Voici un post rapide. Je reprends l’écriture en petite foulée. Cette semaine on pourra lire également mon interview au journal « Le Monde » et au journal « Sud-Ouest ». Une fois publiés ces deux documents seront ajoutés à ce post en respectant le délai respectif de vente de ces quotidiens. Et on pourra aussi suivre ici même mon discours au pique-nique de Toulouse le dimanche 28 août. Dans quelques jours paraît au Seuil l’entretien biographique réalisé par le journaliste Marc Endeweld que nous avons intitulé « Le Choix de l’insoumission ». Je ne suis donc pas en panne d’expression écrite ces temps-ci, non ?
Écœurant ! L’argent coule à flots du côté de ceux qui en ont déjà tant ! On apprend que la France est championne d’Europe du versement de dividendes ! 35 milliards d’euros de dividendes ont été versés dans notre pays aux actionnaires au seul deuxième trimestre 2016 ! Personne ne fait une plus grosse ponction en Europe ! C’est même 11% de plus que sur la même période l’an dernier ! Et ce n’est pas tout ! On n’a encore rien vu. Car entre janvier et juillet 2016, les seules entreprises du CAC40 ont accumulé 40 milliards d’euros de profits. En hausse de 4% par rapport à 2015 ! Comme l’écrit le journal L’Humanité à l’adresse de François Hollande, il n’y a pas de doute : « pour le CAC40, ça va mieux monsieur le président ! ».
Pour moi, les privilèges de l’argent-roi sont la cause de tous nos maux. Car s’il y en a toujours davantage pour les dividendes, les actionnaires et leurs amis politiques de l’oligarchie c’est qu’il y en a toujours moins pour le bien public et la solidarité. Et combien de fois, faute de cet argent dont les uns sont gavés, c’est la mort pour les autres ? En juillet, 55% des personnes sans-abri qui composaient le numéro d’appel d’urgence 115 n’ont reçu aucune réponse d’hébergement. Combien sont morts dans la rue dans l’indifférence générale ?
L’argent-roi mène le bal partout ! Cet été, l’opérateur de téléphonie SFR a annoncé 5 000 suppressions d’emplois ! C’est le tiers de ses effectifs ! Pourtant l’entreprise a réalisé des bénéfices de 700 millions d’euros en 2015. Et surtout, elle appartient au groupe de l’oligarque milliardaire Patrick Drahi, aussi propriétaire de l’Express et de Libération. C’est donc le grand retour des licenciements boursiers !
Cet été, le jour du dépassement des ressources renouvelables de la terre en une année a encore avancé. C’est désormais le 8 août. La dette écologique s’aggrave donc encore davantage. L’argent veille à garder ses droits même s’ils sont anti-écologiques. Que fait son gouvernement docile ? Il supprime cet été des transports collectifs en abandonnant une vingtaine de lignes de trains interrégionaux et une dizaine de lignes de trains de nuit. Vous prendrez le bus Macron et ses émissions de CO²… Mais attention, l’argent-roi veille : on nous annonce que les tarifs des bus vont bientôt augmenter ! Pourquoi ? Parce que la guerre des prix entre les entreprises concernées donne ses résultats habituels : des faillites en vue des plus faibles face aux plus gros.
Et le pillage du bien public par l’argent-roi continue. Ainsi, le gouvernement a privatisé cet été les aéroports de Lyon et Nice, après Toulouse l’an dernier. Sans compter qu’Emmanuel Macron préparerait une nouvelle prolongation des concessions d’autoroutes au privé. Jackpot pour les uns, péage pour les autres !
L’oligarchie s’en donne à cœur joie. Il faut dire que l’été a commencé en fanfare par l’embauche par la banque d’affaires Goldman Sachs de l’ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Il s’est poursuivi sur le même tempo. Point d’orgue en France ? Le recrutement par le ministre des Finances Michel Sapin d’un ancien dirigeant de la Société générale, Thierry Aulagnon, au poste de directeur de cabinet du ministre ! N’allez pas chercher plus loin quand vous vous demanderez pourquoi la banque et ses dirigeants bénéficient d’une impunité totale malgré leur implication dans le scandale d’évasion fiscale des Panama papers. Ni pourquoi personne ne lui réclame les 2,2 milliards d’euros d’argent public qui lui ont été offerts sans preuves et sans raison dans l’affaire Kerviel ! Comme le chantait Brel, « chez ces gens-là on ne vit pas Monsieur, on triche. On ne cause pas, on compte ».
Alors ? La bourse ou la vie ?
Nicolas Sarkozy est candidat à la primaire de la droite. Le chef de guerre est de retour. Il n’est jamais parti bien loin. Mais il revient plus féroce qu’avant. Son programme annonce une guerre sociale. Il faut dire que sur chaque sujet, Hollande s’est chargé lui-même de faire sauter la digue et de lui ouvrir la voie. On ne pourra donc compter que sur notre propre résistance.
Officiellement, Sarkozy veut faire campagne sur « l’identité » et « l’autorité ». Il a déjà repris la course-poursuite avec le FN dans une interview à Valeurs Actuelles. Il propose ainsi de remettre en cause l’un des piliers du code de la nationalité, à savoir le droit du sol. Évidemment, son but est de radicaliser le débat en ciblant les musulmans. Il promet ainsi « d’interdire les expressions communautaires dans les entreprises, le voile à l’université comme dans l’entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires ». Mais ce n’est là qu’un amuse-gueule pour réactionnaire.
Car le programme de Sarkozy, c’est surtout un plan de reculs sociaux très brutal et cruel. Il prévoit ainsi un nouveau report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ! Il propose aussi la suppression des 35 heures et même de toute durée légale du travail : la durée du travail serait fixée entreprise par entreprise sans aucune protection nationale par la loi. Les salariés se feraient voler une partie de leur salaire puisque les heures de travail au delà de la 35e heure de la semaine ne seraient plus payées comme des heures supplémentaires mais comme des heures normales, sans majoration ni repos compensateur ! Nicolas Sarkozy s’en prend aussi aux chômeurs. Il veut réduire leurs allocations au fur et à mesure des mois d’inactivité.
Autre poncif libéral : le démantèlement final de l’État et des services publics. Rendez-vous compte : il veut couper encore 100 milliards d’euros dans les budgets publics. Il prétend supprimer 300 000 postes de fonctionnaires, soit plus que le nombre total de policiers et gendarmes dans le pays ! Au printemps, il est même allé jusqu’à évoquer la privatisation d’EDF. Et comme d’habitude : continuer à servir de grosses louches d’argent public aux oligarques et grands patrons. Nicolas Sarkozy propose ainsi la poursuite de la ruineuse et inefficace politique de cadeaux fiscaux au MEDEF : il ajoute 14 milliards d’euros de dons suplémentaires. Sans oublier la reprise des cajoleries à l’oligarchie avec la promesse de supprimer rien de moins que l’impôt sur la fortune ! Le tout solidement ancré dans un productivisme aveugle fait de défense du nucléaire et des gaz de schiste !
Si Sarkozy peut revenir aussi combatif, c’est parce que François Hollande a totalement gâché et même volé la victoire de 2012. Ce qui aurait dû être une victoire idéologique contre l’ultra-libéralisme s’est transformé en l’exact contraire. François Hollande a validé a posteriori l’essentiel du discours de Sarkozy notamment contre le « coût » du travail ou les droits des salariés. Il a même totalement endossé et amplifié son bilan comme le durcissement des conditions d’accès à la retraite ou l’acceptation du traité budgétaire Sarkozy-Merkel. J’ai déjà dénoncé sur ce blog comment les programmes de « Les Républicains » et du PS se rejoignaient contre les 35 heures lors de l’examen de la loi El Khomri. La continuité est telle qu’elle choque même les anciens ministres de François Hollande : Benoît Hamon l’accuse d’avoir « mis ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy » et Arnaud Montebourg parle même de « sarkhollandisme » comme objet politique unifié.
C’est que leur bilan commun est éloquent par le désastre social, démocratique et écologique qu’il montre. C’est le thème de notre campagne « Je vote, ils dégagent » d’inscription sur les listes électorales. Sarkozy et Hollande cumulés, c’est un chômeur de plus toutes les 2 minutes. Sarkozy et Hollande, c’est une école fermée par jour. Sarkozy et Hollande c’est 10 tonnes de pesticides par heure. Sarkozy et Hollande, c’est zéro centrale nucléaire fermée en 10 ans. Sarkozy et Hollande, c’est deux traités européens imposés au peuple français contre sa volonté et sans référendum… Il est temps de changer !
Le PS entre dans une crise politique du fait de ses primaires. Deux anciens ministres et des dizaines de parlementaires s’organisent autour de diverses candidatures pour empêcher celle du président sortant, dont ils font tous publiquement un bilan de mandat désastreux. Nous qui avons maintenu allumée la flamme tant de temps sans faiblir en dépit de toutes les pressions et les désertions devons savoir tirer profit de cette situation qui nous donne raison et soulage les efforts qu’il nous reste à faire pour l’emporter.
J’ai écrit sur Facebook : « l’annonce de la candidature de Montebourg et le contenu qu’il y met sont de bonnes nouvelles ». Je le répète ici : mes amis, tenez-vous à distance du sectarisme politique et du meurtre rituel des voisins de palier politique. Montebourg nous sert. Les mots qu’il emploie aident à la propagation de certaines de nos idées. Au bout du compte, les gens qui auront été convaincus par lui pourront quand même voter pour ces idées là en utilisant le bulletin de vote à mon nom. Il faut donc plutôt le pousser à persévérer puisqu’il travaille à démolir le langage officiel et les certitudes aveuglées qui continuent à dominer le PS. Il faut faciliter la désorganisation du PS qu’il propage. En effet, en laissant planer le doute sur sa candidature à la primaire ou en solo hors parti, il délégitime la primaire (et donc son résultat) avant même qu’elle ait lieu. Tirez donc plutôt argument du fait que nos diagnostics sont confirmés par ceux-là même que nous avons combattus. Non pour flétrir et peindre le tableau noir en encore plus noir. Mais parce que cela permet de conclure : « à présent essayons autre chose, essayons le programme de la France insoumise et le mouvement politique ouvert qu’elle impulse ».
Montebourg comme Hamon et Duflot sont trois anciens ministres essentiels de la coalition de 2012. Leur condamnation de Hollande est donc d’autant plus efficace qu’ils ont tous les trois défendu dans le passé le contraire contre moi. Montebourg fut, de plus, l’un de ses soutiens essentiels au deuxième tour de la précédente primaire des socialistes et il assura sa victoire contre Martine Aubry. Elle confirme ainsi la critique que nous en avons fait inlassablement pendant cinq ans : « Le bilan du quinquennat n’est pas défendable » a asséné le nouveau candidat d’entrée de jeu. Ces candidatures fonctionneront donc avant tout comme un affichage permanent de l’échec de François Hollande. Ce n’est pas un point négligeable. Nos chances de succès demandent à la fois que nous progressions mais aussi que conjointement Hollande finisse de s’effondrer.
Pour ce qui est de travailler à progresser nous y sommes attelés et la caravane des insoumis cet été a montré que c’était sans relâche. Pendant ce temps, le PS s’est déchiré et il s’est donc bien disqualifié tout seul. Dorénavant, les candidats de la primaire du PS et ceux des Verts vont devoir justifier leur présence en faisant le procès permanent de la faillite de Hollande. Nous n’avons plus à assumer cette tâche. Ensuite les thèmes choisis élargissent l’audience de notre discours : sixième république, relocalisation industrielle, et surtout dénonciation des traités européens. Avec la candidature Montebourg, après celle de Benoît Hamon et Marie-Noëlle Liennemann, la scène n’est plus uniquement occupée par des libéraux qui se concurrencent dans les surenchères droitières et ethnicistes. Cela vient en renfort de notre travail, cela nourrit notre champ, cela prend à revers la muraille du dénigrement et de l’isolement que le PS avait construit contre nous.
Je sais parfaitement bien les limites de tout cela. Je connais l’ambiguïté des personnages et la limite de la méthode qu’ils déploient. Je vois bien aussi les limites du contenu des propositions comme celles que fait Montebourg.
C’est le moment de dire donc ceci : se tenir à distance du sectarisme ne signifie pas pour autant avoir des œillères. Déjà, on sait qu’Arnaud Montebourg participera malgré tout à la primaire du PS et qu’il soutiendrait François Hollande si celui-ci gagne cette primaire. « Je respecterai toutes les règles de la primaire » a-t-il répondu à Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait s’il respecterait le résultat dans le cas où Hollande l’emporterait. C’est précisément parce que je ne veux le faire en aucun cas que je refuse cette primaire. On connait ce sujet. Le livre que publie Alexis Corbière sur le décryptage du fonctionnement des « primaires » confirme mes analyses les plus sévères sur cet exercice totalement tronqué. Mais au-delà du cadre d’action qu’il a choisi, je vois aussi le fond des propositions. Montebourg ne dit pas la même chose que nous. Souvent loin de là.
Je crois honnête d’assortir mes commentaires amicaux d’observations qui pointent quelques désaccords sérieux. Le premier concerne évidemment la question écologique. Arnaud Montebourg n’a pas intégré la bifurcation climatique et ses conséquences profondes. Dans son discours de Frangy, l’écologie se limite à relocaliser les productions et rénover les bâtiments. C’est un bon début. Mais c’est loin du compte. Le paradigme de l’écologie politique reformate totalement le champ intellectuel de la vieille gauche. Il affirme une pensée et une méthode économique globales. Pourtant, Arnaud Montebourg ne dit rien sur la bifurcation de l’appareil de production industriel ou agricole. Rien sur les mutations à engager de nos modes de consommation. Pas un mot sur la politique de transport. Et silence total sur la transition énergétique. Il en reste donc à son soutien au nucléaire et aux gaz de schiste ?
J’ai aussi été assez sidéré d’apprendre qu’il prévoyait de privatiser les logements HLM en les vendant à leurs occupants. C’est peut-être alléchant vu de loin pour quelques-unes des personnes concernées. Mais c’est la voie la plus directe à la disparition du logement social dans notre pays. À chaque fois qu’un bailleur veut vendre ses logements, les élus locaux progressistes et les associations de locataires s’y opposent. Où Montebourg a-t-il pu trouver pareille idée ?
De même, comment comprendre qu’il ait pu dire que l’URSAFF, l’organisme qui collecte les cotisations sociales des salariés et des employeurs, est un « tueur d’entreprises ». Ni qu’il doit être un créancier « comme les autres », sans priorité par rapport au fournisseur de papier ou de photocopieur. C’est de l’argent des salariés et de la Sécurité sociale dont il est question !
Plus structurellement, je veux pointer deux désaccords de stratégie gouvernementale. En matière européenne, Arnaud Montebourg annonce qu’il veut « dépasser les traités ». Mais dans le même temps, il dit qu’il « payera les amendes » que la Commission européenne infligerait à la France si elle ne respecte pas les règles européennes. Drôle de façon d’engager le bras de fer promis, non ? Je crois au contraire que la ligne de la désobéissance au traités doit s’assumer jusqu’au bout, jusqu’au plan B dont il ne dit hélas pas un mot.
Quant à la réforme des institutions, je regrette que Montebourg ne s’attaque pas à la racine des problèmes de la monarchie présidentielle et de la démocratie représentative. Pour lui, la révision de la Constitution sera en quelque sorte « octroyée » par le futur monarque. Montebourg élu proposerait son projet constitutionnel et le soumettrai à référendum « dès juillet 2017 ». À prendre ou à laisser en vrac. Je crois au contraire que le peuple doit faire le travail lui-même, à la base, par une Assemblée constituante, et ne pas se contenter de dire « oui » ou « non ».
De même, il promet un droit pour les parlementaires de révoquer les ministres. Mais pourquoi ne pas créer aussi un droit pour les citoyens de révoquer les parlementaires ? Enfin, sa réforme du Sénat parait très étrange. Pour le rendre « plus représentatif », il veut faire tirer au sort 100 sénateurs. Pourquoi pas ? Nous avons-nous même expérimenté le tirage au sort pour désigner l’Assemblée représentative du Mouvement pour la 6e République et j’ai bien l’intention de recommencer pour désigner la Convention du mouvement La France insoumise. Mais s’il y a un problème de représentation, pourquoi alors désigner l’autre moitié des sénateurs parmi les membres du Conseil économique, social et environnemental, c’est-à-dire par des gens nommés qui s’éliraient entre eux ! C’est absurde. Mais surtout, cela laisse de côté une question pourtant importante : à quoi bon un Sénat ? La question ne doit pas être éludée quelle que soit la réponse que l’on y apporte.
Mais rien de tout cela ne doit nous empêcher de saluer sa démarche, son audace et son allant qui nous servent si bien en définitive. De même qu’il est intéressant de suivre les propositions programmatiques de Marie-Noëlle Liennemann. Et ainsi de suite pour les autres, notamment Gérard Filoche. Le moment venu, nous en ferons notre miel.
Refusez absolument la polémique dans laquelle d’aucuns seraient si heureux de nous voir sombrer pendant que le monarque et le PS nous regarderaient de haut. Prenez le bon et voyons venir la suite. Car au bout du compte les électeurs des battus de la primaire du PS pourront continuer à défendre leurs idées en agissant et en votant avec nous.
Petite anecdote de l’été. Des dizaines de gens ont découvert l’existence d’un groupuscule nazillon en partageant leurs propos haineux à propos de l’état de santé supposé de Simone Veil pour s’en indigner. Ces situations se multiplient. Involontairement, ils ont contribué à propager eux-mêmes ce qu’ils croyaient combattre. Je connais. Combien d’autres propagent des rumeurs, des calomnies sur mon patrimoine, ma prétendue montre Rolex etc. C’est à chaque fois un piège. Que faire : dénoncer le procédé lui fait de la publicité, ne pas répondre lui laisse le champ libre. Je crois que la meilleure stratégie est celle du coupe-feu. Que chacun de mes amis ne répercute pas ces messages frauduleux et mensongers.
D’autres fois, c’est la confiance sans précaution qui perd les naïfs de bonne volonté. Sur la toile, « Méfiez-vous des contrefaçons » ! Le slogan des « Guignols de l’info » s’applique parfaitement au décor de la campagne électorale sur les réseaux sociaux. Cet été, nous avons débusqué plusieurs « faux compte » Mélenchon sur Facebook. Le principe ? Se faire passer pour moi pour tromper mes amis et mes soutiens. Mais les faux comptes sur Facebook se multiplient. Un escroc (homme ou femme) a poussé la manipulation très loin contre moi. Ce compte a imité toute la présentation de mon compte personnel : la photo de profil, la photo de couverture, le nom du compte et le « surnom » pour avoir une imitation quasi parfaite. Seule différence notable : il y avait un accent sur le « e » de mon nom sur le faux compte tandis qu’il n’y en a pas sur le vrai. L’usurpation était totale. Mes textes étaient reproduits, signés du « JLM » qui les caractérise sur ma page Facebook officielle. Le faux-compte a antidaté un certain nombre de publications afin de faire un « historique » qui puisse sembler similaire à celui de mon compte réel. Plusieurs amis ont été trompés ou ont failli l’être. J’ai reçu plusieurs messages affolés cherchant à savoir le vrai ou à m’alerter. Autant de temps passé à répondre, expliquer, et ainsi de suite. Falsification à un bout, envahissement à l’autre.
Ces méthodes sont celles de l’extrême droite dans l’histoire. Hier contre Jean Jaurès, Roger Salengro, Léon Blum et combien d’autres. Aujourd’hui contre moi et nombre d’autres. La plus persistante rumeur propagée de cette façon serait que je cumulerai les fonctions de député européen et sénateur, ce qui est absolument impossible légalement et techniquement mais permet de jeter le venin de la suspicion alors que je ne cumule aucun mandat, contrairement à Mme Le Pen par exemple. D’autres répandent ainsi la rumeur selon laquelle je possèderai une montre Rolex dont le prix est précisé : 18 000 euros. C’est faux (pouvez-vous le répéter sans me demander confirmation s’il vous plaît ?) Je n’ai pas de Rolex et je n’en désire pas. Avant cela, toute sorte de calomnies ont circulé mon patrimoine. Je possèderai plusieurs maisons, appartements et voitures. Bien sûr tout est pure invention : mon patrimoine est déclarée chaque année aux autorités compétentes puisque je suis parlementaire européen, il est présenté sur ce blog. Quant aux voitures… je ne conduis pas et je n’ai pas de chauffeur !
Les manipulateurs qui se livrent à ce genre d’exercice ne reculent devant rien. Pour faire croire à l’histoire de la Rolex, le message prétendait que c’était une information tirée de la radio « France Info ». Au point que la radio a dû démentir sur son antenne ! Quant à mon prétendu patrimoine, c’est le Canard enchaîné dont le nom et la réputation ont été usurpées pour me salir. Mais le plus blessant est pire encore. C’est de voir par exemple la calomnie sur la montre relayée par un militant d’EELV et celle sur mon patrimoine rediffusée par une responsable PS des Yvelines… L’extrême-droite et ses méthodes ont parfois des relais inattendus. Relayer la calomnie, s’amuser à propager des rumeurs, c’est permettre un harcèlement dont les plaisantins n’ont peut-être pas idée. Car il faut alors répondre des dizaines de fois aux amis stupéfaits, expliquer à la famille et aux proches et ainsi de suite. Ceux qui utilisent ces méthodes savent parfaitement bien quel venin ils jettent dans toute la vie des autres d’une façon obscène.
Ces harcèlements peuvent parfois très mal tourner. C’est ainsi qu’un jour le ministre allemand Schäuble vit s’avancer vers lui une femme avec un bouquet de fleurs. Le service d’ordre laissa s’approcher. Elle lui a tiré une balle à bout portant qui la laissé comme on le voit aujourd’hui dans sa chaise roulante. Car les harceleurs créent « une ambiance » et tissent toutes sortes de réseaux sur la base de leurs délires. Cet été, le plus stupéfiant a été de découvrir que l’auteur du faux compte Facebook à mon nom répondait aux messages privés en donnant aussi une adresse email à mon nom ! Et qu’il a engagé une correspondance avec plusieurs amis qu’il a dupés un temps. Ses courriers ne manquaient pas de sel. Au bout d’un moment, en effet, il proposait des places dans un futur gouvernement ! Incroyable !
Le but de la manœuvre est évidemment de me décrédibiliser. Une présentation bâclée des textes, des promesses de postes ministériels farfelus, etc. Rien de tel pour nuire et décrédibiliser ce que nous faisons. Et au passage, pour se confectionner petit à petit un carnet d’adresse de certains de mes soutiens pour mieux me salir demain ? Ce n’est pas la première fois malheureusement. De telles usurpations sont arrivées à d’autres responsables politiques. Dans un cas au moins l’usurpateur allait jusqu’à afficher sa fausse identité sur son répondeur téléphonique. Dans deux autres cas, l’affaire s’est terminée à l’internement d’office pour ceux qui s’étaient livré à ces semaines de harcèlements. On verra dans le cas qui m’a occupé. Car bien sur, mon équipe, mon avocate Raquel Garrido, veillent et organisent les répliques que la loi permet. Mais soyez bien certains que nous ne nous laisserons pas faire. De votre côté, vous qui me lisez, qu’il s’agisse de moi ou de qui que ce soit d’autre, vous avez aussi le moyen de bloquer les rumeurs et les infamies : refusez de les propager.
Jean-Luc Mélenchon fait sa rentrée à Toulouse, dimanche 28 août. Le candidat à la présidentielle de « La France insoumise » a prévu de prendre la parole à l’occasion d’un pique-nique, avant de revenir sur son parcours politique dans un livre intitulé Le Choix de l’insoumission (éditions du Seuil, 384 p., 18 euros) à paraître le 8 septembre, à la veille de la Fête de l’Humanité.
Comment voyez-vous la prochaine campagne présidentielle ?
Ce sera une élection sans précédent, car la société s’est profondément décomposée au cours des derniers quinquennats. Ses principaux repères politiques se sont dissous. Le peuple peut aussi bien choisir une abstention de masse qu’une participation punitive sévère pour en faire le moment d’un grand coup de balai. Il s’agit moins de séduire des électorats traditionnels que de fédérer notre peuple autour d’objectifs communs. Avant l’été, avec la bataille contre la loi El Khomri, un espace politique se reconstruisait autour des questions sociales. Les attentats de l’été et les délires sécuritaires auxquels ils ont donné lieu ont à nouveau déplacé le centre de gravité vers des thèmes morbides desquels rien de positif ne peut venir. Or pour moi, les privilèges de l’argent sont la cause de tous nos maux. De l’écosystème à la démocratie, l’argent détruit tout ! Voilà ce qu’il faut régler.
Nicolas Sarkozy vient d’annoncer sa candidature à la primaire de la droite en l’axant sur l’identité et l’autorité. Craignez-vous que 2017 soit monopolisée par ces thèmes ?
Oui. On connaît la recette : la peur et les surenchères sécuritaires. Pour le menu peuple, le potage quotidien de la haine des musulmans est servi ! Pour le reste, Sarkozy, c’est la retraite à 64 ans et la suppression de la durée hebdomadaire du travail, c’est-à-dire une barbarie sociale effrayante. La droite va vouloir charger le bulletin de vote de communautarisme, d’ethnicisme, de questions religieuses… Moi, je veux le charger en positif d’objectifs sociaux, écologiques et démocratiques.
Arnaud Montebourg a annoncé sa volonté de se présenter à la présidentielle, avec des propositions proches des vôtres. Cette concurrence vous contrarie ?
Non. Elle me réjouit plutôt. Aujourd’hui, la peur est le seul lien proposé aux Français. Quand surgissent les candidatures d’Hamon, Montebourg, Duflot, Lienemann et Filoche, cela élargit l’espace pour d’autres thèmes. La première chose que ces candidatures disent, c’est que Hollande a échoué. Elles prononcent des condamnations très sévères. Les mots de Montebourg ont été très durs. Quand vous en avez trois sur quatre qui parlent, comme moi, de VIe République, de sortir des traités européens, de transition écologique, ça améliore la crédibilité et l’écoute de mon programme. Ils travaillent pour moi.
Comment allez-vous parvenir à exister dans la période à venir, qui va être monopolisée par les primaires à droite et à gauche ?
L’aspect positif, c’est que je ne suis pas dans leurs magouilles. Mais, en effet, je pourrais me retrouver en apesanteur. Il faut avoir des nerfs et de la patience. Il faut tenir bon la ligne. Certes pour l’instant, ça papillonne. Mais la scène va bientôt se fixer. Qui sera vraiment candidat ? Si Montebourg s’inscrit dans la primaire socialiste, il retourne sur le papier tue-mouches. En dehors, il explose le PS, affaiblit Hollande et le centre droit. J’y gagne dans tous les cas. Je suis le bulletin de vote stable et sûr.
Souhaitez-vous toujours une alliance avec le PCF ?
Je n’ai pas l’intention de me priver de la participation des communistes. Beaucoup sont déjà là. Ils sont tous les bienvenus. Sous quelle forme ? La porte est ouverte. Mais je préviens : la présidentielle et les législatives, pour moi, c’est la même campagne. Or Pierre Laurent qualifie de « tripatouillage » l’idée d’un accord national. Il veut des alliances « au cas par cas ». 577 stratégies ? Absurde ! Mais je refuse de polémiquer avec la direction communiste.
Certains maires ont décidé d’interdire le « burkini ». Les soutenez-vous, comme Manuel Valls, dans ce choix ?
C’est clairement une provocation politique. Le burkini n’est pas une tenue religieuse et je doute que le prophète ait jamais donné la moindre consigne concernant les bains de mer. L’instrumentalisation communautariste du corps des femmes est odieuse. C’est un affichage militant. Mais quand on est l’objet d’une provocation, mieux vaut ne pas se précipiter dedans. Pourquoi faciliter le travail de ceux qui voudraient capter la représentation de l’islam ? La masse des musulmans est excédée par une histoire qui les ridiculise. Valls a eu tort d’en rajouter. Mais qui est dupe de ses indignations à géométrie variable ?
Au lendemain du Brexit, vous avez déclaré : « L’Europe, on la change ou on la quitte. » Une sortie de l’UE est-elle une solution à vos yeux ?
La solution, c’est de la changer pour répondre à nos besoins : plan A. Mais il faut être capable de la quitter pour pouvoir la changer : plan B. S’il n’y a pas de plan B, le plan A ne fonctionne jamais. Ce qui me distingue de beaucoup d’autres courants de gauche, c’est que dans mon esprit, la nation est un levier de la bataille européenne. La France est forte. Et la situation, absurde : les dogmes économiques et politiques de l’Europe à l’allemande ont tout bloqué. Et on nous propose de continuer ! Tout le monde sait qu’un nouveau traité est prévu pour 2017. Donc le choix du prochain président est un choix sur l’Europe. Je veux faire de la présidentielle un référendum sur les traités européens. La bonne attitude consiste-t-elle à s’entêter dans la nullité actuelle ou à essayer de changer à fond le cours des événements ?
Vous avez critiqué la gestion du dossier des réfugiés par Mme Merkel. L’immigration peut-elle être une chance pour la France ?
La question est piégée. A des moments oui et à d’autres non. Je n’ai jamais été pour la liberté d’installation, je ne vais pas commencer aujourd’hui. Est-ce que, s’il venait dix mille médecins s’installer en France, ce serait une chance ? Oui.
En somme, vous êtes favorable à une politique des quotas, en fonction des besoins ?
Parfois. Mais je le répète : quand les gens arrivent, il faut une politique humaine et les traiter dignement. C’est-à-dire les accueillir autrement que dans les conditions de la « jungle » de Calais. L’urgent est qu’ils n’aient plus besoin de partir de chez eux. Je suis pour la régularisation des travailleurs sans papiers mais pas pour le déménagement permanent du monde, ni pour les marchandises ni pour les êtres humains. Emigrer est une souffrance.
En juillet, vous avez été critiqué pour avoir parlé du « travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place ». Regrettez-vous cette formule ?
C’est une mauvaise querelle qui m’a été faite en tronquant mon propos ! Quelle hypocrisie ! Du PS au FN, tous ont voté le nouveau statut de travailleur détaché. C’est inacceptable. Cela doit être abrogé. Tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, y prêtent la main ne peuvent aboutir qu’à semer la haine et la xénophobie. Cette mise en compétition de chacun contre tous détruit tous les liens sociaux et répand une souffrance croissante dans notre pays à tous les étages de la société. Murés dans la peur du lendemain, les cœurs se ferment. Si je devais résumer ma priorité, il s’agit de rendre plus humaine une société qui l’est toujours moins. Voilà le vrai enjeu de l’élection de 2017.
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Bravo M Mélenchon. Je peux témoigner sur vos propos quand vous étiez ministre sur les formations professionnelles.
Dix-sept ans dans le secteur privé et accepter de remplacer un de mes professeurs qui nous avait formé pour un emploi après un bac pro de l’époque(1978). Dix ans en Maitre auxiliaire avant un possible concours de l’EN pour être titularisé. En sachant que je proposais un emploi qualifié à tous mes élèves en sortant de notre formation.