeant. Et c’est en cela qu’il constitue une communauté de point de vue. Et en effet, prouver aux électeurs qu’un programme électoral peut ne pas être un tissus de mensonges, et montrer en cela qu’on les respecte pourrait inverser la tendance.
Invisible
N’y a-t-il pas une grande masse de gens qui ne s’intéressent pas à la politique ? Certains se passionnent pour le show-biz ou la spiritualité ou la médecine chinoise et considèrent que la politique est un monde étranger à leurs préoccupations. Soit c’est en conscience qu’ils décident d’emprunter d’autres chemins de vie, soit c’est par ignorance ou par intuition que, oui, ils ne seront jamais impliqués, consultés, invités, par le système politique.
Siamy
@invisible
La question qu’on peut se poser, est celle-ci, pourquoi une grande quantité de personne se passionne-t’elle pour la philosophie, la spiritualité, la médecine chinoise, la musique, la peinture, la littérature, la nature, et se détourne, non pas de la politique, mais de ce système politique représentatif qui pourtant lui aussi fait partie intégrante de leur vie ?
patrice 30
Il est vrai que les politiques ne sont pas des « têtes de gondole » ils n’entraînent pas grand monde. Mais il faut 50% des suffrages exprimés plus une voix pour être élu au second tour à la Présidentielle !
Comme dit Fabrice Nicolino (blessé le 07 janvier 2015 dans l’attentat de Charlie Hebdo) dans le dernier n° de Charlie « On a le droit de réfléchir une seconde au retour de la droite au pouvoir après 2017. Putain on va prendre cher« . A méditer.
Siamy
La solution donnée par cette méditation a toujours pour résultat le vote utile. A méditer aussi.
arthur 2
L’abstentionnisme ? Sujet d’importance à fouiller. J’y voyais aussi un important réservoir de voix pour nous. Or, les événements récents (loi travail, traité transatlantique) m’ont donné l’occasion d’engager le fer avec 4 abstentionnistes que je côtoie (tranche d’age 60-70 ans). Leur position ne varie pas. Qui sont-ils ? Très actifs, impliqués avec responsabilité dans des associations (environnement, patrimoine, resto du coeur…) des points communs : grand égo pour certains, aiment le concret, perçoivent le résultat de leur engagement, souvent férus de nouvelles techniques, mais aussi des sensibilités différentes sur la solidarité, l’entraide. De quoi concocter une potion révélatrice.
Carle
Invité par Pujadas le 26 mai ? Sûr qu’après ce que Jean-Luc Mélenchon a dit du petit homme, les peaux de bananes vont pleuvoir sur le plateau ! Mais je fais confiance à Jean-Luc pour surfer dessus, surtout s’il les a mangées avant !
Lionel Debraye
L’Union européenne, nous ne la changerons pas. Nous la quitterons donc sans le moindre regret !
Alain Doumenjou
Totalement d’accord avec les propos de @Camille et de @malinvoy. La clarté s’impose sur un point d’une telle importance. Changer l’Europe oui, mais pour cela il faut au préalable en finir avec l’Union Européenne qui elle ne changera pas (sinon pour devenir encore pire) et dont les institutions sont parfaitement verrouillées pour faire obstacle à toute avancée sociale ou démocratique dont le capitalisme mondialisé ne veut à aucun prix.
Excellente intervention d’André Chassaigne hier à l’Assemblée Nationale. Le spectacle des ricanements du trio Macron, Valls, El Khomri pendant que s’exprimait André Chassaigne à la tribune, était aussi répugnant que pitoyable. Plus jamais un vote de gauche pour le parti des traîtres et des imposteurs de droite qui grenouillent rue Solférino !
Jacques
En effet spectacle répugnant de la part de gouvernants indignes. Toute cette assemblée est à jeter.
magda corelli
Monsieur Chassaigne n’est pas toujours d’une grande droiture envers Jean-Luc Mélenchon mais je reconnais que son discours est très juste et de voir les bobines pleines de suffisance de ce trio minable cela décuple ma rage. Qu’ils disparaissent et vite !
marco polo
Je comprends parfaitement la position de @Malinvoy et de @Camille, je partage leur interrogation. Ceci d’autant plus que les préparatifs d’un nouveau traité européen va nous rendre prisonniers d’un système quasiment inextricable. Hormis d’en sortir. Vrai qu’il devient impératif de trouver et de donner les réponses. Parce que la-dessus repose tout plan pour une vraie politique sociale en France. Parce que les détracteurs attendent Jean-Luc au coin du bois et parce qu’il va falloir convaincre tout le monde et d’abord les craintifs qui croient encore que hors de l’Europe point de salut. Et que toute hésitation sera pris comme une faiblesse politique. En contrepoint à ceci, je pense que Jean-Luc a déjà réfléchi à cet aspect et j’en veux pour preuve son intervention à la conférence sur le plan B. […] Donc, je pense que la réponse sera nécessairement faite en fonction de l’évolution politique du peuple.
Claude31
Les réflexions de Jean Luc qui ont fait suite à la conférence du plan B de Paris et à celle qui a suivi l’ont amené à préciser qu’il pensait que probablement chaque pays qui envisageait de quitter l’union européenne aurait son propre plan B, adapté à sa situation.
Mais je pense, comme certains ici, qu’il est impératif d’expliciter maintenant nos propositions pour le plan B de notre pays, si l’on veut donner à faire partager au plus grand nombre de nos concitoyens qu’un autre chemin réaliste et crédible est possible.
Jacques PATRON
Soyons organisés et vigilants pour le 5 juin.
L'ariègeois
Quand les fameux frondeurs, par la bouche de Benoît Hamon viennent nous expliquer pourquoi il ne voteront pas la censure avec la droite, c’est se ficher du monde. C’est même de la mauvaise foi. Qu’ils soient frondeurs ou pas, les socialistes sont tous les mêmes. De faux jetons. Qui y a t’il de choquant de voter une censure de droite contre un gouvernement de droite ?
carette francis
Quand il y a le feu dans la maison, on ne choisit pas de ne pas arroser les flammes parce que le tuyau d’arrosage est celui du voisin et qu’il n’a pas les mêmes idées que soi.
Patricia
Merci à Jean-Luc Melenchon d’exiter. Nous avons grandement besoin de vous pour impulser le reveil des accablés qui se taisent sous l’oppression, anéantis par la peur. Merci et puissiez-vous garder force et énergie, sans oublier votre entourage.
Vega
Ce nouveau traité européen qui s’organise dans les réunions de coulisses des eurocrates est effectivement à dénoncer et à expliquer le plus souvent possible puisqu’il nous donne une raison de plus de lutter contre cette première étape d’empoisonnement massif décidée par les eurocrates, la loi EL Khomri. Il faut renverser la situation et leur pourrir la vie à notre tour car ils ne s’arrêteront pas à cette première étape, comme on le constate ici. Nous n’avons plus rien à préserver ou à aménager dans cette démocratie anorexique qu’ils nous proposent de toute façon. Nous voulons organiser la nôtre de démocratie, plus riche et généreuse et en toute souveraineté. Nous ne réclamons rien comme dit Lordon. Nous nous imposons en exigeant un nouvel ordre économique et social plus égalitaire et soucieux de l’environnement qui ne peut se réaliser dans le système actuel et donc pas plus dans l’UE bien entendu. Le comprendre faciliterait un peu plus les bonnes stratégies, favoriserait les orientations de fond et surtout une rupture claire avec tous ceux qui défendent le cadre actuel en imposant illusions et fausses légitimités.
BETEILLE Michel
Merci Jean-Luc pour ton talent. Tu as le don de vulgariser tout ce qui concerne notre avenir, celui de nos enfants et de ceux qui suivront. Celui aussi de mettre le doigt où ça fait mal. Je veux bien sur parler de nos chers Sarkozy (mon préféré), Hollande énorme guerrier contre la finance, et le nouveau puceau qui se verrait grand vizir dans un proche avenir, ton ami Macron. Nous ne parviendrons jamais à gagner avec le système tel qu’il est. Tout est prévu. Tu n’auras pas les médias avec toi, plutôt des traîtres comme Laurent etc. Alors je me disais que peut-être, avec les circonvolutions de circonstance, on pourrait envisager de discuter avec le NPA, LO, les VERTS (les vrais), les cocos, et d’autres bonnes volontés, on sais jamais hein ? A plus Jean-Luc.
Claude31
Les invectives ne servent à rien et sont contre productives. De plus, envisager ou croire qu’il est possible de faire quelque chose avec la secte LO, témoigne d’une grande naïveté pour le moins.
ACOUNIS Henri
Quitter l’Europe oui certes, mais le problème de fond c’est que les Français tiennent encore à l’Europe comme les Grecs en leur temps, maintenant je n’en sais rien ? Il nous faut une action pédagogique qui montre à chaque étape que l’on ne peut rien faire avec l’Europe actuelle. Mais je pense aussi que ce schéma idéal ne tiendra pas car aussitôt une premier sondage favorable à Jean-Luc Mélenchon on verra toute la finance, la commission entrer en guerre. Taux d’intérêts qui grimpent, rappel brutal de notre déficit etc. et on sera conduit à radicaliser nos propositions.
sergio
« Les Français tiennent encore à l’Europe »
Voilà une affirmation qu’un référendum démentirait immédiatement et impitoyablement. En revanche les issues restantes et les risques pris par notre sortie sont un autre sacré problème. En tout cas le fameux et euphémistique « déficit démocratique » de l’UE est plus que jamais d’actualité, tout comme celui de la 5e République en France. L’UE étant devenue en plus, le pire des carcans libéraux et atlantistes qui asphyxie tout vrai débat et toute réflexion politique alternative dans chaque nation.
Frédéric Poncet
Non, la loi Travail ne fait pas disparaître la hiérarchie des normes ! Elle déplace la ligne entre le domaine de la loi et celui de la négociation collective. Elle prévoit de réduire le champ de la loi à presque rien, mais la hiérarchie des normes sera toujours consubstantielle au droit civil (ou romain). Il y a suffisamment à dire et à combattre contre cette loi, n’inventons pas des combats hors sujet.
Claude31
Bien sûr que la loi travail fait disparaître la hiérarchie des normes pour aboutir à ce qu’un accord d’entreprise plus défavorable à ce que prévoit la branche ou la loi soit adopté, résultant d’un rapport de force défavorable des travailleurs face à leur employeur dans les petites et moyennes entreprises, via le chantage à l’emploi. Cela entraînerait un véritable dumping social au sein des branches dans le cadre d’une concurrence exacerbée pour remporter des parts de marché et cela sur le dos des salariés. Cela augmenterait la précarité des salariés qui conduirait elle même à réduire l’activité et l’emploi. Cette inversion de la hiérarchie des normes constitue le coeur de la philosophie de la loi travail dictée par la commission de Bruxelles, comme a eu l’occasion de le démontrer, preuves à l’appui dans un précédent post, Jean-Luc Mélenchon.
Poncet
L’article 1134 du Code Civil n’est pas abrogé. Une convention, quelle qu’elle soit (le terme désigne aussi les contrats, accords, etc) doit donc être « légalement formée », c’est à dire conforme à la loi. Si la loi, fut-ce une ordonnance, dit que la durée hebdomadaire maximale de travail est de 72h (par exemple), nul accord ne pourra prévoir davantage. C’est cela la hiérarchie des normes, et pas autre chose. Cette loi est pourrie, mais ne lui prêtez pas des vertus qu’elle n’a pas.
Roland
A ceux qui daubent sur LO, rappeler tout de même que Jean Pierre Mercier est numéro 2 de LO. JP Mercier est un des syndicalistes que l’on peut voir dans « Comme des lions« .
Le sectarisme est trop souvent du côté des laudateurs de Jean-Luc Mélenchon.
Roland011
L’hôpital qui se moque de la charité. Le « sectarisme » oups ! Le grand soir ou rien. Résultat, rien, et la prime aux droites complexées ou pas. Mais cela permet de se gargariser « d’incorruptibles » et de pérorer sur l’anti-capitalisme, mais toujours rien de concret d’organisation de la société humaine imparfaite et divers. Idem la droite, « la gauche la plus bête du monde ». On n’est décidément pas sorti de l’auberge.
NICO 75
Aucun sectarisme, l’heure est au rassemblement sur un programme clair anti capitaliste. Moi je suis Mélénchonniste et aujourd’hui pour moi Mélenchon est notre meilleur atout pour les battre aux élections. Alors nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous sommes tous d’accord pour qu’ils s’en aillent tous. Alors je vous proposent de soutenir Mélenchon qui a au programme la 6ème république la tout le monde fera ses propositions.
Régis de Nimes
Le PS, appartient-il à la tradition historique Blum, Mitterrand, Jospin, une social-démocratie voulant adoucir les orientations du capital, « les frondeurs » ou bien au social-libéralisme voulant s’adapter au monde indépassable dicté par les marchés financiers ? Voilà pourquoi certains ont choisi de devenir communistes à partir de 1920.
Gier 13
L’exemple grec nous prouve que l’UE est impossible à « changer », impossible à réformer. Elle s’accroche à son crédo libéral comme l’évêque à la Ste Trinité. Il ne reste donc que la solution (qui va nous en faire baver) du départ. Ce sera un critère pour la présidentielle de 2017. Mais électeur de gauche, qui portera cette voix (et cette voie aussi !).
Donato Di Cesare
Sortir des traités et proclamer notre souveraineté est fondamental si l’on souhaite appliquer un programme autre que l’ordo-libéralisme Allemand et/ou Européen.
PIETRON
L’Europe est devenue un monstre glacé. En 2005, les Français, majoritairement, se sont prononcés contre le TCE. Les 2 droites n’en ont pas tenu compte. Si le mouvement des insoumis parvenait au pouvoir, une constituante naîtrait, puis une nouvelle constitution serait élaborée. Il serait donc question de l’Europe dans cette constitution, je présume. Au premier chef, il faudrait donc, soit proposer l’annulation des traités actuels et leur ré élaboration, soit la sortie de cette Europe capitaliste. Les capitalistes européens au pouvoir refuseraient cette éventualité, c’est certain. Il faudrait donc restaurer la « souveraineté nationale » (au sens nationiste). Celles et ceux qui pensent que la bourgeoise européenne acceptera le verdict des urnes en France au cas où le mouvement des insoumis serait majoritaire, se trompent. Ce serait un bon début. La France est un pays qui reste (qui est) puissant économiquement. Elle s’en sortirait (et mieux) comme bon nombre de pays européens non inclus dans cette UE.
Si les insoumis faisaient un « bon score » (et non un score de témoignage » comme suggéré par certains), n’oublions pas les propos d’un membre du patronat français: « selon que le PCF est à 20% ou à 5% on ne peut mener la politique que l’on voudrait ». Les insoumis ne sont pas le PCF d’antan, mais leur postulat est « anticapitaliste ». Le MEDEF, la bourgeoisie, l’UE capitaliste, seraient dans l’obligation d’en tenir compte (la France n’est pas la Grèce) avant…
Roland011
« Si les insoumis faisaient un « bon score » (et non un score de témoignage) »
Le bon score, c’est 1er ou 2ème, le reste est billevesée et ça sera reparti pour les serrages de vis quelque soit le droitier élu. Les pinailleurs jamais satisfait par la virgule ou le point qui manque auront encore gagné le pompon et pourront chialer et pester si si si ! Il ne s’agit pas de trouver le personnage ou le truc qui va par magie « tout régler », mais de se donner une chance d’inverser la donne. Et ceci dans la légalité actuelle qu’elle nous plaise ou pas c’est ainsi. Ou alors, les armes sic combien de division ?
59Jeannot
Si la France sortait de UE, chaque pays retrouverait sa souveraineté, car, sans notre beau pays, l’UE éclaterait. Qu’adviendrait-il de l’Euro ? Pourrait-on l’organiser comme monnaie commune pour les paiements internationaux, chaque pays retrouvant sa devise nationale, indexée à l’Euro. Ainsi, grâce à sa fluctuation, la variable d’ajustement économique ne serait plus le salarié.
pichenette
En fait c’est clairement cette UE qui quitte les peuples, donc d’accord puisqu’elle veut vivre sa vie sans les peuples et même contre, les peuples la gênant dans ses projets aristocratiques de gouvernance, disons lui oui, le divorce peut être prononcé par accord entre les parties. A nous de vivre notre vie, choisir notre monnaie, notre gouvernement. Et devenons la France Insoumise qui ne tue pas les abeilles, qui laisse l’énergie emprisonnée dans le coeur des atomes ou dans les couches schisteuses, définissons nos besoins, nos pouvoirs. Faisons un pacte social, retrouvons le goût de l’engagement de la joie, créons une monnaie, le coquelicot ! Faisons travailler nos méninges d’abord pour identifier ceux qui ont intérêt au désastre ambiant, capitalistes de tous poils et les engourdis fatalistes, complaisants. La température de l’eau de la grenouille grimpe, grimpe bientôt la grenouille sera cuite. A nous de produire le battement d’aile du vulcain, cela tombe bien le printemps est là.