D’accord, ce post est long. Mais comme il est découpé en chapitres, on peut le lire en pièces détachées dans la rubrique « À chaud » de ce blog. Du coup, j’y renvoie sans autre forme de transition. Sinon vous pouvez suivre aussi mes analyses sur ma chaîne YouTube ou ma page Facebook au fur et à mesure ! Vous pouvez m’aider en soutenant ma candidature sur jlm2017, sans oublier d’ouvrir votre porte-monnaie, des fois qu’il y reste quelque chose, pour financer la campagne… Et dans tous les cas : bonne lecture.
Dans les heures qui ont suivi l’annonce du résultat des élections aux USA, je me suis bien demandé comment l’affaire serait perçue dans le profond du profond, cette couche de la sensibilité publique où je passe mes sondes et cherche des ancrages. La réponse est simple : un haut le cœur hébété chez les uns, un secret sourire narquois chez les autres. Je dois écrire ici que je savais que Madame Clinton allait « prendre une taule ». Immodestie, prophétie après coup ? Non ! Deux journalistes au moins peuvent attester du fait que je le leur ai écrit noir sur blanc en SMS.
Pourtant je ne suis ni devin, ni super sondeur, ni présent sur place (encore que…). Juste ceci : je fais de la politique, comme on disait autrefois, non pour désigner une carrière mais une façon de regarder et de raisonner.
L’élection de Trump est un évènement qui concrétise cet autre aspect de la réalité, cet autre moment plus global et plus universel. Il faut le nommer. Chantal Mouffe le désignait à notre conférence commune : « le moment populiste ». J’appelle ce moment « l’ère du peuple ».
« L’ère du peuple » se présente comme une déferlante universelle aux aspects certes très divers mais aux formes souvent comparables et au contenu le plus souvent très profondément similaire. Cette vague mondiale est passée sur toute l’Amérique. Non seulement au sud du continent, vous le savez depuis le temps qu’il en est question ici. Mais aussi au nord.
Après l’ère Bush, l’élection d’un afro-américain du Parti Démocrate, Barack Obama, ne le perdons pas de vue est un évènement dont il ne faut pas après coup diminuer le sens. Ce qu’il révélait ne s’est pas éteint avec la déception que cette présidence a générée. Et il ne faudrait pas perdre de vue l’impact démoralisant de ses batailles abandonnées ou perdues et, à l’inverse, l’importance de ce qu’il mettait en scène à propos de la sécurité sociale. La suite de ce phénomène a été plus forte que les formes politiques qu’il avait d’abord prises. Le phénomène populaire n’est pas rentré dans son lit comme on le dirait d’un fleuve après la crue. Non. Il s’est étendu. D’abord exclusivement ancré dans la « gauche », il s’est propagé dans la droite. Les deux familles politiques aux USA ont été travaillées en profondeur. Le résultat de l’élection montre le chemin qu’a pris la vague pour passer.
D’un côté, la droite. Elle a été submergée par le candidat aux thèmes ancrés dans la question sociale : Trump. C’est le point non-dit, non vu, non analysé par les commentateurs en chambre qui se sont recopiés les uns les autres pendant des mois. (Attention : je n’écris pas que Trump est un candidat au service du social. Ni qu’il soit social, ni que je l’approuve d’aucune manière.) Je précise entre parenthèse car la meute est aux abois depuis cette nouvelle déroute de ses prédictions et injonctions. Sans oublier la petite gauche hargneuse qui s’en prenait à Ignacio Ramonet il y a tout juste trois jours avant le vote sous le titre racoleur infamant « Ramonet trumpisé ». Il s’agissait de montrer que l’analyse lucide d’Ignacio Ramonet sur les ancrages populaires du discours de Trump revenait à l’approuver.
Terrorisme intellectuel ordinaire des derniers psalmodiants d’extrême gauche. Les faits restant têtus, Trump a gagné pour les raisons que montrait Ramonet. Il a bien mobilisé l’électorat populaire de la droite. Les dégoûtés du peuple hier sont les dégoutants d’aujourd’hui. Une fois leurs diagnostics et pronostics mis en déroute, ils reviennent se prévaloir de leurs erreurs pour mieux continuer à réciter leurs couplets anti-populaires. Trump aurait été élu par un rassemblement de débiles mentaux selon eux. Une posture qui a déjà bien montré ses limites aux États-Unis eux-mêmes. Car en jouant l’indignation comme seul ressort de contre-attaque, la caste médiatico-démocrate a renforcé l’emprise de Trump.
En effet, les gens de droite en milieu populaire haïssent le clan Clinton, (exactement comme une bonne part des milieux populaires). Car ses méthodes politiques, ses pratiques personnelles, ses liens contre nature (n’oublions pas que les « Démocrates » font commerce de leur compassion pour les travailleurs) avec le big business et son arrogance leur semblent bien plus immorales que les cuistreries sexistes de Trump qui « au moins assume sa grossièreté et sa fortune ». (Attention, je ne dis pas que ce soit mon avis. Je décris ici ce que je sais être la pensée de ces gens-là, là-bas).
Un autre ressort essentiel de la campagne de Trump a été également soigneusement mis sous le tapis dans les analyses depuis sa victoire. C’est que sa campagne a incarné le dégoût et le rejet des médias dans les milieux populaires. Pourtant, chaque incident a été relayé et amplifié jusqu’à la nausée (attention je ne dis pas que c’est une erreur, je dis juste ce qu’ont ressenti les gens devant le corporatisme médiatique). On aurait pu penser que cela suffirait à montrer clairement où se trouvaient le bien et le mal. Il semblerait bien que cela produise l’effet contraire. Il faut bien dire que le style de la presse nord-américaine qui sert de modèle et de rêve à la nôtre c’est le style « presse frontale ». Je les taquinerais volontiers en faisant remarquer que ce n’est pas seulement Trump qui ne leur parlait plus et les faisait huer dans ses meetings. Madame Clinton aussi a refusé la plupart des invitations et des contacts de presse. Je pense pour ma part qu’en changeant le peuple et les politiques on doit pouvoir trouver une place raisonnable pour les médias.
Un autre aspect de la campagne de Trump a été de narguer le système de la caste oligarchique de l’intérieur. Cela parait incroyable mais il y est parvenu. Il faut donc se demander comment il s’y est pris. La méthode est renversante. Il a argué de sa propre fortune ! Il pouvait alors montrer du doigt ceux à qui il a prêté de l’argent ! Il a dit et répété que lui n’en avait pas besoin et que du coup il ne serait pas sous l’influence des lobbies qui arrosaient d’argent ses concurrents dans la primaire. Et comme ensuite les mêmes lobbies ont arrosé madame Clinton. On comprend mieux la gêne de bien des « analystes ». Comment peuvent-ils dire que la haine de leurs patrons et de leurs médias est un moyen de gagner une élection ? Bien sûr, les amis des importants, que Trump a montrés du doigt, se sont dépêchés de parler d’autres choses. Évidemment, on ne peut pas lire non plus dans la presse que Trump a trouvé un sacré propulseur dans le dégout que les médias inspirent aux gens ! Ses sorties (inadmissibles il est vrai !) lui ont gagné bien des sympathies (certes dans des milieux très grossiers). Mais il faut s’en souvenir pour comprendre, si bien sûr on cherche à comprendre. Dans cet esprit, je vais encore donner quelques repères dont vous aurez peu entendu parler. Car ce n’est pas tout.
Le signal du sens « populaire » de la candidature Trump a été très vite donné. Notamment quand Trump a gagné la primaire qu’il ne « pouvait pas gagner ». La caste médiatico-démocrate se frottait les mains ! Un bon gros droitier bien repoussant était en piste. Clinton n’en ferait qu’une bouchée. Il aurait fallu regarder de plus près. Qui Trump a-t-il battu ? Étaient-ils moins racistes que lui, moins sexistes, moins membre de la classe des fortunés ? Non bien sûr. Mais c’étaient tous des bigots ostentatoires. Des candidats obsédés de prêches et de sentences morales. Aucun ne parlait de traités de libre-échange parce que tous les approuvaient. Aucun ne parlait de salaires, aucun ne parlait du poids des guerres car tous les approuvaient toutes. Et le peuple de droite est comme celui de gauche dans ce domaine : le salaire, les guerres et les autres questions sociales sont le quotidien indépassable.
C’est donc à droite aussi que le social a vaincu le religieux. Et il aura suffi à Trump de quelques déclarations anti-avortement pour satisfaire cette masse confuse d’aigres misogynes. Cette mise a l’écart des religieux aurait dû être perçue par les « analystes ». Elle m’a été signalée dès son arrivée dans la campagne à la base par mon envoyée sur place, Sophia Chikirou, l’actuelle directrice de la communication de ma campagne. Ce fait confirmait ce qui s’observait de l’autre côté de l’échiquier, dans le camp démocrate. « L’ère du peuple », « le moment populiste » submergeait le pays. Comme une vague. Mais dans les sommets, personne n’en avait entendu parler, personne ne le voyait car tous vivaient entre eux. Où étaient les correspondants de presse ? Dans l’état-major de campagne des Clinton. Chez les parfumés, dans la noblesse d’ancien régime, courant d’un cocktail à l’autre et remâchant entre exquis les analyses des sondeurs qui donnaient « Clinton élue à 90% de chance ».
Pendant ce temps, je recevais mes rapports du terrain. Sophia Chikirou se trouvait, elle, dans la campagne de Sanders. Pas dans l’état-major ! Mais sur le terrain : au porte-à-porte et au téléphone, parmi les équipes de militants. Elle a recommencé dans l’État de New-York, puis dans celui de Pennsylvanie, dans les mêmes conditions. Je vous l’avais raconté. C’est un fait bien connu du petit monde médiatique parisien. Je vous garantis que leur cécité n’est pas prête de cesser. Car depuis cette date, nous n’avons pas reçu une seule invitation pour elle sur ces plateaux ou pullulent les experts verbeux qui ont en commun de s’être tous trompés et de ne pas avoir été une seule fois sur le terrain faire campagne mais qui dissertent pourtant avec autorité. Les plus comiques de ces experts étant ces nord-américains tellement caractéristiques avec leur accent à couper au couteau qui viennent pleurnicher en plateau la honte de la caste à laquelle ils appartiennent et le mépris du peuple qui a élu Trump.
Comment oublier comment a été traité ici le phénomène Bernie Sanders ! Comme s’il s’agissait de moi ! Et là-bas ? De même : triches, manipulation du corps électoral, invisibilisation et tout ce qu’on connaît dans de tels cas. La presse du bon goût, en France, a passé son temps à annoncer la victoire espérée de Clinton au lieu de se demander pourquoi Sanders gagnait dans tant d’États et pourquoi d’aussi grossiers abus étaient nécessaires pour l’empêcher de gagner. Le plus ignoble fut l’habituel procès en antisémitisme qui lui fut fait. Il fait partie du paquetage qu’il faut porter quand on milite de notre côté. Mais il est vrai que Sanders s’était prononcé pour la solution à deux États et contre la colonisation. Au fou ! Rien ne lui fut épargné quand bien même sa famille a été décimée par la déportation nazie, et que lui-même ait vécu en Israël un temps. Il parlait de socialisme aux États-Unis ! Au fou !
Pourtant, la masse faisait bloc avec lui avec ferveur dans des rassemblements monstres. Et quand Sophia Chikirou tweetait dans la foule de cinquante mille personnes, fouillées une par une avant de pouvoir entrer dans le parc où se tenait le meeting de Sanders à New York, une première depuis des décennies, je scrutais la presse française : rien ! Rien de chez rien.
La même vague populaire s’est donc manifestée clairement et ouvertement chez les Démocrates. Mais elle n’a pas vaincu le vieil appareil partidaire comme chez les Républicains. Avec Trump, la droite s’est ré-ancrée dans son peuple populaire. Avec Clinton, les démocrates s’en sont coupés. À la sortie, Trump gagne avec moins de voix que les deux précédents perdants républicains et il reste derrière Clinton pour le total des voix. Mais Clinton perd six millions de voix par rapport au score d’Obama. Des millions de gens ne se sont pas déplacés. C’était plus que prévisible puisque je l’ai prévu, alors que je suis ici dans mon bureau. Il suffisait de voir que madame Clinton gagnait aux primaires dans les États acquis aux démocrates. Mais que Sanders gagnait la primaire dans les États acquis plutôt aux républicains. Ce qui veut dire : dans la confrontation, pour représenter l’électorat populaire dans les États à gagner on a coupé les ailes de ceux qui en apportaient. La victoire par tricheries et mensonges de madame Clinton a fini d’y démobiliser ceux qui étaient sous la pression « populaire » des républicains.
Et ceux qui ne cherchaient pas à voir n’ont rien vu. Et cela va continuer, je vous l’annonce. Ce qu’ils ont sur les yeux, c’est la peau de saucisse de classe et de caste. Ils ne peuvent pas voir. C’est une impossibilité psychologique totale. Voir ce serait devoir comprendre. Et ce qu’il leur fait comprendre est insupportable pour eux. Il en est ainsi dans toutes les époques prérévolutionnaires. Les gens du beau monde des dominants ne peuvent voir la réalité qui veut la fin de leur domination. La fameuse phrase attribuée à Marie-Antoinette sonne tellement juste : « ils n’ont pas de pain qu’ils mangent de la brioche ». Jean Patou et Marie Jacynthe trépignent : « ils n’ont pas de travail ? Qu’ils fassent du bénévolat ! ». Macron s’impatiente : « qu’ils s’ubérisent », et ainsi de suite. Mais la vie est matérialiste. « L’ère du peuple » est imparable.
Cette semaine, j’ai eu l’occasion d’un magnifique dialogue avec Noël Mamère, à l’invitation de la Revue Regards et de « France info » sur le net. On peut dire que ce fut un bon succès d’audience en ligne. On peut encore l’écouter si on le souhaite. Sur le plan du contenu du débat, je crois que cela a été apprécié. J’en suis resté frustré cependant car tant de sujets n’ont pu être abordés. Mais je reconnais que tout n’est pas possible dans ce format. J’aurais aimé un moment d’échange sur Ellul qui est une source d’inspiration très directe pour Noël Mamère.
Ce moment avec Mamère a été totalement impréparé entre nous sinon pour convenir du lieu et de l’heure. Je crois que ni lui ni moi ne se sentait en danger avec l’autre. Pour moi c’est très important, cette situation « en confiance ». Les épisodes des dépêches truquées de l’AFP sur la Syrie, de « l’Internationale » que je ne chanterai plus selon Le Point suivi du hoax sur « abrutis » dans le même hebdomadaire servilement recopié par ses collègues, tout cela a fini de me dissuader de toute insouciance. Je me sais guetté à chaque instant et sans cesse provoqué ou manipulé. Cela fait donc partie de mes critères de choix des endroits où je me rends et des personnes que je rencontre. Le système médiatique est pervers en plus d’être mensonger, bourreur de crane et immoral d’une façon générale !
Ici, nos hôtes, la revue Regards et la chaine « France info » avaient été d’accord dès le départ pour que ce soit un cadre du type « dialogue » plutôt même que « débat ». J’avais dit ici en annonçant la rencontre qu’elle était sans enjeu (de pouvoir ou d’égo). De plus, je n’attendais pas que Noël Mamère annonce son soutien à ma candidature. Je savais, pour l’avoir lu avec du soin, que telle n’était pas sa disposition d’esprit à ce moment. L’idée essentielle pour moi était qu’on puisse parler de ces fameux « sujets qui fâchent » sur la planification, la Russie ou que sais-je encore ? Et qu’une voix respectée commence à plaider pour ma dédiabolisation. Peu importe qu’il reste après toute discussion des désaccords ! Pourquoi faudrait-il être en accord sur tout ? L’essentiel est de pouvoir se parler quand on appartient à l’évidence à la même branche dans l’arbre généalogique des visions du monde.
Pour ma part, je crois que n’importe quel écologiste peut être d’accord avec ma proposition d’introduire « la règle verte » dans la Constitution, et avec la mise en place de la planification écologique. Et je ne dis rien de la sortie du nucléaire qui vient des combats de l’écologie politique, ou de la sortie des énergies carbonées ou des protéines animales qui vient de chez les environnementalistes et des défenseurs des animaux. Et le passage à l’agriculture paysanne ? Ces questions-là sont des questions concrètes qui peuvent changer non seulement notre vie quotidienne mais la place de notre pays dans le monde.
Du coup, il me semble après cela que certains dossiers peuvent être mis au congélateur. Ainsi à propos de l’indépendance du Tibet (à laquelle je ne suis pas favorable) ou le rattachement de la Crimée à la Russie (qui me conviendrait mieux, certes, s’il faisait partie d’un paquet où seraient examinées toutes les anciennes frontières de l’URSS et peut-être aussi de celles des pays de l’ancien camp socialiste). Oui, ce bloc de désaccords peut être acté et mis en réserve. C’est possible en attendant que ces sujets deviennent des domaines concrets pour la France. Et je ne souhaite vraiment pas qu’ils le deviennent ! J’accepte de même de laisser faire le marché carbone auquel je suis hostile tant qu’une alternative ne pourra pas être défendue en commun par un groupe d’États à même échelle. Et je trouve magnifique que nous puissions défendre ensemble le tribunal de justice climatique de notre ami commun, le président de la République de Bolivie, Evo Morales. Pour ne parler que de cela en ce qui concerne l’échelle internationale. Mais ce dialogue tranquille est-il possible au-delà de Noël Mamère et moi ? Je le voudrai bien. Ça n’en prend pas le chemin avec Yannick Jadot.
Comme on le sait, la désignation interne du parti EELV a préféré Yannick Jadot comme candidat. Je ne connais pas les usages en telle situation pour un concurrent. Et je ne sais pas si féliciter est la bonne idée. Surtout si cela semble indiquer une préférence. Car ce n’est vraiment pas mon cas. Si j’avais une préférence personnelle, et au cas où cela aurait de l’intérêt pour la machine à buzz, je regarderai plutôt du côté de Michèle Rivasi. Je lui dois ma prise de conscience sur le nucléaire. À l’époque, elle bataillait sur l’impact de Tchernobyl en France. J’étais sénateur. Je l’ai écoutée.
Du coup, j’ai commencé à écrire à EDF des lettres très polies et mesurées. Je questionnais sur les risques que nous faisaient courir nos centrales. Je connaissais l’adresse car cela faisait plusieurs années que j’écrivais déjà. Mais c’était en faveur des centrales à sel fondu dont m’avait convaincu un atomiste de mes amis : Alfred Lecoq. Donc on me répond que tout va bien et qu’il n’y a aucun risque. Je trouvais la réponse un peu mécanique et pas très respectueuse de mon intelligence. Et je trouvais très discutable le style « tiens, mon gros, le tract de la direction » que ce bureau des réponses automatiques m’avait envoyé. Et comme j’étais, comme je le suis toujours, très imbu de la nature sacrée du mandat populaire qu’incarne un élu du peuple, je me chiffonnais d’agacement ! Du coup, je demande à visiter la centrale nucléaire de Nogent. Histoire d’en avoir le cœur net.
À l’époque d’il y a longtemps, Patrice Finel (aujourd’hui mon monsieur Afrique) et Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice, hélas PS) avaient mené une grosse bataille contre cette centrale. Je les avais évidemment traités d’amis du retour à la caverne et ainsi de suite, avec les grosses pataugasses à clous qui me piétinent aujourd’hui à mon tour. Me voilà donc à Nogent. J’en suis ressorti convaincu : Rivasi, Finel et Lienemann avaient raison. Je ne vous dis pas comment je l’ai compris. Et bien compris. Parce que ce n’est pas le sujet que cette centrale à cet instant.
Le sujet, c’est pourquoi Rivasi peut se réjouir d’avoir convaincu au moins une personne qui pensait le contraire d’elle et qui a reconstruit une bonne part de son regard sur le monde à partir de là. Une chose que n’a pas fait Rivasi, c’est de tourner comme une girouette politicienne ni de m’insulter pour se définir. C’est mieux. Par exemple, Rivasi n’était pas assise aux premiers rangs des signataires de l’appel à une primaire de toute la gauche comme Emma Cosse huit jours avant d’entrer au gouvernement ! Elle n’était pas première derrière Cohn-Bendit pour signer l’appel à une primaire de toute la gauche avant de dire pis que pendre de cette idée avec des mots très justes pris dans nos argumentaires.
Tout ça, Jadot l’a fait. Mais je ne lui en veux pas. J’ai changé d’avis sur le nucléaire il y a trente ans, après un accident. Il peut bien avoir changé d’avis sur sa proposition de primaire. Surtout après qu’elle a échoué. Mais je lui en veux quand même. De ce ton qu’il prend à mon égard. Il reconnaît que je suis écologiste mais je dois « encore progresser », selon lui. Ben voyons ! Et qui va juger de mes « progrès » et me donner une image si je suis sage ? Pourquoi ce mépris, ces grands airs et cette prétention à juger l’authenticité des autres ? Pourquoi ne prend-il pas plutôt mes textes, mes livres pour me critiquer documents en main et avoir avec moi une confrontation rationnelle sur ce que doit être une pensée écologiste aboutie ? À supposer que cela puisse se penser de cette façon non évolutive et dogmatique !
Et surtout, voilà ce que je n’aime pas dans sa façon de s’adresser à moi. C’est cette façon de me jeter à la figure Poutine. Et de le faire en m’attribuant des raisonnements de débile : « moi, je ne trouve pas Poutine plus sympa que les Américains parce que je suis anti-américain ». C’est ce qu’il a déclaré à la presse quand on lui a demandé ce qu’il pensait de moi. Je n’ai pas l’intention de reprendre ici le fond de mon argumentation pour expliquer que je considère les Russes comme des partenaires quels que soient leurs dirigeants. Exactement. Comme le faisait la toute nouvelle et toute jeune troisième République avec la Russie de Nicolas II et De Gaulle avec l’URSS de Staline. Ce qui ne m’a pas empêché de préférer la révolution d’octobre au Tsar, et Trotsky à Staline.
Je ne demande pas à Jadot autant de nuances dans le goût politique. Je lui demande de respecter ce que je pense et dis vraiment et d’épargner aux débats publics les arguments de bas étage que le PS et ses bulletins paroissiaux distribuent sur le sujet à mon égard. De plus, il a tort de prendre les électeurs d’EELV auxquels il s’adresse pour des ignorants qui avalent tout rond une propagande aussi grossière. Donc oui, Yannick Jadot, je considère la Russie, Poutine ou pas, comme un partenaire et non comme un ennemi, au contraire des Américains et de leurs dévots français du style Hollande et les autres clients débiteurs des « Young leaders ». Je les plains : avec Trump ils vont devoir faire des efforts de goût, vous allez voir ! Mais mon point de vue sur la Russie m’a-t-il empêché de dire ce que j’avais à dire quand ma conviction l’exigeait ? Non. Pas du tout !
Dites, monsieur l’EELV en chef, vous avez la mémoire courte et drôlement sélective ! Vous avez été directeur des campagnes de Greenpeace, non ? Vous souvenez du jour où furent arrêtés et emprisonnés les militants de Greenpeace en Russie ? Vous vous en souvenez forcément, de l’arraisonnement de la plateforme de Gazprom dans l’Arctique, n’est-ce pas ? 30 militants ont tenté d’arraisonner la plateforme à bord d’un bateau brise-glace. Tous ont été arrêtés pour piraterie. Et c’était bien de la piraterie au sens légal. On fit une tribune au nom du fait que ce n’était pas de la piraterie, mais un acte destiné à protéger l’inviolabilité de l’Arctique. C’est Noël Mamère qui avait préparé cette tribune. Nous l’avons signée et publiée ensemble.
Comment l’ancien directeur des campagnes de Greenpeace fait-il pour oublier les gens qui ont défendu ses militants aux prises avec le gouvernement de Poutine ? Est-ce à cause de moi ou de Noël Mamère que Yannick Jadot efface ce souvenir. Ou bien parce que les trente en question ont été libérés ? Je décide une punition légère pour Yannick Jadot. L’obliger à devoir relire le texte d’une tribune signée par un ami de la Russie contre une décision du gouvernement de ce pays. Et bien sûr, je lirai comme punition le texte de Jadot contre le centre de torture de nord-américain de Guantanamo. Et quand quelqu’un viendra dire que Jadot est comme Trump, contre CETA et TAFTA, je m’engage à dire que cela n’a rien à voir puisque moi aussi je suis contre et que tout le monde sait que je suis insoupçonnable d’affection aveuglée pour le gouvernement des États-Unis ! Je le jure !
Et si la presse lui applique le même traitement qu’à moi ? Et si elle dit « Yannick Jadot félicite Xi Jinping et le parti communiste chinois pourtant hostile au Dalaï Lama », pour avoir déclaré que la Chine avait un meilleur programme écologique que les USA ? Je dirai avec lui que c’est vrai !
Emmanuel Macron a présenté ses « mesures chocs » dans une interview au Nouvel Observateur. On est aussitôt frappé par leur air de déjà-vu. Et même de déjà beaucoup-trop-vu. Elles sont pourtant censées préparer sa fringante candidature annoncée pour le 10 décembre. D’ici là, le monsieur va faire une tournée en Allemagne et aux USA, ce qui en dit long au passage sur ses priorités géopolitiques. Son bagage programmatique est aussi ringard et archaïque que sa candidature est « neuve ». Loin du camp « progressiste » dont il se revendique quand ça lui prend, Macron remonte le temps vers le catéchisme libéral pur jus des années 1980 et 1990. Dommage qu’un tel silence ait entouré cette sortie ! Car il sort enfin du bois sur ce qui compte : le programme. Le sien est gratiné. Un bon mix de vocabulaire mielleux et confit de déclarations compassionnelles pour enrober un déballage d’emprunts à la droite et parfois même à l’extrême droite. Pas moins. Voyez cela en détails.
Ses mesures prétendent se déduire d’une collection de pauvres refrains de la droite. L’économie serait malade des « insiders qui sont en CDI ». Tel quel. « Insiders » ! Avant lui la branchouille de la droite de la gôche parlait des « inclus ». Au moins c’était dit en français ! Le « droit du travail est trop rigide puisqu’il est essentiellement défini par la loi ». « Il faut un droit du travail qui repose beaucoup plus sur le dialogue social. » Le dialogue social le plus direct et le plus simple : le face à face avec votre patron. Le rêve d’un monde sans droits où tout est contrat, individualisé, bien sûr ! Et tout ça pourquoi ? Quelle surprise : « Il faut plus de souplesse, plus de flexibilité, plus d’agilité. » Comme c’est neuf ! Comme c’est inventif ! Sors de ce corps, Gattaz, on t’a reconnu. « Agilité » c’est en effet le gimmick inventé par le vautour du MEDEF !
Les propositions qui en découlent ne font qu’actualiser des mesures déjà usées jusqu’à la corde avant lui par la ribambelle des gouvernements libéraux « de droite comme de gôche ». Comme par exemple cette trouvaille barbare qui consiste à différencier le droit du travail en fonction de l’âge du travailleur. Évidemment, il s’agit d’imposer des durées de travail plus élevées pour les jeunes. Tout en continuant à moins les payer ! L’idée a plus de 20 ans : elle a d’abord été expérimentée par Balladur sous forme de Smic jeunes en 1993, puis par Villepin dans le CPE en 2004. Une machine à renforcer les inégalités sur le marché du travail, et à niveler vers la plus mauvaise condition constatée « sur le marché ».
Même logique avec sa proposition d’un droit du travail défini par branche et par entreprise. C’est déjà ce que fait la loi El Khomri ! Macron en veut donc plus dans la même direction. Y compris dans les pires aspects de cette contre-réforme avec notamment son idée de « poursuivre la réforme des prud’hommes ». Une réforme qui consiste à désarmer les salariés, en réduisant leurs délais de recours.
Autre idée ringarde, la remise en cause de la carte scolaire. C’était déjà une trouvaille de Ségolène Royal en 2007. Macron la combine pour 2017 d’une volonté projet d’autonomie des écoles primaires ! Il s’agit de créer un marché du scolaire avec la fin des règles d’affectation des élèves et l’autonomie des établissements pour recruter les enseignants. On connait depuis longtemps le résultat prévisible : les établissements choisissent leurs élèves en les triant. Et ils se disputeront financièrement les « meilleurs » enseignants. Car en plus, Macron défend aussi la différenciation de leur rémunération. Ce serait la fin de toute logique de service public d’éducation. Ce qui est spécialement écœurant dans ce chapitre c’est le prétexte mis en avant pour détruire la carte scolaire: que les parents des quartiers populaires puissent envoyer leurs enfants dans les écoles de centre-ville. À vomir ! Cette libéralisation très poussée de l’école fait cheminer Macron au-delà de la droite, vers le programme du FN. L’idée d’un marché scolaire avec des établissements en concurrence est en effet au cœur du projet lepéniste depuis 20 ans.
Un autre point commun de Macron avec le programme de Le Pen concerne les retraites. La convergence s’opère autour de la proposition hypocrite de « retraite à la carte », avec la possibilité de partir « à 60, 65 ou 67 ans ». Au choix, pas vrai ! Donc sans aucune garantie pour les droits à une pension complète à un âge donné comme le permet actuellement la notion en vigueur qui fixe un âge légal. Ici il n’y en a plus.
Le point commun de toutes ces mesures choc, c’est une furieuse appétence pour l’inégalité des droits dans tous les domaines comme moteur de la dynamique de la société. Vieux dogme absurde du marché partout et pour tous. C’est le dessein d’une France sans droits, alignée sur un monde sans droits, le tout au nom de « l’agilité ». Un projet ringard. Une queue de comète d’une politique rejetée partout dans le monde. Mais pas seulement. C’est un projet étranger à l’identité républicaine de la France et à l’aspiration égalitaire profonde de son peuple. Macron pense et rêve en anglais.
Dans cette collection de mesures réactionnaires, j’en signale une dernière qui montre son ignorance profonde de la réalité populaire, ouvrière et technique de notre pays. Et aussi son ignorance de classe sur ce qui concerne les enseignements professionnels. C’est son idée de faire rentrer l’entreprise et l’orientation professionnelle dès la classe de seconde car elles en seraient absentes « dans tout le lycée ». Macron se positionne là aussi avec le point de vue d’un technocrate des années 1970, celui d’avant la création du bac professionnel en 1984. Depuis lors, ce sont le tiers des lycéens qui dès la seconde se forment dans une orientation professionnelle et au contact régulier de la réalité productive, via les périodes de formation en entreprise, qui sont obligatoires dans ces cursus. Macron a l’air de l’ignorer. Tout comme les pouvoirs qu’il a servi ont méprisé et détruit une bonne part de l’enseignement professionnel depuis des années.
Nous tenions le 10 novembre une réunion de travail sur la sûreté / sécurité au siège de campagne. Une bonne couverture presse nous a été accordée. Sauf au Monde. Comme je croyais la guerre du bashing avec Le Monde terminée, j’en ai été bien ébahi. Et bien déçu. Donc le « bashing » reprend dans ces colonnes ? Certes, j’avais bien vu comment la rubricarde avait déjà battu en mousse « l’affaire » des travailleurs détachés qui m’incriminait dans le soupçon de xénophobie. Une invention de l’extrême gauche délicieusement reprise avec hâte et délectation. Je me suis interrogé sur les causes qui ont pu ramener madame Besse Desmoulières à la pratique du pourrissement des personnes. Sans méconnaître l’intention de nuire en général, j’en trouve plusieurs que je livre à votre réflexion. Car je juge la scénette instructive.
D’abord, notons le facteur personnel. On se plaint parfois de voir tout le temps les mêmes têtes en politique. Mais cette monotonie n’est-elle pas aussi le fait de ceux qui les observent et bégaient ce qu’ils décident de voir ? Je parle de ces journalistes qui officient à la même rubrique pendant des lustres. Inutile de dire que lorsqu’on se voit confier « Mélenchon, les verts, le PG et l’extrême gauche » ce n’est pas une faveur que vous fait la chefferie. Du coup, elle vous y oublie d’autant plus facilement qu’on ne se bouscule pas pour occuper la place.
Ainsi, les pauvres rubricards restent accrochés à leur sujet comme les moules à leur rocher, parfois de si longues années. On lit leur ennui. Leurs lignes sont souvent confites aux vieux pots des mêmes et invariables préjugés. Le manque d’intérêt (à la longue) pour le sujet s’ajoute à une paresse intellectuelle qui est au journalisme l’équivalent des libidos en berne. Les vieilles fiches mille fois resservies leur tombent des mains et les lignes qui s’en suivent nous tombent des yeux. En fait, le rubricard est souvent d’abord une victime de la relégation professionnelle. Ce sera donc la circonstance atténuante accordée à madame Besse-Desmoulières qui pourrit au même endroit depuis aussi longtemps que moi. Au cas présent, son compte rendu exprime le regard épuisé que l’intéressée porte sur le contenu de la réunion et sa lecture du livret programmatique est donc passée à côté de jolis morceaux. Oublions vite.
C’est la fin du papier qui gâte tout mais qui dit tout. « Comme le montrait la liste de ses invités, le candidat peine à s’entourer sur ces sujets-là. » déclare la journaliste sans qu’on sache pourquoi. Elle ne le dira pas. Je suis au contraire très entouré et à très haut niveau dans ce milieu depuis quelques temps. Suit une giclée que je trouve bien instructive. « Réunir ces personnalités n’a pas dû être facile et il aurait convenu de remettre à certains des étiquettes que l’équipe du candidat avait omis de préciser. Parmi les intervenants « extérieurs », Alexandre Langlois est bien « gardien de la paix au renseignement territorial », mais aussi secrétaire général du syndicat ultra-minoritaire de la CGT-Police. Il aurait sans doute été plus délicat de mentionner que Georges Knecht, secrétaire général du Syndicat national indépendant des personnels administratifs et techniques, est mis en examen pour subornation de témoin dans l’affaire des fuites d’informations et de corruption présumées qui a ébranlé la PJ parisienne en 2015. »
À ce flot, deux réponses. D’abord rappelons que les gens décident d’eux-mêmes comment ils entendent être présentés en public dans une réunion politique. Nous n’avons rien « omis ». Nous avons respecté leur volonté. D’ailleurs, ce n’est pas leur appartenance qui nous intéressait mais leur expertise. Ensuite, on apprend en lisant ce papier qu’une personne mise en examen est réputée infréquentable seulement quand elle vient à une de mes réunions. Sinon, quand la même personne est reçue par le président de la République à l’occasion des manifestations policières, Le Monde ne se sent pas obligé de la montrer du doigt. Mais le mot qui compte c’est à propos de la CGT « syndicat ultra-minoritaire ». Cela dit quelle est la main qui tenait la main qui courait sur le clavier. Une source interne, qui préfère rester anonyme, me l’a confirmé. Sûrement pour complaire à des informateurs du Monde émargeant à la rubrique « police » ou « affaires » par lesquels arrivent les « fuites » que déplore Le Monde, qui en vit pourtant.
Pour être plus clair : le décryptage de cette matinée vue du point de vue policier n’a pas été fait par l’auteur de l’article qui ne connait rien aux réseaux de la police et à ses luttes d’influence interne. Il a été fait par quelqu’un d’autre qui a ses propres engagements. La méthode policière du passage en revue de la biographie des gens présentée comme un casier judiciaire est tellement révélatrice ! Et cela se lit quelques lignes plus bas quand est cité l’un de mes plus proches amis. « Quant à l’“analyste géopolitique” Djordje Kuzmanovic, à aucun moment il n’a été fait mention de ses fonctions au Parti de gauche comme secrétaire national à l’international et à la défense.
“Un oubli”, explique celui qui a notamment été mis en cause en début d’année par le journaliste Nicolas Hénin dans son livre La France russe (éd. Fayard, 19 euros). Présenté comme la “muse de Mélenchon sur la question russe, ce dernier était situé sur ‘un axe rouge-brun’. Des “allégations complètement fausses” que l’intéressé dément formellement .» Il dément mais Besse Desmoulières répète quand même. Il s’agit pourtant de la reprise d’un ragot d’extrême droite sur fond de délit de sale nom. Monsieur Kuzmanovic est français, et l’origine serbe de ses parents ne donne pas le droit de le stigmatiser. Il n’est en rien ma « muse russe », expression dont les sous-entendus sont assez clairs pour me révulser de dégoût pour son auteure. Ce que les pécores qui pérorent ne peuvent savoir en lisant les vieilles fiches des collègues, c’est que Djordje a servi dans l’armée française sous drapeau ONU en Afghanistan. Suggérer qu’il soit un « rouge brun » est une infamie gratuitement énoncée sans le début d’un argument.
Mais puisque Besse Desmoulières a le nez si fin, ne trouverait-elle pas « plus délicat », comme elle le suggère, que sa rédaction nous dise qui sont les signataires des papiers quand la biographie du « journaliste » pose question ? Pourquoi cacher le lendemain dans le même journal qui est ce monsieur Paolo Paranagua qui signe son retour en bonne place sur une demi-page du journal. Pourquoi lui accorder l’habit neutre de « l’analyste » de la rubrique internationale du journal, sans un mot de précision sur son identité politique ? Je ne lui reproche pas d’officier aux basses besognes du dénigrement de l’Amérique latine progressiste. Il est payé pour ça au nom d’une ligne éditoriale amie des néo-conservateurs étatsuniens. Ce qui est choquant, c’est qu’il s’agit en réalité du fameux « commandant Saul » qui me poursuit en justice pour l’avoir traité « d’assassin repenti » il y a cinq ans de cela.
Dans les années 70/80 il était en effet chef de la « fraction rouge » de la prétendue « armée révolutionnaire du peuple » en Argentine. Il s’agit d’un groupe de provocateurs qui se targuait d’avoir mené plus de trente actions d’exécution dans la rue et divers enlèvements et séquestrations. Tout cela devrait sans doute rester sous le manteau de l’oubli. Mais comme l’intéressé a une activité publique intense dans les réseaux des putschistes et réactionnaires latinos et de leurs amis nord-américains, je m’y suis intéressé de près. D’assez près pour mieux comprendre les causes de la mort de toutes les personnes qui l’ont approché sur place et les raisons de son incroyable survie dans de tels évènements. Cette « muse de la CIA » influence-t-elle Besse Desmoulières ? Certes, Paolo Paranagua n’exerce pas ses fonctions dans cette rubrique. Mais il y serait à sa place dans ce rôle de petit copiste qui dénonce sans peine et n’aime pas la CGT. Sauf que là on tire seulement avec des stylos.
196 commentaires
Guy
Aujourd’hui on nous parle des Français, du peuple ! Comme si le peuple de France était sorti d’un même moule pensant tous pareillement. En France il y a des Français riches et des Français pauvres. Ces gens là ne se fréquentent pas, les uns exploitent les autres. Depuis quelques temps le camp des riches se prend à se croire la nouvelle noblesse, en nommant le camp des pauvres de populisme. Monsieur Thiers et ses assassins appelaient cela la Canaille. Et bien j’en suis !
François
Mais pouquoi Jean-Luc Mélenchon baisse la proposition de Smic de 1700 à 1300 ?
MP Langeais 37
Clinquant et rafraichissant l’entretien avec Natacha, déco comprise. Non je plaisante, un peu. Une interview faisant appel plutôt à notre intelligence, sans perfidie ni brosse à reluire. J’ai bien aimé le passage du « je » et du « nous ». Mme Polony n’est pas mme Desmoulières, y’a du fond et elle, elle bosse ses dossiers !
Bon, ce ne sera pas Sarkozy mais son collaborateur et bedeau, Fillon. Lui c’est sûr qu’il voudra être chanoine de Latran. L’effet peuple (de droite) sans doute. Le père la rigueur dans tous ses états (économique et ecclésiaste), ça craint, mais au moins les choix sont clairs et la couleur annoncée. Y’a plus qu’à… se mobiliser cent fois plus et à faire vivre notre programme. Bon courage.
lilou45
Le bedeau Fillon veut supprimer 500 000 postes de fonctionnaires et passer la TVA à 22%. J’espère que tous ces gens ne vont pas se laisser faire et voter France insoumise. J’espère aussi que ce bon catho va penser aux plus pauvres et pas écouter les pleureuses du MEDEF, mais la, j’ai des gros doutes. Donc tractages devant les administrations, hôpitaux, postes.
NicolasB
Si on pouvait s’éviter de battre le pavé contre ses reformes d’un autre siècle passé. Il suffit d’un simple bulletin de vote insoumis Jlm2017, si c’est pas un vote utile ça.
Bernard DOIDY
Comment ne voir la similitude de trajectoire entre celle de Jean-Luc Mélenchon et celle de Jean Jaurès. Bien sûr les contextes sont différents. Pendant longtemps cette idée a paru gênante par le fait qu’elle semblait servir à propulser Jean-Luc plus haut qu’il ne l’était, mais maintenant la menace se fait plus précise, toujours la même. De ce fait Jean-Luc Mélenchon parle sur un ton apaisé aux militants mais plus solennel dans les conférences. Il y tient un discours d’homme d’état avec un talent d’intellectuel que personne d’autre ne possède parce qu’il allie les idées claires avec le verbe maîtrisé, et il parle de social et d’humanité. L’indifférence des médias à ce talent qui crève les yeux est un signal d’alarme qui résonne de plus en plus fort, à chaque fois que les réactionnaires se sont vus arriver au pouvoir c’était comme ça. La caste des trop pourvus en tout qui n’imaginent pas partager quoi que ce soit est aussi truffée de parasites et d’obséquieux pour qui la fraternité n’est rien. Je viens de visionner la conférence de Copenhague et il semblait que la voix de Jean-Luc Mélenchon se chargeait d’accents historiques tragiques, bientôt à la croisée des chemins.
JCV
Chers Insoumis. La victoire de Fillon nous apprend selon moi deux choses. Sur le fond, le libéralisme n’est pas mort pour tout le monde. Evitons les arguments du type « tout le monde voit que » etc. dont use et abuse le FN. Il faut démontrer les limites de ce modèle économique avec pédagogie, et si possible, fraicheur et nouveauté. Sur la forme, il est important de conserver une forme d’humilité, de gravité, de rigueur dans notre ton. Ni l’outrance sarkozyste, ni l’ironie distante de Juppé n’ont fait mouche.
morvan
Peut-être un peu prématuré, le terme de victoire pour Fillon, non ? Et je ne suis pas bien sûre de ce qui a sous-tendu le vote de dimanche dernier. Attendons donc le vote définitif.
Marianne
Je viens de regarder les échanges entre Natacha Polony et Jean-Luc Mélenchon : vraiment remarquables. Je suis contente pour tout. Le climat des échanges, les questions pertinentes, et les réponses vraiment pensées par un homme politique d’une sacrée stature. Au passage, Natacha Polony se révèle une remarquable interwieveuse, qui a trouvé sa place et surtout, surtout, sa position d’honnête femme, comme on dit un honnête homme, vous l’aurez compris. Ca fait plaisir.
Je ne commente pas les réponses de Jean-Luc Mélenchon mais les deux points sur la souveraineté et le tournant de la rigueur en 1983 sont des apports efficaces pour ouvrir sur d’autres interprétations. Bref, je conseille.
Un dernier point. Natacha Polony avait commencé à révéler qui elle était dans une interview à Thinkerview. Voilà. Je ne prends pas un quelconque parti, je dis ce qui est.
OXY
Moi ce qui me gène dans cette échange c’est la réponse faite à propos de F. Mitterrand. Je ne comprends pas qu’on puisse avoir une telle vision positive du personnage. Quelque soit les qualités intellectuelles de F. Mitterrand, il n’a tout de même pas fait que du bien pour la gauche notamment en faisant en sorte de réduire l’influence communiste quitte à faire grimper le FN (ses successeurs ont fait la suite du boulot…). Et puis comme F. Hollande en 2012, le revirement d’une politique de gauche pour aller vers une politique favorable à la droite… Mais ça c’est propre aux « socialistes » qui on du mal à se défaire des puissances financières. Dommage.
pichenette
En route les charrettes de fonctionnaires, 500000 après les enchères. D’abord sans doute ceux qui coûtent le plus, les hauts fonctionnaires, hop supprimés, les autres vont suivre jusqu’à ce demi million. Gros lot ! Les saigneurs respirent mieux, après ce grand nettoyage résultat d’une pensée profonde, mûrement réfléchie par des hommes murs, fonçant dans le mur, bolides d’enfant gâté, gâteux ! Un pays à gouverner c’est un jeu avec des pions voilà l’impression très pénible qui finirait par nous donner le fou rire que laisse cette cavalcade primaire grassement médiatisée.
Vive les insoumis qui réfléchissent et font honneur à l’histoire, en prenant à bras le corps les véritables enjeux pour que les guerres sur le dos des peuples soient évitées. Gare au sens des mots, comme populisme, en fait ce sont les gens « de peu » c’est à dire ceux qui se contentent de revenus pour assumer leurs besoins, mais constituant le tissu réel de la société et sa richesse qui doivent reprendre leur place, et qui lorsqu’ils votent le Brexit montrent le bout de leur nez, de même aux USA. Naturellement pour que les votes aient un résultat escompté il faut que les véritables informations, formations circulent, or les médias financés par des libéros ne financent que leurs paroisses et tronquent les véritables débats. Poussons chacun à suivre les vidéos de JL Mélenchon, à voir les films comme « La Sociale » où l’on voit la fille d’Ambroise Croizat dévoiler le château de son père !
Christian G.
Merci à Jean-Luc Mélenchon pour tous ces écrits, des livres aux publications comme celles que je viens de lire sur son blog. Il y a une manière d’aborder les questions en étant d’abord concerné, puisque acteur en prise direct avec son activité politique, en nous délivrant des informations structurées, mettant en évidence les rouages, les mécaniques, les convictions profondes de chaque protagoniste, tout ce qui fait la vie politique vivante, et non pas seulement les grandes idées, les grandes lignes. A la lecture de « Le choix de l’insoumission » j’ai été marqué par cette manière d’oeuvrer à une véritable éducation politique du peuple, dont je fais parti. Sur ce blog, j’ai l’impression que l’histoire continue; sa biographie en lien avec, concerné et acteur d’une aventure politique qui, je le souhaite, aboutira à l’Elysée.
morvan
Eh bien je vais me joindre au choeur laudatif pour ce qui concerne l’entretien avec Natacha Polony, j’ai trouvé moi aussi que c’était un petit moment privilégié, « délicat » même. Par contre, je craque enfin sur un détail qui me chipote depuis longtemps, à savoir M. Mélenchon votre emploi répété (je me permets même de dire « à tout bout de champ »), de l’anglicisme « process », alors même que ce vocable assez flou recouvre dans sa langue de nombreuses significations, pas si proches les unes des autres (processus, procédé, procédure, voire méthode, méthodologie, marche à suivre), qui sont disponibles à vos précision et rigueur habituelles.
philvil
Bonjour à tous,
Petite critique si je peux. M. J-L Mélenchon s’est lourdement trompé sur la primaire de droite, en expliquant sur les plateau TV que Sarkozy allait gagner cette primaire. Cela discrédite un peu son analyse politique et que si il continue de faire des pronostics, qu’il ne le fasse pas devant des millions de Français. Vous me direz que ce n’est pas le seul, mais c’est quand même lui qui nous représente et qui donne le ton (devant les médias).
AF30
[…] Si vous affirmez que Jean-Luc Mélenchon a indiqué que Sarkozy allait gagner c’est qu’il a du le dire. Cependant ces quelques mots non pour intervenir sur cette erreur de diagnostic mais sur l’état d’esprit qui procède de votre remarque. A gauche il est très souvent demandé, sinon d’être parfait, mais au moins de ne pas être très éloigné de la perfection. Alors on discutera sans fin du détail qui, du détail quoi, passant ainsi de l’essentiel au dérisoire. Bien évidemment Il ne s’agit pas de défendre cette erreur.
Francis
Il a donné une opinion qui prenait en compte le fait que Sarkozy était le président du parti LR et que de prime abord celui qui dirige le parti est le favori d’une telle élection. Ce qui est nouveau c’est que des électeurs venus d’autres horizons s’invitent pour jouer les troubles fêtes. Ce sera également le cas lors de la primaire PS (si elle finit par être organisée) Montebourg lui même en appelle aux électeurs de droite pour battre Hollande. Dans ces conditions il vaut mieux ne pas donner d’opinion et voir venir.
morfin
Le programme de la droite est identique, seuls les visages changent, donc pas de quoi en parler des heures. Ce qui va compter maintenant c’est s’ouvrir à tous et toutes, à ceux qui ont pris d’abord le chemin de coté (comme Ensemble, PCF, militants issus du MRC, ou frondeurs PS, EELV de gauche) et surtout écouter les syndicalistes qui ont déjà pris le parti, semble-t-il, de rallier la France insoumise.
Merci aussi de tenir compte des jours de ceux qui travaillent en ne mettant pas toujours les rencontres des mardis, mercredis mais aussi en fin de semaine, sinon ce seront les retraités qui prendront la place (c’est bien mais faut une mixité des générations). Pas moyen de faire voter les SDF car ils n’ont pas le droit de vote, sans fiche de loyer, etc. !
Happifiou
@morfin
« Pas moyen de faire voter les SDF car ils n’ont pas le droit de vote, sans fiche de loyer, etc. ! »
C’est tout à fait faux ! Personne ne peut-être privé du droit de vote dès lors qu’il possède la nationalité française, voire une nationalité européenne pour certaines élections locales, quel que soit son mode de résidence dès lors qu’il n’est pas déchu de ses droits civiques. Donc dire qu’un SDF « n’a pas le droit de vote » prouve une méconnaissance complète des institutions de la République, et finalement un grand mépris pour ces malheureuses personnes.
Il est tout à fait possible et relativement facile d’obtenir un certificat « d’élection de domicile » auprès du CCAS de la commune de séjour, et par conséquent l’inscription sur la liste électorale de cette commune. Heureusement, les associations qui prennent en charge les SDF au quotidien le savent. Vérifiez sur service-public.fr avant d’écrire n’importe quoi.
Maintenant, la question est de savoir s’ils ont envie de voter ? Lorsqu’on est dans le 36ème dessous, les préoccupations de nos politiques germanopratins, France insoumise incluse, paraissent bien vaines, comme la règle verte ou l’arrêt du nucléaire, par exemple !
Nicks
L’air pollué et les radiations ne gènent pas le SDF ? Certes la misère immédiate est à combattre avant la misère de moyen-terme, mais il me semble qu’un programme équilibré traite de façon globale tous les enjeux. Il se trouve que Jean-Luc Mélenchon parle très souvent de pauvreté, autant que d’écologie. Heureux ?
Happifiou
Quand je parle de germanopratins… et la réplique sentencieuse et bourgeoise n’a pas tardé à tomber comme la bouse du cul de la vache !
La question n’était pas de savoir si le programme de la FI est équilibré ou pas, mais de rectifier l’affirmation mensongère et méprisante selon laquelle les SDF n’avaient pas le droit de vote. Et pour côtoyer souvent des SDF auxquels je tâche de venir en aide à la mesure de mes moyens, je peux vous assurer que le fait que Jean-Luc Mélenchon « parle souvent de pauvreté » leur fait une belle jambe. Dans ces conditions, le fait qu’ils puissent voter ne signifie pas qu’ils ont envie de le faire, ne vous déplaise. Mais si vous voulez continuer à les brandir comme des figures de proue ou des gages de vos bons sentiments afin de vous donner bonne conscience, ne vous privez pas, cela les indiffère…
Régine
@ Happifou
Toujours aussi charmant. C’est un plaisir de vous lire, ça nous remet à notre place et vous à la vôtre, bien évidemment la plus haute dans l’échelle de la pertinence et du savoir ! L’expression des autres visiteurs de ce blog étant assimilé à de la merde. Sachez quand même que c’est avec des excréments qu’on nourrit la terre et avec la réflexion, des autres (y compris la vôtre) qu’on nourrit le débat. Mais le mépris et l’acide qui caractérise vos propos sont stériles. J’espère que vous allez militer, avec tous ceux qui sont maintenant grâce à vous bien éclairés, afin que tous les SDF soient munis le jour venu du sésame qui leur permettra de voter pour celui qui portera notre parole, notre projet d’une société plus humaine, le mieux possible.
Nicks
@Happifiou
Pour qu’on lutte réellement contre la pauvreté plutôt que d’en parler, il faudra que nous soyons au pouvoir, et que nous continuions donc à en parler, à tous bien évidemment. Ca n’empêche pas d’agir comme vous le faites bien au contraire, mais on ne peut pas se dispenser de faire circuler les idées. C’est le seul moyen pour régler les problèmes globalement. C’est la politique et la société, ne vous en déplaise.
semons la concorde
Intéressante interview avec Natacha Polony dont je salue l’honnêteté intellectuelle. C’est si rare chez les journalistes patentés dans nos media que ça mérite d’être souligné. Et je partage son questionnement sur votre soutien inconditionnel à François Mitterrand. J’entends votre réponse sur le contexte historique qui aurait justifié ses choix politiques et économiques. Mais pour les citoyens de base, comme moi, c’est de son « règne » que démarre le virage à droite. Bérégovoy l’avait compris, un peu tard il est vrai.
En écoutant les programmes des candidats de droite et de Marine Le Pen, j’ai songé qu’il ne sert à rien de s’appeler « Les Républicains » quand on projette de bafouer ouvertement notre devise républicaine : ni égalité ni fraternité dans l’avenir qu’ils nous promettent.
André
D’où l’importance de clamer haut et fort que les meneurs des appareils qui bafouent ces valeurs fondamentales ne sont pas républicains et doivent être appréciés comme tels et définitivement classés parmi ceux qui dans notre histoire ont basé leur pratique sur des politiques d’asservissement des peuples et de recherche de boucs émissaires à exclure.
Goissédé
@happigiou
Quand Jean-Luc Mélenchon parle de la pauvreté, il parle des 9 millions de pauvres, dont font partie les SDF. Un Français sur six. Quant à la non participation à se déplacer pour voter, elle concerne un Français sur deux.
Guy-Yves Ganier d'Émilion
En 2014, vous disiez sur votre blog que Paranaguá vous faisait un procès pour des propos analogues à ceux que vous tenez dans ce billet. En principe, la prescription pour diffamation est de 3 mois. Si ce procès a bien eu lieu, et sans vouloir remuer inutilement la poussière, est-ce qu’il serait possible d’en connaître le résultat ?
adinaclo
Je viens de voir ton intervention européenne sur le futur conseil de défense communautaire et j’ai tout de suite fait le parallèle avec Jaurès : ce qui se prépare est terrible !
morfin
A l’attention de ceux qui me répondent avec un certain mépris sur les SDF je me charge en effet pour mes amis du quartier de discuter avec eux et elles, de leur donner des livres et de causer politique. Ils sont en attente de relogement qui sont sans cesse repoussés en date et les démarches pour voter, ben non c’est pas facile pour eux ! Qu’ils aient choisi de voter pour Mélenchon c’est leur choix et çà les regarde, car ils n’ont plus confiance en personne d’autre. En aucun cas je ne dicterai en quoi que ce soit pour qui voter mais faire les démarches, oui, on peut leur filer un coup de main. Donc si l’un de vous est plus habile, qu’il le fasse donc, car les SDF de Paris se connaissent entre eux et ils ont participé pour certains à nuit debout avec un stand et une commission. Je leur founis en tout cas le papier de Jean-Luc Mélenchon où sont bien notés des conditions d’inscription mais si quelqu’un peut faire la suite pour qu’ils y arrivent, à bon entendeur !
Invisible
Natacha Poloni est bien charmante et fait de gros efforts pour être objective. Grâce lui en soit rendue. Mais ils sont marrants ces gens de droite quand ils font passer l’Histoire par leur recyclage idéologique. Ils sont les représentants du conservatisme et défendent leurs intérêts de classe sauf que, sur le plan psychologique, ils aimeraient bien avoir des retombées nimbées de gloire et de bienfaisance. Du coup, ils sont capables de prétendre que la sécu est une création de De Gaule juste parce que ça se passait pendant le mandat de celui-ci ou alors, autre exemple, de prétendre que la loi Veil est une mesure de droite parce qu’elle a été portée par une personne de droite, effacer d’un revers de manche que c’était toute la droite qui s’y opposait. J’ai ré-écouté la vidéo avec Poloni à la 18è minute pour tacher d’y comprendre quelque chose. Il semblerait que Natacha n’ait envie de bloquer que sur un truc sensible mais en reconstruisant l’Histoire. Votre rappel, Jean-Luc, de comment s’est passé l’histoire est utile. Sauf que ça n’y changera rien. Les gens ont admis ce mantra contre Mitterrand en tant qu’icône. Les êtres humains sont ainsi faits, un peu perroquets ! Quand une phrase-titre est lancée, elle est admise comme une vérité révélée.
Quant à la discussion sur le droit de vote ou non des SDF, elle aurait pu se tenir sans invectives, finalement. Il nous manque ce petit côté faux-cul qu’ont les diplomates.
JCV
Mitterrand était selon moi un homme bi-face, tiraillé entre radicalité et conformisme. On a tendance aujourd’hui à gauche à ne voir que le deuxième Mitterrand, mais on oublie que celui-ci a été un résistant héroïque, un réformateur déterminé et un vrai porteur d’espoir, en France comme dans le monde. Il choisit l’Europe mais avait-il une autre alternative ? Le monde d’alors était divisé en deux blocs tout aussi rigide l’un que l’autre. L’Europe de Mitterrand était une tentative de troisième voie, un projet cohérent et mobilisateur qui tenait cependant beaucoup trop à son charisme personnel. Ce sont ses héritiers directs qui sont redevables de son échec : Jospin, Fabius, Hollande. Mélenchon représente je crois l’autre aile du mitterandisme, l’aile radicale. Il est en mesure de réussir là où François « le Grand » a finalement échoué. D’autant que dans le contexte actuel un plan B est économiquement et géopolitiquement réaliste.
Renault
Mitterrand n’a pas été un saint, OK, mais l’abolition de la peine de mort contre le peuple, la 5ème semaine de congés payés, la retraite à 60 ans alors qu’on est plus au sortir de la guerre comme à l’époque de CNR, rien que pour ça, entre autres, ça mérite un très grand coup de chapeau, sachant que Hollande démonte tout et que si un Fillon arrive c’est la fin de la Sécurité sociale.
Luc
Monsieur Mélenchon, je souhaiterais rebondir sur votre critique de l’agilité. Certes, hélas, le terme est souvent dévoyé par des dirigeants qui n’en connaissent pas grand chose. Mais, si vous ne le connaissez déjà, je vous invite à le lire.
C’est très court, juste quelques préceptes de base qui me semblent pour la plupart en accord avec ce que je perçois de vos idées et de votre programme. Bien que rédigé par et pour des informaticiens, ces préceptes s’adaptent assez bien à d’autres industries ou services, c’est juste une question de bon sens et de bonne volonté dans l’organisation, et même la planification, du travail, quel qu’il soit. Oh, bien sûr c’est très loin d’un programme politique destiné à dénouer le nœud avec lequel le système financier actuel est en train de pendre l’humanité. Mais je crois sincèrement que ce peut être un élément de transformation des modes de pensée et que cela peut participer à l’amélioration des conditions de travail.
morvan
Oui, enfin, je m’en voudrais d’être désagréable, mais quant à moi je sature avec ce vocable employé à tout bout de champ dans la publicité, et ici dans votre exemple dans le domaine d’une activité quelle qu’elle soit, participant au dévoiement général des concepts même de métier et de travail. Je sature, oui, à force d’entendre renommer de manière parfaitement absconse des concepts auparavant compris par tous. J’ai récemment appris qu’il y avait un nouveau métier, « agiliste », n’est-ce pas môderne ? Eh bien renseignements pris, et au terme du tri du fatras sur la table, j’ai compris que l’agiliste en question, loin du pimpant acrobate que je subodorais, était somme toute (bête) un coordonnateur de projet, comme il en existe depuis des tralées.
PIETRON
Je tiens à souligner que les « congés payés », la retraite à 60 ans, etc. sont les résultats de « luttes sociales ». Aucun président, fut-ce Mitterrand, n’a « offert » les congés payés (ni Blum d’ailleurs), et pour ce qui le concerne la retraite à 60 ans, c’était non seulement une des conditions de son élection et une revendication portée notamment par les ouvriers de chez Renault, jadis hyper combatifs avec une CGT très puissante. Les travailleurs ont conquis leurs acquis en 36 comme en 81, et à chaque étape de leur octroi arraché de haute lutte. Cela dit, F. Mitterrand a vite remis les pendules à son heure, et le reste a suivi via les gouvernements successifs quasi coalisés dans une espèce de compétition du moins-disant social.