Dans ce post je parle d’une passion : l’enseignement professionnel, d’Alstom et du droit à l’avortement en Pologne et en France.
J’étais à Strasbourg cette semaine pour la session du Parlement européen. J’ai su que monsieur Macron-le-magnifique s’y trouvait aussi. L’homme qui a rompu ce qu’il restait de la synthèse entre les deux gauches au PS a fait forte impression, évidemment. Il ne fait que cela, notamment à la une de tous les journaux, chaque jour. On voit quel genre de « gauche » il incarne quand il félicite Juppé pour sa réforme de novembre-décembre 1995, prône le recul de l’État dans la société et ainsi de suite en faisant le tour des poncifs de la droite. « Droite modérée », cela va de soi… En tous cas, France 2, la voix de son maître, a pris le tournant : le service politique, qui chantait ses louanges avant, lui a bien démoli le portrait le lendemain même. Et voici le beau Macron mis au régime des vilenies de France 2 comme moi-même. Je le rassure : ça n’a pas d’impact. De moins en moins de personnes regardent, sauf les soirs où un socialiste passe sur la première chaîne.
Dans l’hémicycle de Strasbourg, les nouvelles affreuses du bombardement d’Alep ont permis un nouveau déchainement en faveur de la guerre avec la Russie. « Choisir son camp », comme ils disent dans leurs transes d’indignation à géométrie variable. Précisément, c’est ce qu’il faudrait faire. Mais en faisant passer la ligne des « camps » entre Daech, les différentes factions de l’islamisme guerrier, sans trier, et une coalition universelle. Et certainement pas entre les Russes et les Américains. L’invasion turque, la rupture de la trêve par les États-Unis d’Amérique ont enclenché en riposte une reprise des opérations de guerre des Russes.
À présent les positionnements de chacune des puissances engagées sont une lourde perte de temps et de vies humaines. Les USA refusent de reprendre la discussion sur le cessez le feu. Ruse de propagande pour se donner des airs d’innocents. Des innocents, dans ce conflit, il n’y en a que sous les bombes. C’est le propre de la guerre, car de guerre propre, il n’y en a jamais. Les populations de Mossoul en général et les Kurdes en particulier après la population d’Alep vont à présent elles aussi nourrir les charniers. À mes yeux, il faut raison garder et ne pas céder au « campisme » est-ouest qui empêche de penser et de proposer des solutions viables. La marche à l’abîme se propage, des frontières de l’Europe à celles de l’extrême orient. Garder raison, c’est s’interdire les alignements et le service extérieur de la propagande des belligérants.
Où sont passés les hypocrites du burkini ? Cet été, ils prétendaient défendre les droits des femmes avec l’enthousiasme des nouveaux convertis. Leur conviction féministe a disparu aussi vite qu’elle était apparue. On ne les entend pas protester contre le recul du droit des femmes qui s’annonçait en Pologne. Pourtant, c’est l’interdiction de l’avortement qui a été en débat là-bas. Mais les « radicalisés religieux » ne sont pas musulmans ! Juste des catholiques brutaux et archaïques. Le droit des femmes à disposer de leur corps n’intéressait donc pas ces féministes de la 25e heure.
Avec le burkini, leur but était de faire un lien entre le massacre de Nice le 14 juillet et la religion musulmane. Sans doute parce que beaucoup de ceux qui étaient en première ligne sur place savaient déjà combien ce lien n’était guère évident. Le journal « Le Monde » vient de le révéler dans une enquête fouillée sur la personnalité du criminel. À présent, les voilà bouche cousue. Meurent les femmes plutôt que l’obscurantisme à leur sujet. En Pologne, le meurtre de masse était en bon chemin. Car refuser l’avortement légal c’est toujours augmenter le nombre des avortements clandestins et des mortes qui vont avec. Là-bas, une régression historique est en cours. L’intégrisme catholique attaque les droits des femmes sur tous les plans. Cela prouve combien le problème en la matière n’est pas telle ou telle religion. Le problème, c’est l’usage politique qui est fait de n’importe quelle religion pour contraindre les êtres humains en général à des comportements absurdes, et toujours les femmes en particulier à un sort misérable.
En Pologne, la droite catholique au pouvoir veut supprimer ce qui reste du droit à l’avortement hérité de la période soviétique. La majorité parlementaire a été saisie de deux projets de loi d’initiative citoyenne sur le sujet. L’un proposait d’élargir le droit à l’avortement : il a été rejeté. L’autre propose au contraire de revenir sur les cas d’avortement aujourd’hui autorisé et d’interdire presque totalement le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Ce projet de loi a été accepté par les parlementaires pour être examiné plus en détail. Il prévoit de limiter l’avortement légal aux seuls cas extrêmes de danger imminent pour la vie de la mère. Il a fini par être repoussé. On verra vite que les intégristes ne s’y résigneront pas.
Le droit à l’avortement a déjà été attaqué en Pologne après la chute du régime communiste. Pourtant, les Polonaises ont conquis le droit à l’avortement de haute lutte dans l’histoire. D’abord en 1930 en cas de viol ou d’inceste et pour les mineures de moins de 15 ans. Puis surtout en 1956, sous le régime communiste, une loi a autorisé l’avortement posant comme seule exigence l’existence de « conditions de vie difficiles » pour la femme enceinte. Mais après la chute du mur de Berlin, en 1993, l’Église catholique et l’État ont passé un accord pour restreindre ce droit. L’avortement est depuis autorisé seulement pour les femmes victimes de viol et d’inceste, celles dont la grossesse présente un risque pour leur santé ou leur vie et celles dont l’embryon présente une pathologie grave. Une misère !
Mais pour les fous de dieu polonais c’est encore trop ! Ils voulaient donc réduire cette maigre autorisation aux seuls cas où la vie de la femme serait en danger imminent. Une terrible régression menaçait. Le risque évident, c’est la souffrance des femmes et le développement des avortements clandestins, dans des conditions de dignité, de sécurité et d’hygiène effroyables. Le projet de loi polonais prévoyait même de punir de 5 ans de prison les médecins qui pratiqueraient un avortement illégal contre 2 ans aujourd’hui. Et, ignominie ultime, il prévoyait aussi la possibilité de condamner à 5 ans de prison les femmes qui avorteraient ! Même les évêques polonais ont dit qu’ils ne souhaitaient pas la condamnation des femmes… tout en rappelant qu’ils sont absolument partisans de l’interdiction de l’avortement. Des bigots Tartuffes ordinaires.
La résistance des féministes polonaises a été magnifique. Lundi 3 octobre, elles ont organisé une journée de grève. Oui, une grève. Parce que le droit à l’avortement, c’est le droit pour les femmes de disposer librement de leur corps. Leur corps, le même que celui utilisé pour produire des richesses et occuper des emplois souvent plus précaires et moins payés que les hommes. Féministes et progressistes polonais ont manifesté par milliers dans les rues et sur les places du pays. Parmi les slogans : « On veut des médecins, pas des flics » ou « il nous faut des soins médicaux, pas les souhaits du Vatican ».
Je note au passage le rôle des réseaux sociaux dans l’organisation et la diffusion du mot d’ordre de « Manifestation noire » (« CzarnyProtest »). Les sondages disent que seul 11% de la population polonaise soutenait ce projet de loi ! La moitié ne voulait pas de changement de la législation même si elle était déjà très éloignée des conquêtes antérieures. Au contraire, près de 40% veulent élargir le droit à l’avortement. La veille de la journée de « grève des femmes », dimanche 2 octobre, des rassemblements de soutien avaient eu lieu un peu partout et notamment à Paris devant l’ambassade de Pologne. Ma camarade, la conseillère de Paris et co-coordinatrice du Parti de Gauche, Danielle Simonnet, nous y représentait.
Une nouvelle fois, « l’Europe qui protège » n’a servi à rien alors qu’elle passe son temps à faire voter des résolutions et autres rapports sur les droits des femmes ! Le Parlement européen a débattu une fois de plus du sujet. Sans voter aucune résolution qui n’aurait eu de toute façon aucune valeur contraignante ni aucun effet. Quant à la Commission européenne et aux chefs d’État, ils sont capables d’extorquer l’accord de pays d’Afrique, des Caraïbes ou du Pacifique pour des accords commerciaux inégaux. Ils sont capables de broyer un gouvernement progressiste en Grèce, de piétiner des référendums populaires et de punir un état-membre pour un taux de déficit budgétaire excessif. Mais ils sont incapables de protéger les femmes contre un recul terrible du droit fondamental à disposer de leur propre corps. On voit combien les propositions aussi timides qu’une « clause de non régression des droits » en Europe sont totalement absentes et illusoires face aux conservateurs et réactionnaires de l’Union européenne. Il en va de même de l’initiative portée par le programme L’Humain d’abord de 2012 pour une « clause de l’européenne la plus favorisée » pour aligner les droits des femmes sur le meilleur niveau reconnu dans l’Union européenne. Les féministes polonaises ne pouvaient donc compter que sur elles-mêmes. Et bien sûr notre soutien total.
Comme vous le savez, j’appartiens à une génération qui a connu l’avant et l’après droit à l’avortement en France, l’avant et l’après droit à la contraception sans autorisation parentale pour les mineures. Avant 1974 et Giscard D’Estaing, la majorité c’était 21 ans, et l’avortement était criminalisé quel que soit l’âge de la femme et du médecin. Je voudrais témoigner que dans ces questions, si la femme portait l’essentiel de la charge, le garçon qui l’aimait, aussi. Cette histoire-là, c’est le plus souvent une affaire qui concerne les deux partenaires. Je n’ai rien oublié de cette époque. Pour les filles et les garçons de famille de riches, pour celles et ceux qui « savaient » où, quand et comment avorter clandestinement, tout était beaucoup plus simple. Pour les plus chanceuses des autres, heureusement qu’il y avait le MlAC et ses bus vers la Hollande. Et sinon, c’était la tricoteuse et la mort qui rôdait.
J’ai tout cela à l’esprit. Je sais bien ce que je dois lire derrière les visages et la rage de la réaction qui monte partout en Europe. La puissance de la « Manif pour tous », l’intensité de la haine contre les musulmans et les juifs dans notre pays, tout cela doit nous mettre en garde contre ce qui pourrait nous arriver aussi cette fois-ci ou une autre. Car ce sont les mêmes enragés qui cuisent dans ces divers potages de haine. Quand je découvre que Laurent Wauquiez revient à la charge contre la ministre Vallaud-Belkacem qu’il accuse d’être un suppôt de « la théorie du genre », je sais que les couteaux sont tirés contre le camp de la philosophie des lumières.
En effet, il n’y a pas de « théorie du genre » ni au singulier ni comme un tout. Il y a des méthodes d’analyses qui déconstruisent l’idée selon laquelle les « caractéristiques masculines et féminines » seraient autre chose que des constructions sociales et culturelles qui varient notamment au fil du temps, des lieux et des cultures. Pourquoi un homme instruit comme monsieur Wauquiez fait-il semblant de ne pas le savoir ? Parce qu’il lui importe de revenir aussi fermement que possible aux assignations de rôles « complémentaires » comme ils disent, de l’homme et de la femme. Lesquels rôles finissent toujours par être distribués autour de la procréation et des liens sociaux qu’elle fonde. Ceux-là sont contre la « théorie du genre » pour mieux priver, à la fin, les femmes de la propriété exclusive et personnelle de leur corps. Je le sais et je crois de mon rôle de le répéter pour éviter les naïvetés !
Le corps des femmes a toujours été la frontière de tous les communautarismes. Et toutes les religions engendrent leurs fondamentalistes et leurs communautaristes comme en a convenu le pape lui-même dont la charité chrétienne est pourtant prise en défaut sur ce thème, puisqu’il mène une guerre impitoyable aux femmes sur le sujet dans l’univers entier. Je voudrais dire que si les croyants ont le droit, selon la règle de leur croyance, de considérer l’avortement comme un crime et le choix de n’y point recourir, ils ne doivent pas avoir le pouvoir d’imposer aux autres leur vue sur le sujet. Imposer par la loi la punition de l’avortement, c’est de même nature que l’obligation de se voiler imposée en Iran par la police des mœurs. Et j’en profite pour rappeler que militer pour le droit à l’avortement ce n’est pas militer pour l’avortement mais renvoyer chaque personne à sa propre et libre appréciation personnelle dans les circonstances qui conduisent à se poser la question.
Ayant tout cela à l’esprit, je veux rappeler que si je suis élu, je proposerai que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Constitution, de même que le droit de mourir dans la dignité. Les deux droits ont une racine commune : disposer de soi en seul(e) propriétaire de soi.
Alerte pour l’enseignement professionnel. Trente ans après la création du bac professionnel, l’enseignement professionnel public est en voie de destruction totale. Deux quinquennats se sont acharnés sur lui dans un cocktail dévastateur qui mêle coupes budgétaires et mépris crasse pour les qualifications. Depuis 10 ans, sous Hollande et Sarkozy, 176 lycées professionnels publics ont été fermés. Au total, 3 500 classes ont disparu dans cette voie éducative des métiers. Pendant ce temps, pourtant, la hausse du nombre des jeunes scolarisés continuait. Ainsi, l’enseignement pro accueillait 57 000 lycéens en moins en 2015 par rapport à 2005, alors que l’ensemble second degré absorbait 76 000 élèves supplémentaires sur la même période. Du coup, ceux qui voulaient choisir cette voie ne le peuvent souvent plus. Et ceux qui ne peuvent pas être accueillis dans les filières pro sont donc orientés par défaut dans l’enseignement général comme dans une impasse.
Inutile de préciser que, dans ces conditions, le taux d’échec augmente et, avec lui, les sorties du système scolaire sans qualification. Dans certaines académies (les « régions » de gestion de l’Éducation nationale) qui s’étendent sur plusieurs départements souvent enclavés, comme Limoges, Clermont-Ferrand ou Besançon, il y a désormais moins de 20 lycées professionnels pour toute la région. Cette pénurie est une dissuasion efficace on s’en doute.
Cette anémie est criminelle pour l’avenir professionnel de millions de jeunes et la vie productive du pays. Elle ne tombe pas du ciel. Elle est voulue et planifiée. Pour le ministère des Finances qui relaie les injonctions de la Commission européenne, les critères comptables dominent tout. Jusqu’à l’organisation des cursus. L’invention du passage de la durée de préparation du bac pro de 4 ans à 3 ans en est un exemple frappant. C’est un choix aberrant sur le plan pédagogique et éducatif. La hache passe partout et tape fort. De plus, sous le doux nom de « rationalisation des structures », tous les établissements, quels qu’ils soient, comportant moins d’un certain nombre d’élèves par classe sont amputés de sections et de classes. Mais l’enseignement professionnel comporte par nécessité pédagogique un nombre beaucoup moins élevés de lycéens par classe. Ils sont autour de 20 en moyenne contre 30 dans l’enseignement général. C’est donc à lui qu’on a fait supporter l’essentiel des suppressions de moyens.
Loin d’être aveugles, les coupes budgétaires des 10 dernières années ont donc frappé en priorité la voie professionnelle. Déjà sous Sarkozy, elle supportait les 2/3 des suppressions de postes du 2nd degré. Pourtant, elle ne scolarisait alors que le tiers des lycéens. Cet acharnement s’est poursuivi sous Hollande. Les annonces de postes créés sans réalité se concentrent dans l’enseignement professionnel. Les concours de recrutement sont en effet très loin de pourvoir les créations de postes promises par les annonces présidentielles. Ils restent donc vacants. Soit parce que les concours sont volontairement sous-calibrés (pas assez de postes ouverts), pour afficher des créations d’emplois dans le budget mais ne jamais les créer en réalité. Soit parce qu’ils ne sont plus attractifs : commencer à 1 400 euros dans un métier difficile et méprisé avec un niveau master a tari les viviers d’enseignants dans beaucoup de secteurs.
C’est encore plus absurde dans l’enseignement professionnel où les enseignants des disciplines techniques sont souvent des professionnels reconnus dans leur métier dont on exige désormais qu’ils aient un niveau master pour devenir enseignant ! Et je ne dis rien de l’énorme perte de salaire que cela peut représenter pour un professionnel expérimenté. Résultat : depuis 2012, l’enseignement professionnel a perdu 3 340 équivalents temps plein d’enseignants devant les élèves. Loin d’atténuer ce carnage décidé sous Sarkozy, Hollande a donc poursuivi la destruction de l’enseignement professionnel public. Même les crédits pédagogiques sont en baisse de 30 % par rapport à 2012, ce qui a souvent reporté sur les élèves des frais supplémentaires d’équipement et de fournitures (matériaux, outillages etc).
Avec ça, les destructeurs se gargarisent de discours promotionnels de promotion idéologique de l’apprentissage. Pour ces gens-là qui ne savent rien des métiers, l’apprentissage tient lieu de politique des qualifications. Alors, depuis 10 ans, les gouvernements de Sarkozy et Hollande ont multiplié les aides pour l’embauche d’apprentis, sans que jamais l’objectif, fixé par Sarkozy et repris par Hollande, de 500 000 apprentis ne soit atteint. L’apprentissage stagne au contraire autour de 400 000 contrats en dépit de toutes les tentatives de relance. Il a même baissé depuis 2013 où l’on comptait 430 000 contrats. On manque d’offres des employeurs pour recevoir des apprentis ! Bien sûr. Car même pour prendre des appentis subventionnés, encore faut-il avoir un niveau d’activité suffisant pour les payer !
Et la voie de l’apprentissage reste précaire ! Elle n’est pas adaptée à tous les jeunes : un apprenti sur 4 ne va pas au bout de son contrat. Dans les métiers les plus durs (comme la boulangerie), ce taux d’abandon approche les 50 %. S’y ajoute une grande précarité salariale avec des payes souvent inférieures au SMIC pour un travail à temps complet. La stagnation du SMIC (référence de calcul de la rémunération des apprentis) n’arrange rien. Quant à la revalorisation des minimas salariaux des apprentis de 16-20 ans annoncée par le gouvernement, elle ne sera finalement appliquée qu’en 2017. À défaut d’avoir amélioré significativement la condition des apprentis, les gouvernements de droite et du PS ont multiplié les aides inefficaces pour les employeurs. Valls a ainsi instauré une prime de 1 000 euros par embauche d’apprenti depuis 2014. Cela a créé un effet d’aubaine pour des contrats qui auraient de toute façon été signés. En effet entre fin 2014 et fin 2015, le nombre d’apprentis n’a progressé que de 2 000 !
La loi El Khomri a ajouté à cela d’autres mesures spécialement dangereuses, selon moi. Elles traduisent bien la profonde méconnaissance des enjeux actuels de la qualification. Il a ainsi été décidé d’ouvrir l’apprentissage pour préparer des certificats de branches (CQP). Aujourd’hui, l’apprentissage n’est possible que pour préparer des diplômes nationaux. Cette évolution va faire reculer les préparations de diplômes nationaux qui sont autant de qualifications larges et durables. À la place de quoi sont prévus des « certificats de branche » avalisant des compétences plus étroites et périssables. La précarité des futurs salariés en sera accrue. Et ils seront condamnés à vie au renouvellement de ces « certificats » à mesure que le cycle des machines raccourcira et la compétence de leurs servants se rétrécira. Dans le même état d’esprit sera aussi désormais délivrée une attestation de compétences « partielles » aux apprentis rompant leur cursus, pour faciliter la reconnaissance future d’acquis. Bref tout le système des qualifications part en morceaux et l’asservissement des salariés sera augmenté d’autant. Cette formule calamiteuse des « certificats de compétence » a été tentée dans plusieurs pays avec partout le même résultat : l’abaissement du niveau de qualification, la faible adaptation des salariés à tout changement dans les process de production, la nécessité pour eux de revenir sans cesse se requalifier au fil des années.
C’est l’inverse de tout cela qu’il faut faire. Commençons par abroger ce flot de mesures absurdes. Il faut prononcer un moratoire immédiat sur les fermetures de classes et d’établissements de l’enseignement professionnel public. Puis on passera aux tâches pour reconstruire le système éducatif de la voie des métiers afin qu’il offre à nouveau un maillage fin et des formes de cursus adaptés aux besoins des jeunes. Un réseau national cohérent de lycées polytechniques incluant tous les niveaux du CAP au BTS sera un des outils de cette reconstruction. On devra y intégrer des centres de validation des acquis. Et pour permettre cette relance du service public de la qualification, le recrutement des enseignants devra être adapté pour attirer à nouveau des professionnels reconnus dans leur branche. Cela passe par exemple par la réouverture de cycles rémunérés de préparation aux concours d’enseignants, permettant à ces professionnels de compenser la perte de salaire liée à cette reconversion professionnelle.
L’élévation du niveau de qualification passe par le fait que l’on puisse circuler plus facilement entre les paliers de formations du CAP au bac pro puis ensuite aux BTS / DUT et même à la licence professionnelle. Les grands discours du gouvernement à ce sujet sont en contradiction avec ce qu’il fait vraiment en réalité. Ainsi la loi sur l’enseignement supérieur de 2013 a-t-elle bruyamment réservé des places pour les jeunes qui ont un bac pro dans les sections de BTS, où ils ne représentent que 29 % des inscrits. Baratin. Car compte tenu du maillage très insuffisant des lycées professionnels comportant une section de technicien supérieur (STS) cet accès est en réalité un parcours du combattant.
A la rentrée 2015, 65 % des bacheliers se retrouvant sans aucune affectation dans le supérieur après en avoir fait la demande étaient des bacs pros ! Faute de places accessibles en STS (section de techniciens supérieurs), certains arrivent par défaut à l’université. Cruelle illusion. Car seulement 5 % arrivent jusqu’à la licence. Quant à ceux qui ont réussi à intégrer une STS, leur taux de réussite n’est aujourd’hui que de 50 %. Pourtant il est de 80 % pour l’ensemble des étudiants passant le brevet de technicien supérieur (BTS). Là encore, c’est parce que le contenu de l’enseignement professionnel a été fragilisé ! En particulier par la réduction du bac pro à trois ans d’étude qui a conduit à raboter sur les contenus généraux des différentes disciplines, décisifs pour les poursuites d’études.
Les bases de la politique que j’avais posée quand j’étais ministre de l’Enseignement professionnel de 2000 à 2002, ont été détruites par les politiques de droite des sarkozystes et des PS qui ont suivi. Pour moi, cette question ne peut se dissocier des objectifs du plan de transition écologique. Des centaines de milliers de nouveaux travailleurs femmes et hommes doivent être mis en capacité professionnelle de faire face au défi. C’est le cas par exemple pour l’économie de la mer. Il nous faut trois cent mille professionnels supplémentaires. Entre autres choses, je voudrais qu’il y ait au moins un lycée professionnel maritime par département côtier. Je voudrai mieux, mais ce chiffre est déjà un petit défi. Car apprenez que par exemple pour toute la région Picardie, Nord-Pas-de-Calais où je me trouvais en visite quand je fus à Boulogne, il n’y en a plus qu’un seul ! Il n’y en a pas non plus en (ex) PACA… et ainsi de suite. Ampleur du désastre !
Par leur lutte, les salariés d’Alstom ont gagné un sursis. L’usine de Belfort ne fermera pas à court terme. C’est un encouragement pour tous les salariés du pays : la campagne électorale est l’occasion d’arracher quelques victoires, et la lutte est la seule manière de mettre la question sociale au cœur de l’élection. Mais le bricolage inventé par François Hollande dans le cas d’Alstom vise surtout à effacer son propre bilan. Aucun problème de fond n’est réglé et aucun plan de développement de la filière ferroviaire n’est sur la table.
Les annonces du gouvernement sur l’avenir du site d’Alstom Belfort n’ont qu’un but : éviter cyniquement l’annonce de la fermeture de l’usine avant l’élection présidentielle. François Hollande n’a rien eu à faire du ferroviaire ni d’Alstom pendant tout son mandat. Il a même fait tout ce qu’il pouvait pour détruire l’un et l’autre. Son changement de pied ne doit rien à une conviction et tout à ce qu’il croit être son intérêt électoraliste. Bien sûr, en disant cela, je n’enlève rien à la belle victoire remportée par les salariés d’Alstom Belfort et je partage leur soulagement de voir leur usine continuer à vivre et à produire.
Mais le bricolage industriel est à l’ordre du jour. Après avoir abandonné le ferroviaire et laminé l’investissement public pendant cinq ans, François Hollande découvre que sa politique d’austérité est une cause centrale des malheurs d’Alstom ! Et il se résout donc à ce que l’État commande des trains ! La recette montre l’absence de stratégie : 6 TGV dont 12 locomotives par-ci pour le Paris-Turin-Milan, 20 locomotives diesel par-là pour dépanner des trains en panne et donc, le comble, l’achat de 15 rames de TGV, donc 30 locomotives, pour les trains « intercités ».
Le rafistolage frôle le ridicule : à quoi cela rime-t-il d’acheter 15 rames TGV pour les faire circuler sur des lignes intercités et non sur des lignes à grande vitesse ? François Hollande sait-il que le TGV peut circuler à la vitesse de 320 km par heure mais qu’il ne pourra rouler qu’à 200 km par heure, dans le meilleur des cas, sur les lignes intercités ? Du coup, sait-il que l’organisation des rames et leur confort ne seront pas ceux d’un train intercité actuel ? Sait-il que les lignes Bordeaux-Toulouse et Marseille-Perpignan ne seront pas transformées en lignes LGV avant plus de dix ans si tant est qu’elles le soient un jour ? Et qu’il est donc possible d’y faire circuler des trains moins coûteux à l’achat et à l’exploitation que des TGV ? Quelle est la logique de dépenser l’argent public pour équiper inutilement deux lignes intercités en TGV quand le gouvernement prétend ne pas avoir d’argent pour une vingtaine d’autres lignes intercités qu’il veut fermer ou abandonner aux régions ? Et cette commande ne va-t-elle pas pénaliser un autre site d’Alstom, celui de Reichshoffen, qui produit justement des trains prévus pour les lignes intercités ? Y-a-t-il encore un pilote dans la locomotive gouvernementale ?
Ce plan ne tiendra peut-être pas au-delà de la présidentielle. Pourquoi ? Parce qu’il a l’air fragile du point de vue du respect des règles de la « concurrence libre et non faussée » de l’Union européenne que François Hollande n’a pas l’intention d’enfreindre. C’est notamment le cas pour ce qui concerne la commande des 15 rames de TGV. En effet, un tel marché doit faire l’objet d’un appel d’offre européen en vertu des règles européennes. Pour l’éviter, le gouvernement s’est appuyé sur un accord-cadre existant entre l’État, la SNCF et Alstom qui prévoit des commandes supplémentaires en option. Mais rien ne dit que la dogmatique Commission européenne ne demandera pas des précisions voire n’imposera pas une remise en cause des commandes ou une amende. Hollande s’en moque, cela va prendre des mois et n’interviendra pas avant la présidentielle. Après lui, le déluge, doit-il se dire. Mais le déluge est peut-être dans un détail. Celui par lequel on a appris que les rames seraient peut-être revendues ensuite. À qui ? N’est-ce pas là comme une contribution à la mise en circulation concurrente de compagnies de train ?
Aucune des causes profondes n’est traitée par ce rafistolage. Alstom Belfort ne vivra pas sans nationalisation d’Alstom, sans plan d’investissement public massif, sans politique ferroviaire ambitieuse, sans sortie des traités européens et du dogme de la concurrence libre et non faussée par un protectionnisme solidaire comme je l’ai écrit dans ma tribune publiée dans le journal Le Monde du 16 septembre.
Et Alstom est un parfait symbole de l’échec économique du gouvernement et de son idéologie. Alstom transport a été fragilisé par l’abandon successif des autres activités du groupe et notamment par la vente de la branche énergie en 2014 à General Electric, vente actée par Hollande lui-même avec l’appui de ses ministres de l’Economie de l’époque, Arnaud Montebourg d’abord puis Emmanuel Macron ensuite. Loin de la politique de l’offre, Alstom Belfort souffre du manque de commandes de trains dû à la politique d’austérité. S’il y avait besoin de 21 rames TGV, pourquoi avoir attendu la menace de fermeture de l’usine de Belfort pour passer commande ? Personne n’avait pensé à les acheter avant ? Ou, plutôt, qui a refusé de débloquer l’argent pour les acheter ?
L’absence de commandes vient aussi de l’abandon de toute ambition pour le ferroviaire dans notre pays. Le réseau ferré est dans un état lamentable comme l’a dénoncé l’émission « envoyé spécial » de France 2 jeudi 27 septembre. Et le gouvernement a tout fait pour saboter le rail : refus de faire reprendre la dette de la SNCF par l’État pour relancer les investissements, acceptation et mise en œuvre anticipée du 4e paquet ferroviaire pour ouvrir à la concurrence les trains régionaux TER et les trains Intercités, soutien au développement du transport par autocar avec la loi Macron au détriment du ferroviaire, etc.
L’absence totale de planification écologique se voit aussi dans le fret : abandon de tout principe d’écotaxe poids lourds au motif que celle prévue était mal ficelée, autorisation des poids lourds de 44 tonnes sur les routes, plan de relance autoroutier mais abandon du projet d’autoroute ferroviaire entre Calais et le pays Basque etc. Pourtant, Alstom Belfort ne produit pas que des TGV. Alstom Belfort produit aussi des locomotives de fret. Un plan national de développement du fret ferroviaire aurait permis de donner du travail à Belfort en s’épargnant le ridicule de voir des TGV exploités aux deux-tiers de leur capacité sur des lignes classiques.
Enfin, la question de la concurrence déloyale reste posée. Cet été, la filiale commune de la SNCF et de son équivalent allemand a décidé de commander 44 locomotives au constructeur allemand Vossloh, concurrent d’Alstom. Mais ce n’est pas parce que les locomotives allemandes seraient meilleures. C’est parce qu’elles sont soi-disant « moins chères ». Et pourquoi sont-elles « moins chères » ? Parce qu’elles sont en grande partie fabriquées en Pologne, dans des conditions salariales et sociales moins favorables aux salariés. Le dumping social et la concurrence déloyale tuent l’industrie française aussi sûrement qu’ils tuent les droits sociaux des travailleurs ici et là-bas. Et l’argent de la SNCF sert à financer ce système au lieu de soutenir l’activité en France.
Bref, la lutte des salariés d’Alstom a permis d’éviter la fermeture immédiate. Mais leur chance d’un avenir meilleur passe, comme pour tous les Français par l’élection de 2017. Ce sera l’occasion d’imposer d’autres choix pour la France et son industrie. Il en va de l’intérêt général et de notre capacité à mener la transition écologique.
125 commentaires
LE GALL
impossible de contester la validité de l’état des lieux désastreux de l’enseignement professionnel. Mais pourquoi passer sous silence le saccage de l’enseignement général, à grands coups de pédagogisme et d’abandon de la transmission de savoirs disciplinaires. Aujourd’hui, on peut obtenir le bac L littéraire en France sans jamais avoir lu un livre dans son intégralité, et très bientôt les profs d’anglais ne connaîtront rien de Shakespeare. C’est une catastrophe écologique de l’esprit que nous traversons; chaque jour, disparaissent des cerveaux des jeunes français des dizaines de chefs-d’oeuvre de l’esprit humain. Notre programme est pour l’instant très insuffisant sur ce point, et une « audition programmatique » de la sociologue de l’éducation Nathalie Bulle (« L’Ecole et son Double ») serait plus que bienvenue.
Jean-Pierre Boudine
Je recommande, dans le même esprit, « Le Krach Educatif », écrit avec mon collègue Antoine Bodin, publié en 2010 (Jean-Luc Mélenchon en a reçu un exemplaire !). Mais réformer l’EN est un travail qui aurait reculer Hercule lui-même. Tant il y a chez nous de préjugé contre tout ce qui n’est pas formation purement intellectuelle.
Nicks
Le désastre de la filière ferroviaire n’est qu’un élément d’un faisceau qui touche tous les domaine du bien commun et des services publics. Ce désastre est au moins indirectement organisé, à la fois pour détruire la puissance publique et se fondre dans l’ère du tout marchand porté notamment par l’UE. La reprise en main de l’aménagement du territoire est donc urgente et est une attente de nombreux Français, notamment dans les territoires ruraux. Par ailleurs, l’épisode polonais concernant le droit des femmes mais aussi la place de la religion dans la société, renvoie effectivement aux questions soulevées dans le débat français. S’il faut souligner avec force l’hypocrisie de la droite extrême qui se fout de la laïcité et qui prépare au retour d’une doxa chrétienne intolérante, il faut également refermer de toute urgence la porte qui a pu s’ouvrir à « gauche » avec des positions à mon sens irresponsables sur la visibilité religieuse dans l’espace public. On le voit, une fois cette porte ouverte, toutes les communautés religieuses s’y engouffrent pour porter leur courant réactionnaire qui leur est aussi commun que la haine qu’elles se portent les unes aux autres. Là encore, il me semble qu’une majorité de Français ne veut pas de cette régression et demande, dans le respect de chacun, sans stigmatisation, mais aussi sans angélisme, la défense et la réaffirmation de la laïcité, sans laquelle les libertés publiques seront menacées.
romain g.
Egoïsme, vulgarité et violence ont le vent en poupe à peu près partout. Ils se retenaient depuis si longtemps. C’est eux les « winners » en ce moment, ils se marrent bien, ils discutent aussi attention, et ils vont continuer de s’en taper une bonne tranche. Ben oui. c’est tellement bon. A part si on y met un coup de balai printanier (j’ai peur d’être populiste en disant ça mais bon). Mais on m’a souvent dit « faut pas rêver » c’est un truc de looser. Alala que faire ? Du coup, je passerai donner un coup de main pendant votre campagne qui donne un peu d’oxygène pour supporter les apnées !
Denis F
Tient cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas entendu cette expression « passer un coup de balai », j’en suis bien d’accord et afin d’éclairer un peu les endroits où il serait plus que nécessaire d’y pratiquer ce salutaire travail voici (sur ce blog) un article du professeur Chems Eddine Chitour ayant pour titre « Un monde sans scrupules. Le règne des « médiocres » ». Article un peu long mais d’une grande véracité et collant parfaitement à nos préoccupations permanentes.
Sylvain COSTET
Je déplore et regrette de ne pas lire ici de condamnation claire et ferme des bombardements sur Alep, de l’assassinat systématique des civils, des attaques contre les hôpitaux et les convois humanitaires ainsi que du type de bombes employées.
Franck
Si vous allez sur la page actu du site du Parti de gauche, vous y trouverez un communiqué intitulé « Alep : halte au massacre ! ». De nombreux malveillants sévissent sur les réseaux pour tenter de nous écarter d’un appel unitaire contre les massacres. Donc merci de ne pas participer à cette désinformation malsaine.
gilbert
Déplorer les bombes sur Alep est bien, et il est inadmissible d’écraser une population civile sous une guerre totale. Cependant, ne pas oublier que les Etats Unis, par la guerre en Irak, créé uniquement pour s’approprier les réserves de pétrole, ont foutu le plus grand bazar possible au moyen orient. Fort de leur bêtise habituelle, et de leurs vilenies, ils ont financé Daech en achetant le pétrole via l’Aramco, ils ont financé Al Nostra pour créer des groupes de super terroristes, qui ont aujourd’hui rejoint l’EI, apporté des milliers d’armes via l’Arabie Saoudite et la Jordanie pour des soit-disant rebelles pacifiques, puis les ont abandonnés comme d’habitude. Et tout cela dans le but de détruire la Syrie. Seul pays à pouvoir résister à l’influence sioniste. Alors si la guerre aujourd’hui prend des allures de génocide, n’oublions pas de citer tous les meurtriers, et Hollande en fait partie (lui qui a livré des armes aux rebelles syriens en 2012 en dépit des résolutions de l’ONU), et qui brandit tel un phallus géant son porte avions, lui dont la virilité n’est sans doute que souvenir. Mossoul est aujourd’hui sous les bombes françaises, et ce n’est pas des bombes factices, mais bien des bombes qui tuent des enfants, des femmes, des vieillards, et éventuellement quelques combattants de Daech. Haïssons tous la guerre, et combattons même jusqu’à l’idée de tuer nos semblables, nous n’avons rien à y gagner, de toute façon, il faut toujours finir…
christian xerri
Il l’a déjà fait dans ses commentaires hebdomadaires. Des paroles bien agréables par leur intelligence, leur connaissance et leur respect des autres.
Francis
Je voudrais apporter mon témoignage sur la justesse de votre propos concernant l’importance de développer la filière professionnelle au sein de l’éducation nationale. En effet, fils d’ouvrier à une époque ou il était rare d’en sortir, j’ai suivi le cursus de l’enseignement professionnel. A l’époque c’était les collèges et le diplôme était le CAP. Parallèlement existaient dans les grandes entreprises des centres d’apprentissage. Ceux-ci formaient des ouvriers très habiles dont l’industrie en avait besoin. Les collèges techniques dispensaient un enseignement plus théorique et accordaient un poids plus important aux matières générales (imaginez, nous avions des cours de musique et d’art). Si je compare les carrières de ceux qui ont suivi la filière apprentissage avec celles de ceux du collège, il m’apparait que souvent les carrières des collégiens ont évolués différemment. En gros l’apprentissage tendait à confiner dans la trajectoire ouvrière/atelier alors que le collège donnait des armes pour la poursuite d’études dans le cadre de la formation professionnelle continue grâce aux plans de formation et au congé individuel de formation financé par le FONGECIF.
Didier
« Disposer de soi en seul(e) propriétaire de soi» est une affirmation qui soulève, pour moi, un problème. En effet elle pose la pensée de la propriété de soi sur le modèle de la propriété des choses, de sorte que le droit de propriété devient une expression fondamentale de notre liberté. Cette marchandisation du corps ouvre la porte à la vente d’organe, à l’esclavage (prostitution comprise), à la définition d’une valeur et d’une utilité de mon corps. Ce qui est contradictoire avec notre droit, où le corps humain est inaliénable : l’article 1128 du Code civil empêche de conclure des conventions sur tout ou partie du corps humain, en tant que « chose hors commerce ». D’autre part la loi reconnaît l’inviolabilité du corps humain ce qui suppose qu’aucune atteinte ne peut être faite à l’intégrité du corps humain car étant une atteinte à la dignité humaine. Et pourtant la loi peut (doit) accorder le droit à l’avortement ou à l’euthanasie. Comment est-ce possible sans contredire ces principes ?
Régine
Pour moi, il n’est pas question de marchandisation du corps, comme vous le dites, mais du droit souverain de l’humain sur sa propre vie (pas sur celle des autres). Personne ne peut être d’accord sur le fait que pour vivre certains seraient obligés de vendre leur corps. D’ailleurs en France, on parle encore de don du sang et de don d’organes et l’esclavage y est, officiellement du moins, interdit. Alors, que la loi permette le droit à l’avortement, comme en France, ou le droit d’organiser sa propre fin (ce que font ceux qui se suicident d’ailleurs), je ne trouve pas cela en contradiction avec l’article du code civile que vous citez.
talwa
@Régine, mais pas seulement, ces quelques remarques : « certains seraient obligés de vendre leur corps », écrivez-vous, mais pourquoi pas seraient « volontaires » pour le faire ? Droit à disposer de son corps concernant l’avortement et la fin de vie, oui, mais dès qu’il s’agit de le prostituer, non ? C’est l’argent, la ligne rouge entre « autorisé » et « interdit » ? La morale commune ? Oui mais laquelle ? Héritiers des Lumières, certes, nous défendons le « droit de chacun à disposer de son corps », mais quitte à admettre l’aliénation volontaire ? Ces sujets sont extrêmes, la difficulté de leur définition est complexe, et les conséquences des engagements les concernant sont vertigineuses. Sur les sociétés comme sur les citoyens.
talwa
@Didier
« disposer de soi en seul(e) responsable de soi »
Si tant est que nous sommes égaux (conditions de vie, d’éducation, de santé, etc.) en terme de « responsabilité ».
Adèle
Je crois que votre remarque est difficilement applicable telle quelle à la question de l’avortement. Celui-ci constitue justement la possibilité pour le femmes de se dégager de l’emprise que le patriarcat a sur leurs corps et, partant, sur leurs futurs. Le droit d’avorter est l’une des conditions nécessaires pour les femmes de s’émanciper de la propriété d’autrui et de se réapproprier le droit de décider pour elles. Je comprends où vous voulez en venir et peut-être que la question serait justifiée si elle ne faisait pas l’impasse sur un point essentiel qui malheureusement est bien souvent oublié et pas seulement sur la question du féminisme : le principe de domination sociale. Si les femmes sont légitimes à demander le droit de devenir « propriétaires » d’elles-mêmes c’est bien parce que le non-accès à l’avortement manifeste du fait que le contrôle de leurs corps n’est pas entre leurs mains mais entre celles d’autrui, c’est-à-dire du patriarcat et de tous ceux qui le reproduisent. Lutter pour que les femmes puissent bénéficier, au même titre que les hommes, de la possibilité d’être propriétaire d’elles-mêmes, c’est lutter pour affirmer l’égalité politique, philosophique, matérielle, entre les hommes et les femmes. Après, si c’est l’idée de propriété appliqué au corps en général qui vous pose problème, le bouquin de Robert Castel « Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi » est très très bien.
christian09
L’avortement concerne d’abord la femme, son conjoint ensuite si elle veut bien. Ce n’est pas en terme de propriété mais en terme de liberté, pour mon corps c’est moi qui décide. C’est tout simplement évident à partir de l’adolescence. Le corps serait inaliénable dis-tu. J’en suis d’accord mais que penses-tu de ces métiers qui sollicitent tant le corps, qui s’approprient le corps humains pendant des années: métiers du bâtiment, travail à la chaîne en 4×8 qui épuise, violences contre nos corps par les flics lors des manifestations, burn-out et suicides dus à l’anxiété professionnel et emprisonnement pour des motifs futiles ! Par ailleurs ce que tu appelles euthanasie, comme le fait la pensée dominante, c’est souvent le droit de disposer de soi-même pour ne plus souffrir, pour mourir dignement. Qui donc que nous-mêmes peut-il décider pour le corps d’autrui ? Enfin disposer totalement de son corps pour faire de son vivant ou après sa vie, un don d’organe de son corps, n’est-ce pas généreux, hors de tous circuits commerciaux et pour aider souvent une personne inconnue.
Pierre Pifpoche
Il est intéressant, à mon sens, de réintroduire la question de l’argent et de l’inégalité sociale face à la maîtrise de son corps au sein de ce débat, pour dépasser le simple débat théorique. J’approuve les propos sur l’inviolabilité du corps humain. Une des choses les plus choquantes avant la loi sur l’avortement était que les riches pouvaient ne pas être inquiétés en partant en Angleterre dans des conditions de sécurité correcte et que les pauvres devaient mettre en danger leur sécurité corporelle et juridique pour la même chose. Concernant les autres débats abordés, l’inégalité sociale est là aussi et ce n’est pas normal que la sécurité et la justice ne soit pas la même pour tous. Les sujets abordés par @Didier me semblent intéressants et pertinents, mais si nous n’introduisons pas le problème de l’inégalité sociale et de l’inégalité de genre pour éclairer le problème, alors cela peut ne devenir qu’un débat théorique stérile au lieu d’un débat sur la vie et le droit au quotidien de chacune et chacun. Se doter des moyens matériels et humains de pouvoir éviter à tout prix les atteintes à la santé et la vie au travail, les avortements et les suicides me semble assurément l’idéal à atteindre, même si mon propos peut choquer et susciter le désaccord, mais que ce soit l’inégalité d’argent associée à l’inégalité de genre qui puisse en décider, comme c’est trop souvent le cas actuellement, me semble criminel, choquant et contradictoire avec la constitution.
SEGESTE
Parfaitement d’accord avec vos constats du saccage délibéré de l’enseignement professionnel (initial) et de la nécessité de sa reconstruction pour la mise en oeuvre efficace et ordonnée du programme économique et politique des insoumis. Ne pas oublier l’enseignement agricole ! Quid par contre de la formation continue des salariés et des demandeurs d’emploi ? Chaban Delmas et Delors ont créé en 1970 un « marché » au sens libéral de la FC où prospèrent majoritairement aujourd’hui – business oblige – des opérateurs privés, souvent patronaux, et la certification de « compétences » limitées et souvent fumeuses. La défense des qualifications est un enjeu majeur car elles seules permettent l’évolution des carrières, la mobilité professionnelle et la promotion sociale et humaine. La validation des acquis de l’expérience (VAE), dans cette optique d’épanouissement social, doit être stabilisée et renforcée dans ses principes et sa pratique, et, surtout, préservée de l’appétit financier des organisme privées d’accompagnement et de certification vendeur de monnaie de singes. J’attends avec impatience vos réflexions sur l’évolution de la FC ! Merci et soutien pour votre combat !
semons la concorde
Sur des photos anciennes des années 1900-1920 on voit sur le quai de la gare de notre village de 3 000 habitants, une foule de paysans venus vendre leurs poulets dans de grands paniers à la foire hebdomadaire. Sur une autre, les soldats valides et blessés accompagnés d’infirmières, etc. Le train était un véritable transport en commun, accessible à tous. Aujourd’hui le prix des billets est devenu prohibitif au point que prendre sa voiture coûte moins cher. C’est inacceptable. Une nouvelle politique du transport doit s’inventer pour qu’elle soit « raccord » avec les problèmes environnementaux et le réchauffement de la planète.
patrice 30
Dans mon village dortoir situé à l’ouest de Nîmes c’est bien pire. La ligne SNCF qui existait depuis 1880 a été supprimée en 1988 alors qu’elle avait superbement servi pendant un siècle à désenclaver les campagnes et à échanger ou commercer des victuailles pendant les périodes de guerre. Maintenant nous avons le choix entre route et route et pollution ou pollution. Le réseau routier autour de Nîmes étant saturé et souvent bloqué de 7h à 9h et de 16h à 19h du lundi au vendredi. Les vélos vont bien plus vite que les voitures mais ce n’est pas une solution car les pistes cyclables ne sont pas en continue. C’est dangereux et aux risques et périls du cycliste. Dans cette région au taux de chômage record et au taux de vote FN record nous sommes très loin d’une nouvelle politique du transport.
Robert ARNAUD
Transport collectif érigé en service public gratuit, voilà qui redonnerait de l’égalité entre les habitants de tous les territoires de la république. Un plan de développement de navette cadencée sur rail entre toutes les villes de plus de 2500 habitants et c’est la disparition de 50% du trafic automobile. Couplé au développement du vélo, en quelques années on ne reconnait plus le pays et tout le monde vit mieux.
escoe
L’existence d’un Wauquiez ou d’un Barbier (l’Express) justifient à elles seules la fermeture immédiate de Normale Sup lettres. Parce quand une école produit des gens aussi malhonnêtes avec l’argent des contribuables il est temps d’agir.
Degorde
Sur la Syrie vous avez raison. Il faut dénoncer ces postures et impostures. Les transes actuelles à la télévision au JT ne sont que des cris de haine impuissante en face d’un succès de l’intervention russe qui taille en pièces les jihadistes soutenus par l’occident, notamment la France et les Etats-Unis. Vous avez été le seul en octobre 2015, il y a tout juste un an à oser aborder ce sujet.
Nicolas.B
Exactement, où étaient ils quand les bonnes bombes de l’occident bombardaient allègrement. Ils nous écœurent avec leurs propagandes, leurs postures à géométrie variable. Qui sème la guerre récolte la guerre, il est temps de sortir de l’OTAN pour se mettre au service de la paix, le seul service que la France n’aurait jamais du renier. Tristesse totale et honte pour mon pays pour tous ces pauvres victimes innocentes.
GG
Au sujet de la guerre en Syrie, il faut un peu arrêter de jouer de la guitare à deux cordes (impérialisme russe contre impérialisme occidental avec comme terrain d’affrontement, la Syrie, et choisi ton camp camarade. Pour rappel, c’est Assad qui a pris la terrible décision et de façon tout à fait autonome de déclarer la guerre à sa population avec le résultat qu’on connait. Le fameux succès de l’intervention russe aura d’après vous quelles conséquences ? Il est certain que la reprise en main par Assad d’une parti du territoire syrien, sera suivie d’une violente répression (épuration) et l’exil des Syriens va continuer et les gens qui ont quitté la Syrie ne vont pas y retourner pour se retrouver à nouveau dans les mains de leur bourreau. Ensuite Assad va devoir régler le problème des Kurdes qui ne voudront plus rentrer dans le giron de son régime. Sur ce point Assad pour mater les Kurdes en plus des Russes trouvera un nouvel allié de circonstance, ce sera la Turquie.
La guerre civile qui sévit en Syrie est donc loin d’être fini. Assad a manipulé les diverses puissances impériales pour rester au pouvoir coute que coute, c’est le seul résultat qu’il escomptait pour lui et il est en train d’y parvenir.
Nicolas.B
C’est sûr Assad manipule les superpuissances, il est le méchant obligatoirement. Quand on finira de se prendre pour le gendarme du monde, et qu’on ne cherchera pas à déstabiliser des états pour d’autres intérêts que celui des peuples, ça ira beaucoup mieux. D’autre part c’est uniquement sous mandat d’ONU que les interventions nécessaires pour garantir la sécurité des peuples doivent être faites pour prétendre à une légitimité sans tâche. C’est mon humble avis. Quand aux sois disant dictateur il y d’autres moyens que la guerre et des alliances manichéennes pour les faire tomber, la France devrait s’y employer au lieu d’être le caniche de l’OTAN. A moins que ce ne soit que pour vanter les mérites du Rafale ? Vivement la VIe et la constituante pour que le peuple , les Français-es puissent arrêter cette martingale infernale.
Jean-Paul B.
@GG
« La guerre civile qui sévit en Syrie »
Qui nous parle de guerre civile en Syrie ? Avant d’affirmer qu’il s’agit d’une guerre civile, peut-on évaluer la proportion de syriens dans les groupes armés et financés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’OTAN, qui combattent l’armée syrienne (musulmans d’Europe, du Magreb, du Caucase, des pays limitrophes de la Syrie, etc.) ? Bien se renseigner pour savoir de quoi on parle éviterait de répéter le blabla des médias de révérence dont l’objectivité dans la recherche de la vérité n’est pas le souci premier.
LucieK
Cas pratique d’attaque concernant l’enseignement professionnel, la tentative de fermeture par asphyxie progressive qui est à craindre dans le lycée rural où j’enseigne. Lycée polyvalent (général, technologique et professionnel), labellisé des métiers de la santé et du social, nous n’avons même pas de chef de travaux pour le lycée pro (fait apparemment assez inédit pour un établissement labellisé, de 1000 élèves accueillant aussi un BTS et deux CAP). Pour les autres sections, ce n’est pas la joie non plus. Notre ambition serait d’ouvrir une licence pro, ou au moins un BTS supplémentaire, car les élèves sont de milieu modeste et ne peuvent souvent pas aller dans une grande ville pour poursuivre des études. Ce qui fait qu’ils arrêtent souvent après le bac. Les autorités nous ont répondu par la proposition d’ouverture d’une formation non pérenne de niveau 5 (niveau CAP), mais non diplômante. Pour donner à nos bacheliers l’ambition d’une qualification supplémentaire, c’est râpé. Pour toutes ces raisons, l’ensemble des personnels s’est mobilisé pour obtenir des formations qualifiantes et des personnels d’encadrement suffisants. C’est aussi une lutte d’intérêt général, nos élèves d’aujourd’hui sont les travailleurs/euses de demain, sans qualification, ils auront du mal à prétendre à un salaire conséquent. Si vous voulez nous donner un modeste coup de main, une pétition est en ligne.
Marianne
J’abonde dans le sens d’une politique de paix, non-alignée, et une sortie de l’OTAN. Mais je refuse de renvoyer les belligérants dos-à-dos. Pour cela il faudrait que les crimes imputés à l’Etat syrien soit correctement documentés. Or nous ne disposons que de la propagande américaine. Et à lire des sources indépendantes américaines, l’implication des pays de l’OTAN dans le soutien aux djihadistes est patente. Que les Russes mènent leur propre visée, certes, mais dans quel sens cela va-t-il ? Qui a mis au jour et porté un coup aux ventes de pétrole via la Turquie au bénéfice de Daesh ? Qui mutiplie les déclarations guerrières aujourd’hui si ce ne sont des généraux américains ? Voulez-vous qu’on les aligne ?
Il y a peu, Stepan Milosevic, dont les crimes de guerre en ex-yougoslavie ont été un thème monstrueusement rebattu, et qui est mort en prison, a finalement été blanchi par le tribunal international. Blanchi ! Et il faudrait continuer à « couper » dans la diabolisation de la Syrie en faisant confiance aux mêmes falsificateurs ? Il y a peu, un dirigeant d’un parti pacifique de l’opposition syrienne expliquait son choix de soutenir le gouvernement Assad, parce qu’aujourd’hui, la survie de l’Etat syrien prime clairement dans cette guerre du point de vue de la population dans sa majorité. Allons-nous nous brûler les yeux à lire et examiner les informations de l’autre bord ? Sommes-nous coupables de nous informer de toutes parts ? Qui subissons-nous ici ?
GG
@Marianne.
Il est faux d’affirmer que concernant le procès de Milosevic poursuivi pour crime contre l’humanité par le TPIY, celui-ci en est sorti blanchi. Il est mort quelques jours avant la clôture de son procès, alors le procès s’est arrêté. Un procès ne peut se faire en l’absence de l’accusé, telle a été la conclusion du TPIY. Ça c’est la vérité vraie.
Une partie des crimes d’Assad ont été documentés, détrompez-vous et c’est déjà très accablant. J’espère que tôt ou tard la justice internationale le coincera pour qu’il réponde avec ses comparses des crimes commis envers sa population. Qui instrumentalise les divers impérialismes ou factions en lutte sur son territoire ? C’est Assad qui veut garder son trône quel qu’en soit le prix et il est capable de faire alliance avec n’importe qui pour se maintenir au pouvoir. Le peuple Syrien est son jouet qu’il brise pour sa propre pomme. Tous les types qui s’accrochent au pouvoir de la sorte me donnent la nausée.
Vega
@GG
J’abonde dans le sens de Marianne. Vous avez trop lu la version du journal le Monde et non le verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), tel que rapporté par bon nombre de journalistes consciencieux. Et curieusement votre diabolisation d’ Assad ( qui n’est pas le seul à être peu démocrate mais qui a le courage au moins de combattre pour sauver l’État syrien contre toutes sortes d’ envahisseurs, avec le peuple derrière lui) est du même type que celle que l’OTAN a l’habitude d’avancer sans preuves concrètes puisqu’il s’agit avant tout de montrer du doigt les dirigeants à combattre, surtout ceux qui osent faire obstacle aux intérêts et normes de domination des EU. Oui le Tribunal pénal international a bel et bien conclu que Milosevic n’a pas fait partie d’une « conspiration criminelle collective » pour assassiner/nettoyer ethniquement les Croates et des musulmans de Bosnie. Par contre rien, par voie de conséquence, pour condamner les bombardements criminels et du coup injustifiés de l’OTAN sur la Serbie. Rien non plus de la part de journaux vertueux comme le Monde sur la responsabilité de l’ambassadeur étasunien Warren Zimmerman dont l’intervention scélérate a fait capoter la solution diplomatique et a permis le déclenchement du conflit bosniaque, lui, n’a pas été le moins du monde inquiété.
Donato DI CESARE
Je relate ici des propos recueillis par un directeur de CFA. Pour la formation professionnelle, tout n’est pas aussi simple, mais Jean-Luc dit pas mal de vérités. Il est vrai que l’éducation nationale semble boycotter la voie professionnelle qui a sans doute une image négative, mais les familles ont également ce regard et le taux d’insertion dans le monde du travail est inférieur à 60%. Le travail lui même semble également avoir mauvaise presse auprès de la population à cause de certains qui se soucient plus des résultats que des individus. L’apprentissage n’échappe pas aux faits que je viens de dénoncer, malgré une insertion professionnelle de 80% pour des bac pro. Il est vrai que des aides ponctuelles ne sont pas des solutions pérennes pour un développement durable de l’apprentissage. Concernant le salaire des apprentis, je ne partage pas du tout le point de vue de Jean-Luc, qui est pour moi et certains patrons un frein à la signature d’un contrat surtout en bac. Les apprentis sont en entreprise à mi-temps avec un salaire qui varie de 600€ à 1100€ par mois, donc je laisse imaginer pour un BTS et plus. Pour les CAP, ce qui freine le plus souvent les entrepreneurs, c’est le jeune qui entre en formation avec des difficultés d’ordre sociales, manque de maturité, savoir être, etc. Le manque de suivi des parents et une mauvaise expérience refroidit le candidat pour quelques temps. Mais il est vrai que le manque de relance économique n’aide pas non plus.
Siamy
« Dans l’hémicycle de Strasbourg, les nouvelles affreuses du bombardement d’Alep, ont permis un nouveau déchainement en faveur de la guerre contre la Russie ».
Il est totalement effrayant autant que consternant, que ceci se produise,dans la quasi indifférence des populations, imprégnées de désinformation propagées par les médias aux ordres. ça fait froid dans le dos!
Charitat 05
Je viens de terminer la lecture de notre projet commun et de le valider ! J’ai conscience d’être hors sujet mais il me semble nécessaire d’insister sur la nécessité de lire et de viser ce document de travail complet et programmatique. Certes, comme sûrement beaucoup de lecteurs, je ne partage pas « au mot près » l’ensemble des projets de réforme et d’amélioration de notre société, la vision d’ensemble reste une base importante qu’il ne s’éloigne pas de notre programme de 2012. Dans ces conditions j’ai de plus en plus de mal à comprendre les raisons profondes des atermoiements d’une partie de nos partenaires potentiels. Nous sommes en ordre de bataille avec le même candidat qu’en 2012 avec un programme identique voire amélioré, Jean-Luc Mélenchon n’est pas plus mon sauveur qu’à l’époque mais il reste évident que je n’attends pas de messie ni lors des présidentielles ni lors des législatives. Pour changer les choses encore faudrait-il que nous puissions être au deuxième tour et ce ne sont pas les divisions groupusculaires qui favorisent la donne. Merci pour tout le travail déjà accompli, il reste à continuer et à conclure.
Delyelle
Merci ! Vous avez développé tout ce que je voulais dire sans avoir osé l’écrire, par peur du « hors sujet ». Mais finalement, vous avez raison : est-ce si hors sujet que ça ? Car à quoi rimeront tous ces riches échanges d’idées et que deviendront leurs évolutions concrètes si nous ne parvenons pas à porter les débats essentiels à nos vies à la connaissance et au partage commun, « sur la place publique », là où la participation de tous tricote la réalité d’une véritable république ?
oberon
L’article dans Marianne « entre Mélenchon et Macron, les électeurs de gauche sens dessus dessous » est éclairant. Effectivement le direction du PCF est lamentable et les militants communistes devraient y réfléchir. Me concernant, la déception est aussi grande que l’affection que j’avais pour ce parti. Plus important : oui les électeurs de gauche sont paumés entre Macron et Mélenchon. En 2012, il y a eu le même problème, jusqu’au dernier moment l’électeur séduit par Mélenchon a in fine voté Hollande, par sécurité et frilosité, d’où la volatilité des sondages. Au delà des valeurs de gauche, Mélenchon devra se présidentialiser en s’ouvrant vers d’autres candidats, je pense à Montebourg, Hamon et aussi Dupont-Aignan. Faire 15%, allez 18% seul au premier tour ne servira à rien. Sa candidature pour figurer au deuxième tour doit être au delà des 23%. La marche est très haute.
Berthier G
Vos remarques sont justifiées. Il ne faut pas se résigner à un second tour entre droite et Le Pen. L’intérêt d’une candidature de rassemblement est de tenter d’être présent au second tour. Il va de soi que les candidatures de Hollande, Valls ou Macron ne font pas partie de la solution. Alors quelles propositions pour quelles candidatures à la présidentielle et surtout aux législatives ?
RV
@oberon
« Mélenchon devra se présidentialiser en s’ouvrant vers d’autres candidats, je pense à Montebourg, Hamon et aussi Dupont-Aignan… »
Que voulez vous dire ? Les « programmes » des ces personnes sont incompatible avec celui des insoumis. Nous n’avons pas besoin de co-listiers, mais de convaincre des citoyens et des citoyennes.
zakfa
Dupont Aignan est une enveloppe vide. Ses propos sont parfois laid concernant les musulmans de culture ou d’origine. On ne peut pas s’allier avec ce type de personne.
Concernant le professionnel, le problème est très simple. Qu’est ce qui coûte le plus cher ? Les matériaux d’usinage et les denrées à transformer ou quelques centaines de photocopies ? C’est pour ça qu’on veut tuer le pro, pour des économies de pacotille. Aucune vision de la formation, aucune stratégie. La règle d’or des 3% de déficit vous dit bonjour.
bob.pollet
@berthier
« Alors quelles propositions pour quelles candidatures à la présidentielle et surtout aux législatives ? »
S’il se trouve que des candidats (bien à gauche) sont déjà en route pour les législatives, il est intéressant de se pencher sur leur programme dés maintenant et de les soutenir s’il nous convient. Et pour les présidentielles, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis sont déjà en route avec le soutien de camarades du PCF. D’où mon incompréhension à vous voir imaginer d’autres candidatures à côté de celle de Jean-Luc Mélenchon. Répéter de maniere incantatoire qu’il faut une candidature de rassemblement reste du domaine de la parole répétitive. C’est lassant. Pourquoi ? La gauche a déjà un candidat rassembleur.
jnsp
En quoi ne pas être favorable au communisme est-il une forme d’obscurantisme ? Personellement vu les résultat de la mise en œuvre du communisme, je pense que l’obscurantisme est plutôt du côté du communisme : censure, limitation des déplacements, modification des documents historiques, éloignement, pour ne pas dire emprisonnement, des personnes portant des idées non conformes. La liste serait longue. L’argument selon lequel toutes ces mises en œuvre du communisme dans l’ex URSS ou la Chine ne sont pas « fidèles » au modèle théorique du communisme est, à mon avis, non pertinent. Il serait temps de sortir d’une indulgence coupable par rapport au communisme qui ne dupe plus grand monde et qui porte préjudice à des idées valables par ailleurs.
Antoine Berrit
M. Mélenchon,
« Ayant tout cela à l’esprit, je veux rappeler que si je suis élu, je proposerai que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Constitution, de même que le droit de mourir dans la dignité. Les deux droits ont une racine commune : disposer de soi en seul(e) propriétaire de soi. »
Je suppose que cette racine commune vaut aussi pour les hommes. Vous avez dit un jour qu’il fallait savoir repousser ses barrières mentales. Je repousse, je repousse, M. Mélenchon, je réfléchis, et il est vrai que, d’abord choqué par la banderole de la manif des libertés proclamant que l’hétérosexualité était une absurdité, cela a fini par me faire sourire, en pensant à peut-être fonder une association d’hétéros pour continuer d’exister. OK, après tout, peut-être un jour un beau mâle me fera-t-il craquer.
Mais si on est total et seul propriétaire de son corps, cela veut dire qu’on peut le louer, le vendre, en tout ou partie, ce qui se fait déjà avec le don d’organes, qu’on peut donc louer son utérus, gratuitement ou non, le transformer, etc. Soit. Je n’ai peut-être pas assez cherché, mais je voudrais vous redemander votre position sur l’accès aux origines. Pensez-vous, ou non, qu’un enfant a le droit de savoir comment et par qui il a été créé ? Merci à vous.
Francis
Le projet de programme de La France Insoumise et de son candidat à la présidentielle comporte dans son chapitre « Une nouvelle étape des libertés et de l’émancipation personnelle la proposition suivante »
Constitutionnaliser la non marchandisation du corps humain et le droit fondamental de disposer de soi en toutes circonstances : liberté de conscience, droit à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse, droit de mourir dans la dignité (y compris avec assistance), accès garanti à des soins palliatifs.
Antoine Berrit
Merci @Francis, ce paragraphe m’avait échappé. Rien de nouveau ni de plus précis donc sur un sujet sensible, et c’est bien, car des courants de pensées y compris intra France Insoumise s’opposent et nécessiteront des clarifications et affirmations. Et rien sur le sujet de l’accès aux origines, en débat dans la société, où la France continue, presque seule en Europe et dans le monde, à défendre par défaut le principe du secret, si ce n’est donc le principe de la filiation par reconnaissance. Il semblerait que dans la mouvance PG et France Insoumise, parler de ou simplement évoquer la question du lien biologique relève d’un conservatisme de mauvais aloi.
Monique
Bonjour,
Je n’ai peut-être pas assez bien lu le programme mais concernant « le droit de mourir dans la dignité » inscrit dans la constitution, il est important de préciser car l’envie de mourir peut être dû à un passage difficile dans la vie, le seul moyen de ne plus souffrir « psychologiquement ». J’ai été impressionnée par l’émission Vox Pop, dimanche soir « Depuis 2001, chaque Néerlandais a la possibilité de choisir, en concertation étroite avec le corps médical, d’avoir recours à des traitements anticipant sa fin de vie par injection intraveineuse ou ingestion de produit létal. En 2015, 5 000 malades ont été euthanasiés, parfois pour des souffrances psychologiques ». « Mourir dans la dignité » oui, pour chacun mais attention que la demande de mourir ne soit pas véritablement plutôt une demande d’aide.
Antoine Berrit
Oui, n’est-ce-pas utopique ou périlleux de vouloir traiter de sujets aussi sensibles, chaque cas humain étant particulier, mais ce n’est qu’une question, dans le cadre rigide d’une loi ou de la constitution ? Si c’est que celle-ci soit susceptible d’infinies interprétations, et par qui, où sera le progrès. Je n’ai pas de réponse, que des questions, les mêmes que je me suis posées ou qu’on m’a posées lors de décisions difficiles à prendre. C’est nous et le corps médical qui les avons prises, pas une loi qui aurait délégué à un être anonyme le pouvoir d’appliquer une loi. Prudence, n’oublions jamais que le droit de mourir dans la dignité ne signifie pas le droit pour l’entourage de ne plus souffrir.
nicole berthereau
Excellentes analyses, claires, lucides, méthodiques, et qui arment. Ca fait rudement du bien.
le révolté
Mr Mélenchon,
Suite à votre passage au Grand Jury, au sujet des impots et des 14 tranches que vous voulez mettre en place,ainsi qu’au prélévement qui serait pris dés la 1ere tranche, il serait peut être bon de préciser pour ne pas affoler les gens avec un faible salaire que ceux ci serait automatiquement augmenté avant la mise en place de cette nouvelle imposition.