Dans ce post je parle d’une passion : l’enseignement professionnel, d’Alstom et du droit à l’avortement en Pologne et en France.
J’étais à Strasbourg cette semaine pour la session du Parlement européen. J’ai su que monsieur Macron-le-magnifique s’y trouvait aussi. L’homme qui a rompu ce qu’il restait de la synthèse entre les deux gauches au PS a fait forte impression, évidemment. Il ne fait que cela, notamment à la une de tous les journaux, chaque jour. On voit quel genre de « gauche » il incarne quand il félicite Juppé pour sa réforme de novembre-décembre 1995, prône le recul de l’État dans la société et ainsi de suite en faisant le tour des poncifs de la droite. « Droite modérée », cela va de soi… En tous cas, France 2, la voix de son maître, a pris le tournant : le service politique, qui chantait ses louanges avant, lui a bien démoli le portrait le lendemain même. Et voici le beau Macron mis au régime des vilenies de France 2 comme moi-même. Je le rassure : ça n’a pas d’impact. De moins en moins de personnes regardent, sauf les soirs où un socialiste passe sur la première chaîne.
Dans l’hémicycle de Strasbourg, les nouvelles affreuses du bombardement d’Alep ont permis un nouveau déchainement en faveur de la guerre avec la Russie. « Choisir son camp », comme ils disent dans leurs transes d’indignation à géométrie variable. Précisément, c’est ce qu’il faudrait faire. Mais en faisant passer la ligne des « camps » entre Daech, les différentes factions de l’islamisme guerrier, sans trier, et une coalition universelle. Et certainement pas entre les Russes et les Américains. L’invasion turque, la rupture de la trêve par les États-Unis d’Amérique ont enclenché en riposte une reprise des opérations de guerre des Russes.
À présent les positionnements de chacune des puissances engagées sont une lourde perte de temps et de vies humaines. Les USA refusent de reprendre la discussion sur le cessez le feu. Ruse de propagande pour se donner des airs d’innocents. Des innocents, dans ce conflit, il n’y en a que sous les bombes. C’est le propre de la guerre, car de guerre propre, il n’y en a jamais. Les populations de Mossoul en général et les Kurdes en particulier après la population d’Alep vont à présent elles aussi nourrir les charniers. À mes yeux, il faut raison garder et ne pas céder au « campisme » est-ouest qui empêche de penser et de proposer des solutions viables. La marche à l’abîme se propage, des frontières de l’Europe à celles de l’extrême orient. Garder raison, c’est s’interdire les alignements et le service extérieur de la propagande des belligérants.
Où sont passés les hypocrites du burkini ? Cet été, ils prétendaient défendre les droits des femmes avec l’enthousiasme des nouveaux convertis. Leur conviction féministe a disparu aussi vite qu’elle était apparue. On ne les entend pas protester contre le recul du droit des femmes qui s’annonçait en Pologne. Pourtant, c’est l’interdiction de l’avortement qui a été en débat là-bas. Mais les « radicalisés religieux » ne sont pas musulmans ! Juste des catholiques brutaux et archaïques. Le droit des femmes à disposer de leur corps n’intéressait donc pas ces féministes de la 25e heure.
Avec le burkini, leur but était de faire un lien entre le massacre de Nice le 14 juillet et la religion musulmane. Sans doute parce que beaucoup de ceux qui étaient en première ligne sur place savaient déjà combien ce lien n’était guère évident. Le journal « Le Monde » vient de le révéler dans une enquête fouillée sur la personnalité du criminel. À présent, les voilà bouche cousue. Meurent les femmes plutôt que l’obscurantisme à leur sujet. En Pologne, le meurtre de masse était en bon chemin. Car refuser l’avortement légal c’est toujours augmenter le nombre des avortements clandestins et des mortes qui vont avec. Là-bas, une régression historique est en cours. L’intégrisme catholique attaque les droits des femmes sur tous les plans. Cela prouve combien le problème en la matière n’est pas telle ou telle religion. Le problème, c’est l’usage politique qui est fait de n’importe quelle religion pour contraindre les êtres humains en général à des comportements absurdes, et toujours les femmes en particulier à un sort misérable.
En Pologne, la droite catholique au pouvoir veut supprimer ce qui reste du droit à l’avortement hérité de la période soviétique. La majorité parlementaire a été saisie de deux projets de loi d’initiative citoyenne sur le sujet. L’un proposait d’élargir le droit à l’avortement : il a été rejeté. L’autre propose au contraire de revenir sur les cas d’avortement aujourd’hui autorisé et d’interdire presque totalement le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Ce projet de loi a été accepté par les parlementaires pour être examiné plus en détail. Il prévoit de limiter l’avortement légal aux seuls cas extrêmes de danger imminent pour la vie de la mère. Il a fini par être repoussé. On verra vite que les intégristes ne s’y résigneront pas.
Le droit à l’avortement a déjà été attaqué en Pologne après la chute du régime communiste. Pourtant, les Polonaises ont conquis le droit à l’avortement de haute lutte dans l’histoire. D’abord en 1930 en cas de viol ou d’inceste et pour les mineures de moins de 15 ans. Puis surtout en 1956, sous le régime communiste, une loi a autorisé l’avortement posant comme seule exigence l’existence de « conditions de vie difficiles » pour la femme enceinte. Mais après la chute du mur de Berlin, en 1993, l’Église catholique et l’État ont passé un accord pour restreindre ce droit. L’avortement est depuis autorisé seulement pour les femmes victimes de viol et d’inceste, celles dont la grossesse présente un risque pour leur santé ou leur vie et celles dont l’embryon présente une pathologie grave. Une misère !
Mais pour les fous de dieu polonais c’est encore trop ! Ils voulaient donc réduire cette maigre autorisation aux seuls cas où la vie de la femme serait en danger imminent. Une terrible régression menaçait. Le risque évident, c’est la souffrance des femmes et le développement des avortements clandestins, dans des conditions de dignité, de sécurité et d’hygiène effroyables. Le projet de loi polonais prévoyait même de punir de 5 ans de prison les médecins qui pratiqueraient un avortement illégal contre 2 ans aujourd’hui. Et, ignominie ultime, il prévoyait aussi la possibilité de condamner à 5 ans de prison les femmes qui avorteraient ! Même les évêques polonais ont dit qu’ils ne souhaitaient pas la condamnation des femmes… tout en rappelant qu’ils sont absolument partisans de l’interdiction de l’avortement. Des bigots Tartuffes ordinaires.
La résistance des féministes polonaises a été magnifique. Lundi 3 octobre, elles ont organisé une journée de grève. Oui, une grève. Parce que le droit à l’avortement, c’est le droit pour les femmes de disposer librement de leur corps. Leur corps, le même que celui utilisé pour produire des richesses et occuper des emplois souvent plus précaires et moins payés que les hommes. Féministes et progressistes polonais ont manifesté par milliers dans les rues et sur les places du pays. Parmi les slogans : « On veut des médecins, pas des flics » ou « il nous faut des soins médicaux, pas les souhaits du Vatican ».
Je note au passage le rôle des réseaux sociaux dans l’organisation et la diffusion du mot d’ordre de « Manifestation noire » (« CzarnyProtest »). Les sondages disent que seul 11% de la population polonaise soutenait ce projet de loi ! La moitié ne voulait pas de changement de la législation même si elle était déjà très éloignée des conquêtes antérieures. Au contraire, près de 40% veulent élargir le droit à l’avortement. La veille de la journée de « grève des femmes », dimanche 2 octobre, des rassemblements de soutien avaient eu lieu un peu partout et notamment à Paris devant l’ambassade de Pologne. Ma camarade, la conseillère de Paris et co-coordinatrice du Parti de Gauche, Danielle Simonnet, nous y représentait.
Une nouvelle fois, « l’Europe qui protège » n’a servi à rien alors qu’elle passe son temps à faire voter des résolutions et autres rapports sur les droits des femmes ! Le Parlement européen a débattu une fois de plus du sujet. Sans voter aucune résolution qui n’aurait eu de toute façon aucune valeur contraignante ni aucun effet. Quant à la Commission européenne et aux chefs d’État, ils sont capables d’extorquer l’accord de pays d’Afrique, des Caraïbes ou du Pacifique pour des accords commerciaux inégaux. Ils sont capables de broyer un gouvernement progressiste en Grèce, de piétiner des référendums populaires et de punir un état-membre pour un taux de déficit budgétaire excessif. Mais ils sont incapables de protéger les femmes contre un recul terrible du droit fondamental à disposer de leur propre corps. On voit combien les propositions aussi timides qu’une « clause de non régression des droits » en Europe sont totalement absentes et illusoires face aux conservateurs et réactionnaires de l’Union européenne. Il en va de même de l’initiative portée par le programme L’Humain d’abord de 2012 pour une « clause de l’européenne la plus favorisée » pour aligner les droits des femmes sur le meilleur niveau reconnu dans l’Union européenne. Les féministes polonaises ne pouvaient donc compter que sur elles-mêmes. Et bien sûr notre soutien total.
Comme vous le savez, j’appartiens à une génération qui a connu l’avant et l’après droit à l’avortement en France, l’avant et l’après droit à la contraception sans autorisation parentale pour les mineures. Avant 1974 et Giscard D’Estaing, la majorité c’était 21 ans, et l’avortement était criminalisé quel que soit l’âge de la femme et du médecin. Je voudrais témoigner que dans ces questions, si la femme portait l’essentiel de la charge, le garçon qui l’aimait, aussi. Cette histoire-là, c’est le plus souvent une affaire qui concerne les deux partenaires. Je n’ai rien oublié de cette époque. Pour les filles et les garçons de famille de riches, pour celles et ceux qui « savaient » où, quand et comment avorter clandestinement, tout était beaucoup plus simple. Pour les plus chanceuses des autres, heureusement qu’il y avait le MlAC et ses bus vers la Hollande. Et sinon, c’était la tricoteuse et la mort qui rôdait.
J’ai tout cela à l’esprit. Je sais bien ce que je dois lire derrière les visages et la rage de la réaction qui monte partout en Europe. La puissance de la « Manif pour tous », l’intensité de la haine contre les musulmans et les juifs dans notre pays, tout cela doit nous mettre en garde contre ce qui pourrait nous arriver aussi cette fois-ci ou une autre. Car ce sont les mêmes enragés qui cuisent dans ces divers potages de haine. Quand je découvre que Laurent Wauquiez revient à la charge contre la ministre Vallaud-Belkacem qu’il accuse d’être un suppôt de « la théorie du genre », je sais que les couteaux sont tirés contre le camp de la philosophie des lumières.
En effet, il n’y a pas de « théorie du genre » ni au singulier ni comme un tout. Il y a des méthodes d’analyses qui déconstruisent l’idée selon laquelle les « caractéristiques masculines et féminines » seraient autre chose que des constructions sociales et culturelles qui varient notamment au fil du temps, des lieux et des cultures. Pourquoi un homme instruit comme monsieur Wauquiez fait-il semblant de ne pas le savoir ? Parce qu’il lui importe de revenir aussi fermement que possible aux assignations de rôles « complémentaires » comme ils disent, de l’homme et de la femme. Lesquels rôles finissent toujours par être distribués autour de la procréation et des liens sociaux qu’elle fonde. Ceux-là sont contre la « théorie du genre » pour mieux priver, à la fin, les femmes de la propriété exclusive et personnelle de leur corps. Je le sais et je crois de mon rôle de le répéter pour éviter les naïvetés !
Le corps des femmes a toujours été la frontière de tous les communautarismes. Et toutes les religions engendrent leurs fondamentalistes et leurs communautaristes comme en a convenu le pape lui-même dont la charité chrétienne est pourtant prise en défaut sur ce thème, puisqu’il mène une guerre impitoyable aux femmes sur le sujet dans l’univers entier. Je voudrais dire que si les croyants ont le droit, selon la règle de leur croyance, de considérer l’avortement comme un crime et le choix de n’y point recourir, ils ne doivent pas avoir le pouvoir d’imposer aux autres leur vue sur le sujet. Imposer par la loi la punition de l’avortement, c’est de même nature que l’obligation de se voiler imposée en Iran par la police des mœurs. Et j’en profite pour rappeler que militer pour le droit à l’avortement ce n’est pas militer pour l’avortement mais renvoyer chaque personne à sa propre et libre appréciation personnelle dans les circonstances qui conduisent à se poser la question.
Ayant tout cela à l’esprit, je veux rappeler que si je suis élu, je proposerai que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Constitution, de même que le droit de mourir dans la dignité. Les deux droits ont une racine commune : disposer de soi en seul(e) propriétaire de soi.
Alerte pour l’enseignement professionnel. Trente ans après la création du bac professionnel, l’enseignement professionnel public est en voie de destruction totale. Deux quinquennats se sont acharnés sur lui dans un cocktail dévastateur qui mêle coupes budgétaires et mépris crasse pour les qualifications. Depuis 10 ans, sous Hollande et Sarkozy, 176 lycées professionnels publics ont été fermés. Au total, 3 500 classes ont disparu dans cette voie éducative des métiers. Pendant ce temps, pourtant, la hausse du nombre des jeunes scolarisés continuait. Ainsi, l’enseignement pro accueillait 57 000 lycéens en moins en 2015 par rapport à 2005, alors que l’ensemble second degré absorbait 76 000 élèves supplémentaires sur la même période. Du coup, ceux qui voulaient choisir cette voie ne le peuvent souvent plus. Et ceux qui ne peuvent pas être accueillis dans les filières pro sont donc orientés par défaut dans l’enseignement général comme dans une impasse.
Inutile de préciser que, dans ces conditions, le taux d’échec augmente et, avec lui, les sorties du système scolaire sans qualification. Dans certaines académies (les « régions » de gestion de l’Éducation nationale) qui s’étendent sur plusieurs départements souvent enclavés, comme Limoges, Clermont-Ferrand ou Besançon, il y a désormais moins de 20 lycées professionnels pour toute la région. Cette pénurie est une dissuasion efficace on s’en doute.
Cette anémie est criminelle pour l’avenir professionnel de millions de jeunes et la vie productive du pays. Elle ne tombe pas du ciel. Elle est voulue et planifiée. Pour le ministère des Finances qui relaie les injonctions de la Commission européenne, les critères comptables dominent tout. Jusqu’à l’organisation des cursus. L’invention du passage de la durée de préparation du bac pro de 4 ans à 3 ans en est un exemple frappant. C’est un choix aberrant sur le plan pédagogique et éducatif. La hache passe partout et tape fort. De plus, sous le doux nom de « rationalisation des structures », tous les établissements, quels qu’ils soient, comportant moins d’un certain nombre d’élèves par classe sont amputés de sections et de classes. Mais l’enseignement professionnel comporte par nécessité pédagogique un nombre beaucoup moins élevés de lycéens par classe. Ils sont autour de 20 en moyenne contre 30 dans l’enseignement général. C’est donc à lui qu’on a fait supporter l’essentiel des suppressions de moyens.
Loin d’être aveugles, les coupes budgétaires des 10 dernières années ont donc frappé en priorité la voie professionnelle. Déjà sous Sarkozy, elle supportait les 2/3 des suppressions de postes du 2nd degré. Pourtant, elle ne scolarisait alors que le tiers des lycéens. Cet acharnement s’est poursuivi sous Hollande. Les annonces de postes créés sans réalité se concentrent dans l’enseignement professionnel. Les concours de recrutement sont en effet très loin de pourvoir les créations de postes promises par les annonces présidentielles. Ils restent donc vacants. Soit parce que les concours sont volontairement sous-calibrés (pas assez de postes ouverts), pour afficher des créations d’emplois dans le budget mais ne jamais les créer en réalité. Soit parce qu’ils ne sont plus attractifs : commencer à 1 400 euros dans un métier difficile et méprisé avec un niveau master a tari les viviers d’enseignants dans beaucoup de secteurs.
C’est encore plus absurde dans l’enseignement professionnel où les enseignants des disciplines techniques sont souvent des professionnels reconnus dans leur métier dont on exige désormais qu’ils aient un niveau master pour devenir enseignant ! Et je ne dis rien de l’énorme perte de salaire que cela peut représenter pour un professionnel expérimenté. Résultat : depuis 2012, l’enseignement professionnel a perdu 3 340 équivalents temps plein d’enseignants devant les élèves. Loin d’atténuer ce carnage décidé sous Sarkozy, Hollande a donc poursuivi la destruction de l’enseignement professionnel public. Même les crédits pédagogiques sont en baisse de 30 % par rapport à 2012, ce qui a souvent reporté sur les élèves des frais supplémentaires d’équipement et de fournitures (matériaux, outillages etc).
Avec ça, les destructeurs se gargarisent de discours promotionnels de promotion idéologique de l’apprentissage. Pour ces gens-là qui ne savent rien des métiers, l’apprentissage tient lieu de politique des qualifications. Alors, depuis 10 ans, les gouvernements de Sarkozy et Hollande ont multiplié les aides pour l’embauche d’apprentis, sans que jamais l’objectif, fixé par Sarkozy et repris par Hollande, de 500 000 apprentis ne soit atteint. L’apprentissage stagne au contraire autour de 400 000 contrats en dépit de toutes les tentatives de relance. Il a même baissé depuis 2013 où l’on comptait 430 000 contrats. On manque d’offres des employeurs pour recevoir des apprentis ! Bien sûr. Car même pour prendre des appentis subventionnés, encore faut-il avoir un niveau d’activité suffisant pour les payer !
Et la voie de l’apprentissage reste précaire ! Elle n’est pas adaptée à tous les jeunes : un apprenti sur 4 ne va pas au bout de son contrat. Dans les métiers les plus durs (comme la boulangerie), ce taux d’abandon approche les 50 %. S’y ajoute une grande précarité salariale avec des payes souvent inférieures au SMIC pour un travail à temps complet. La stagnation du SMIC (référence de calcul de la rémunération des apprentis) n’arrange rien. Quant à la revalorisation des minimas salariaux des apprentis de 16-20 ans annoncée par le gouvernement, elle ne sera finalement appliquée qu’en 2017. À défaut d’avoir amélioré significativement la condition des apprentis, les gouvernements de droite et du PS ont multiplié les aides inefficaces pour les employeurs. Valls a ainsi instauré une prime de 1 000 euros par embauche d’apprenti depuis 2014. Cela a créé un effet d’aubaine pour des contrats qui auraient de toute façon été signés. En effet entre fin 2014 et fin 2015, le nombre d’apprentis n’a progressé que de 2 000 !
La loi El Khomri a ajouté à cela d’autres mesures spécialement dangereuses, selon moi. Elles traduisent bien la profonde méconnaissance des enjeux actuels de la qualification. Il a ainsi été décidé d’ouvrir l’apprentissage pour préparer des certificats de branches (CQP). Aujourd’hui, l’apprentissage n’est possible que pour préparer des diplômes nationaux. Cette évolution va faire reculer les préparations de diplômes nationaux qui sont autant de qualifications larges et durables. À la place de quoi sont prévus des « certificats de branche » avalisant des compétences plus étroites et périssables. La précarité des futurs salariés en sera accrue. Et ils seront condamnés à vie au renouvellement de ces « certificats » à mesure que le cycle des machines raccourcira et la compétence de leurs servants se rétrécira. Dans le même état d’esprit sera aussi désormais délivrée une attestation de compétences « partielles » aux apprentis rompant leur cursus, pour faciliter la reconnaissance future d’acquis. Bref tout le système des qualifications part en morceaux et l’asservissement des salariés sera augmenté d’autant. Cette formule calamiteuse des « certificats de compétence » a été tentée dans plusieurs pays avec partout le même résultat : l’abaissement du niveau de qualification, la faible adaptation des salariés à tout changement dans les process de production, la nécessité pour eux de revenir sans cesse se requalifier au fil des années.
C’est l’inverse de tout cela qu’il faut faire. Commençons par abroger ce flot de mesures absurdes. Il faut prononcer un moratoire immédiat sur les fermetures de classes et d’établissements de l’enseignement professionnel public. Puis on passera aux tâches pour reconstruire le système éducatif de la voie des métiers afin qu’il offre à nouveau un maillage fin et des formes de cursus adaptés aux besoins des jeunes. Un réseau national cohérent de lycées polytechniques incluant tous les niveaux du CAP au BTS sera un des outils de cette reconstruction. On devra y intégrer des centres de validation des acquis. Et pour permettre cette relance du service public de la qualification, le recrutement des enseignants devra être adapté pour attirer à nouveau des professionnels reconnus dans leur branche. Cela passe par exemple par la réouverture de cycles rémunérés de préparation aux concours d’enseignants, permettant à ces professionnels de compenser la perte de salaire liée à cette reconversion professionnelle.
L’élévation du niveau de qualification passe par le fait que l’on puisse circuler plus facilement entre les paliers de formations du CAP au bac pro puis ensuite aux BTS / DUT et même à la licence professionnelle. Les grands discours du gouvernement à ce sujet sont en contradiction avec ce qu’il fait vraiment en réalité. Ainsi la loi sur l’enseignement supérieur de 2013 a-t-elle bruyamment réservé des places pour les jeunes qui ont un bac pro dans les sections de BTS, où ils ne représentent que 29 % des inscrits. Baratin. Car compte tenu du maillage très insuffisant des lycées professionnels comportant une section de technicien supérieur (STS) cet accès est en réalité un parcours du combattant.
A la rentrée 2015, 65 % des bacheliers se retrouvant sans aucune affectation dans le supérieur après en avoir fait la demande étaient des bacs pros ! Faute de places accessibles en STS (section de techniciens supérieurs), certains arrivent par défaut à l’université. Cruelle illusion. Car seulement 5 % arrivent jusqu’à la licence. Quant à ceux qui ont réussi à intégrer une STS, leur taux de réussite n’est aujourd’hui que de 50 %. Pourtant il est de 80 % pour l’ensemble des étudiants passant le brevet de technicien supérieur (BTS). Là encore, c’est parce que le contenu de l’enseignement professionnel a été fragilisé ! En particulier par la réduction du bac pro à trois ans d’étude qui a conduit à raboter sur les contenus généraux des différentes disciplines, décisifs pour les poursuites d’études.
Les bases de la politique que j’avais posée quand j’étais ministre de l’Enseignement professionnel de 2000 à 2002, ont été détruites par les politiques de droite des sarkozystes et des PS qui ont suivi. Pour moi, cette question ne peut se dissocier des objectifs du plan de transition écologique. Des centaines de milliers de nouveaux travailleurs femmes et hommes doivent être mis en capacité professionnelle de faire face au défi. C’est le cas par exemple pour l’économie de la mer. Il nous faut trois cent mille professionnels supplémentaires. Entre autres choses, je voudrais qu’il y ait au moins un lycée professionnel maritime par département côtier. Je voudrai mieux, mais ce chiffre est déjà un petit défi. Car apprenez que par exemple pour toute la région Picardie, Nord-Pas-de-Calais où je me trouvais en visite quand je fus à Boulogne, il n’y en a plus qu’un seul ! Il n’y en a pas non plus en (ex) PACA… et ainsi de suite. Ampleur du désastre !
Par leur lutte, les salariés d’Alstom ont gagné un sursis. L’usine de Belfort ne fermera pas à court terme. C’est un encouragement pour tous les salariés du pays : la campagne électorale est l’occasion d’arracher quelques victoires, et la lutte est la seule manière de mettre la question sociale au cœur de l’élection. Mais le bricolage inventé par François Hollande dans le cas d’Alstom vise surtout à effacer son propre bilan. Aucun problème de fond n’est réglé et aucun plan de développement de la filière ferroviaire n’est sur la table.
Les annonces du gouvernement sur l’avenir du site d’Alstom Belfort n’ont qu’un but : éviter cyniquement l’annonce de la fermeture de l’usine avant l’élection présidentielle. François Hollande n’a rien eu à faire du ferroviaire ni d’Alstom pendant tout son mandat. Il a même fait tout ce qu’il pouvait pour détruire l’un et l’autre. Son changement de pied ne doit rien à une conviction et tout à ce qu’il croit être son intérêt électoraliste. Bien sûr, en disant cela, je n’enlève rien à la belle victoire remportée par les salariés d’Alstom Belfort et je partage leur soulagement de voir leur usine continuer à vivre et à produire.
Mais le bricolage industriel est à l’ordre du jour. Après avoir abandonné le ferroviaire et laminé l’investissement public pendant cinq ans, François Hollande découvre que sa politique d’austérité est une cause centrale des malheurs d’Alstom ! Et il se résout donc à ce que l’État commande des trains ! La recette montre l’absence de stratégie : 6 TGV dont 12 locomotives par-ci pour le Paris-Turin-Milan, 20 locomotives diesel par-là pour dépanner des trains en panne et donc, le comble, l’achat de 15 rames de TGV, donc 30 locomotives, pour les trains « intercités ».
Le rafistolage frôle le ridicule : à quoi cela rime-t-il d’acheter 15 rames TGV pour les faire circuler sur des lignes intercités et non sur des lignes à grande vitesse ? François Hollande sait-il que le TGV peut circuler à la vitesse de 320 km par heure mais qu’il ne pourra rouler qu’à 200 km par heure, dans le meilleur des cas, sur les lignes intercités ? Du coup, sait-il que l’organisation des rames et leur confort ne seront pas ceux d’un train intercité actuel ? Sait-il que les lignes Bordeaux-Toulouse et Marseille-Perpignan ne seront pas transformées en lignes LGV avant plus de dix ans si tant est qu’elles le soient un jour ? Et qu’il est donc possible d’y faire circuler des trains moins coûteux à l’achat et à l’exploitation que des TGV ? Quelle est la logique de dépenser l’argent public pour équiper inutilement deux lignes intercités en TGV quand le gouvernement prétend ne pas avoir d’argent pour une vingtaine d’autres lignes intercités qu’il veut fermer ou abandonner aux régions ? Et cette commande ne va-t-elle pas pénaliser un autre site d’Alstom, celui de Reichshoffen, qui produit justement des trains prévus pour les lignes intercités ? Y-a-t-il encore un pilote dans la locomotive gouvernementale ?
Ce plan ne tiendra peut-être pas au-delà de la présidentielle. Pourquoi ? Parce qu’il a l’air fragile du point de vue du respect des règles de la « concurrence libre et non faussée » de l’Union européenne que François Hollande n’a pas l’intention d’enfreindre. C’est notamment le cas pour ce qui concerne la commande des 15 rames de TGV. En effet, un tel marché doit faire l’objet d’un appel d’offre européen en vertu des règles européennes. Pour l’éviter, le gouvernement s’est appuyé sur un accord-cadre existant entre l’État, la SNCF et Alstom qui prévoit des commandes supplémentaires en option. Mais rien ne dit que la dogmatique Commission européenne ne demandera pas des précisions voire n’imposera pas une remise en cause des commandes ou une amende. Hollande s’en moque, cela va prendre des mois et n’interviendra pas avant la présidentielle. Après lui, le déluge, doit-il se dire. Mais le déluge est peut-être dans un détail. Celui par lequel on a appris que les rames seraient peut-être revendues ensuite. À qui ? N’est-ce pas là comme une contribution à la mise en circulation concurrente de compagnies de train ?
Aucune des causes profondes n’est traitée par ce rafistolage. Alstom Belfort ne vivra pas sans nationalisation d’Alstom, sans plan d’investissement public massif, sans politique ferroviaire ambitieuse, sans sortie des traités européens et du dogme de la concurrence libre et non faussée par un protectionnisme solidaire comme je l’ai écrit dans ma tribune publiée dans le journal Le Monde du 16 septembre.
Et Alstom est un parfait symbole de l’échec économique du gouvernement et de son idéologie. Alstom transport a été fragilisé par l’abandon successif des autres activités du groupe et notamment par la vente de la branche énergie en 2014 à General Electric, vente actée par Hollande lui-même avec l’appui de ses ministres de l’Economie de l’époque, Arnaud Montebourg d’abord puis Emmanuel Macron ensuite. Loin de la politique de l’offre, Alstom Belfort souffre du manque de commandes de trains dû à la politique d’austérité. S’il y avait besoin de 21 rames TGV, pourquoi avoir attendu la menace de fermeture de l’usine de Belfort pour passer commande ? Personne n’avait pensé à les acheter avant ? Ou, plutôt, qui a refusé de débloquer l’argent pour les acheter ?
L’absence de commandes vient aussi de l’abandon de toute ambition pour le ferroviaire dans notre pays. Le réseau ferré est dans un état lamentable comme l’a dénoncé l’émission « envoyé spécial » de France 2 jeudi 27 septembre. Et le gouvernement a tout fait pour saboter le rail : refus de faire reprendre la dette de la SNCF par l’État pour relancer les investissements, acceptation et mise en œuvre anticipée du 4e paquet ferroviaire pour ouvrir à la concurrence les trains régionaux TER et les trains Intercités, soutien au développement du transport par autocar avec la loi Macron au détriment du ferroviaire, etc.
L’absence totale de planification écologique se voit aussi dans le fret : abandon de tout principe d’écotaxe poids lourds au motif que celle prévue était mal ficelée, autorisation des poids lourds de 44 tonnes sur les routes, plan de relance autoroutier mais abandon du projet d’autoroute ferroviaire entre Calais et le pays Basque etc. Pourtant, Alstom Belfort ne produit pas que des TGV. Alstom Belfort produit aussi des locomotives de fret. Un plan national de développement du fret ferroviaire aurait permis de donner du travail à Belfort en s’épargnant le ridicule de voir des TGV exploités aux deux-tiers de leur capacité sur des lignes classiques.
Enfin, la question de la concurrence déloyale reste posée. Cet été, la filiale commune de la SNCF et de son équivalent allemand a décidé de commander 44 locomotives au constructeur allemand Vossloh, concurrent d’Alstom. Mais ce n’est pas parce que les locomotives allemandes seraient meilleures. C’est parce qu’elles sont soi-disant « moins chères ». Et pourquoi sont-elles « moins chères » ? Parce qu’elles sont en grande partie fabriquées en Pologne, dans des conditions salariales et sociales moins favorables aux salariés. Le dumping social et la concurrence déloyale tuent l’industrie française aussi sûrement qu’ils tuent les droits sociaux des travailleurs ici et là-bas. Et l’argent de la SNCF sert à financer ce système au lieu de soutenir l’activité en France.
Bref, la lutte des salariés d’Alstom a permis d’éviter la fermeture immédiate. Mais leur chance d’un avenir meilleur passe, comme pour tous les Français par l’élection de 2017. Ce sera l’occasion d’imposer d’autres choix pour la France et son industrie. Il en va de l’intérêt général et de notre capacité à mener la transition écologique.
125 commentaires
J. Lio
Bravo pour vos deux émissions, le Grand Jury et celle de Gérard Miller. Vous avez été très convainquant. J’aurais aimé qu’ils vous laissent répondre sur les problèmes (dévaluations, fuite des capitaux) que le gouvernement installé en 81 a connu, et de quelle manière nous arriverions à triompher cette fois, parce que la situation est différente.
Bon courage pour la suite. Je n’ai pas pu relire la totalité du programme, parce que je voulais lire l’ensemble avant de valider chaque chapitre, dommage que ce ne soit pas possible (ou que je ne sois pas suffisamment compétente pour le faire).
chassagne
J’approuve l’ensemble des analyses de Jean Luc Mélenchon mais considère l’expression « propriétaire de son corps » non seulement malheureuse mais erronée. On est propriétaire d’un bien que l’on peut louer ou vendre mais on est son corps. Que des communautés religieuses, L’Etat, veuille contraindre votre sexualité, nos désirs de vivre ou de mourir, est donc une atteinte fondamentale aux droits humains universels, mais nous devons nous même faire tout notre possible pour assumer cette dignité intrinsèque.
Francis
« On est propriétaire d’un bien qu’on peut vendre ou louer… » ou pas.
L’inscription dans la constitution de l’interdiction de la commercialisation du corps humain est la garantie que jamais dans notre pays un tel commerce ne se fera. La formule être propriétaire de son corps reprend un slogan féministe « mon corps m’appartient » Ne cherchons pas des poux dans la tonsure d’un moine à chaque fois que JL Mélenchon emploi une formule un peu choc pour simplement faire passer une idée force.
René-Michel
@francis
Ce qui fera que les humains ne seront plus contraints de se prostituer, dans tous les sens du terme, c’est la disparition de la misère, la misère réelle et la misère affective et intellectuelle ainsi que de leur cause, le capitalisme et ses corollaires les mafias, les filières de traite esclavagiste, les guerres, les passeurs, la jungle libérale financière mondialisée sans foi ni loi sauf le fric sale !
mazingue
Moi, je vais vous dire une chose, quand on est de gauche on est contre la loi sur la propriété, et au combien ces lois ont été écrites par les élites pour les élites. La démocratie ce n’est pas ce que vous nous vendez @Chassagne, cette démocratie participative, dont vous faites partie intégrante. La démocratie c’est le peuple qui écrit lui-même les lois auxquelles il veut se soumettre. Alors votre loi vous savez ce que vous pouvez en faire. Moi je remercie M. Mélenchon de nous donner l’occasion d’écrire nous-mêmes notre constitution, ce qui nous donnera le moyen, que nous n’avons jamais eu en 200 ans, de résister aux abus de pouvoir, raison pour laquelle nous avançons à reculons. Tu as le bonjour d’un ex communiste.
oberon
Il est inouï dans une démocratie qui se pare de pluralisme de constater le silence des médias audiovisuels et presses écrites français autour de la campagne La France Insoumise. Que l’on soit en accord ou pas avec les propositions développées par La France insoumise, il est regrettable que la France, où repose Voltaire, ne garantisse pas un pluralisme élémentaire dans une démocratie. Les médias et les journalistes font honte aux philosophes des Lumières. Ils n’informent pas les citoyens, ils font de la politique ! Que faire face à cet état de fait ? Manifester devant le CSA qui sert strictement à rien ? Manifester ou faire des meeting devant les sièges de France 2, TF1, des chaines d’infos continues plutôt que Place de la République, Stalingrad, Nation ou Bastille ? A envisager non ?
lilou45
TF1 ne c’est pas gêné pour donner la parole à la droite à une heure de grande écoute. Il est scandaleux qu’une chaine, fut elle privée, fasse ouvertement la propagande d’un parti politique. Quand aux chaines publiques, les dirigeants sont nommés par le pouvoir politique, ce qui les rend très suspectes en ce qui concerne la partialité. Jean-Luc nous l’a dit, 9 milliardaires français possèdent 90% des médias.
Vite ! la nouvelle constitution.
le révolté
Il faut faire comme eux, les ignorer, cela fait déja plusieurs années que j’ai arrété de les regarder. Le jour où ils n’auront plus d’audiences, ils changeront peut être, mais j’en doute tellement ils méprisent le peuple. En tout cas j’ai passé un super aprés midi en regardant la convention de la France insoumise et c’est bien là l’essentiel.
arthur 2
Possible, et on peut rajouter la Dépêche du Midi, aujourd’hui 15 à propos du conflit Alphacan : « Gaillac : 250 manifestants pour dire non aux 92 suppressions d’emplois ». La police en estimait 500 et nous étions prés du millier. Une partie de la solution serait comme pour les politiques « on vote, ils dégagent ». Est-il normal lors de catastrophes ou accidents graves, qu’il y a plus de journalistes présents sur les lieux que de secouristes ?
Pauvre2
Même les sites « indépendants » comme Médiapart n’en a pas soufflé mot. Heureusement que sur le blog et dans les commentaires, nous avons été nombreux à glisser le lien sur la convention et nous plaindre de l’absence d’infos de la part du Mdp. En 2012, ils avaient misé sur Hollande, j’ai l’impression qu’ils attendent pour choisir… TSM (tout sauf Mélenchon).
Pierre Pifpoche
Je souhaite exprimer quelques doutes sur l’efficacité de la suggestion que vous semblez avoir faites à l’instant ici, bien que très sympathique, de remplacer Nuit Debout et la Constituante par internet, doutes à la fois en tant qu’informaticien et en tant que citoyen. Il est possible que j’aie tord mais je ne pense pas que cela puisse être aussi démocratique et efficace… Avec mes amitiés.
Nicolas.B
Magnifique journée politique que cette convention, je suis resté scotché à mon écran. Parmi les nombreuses interventions, celle de Émeline était bouleversante, quand l’inhumanité se propage de la sorte il y a de quoi s’inquiéter. Coté participants, il serait intéressant d’évaluer leur ressenti, sur cette première journée. J’attends avec impatience la suite demain. Pour les 577 candidats l’idée d’avoir des personnes œuvrant pour l’intérêt général à l’échelle locale, des lanceurs d’alertes ou des souffleurs de braises comme notre candidat Jean-Luc Mélenchon me séduit particulièrement.
Vassivière
De même pour moi, renvoyant les tweet de la France insoumises tout en écoutant les toujours si pertinentes interventions des participants. Le choix des intervenants est remarquable dressant le procès argumenté par l’exemple des multiples déchirures de la société et scandaleuses atteintes à la dignité humaine d’un système financier implacable. Que de souffrance, mais que de dignité, d’intelligence, de grandeur dans la détermination à ne pas se soumettre.
Jean-PHI-lippe Herbien
Bon, ce n’est pas nouveau, au 13h nous avons en 1ère info la manif pour tous, un balcon qui s’écroule (prémonitoire ?) et à 15h quelques bribes de la convention « du candidat de l’extrême-gauche Jean-Luc Mélenchon », qui « fait comme Macron » ! Tristes topics. Sinon, est-ce voulu (mais je n’en doute pas) que si vous effectuez une rotation de la lettre grecque « phi » de 90° dans le sens des aiguilles d’une montre, vous obtenez le 6 de M6R ?
On gâche rien, on lâche rien.
rage au coeur
Sur France 2, à 13h, une info c’est JL qui a 34% représente le mieux les idées de gauche! Et incroyable à 13h15, Jean d’Ormesson, invité, en a dressé un tableau tés flatteur. Le vent serait-il entrain de tourner?
SCHWARZ
Concernant l’apprentissage, je considère qu’à l’exception de métiers très pointus ou pour de jeunes très particuliers, il n’est pas acceptable pour un insoumis. Nous n’avons pas à faire assumer une formation quelle qu’elle soit par l’entreprise. La vocation de l’entreprise n’est pas la formation. Elle ne peut le faire que de son point de vue et pas dans l’intérêt général. J’argumente dans deux notes de blog : 1 et 2. Pour diverses raisons, je connais bien le monde de l’apprentissage depuis 4 décennies déjà.
Bonne révolution… citoyenne.
Teres
Bravo ! vous ne pouviez pas faire mieux. Repos et courage. Les médiocraties sont obligés d’en parler un peu et ils le feront obligatoirement de plus en plus. On a touché le fond, nous le peuple défiguré, et nous remontons. Merci aussi à vous.
René-Michel
La campagne jlm2017 et la « France insoumise » apparaissent désormais comme des acteurs incontournables de l’avenir du pays. Baillonner cette voix en menaçant les élus désirant soutenir sa candidature serait désormais considéré aux yeux du peuple comme une forfaiture démocratique signant la mort de la Vième république. On va y arriver, on lâche rien !
mazingue
Tout le monde n’a pas lu la constitution et les ateliers constituants ne peuvent pas être remplacer par internet. Cependant vous n’avez pas tout à fait tort, pour écrire la constitution il faudra que tout le monde puisse le faire et cela par internet. Prenons exemple sur l’Islande avec sa constitution et sa méthode et améliorons la. Voilà on peut écrire nous même notre constitution. Les Islandais l’ont fait, pourquoi pas nous.
morvan
@Pierre Pifpoche
Il se peut alors que nous ayons tort l’un et l’autre, mais je – vieille utilisatrice simple d’internet – suis aussi dans cette interrogation, voire inquiétude. Pas d’angélisme présent et/ou anticipatif, tout en reconnaissant à plein le « petit miracle » internet, soyons lucides sur un critère dominant de démocratie participative qui reposerait sur un investissement individuel non négligeable et en tous cas inaccessible à beaucoup (9 millions de pauvres, et même en réduisant ce nombre à moins de foyers fiscaux), puis sur la possibilité continue d’acheter la fourniture d’accès permettant cette participation. Quant aux possibilités d’équipements collectifs accessibles à ceux qui en auraient en outre le temps, elles posent pour l’instant me semble-t-il des problèmes quasi insurmontables, aggravés par une couverture inégale du territoire. J’ai la même prégnante inquiétude en ce qui concerne la dérive actuelle de l’administration, dans sa recherche de contact privilégié ou même exclusivement numérique avec le citoyen, notamment le contribuable.
JCV
L’union de la gauche n’est pas nécessaire a la victoire. En 2012 Hollande a gagné malgré Mélenchon, Eva Joly et consorts. Il est légitime que la gauche gouvernementale soit représentée. La synthèse Montebourg serait un moins disant inefficace. Son ralliement a Hollande a prouvé qu’il était un homme d appareil. La guéguerre de l’extrême gauche est pénible mais stérile. Jean-Luc Mélenchon se présente a des élections françaises pas a la présidence du monde. Mélenchon doit finir cette séquence président ou député. C’est un leader d’exception indispensable aux combats futurs malgré son age.
Invisible
Jean-Luc a l’âge de la maturité. L’âge idéal pour un homme d’État. C’est vrai que je le préférerais député dans l’hémicycle à Paris plutôt que dans ce parlement européen dont ne voit jamais les débats dans les télévisions. Au moins, les Français pourraient bénéficier de ses interventions et il pourrait relever le niveau actuel de cette assemblée nationale dont la médiocrité s’apparente à celle de l’équipe de foot, trop souvent.
René-Michel
@jcv
« malgré son age »
Il y en a qui naissent vieux et des qui meurent jeunes à plus de 80ans. L’âge ne fait rien à l’affaire disait Brassens. Par contre « un leader d’exception indispensable aux combats futurs » ne sort jamais de l’oeuf. Faut savoir ce qu’on veut !
Francis
Juste un mot sur le discours qui était de très haute tenue. Les pauvres. Cette désignation qualifiant des citoyens qui ont été appauvris me parait réductrice et vexatoire pour ceux-ci. Elle ramène au dicton populaire qui veut que des pauvres il y en toujours eu et il y aura toujours. Aujourd’hui nous parlons de populations qui ont été appauvries par les politiques d’austérité et le chômage massif. Pour ma part je préfèrerais que l’on dise « nos concitoyens appauvris » au même titre que l’on nomme exilés ceux qui sont jetés sur les routes et dans les mers par les guerres du fric et les traités de libre échange déséquilibrés.
korzec
@ Francis
Pareil pour les aveugles : on devrait dire « mal voyant », pareil pour les handicapés, on devrait dire « personne à mobilité réduite », pareil pour les noirs et les métis : on devrait dire « les personnes de couleur ».
Reste qu’un pauvre est pauvre et que le terme n’est pas condescendant. C’est le regard qui l’est.
remier
Etre député européen par M. Mélenchon n’a peut-être pas été très spectaculaire, mais nous a permis de prendre connaissance de décisions ou de propositions dont on nous parle jamais ou trop tard.
PIETRON
M’est d’avis qu’il est indispensable de battre en brèche l’idée que le mouvement des insoumis n’est pas unitaire à « gauche ». Car c’est bien ce que tentent de faire passer médias, et ex- alliés « officiels » au sein du front de gauche. Jean-Luc Mélenchon serait un « diviseur ». Si aucune réponse fiable n’est apportée à cette idée, le pilonnage peut avoir des effets très négatifs.
Ce n’est pas parce que le PCF est à 2% que le communisme en tant qu’acteur historique, et surtout en France, a perdu de son attrait (ne serait-ce qu’intellectuel ou spontané) dans villes et villages de France. Un attachement à l’histoire en quelque sorte. Les couches populaires ou couches intellectuelles, rejettent l’idée d’un ralliement du PCF au système, mais pas la nature philosophique profonde du communisme ou le rôle important que les communistes ont tenu dans la résistance. Associé à d’autres, et via les médias, cela peut faire plus de mal que l’on ne pense.
Donner confiance aux travailleurs, retraités, chômeurs, c’est asséner les propositions anticapitalistes (abrogation de la loi travail ou la mise en cause de traités européens, par exemple), mais également argumenter sur la propagande actuelle qui vise à isoler un mouvement via son candidat qualifié « d’homme providentiel », implicitement ou explicitement (en 1793, le mot « dictateur » aurait été prononcé.)
Francis
@ korzec
Un pauvre est-il pauvre par la grâce du tout puissant ou l’est-il parce qu’un système l’a plongé dans cet état ? Ne comparez pas à des calamités « naturelles ». La pauvreté aujourd’hui devient un phénomène de masse qui n’a rien de naturel. Il ne s’agit pas de novlangue mais de combat culturel pour les mots car les mots ne sont pas neutres. Cette masse de près de 10 millions de nos concitoyens sont bien des appauvris du système capitaliste financiarisé.
FABIEN
Bien que faisant partie des 9 millions de pauvres (680/mois), je suis équipée d’un ordinateur, d’une box et d’une imprimante (obligée, pour accéder à Pôle emploi, et à tous les services publics devenus inaccessibles en zone rurale). Internet est ainsi devenu ma seule source d’info et le moyen d’externaliser tous les services publics disparus. Obligée, car seule avec 2 enfants ados, boursiers, il me faut internet, même si cela me pourrit la vie (surtout dans mes relations avec Polemploi). Le problème : militante syndicale de longue date, j’ai gardé relations avec amis qui, comme moi au chômage, sont devenus anar, adeptes de la décroissance et fervents combattants d’internet et de la machine qui nous asservit et nous surveille. J’ai beau argumenter (avec mes enfants, no problem : les vidéos circulent grâce à eux qui maitrisent les résos), mais avec amis, c’est le flop total : le site jlm17, les réseaux etc., ça ne marche pas dans notre rural, où on est taxé de collabo si l’on utilise ces technos. J’imprime et photocopie car ici, pas de IPod, Ipad etc. Je verse 5/mois, ne parviens pas à convaincre les autres (sauf un qui va voir son maire pour tenter d’obtenir un parrainage). Bref, j’écris ce commentaire car je pense ne pas être seule avec ce problème (j’ai créé avec réticence un compte Facebook, où j’ai 4 amis, je préfère en rester là !). Ici 50 KM pour rejoindre un groupe d’appui.
Vassivière
La première convention de la France insoumise a été un événement politique une exceptionnelle intensité par la qualité de tous les intervenants. Ne pourrait-on pas obtenir l’accès aux videos de chacun individuellement pour muscler plus encore notre travail de prise de conscience des citoyens ? Lourde tâche bien sûr, mais visiblement l’équipe technique est au top.
Gislaine Guittard
Je suis de l’avis de @Vassivière. Pour convaincre, surtout les abstentionnistes, mais pas que, je choisis des extraits de textes ou de vidéos qui sont en résonance avec leurs réoccupations ou les sujets sur lesquels ils m’ont interpelée. Or, de nombreuses interventions seraient intéressantes à faire circuler en fonction des centres d’intérêt de chacun, d’autant qu’elles ne durent que 3′, donc les gens les regardent. Si c’est trop long, ils n’ont pas la patience ou pas le temps. Pour les discours de Jean-Luc Mélenchon, je joins un minutage pour que les gens visionnent ce qui les intéresse plus particulièrement mais c’est quand même fastidieux à faire ! Bon, mais quand on milite, on milite !
mutti
A propos des parrainages, on parle toujours des maires, mais tous les conseillers (ères) généraux (départements) et régionnaux peuvent aussi être sollicités. Ils sont nombreux et surtout ne sont pas soumis aux pressions des partis opposés à la candidature de JL Mélenchon.
Jean marie Berche
j’ai sollicité le maire de mon village, 162 habitants dans la Loire. Il m’a répondu qu’ayant été élu sur une liste apolitique, il devait à son conseil de ne prendre parti pour aucun candidat. L’argument m’a semblé d’autant plus « recevable » qu’aux dernières élections c’est le parti des Le Pen qui est sorti majoritaire. Cependant, la dernière fois que le village a « vu » des étrangers c’était des spahis algériens, des tabors marocains et des tirailleurs sénégalais venus le libérer des envahisseurs fascistes. Cherchez l’erreur.
Franck
@Jean marie Berche
Mais votre maire peut dire qu’il n’est pas question « d’appuyer » un candidat, mais de permettre qu’il se présente, pour d’évidentes raisons démocratiques. Après, si le conseil est majoritairement FN, et puisqu’ils aiment les approches frontales, autant leur garantir qu’il y aura du sport face à nous.
pichenette
Grâce à la belle complaisance des médias nourris de finances subtilisées, et bien la France insoumise file une belle aventure en sous-marin traversant les espaces, transportant des passagers aux sens aiguisés, à l’intelligence avisée, gens différents mais semblables dans la portée de leurs analyses, leurs perceptions. Donc faisons fi du gavage télévisuel (jetons y un oeil pour en voir la médiocrité, la lâcheté, les mensonges, la propagande pernicieuse), fi du bourrage de crâne, lançons les défis propres à tout être qui se respecte (pour éprouver de la honte, comme devrait le faire la majorité des « élites », il faut se reconnaître dans l’autre, les autres), défis pour choisir les voies porteuses d’avenir correct, harmonieux pour le pays, pour ne pas s’attaquer aux plus vulnérables, pour ne pas faire porter sur le plus grand nombre la belle austérité qui enrichit sans limite des familles de lobbies.
Suivre en direct les interventions de Lille ce week-end, quelle intensité, quelle qualité de paroles, je remarque que le génie féminin y était superbement représenté, génie de porter, de transmettre, d’être, ainsi Aminata Traoré, Emeline, Zoé, Charlotte et toutes les autres ! Que d’émotion tant le vrai, le juste, le sensible, l’universel surgissent. Oui à propager, à montrer (la succession des interventions avec une phrase est sur le site). Fi, défis, philo, file l’eau, toute les énergies sur Lille. Mercis aux acteurs et bien sûr à notre candidat préféré !
semons la concorde
J’ai été très sensible aussi à la prise de parole d’Aminata Traoré et de Zoé. Quel bonheur d’entendre parler du Mali, de l’Afrique et de la Grèce sans langue de bois, sans concession pour les responsables des désastres économiques. Les femmes sont plus sensibles (en général) au temps long : celui de l’éducation et de l’avenir des enfants. Des femmes remarquables, vraiment.