À la sortie de l’Élysée, je suis revenu chez moi en courant chercher mes affaires puis prendre mon avion pour Madrid où il avait été convenu que je participerais à la soirée électorale avec la coalition Unidos-Podemos. Je ne raconte pas la visite à l’Élysée car Danielle Simonnet et Éric Coquerel, qui m’y accompagnaient, l’ont fait sur leurs blogs respectifs. Et comme je me suis exprimé sur le perron de l’Elysée, je ne vois rien à y ajouter.
Je fais un point rapide sur le Brexit, quoique je me sois aussi beaucoup exprimé sur le sujet. Je ne suis plus ni choqué ni meurtri du fait que la meute ait recommencé ses hurlements en assimilant mon point de vue à celui du FN. Nous savons tous dorénavant que c’est là une expression de la peur panique des importants et de leurs médias. Ils continuent à penser qu’en caricaturant et en assignant à domicile d’extrême droite (racistes, xénophobes et blablabla…) ceux qui critiquent l’Europe ils maintiendront le silence dans les rangs et une saine peur de moutons bêlant autour des bons bergers. Mais, en fait, c’est surtout l’aveu du fait qu’ils sont incapables de dire un mot en faveur de l’Europe elle-même ou de sa contribution au bonheur des gens. Tout simplement parce que c’est impossible. D’Europe ne viennent que des malheurs. Restent donc juste comme liant la peur, la matraque, les sanctions comme arguments pour notre chère Union européenne. À moyen terme, ils ont perdu d’avance.
Je parle davantage ici des élections en Espagne. Le score de Podemos était très attendu. Ce n’est pas que nous ayons des modèles, ni rien de ce qui excite les commentaires habituels où se mélangent si souvent l’ignorance des situations réelles et l’arrogance intellectuelle qui vont si souvent ensemble dans les commentaires des professeurs « je l’avais bien dit ». Car tout le monde le sait : au total, rien n’est transposable de ce que l’on observe ailleurs que chez soi. Mais comprendre, c’est déjà apprendre. Apprendre, c’est accumuler l’expérience qui alimente l’imagination et affine les décisions.
Je dirai, certes, ce que j’ai vu et entendu à Madrid. Mais je ne crois pas que ce soit utile d’en déduire déjà trop de choses car tout cela est beaucoup trop frais pour être encore bien digéré. Je vais devoir encore beaucoup écouter et lire. Du moins suis-je débarrassé des parallèles à propos de l’alliance avec le Parti communiste qui semble avoir coûté si cher à Podemos. En France, Le PCF a choisi à une écrasante majorité de tourner le dos à ma candidature et de me combattre de pied ferme. Dont acte.
L’actualité du week-end a servi de piqûre de rappel sur la situation. Tandis que je courait de Madrid à Bruxelles, on votait a propos de l’aéroport inutile de Notre dame des landes. On a constaté que les personnes consultées étaient favorables a ce gâchis. Soit. Donc acte. Mais ce vote n’a guère de valeur autre que purement indicative concernant une étroite zone du pays et de la population concernée. Une fois de plus, le sigle « Front de gauche » a été privatisé, cette fois ci au profit de la fédération de Loire-Atlantique du PCF. Celle-ci soutenait la décision de l’exécutif national du PCF en faveur du « oui » à l’aéroport Vinci de Notre-Dame-des-Landes. C’est évidemment une implication exceptionnelle de la direction nationale du PCF dans un dossier réputé local. Le motif de cet engagement doit sans doute être lui aussi exceptionnel. Les floués de l’affaire ne sont pas seulement les partenaires du Front de gauche partisans du « non » et foulés au pied. Il y a aussi les fédérations communistes des départements environnants, toutes opposées à l’aéroport. Inutile de s’acharner : le PCF a montré de toutes les façons et dans tous les cas possibles depuis des mois quel usage en solo il fait de ce qui était sigle commun. Comme il est impossible d’obtenir du PCF qu’il assume sous son propre sigle ses propres positions et candidatures, quiconque refuse d’être annexé de cette façon grossière et brutale, pour un usage contraire à ses convictions, doit se tenir à distance.
Pour moi, la page est donc tournée. Je ne veux rien avoir à faire avec un habit aussi usurpé que celui-là. C’est clair : « La France insoumise » est le cadre et le sigle dans lequel se situe la campagne que j’anime pour les élections présidentielles et législatives. Cela n’enlève rien aux questions qui se posent à propos de la façon de vouloir rassembler une nouvelle majorité populaire en France et sur la meilleure méthode pour fédérer le peuple.
Les élections législatives en Espagne ont donné tort aux instituts de sondage. Le parti de la droite traditionnelle en sort vainqueur. Ce n’est pas un bon signe sur la santé de la société espagnole, travaillée en profondeur par un conservatisme tel qu’elle préfère reconduire une équipe empêtrée dans près de deux cents causes de corruption devant les tribunaux. Mais la peur, celle des rouges, celle des référendums, a été, semble-t-il, la plus forte auprès de l’Espagne réactionnaire. Je dis « semble » car le niveau de vilenie auquel le PP est capable de s’abaisser pour réussir est sans bornes. Une sordide affaire récente d’intervention du ministre de l’Intérieur auprès de procureur pour se procurer des arguments d’incrimination contre les dirigeants indépendantistes en atteste.
Depuis, le résultat si étonnant par rapport aux enquêtes sorties des urnes soulève déjà des interrogations. Une pétition très virale circule, montrant que la transmission des résultats se fait dans des conditions étonnantes. Il faut dire que j’en ai appris de belles qui ne choquent personne en Espagne. Par exemple, sachez que là-bas on n’est pas obligé de passer dans l’isoloir pour voter. Il faut le vouloir. Ceux qui le font, dans les villages, sont évidemment aussitôt considérés comme ayant quelque chose à cacher. À qui ? Au maire évidemment et à son parti. Quelle importance ? La voici. C’est la mairie qui donne les « peonadas », journées de travail permettant une fois atteint un certain volume de bénéficier de la sécurité sociale. Un peu comme le régime des intermittents. Le vote local est donc souvent bien verrouillé et contrôle de visu par les notables locaux et leurs agents électoraux….
Le choc de la peur a été administré comme d’habitude par le système médiatique. Car, à proprement parler, le PP n’est pas un parti capable, en 48 heures à partir du Brexit, de répandre un argumentaire assimilant Podemos à des organisateurs de référendum irresponsables. C’est la presse écrite et télévisuelle qui s’y est attelée en martelant pendant deux jours les mêmes éléments de langage répétés en boucle. Preuve qu’une fois de plus, le vrai parti politique des conservateurs de l’ordre établi, c’est bien le système médiatique. Avant cela, il avait déjà fait fureur dans le dénigrement. Face à Pablo Iglesias, la machine a donné à fond dans le registre habituel : son physique, son agressivité, son « amour » pour Cuba et le Venezuela et ainsi de suite dans le registre que l’on connaît aussi en France et partout où l’un des nôtres fait campagne. Après cela, le résultat du PP montre qu’il aurait manifestement récupéré un grand nombre de ses électeurs partis en décembre derniers vers Ciudadanos, la formation qui se proposait de nettoyer les écuries d’Augias de la droite traditionnelle.
À gauche, la nouveauté était évidemment que Podemos avait décidé de revenir dans le champ traditionnel en se positionnant aux côtés « d’Izquierda Unida », le Front de gauche historique espagnol. Mais celui-ci, totalement récupéré par le PC espagnol, n’avait fait que 3,87 % aux élections de décembre dernier. Son nouveau jeune dirigeant avait obtenu l’accord, dans une perspective de rénovation, qui l’a conduit à faire le ménage en profondeur là où, comme à Madrid, les dirigeants locaux avaient été impliqués dans des affaires de corruption très disqualifiantes.
À chaud, une partie des analystes a voulu voir dans cette alliance entre Podemos et IU la cause de la reculade de plus d’un million de voix de la coalition par rapport aux résultats de décembre dernier. Cette thèse s’appuie sur le fait qu’une partie de la direction de Podemos, autour d’Íñigo Errejón, fait sienne cette analyse et mettait en garde avant que l’accord soit conclu. Bien sûr, je résume ici assez sommairement les points de vue. Il est clair que le retour à une latéralisation très traditionnelle a eu lieu en même temps qu’un recul assez spectaculaire. Mais les deux phénomènes sont-ils aussi liés que l’affirment ceux qui en font l’explication de la situation ? Je ne le sais pas. Je veux dire que j’attends d’en entendre et d’en lire davantage sur le sujet avant de conclure.
D’autres imputent la difficulté au fait que l’on votait, pour la deuxième fois, avec les mêmes en six mois. Et que les interminables tractations entre le PS et Podemos auraient jeté une ombre malfaisante sur la jeune formation de nos amis. Je ne sais. Mais il faut entendre aussi ce message. Je crois qu’une piste très sérieuse d’analyse doit tout de même partir de l’analyse de la campagne de nos adversaires. Une vieille manie de l’autoflagellation jointe à l’ancien avant-gardisme selon lequel il existerait une juste ligne qui garantirait la victoire fait souvent oublier ce minimum de bon sens qui consiste à se rappeler que personne n’est seul au monde et qu’une polémique électorale, une campagne, cela produit un effet dans la réflexion et le vote des citoyens… La droite et les médias ont joué la peur des référendums sur l’indépendance des autonomies régionales juste après le Brexit. Ils ont joué les divisions internes de Podemos comme une preuve de son immaturité à gouverner. Ils ont joué sur la distance qui se maintenait dans l’attelage quand IU et Podemos menaient chacun de leur côté une campagne dont j’ai pu voir un moment avec ce spectacle étonnant de deux soirées électorales dans un même lieu dimanche soir. Ils ont joué sur la peur du retour du parti communiste.
Et aussi sur la polyphonie de la campagne parfois poussée jusqu’au ridicule : quinze ou vingt orateurs et oratrices présentant une ligne différente chacun et parfois contradictoire. Et la coalition a joué sur un registre « détendu » pour répliquer a l’accusation d’agressivité. Le mot d’ordre central était « le sourire d’un pays » et le programme présenté sur une mise en page pastichant le catalogue IKEA. Cela n’a pas relâché la pression sur eux pour autant. Les enquêtes les donnant en deuxième position des votes et aux portes du pouvoir, se voient reprocher à présent leur effet émollient. Elles aboutissent à présent à présenter comme une défaite un score de 20% dans un contexte de recul de la participation. On a connu nous aussi cela quand on m’annonçait à 18% en 2012 et que l’on présenta nos quatre millions de voix comme un échec… J’énonce tous ces arguments parce que je les ai entendus à peine arrivé sur place à Madrid et davantage encore dès les résultats connus dans les messages publiés sur les réseaux sociaux. Cela ne veut pas dire que je les partage.
Un mot à présent sur le PS espagnol. Il est parvenu à sauver sa 2ème place. Du coup, il pavoise après avoir eu si peur ! Il s’agit pourtant de son plus mauvais résultat depuis la fin du franquisme ! En Andalousie même, il est dépassé par la droite, évènement sans précédent ! Son agressivité contre Podemos est au diapason de tous les PS d’Europe qui ont préféré s’allier avec la droite dans des gouvernements de grande coalition plutôt que de s’allier avec les forces alternatives comme les nôtres quand il s’agit de les voir gouverner. Ce qui en dit long sur la sincérité réelle de leur chantage à propos de la menace de la droite et de l’extrême droite.
D’ailleurs, si le PP reste le premier parti en pourcentage et en voix, il n’a pas de majorité seul. Sur le papier, la gauche a gagné en décembre dernier et encore cette fois-ci en additionnant les voix des autonomistes et indépendantistes, une alliance PSOE/Unidos Podemos serait en capacité de gouverner. Mais les gardiens du libéralisme que sont devenus les socialistes n’acceptent aucun programme de rupture avec l’austérité et la politique de l’offre. Dès lors, en rester sur ce constat du nouveau sursis obtenu par le PS pourtant en plein déclin serait cependant se tromper de perspective historique. La dynamique dans la société est autre. En trois ans, le mouvement dirigé par Pablo Iglesias a changé la donne et cassé le bipartisme en Espagne. Pour la seconde fois, il dépasse les 20 % et talonne le PS en conservant le même nombre de députés. L’une des raisons principales de l’ascension de Unidos-Podemos est la création d’un nouveau mouvement.
Ce résultat rappelle donc la nécessité de recomposer en profondeur notre espace politique pour engager une dynamique populaire à vocation majoritaire dans la société. C’est justement ce que nous voulons impulser en France en articulant la campagne présidentielle avec l’émergence de « la France Insoumise » en tant que cadre commun d’action pour ceux qui s’engagent. Bien sûr que tout y est à inventer et à mettre en place avec les groupes d’appui qui se constituent par dizaines depuis la création du mouvement. Mais cet aspect est central dans la démarche engagée avec ma candidature. Elle vise 2017 mais aussi bien au-delà, en cas de victoire comme en cas d’échec. Une nouvelle pérennité, une nouvelle référence est à construire. J’en suis le vecteur intransigeant. Mais provisoire, par une salutaire force des choses.
C’était une grande et grosse affaire que le référendum en Angleterre pour ou contre l’appartenance à l’Union européenne. Je ne croyais pas aux chances du « oui ». Quelles raisons auraient un Anglais du commun de voter pour que continue ce qu’il ressent au mieux comme un poids mort sans saveur ni odeur, au pire comme une menace permanente ? Comme d’habitude, les argumentaires du « oui à l’Europe » tournaient en rond, prenant l’électeur pour un imbécile sans cervelle. À force de s’entendre annoncer tous les malheurs et même l’hiver atomique, ceux qui doutent s’offensent d’être traités de la sorte et la propagande du « oui à l’Europe » devient le premier véhicule du « non ».
Mais cela même devrait faire réfléchir les eurolâtres. Comment se fait-il que, pour défendre l’idée européenne, vous n’ayez rien d’autres que des menaces à mettre en scène ? Certes, vous pourriez parler du progrès social. Mais tout le monde sait qu’avec la directive service, l’interdiction de l’harmonisation sociale et fiscale, il ne saurait en être question. Cette arnaque a déjà trop servi ! Cette ruse ne fonctionnerait pas. De l’Union européenne ne viennent que chômage et misère, et tout le monde le sait surtout depuis la Grèce. Vous pourriez proposer le rêve spatial ou que sais-je encore qui soit juste un dépassement de l’esprit d’épicerie rance qu’est « le projet européen » ? Non, ce n’est plus possible pour cause de désengagement des États. Le programme Erasmus ? Ah ! Non plus car c’est devenu un fétide programme de crédit bancaire aux étudiants. La paix ? Hum, passons vite car il faudrait expliquer pourquoi nous avons repris la guerre froide et parfois chaude comme en Ukraine avec la Russie. Bref, je n’insiste pas.
L’Europe ne peut plus être un rêve pour personne. Elle est laide, injuste, sans ambition humaine. Donc le Royaume-Uni a voté non. Le gouvernement Cameron est tombé. Et c’est le début de la fin car le modèle sera contagieux. En effet, une fois passés les quelques jours de crise, tout le monde se rendra compte qu’il n’y a aucune conséquence à cette décision, en tous cas aucune des apocalypses annoncées n’aura eu lieu.
Avant d’en dire davantage, méditons sur la façon avec laquelle le monstre libéral s’est lui-même coupé la gorge à l’initiative d’un gouvernement libéral dans un pays dévoré par le libéralisme le plus grossier et le capitalisme financier le plus arrogant ! Le sordide égoïsme social que contient la logique des libéraux en Europe les aura à menés à détruire leur propre cadre d’action. Tant mieux pour nous ! Il faut bien voir que si l’échec de l’Union européenne telle que nous la connaissons est une vérification jubilatoire de nos analyses, pour autant nous ne saurions applaudir sans réfléchir, ni surtout aller à des surenchères qui pourraient toutes fort mal tourner. La France n’est pas une province à l’intérieur d’un Empire européen. C’est un des deux pivots de l’équilibre continental avec l’Allemagne, étant entendu qu’à mes yeux il n’y a pas de signe égal entre ces deux nations, la seconde ayant prolongé dans la paix les méthodes de violences et d’annexion économique qu’elle gérait autrefois par la guerre. Encore une fois : le dire, l’écrire et y réfléchir n’est pas faire preuve de germanophobie comme l’ont affirmé sans relâche maints roquets. C’est voir en face la réalité pour éviter qu’elle vous subjugue. Notre intérêt comme nation, autant que nos projets de paix perpétuelle en Europe, nécessitent que nous assumions nos responsabilités continentales.
Le Brexit lâche bien des bondes. On peut voir le Royaume-Uni se désunir sous nos yeux et donner des opportunités inouïes Outre-Manche aux indépendantistes de longue main comme les Écossais ou les Irlandais. Certes, la France ayant avec ceux-ci des accointances multiséculaires, on serait tenté de voir la chose avec le sourire. D’autant que les eurocrates souhaitent punir les coupables d’avoir mal voté. Tendance malsaine dont on n’a pas fini non plus d’éprouver la terrible logique. Car si les frontières doivent bouger à l’intérieur des nations, à cause et d’après l’Union européenne, c’est une terrible boîte de Pandore qui pourrait s’ouvrir. Vous vous étonnerez d’apprendre que la première chose que j’ai dite à l’Élysée, c’est qu’il fallait éviter la logique de représailles, quand bien même un nouvel équilibre plus favorable à la France pourrait suivre cette mise à l’écart du Royaume-Uni. Je ne suis pas certain que la tentation soit écartée.
Commençons par dire les choses simplement : il est normal de voter non à l’Union européenne actuelle. C’est d’ailleurs la cinquième fois qu’un peuple européen dit « non » à ce que propose l’UE après les référendums en France et aux Pays-Bas en 2005, en Irlande en 2008 et en Grèce l’an dernier. C’est que l’UE, ce ne sont pas seulement des belles paroles des perroquets eurobéats. Ce sont d’abord des réalités sociales lourdes et connues. L’UE, c’est la loi El Khomri née des recommandations de la Commission européenne au gouvernement français et du marchandage de François Hollande avec Angela Merkel en matière de déficit. L’UE, ce sont les services publics dévastés par la libéralisation du rail ou de l’énergie et par les politiques d’austérité. L’UE, c’est la délocalisation à domicile institutionnalisée avec le système de détachement de travailleurs qui permet de faire travailler en France un salarié d’un autre pays de l’UE en payant les cotisations sociales de son pays d’origine. L’UE, c’est évidemment le libre-échange absolu, par exemple en matière de sidérurgie : les multinationales ferment les usines en Europe mais peuvent importer librement de l’acier chinois. L’UE, c’est enfin la concurrence déloyale et le dumping social et fiscal comme seule méthode « d’harmonisation », c’est-à-dire l’harmonisation par le bas.
Il est donc de normal que les classes populaires refusent massivement l’Union européenne. Le vote britannique est clairement un vote anti-oligarchie. C’est un vote du « peuple », avec ses contradictions, ses difficultés, mais aussi ses aspirations profondes à être maître de sa vie, individuellement et collectivement, en tant qu’individu et en tant que Nation. Ceux qui ont voté pour quitter l’Union européenne sont d’abord des pauvres, des ouvriers et employés, des chômeurs, des personnes peu ou pas diplômées, des habitants de petites villes industrielles en souffrance ou de territoires ruraux abandonnés. C’est-à-dire ceux qui ont précisément besoin de l’État, de ses services publics et de son intervention sociale et économique pour pouvoir vivre dignement.
Il est frappant de voir comment les commentaires d’explication du vote triaient avec mépris les gens des territoires abandonnés en les opposant à la jeunesse branchée et supposée instruite des centres-villes. Le même mépris de classe qui avait accablé les vainqueurs de 2005 en France de la part des élites glapissantes du système politique et médiatique dominant. Que cet abandon social et l’absence de campagne progressiste contre l’UE ait ouvert un boulevard aux discours xénophobes est une réalité. Mais la cause profonde du « Brexit » n’est pas dans ce symptôme. Preuve en est, même les plus xénophobes comme Nigel Farage, chef du parti d’extrême-droite UKIP, ont été obligés de faire de la défense du service public de santé un des axes principaux de leur campagne. Est-ce à dire que défendre les services publics serait d’extrême-droite ? Bien sûr que non.
Ce non est d’abord l’échec de l’Europe allemande. Cette Union européenne de l’austérité, du dumping, du libre-échange. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant qu’il vienne du Royaume-Uni quand on sait que le Premier ministre britannique, David Cameron, a été l’un des principaux alliés de Mme Merkel en Europe ces dernières années. Dès lors, reprocher le « nationalisme » des votants pour justifier la poursuite de la même politique « d’intégration » européenne à marche forcée est une lourde faute. On n’éteindra pas l’incendie nationaliste avec les pyromanes qui l’alimentent chaque jour par leurs politiques anti-populaires.
Mardi, au Parlement européen, les députés devaient voter sur une appréciation de la situation après cet évènement terrible. Ce qui est consternant c’est le niveau des textes proposés. Déjà notons ce fait : la droite, le PS et les verts déposent le même texte… On pourrait s’en réjouir et signaler une conscience historique commune. Que nenni. C’est une plate compilation de syndic de faillite. Sans l’ombre d’une auto-critique sur ce qui a pu conduire le peuple anglais à rejeter l’Union européenne pourtant si délicieuse d’après ces braves gens, le texte compile en une phrase toutes les mantras libéraux de la maison. Mais sa conclusion est une fulgurance magistrale : l’Union européenne doit se reformer pour répondre aux exigences des peuples ! En l’apprenant, les peuples vont sans doute se rassembler pour sauter de joie sur les places publiques ! De quelles exigences s’agit-il ? On ne le dit pas. En tous cas, ce qui est dit en commun par ces partis du système c’est que les « opportunités du traité de Lisbonne doivent être mieux exploitées ». Charmant aveu ! C’est une déclaration d’adhésion à ce traité qui est d’habitude moins affichée en France où l’on se souvient que le traité de Lisbonne est celui que signa Sarkozy après le « Non » des Français en 2005. Le traité de Lisbonne foulait aux pieds le vote des Français en reprenant mot pour mot le texte qu’ils avaient refusé !
Le creux et venteux texte des trois partis eurolâtres ne doit pas faire manquer la lecture de la résolution de l’extrême droite sous la houlette de madame Le Pen. Un pauvre texticulet rappelant pédamment diverses platitudes réglementaires et se concluant par un pompeux item pour demander… la transmission de cette motion à divers organes de l’Union dans le style notarial qui sied si bien à ceux qui n’ont pas d’idées. Au milieu de cette pauvre prose, des félicitations pour la décision du peuple anglais. Point. Une vision de l’histoire et du moment politique où le FN très divisé n’a pas l’intention, lui non plus, de se poser des questions sur les causes du rejet anglais et de son contenu social autant que purement national.
Je ne dis pas que le texte de la GUE soit un monument de vision historique, cela va de soi parce que ce n’est pas le cas. La GUE aussi a ses eurolâtres aveuglés et ses « modérés » qui craignent l’opprobre que vaut à ses auteurs toute critique qui touche au fond de la nature actuelle de l’Europe. De toute façon, certaines pudeurs de gazelle sont désormais débordées par les audaces de quelques lucides dans le camp du système. En effet à présent, même Martin Schultz, le président social-démocrate allemand du Parlement européen veut « refonder l’Europe ». Ironie de l’affaire c’est là notre slogan pour la campagne européenne en France de 2014. Je m’amuse de penser que tant n’en voulaient pas et non des moindres jusque dans nos rangs d’alors ! Mais le texte de la GUE a le mérite de situer les responsabilités. Il met en cause les directives antisociales, notamment celle sur les travailleurs détachés qui jettent les salariés les uns contre les autres dans les divers pays ou cette « délocalisation à domicile » sur place s’opère. En cela, il nous permet de ne pas accepter les éléments de langage dominant depuis la décision anglaise. Il refuse d’attribuer aux nationalistes et aux xénophobes le vote du oui à la sortie de l’union. Il ramène la question posée dans son environnement social et dans son ancrage dans la vie réelle des gens plutôt que dans les limbes de la politique conventionnelle où les électeurs sont censés être les troupeaux dociles des cartels de partis.
Évidemment la tâche qui consiste à vouloir arracher le vote populaire anglais aux nationalistes est rendue très compliquée par le fait que la gauche anglaise est restée peureusement terrée dans ses arrangements et tractation d’appareil à l’intérieur du Labour. Un institut de sondage britannique affirme pourtant que 37% des électeurs du parti travailliste ont voté pour quitter l’Union européenne ! Et ce alors même qu’aucun des dirigeants nationaux de ce parti ne faisait campagne sur ce mot d’ordre, hormis une poignée de députés. Et ceux qui croyaient éviter par ce moyen les complications internes, comme l’a fait Corbyn, n’ont fait que désorganiser leurs bases. Et bien sûr, il leur faut quand même affronter un assaut du vieil appareil droitier du Labour qui tente de récupérer la direction du parti ! Une preuve de plus qu’on ne gagne rien à refuser les combats que la vie met à l’ordre du jour. Preuve encore qu’en privant de sa voix progressiste la colère populaire pour tâcher de l’enrégimenter une nouvelle fois sous le harnais de l’ordre établi on livre les cœurs et les esprits à l’extrême droite.
Dès lors, la réaction de François Hollande n’est pas au niveau de l’Histoire. Pas de nouveau traité ? Pas de référendum ? Juste des aménagements aux textes existants ? Et pour quoi faire ? Des règlements sur les investissements ! Et une nouvelle étape dans la liquidation de l’indépendance de notre pays : l’intégration de nos forces armées ! Bon appétit ! Et là-dessus, courir voir Mme Merkel à Berlin sur le mode « allo maman bobo » est la preuve d’une analyse faussée du résultat.
Puisque Mme Merkel est une bonne partie du problème, elle ne peut pas être le cœur de la solution. La grande explication sur l’Union européenne aura donc lieu en 2017 lors des élections présidentielles et législatives en France en avril et en Allemagne en septembre. Dans ce contexte, je me sens très à l’aise avec ma candidature de « sortie des traités européens ». L’impasse actuelle montre qu’il n’y a pas d’autre issue possible. J’ai résumé cet état d’esprit par une formule : « L’Union européenne, on la change ou on la quitte !» J’espère que chacun voit bien désormais que le rapport de force national et le recours au référendum sont des armes redoutables. Il n’est pas interdit de vouloir les utiliser dans d’autres buts que David Cameron ou l’extrême-droite anglaise.
Dans tous les cas, je pense que tous les candidats à l’élection présidentielle en France devraient s’engager à soumettre à référendum du peuple français le bilan des négociations qu’ils prétendent engager avec l’Union européenne et les 26 autres pays membres. Cela permettrait de débattre sereinement des solutions proposées par chacun. Et d’éviter les forfaitures de 2008 et 2012 où Nicolas Sarkozy puis François Hollande ont fait ratifier en catimini des traités que les Français avaient rejetés par leurs votes. Je note d’ailleurs que ce sont les deux seuls candidats putatifs à l’élection présidentielle qui ont clairement refusé de s’engager sur un nouveau référendum. Faut-il y voir le signe qu’ils préparent un nouveau mauvais coup pour l’après 2017 ?
Je demande donc que la préparation du nouveau traité budgétaire prévu pour 2017 soit menée au grand jour, et qu’on en connaisse les étapes et les contenus au fur et à mesure. Lors de notre entretien, François Hollande a indiqué qu’il n’y aurait pas de nouveau traité adopté avant l’élection. Mais peut-on lui faire confiance ? Déjà le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et son homologue allemand proposent plusieurs modifications lourdes de la zone euro. Dans ces conditions, quoi qu’il arrive, l’élection présidentielle fonctionnera comme un vote pour ou contre le texte qui aura été préparé ces jours-ci.
Après la votation de voisinage sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, je sais ce que disent nos amis et notamment ceux de la ligne de front sur place, dans les comités locaux ou nationaux d’opposition à l’aéroport inutile. Je converge avec eux comme certains d’entre eux avec notre défilé des insoumis du 5 juin dernier. Si j’en reste à ce que j’ai déjà eu l’occasion d’écrire ici, le référendum local n’a guère de valeur à nos yeux. Certes, il s’agit de l’expression de l’opinion majoritaire des personnes qui sont allées voter dans une petite partie de la zone concernée par ce grand projet inutile.
Mais l’aéroport, décidé il y a quarante ans pour faire atterrir le Concorde arrivant des États-Unis, n’est pas un projet local. Il est argumenté comme projet d’intérêt national. Il implique d’ailleurs le maillage général du système des transports en France. Il n’existe que sous la prétention de l’intérêt général. Et celui-ci ne peut avoir d’autre source en république que le suffrage du souverain : le peuple tout entier.
Si cela vous parait trop abstrait, je vais vous présenter l’affaire sous un autre angle. J’habite non loin de la gare de l’Est. C’est une source de pollution atmosphérique non négligeable pour les riverains. Et une source de trafic automobile très substantielle. Sans oublier la présence des populations abandonnées qui dorment dans la rue ou mendient aux alentours dans l’indifférence générale des services publics. Et puis il y a la gare du Nord, deux cent mètres plus haut, dont les faisceaux ferroviaires sont certainement connectables. Pourquoi maintenir la gare de l’Est, qui nuit à la santé de tous les riverains du 10ème à Paris ? Un référendum dans l’arrondissement devrait permettre de savoir ce qui est bon pour tous, non ?
D’autres exemples peuvent encore illustrer la vanité du cas de la votation réservée à la seule Loire-Atlantique. Parlons des riverains du champ de Mars, à Paris encore. N’ont-ils pas à souffrir de l’ombre de la tour Eiffel ? Ne pâtissent-ils pas de la présence d’innombrables touristes et de leur agitation alors que la tour ne sert strictement à rien ? Un referendum dans l’arrondissement ne serait-il pas légitime pour savoir si la tour doit rester là où elle encombre alors qu’elle serait bienvenue dans un endroit où il n’y aurait personne ? Que l’absurdité de ces questions permette de comprendre la manipulation du référendum organisé par les élus amis de la concession aéroportuaire de Vinci à Nantes et dans le département.
Bien sûr, ceux qui ont demandé ce référendum doivent respecter sa conclusion. Ce n’est pas notre cas. Nous ne sommes donc nullement tenus. Mais au-delà de cela, voyons le fond. La démocratie et le vote sont un système de décision, pas un mode de conviction. On vote, une majorité est réunie, sa décision s’applique. Mais personne n’est obligé de changer d’avis. Ni de stopper son action d’opposition. C’est bien pourquoi les partis qui perdent les élections ne se dissolvent pas après leur défaite et continuent à défendre leur point de vue.
Ici, il en va de même. D’autant que les recours déposés par les opposants au projet ne relèvent pas de l’opinion mais invoquent le respect de la loi qui serait bafouée ici. Dans ces conditions, tant que les recours ne sont pas épuisés, l’action d’opposition reste totalement légitimiste en quelque sorte. Et si les recours venaient à être épuisés sans résultat favorables pour ceux qui les ont déposés, cela ne changerait rien au droit de ne pas être d’accord avec la réalisation du projet, compte tenu des arguments d’intérêt général que nous invoquons.
Au total, donc, le référendum ne change rien à notre opposition, ni aux méthodes d’action qui ont permis de tenir si longtemps contre une telle conjuration de forces de l’argent, du pouvoir et du pourrissement de la situation.
158 commentaires
korzec
Bonjour Jean-Luc,
D’accord avec l’essentiel de ton analyse sur l’Espagne. Pas de précipitation, les chiffres ne disent jamais rien en eux-mêmes.
Sur le PCF et le référendum, pas d’accord avec toi. Le PG aurait le droit d’avoir une position nationale, EELV aussi, le NPA également et pas le PCF ? On peut discuter sa position d’appeler à voter « oui » mais cet aéroport a une dimension économique et sociale nationale. En tout cas bien au-delà du département et même de la région. Sur l’utilisation du logo FdG, aucune importance. Je ne crois pas que les électeurs de Loire-Atlantique aient regardé ce détail avant de se prononcer. Le FdG est mort, c’est comme ça. Je considère que la campagne jlm2017 est sa continuation, il n’y a rien à jeter, bien au contraire. Je continue notre belle campagne jlm2017 à Pantin en essayant de lui donner un peu plus de dynamisme. A cet aprèm à la manif parisienne !
MORVAN
Bonjour, L’aéroport de NDL concerne tout le pays, le référendum que la Loire-Atlantique. Que ne ferait-on pas pour les projets inutiles et coûteux !
Francis
Chaque parti est libre de ses choix, évidemment. La question qui est posée est celle de la cohérence d’une alliance entre des partis qui ont des positions différentes. Il est clair que la direction du PCF ne partage pas les options éco-socialistes défendues par JL Mélenchon et ceux qui ont décidés de se regrouper dans le mouvement de la France Insoumise. Les militants du PCF qui se retrouvent sur les idées proposées par JL Mélenchon rejoignent individuellement ce mouvement, comme des dizaines de milliers de citoyens sans appartenance à un parti politique. C’est ça le plus important, pas les appareils qui ont d’une manière ou d’une autre des intérêts matériels à défendre.
Jean-François91
Le FdG a été un groupement porteur, mais ne l’est plus du tout maintenant et on ne peut pas le porter comme un pendentif qui n’engage à rien. Soit on considère que le FdG est mort, et dans ce cas on n’utilise plus ni ce sigle ni ce logo. Soit on considère que la chose FdG est en hibernation en attendant des jours meilleurs, et dans ce cas on se rappelle que le FdG rassemble différentes organisations et on se fait un devoir de n’utiliser FdG que lorsqu’il y a consensus entre les membres, ce qui reste assez souvent le cas, mais ne l’était pas, concernant l’aéroport de NDdL. La cohérence, voire l’honnêteté intellectuelle, semble à ce prix.
Marianne Chambon
Bonjour.
Je viens de lire votre billet. Je regrette comme vous le recul en voix de Podemos. Toutefois contrairement à vous, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de mettre ce recul sur le compte de l’union avec le parti communiste espagnol. La peur du chaos, entretenue par les médias, après le Brexit, à mon avis, a malheureusement été la plus forte. Des journalistes français, correspondant des chaines de télés françaises se délectaient d’avance de l’impact que ce Brexit pouvait avoir sur Podemos.
En ce qui concerne vos avis émis sur le parti communiste français, attention de ne pas aller trop loin et risquer une rupture totale au sein de la vraie gauche. Vous faites référence aux 4 millions de voix portées sur votre nom en 2012, elles comprennent aussi celles des communistes, la mienne aussi de communiste vous l’aurez compris. Les jugements péremptoires laissent des traces et peuvent le moment venu revenir comme un boomerang utilisé par les détracteurs de la vraie gauche, de droite et de gauche, pendant la campagne électorale. Continuez votre parcours, soyez patients avec vos partenaires et concernant l’Europe, faites bien comprendre que la priorité est de la changer et non de la quitter, décision ultime si on ne la change pas, afin que l’amalgame avec le FN, fait par les commentateurs, les ridiculise.
Francis
Je retiens de la théorie proposée par JL Mélenchon dans ses ouvrages et particulièrement dans l’ère du peuple que le changement sera l’œuvre du peuple lui-même. Ce peuple est effectivement divers, idéologiquement, politiquement, culturellement ou religieusement. Néanmoins il est unifiable car il a des intérêts communs et particulièrement un intérêt vital, l’écosystème dans lequel il vit. Cette réalité transcende tous les clivages. Concernant la direction du PCF, il ne s’agit pas de jugements péremptoires, il s’agit de la prise en compte d’une réalité hélas bien réelle. Les divergences sont indépassables et cela s’illustre dans les prises de positions des uns et des autres. Pour sceller des alliances il faut partager les analyses et les solutions à mettre en œuvre. Si sur des sujets majeurs tels la défense de l’écosystème et la mise en cause du productivisme prédateur il n’y a pas une communauté de vue, les alliances ne peuvent être que banalement électoralistes. On ne change pas fondamentalement de paradigme économique et social si les bases de l’analyse fondamentale ne sont pas clairement partagées. Il semble bien que cela soit le cas.
Coulange
Je tiens à rappeler que de tous les chefs de file à gauche, Jean-Luc Mélenchon est le plus soucieux de préserver l’avenir. Ce qui n’est ni le cas de Pierre Laurent, de Cécile Duflot ou D’Emmanuelle Cosse qui se sont tout trois fendus de critiques aussi acerbes qu’injustifiées vis à vis de lui. Ce n’est pas son attitude et une certaine critique des appareils me semble être un minimum dans le contexte de trahison du progrès au profit de…. de rien, quel dommage, adieu PCF !
Karim
Monsieur Mélenchon,
Que voulez-vous dire par « sortir des traités » ? Pourquoi ne dites-vous pas « se retirer de l’Union« , comme c’est prévu et rendu inattaquable, par le traité de Lisbonne ? (Article 50 : Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union.) Il va falloir préciser car le grand peuple français n’appréciera guère un enfumage à la Tsipras.
Delecourt Sandrine
Je me permets de vous interpeler sur quelques urgences. Quitter une maison en feu ne l’éteindra pas, comme d’utiliser le mauvais extincteur. Ne pas prendre le temps de tout lire ou écouter ne donnera pas plus de légitimité a vos ou nos aspirations. Et ne croyez pas que si on vous désigne une porte de sortie (article 50) nous évitera automatiquement tout danger car cela est un réel enfumage. Jean-Luc Mélenchon propose d’évaluer les dangers et d’évaluer les solutions. A nous Français de bien réfléchir (et tout est mis a notre disposition pour le faire ici en tout cas) et non obéir. Je souhaite vous avoir seulement donné envie de relire ou réécouter ce qui s’est dit a ce sujet.
gfayard
Notre combat se gagnera au niveau européen ou il est perdu d’avance ! Aucun peuple européen ne fera le choix de l’anti libéralisme tout seul, aucun, jamais ! Ta position Jean-Luc n’a pas assez de hauteur de ce point de vue là ! Tu sembles ignorer l’histoire et le fait que l’Europe et l’UE ne pourront être transformées que par un mouvement social et politique européen et c’est à cette hauteur là qu’il faut se placer. C’est la principale leçon de l’Espagne et du Brexit. Je n’apprécie pas du tout ton attitude et le ton sur lequel tu parles de ceux qui au sein même de tes soutiens te disent que tu fais fausse route sur la question européenne et plus globalement sur ton analyse du rapport entre la nation et l’UE. Sur cette question nous sommes à la remorque de l’histoire et si ne voulons pas nous en rendre compte nous le paierons !
sergio
En voilà des contre-vérités : « aucun peuple européen ne fera le choix de l’antilibéralisme tout seul, jamais ». (sic) Avez-vous lu seulement cette nouvelle Une de Jean-Luc Mélenchon ? Il y évoque les résultats électoraux européens récents où les peuples rejettent le libéralisme et son instrument privilégié, l’intégration européenne selon les traités signés : France et Pays-Bas en 2005, Irlande en 2008, Portugal, Grèce à trois reprises, sans compter la progression à l’intérieur des pays des partis anti-libéraux (Corbyn, Podemos, FdG en 2012).
Sinon, puisque vous parlez d’Histoire, d’où viennent les principes des congés payés, la sécu, les Droits de l’Homme, l’abolition de la peine de mort ? Quel « mouvement social et politique européen » (sic) a existé et créé quoi que ce soit depuis l’UE ? C’est de la rhétorique creuse car les prises de conscience et les mobilisations des salariés et exploités ne peuvent se faire que dans leur cadre de vie et de lutte. La nation est ce cadre historique.
Donato DI CESARE
L’Islande, qui s’est dotée d’une constituante, qui n’a pas fait payer la faillite de ses banques par ses citoyens et dont la croissance progresse chaque année, a refusé de rentrer dans cette UE ultra libérale au service des riches. Jean-Luc a mille fois raison, il faut une autre Europe citoyenne, et qui mieux que la France peut changer la trajectoire de cette Europe ? La condition est d’ordre politique et seul Jean-Luc est clair sur ce point: « l’Europe, on la change ou on la quitte. »
Merci à Jacques Généreux pour son passage chez Léa Salamé ce matin sur France-Inter.
MPLangeais37
Merci pour vos analyses. Celles-ci encore permettent de mieux comprendre et d’éclaircir les débats et les enjeux. Et surtout de sortir de l’état de sidération abêtissante dans lequel peuvent nous mettre les infos des médias. Je partage totalement votre point de vue sur l’utilisation du logo du FdG que s’arrogent sans vergogne certains du PCF comme un cache-sexe mortifère. Très bien votre intervention sur I>télé, claire et posée. Cet après-midi, manif aussi et encore avec les insoumis !
semons la concorde
Je pense aussi que le logo FdG permet toutes les ambiguïtés . S’il est la propriété du PG , il serait bon de le retirer . Sinon , s’en démarquer clairement . Les journalistes s’en servent régulièrement pour opposer les partis entre eux et semer la pagaille .
Eric B
Je soutiens l’ensemble de l’analyse sur l’Europe toutefois quelque chose me gène c’est l’insistance renouvelée du rôle majeur de la France contre l’Allemagne. Certes nos deux pays ont un poids prépondérant en Europe mais il serait contre-productif que nos autres partenaires se sentent exclus et pour ainsi dire à la remorque de l’attelage. Même si le moteur est là sans doute prenons soin d’associer dans la construction du rapport de force et dans les analyses et discours les autres pays. Ceci est d’autant plus vrai qu’avec le retrait des britanniques nous nous retrouverions en confrontation directe avec l’Allemagne, vieille antienne au relent de moisi. D’autant que si la Nation a un rôle à jouer, à terme si l’Europe des peuples se fait elle devra se dissoudre dans un ensemble plus grand la Nation européenne.
René-Michel
@Eric B
Avant de parler de « Nation européenne » vous devriez vous renseigner sur la définition du concept de nation. Vous comprendriez que nation européenne n’a aucun sens contrairement à union, fédération…
Pauvre2
Le poids de l’économie est tel en Europe, que chaque « petit » pays devient plus ou moins le supplétif d’un plus grand. Même Hollande, s’est couché devant l’Allemagne de Merkel, c’est dire pour les autres. D’autre part, si vous lisez, écoutez les discours de Jean-Luc, il parle TOUJOURS de trouver des alliances à l’intérieur de l’Europe avec des partenaires qui sont actuellement sous la coupe de l’ordolibéralisme Allemand et qui rêvent sans doute, sans le dire ouvertement aujourd’hui puisque tout est bouché, d’autres choix pour leur pays. Ce choix différent ne peut venir que d’un mouvement comme le notre, à condition de convaincre les gens, le peuple, appelons ça comme on veut.
René-Michel
Avant de parler de « Nation européenne » vous devriez vous renseigner sur la définition du concept de nation. Vous comprendriez que nation européenne n’a aucun sens contrairement à union, fédération…
LE RAY MICHEL
Belle analyse, elle nous montre notre voie pour peut être, si nous ne nous fourvoyons pas avec les pratiques partidaires que nous avons vécu depuis des décennies ! Pour l’Espagne peut être que l’alliance avec les communistes espagnols a été assimilés à des pratiques partidaires que les gens ne veulent plus comme on le voit aussi en France. Mais quand même reconnaissons l’avancée en peu de temps Podemos a fait 20% et 70 députés. Ce n’est pas rien !
La position du PC44 et peut être comme on le voit ailleurs une magouilles avec le PS, mais ce n’est pas étonnant, comme leur position sur le nucléaire. L’utilisation du logo FdG est lamentable même avec leur petite étoile, mais cela montre leur impasse et leur difficultés. Ils préfèrent surement négocier quelques places de députés avec le PS, plutôt que de construire le mouvement populaire que nous avons besoin et que nous sommes peut être en train de réaliser. Nous, les « insoumis » avec toi, car il en faut un, nous devons continuer à construire, sans compromissions avec d’autre partis et attention de ne pas paraitre comme les autres et je dis cela pour les responsables du Parti de gauche ! Et n’ayons pas peur continuons à ancrer, à convaincre pour continuer le début, pour gagner pour l’intérêt général humain ! bon courage Jean Luc, ne lâche rien.
Hélène Lacheret
Merci pour votre éclairage sur l’Espagne. Voter au vu et su de tout le village, ça, c’est de la démocratie ! On en apprend tous les jours sur les modalités d’expression démocratique chez nos partenaires européens. Courage à Podemos et à ses électeurs.
Michel 65
Bonjour, j’apprécie cette analyse sur les élections espagnoles, elle compense la réaction bien trop rapide au soir de ces élections qui criait victoire. Je pense qu’il faut prendre le temps pour comprendre ce qu’il s’est passé. Je partage la totalité des réflexions, a ce stade. Je pense cependant qu’il y a quelques autres raisons qui apparaissent et peuvent nous aider ici.
Le mouvement social en Espagne est un peu au point mort, ainsi ces élections n’étaient pas « portées » par une poussée populaire. L’alliance entre Podémos et IU est très récente (trop ?) et elle à peut être apparue de circonstance, il faudra la fortifier. Enfin, le discours de Podémos, se revendiquant de la social démocratie (4ème ?) a-t-il été compréhensible ?
adboc
Le peuple n’est pas stupide, il est conditionné. Les enfants sont programmés dès le plus jeune âge à dire « je suis Français » ou ceci et cela, et ils finissent par le croire. Et les autres ailleurs, disent « je suis Allemand » ou « je suis Coréen », ou ceci ou cela, et chaque nation protège ses propres intérêts. Et l’Europe également protège ses propres intérêts. Mais de quoi protègent ces nations et institutions leurs intérêts ? Des autres intérêts des autres populations. Donc les nations et les communautés de nations divisent l’humanité en une bataille d’intérêts permanentes où finalement tout le monde est globalement perdant.
Karim
Avez-vous aussi « fini par croire » que vous écrivez en français, et non pas en allemand ou en coréen ? Oui bien est-ce juste une illusion et un conditionnement dès le plus jeune âge ?
sergio
Les peuples sont conditionnés ces temps-ci pour croire que la dilution des nations et de leurs cadres juridiques est le chemin vers le bonheur. Mais que met-on à la place des lois qui protègent les individus ? Des lois supranationales ? Ecrites par qui ? En fait vous confondez « intégration européenne forcée et libérale » et « internationalisme » . Ce ne sont pas les nations qui divisent l’humanité mais les appétits contradictoires et hégémoniques des puissants (multinationales, oligarchie des 1 %, dictatures) . Les nations enrichissent l’humanité de leur diversité.
Delecourt Sandrine
Je me lance malgré ma dysorthographie car après lecture de vos analyses et avoir suivi les liens inclus dans vos récits me fait comprendre que politicien (homme politique, définition donnée dans le dictionnaire ou une personnalité politique est une personne impliquée dans la vie politique, définition du web). Et les exemples de politicien connus mon induit en erreur sur l’ampleur de la tache d’un vrai politicien et justifie maintenant de son utilité et de ces grades en rapport a ces champs d’actions, etc.. Et merci a vous de me retirer mon once restant de culpabilité et de n’avoir jamais cédé a l’anarchie. Ceci dit prenant aussi conscience que nous, le peuple, ne pouvant disposer de suffisamment de temps pour vérifier, que si votre humanisme et votre volonté de nous impliquer nous donne confiance, il n’en sera pas de même avec d’autre politicien et que notre mouvement a une lourde tache pour nous préserver de tous les dangers. Merci encore pour votre travail.
l'écossais
Bonjour à tous et merci Jean-Luc pour le cap tenu. Les oligarques essaient de faire douter après le vote britannique, pour calmer toute reprise en main par les peuples. Ils n’ont aucun plan du tout ! Un peu de recul permet de comprendre déjà qu’on va reprendre le cours habituel des choses. Mais les faits sont têtus, nous aussi ! La politique vue par le prisme du FdG que j’ai fréquenté assidûment, ne m’intéresse plus, mais la voie proposée par Jean-Luc va ailleurs, et je souhaite y aller aussi. A bientôt Jean-Luc.
Robert ARNAUD
Si chaque fois qu’il est question d’Europe, on s’obligeaient tous à parler de « l’Europe actuelle, de l’Europe néo-libérale, de l’Europe telle qu’on la déteste », pour la différencier de l’Europe de Victor Hugo, celle que l’on a tous rêvé et que l’on rêve encore, l’Europe des peuples libres, de la coopération, de l’humanisme, du bien commun. Si seulement on faisaient tous l’effort de ce nuancier qui exprime bien plus que des nuances, on éviterait de se faire assimiler aux haineux et aux xénophobes ! C’est cette Europe là, la vraie ! L’autre celle qu’ils ont imposée et qui menace d’exploser en nationalismes exacerbés n’est qu’un leurre, une boite à fric et à privilèges pour l’oligarchie et les « importants » ! Vive l’Europe à construire et mort à cette mascarade !
la pavana
En effet voter en Espagne de surcroît dans un village est une épreuve. Dans ma boite à lettre, il y avait plusieurs enveloppes : blanches pour députés, marron pour sénateurs. La liste pour les sénateurs se fait par émargement, soit liste entière soit panachée. Donc dans ma boite la liste sénateur était exclusivement cochée PP, et dans les enveloppes blanches PP et Ciudadanos. A la mairie il m’a été répondu que ce n’est pas la mairie qui met les enveloppes mais les partis. Ce que je veux dire, que dans mon village à majorité âgée, on prépare chez soi les bulletins. Dans la salle de vote impossible de se repérer et dans l’isoloir pire ! Vous imaginez le résultat. Ici le vote ne reflète pas du tout le mécontentement, mais la peur.
Degorde
L’échec de Podemos n’est il pas dû, en partie aussi, à sa position pro-européenne et pro-euro ? Il n’est que de voir l’effet sans doute désastreux de la réaction d’Iglesias au Brexit. A cet égard il était récidiviste.
Le 24 mai le quotidien « El Pais » révélait que Rajoy avait écrit à la commission européenne une lettre confidentielle datée du 5 mai pour s’engager à poursuivre dans la voie des coupes budgétaires après les élections. Au passage, c’est un pur acte de trahison qui consiste à s’entendre contre son propre pays avec une puissance étrangère, démarche adoptée depuis quelques jours par l’Ecosse également. Ca fait scandale. Mais quelles furent les réactions. Cuidadanos reprocha seulement à Rajoy d’aller trop vite, mais n’a pas condamné la démarche en soi. Plus intéressant encore et révélatrice ô combien celle de Podemos. Iglesias s’est contenté d’accuser Rajoy d’avoir un « programme occulte ». Notons bien, Iglesias n’a pas condamné la démarche qui consiste à faire allégeance à Bruxelles. Car ce parti, ne le cachons pas refuse bec et ongles de sortir de l’Euro et de l’UE. C’est ce qui a perdu Tsipras l’an passé. Ne pas le voir c’est se condamner à l’échec partout à commencer par nous si nous sommes au pouvoir. On ne peut pas dire qu’avec la Grèce un point de non retour a été franchi et ne pas en tirer les conséquences en refusant de mettre un référendum sur la sortie de l’UE des français. Ca va être dévastateur dans les semaines et mois qui viennent à mesure…
CEVENNES 30
Bonjour à tous,
Oui, je suis totalement en accord avec ce que vous dîtes, Podemos s’est éloigné de sa base (Les Indignés) par sa position trop social démocrate, cette base qui souffre le chômage et l’austérité, son refus d’avoir une position ferme de condamnation et de sortie de l’UE. D’autre part durant cette campagne, le PSOE a passé plus de temps a taper sur Podemos, qui était la cible principale de toutes ses attaques alors que le parti au pouvoir PP est corrompu et dangereux pour le peuple espagnol. Ce sont les dignes héritiers du franquisme : « las cosas estan atadas y bien atadas ».
Patrick Grézat
Bonjour, les insoumis. En Espagne, n’oublions pas les centaines de milliers (1 million, plus ou moins) de migrants économiques à travers l’Europe voire plus loin. La survie éloigne bien souvent de l’intérêt commun et de la citoyenneté. Le Royaume-Uni, très ordo-libéral, en obtient encore plus et puis s’étonne que les citoyens disent non (les motivations sont multiples, elles ne sont pas que xénophobes ou identitaires, loin de là). L’Europe politique et citoyenne est plus présente sur notre territoire. Le collectif citoyen contre les traités de libre-échange (TAFTA, CETA, TISA) est composé de citoyens Belges, Anglais, Ecossais, Allemands, Hollandais et Français vivant ici. Notre Europe est humaine, la leur désunie et elle fait souffrir à cause de l’austérité. La lutte au quotidien ! Merci à toi ,Jean-Luc, de porter notre parole avec autant de détermination et de sens depuis février 2008, quand nous manifestions sur l’esplanade du château de Versailles contre la forfaiture du « Congrès » spoliant les Français de leur non au TCE et que tu nous as rejoints dans la manifestation.
CLAUDEJ
Jusqu’à présent, en Europe, les résultats des consultations des populations relatives à l’UE n’ont pas été respectés (France, Pays Bas, Grèce…). A mon avis, il y a peu de chance que l’expression du peuple anglais bénéficie d’un meilleur sort in fine. La bourse quant à elle a déjà compris, après les premières déclarations des dirigeants, que l’essentiel ne serait pas changé. Tout le monde est à la manœuvre (ou à la magouille), notamment pour dénigrer cette expression populaire comme vous le soulignez et aussi pour compliquer à l’extrême l’exécution de la décision prise.
korzec
« En France, Le PCF a choisi à une écrasante majorité de tourner le dos à ma candidature et de me combattre de pied ferme. «
Vous ne pouvez pas écrire cela comme ça. C’est un peu plus compliqué, un peu moins tranché en tout cas. Le vote des motions préparatoires au congrès n’exprimaient pas toutes cet avis. Et il y a déjà des milliers de communistes encartés qui vous soutiennent officiellement. La direction du PCF tranchera cet automne. Il sera bien temps alors de la critiquer si elle se range derrière un candidat PS ou vert. Pour l’instant, ne dites ou faites rien qui gêneraient des communistes dans leur mouvement éventuel vers votre candidature et votre campagne. Les déclarations de dirigeants du PCF (pas tous, loin de là) n’ont aucun poids politique au plan national.
Un insoumis de Pantin content d’avoir fait une photo avec vous à la manif !
antoine florian
Il y a une erreur d’analyse au sujet des irlandais du nord, car ce ne sont pas des indépendantistes mais des irrédentistes qui veulent réunifier un pays artificiellement coupé en deux pour des raisons capitalistes en 1931.
Xavier
Oui le réferendum c’est la démocratie. Sur la loi travail, la tribune unitaire du Monde parait ce soir. Dans le prolongement on peut signer l’appel pour demander un référendum ici.
MPLangeais37
Non, le référendum n’est pas forcément la démocratie. On ne demande pas par référendum si on est ou non d’accord pour rétablir l’esclavage ! On se bat pour le retrait de cette loi inique et rétrograde. Demander un référendum sur le sujet revient à saborder le combat de centaines de milliers de personnes depuis des mois et court-circuiter les syndicats mobilisés. En outre quelle sera la question ? Qui la posera ? Descendez plutôt dans la rue, faites grève. Soyez insoumis !