La mobilisation contre la loi El Khomri continue. Le gouvernement semble perdre le contrôle de ce qu’il fait et de ce qu’il dit. Les crises d’autoritarisme du Premier ministre ne font que miner chaque jour plus profondément l’autorité de l’État. Philippe Martinez a raison de le rappeler à Manuel Valls : ce n’est pas davantage aux manifestants d’assurer la sécurité de leurs cortèges que ce serait aux supporters d’assurer celle d’un match de foot.
Comment Valls et Cazeneuve ont-ils pu penser et pérorer le contraire ? Peut-être parce que dans ces deux cas, on voit bien quel bilan lamentable ils affichent. Jamais il n’y a eu autant de forces de police dans la rue. Jamais la pagaille et les dégâts n’ont semblé plus étendus. Il apparait à travers le traitement de l’info par « France 2 » que c’est aussi sans doute une stratégie de communication. Je crois qu’elle se retourne contre leurs auteurs. Vivent donc Pujadas et Saint-Cricq pour leur démonstration involontaire.
Que le régime en soit rendu à vouloir interdire les manifestations quinze jours après que Marine Le Pen l’a demandé montre de façon inquiétante quelles sont devenues les connections intellectuelles désormais récurrentes du régime Hollande. C’est pourquoi je reviens ici sur la loi El Khomri. Au moment où le pouvoir fait mine de pleurer sur la droitisation de son texte au Sénat, je veux montrer qu’en réalité le PS a non seulement poussé la droite aux surenchères mais qu’il les a anticipées.
Si les Anglais s’en vont de l’Union Européenne, nous allons pouvoir permettre aux réfugiés de les rejoindre car la France ne sera plus tenue de les retenir à Calais. De même, nous ne serons plus obligés d’avoir les textes du Parlement européen en anglais. Sans doute les deux langues de travail que sont l’allemand et le français seront-elles désormais respectées et nous disposerons de textes en français pour chaque vote. Bref, il n’y a pas que des inconvénients au Brexit. Quoi qu’il en soit, je traite ici de ce vote historique.
Une fois de plus, le gouvernement Valls a fait le choix du pire pour contrer le coup que lui portait la journée de mobilisation du 14 juin. Ils ont polarisé toute l’attention des Français sur le soi-disant saccage de l’hôpital Necker. Cela après avoir sciemment organisé la formation d’une poche de casseurs qui détruisent tout en tête de cortège sans être inquiétés. Ici, Valls et Cazeneuve ont à ce point dépassé la limite que cela s’est vu en grand et en gros caractères. On ne saurait donc exclure qu’ils aient considérablement renforcé la volonté d’en découdre aux deux dates annoncées pour les prochaines mobilisations dans la rue. Dès la première vitrine brisée et son spectacle déversé instantanément sur toutes les chaînes, nous avons tous compris qu’il s’agissait de minimiser l’ampleur de la manifestation en détournant l’attention. Puis les mieux informés ont compris qu’il s’agissait de masquer le terrible accident provoqué par la grenade qui a explosé dans le dos d’un manifestant, situation qui a déjà provoqué la mort de Remy Fraisse.
Si grossière et violente qu’ait été la méthode, il est frappant de voir à quelle vitesse elle s’est retournée contre ses auteurs. À propos de l’hôpital Necker, le retournement de l’opinion s’est vu sur les réseaux sociaux une fois passé le premier moment de stupeur. Très vite, la manipulation médiatique a été avérée. Et ce sont les parents d’enfants malades qui ont retourné l’attaque contre ceux qui détruisent l’hôpital public de l’intérieur avec les plans de suppression de postes.
L’ambiance de haine de classe contre les syndicalistes, notamment ceux de la CGT, culminait comme d’habitude dans les médias audiovisuels et notamment à France 2 où David Pujadas s’est encore une fois surpassé en grossièreté avec son invité Philippe Martinez, et Nathalie Saint-Cricq en s’abaissant à répéter mot pour mot l’argumentaire de l’extrême droite du PS. Sur le terrain, « le service public » battait des records avec ses questions : « Que pensez-vous de la baisse de la mobilisation ? » demande une stagiaire sans aucune expérience de ce genre de situation pendant que passait derrière moi la plus importante manifestation syndicale depuis 15 ans ! Ou encore : « Pensez-vous que la manifestation d’aujourd’hui sert à quelque chose encore alors que la mobilisation baisse ? ».
Brave petit soldat qui pose les questions que les chefs dans les bureaux ont décidé de poser avant même que la manif ait commencé ! À « France 2 », tuer l’impact d’une mobilisation en détournant l’attention, c’est un art : deux minutes pour la manif, cinq pour les casseurs et la récitation d’un éditorial écrit dans le bureau de Manuel Valls. En tant que citoyen, cela me désole de voir le métier de journaliste et le service public abaissés de cette façon et davantage encore de constater le mépris que cela induit à l’égard de l’intelligence des téléspectateurs. Comme militant politique, je m’amuse par contre beaucoup d’une telle grossièreté car elle se retourne à l’évidence contre ses auteurs. En effet les centaines de milliers de personnes qui étaient dans la rue sont ulcérées, et leur détestation du régime et de son principal média s’ancre en profondeur dans les consciences. Elle devient irréversible. La méfiance et le dégoût envers la caste médiacratique se propage et s’amplifie.
Bien sûr, ces éléments d’éducation populaire ne compensent pas les dégâts provoqués sur le moment par la propagande que diffuse le journal de « France 2 ». Mais dans la durée, ils sont cependant bien plus productifs que les avantages momentanés tirés par nos adversaires quand ils parviennent à sidérer les téléspectateurs. Autre nouveauté dans ce type de situation : dans le même temps, les nouvelles pratiques populaires de la collecte d’images se forment et se renforcent de manifestation en manifestation. Les gens filment beaucoup, photographient partout. Un bidouillage comme celui à propos de l’hôpital Necker n’aura pas tenu si longtemps grâce à cela. Et désormais nous sommes nombreux à attendre les images des réseaux sociaux avant de nous faire une opinion définitive.
Cette remarque touche plus profond qu’il n’y parait. En vérité, la situation du paysage médiatique comporte un paradoxe que les pratiques de masse des reportages improvisés compensent. La cause est profonde : il y a de plus en plus d’écrans et de réseaux de diffusion mais il y a de moins en moins de sources d’information. Le nombre de journalistes encartés baisse, le nombre d’agences en état d’alimenter les tuyaux de l’info en continu diminue également. Cela veut dire que moins d’images disponibles sont diffusées sur davantage de canaux et d’écrans. C’est un biaisage de l’info disponible très fort. Si l’on croit ce qui est donné à voir, on oublie que l’on ne voit que ce que l’on vous montre. Croiser les regards est donc essentiel pour savoir. À cet impératif général s’en ajoute un second : l’image donnée à voir est l’image dont les chefferies des médias passent commande. Les équipes ne vont pas sur le terrain « à la découverte » mais elles y viennent chercher et prendre ce que les chefs ont dit de ramener… Dans ces conditions, la probabilité d’avoir une information totalement préfabriquée est très forte.
Voilà pourquoi la multiplicité des photographes et cameramen est une bonne chose pour nous et « notre droit de savoir ». On doit donc conclure que toute information de « France 2 » est une « information officielle », c’est à dire une production du studio central du service d’information politique et non une information sur les évènements eux-mêmes. Dit autrement, quand on regarde le journal de « France 2 », on apprend comment le PS et le gouvernement veulent que l’on voie les évènements. En ce sens l’info de « France 2 » est une information non sur ce qui est montré mais sur ceux qui ont décidé de le montrer. Plus le gouvernement est en déséquilibre par rapport à la société, plus son message officiel va être grossier et lourd, plus il va tirer sur le masque d’objectivité dont se drapent ses « lecteurs de prompteurs » du 20 heures.
Chaque JT de « France 2 » est donc une leçon politique essentielle pour ceux qui le regardent dans ces circonstances. Les uns n’y comprennent rien et se laissent balader par l’émotion suggérée jusqu’à ce que la suivante vague d’émotions préfabriquées les emmène plus loin ou ailleurs. Les autres comprennent d’un seul coup la manipulation qui leur « saute aux yeux » littéralement. Plus jamais ils ne regarderont l’info officielle comme avant. Il faut donc remercier Pujadas et Saint-Cricq dont les manipulations sont une école de masse pour nos idées et en particulier celles que nous développons concernant la nature des médias et des médiacrates qui les dirigent.
Après cela, une question se pose, que l’indolent CSA lui-même se posera peut-être un jour si quelqu’un peut rester réveillé dans ce machin assez longtemps pour regarder une émission politique et faire son boulot entre deux jours de paye. Puisqu’il est avéré que Pujadas, Saint-Cricq et les autres sont les répondeurs automatiques du gouvernement mis en place pour répondre aux questions que les gens se posent à 20 heures, peut-on faire une campagne présidentielle sans inclure le journal de 20 heures dans le calcul du temps de parole du gouvernement ? Ou bien, dit autrement : ne devrait-on pas plutôt mettre en place une autre équipe plus neutre et respectueuse de la liberté de conscience des téléspectateurs pendant la période de la principale élection du système institutionnel, sachant que le gagnant de la compétition nomme ensuite directement ou indirectement tout ce petit monde ?
Enfin, je veux conclure par une note plus optimiste. Nous ne sommes pas condamnés à ce régime informatif hallucinogène. On peut en changer. Il le faut, car le droit à une info honnête est une exigence basique de la vie du citoyen. Comment peut-il participer à l’expression de la volonté générale s’il ne sait rien de certain ou de vérifié sur ce qui est en cause ? Education laïque et info honnête sont les deux colonnes du temple républicain où se formate la liberté des citoyens. Je compte donc présenter le moment venu un plan particulier sur ce sujet dans la campagne présidentielle pour libérer la presse et les médias du double joug des puissances de l’argent, du copinage, et des pouvoirs.
Jeudi 23 juin, les électeurs du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord se prononcent par référendum sur leur appartenance à l’Union européenne. Ils doivent répondre à une question claire : « le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? ». Ils auront le choix de voter pour « rester membre de l’Union européenne » (« Remain a membre of the European Union ») ou pour « quitter l’Union européenne » (« Leave the European Union »). C’est la première fois de l’histoire de la construction européenne qu’une telle question est posée aussi explicitement aux citoyens d’un pays. C’est donc un moment historique.
D’où vient ce référendum ? Il date de la campagne des élections législatives britanniques de mai 2015. À l’époque, en difficulté sur la question européenne dans son propre camp, le Premier ministre conservateur sortant, David Cameron, promet un référendum sur le maintien ou non du royaume dans l’UE. Réélu, il a d’abord attendu que la Grèce soit étranglée et que Tsipras accepte le troisième mémorandum en juillet, avant d’avancer ses pions. Puis il a publié ses exigences en novembre 2015. Il a d’abord logiquement refusé de dire s’il appellerait à rester dans l’UE si ses exigences n’étaient pas retenues. En agissant ainsi, Cameron a préempté le débat européen, imposé son agenda et mis la pression aux 27 autres pays. Une bonne leçon de rapport de force national pour tous les naïfs de « l’Europe qui protège » et les capitulards du « on ne peut rien, c’est l’Europe qui décide ».
Sous la menace du Brexit, les 28 ont signé le 19 février 2016 en accord entre le Royaume-Uni de David Cameron et les 27 autres chefs d’États et de gouvernement de l’UE. Notez au passage que cet accord est fait d’une « décision des chefs d’État et de gouvernement » et de plusieurs « déclarations ». Ce n’est pas un traité ni une modification des traités européens. Car changer les traités aurait obligé les 27 autres à devoir faire ratifier l’accord par leur Parlement national, voire par référendum pour certains. La peur du peuple continue de régner au sommet de l’UE.
L’accord porte sur plusieurs points. Il comporte d’abord un volet de libéralisme économique vantant la « compétitivité » et le libre-échange. Ainsi, les 28 se sont engagés à conclure « des accords bilatéraux de commerce et d’investissement ambitieux » avec les autres pays du monde et notamment à « s’employer à faire avancer les négociations avec les États-Unis » en vue du traité TAFTA de libre-échange transatlantique. Ils se sont aussi engagés à « simplifier la législation, éviter une réglementation excessive et réduire les charges pesant sur les entreprises » comme le répète la novlangue européenne à chaque occasion.
L’autre grand morceau arraché par Cameron concerne l’immigration. En pleine crise des migrants et pour satisfaire son extrême-droite, David Cameron a obtenu la possibilité, pendant 7 ans, de suspendre les allocations sociales des citoyens d’autres pays de l’UE arrivant au Royaume-Uni pour leurs quatre premières années dans le pays. On parle bien ici des ressortissants d’autres pays de l’UE, c’est-à-dire y compris les Français qui iraient s’installer au Royaume-Uni. Des européens de «L’Europe qui nous protège » et non des Syriens pour lesquels un État peut déjà décider librement ce qu’il veut. En réalité, David Cameron n’a pas eu beaucoup à se battre sur ce point puisque Angela Merkel l’a soutenu très tôt. D’ailleurs, depuis l’accord de février, le gouvernement allemand a fait savoir qu’il travaillait à un projet de loi du même objet. Evidemment, c’est une ministre social-démocrate qui prépare le ce texte ! Il me semble que c’est un des points les plus significatifs de l’État de l’Union Européenne que cette décision officielle de régression sociale. Que ce soit la ministre du PS allemand qui en soit chargée est également très hautement significatif de l’état de ce mouvement dans cette Europe et dans ce pays qui a été le bastion mondial de la social-démocratie.
Le troisième volet concerne la protection spéciale de la souveraineté britannique. David Cameron a ainsi symboliquement obtenu l’exemption pour le Royaume-Uni de l’objectif d’une « Union toujours plus étroite ». Plus précisément, cette exemption sera inscrite dans les traités lorsqu’ils viendront à être modifiés. Les 28 chefs d’État et de gouvernement se sont aussi accordés pour permettre à une majorité de Parlements nationaux de bloquer un projet de réglementation européenne. Ce « carton rouge » complète le dispositif actuel de « carton jaune » : les Parlements nationaux peuvent demander un réexamen. Mais les seuils à franchir pour obtenir ces réexamens sont tellement élevés que c’est davantage un affichage qu’une vraie modification.
L’essentiel des protections de souveraineté de cet accord fait main pour les Anglais concerne en fait le secteur financier. David Cameron n’a pas obtenu la reconnaissance de « plusieurs monnaies » dans l’UE mais seulement que l’UE facilitera « la coexistence entre différentes perspectives », c’est-à-dire une confirmation implicite que le Royaume-Uni pourra ne jamais passer à l’euro. Il a surtout obtenu l’absence « de discriminations » de la zone euro contre la City, le centre financier du Royaume-Uni. Et le Royaume-Uni pourra superviser ses établissements financiers indépendamment de l’Union Bancaire Européenne même si cela se fera « sans préjudice » du droit de l’UE d’intervenir si la stabilité financière est menacée.
David Cameron a obtenu presque tout ce qu’il voulait. C’est-à-dire à la fois peu de choses fondamentales puisque aucun article des traités européens ne sera modifié. Et en même temps ce sont aussi plusieurs mesures symboliques qui accentuent encore le caractère libéral et non-solidaire de l’Union européenne. David Cameron s’est contenté de cela pour appeler les Britanniques à rester dans l’UE. Du coup, qu’ils y restent ou qu’ils s’en aillent, ce sera une reculade pour l’Union européenne.
Le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est d’ores et déjà un point de non-retour en Europe. Quel que soit le résultat, rien ne sera plus comme avant. Ce référendum est un puissant révélateur. Révélateur de l’impasse totale qu’est devenue l’Union européenne. Révélateur de l’effacement de la France du débat européen confisqué par Merkel, Cameron et les nationalistes. Évidemment, c’est aussi une nouvelle preuve de la peur qu’ont les dirigeants européens pour les peuples mais on ne peut parler de révélation à ce sujet tant l’Union européenne s’est construite contre les peuples, en particulier depuis le référendum de 2005 en France et aux Pays-Bas. Cet épisode est aussi une grande leçon qui doit être bien comprise.
La première leçon est historique : l’impasse européenne est désormais clairement établie. L’Union européenne est entrée en dislocation sous le coup de ses propres règles d’austérité et dumping social et fiscal. La sortie de ces traités européens est désormais une exigence de bon sens ! Rien ne sera plus comme avant. Le Royaume-Uni a fait des pieds et des mains pour adhérer à la Communauté européenne dans les années 1960 et jusqu’à son adhésion en 1973. Il s’agissait de participer au grand marché unique sans aucune barrière douanière, pour profiter à plein de la libre-circulation des capitaux, écraser l’URSS et renforcer sans cesse le « partenariat transatlantique » entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique. Les Britanniques ont toujours soutenu le libéralisme en Europe, qu’il s’agisse d’encourager le système de détachement de travailleurs ou de freiner les minimes tentatives de régulation de la finance.
Mais aujourd’hui, certains États disent stop. D’autres ont failli le faire. Pourquoi ? Parce qu’au point où est aujourd’hui l’UE, ils se disent qu’ils ont plus à perdre dedans que dehors. Non pas que l’UE ait cessé une seule seconde son libéralisme économique. Certes, l’UE prend une tournure de plus en plus autoritaire, elle méprise les États et leurs parlements, et surtout elle impose des réformes aux uns et aux autres sous l’autorité du gouvernement allemand et de la Commission européenne. Or une bonne partie des libéraux du Royaume-Uni ne veulent pas d’une Europe à la sauce Merkel. Ils veulent pire. Puisqu’il n’est plus possible de faire le passager clandestin dans l’Europe allemande, certains libéraux anglais préfère imposer leur libéralisme eux-mêmes que d’être dirigés demain par Wolfgang Schaüble.
C’est le cas d’une large part du parti conservateur au pouvoir à Londres. Environ un tiers des députés qui soutiennent le Premier ministre libéral sont pour le Brexit. C’est aussi le cas de l’ancien maire de Londres Boris Johnson, lui-aussi fervent libéral. C’est évidemment aussi la position des libéraux nationalistes que sont les amis de Madame Le Pen, l’UKIP (parti de l’indépendance du Royaume-Uni). Tous veulent « sortir » de l’UE pour être encore plus durs avec les étrangers, encore plus libéraux en économie, etc. À cela s’ajoute un jeu politicien pour savoir qui du Premier ministre Cameron et de l’ex-maire de Londres Johnson récupérera le pouvoir dans le parti conservateur au lendemain du référendum.
La deuxième leçon est que le référendum anglais agit comme un « révélateur des intérêts sur lesquels repose l’Europe actuelle » comme l’écrit Laurent Maffeïs dans l’édito du bulletin « L’heure du peuple ». « Les deux principales forces ouvertement opposées au Brexit se situent en dehors d’un paysage politique pulvérisé. Il s’agit des USA et des marchés financiers. Bien qu’ils ne votent pas, Obama comme la City ont officiellement appelé à voter pour le maintien dans l’UE. Cela révèle crument les intérêts profonds que sert aujourd’hui la construction européenne. Les États-Unis ont toujours utilisé les Britanniques comme cheval de Troie dans l’UE et ils y perdraient un précieux allié dans la négociation du traité TAFTA. Le maintien britannique dans l’UE avec des dérogations facilitant le dumping social, écologique et financier pourrait au contraire servir de laboratoire au futur marché transatlantique. Quant à la City, elle a conforté depuis l’avènement de l’euro son rang de première place financière mondiale et contrôle désormais près de la moitié des transactions mondiales effectuées en euro. Cela révèle au passage que la monnaie unique a échappé à la zone euro et à sa banque centrale ».
La troisième leçon est profondément politique. Idéologique même. Pour David Cameron, tout était négociable. En revanche pour Alexis Tsipras, rien n’était négociable ! Merkel a accepté de discuter du référendum anglais, mais pas du référendum français de 2005 ni du référendum grec de 2015. La naïveté est donc interdite à qui prétend gouverner pour transformer la société. C’est à un combat qu’il faut se préparer.
Quatrième leçon : le rapport de force national est fondamental pour être respecté dans l’Union européenne. On ne parle pas de la même manière au Royaume-Uni qu’à la Grèce. Et à ce sujet, je note que la menace d’une sortie de l’UE a renforcé la position de David Cameron dans la négociation plus qu’elle ne l’a affaibli. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi des dirigeants de caractère qui osent mettre les pieds dans le plat et en appeler au peuple.
C’est la cinquième leçon : l’éjection de la France du débat européen. Après l’épisode grec, la négociation sur le Brexit a réduit le débat européen à Angela Merkel ou David Cameron. L’ordolibéralisme autoritaire de la droite allemande ou l’ultralibéralisme xénophobe de la droite anglaise ! Un choix entre la peste et le choléra en somme. Disons tout net qu’il ne peut être question pour nous d’accepter ce cadre de « débat » qui expulse les questions sociales, démocratiques et écologiques.
Et la France ? Et François Hollande ? A-t-il un avis sur la question ? Pourquoi n’a-t-il rien dit dans la négociation ? N’était-ce pas le moment de dire ce que la France proposait ou exigeait pour l’Europe ? Est-il seulement au courant que les Britanniques votent le 23 juin ? Sait-il seulement ce qu’est une négociation européenne ? Cherche-t-il déjà comment contourner le résultat du référendum anglais comme lui et Sarkozy ont contourné le référendum français de 2005 ? Du point de vue de la méthode, on voit la différence entre Cameron et Hollande. L’un a déposé ses exigences et promis un référendum. Il a obtenu l’essentiel de ce qu’il voulait. L’autre s’est caché sous la table dès la première réunion avec Mme Merkel et a avalé tout cru le traité budgétaire qu’il devait renégocier, sans le soumettre à référendum.
Voilà pour les principales leçons à tirer. Nous n’attendons rien de David Cameron ni d’aucun libéral. Nous savons qu’une partie de la gauche anglaise refuse d’appeler à rester dans cette Union européenne. Certains partis ou groupes appellent à voter pour sortir.
Le référendum sur le Brexit confirme que notre méthode de gouvernement est crédible : appliquer notre programme, présenter aux autres membres de l’UE l’exigence française de sortie des traités européens, puis faire valider le fruit de la négociation par les citoyens français par référendum. Et en cas de refus de négocier ou d’un résultat non satisfaisant, nous avons un plan B : laisser les eurocrates mourir sur pied avec leur machine européenne, en sortir et proposer à tous ceux qui n’en veulent plus de travailler avec nous à d’autres cadres de coopérations. Ou pour résumer : l’UE, on la change ou on la quitte ! C’est d’autant plus praticable que l’année 2017 sera une année charnière en Europe avec la conclusion de l’accord TAFTA et la mise en chantier d’un nouveau traité budgétaire européen. Brexit ou pas, l’heure de vérité est venue. Le début de la fin de l’Union européenne est commencé.
Au Sénat, les amis de messieurs Juppé et Sarkozy utilisent l’examen de la loi El Khomri pour introduire dans ce texte toutes leurs lubies ultralibérales. Et les finauds du PS d’en profiter : « Au secours la droite revient ! ». Ressortir un slogan de 1986, c’est tout ce que le PS a trouvé pour continuer à défendre la loi El Khomri. Mais ce sont Valls et Hollande qui ont ouvert les vannes. Depuis quatre ans, ils ont validé les principales idées de droite.
Et avec cette loi c’est le cas encore davantage que jamais. En quelque sorte, la droite n’a plus qu’à réclamer de pousser la logique El Khomri jusqu’au bout ! C’est tellement vrai que les sénateurs de droite n’ont voté aucune des deux motions de rejet du texte déposées par les sénateurs communistes à l’ouverture du débat au Sénat lundi 13 juin. Dès lors, on peut dire que Valls et la loi El Khomri agissent comme des poissons-pilotes pour la droite. La politique du gouvernement n’est pas un vaccin contre la droite, c’est au contraire le venin libéral instillé pour abattre les digues devant la marée montante ! On peut dire que c’est un système auto-entretenu. Le PS propose des idées de droite et les candidats de droite sont poussés à la surenchère pour se distinguer d’eux. Hollande a ainsi radicalisé la droite que Sarkozy avait déjà décomplexée ! Dès lors, à l’inverse de l’idée rabâchée par le PS, refuser et combattre la loi El Khomri aujourd’hui, c’est construire dans le même temps, dans la rue et dans les têtes, le rempart le plus solide possible contre les projets de Juppé et Sarkozy.
En attendant, au Sénat, Les Républicains voudraient renforcer les pires aspects nuisibles de la loi El Khomri. Ils sont majoritaires dans cette assemblée avec leurs alliés de l’UDI. Ils en profitent donc pour intégrer toutes sortes de propositions issues de leurs projets pour 2017. Ils ont ainsi voté la fin des 35 heures et du principe même d’une durée légale du travail. C’est-à-dire la fin du seuil de déclenchement des heures supplémentaires au-delà de la 35e heure de travail hebdomadaire. Avec la version adoptée par la droite, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires serait défini entreprise par entreprise. Et s’il n’y a pas d’accord, ce sont les 39 heures qui s’appliqueraient et non plus les 35 heures. Ce serait évidemment une régression sociale terrible : augmentation du temps de travail et baisse des salaires puisque les heures de travail comprises entre 35 et 39 heures ne seraient plus payées comme des heures supplémentaires mais comme des heures « normales ». Le gouvernement prétend ainsi que sa loi est meilleure que ce que propose la droite. On se pince.
La loi El Khomri va dans le sens de ce que réclame la droite. Elle facilite le travail que ferait la droite si elle revenait au pouvoir. Par exemple, elle veut faciliter les accords d’entreprises et leur permettre de déroger à la loi même lorsque la loi est plus favorable aux salariés. C’est l’inversion de la « hiérarchie des normes sociales » et la fin du « principe de faveur ». Quelle différence avec la droite ? La droite ne fait qu’étendre la logique du texte du gouvernement à d’autres domaines. C’est bien Valls et Hollande qui ouvrent la boîte de Pandore. Comment osent-ils ensuite reprocher à la droite sénatoriale de vouloir pousser en quelque sorte la loi El Khomri « jusqu’au bout » ?
Notez d’ailleurs que le gouvernement et les amis de Juppé et Sarkozy sont tous d’accord pour baisser la paye des heures supplémentaires ! Aujourd’hui, les heures supplémentaires doivent être payées 25% de plus qu’une heure normale. Il existe déjà des possibilités de payer moins mais la règle reste celle-ci. Dans le projet de loi El Khomri, le gouvernement prévoit que cette majoration sera réduite à 10%. Au Sénat, la droite a conservé cette baisse de 25% à 10% ! PS et LR sont main dans la main ! Là encore, la logique du gouvernement pousse à la fin de la durée légale du travail. Puisqu’une heure supplémentaire ne sera quasiment plus payée différemment d’une heure « normale ». Or la durée légale sert d’abord et avant tout à marquer la différence de rémunération entre les heures « normales » et les heures « supplémentaires ».
C’est bien Valls et Hollande qui poussent à en finir avec les 35 heures. Souvenez-vous des propos de Manuel Valls en 2011 dans la primaire PS. Il voulait « déverrouiller les 35 heures ». Il proposait alors de « permettre aux Français, pour ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, de travailler davantage -deux heures, trois heures…- sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires ». C’est-à-dire dire exactement ce que vient de voter la droite au Sénat.
C’est aussi ce que dit Macron. En 2014, juste avant de devenir ministre, il glapissait dans Le Point : « nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunérations ». Quelle différence avec ce que veulent Les Républicains ? Et il ajoutait « c’est déjà possible depuis la loi de juillet 2013, mais sur un mode défensif, pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre ce dispositif à toutes les entreprises, à la condition explicite qu’il y ait un accord majoritaire avec les salariés ? ». Cette possibilité d’accord « offensif », ouvert à toutes les entreprises, est précisément dans la loi El Khomri. Elle permettra au chantage patronal de s’appliquer à plein pour augmenter les horaires sans augmenter les salaires. Le projet de loi El Khomri prévoit que ce soit possible pour une durée de cinq ans. La droite ne propose que d’appliquer les idées du PS sans limite de temps !
Autre exemple, la droite sénatoriale a voté l’instauration d’un plafonnement des indemnités accordées à un salarié licencié abusivement par les prud’hommes. C’est exactement ce que contenait le projet de loi El Khomri avant le recul de Valls en mars devant la mobilisation naissante ! La droite ne fait qu’appliquer le programme initial de Macron et Valls ! Qui peut croire après cela que Hollande serait ainsi un « rempart » contre les idées de ses propres ministres ?
François Hollande et le PS ne sont pas des remparts face au projet de guerre sociale de Sarkozy et Juppé. Mais ce ne sont pas seulement des poissons-pilotes. Ils valident le discours de la droite, ils le légitiment. Ils préparent les esprits. Ils mettent en œuvre des morceaux entiers de leur projet. Bref, ils mâchent le travail à la droite en cas de retour au pouvoir. Il ne faut donc pas s’étonner de voir Sarkozy, Juppé et les autres aller toujours plus loin dans la surenchère antipopulaire. C’est Hollande qui les pousse à se radicaliser !
Cela se vérifie sur bien des sujets. Sarkozy et Juppé veulent encore repousser l’âge de départ à la retraite ? Hollande n’est pas revenu sur la fin de la retraite à 60 ans et a même durci la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. Sarkozy et Juppé veulent rendre dégressives dans le temps les allocations-chômage ? Macron et El Khomri eux-mêmes ont dit que le sujet n’était pas « tabou ». Juppé et Sarkozy veulent offrir de nouveaux milliards d’euros de cadeaux aux actionnaires et au MEDEF sous forme de baisse de cotisations sociales ? Hollande leur a déjà donné 41 milliards d’euros, plus que ce que la droite n’avait jamais osé faire jusqu’ici ! Juppé et Sarkozy veulent supprimer l’Impôt sur la fortune ? C’est aussi ce que propose le ministre de l’Économie Macron ! Le projet des « Républicains » prévoit de baisser l’impôt sur les sociétés de 33% à 30% ? Trop tard et trop mou, Valls a déjà promis de le réduire à 28% en 2020 si le PS continue à gouverner ! Le premier ministre de Hollande réussi ainsi l’exploit de doubler Sarkozy et Juppé par la droite.
Face aux projets de Juppé et Sarkozy, la digue est dans la lutte en cours, dans les têtes et les cœurs gagnés à cette lutte. La bataille pour le retrait de la loi El Khomri est le meilleur antidote contre le poison libéral ; celui d’aujourd’hui comme celui qui voudrait continuer demain si nous ne le controns pas dès à présent.
162 commentaires
Redon
Nouvelle définition européenne de la démocratie : déception, tristesse, vendredi noir, inquiétude, catastrophe, irresponsable, décision grave, coup dur. Et le camp vainqueur, il n’a pas le droit à la parole dans les médias ! A méditer sur la réaction des médias pour la place de Jean-Luc Mélenchon au deuxième tour.
le révolté
Trés bonne intervention de Jean Luc Mélenchon sur I>télé. Il faudrait que tous les Français puissent la voir, pour avoir une véritable idée de tout ce qui se joue pour l’élection présidentielle de 2017.
Vassivière
Totalement d’accord. Limpidité de l’analyse, calme de l’énoncé. À diffuser massivement sur les réseaux sociaux. Une version papier serait aussi nécessaire.
Moretti
Mr Mélenchon, c’était un plaisir de vous écouter sur I>télé. Vous gagnez en sérénité et par conséquent en clarté, on vous entend de mieux en mieux. La France est inquiète voire angoissée, elle a besoin d’un porte parole rassurant et encouragent à relever le défi. Vous avez les qualités et vous êtes déterminé, merci pour les efforts que vous déployez en vue d’être de plus en plus entendu par la France.
lilgaby
Sur le Brexit, lire l’entretien avec Stathis Kouvelakis, ancien de Siryza, publié dans Médiapart. Que dit-il ? Qu’il n’y a pas de réforme de l’UE possible car conçue par des élites pour que rien ne change. Verrouillée. « Le vote britannique est donc une occasion à saisir pour toutes celles et ceux qui réfléchissent à un plan B, et sont conscients que de véritables alternatives impliquent une rupture avec l’UE. Que ce soit Jean-Luc Mélenchon en France, Oskar Lafontaine et Sahra Wagenknecht en Allemagne, l’aile gauche de Podemos ou ceux qui ont quitté Syriza l’an dernier : toutes ces forces anti-libérales et progressistes doivent se saisir de ce moment, si elles ne veulent pas être gravement punies par une droite nationaliste et xénophobe qui capterait la colère populaire. Si la gauche qui se veut hostile au néolibéralisme continue à répéter la litanie de l’« Europe sociale » et de la « réforme des institutions européennes », elle ne s’enfoncera pas simplement dans l’impuissance, elle sera tout bonnement balayée. »
Il est urgent que notre Gauche tienne ce discours, clarifie et dise qu’il n’y a pas de changement possible à l’intérieur de l’UE. Quittons-la pour mieux la déconstruire et la reconstruire avec les valeurs de justice, d’égalité, de partage, etc., une Europe sociale et éco-solidaire. Il faut du courage politique, que même Corbyn n’a pas pu avoir, mais il en va de notre survie, de notre crédibilité, de notre légitimité.
Pauvre2
Pour l’instant (d’après les sondages et tout ce que cela signifie), les Français sont d’avis de rester dans l’UE. Le plan A va donc servir à prouver aux Français qui pensent encore que l’Europe telle qu’elle fonctionne peut être réformée, ou qu’on peut modifier ici ou là les traités, va prouver donc que c’est impossible. C’est à ce moment que le plan B interviendra et que le peuple sera appelé à voter pour rester dans l’UE et l’austérité à vie, ou quitter cette UE destructrice des espoirs et des vies de tous les braves gens (et les autres). Personne ne doute ici, je l’espère, de la qualité stratégique de Jean-Luc Mélenchon.
Aubry Brigitte
Monsieur Mélenchon,
Mon message fait suite aux informations de France Inter hier durant lesquelles les hommes politiques français ont été entendus, chacun évoquant la sortie de l’Angleterre de l’UE. Sans doute, vous le savez déjà, mais je suis assez édifiée, cette radio semble laisser penser aux auditeurs que le discours Lepen / Mélenchon est le même, « tous deux voudraient sortir de l’Europe », votre élocution a été coupée, et le message en devient moins audible, laissant ainsi planer le doute quant à votre position, qui pourtant est celle de faire évoluer l’Europe et les traités, car les peuples n’en peuvent plus. Le jeu des médias m’agace !
Bon courage. Merci de tant d’efforts et d’implication.
giuseppe
Bravo pour les différents passages télé, que cela soit de la part de Jean-Luc Mélenchon ou d’Alexis Corbière (voir avec le type de la fondation Schuman). A faire circuler ! Là on est dans le bon. Il serait utile aussi de préciser quels sont les pays qui pourraient devenir des alliés dans la démarche du Plan A ou du Plan B. Dans les 6 mois à venir peut être ?
Autour de moi,Le slogan « on la change ou on la quitte » fait tilt dans la tête de gens qui d’habitude pensait « tous pourris » ! […] Vivement le programme en tout cas.
JeanLouis
Cher JL Mélenchon, je suis sur votre ligne depuis 2005, j’ai voté pour vous en 2012 et je vais le refaire en 2017, je soutiens la France Insoumise financièrement et dans un des groupes locaux près de chez moi. Je souhaite donc insister sur l’urgence de définir une position claire, concrète sur l’immigration. Votre interview dernier sur I>télé ne donne pas de piste court terme pour cela. Bien sur il faut stopper les négociations des traités entre l’UE et l’Afrique de l’Ouest par exemple ou en finir avec les guerres, bien sur il faut se montrer humain en toute circonstance. K Loach dit que la gauche doit se confronter au problème de l’immigration sans avoir peur de passer pour raciste, et je dirai cela risque de ne pas être compris dans tous les groupuscules de l’« ultra gauche » comme ils disent. Le vote britannique vient de le démontrer aussi cruellement, les travaillistes de Corbyn ont complètement sous-estimé l’attitude anti-immigration de leurs électeurs traditionnels, notamment la classe ouvrière, déstabilisée par des emplois mal payés qui sont occupés par des immigrés. Il faut être encore plus clair si nous voulons élargir l’électorat potentiel !
CEVENNES 30
Oui effectivement, Jeremy Corbyn qui faisait campagne pour le IN a été désavoué par une partie de son électorat et Pierre Laurent qui se vantait d’être sur une position proche de celle du leader travailliste, cette fameuse Europe sociale, cette Europe rêvée avec ce genre de discours, la rupture avec les couches populaires sera consommé définitivement.
Jean Bonkar
M. Mélenchon, vous vous trompez complètement dans votre analyse ds causes du Brexit, pour plusieurs raisons.
La première est que les organisateurs du camp du Brexit sont tous des ultra libéraux qui n’ont que faire du social. La seconde c’est que les anglais ont élu les conservateurs aux dernières élections, dont sont issu aussi bien Cameron que Johnson. Il n’y a donc au R.U aucune tendance socialistes de fond, qui justifierais la sortie d’une Europe pas assez sociale. Bien au contraire, au milieu des relents de racisme et de xénophobie, les arguments pro Brexit ont été largement la volonté de se débarrasser des normes de l’UE. Donc plus de libéralisme. Le Royaume Uni n’est d’ailleurs pas franchement un exemple de vertus sociales, par rapport a l’UE, la seule chose de positive, c’est qu’au moins sans le Royaume Uni, une UE plus sociale est largement plus possible. La clique britannique libérale étant d’ailleurs les meilleurs alliés et les mentors des conservateur néo libéraux allemands et non l’allié de tous les allemands. Car la volonté d’introduire un salaire minimum, de la part du SPD par exemple, n’était certainement pas populaire, ni au près de Cameron, de Boris Johnson ou de Nigel farage, l’ultra droite xénophobe et libérale (a la Thatcher) du UKIP.
Consternation donc de vous voir dans le camp des extrémistes de droite du UKIP en compagnie de Marine Le Pen. Reprenez-vous donc !
Michel
C’est un fait que Cameron s’est trompé dans son appréciation de la situation de la Grande-Bretagne, surtout après avoir fait passer sa cure de libéralisme. Le référendum, qui a permis à Cameron de faire ré-élire les conservateurs, lui est revenu comme un boomerang dans la figure ! Donc, je ne suis pas sur que cela soit aussi simple que vous le dites. Il n’est pas certain du tout que les Anglais qui ont voté pour le leave réclamaient plus de libéralisme économique. En d’autres termes, ce que vous écrivez revient un peu à dire que les déçus et les déclassés qui voudraient voter Le Pen car elle propose un référendum pour le Frexit seraient pour plus de libéralisme économique.
A mon avis, ce qui va se passer en Angleterre va certainement être intéressant pour voir quelle est la véritable nature du vote à ce referendum. En attendant, les médias s’empressent de présenter le vote pour le leave comme étant essentiellement un vote xénophobe de la part des gens de plus de 50 ans. Un peu trop facile, non ?
Jean-François91
Oui, il y a une clique libérale au Royaume Uni, et il y a aussi des xénophobes. Mais le paysage politique ne se limite pas du tout à ces deux groupes face à des « braves gens » qui auraient tous voté pour le progrès prétendument symbolisé par l’UE, comme le claironnent les médias. Il y a aussi Outre-Manche, même si nos médias n’en parlent jamais, une gauche convaincue du caractère néfaste de l’UE, il y a eu de nombreux comités locaux ‘Labour for Leave’. Lisez ce qu’ont dit George Galloway ou Tariq Ali. La situation n’est pas aussi simpliste qu’on nous le serine. Avant de lancer des accusations à l’emporte-pièce, mieux vaut peut-être s’informer, notamment sur les rapports de force au sein du parti travailliste et regarder les cartes des votes ! Reprenez-vous donc !
sergio
@ Jean Bonkar
Qui doit « se reprendre » véritablement ? M. Mélenchon rejoint bien des analystes du vote anglais, à savoir que ce vote est un vote de classe contre l’oligarchie et les technocrates libéraux au pouvoir dans l’UE. Pour prendre l’exemple d’un seul journal un seul jour, « Le Monde » du 26-27 juin donne un article de Philippe Bernard p. 6 sur la « division entre les riches et les pauvres » marquée par ce référendum ou bien le point de vue de Jean-Pierre Chevènement p 26 « Sortons du déni de démocratie » ou encore celui d’Arnaud Montebourg p. 9 « l’échec d’une Europe éloignée des peuples ». N’oubliez pas non plus la longue réserve de Jeremy Corbyn avant de soutenir prudemment le « remain ».
Le camp des Trades Union et du Labour était aussi divisé que le pays lui-même. Cela n’amène personne à idéaliser le camp des pro-Brexit et à penser qu’il va mettre en œuvre un programme socialiste. Quant au SPD il se décide enfin et du coup à remettre en cause l’austérité de l’ordo-libéralisme de Merkel et des commissaires de l’UE. Dommage d’avoir dû attendre ce référendum pour s’émanciper de la droite. A côté de ces analyses déferlent chez nous les anathèmes libéraux habituels : « Mélenchon rejoindrait la position de Ménard » (aol.fr , les chaines publiques et privées en général). On entend des prophéties de Cassandre : les banques émues, les bourses inquiètes, l’impact économique négatif ou même des réactions hystériques…
Bernard DOIDY
Les évènements en Angleterre illustrent la situation que vivent tous les pays européens ! Des dirigeants qui gouvernent loin de la vie quotidienne des citoyens, une confusion concernant le statut de réfugié et celui de migrant pour l’accès aux droits des pays d’accueil, l’impression d’une impunité totale pour des multinationales qui pillent le monde, le champ libre pour des spéculateurs qui jouent cyniquement avec l’économie. La gauche anglaise existe mais ne peut se faire entendre, en Espagne la gauche est à un cheveu de pouvoir proposer son programme, en Italie l’indignation est bien présente. Soit la colère xénophobe, soit l’indignation progressiste vont devenir l’axe de développement pour effectuer les changements qui s’annoncent. Le rôle de la France peut être déterminant si c’est la France insoumise qui la représente, l’enjeu va bien au delà que ce qu’on pouvait penser, tout comme le Brexit dépasse carrément ceux qui l’ont défendu. La France Insoumise en fait, c’est sauver l’Europe en sortant de la forme actuelle de l’Union européenne. Est-ce que Jean-Luc Mélenchon concevait un tel enjeu en prenant ses distances avec le PS ? On dirait que l’histoire accélère.
Michel
Le problème c’est qu’il ne semble pas que Merkel ait envie de se retrouver a devoir discuter avec un pouvoir de gauche l’année prochaine en France (elle prend déjà ses distances avec Hollande), et elle va certainement s’évertuer à savonner la planche de la gauche pour la présidentielle en France, tout en favorisant au maximum une victoire de la droite, dans la mesure de ses possibilités bien sur. J’attends avec intérêt le résultat des élections en Espagne, qui pourraient changer encore un peu le rapport de force en Europe.
Une remarque. Il est impressionnant de voir à quel point les esprits sont conditionnés aujourd’hui, même pour ceux qui vous disent que « la vie devient difficile », soit pour eux, soit pour leurs enfants. Pas question pour eux de remettre en cause la parole médiatique, ni d’envisager une alternative à la fuite en avant économique actuelle.
Donato DI CESARE
Je suis totalement d’accord avec vous Jean-Luc, votre intervention sur i-télé est fondamentale. Ce référendum et ce Brexit est une véritable aubaine, maintenant il faut enfoncer le clou jusqu’aux présidentielles de 2017. Ceux qui ont voulu mettre la poussière sous le tapis, en 2012, en nous détournant vers la viande alhal, ne pourront plus le faire aujourd’hui, tant le tas de poussière est visible et la ficelle un peu grosse. On ne lâche rien !
Invisible
Je déplore que les médias ( France Inter, France 2) font de vous, Jean-Luc, un euro-sceptique. Ils vous cataloguent dans des petits schémas didactiques à usage de la populace aux côtés de Dupont-Aignan et de la Le Pen. Hors, nous ne sommes pas euro-sceptiques. Nous sommes favorables à l’union européenne des peuples, à la libre circulation des gens dans l’Europe. En revanche, nous sommes des opposants de gauche à la politique qui est menée par les dirigeants européens actuels. Je me demande si tout cela est bien clair dans l’esprit des gens. Je crains que la pollution engendrée par par la sur-médiatisation du clan Le Pen n’ait fait de grands ravages dans la logique et le sens commun. A force de rabâcher leurs slogans insensés, il en reste une base de bêtise, une croyance, un mauvais fond qui se répand comme une tache d’huile. La responsabilité des médias est énorme.
Nicolas F
Cher Monsieur Mélenchon,
Merci d’être là, de vous battre, d’expliquer, je suis derrière vous depuis des années. Je vous soutiens en essayant de convaincre toutes les personnes qui abordent autour de moi un sujet politique de nous rejoindre. Dans mon domaine, la musique, c’est parfois compliqué, vous connaissez les artistes… mais j’y arrive, et nous y arriverons avec vous. Lorsque vous parlez « de l’acide qui traverse l’armure », sachez dans ces moments là que nous sommes nombreux avec vous et que nous ne sommes pas dupes.
Très cordialement.
thierry
Excellente analyse. Vous gagnez en sérénité, c’est bien, c’est mieux. Pas de souci, je vote pour la france insoumise en 2017. Le PCF se trompe (comme souvent) et est à la remorque des socialistes, dans des querelles de personnes et des enjeux de boutiquiers qui n’ont plus cours.
Eric
Je vis en Angleterre. Le traumatisme du Brexit n’a pas fini de secouer le pays. Pour ceux qui veulent faire de l’émigration un cheval de bataille, je leur suggère d’aller voir sur les réseaux les images des émigrants polonais attaqués par les voyous racistes et xénophobes encouragés par le vote des « protestataires » et par ceux qui voulaient simplement reprendre le controle de leur émigration. Si vous voulez ça, soyez au fait des conséquences de votre choix, et soyez certains que vous voulez ces conséquences. Le Brexit ne fut pas que le choix des conservateurs, de UKIP et de l’EDL, mais ce sont bien eux qui maintenant vont occuper le devant de la scène, et qui vont négocier le Brexit. Les réactionnaires blairistes du Labor sont actuellement en train de tenter un coup contre Jeremy Corbyn…
@ Michel
Et non, c’est la réalité, c’est pas un peu facile. Les gens ayant votés contre L’EU sont les gens qui en ont le plus profité, et ce faisant, ils ont bloqués mes petits-enfants les facilités dont ils ont eux bénéficié.
@Jean François92
Galloway est le type qui a déclaré de Hitler était en accord avec le Sionisme… Pas vraiment une référence…
J’ai voté à l’époque contre le traité qui nous a été imposé par la suite, mais de grâce, que l’émigration ne soit pas le centre du débat. Parce que, moi, je sais et ressens dans la vie de tous les jours les blagues ordinaires anti-françaises, le racisme de bas niveau qui ne fait rire que ceux qui n’en sont pas la cible.
adboc
L’UE s’est fondée sur le plus petit commun dénominateur entre la monarchie et la république, la nation, et porte donc en elle tous les défauts intrinsèques de la nation. Le problème n°1 est l’existence même des nations, qui divisent l’humanité, et empêchent l’application des Droits de l’Homme, comme le simple article du salaire égal à travail égal qui n’est pas appliqué dans l’UE, parce que la nation a été érigée comme supérieure aux Droits de l’Homme, et les conditionnant, les divisant, de manière nationale. La nation est l’ennemie de l’Humanité.
sergio
Ni la nation, ni même l’Etat ni la société ne sont l’ennemis de l’Humanité. Ils protègent les individus par des lois. L’UE est une technostructure récente sans unité culturelle et emprisonnée dans des traités et dans un fonctionnement libéralo-financier antidémocratique. Ce qui divise l’Humanité sont les antagonismes de classes – les 1 % contre les autres- et la guerre économique entre les puissants.
Jacques
Triste week end.
Décourageant de se battre pour des gens qui acceptent la domination des puissants et la destruction de la nature à leur détriment.
julie
Une autre leçon à retenir des résultats des derniers jours, méfions-nous des sondages ! Ils ne sont qu’un moyen de manipulation de plus dans les mains de ceux qui tiennent les manettes. Rappel, en 2012 Jean-Luc Mélenchon était donné en 3ème position et le score final a complètement discrédité sa candidature et son programme avec le résultat funeste des législatives.
Et permettez-moi cette critique : les tweets prématurés de hier soir vont encore une fois joué contre notre camp. Quel diable a obligé son équipe de se fier aux sondages aux sorties des urnes, on venait de voir ce que cela a donné au Royaume Uni. Et tout ça après des excellentes interventions suite au Brexit et aux manifestations contre la loi El Khomri. Râlant.
Christian M
La position de Jean-Luc Mélenchon est très décevante ou tout au moins difficile à comprendre. Vous semblez faire du résultat de ce référendum une preuve supplémentaire du rejet de l’Europe telle qu’elle est actuellement par le peuple. Mais il n’a pas pu vous échapper qu’un très grand nombre d’anglais parmi lesquels les jeunes et tous ceux qui se projettent dans l’avenir veulent la poursuite de l’Europe et l’ouverture de leur pays. Cela est réjouissant et constitue déjà en soi un résultat à mettre au crédit de l’Europe. Pourquoi ne pas dire qu’il faut changer l’Europe sous peine de la voir se défaire sous les coups de l’extrême-droite, des nationalismes et de tout ce que nos pays comptent de xénophobes et de trouillards au lieu de dire qu’en l’absence de changement il faudra la quitter purement et simplement ? La quitter pour aller où ? Pour faire quoi ? pour bâtir quel monde ? Avec qui ?
semons la concorde
Le mur médiatique dressé contre la légitime aspiration à une vraie république de gauche : liberté, égalité, fraternité, sera bien plus difficile à abattre que le mur de Berlin. Il faut passer sous le mur médiatique, investir l’espace qu’internet nous offre. Avec des arguments et un projet clair. Sinon nous ne ferons pas mieux que Podemos.
Renault
Et si Jean luc prenait position que, si les chantiers NDDL, A45 sont entamés avant les élections et que, s’il est élu, ils seront remis en cause, comme Mitterrand l’avait fait sur le Larzac et la centrale nucléaire de Plogoff ? Les verts pourraient nous rejoindre depuis que Cécile Duflot s’est faite étrier par Cohen sur France Inter.
DUDU73
Bien d’accord avec Renault
On pourrait rajouter le chantier de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin (30 milliards d’ Euros) soutenue par l’Union Européenne, et compléter la liste avec tous les projets de lignes TGV inutiles qui vampirisent l’argent public au détriment du service public des transports au quotidien, et plus globalement avec tous les grands projets inutiles imposés qui ne pas servent pas l’intérêt général mais des intérêts particuliers. La campagne pour les présidentielles de Jean-Luc doit se faire l’écho de toute ces luttes qui sont au coeur de la planification écologique. Ce serait aussi une reconnaissance de tous les militants et citoyens insoumis qui se battent pour l’environnement et une société humaine contre l’emprise des puissants lobbies.