La mobilisation contre la loi El Khomri continue. Le gouvernement semble perdre le contrôle de ce qu’il fait et de ce qu’il dit. Les crises d’autoritarisme du Premier ministre ne font que miner chaque jour plus profondément l’autorité de l’État. Philippe Martinez a raison de le rappeler à Manuel Valls : ce n’est pas davantage aux manifestants d’assurer la sécurité de leurs cortèges que ce serait aux supporters d’assurer celle d’un match de foot.
Comment Valls et Cazeneuve ont-ils pu penser et pérorer le contraire ? Peut-être parce que dans ces deux cas, on voit bien quel bilan lamentable ils affichent. Jamais il n’y a eu autant de forces de police dans la rue. Jamais la pagaille et les dégâts n’ont semblé plus étendus. Il apparait à travers le traitement de l’info par « France 2 » que c’est aussi sans doute une stratégie de communication. Je crois qu’elle se retourne contre leurs auteurs. Vivent donc Pujadas et Saint-Cricq pour leur démonstration involontaire.
Que le régime en soit rendu à vouloir interdire les manifestations quinze jours après que Marine Le Pen l’a demandé montre de façon inquiétante quelles sont devenues les connections intellectuelles désormais récurrentes du régime Hollande. C’est pourquoi je reviens ici sur la loi El Khomri. Au moment où le pouvoir fait mine de pleurer sur la droitisation de son texte au Sénat, je veux montrer qu’en réalité le PS a non seulement poussé la droite aux surenchères mais qu’il les a anticipées.
Si les Anglais s’en vont de l’Union Européenne, nous allons pouvoir permettre aux réfugiés de les rejoindre car la France ne sera plus tenue de les retenir à Calais. De même, nous ne serons plus obligés d’avoir les textes du Parlement européen en anglais. Sans doute les deux langues de travail que sont l’allemand et le français seront-elles désormais respectées et nous disposerons de textes en français pour chaque vote. Bref, il n’y a pas que des inconvénients au Brexit. Quoi qu’il en soit, je traite ici de ce vote historique.
Une fois de plus, le gouvernement Valls a fait le choix du pire pour contrer le coup que lui portait la journée de mobilisation du 14 juin. Ils ont polarisé toute l’attention des Français sur le soi-disant saccage de l’hôpital Necker. Cela après avoir sciemment organisé la formation d’une poche de casseurs qui détruisent tout en tête de cortège sans être inquiétés. Ici, Valls et Cazeneuve ont à ce point dépassé la limite que cela s’est vu en grand et en gros caractères. On ne saurait donc exclure qu’ils aient considérablement renforcé la volonté d’en découdre aux deux dates annoncées pour les prochaines mobilisations dans la rue. Dès la première vitrine brisée et son spectacle déversé instantanément sur toutes les chaînes, nous avons tous compris qu’il s’agissait de minimiser l’ampleur de la manifestation en détournant l’attention. Puis les mieux informés ont compris qu’il s’agissait de masquer le terrible accident provoqué par la grenade qui a explosé dans le dos d’un manifestant, situation qui a déjà provoqué la mort de Remy Fraisse.
Si grossière et violente qu’ait été la méthode, il est frappant de voir à quelle vitesse elle s’est retournée contre ses auteurs. À propos de l’hôpital Necker, le retournement de l’opinion s’est vu sur les réseaux sociaux une fois passé le premier moment de stupeur. Très vite, la manipulation médiatique a été avérée. Et ce sont les parents d’enfants malades qui ont retourné l’attaque contre ceux qui détruisent l’hôpital public de l’intérieur avec les plans de suppression de postes.
L’ambiance de haine de classe contre les syndicalistes, notamment ceux de la CGT, culminait comme d’habitude dans les médias audiovisuels et notamment à France 2 où David Pujadas s’est encore une fois surpassé en grossièreté avec son invité Philippe Martinez, et Nathalie Saint-Cricq en s’abaissant à répéter mot pour mot l’argumentaire de l’extrême droite du PS. Sur le terrain, « le service public » battait des records avec ses questions : « Que pensez-vous de la baisse de la mobilisation ? » demande une stagiaire sans aucune expérience de ce genre de situation pendant que passait derrière moi la plus importante manifestation syndicale depuis 15 ans ! Ou encore : « Pensez-vous que la manifestation d’aujourd’hui sert à quelque chose encore alors que la mobilisation baisse ? ».
Brave petit soldat qui pose les questions que les chefs dans les bureaux ont décidé de poser avant même que la manif ait commencé ! À « France 2 », tuer l’impact d’une mobilisation en détournant l’attention, c’est un art : deux minutes pour la manif, cinq pour les casseurs et la récitation d’un éditorial écrit dans le bureau de Manuel Valls. En tant que citoyen, cela me désole de voir le métier de journaliste et le service public abaissés de cette façon et davantage encore de constater le mépris que cela induit à l’égard de l’intelligence des téléspectateurs. Comme militant politique, je m’amuse par contre beaucoup d’une telle grossièreté car elle se retourne à l’évidence contre ses auteurs. En effet les centaines de milliers de personnes qui étaient dans la rue sont ulcérées, et leur détestation du régime et de son principal média s’ancre en profondeur dans les consciences. Elle devient irréversible. La méfiance et le dégoût envers la caste médiacratique se propage et s’amplifie.
Bien sûr, ces éléments d’éducation populaire ne compensent pas les dégâts provoqués sur le moment par la propagande que diffuse le journal de « France 2 ». Mais dans la durée, ils sont cependant bien plus productifs que les avantages momentanés tirés par nos adversaires quand ils parviennent à sidérer les téléspectateurs. Autre nouveauté dans ce type de situation : dans le même temps, les nouvelles pratiques populaires de la collecte d’images se forment et se renforcent de manifestation en manifestation. Les gens filment beaucoup, photographient partout. Un bidouillage comme celui à propos de l’hôpital Necker n’aura pas tenu si longtemps grâce à cela. Et désormais nous sommes nombreux à attendre les images des réseaux sociaux avant de nous faire une opinion définitive.
Cette remarque touche plus profond qu’il n’y parait. En vérité, la situation du paysage médiatique comporte un paradoxe que les pratiques de masse des reportages improvisés compensent. La cause est profonde : il y a de plus en plus d’écrans et de réseaux de diffusion mais il y a de moins en moins de sources d’information. Le nombre de journalistes encartés baisse, le nombre d’agences en état d’alimenter les tuyaux de l’info en continu diminue également. Cela veut dire que moins d’images disponibles sont diffusées sur davantage de canaux et d’écrans. C’est un biaisage de l’info disponible très fort. Si l’on croit ce qui est donné à voir, on oublie que l’on ne voit que ce que l’on vous montre. Croiser les regards est donc essentiel pour savoir. À cet impératif général s’en ajoute un second : l’image donnée à voir est l’image dont les chefferies des médias passent commande. Les équipes ne vont pas sur le terrain « à la découverte » mais elles y viennent chercher et prendre ce que les chefs ont dit de ramener… Dans ces conditions, la probabilité d’avoir une information totalement préfabriquée est très forte.
Voilà pourquoi la multiplicité des photographes et cameramen est une bonne chose pour nous et « notre droit de savoir ». On doit donc conclure que toute information de « France 2 » est une « information officielle », c’est à dire une production du studio central du service d’information politique et non une information sur les évènements eux-mêmes. Dit autrement, quand on regarde le journal de « France 2 », on apprend comment le PS et le gouvernement veulent que l’on voie les évènements. En ce sens l’info de « France 2 » est une information non sur ce qui est montré mais sur ceux qui ont décidé de le montrer. Plus le gouvernement est en déséquilibre par rapport à la société, plus son message officiel va être grossier et lourd, plus il va tirer sur le masque d’objectivité dont se drapent ses « lecteurs de prompteurs » du 20 heures.
Chaque JT de « France 2 » est donc une leçon politique essentielle pour ceux qui le regardent dans ces circonstances. Les uns n’y comprennent rien et se laissent balader par l’émotion suggérée jusqu’à ce que la suivante vague d’émotions préfabriquées les emmène plus loin ou ailleurs. Les autres comprennent d’un seul coup la manipulation qui leur « saute aux yeux » littéralement. Plus jamais ils ne regarderont l’info officielle comme avant. Il faut donc remercier Pujadas et Saint-Cricq dont les manipulations sont une école de masse pour nos idées et en particulier celles que nous développons concernant la nature des médias et des médiacrates qui les dirigent.
Après cela, une question se pose, que l’indolent CSA lui-même se posera peut-être un jour si quelqu’un peut rester réveillé dans ce machin assez longtemps pour regarder une émission politique et faire son boulot entre deux jours de paye. Puisqu’il est avéré que Pujadas, Saint-Cricq et les autres sont les répondeurs automatiques du gouvernement mis en place pour répondre aux questions que les gens se posent à 20 heures, peut-on faire une campagne présidentielle sans inclure le journal de 20 heures dans le calcul du temps de parole du gouvernement ? Ou bien, dit autrement : ne devrait-on pas plutôt mettre en place une autre équipe plus neutre et respectueuse de la liberté de conscience des téléspectateurs pendant la période de la principale élection du système institutionnel, sachant que le gagnant de la compétition nomme ensuite directement ou indirectement tout ce petit monde ?
Enfin, je veux conclure par une note plus optimiste. Nous ne sommes pas condamnés à ce régime informatif hallucinogène. On peut en changer. Il le faut, car le droit à une info honnête est une exigence basique de la vie du citoyen. Comment peut-il participer à l’expression de la volonté générale s’il ne sait rien de certain ou de vérifié sur ce qui est en cause ? Education laïque et info honnête sont les deux colonnes du temple républicain où se formate la liberté des citoyens. Je compte donc présenter le moment venu un plan particulier sur ce sujet dans la campagne présidentielle pour libérer la presse et les médias du double joug des puissances de l’argent, du copinage, et des pouvoirs.
Jeudi 23 juin, les électeurs du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord se prononcent par référendum sur leur appartenance à l’Union européenne. Ils doivent répondre à une question claire : « le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? ». Ils auront le choix de voter pour « rester membre de l’Union européenne » (« Remain a membre of the European Union ») ou pour « quitter l’Union européenne » (« Leave the European Union »). C’est la première fois de l’histoire de la construction européenne qu’une telle question est posée aussi explicitement aux citoyens d’un pays. C’est donc un moment historique.
D’où vient ce référendum ? Il date de la campagne des élections législatives britanniques de mai 2015. À l’époque, en difficulté sur la question européenne dans son propre camp, le Premier ministre conservateur sortant, David Cameron, promet un référendum sur le maintien ou non du royaume dans l’UE. Réélu, il a d’abord attendu que la Grèce soit étranglée et que Tsipras accepte le troisième mémorandum en juillet, avant d’avancer ses pions. Puis il a publié ses exigences en novembre 2015. Il a d’abord logiquement refusé de dire s’il appellerait à rester dans l’UE si ses exigences n’étaient pas retenues. En agissant ainsi, Cameron a préempté le débat européen, imposé son agenda et mis la pression aux 27 autres pays. Une bonne leçon de rapport de force national pour tous les naïfs de « l’Europe qui protège » et les capitulards du « on ne peut rien, c’est l’Europe qui décide ».
Sous la menace du Brexit, les 28 ont signé le 19 février 2016 en accord entre le Royaume-Uni de David Cameron et les 27 autres chefs d’États et de gouvernement de l’UE. Notez au passage que cet accord est fait d’une « décision des chefs d’État et de gouvernement » et de plusieurs « déclarations ». Ce n’est pas un traité ni une modification des traités européens. Car changer les traités aurait obligé les 27 autres à devoir faire ratifier l’accord par leur Parlement national, voire par référendum pour certains. La peur du peuple continue de régner au sommet de l’UE.
L’accord porte sur plusieurs points. Il comporte d’abord un volet de libéralisme économique vantant la « compétitivité » et le libre-échange. Ainsi, les 28 se sont engagés à conclure « des accords bilatéraux de commerce et d’investissement ambitieux » avec les autres pays du monde et notamment à « s’employer à faire avancer les négociations avec les États-Unis » en vue du traité TAFTA de libre-échange transatlantique. Ils se sont aussi engagés à « simplifier la législation, éviter une réglementation excessive et réduire les charges pesant sur les entreprises » comme le répète la novlangue européenne à chaque occasion.
L’autre grand morceau arraché par Cameron concerne l’immigration. En pleine crise des migrants et pour satisfaire son extrême-droite, David Cameron a obtenu la possibilité, pendant 7 ans, de suspendre les allocations sociales des citoyens d’autres pays de l’UE arrivant au Royaume-Uni pour leurs quatre premières années dans le pays. On parle bien ici des ressortissants d’autres pays de l’UE, c’est-à-dire y compris les Français qui iraient s’installer au Royaume-Uni. Des européens de «L’Europe qui nous protège » et non des Syriens pour lesquels un État peut déjà décider librement ce qu’il veut. En réalité, David Cameron n’a pas eu beaucoup à se battre sur ce point puisque Angela Merkel l’a soutenu très tôt. D’ailleurs, depuis l’accord de février, le gouvernement allemand a fait savoir qu’il travaillait à un projet de loi du même objet. Evidemment, c’est une ministre social-démocrate qui prépare le ce texte ! Il me semble que c’est un des points les plus significatifs de l’État de l’Union Européenne que cette décision officielle de régression sociale. Que ce soit la ministre du PS allemand qui en soit chargée est également très hautement significatif de l’état de ce mouvement dans cette Europe et dans ce pays qui a été le bastion mondial de la social-démocratie.
Le troisième volet concerne la protection spéciale de la souveraineté britannique. David Cameron a ainsi symboliquement obtenu l’exemption pour le Royaume-Uni de l’objectif d’une « Union toujours plus étroite ». Plus précisément, cette exemption sera inscrite dans les traités lorsqu’ils viendront à être modifiés. Les 28 chefs d’État et de gouvernement se sont aussi accordés pour permettre à une majorité de Parlements nationaux de bloquer un projet de réglementation européenne. Ce « carton rouge » complète le dispositif actuel de « carton jaune » : les Parlements nationaux peuvent demander un réexamen. Mais les seuils à franchir pour obtenir ces réexamens sont tellement élevés que c’est davantage un affichage qu’une vraie modification.
L’essentiel des protections de souveraineté de cet accord fait main pour les Anglais concerne en fait le secteur financier. David Cameron n’a pas obtenu la reconnaissance de « plusieurs monnaies » dans l’UE mais seulement que l’UE facilitera « la coexistence entre différentes perspectives », c’est-à-dire une confirmation implicite que le Royaume-Uni pourra ne jamais passer à l’euro. Il a surtout obtenu l’absence « de discriminations » de la zone euro contre la City, le centre financier du Royaume-Uni. Et le Royaume-Uni pourra superviser ses établissements financiers indépendamment de l’Union Bancaire Européenne même si cela se fera « sans préjudice » du droit de l’UE d’intervenir si la stabilité financière est menacée.
David Cameron a obtenu presque tout ce qu’il voulait. C’est-à-dire à la fois peu de choses fondamentales puisque aucun article des traités européens ne sera modifié. Et en même temps ce sont aussi plusieurs mesures symboliques qui accentuent encore le caractère libéral et non-solidaire de l’Union européenne. David Cameron s’est contenté de cela pour appeler les Britanniques à rester dans l’UE. Du coup, qu’ils y restent ou qu’ils s’en aillent, ce sera une reculade pour l’Union européenne.
Le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est d’ores et déjà un point de non-retour en Europe. Quel que soit le résultat, rien ne sera plus comme avant. Ce référendum est un puissant révélateur. Révélateur de l’impasse totale qu’est devenue l’Union européenne. Révélateur de l’effacement de la France du débat européen confisqué par Merkel, Cameron et les nationalistes. Évidemment, c’est aussi une nouvelle preuve de la peur qu’ont les dirigeants européens pour les peuples mais on ne peut parler de révélation à ce sujet tant l’Union européenne s’est construite contre les peuples, en particulier depuis le référendum de 2005 en France et aux Pays-Bas. Cet épisode est aussi une grande leçon qui doit être bien comprise.
La première leçon est historique : l’impasse européenne est désormais clairement établie. L’Union européenne est entrée en dislocation sous le coup de ses propres règles d’austérité et dumping social et fiscal. La sortie de ces traités européens est désormais une exigence de bon sens ! Rien ne sera plus comme avant. Le Royaume-Uni a fait des pieds et des mains pour adhérer à la Communauté européenne dans les années 1960 et jusqu’à son adhésion en 1973. Il s’agissait de participer au grand marché unique sans aucune barrière douanière, pour profiter à plein de la libre-circulation des capitaux, écraser l’URSS et renforcer sans cesse le « partenariat transatlantique » entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique. Les Britanniques ont toujours soutenu le libéralisme en Europe, qu’il s’agisse d’encourager le système de détachement de travailleurs ou de freiner les minimes tentatives de régulation de la finance.
Mais aujourd’hui, certains États disent stop. D’autres ont failli le faire. Pourquoi ? Parce qu’au point où est aujourd’hui l’UE, ils se disent qu’ils ont plus à perdre dedans que dehors. Non pas que l’UE ait cessé une seule seconde son libéralisme économique. Certes, l’UE prend une tournure de plus en plus autoritaire, elle méprise les États et leurs parlements, et surtout elle impose des réformes aux uns et aux autres sous l’autorité du gouvernement allemand et de la Commission européenne. Or une bonne partie des libéraux du Royaume-Uni ne veulent pas d’une Europe à la sauce Merkel. Ils veulent pire. Puisqu’il n’est plus possible de faire le passager clandestin dans l’Europe allemande, certains libéraux anglais préfère imposer leur libéralisme eux-mêmes que d’être dirigés demain par Wolfgang Schaüble.
C’est le cas d’une large part du parti conservateur au pouvoir à Londres. Environ un tiers des députés qui soutiennent le Premier ministre libéral sont pour le Brexit. C’est aussi le cas de l’ancien maire de Londres Boris Johnson, lui-aussi fervent libéral. C’est évidemment aussi la position des libéraux nationalistes que sont les amis de Madame Le Pen, l’UKIP (parti de l’indépendance du Royaume-Uni). Tous veulent « sortir » de l’UE pour être encore plus durs avec les étrangers, encore plus libéraux en économie, etc. À cela s’ajoute un jeu politicien pour savoir qui du Premier ministre Cameron et de l’ex-maire de Londres Johnson récupérera le pouvoir dans le parti conservateur au lendemain du référendum.
La deuxième leçon est que le référendum anglais agit comme un « révélateur des intérêts sur lesquels repose l’Europe actuelle » comme l’écrit Laurent Maffeïs dans l’édito du bulletin « L’heure du peuple ». « Les deux principales forces ouvertement opposées au Brexit se situent en dehors d’un paysage politique pulvérisé. Il s’agit des USA et des marchés financiers. Bien qu’ils ne votent pas, Obama comme la City ont officiellement appelé à voter pour le maintien dans l’UE. Cela révèle crument les intérêts profonds que sert aujourd’hui la construction européenne. Les États-Unis ont toujours utilisé les Britanniques comme cheval de Troie dans l’UE et ils y perdraient un précieux allié dans la négociation du traité TAFTA. Le maintien britannique dans l’UE avec des dérogations facilitant le dumping social, écologique et financier pourrait au contraire servir de laboratoire au futur marché transatlantique. Quant à la City, elle a conforté depuis l’avènement de l’euro son rang de première place financière mondiale et contrôle désormais près de la moitié des transactions mondiales effectuées en euro. Cela révèle au passage que la monnaie unique a échappé à la zone euro et à sa banque centrale ».
La troisième leçon est profondément politique. Idéologique même. Pour David Cameron, tout était négociable. En revanche pour Alexis Tsipras, rien n’était négociable ! Merkel a accepté de discuter du référendum anglais, mais pas du référendum français de 2005 ni du référendum grec de 2015. La naïveté est donc interdite à qui prétend gouverner pour transformer la société. C’est à un combat qu’il faut se préparer.
Quatrième leçon : le rapport de force national est fondamental pour être respecté dans l’Union européenne. On ne parle pas de la même manière au Royaume-Uni qu’à la Grèce. Et à ce sujet, je note que la menace d’une sortie de l’UE a renforcé la position de David Cameron dans la négociation plus qu’elle ne l’a affaibli. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi des dirigeants de caractère qui osent mettre les pieds dans le plat et en appeler au peuple.
C’est la cinquième leçon : l’éjection de la France du débat européen. Après l’épisode grec, la négociation sur le Brexit a réduit le débat européen à Angela Merkel ou David Cameron. L’ordolibéralisme autoritaire de la droite allemande ou l’ultralibéralisme xénophobe de la droite anglaise ! Un choix entre la peste et le choléra en somme. Disons tout net qu’il ne peut être question pour nous d’accepter ce cadre de « débat » qui expulse les questions sociales, démocratiques et écologiques.
Et la France ? Et François Hollande ? A-t-il un avis sur la question ? Pourquoi n’a-t-il rien dit dans la négociation ? N’était-ce pas le moment de dire ce que la France proposait ou exigeait pour l’Europe ? Est-il seulement au courant que les Britanniques votent le 23 juin ? Sait-il seulement ce qu’est une négociation européenne ? Cherche-t-il déjà comment contourner le résultat du référendum anglais comme lui et Sarkozy ont contourné le référendum français de 2005 ? Du point de vue de la méthode, on voit la différence entre Cameron et Hollande. L’un a déposé ses exigences et promis un référendum. Il a obtenu l’essentiel de ce qu’il voulait. L’autre s’est caché sous la table dès la première réunion avec Mme Merkel et a avalé tout cru le traité budgétaire qu’il devait renégocier, sans le soumettre à référendum.
Voilà pour les principales leçons à tirer. Nous n’attendons rien de David Cameron ni d’aucun libéral. Nous savons qu’une partie de la gauche anglaise refuse d’appeler à rester dans cette Union européenne. Certains partis ou groupes appellent à voter pour sortir.
Le référendum sur le Brexit confirme que notre méthode de gouvernement est crédible : appliquer notre programme, présenter aux autres membres de l’UE l’exigence française de sortie des traités européens, puis faire valider le fruit de la négociation par les citoyens français par référendum. Et en cas de refus de négocier ou d’un résultat non satisfaisant, nous avons un plan B : laisser les eurocrates mourir sur pied avec leur machine européenne, en sortir et proposer à tous ceux qui n’en veulent plus de travailler avec nous à d’autres cadres de coopérations. Ou pour résumer : l’UE, on la change ou on la quitte ! C’est d’autant plus praticable que l’année 2017 sera une année charnière en Europe avec la conclusion de l’accord TAFTA et la mise en chantier d’un nouveau traité budgétaire européen. Brexit ou pas, l’heure de vérité est venue. Le début de la fin de l’Union européenne est commencé.
Au Sénat, les amis de messieurs Juppé et Sarkozy utilisent l’examen de la loi El Khomri pour introduire dans ce texte toutes leurs lubies ultralibérales. Et les finauds du PS d’en profiter : « Au secours la droite revient ! ». Ressortir un slogan de 1986, c’est tout ce que le PS a trouvé pour continuer à défendre la loi El Khomri. Mais ce sont Valls et Hollande qui ont ouvert les vannes. Depuis quatre ans, ils ont validé les principales idées de droite.
Et avec cette loi c’est le cas encore davantage que jamais. En quelque sorte, la droite n’a plus qu’à réclamer de pousser la logique El Khomri jusqu’au bout ! C’est tellement vrai que les sénateurs de droite n’ont voté aucune des deux motions de rejet du texte déposées par les sénateurs communistes à l’ouverture du débat au Sénat lundi 13 juin. Dès lors, on peut dire que Valls et la loi El Khomri agissent comme des poissons-pilotes pour la droite. La politique du gouvernement n’est pas un vaccin contre la droite, c’est au contraire le venin libéral instillé pour abattre les digues devant la marée montante ! On peut dire que c’est un système auto-entretenu. Le PS propose des idées de droite et les candidats de droite sont poussés à la surenchère pour se distinguer d’eux. Hollande a ainsi radicalisé la droite que Sarkozy avait déjà décomplexée ! Dès lors, à l’inverse de l’idée rabâchée par le PS, refuser et combattre la loi El Khomri aujourd’hui, c’est construire dans le même temps, dans la rue et dans les têtes, le rempart le plus solide possible contre les projets de Juppé et Sarkozy.
En attendant, au Sénat, Les Républicains voudraient renforcer les pires aspects nuisibles de la loi El Khomri. Ils sont majoritaires dans cette assemblée avec leurs alliés de l’UDI. Ils en profitent donc pour intégrer toutes sortes de propositions issues de leurs projets pour 2017. Ils ont ainsi voté la fin des 35 heures et du principe même d’une durée légale du travail. C’est-à-dire la fin du seuil de déclenchement des heures supplémentaires au-delà de la 35e heure de travail hebdomadaire. Avec la version adoptée par la droite, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires serait défini entreprise par entreprise. Et s’il n’y a pas d’accord, ce sont les 39 heures qui s’appliqueraient et non plus les 35 heures. Ce serait évidemment une régression sociale terrible : augmentation du temps de travail et baisse des salaires puisque les heures de travail comprises entre 35 et 39 heures ne seraient plus payées comme des heures supplémentaires mais comme des heures « normales ». Le gouvernement prétend ainsi que sa loi est meilleure que ce que propose la droite. On se pince.
La loi El Khomri va dans le sens de ce que réclame la droite. Elle facilite le travail que ferait la droite si elle revenait au pouvoir. Par exemple, elle veut faciliter les accords d’entreprises et leur permettre de déroger à la loi même lorsque la loi est plus favorable aux salariés. C’est l’inversion de la « hiérarchie des normes sociales » et la fin du « principe de faveur ». Quelle différence avec la droite ? La droite ne fait qu’étendre la logique du texte du gouvernement à d’autres domaines. C’est bien Valls et Hollande qui ouvrent la boîte de Pandore. Comment osent-ils ensuite reprocher à la droite sénatoriale de vouloir pousser en quelque sorte la loi El Khomri « jusqu’au bout » ?
Notez d’ailleurs que le gouvernement et les amis de Juppé et Sarkozy sont tous d’accord pour baisser la paye des heures supplémentaires ! Aujourd’hui, les heures supplémentaires doivent être payées 25% de plus qu’une heure normale. Il existe déjà des possibilités de payer moins mais la règle reste celle-ci. Dans le projet de loi El Khomri, le gouvernement prévoit que cette majoration sera réduite à 10%. Au Sénat, la droite a conservé cette baisse de 25% à 10% ! PS et LR sont main dans la main ! Là encore, la logique du gouvernement pousse à la fin de la durée légale du travail. Puisqu’une heure supplémentaire ne sera quasiment plus payée différemment d’une heure « normale ». Or la durée légale sert d’abord et avant tout à marquer la différence de rémunération entre les heures « normales » et les heures « supplémentaires ».
C’est bien Valls et Hollande qui poussent à en finir avec les 35 heures. Souvenez-vous des propos de Manuel Valls en 2011 dans la primaire PS. Il voulait « déverrouiller les 35 heures ». Il proposait alors de « permettre aux Français, pour ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, de travailler davantage -deux heures, trois heures…- sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires ». C’est-à-dire dire exactement ce que vient de voter la droite au Sénat.
C’est aussi ce que dit Macron. En 2014, juste avant de devenir ministre, il glapissait dans Le Point : « nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunérations ». Quelle différence avec ce que veulent Les Républicains ? Et il ajoutait « c’est déjà possible depuis la loi de juillet 2013, mais sur un mode défensif, pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre ce dispositif à toutes les entreprises, à la condition explicite qu’il y ait un accord majoritaire avec les salariés ? ». Cette possibilité d’accord « offensif », ouvert à toutes les entreprises, est précisément dans la loi El Khomri. Elle permettra au chantage patronal de s’appliquer à plein pour augmenter les horaires sans augmenter les salaires. Le projet de loi El Khomri prévoit que ce soit possible pour une durée de cinq ans. La droite ne propose que d’appliquer les idées du PS sans limite de temps !
Autre exemple, la droite sénatoriale a voté l’instauration d’un plafonnement des indemnités accordées à un salarié licencié abusivement par les prud’hommes. C’est exactement ce que contenait le projet de loi El Khomri avant le recul de Valls en mars devant la mobilisation naissante ! La droite ne fait qu’appliquer le programme initial de Macron et Valls ! Qui peut croire après cela que Hollande serait ainsi un « rempart » contre les idées de ses propres ministres ?
François Hollande et le PS ne sont pas des remparts face au projet de guerre sociale de Sarkozy et Juppé. Mais ce ne sont pas seulement des poissons-pilotes. Ils valident le discours de la droite, ils le légitiment. Ils préparent les esprits. Ils mettent en œuvre des morceaux entiers de leur projet. Bref, ils mâchent le travail à la droite en cas de retour au pouvoir. Il ne faut donc pas s’étonner de voir Sarkozy, Juppé et les autres aller toujours plus loin dans la surenchère antipopulaire. C’est Hollande qui les pousse à se radicaliser !
Cela se vérifie sur bien des sujets. Sarkozy et Juppé veulent encore repousser l’âge de départ à la retraite ? Hollande n’est pas revenu sur la fin de la retraite à 60 ans et a même durci la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. Sarkozy et Juppé veulent rendre dégressives dans le temps les allocations-chômage ? Macron et El Khomri eux-mêmes ont dit que le sujet n’était pas « tabou ». Juppé et Sarkozy veulent offrir de nouveaux milliards d’euros de cadeaux aux actionnaires et au MEDEF sous forme de baisse de cotisations sociales ? Hollande leur a déjà donné 41 milliards d’euros, plus que ce que la droite n’avait jamais osé faire jusqu’ici ! Juppé et Sarkozy veulent supprimer l’Impôt sur la fortune ? C’est aussi ce que propose le ministre de l’Économie Macron ! Le projet des « Républicains » prévoit de baisser l’impôt sur les sociétés de 33% à 30% ? Trop tard et trop mou, Valls a déjà promis de le réduire à 28% en 2020 si le PS continue à gouverner ! Le premier ministre de Hollande réussi ainsi l’exploit de doubler Sarkozy et Juppé par la droite.
Face aux projets de Juppé et Sarkozy, la digue est dans la lutte en cours, dans les têtes et les cœurs gagnés à cette lutte. La bataille pour le retrait de la loi El Khomri est le meilleur antidote contre le poison libéral ; celui d’aujourd’hui comme celui qui voudrait continuer demain si nous ne le controns pas dès à présent.
162 commentaires
NICO 75
@Moby dick
Ne te casse pas la tête, 4 millions de voix en 2012, chaque électeur gagne une voie ça fait 8 millions et c’est le deuxième tour. Pour les arguments, nous avons tous ce qu’il faut. Alors au boulot. Pas de temps à perdre.
Francis
@ Moby
Croyez-vous que l’électorat de gauche dans ce pays représente seulement 15% ? En réalité ceux qui veulent une société plus humaine, plus fraternelle, plus démocratique sont bien plus nombreux. Il faut juste trouver les mots pour leur parler et leur redonner envie de marcher avec nous. Même le pape déclare aujourd’hui que le monde ne peut plus s’offrir le luxe du capitalisme inégalitaire. Il va même plus loin en déclarant qu’aujourd’hui un chrétien qui n’est pas révolutionnaire n’est pas un chrétien. Parlons aux amis, aux frères et sœurs, aux voisins et collègues avec notre cœur, ils sont prêts à écouter. Les arguments ne manquent pas en lisant les écrits de JL Mélenchon ou en écoutant ses vidéo.
C’est vrai que Hollande et sa clique ont fait beaucoup de mal à l’idée même de gauche, mais rien n’est jamais irréversible. Ceux qui aujourd’hui ne votent plus ou votent pour les démagogues ne sont pas perdus à jamais pour notre camps humaniste et progressiste.
Nous pouvons faire bien plus que 15%. Ne nous laissons pas assommer par les médias. Croyons en nous. Nous pouvons gagner. Je me permets de vous le dire car je faisais parti de ceux qui n’ont pas voté JL Mélenchon en 2012, pareil pour mon épouse. Nous soutenons appuyons aujourd’hui sa candidature et le mouvement de la France Insoumise. Bien à vous.
jono
@Moby dick
Lorsque l’on parle de 35 % pour Jupé et consort et 30% pour Le Pen, cela représente 65% de quoi ? De 40% de l’électorat plus ou moins ! Ce qu’il faut, c’est convaincre tous ceux qui sont dégoutés de ce qui se passe aujourd’hui d’appuyer la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour que la grande masse des travailleurs reprennent sa destinée en main.
Deux points importants pour se débarrasser de l’oligarchie, il faut écrire une nouvelle constitution qui ne pourra être adoptée que par un référendum et construire un programme de gouvernement ne se référent qu’à l’être humain. L’argent ne peut être une fin en soi, son seul intêret est de permettre de faire des échanges au lieu de faire du troc. Quand s’y mettons nous ? Maintenant ou bien on attend qu’il soit trop tard ?
Dominique Couturier
« De même, nous ne serons plus obligés d’avoir les textes du Parlement européen en anglais. Sans doute les deux langues de travail que sont l’allemand et le français seront-elles désormais respectées et nous disposerons de textes en français pour chaque vote. »
Alors là, Jean-Luc, je crains que vous ne soyez un peu trop optimiste ! Le globish n’est pas (ou plus) la langue du R.-U. ou des USA, mais celle de la bourgeoisie mondiale. Celle qui empêche le peuple de communiquer horizontalement d’un pays à l’autre car, difficile (environ 7 à 10 fois plus que l’espéranto), elle demande des tas de conditions pour être à peu près apprise et utilisée. Ces conditions sont globalement remplies par les classes « intermédiaires supérieures », pas par les prolos.
D’après Paul Ariès, entre 1918 et 1939 de très nombreux syndicats pratiquaient l’enseignement mutuel de l’espéranto, dans l’intention de coordonner les luttes au-delà des frontières. Mais Churchill avait déjà, avant la guerre, son projet de « basic english » comme moyen de domination culturelle et intellectuelle. Votre équipe, et les lecteurs de ce blog trouveront des liens vers des arguments plus détaillés dans ce billet de blog.
Lucide
L’Anglais est surtout une langue très facile à apprendre. Ce qui explique que tout le monde l’utilise. Par contre, l’Allemand et le Français sont des langues beaucoup plus difficiles à assimiler. L’Esperanto n’a pas marché, dommage, mais logique, personne ne l’utilisait dans le monde. On demandait aux gens d’apprendre une nouvelle langue, l’Anglais était déja présent.
Pastit
Que l’anglais soit très facile à apprendre ça reste à démontrer. En tous les cas il n’est pas compris par tout le monde notamment beaucoup « d’anciens ». De plus, le français est une des langues officielles qui doit être utilisées par l’Europe donc une fois de plus que celle-ci respecte les règles !
Je pense depuis toujours et je n’arrête pas de dire que construire l’Europe, c’est conserver la richesse de sa diversité, notamment chaque langue, commençons par apprendre à nos enfants la langue de nos voisins les plus proches en fonction des régions où nous habitons. Quel ridicule que de voir un Français et un Allemand ou Italien parler entre eux en anglais. Les traducteurs n’existent plus ? Quoi de plus pénible d’ailleurs que d’entendre à profusion, sur toutes les chaînes publiques, des anglicismes qui n’apportent rien (live, postcast(er), hastag, etc.) et font même ignorer aux jeunes générations que des mots français simples qui n’ont rien de « ringards » existent et ont du sens. J’ai d’ailleurs, dans ce papier, déjà interpellé Jean-Luc sur son utilisation régulière du mot « post » qui n’a rien de particulièrement séduisant et d’incontournable. J’espère que si il y a « sortie des anglais », l’Europe saura revenir aux langues des restants.
Lucide
@Pastit
Je suis d’ accord avec vous sur tout les points, mais de tout traduire dans toute les langues les traités et autres nécessiterait encore plus de travail, et encore plus de traducteurs. Imaginez qu’un traducteur se trompe, il en faudrait donc un deuxième, etc. C’est plus responsable que le député ou l’interlocuteur comprenne directement ce qu’on lui adresse comme message.
Et puis l’informatique vient des USA, avec une langue Anglaise, qui a développé cette langue au niveau mondial. L’erreur de Jean-Luc sur le mot (post) vient tout simplement de là. C’est pas grave hein, mais je vous rejoins sur le fait que nous devons garder notre langue, la plus belle du monde, pour nous adresser entre nous. Mais pour communiquer entre états, l’Anglais ne me pose pas de soucis. N’oublions ce qu’on fait les Anglais pour nous lors de la seconde guerre mondiale. C’est une langue amie et alliée pour moi dans la communication entre cultures. Je me vois mal apprendre l’Allemand par exemple, c’est beaucoup beaucoup plus complexe à apprendre. Cordialement.
lilitte
Je ne vais pas comme tous les commentateurs flatter Jean-Luc Mélenchon pour ses billets que je lis évidemment avec grand intérêt depuis le début. Car j’aimerais dans les commentaires lire un peu plus d’idées, de questionnements sur le programme que de flatteries qui ne font pas avancer les consciences. Car si nous lisons ce blog si assidument, c’est que nous l’aimons, ainsi que son auteur, à quoi bon le répéter sans cesse.
J’ai une question qui me taraude depuis un moment. J’ai bien compris au sujet de la sortie éventuelle de l’euro qu’il y avait 2 choix. Un plan A et un plan B. Ok, mais j’ai lu qu’il existait un article 50 dans le fameux traité signé par Sarkozy et Hollande qui nous empêcherait de sortir facilement de cette Europe ? Jean-Luc Mélenchon pourrait-il nous éclairer à ce sujet ? Merci et excuses si hors sujet pour le modérateur.
[Edit webmestre : Vous n’êtes pas particulièrement hors-sujet et n’avez par conséquent pas à vous excuser. En revanche, je vous informe qu’il existe un petit ustensile typographique que l’on appelle l’apostrophe, et que je vous invite à utiliser. Cela m’évitera d’avoir à les ajouter pour pouvoir comprendre ce que vous écrivez. Ce n’est pas un problème d’orthographe, mais de respect de ceux qui vous lisent.]
Oriol
Bonjour,
Jean-Luc Mélenchon est candidat à la présidence de la République. Il n’est plus un leader de l’opposition. Ce qui devrait le pousser à classer différemment ses interventions. Dans le billet ci-dessus, l’important n’est pas Pujadas mais le Brexit. Il pourrait laisser Pujadas à d’autres et se contenter du Brexit. Les articles sont déjà longs. Se concentrer sur l’essentiel pour être lu au delà des convaincus. Les articles sont déjà assez longs.
Un point fondamental qu’il me semble nécessaire d’aborder, est la nécessité de faire des alliances européennes. Certes, Cameron montre que la détermination peut faire bouger les choses. Sauf que Cameron va dans le sens du poil des autres gouvernements de l’Union européenne. Si Jean-Luc Mélenchon était élu demain, il aurait à faire à une forte opposition des gouvernements de l’Union. Quels sont les alliés possibles ? Peut-on faire la « révolution démocratique » dans un seul pays ? Si un véritable soulèvement démocratique se produit en France, il faudrait qu’il soit soutenu par un soulèvement populaire dans d’autres pays de l’Union. Pour le moment, il semble que « l’internationale nationaliste » soit plus avancée que l’internationale populaire au niveau européen (Marine Le Pen à Vienne dernier exemple).
Détail, le départ des britanniques n’entrainerait pas la disparition de l’anglais au niveau européen. De nombreux pays s’y opposeront. Dont l’anglais est a seconde langue (pays nordiques…
Invisible
Je vous rejoins complètement : c’est notre Europe qu’il faut construire, nos alliances, nos rencontres entre les peuples, nos Erasmus parallèles, nos amitiés entre les travailleurs, chômeurs, lycéens, retraités.
CLAUDEJ
Je ne partage pas votre avis sur la taille et le contenu des billets de Mr Mélenchon et de celui-ci en particulier. Lire les points de vue de notre hôte construits et présentés de façon argumentée sur en moyenne trois sujets à chaque fois est à notre portée et nous est très utile. Le sujet sur « Pujadas » et la presse en général est un sujet très important : celle-ci, dans sa majorité n’agit pas comme un service public d’information mais comme un adversaire politique. Et certains « journalistes » n’hésitent pas sur les moyens. Le faire comprendre est fondamental. Et ce n’est pas encore gagné !
Nadia Moisset
Je ne suis pas d’accord avec vous @oriol, car la politique c’est un tout ou tout sert à tout. Il n’y a pas de petits sujets, et la force intelligente de Jean-Luc est de lier chaque évènement et action entre eux afin de démonter le puzzle que ce gouvernement et les médias à son service organisent pour mieux gruger celles et ceux qui n’ont que peu de temps à accorder à leur environnement politique. Ne pensez pas que c’est trop long à lire, car si on ne peut le faire d’un seul tenant, on y revient dès que l’on dispose d’un peu de temps et au final, lecture après lecture, le cerveau se structure et nous avons envie de rejoindre le combat. Je l’ai observé avec certains de mes proches, et les manifestations d’aujourd’hui en sont aussi un témoignage patent. Il y a des circonstances où « trop » est l’ami de bien. Merci Jean Luc d’être aussi pédagogue et de permettre au plus grand nombre d’accéder à la compréhension de ce qui lui pourrit la vie et du comment on pourrait ensemble en sortir.
Imagine
Très belle analyse du référendum britannique qui devrait conduire à un amendement du programme et renoncer à l’incompréhensible stratégie du plan A puis du plan B au cas où.
PIETRON
Le mouvement social débuté il y a plus de 3 mois appelle des propositions sociales. Réduction du temps de travail, augmentation du SMIC, retraite à 60 ans à taux plein (à 55 ans, voire 50 ans, pour les travaux pénibles), sécurité sociale à 100% et gestion par les seuls salariés, retraites indexées sur les salaires, augmentation des salaires, remise à plat des exonérations de cotisations sociales, redéfinition des « normes travail », garanties et protection du salariat renforcées, système bancaire réintégré dans le giron public, scolarité gratuite (universités incluses), renforcement des services publics, culture et éducation populaires favorisées et financées par la sphère publique (l’état), etc.
La grande majorité des gens qui s’abstiennent de participer aux élections est celle qui se situe dans les classes populaires qui attendent des avancées sociales. Le dégoût que leur inspirent le PS et LR ne date pas d’aujourd’hui. Il n’a fait que s’accentuer depuis au moins 1984 et, hélas, certains d’entre eux (salariés), quoique minoritaires, ont basculé vers le FN dont il faut dénoncer l’adhésion, depuis toujours, aux thèses libérales et capitalistes teintée de « gauche verbalisée » (un national socialisme qui ne dit pas son nom). Le versant social d’un programme est essentiel car il peut préfigurer un changement fondamental de « type de société ».
chan
Macron voulait une loi qui permette aux entreprises de déroger aux règles. Autre domaine de malfaisance au nom de son amour de l’entreprise et de l’idéologie néo-libérale, sa décision de céder l’usine géothermique de Bouillante à une entreprise américaine, abandonnant ainsi le programme écologique de géothermie caraïbe, et cela avec la bénédiction de Royal, dont on connaît les revirements.
Invisible
Le problème avec Macron, c’est qu’il représente une tournure d’esprit qui existe dans la société et qui se répand comme une traînée de poudre dans les jeunes générations : celle des « bons plans », « offres promotionnelles », « astuces »… toutes actions destinées seulement au pouvoir d’achat instantané et à la concurrence de tous contre tous, à la course à l’échalote sans me moindre respect de l’égalité-fraternité. Ce faisant, il n’existe plus de règles communes, plus de référence, plus de règles du jeu. Aucun billet de train n’est au même prix et les gens acceptent. La devise républicaine ne doit fonctionner que si les trois piliers sont respectés en même temps : pas de liberté sans égalité ni fraternité. Cette règle est totalement effritée.
Mariedu13
JL Mélenchon à de très bonnes idées, cependant pour rallier les gens en grand nombre à ses objectifs, il faudrait beaucoup plus de communication sur comment il négocie les traités précisément, comment il vient à stopper le nucléaire (des gens on trouvait cela utopiste car l’électricité est utilisée en masse), il nous faut connaître l’ensemble précis des actions par exemple avec une vidéo présentant un schéma du plan d’action. Les gens sont très éduqués et très informés par internet ils veulent et sont capables de comprendre de plus en plus le fonctionnement de l’économie. Par exemple quel traité, quel écrit serait changé par quel autre traité ?
Concernant l’image de Jean-Luc Mélenchon pour gagner des voix, il faudrait je pense qu’il y est moins de « blagues ». Il gagnerait en crédibilité, certains présidents ont été blagueurs mais qu’un peu seulement et c’est mieux vu je pense, ce n’est que mon avis.
La question économique que je me pose c’est est-ce que l’argent entraîne la concurrence forcément à outrance ? Si on est plus assez compétitif sur le marché du travail, cela veut il dire que l’on « meurt » car on a plus l’avantage ? La concurrence est synonyme de duel, désunion, antipathie, son antonyme est l’union, l’association, l’exclusivité. Il faudrait une économie différente.
Optimist
Le fric, c’est comme le trop manger. Ils n’ont pas avalé la première fourchetée qu’ils pensent déjà à la suivante et ce jusqu’à en être repu ou non car il n’est pas interdit de vomir (comme nos illustres Romains) et de recommencer sans fin (faim). Pavlov n’est pas loin. Stop à la goinfrerie du fric, partageons ensemble un bon repas « social » et « citoyen ».
guitou 33
Utile au système, Cohn-Bendit, chouchou des médias avec son humour taillé a la serpe, vocifère en parlant de Jean-Luc Mélenchon. Décidément cet individu en manque d’arguments, se ridiculise en pensant fortement a la pluie qui tombe sur les « poules ». Sa haine est tellement féroce qu’il est incapable d’avoir un raisonnement construit, pauvre petit monsieur. Il peut rejoindre le petit monsieur élu par le peuple faisant une politique contre le peuple. Heureusement les insoumis en ont assez de tout ces marchants de bobards.
naif
La seule plus value de Cohn Bendit est de bouffer de la lutte de classes. Tant qu’il fera le job il sera dans les grands médias. Heureusement que cet homme affirme ne plus faire de politique depuis qu’il a quitté son mandat d’Eurodéputé. Malgré cela, nos médias le considèrent et le présentent encore comme Eurodéputé. Tout va si vite que nos journalistes n’ont pas le temps de mettre leurs fiche à jour. Trop fort.
sergio
Cohn-Bendit ou le bouffon du système. Sinon quel dommage que Fogiel très formaté par la novlangue arrive à conclure l’interview de Jean-Luc sur RTL en ligne sur l’accueil du blog, par des mots qui contredisent totalement ce qui vient d’être dit et salissent encore l’opposition à la Loi El Khomri : « En fait, dit-il à Jean-Luc Mélenchon, vous visez la motion de censure et un raidissement de la situation » (sic). Donc la mobilisation de la France insoumise aux côtés des syndicats en lutte contre le projet Valls-Macron de la loi Travail n’aurait qu’un but, faire tomber ce gouvernement et refuser le débat. Voilà comment Fogiel ou un autre peut pourrir une parole opposée à la pensée unique. Jean-Luc avait dit juste auparavant que la manifestation du 23 juin à la Bastille avait pour seul objectif la remise en question de cette loi medefienne et rien d’autre.
Respect
En souvenir un commentaire que j’avais posté sur le Blog de François Delapierre.
« Excellent hier soir à « Mots croisés » ! Merci et encore merci de défendre aussi bien nos idées dans une émission comportant tant de pièges et de difficultés. A côté d’un Jean-Marie Le Guen qui comme tous solfériniens tient tant à son étiquette de gauche car il aurait une conception sociale et humaniste différente de celle de la droite (dixit au Grand Soir le lundi 24 mars 2014), avec en face la droite décomplexée qui a intérêt à associer le Front de Gauche aux solfériniens pour masquer l’opposition de Gauche et se présenter comme le seul recours au mécontentement des français, avec des invités non politiques qui ne sont pas opposés à la politique d’austérité, avec un journaliste « chien de garde », la tache était même très difficile. Ce n’est pas juste mais dans une émission comme celle là, pour arriver à faire passer nos idées sans que l’on nous ridiculise, sans que l’on nous rende inaudible en nous interrompant sans cesse, avec un temps de parole juste que l’on nous oblige à quémander sans cesse, avec la nécessité de bien nous démarquer des solfériniens et de faire comprendre qu’eux comme la droite traditionnelle mènent la même politique qui nous envoie dans le mur, il ne suffit pas d’être bon, il faut être excellent. Alors encore merci. »
chan
La Belle Alliance Populaire ! Il a vraiment du nez, Camba ! Alianza popular, c’était un ramassis de franquistes et autres conservateurs au moment de la Transition. Des ignares ? Un aveu ?
Le Rouge et le Vert
Face à la primaire du PS où comme en 2011, l’électeur de gauche se fera entuber, face au rouleur compresseur ultra libéral de la primaire de droite, face au nationalisme menant notre pays vers de fortes divisions, « La France insoumise » ! Pour une radicalité sociale, démocratique, environnementale, ça urge ! Je ne pige toujours pas les atermoiements du PCF et des écolos, les vrais. Présidentielle et surtout législatives.
marco polo
Donc, finalement, le PS fait preuve d’un certain réalisme politique. La primaire, que Cambadélis organisera fin janvier 2017 laisse le temps de préparer la sortie pour organiser un jeu gagnant pour un PS en perte de vitesse. Les « ténors » vont affûter les couteaux. Hollande se rend compte qu’il va être sacrifié sur l’autel des ambitions des petits copains, il n’est pas nécessaire d’en dresser la liste, nous la connaissons. Il importe maintenant de démontrer la nocivité d’un parti qui n’a pas l’intention de changer d’orientation : le social-libéralisme. Ce PS va sans doute vouloir redresser une autre courbe, celle de sa descente aux enfers. Peut-etre trop tard pour enfermer le PC et EELV dans cette nasse qu’est la primaire, le PS va sûrement tenter de la jouer « unitaire ». Le danger vient donc probablement des coups bas qu’il va essayer de porter à la vraie gauche, effacer ou amoindrir la France insoumise. Nous avons intérêt à laisser suffisamment de portes ouvertes pour permettre à des communistes, des écolos et des sans partis de sauter le pas. Nous n’avons effectivement pas trop de temps pour donner au mouvement de la France insoumise la force non seulement de résister, mais surtout de gagner.
alain.fossey
Quelle déception pour le PCF ! La primaire de la gauche se résume à une primaire de gouvernement de droite (oui le PS est un parti de droite). Nous avons donc 2 primaires de droite. Je me demande maintenant quel est l’horizon du PCF. Va t-il présenter un candidat (Pierre Laurent, Dartigolles) pour osciller entre 1% et 2% ? Il faudrait que les militants du PCF se réveillent et adhérent à la seule alternative, la force citoyenne « La France insoumise » avec son porte parole Jean-Luc Mélenchon. Quelle échec de stratégie ! Quant à leur fameuse consultation en direction des 500 000 personnes, il faut qu’ils comprennent (mais il leur faudra un temps démesurément long) que les questions, ce sont les citoyens qui les posent et les citoyens qui y répondent. De leur verticalité, on n’en veut plus. J’en arrive à me demander s’ils ne se croient pas investis par un quelconque ordonnanceur. Or il vaut mieux s’interdire de croire en croire. En conclusion, soit le PCF se met au service de la force citoyenne soit il disparait du paysage politique !
lilou45
Pierre Laurent ou Dartigolles ont autant de charisme qu’une huitre. Imaginons ces deux personnages devant Merkel ou l’ignoble Schäuble, ils vont les avaler tout crus. Il faut un homme qui n’ait peur de personne, qui ne soit pas à la solde du capital, avec une réelle une expérience de la vie politique européenne. Jean-Luc est le seul capable au sein de la gauche anticapitaliste à pouvoir mener ce combat.
Nicks
@Roland
Peut-être vous capable de faire la différence entre un appareil assez critiquable, pour le moins, et les militants, dont personne n’ignore le travail et l’engagement politique ? Il faut de toute façon oublier ces histoires d’étiquette qui nous ont assez entravé par le passé.
Le.Ché
Il faut en finir avec cette Europe capitaliste qui a été mise en place dans une mondialisation capitaliste sous domination des USA. Je propose de mettre en place un programme pour démondialiser. Le contenu du parti politique du Pardem me plait bien, il faut nationaliser les groupes capitalistes du CAC40 et des banques. Il faut mettre en place le dépérissement de la bourse pour aller jusqu’à sa suppression, mettre en place un livret E pour le financement des entreprises petites et moyennes, en finir avec le chômage en imposant un droit opposable à l’emploi et reconstruire une industrie française digne de la France en sortant de cette Europe capitaliste et de l’euro.
Vergnais Thierry
A fond derrière ljm2017, nous aimerions entendre et lire de partout la position de Jean-Luc Mélenchon au sujet de l’interdiction des manifestations de jeudi 23/06. On touche le fond, il est nécessaire de réagir ensemble à chacune des aberrantes prises de positions de ce gouvernement « socialiste ».
Rodolphe13
Je rejoins totalement @Vergnais Thierry, même pas un petit tweet (!), peut-être est-ce stratégique ?
Machine
Loi El Khomri. Ne nous y trompons pas. Si les divers strates de pouvoir en place, dont le Medef, avaient pour ambition de restituer leur part légitime à tous les individus, en améliorant la loi, plutôt que de la tordre pour se stabiliser un droit à vivre ostensiblement au dessus des moyens des autres, quitte à tout et tous nous sacrifier pour monopoliser, en douce, toujours plus des richesses produites alternativement par chacun, ce serait la fin des maltraitances générales autorisées et des décès prématurés avec le vrai retour de la gauche. Celle des partageux n’aspirant qu’à permettre l’égalité des droits de tous à arbitrer son temps propre dans le respect des règles communes. Sans plus. L comme Libre plutôt que L comme riz.