Quand ce post paraîtra, il y aura déjà plusieurs jours que nous aurons atteint les 500 signatures d’engagements d’élus en capacité de parrainer ma candidature. En principe, et sauf manquements improbables, « la France insoumise » a donc obtenu son droit de participer à l’élection présidentielle. D’autant que la décision de parrainage général des élus communistes devrait être intervenue entre temps. N’empêche qu’avant cela, un travail ingrat de petite fourmi méthodique, dix mois durant, a fini par payer. Beaucoup de gratitude à l’égard de celles et ceux qui ont rendu cela possible.
Leur parrainage ne vaut pas soutien politique, je le sais. Il a le sens d’une volonté démocratique de rendre possible une candidature légitime. Aux citoyens de trancher à présent par leur bulletin de vote. 500 ! Le PS aura tout fait pour que cela ne soit pas possible. Je le déplore. Mais cela aura été en vain. Les élus de base n’ont plus peur d’eux. Le 17 mars les parrainages seront clos. Le 18 nous avons rendez-vous dans la rue pour le déboulé géant du peuple de la révolution citoyenne de Bastille à République.
L’hôpital a-t-il attrapé la grippe ? Non bien sûr. Mais il est très malade. De tous côtés, des alertes me sont lancées. Les urgences sont débordées et les hôpitaux incapables de faire face à l’épidémie de grippe. Je dis que ce n’est pas d’abord la faute de la maladie en question. Bien sûr, je ne néglige pas la violence de la grippe. J’ai lu que 18 000 personnes seraient mortes de l’épidémie il y a deux ans, lors de l’hiver 2014-2015. D’ailleurs, il y avait déjà eu par exemple cette année 13 morts dans une seule maison de retraite ! À Paris, tous les indicateurs d’activité des pompes funèbres vont dans le même sens. D’une année sur l’autre aux mêmes dates, l’activité mensuelle de janvier est d’ores et déjà dépassée. Tout cela alors que le pic de l’épidémie ne serait pas encore atteint. Sur le terrain, tous les témoignages convergent : notre pays est devenu incapable de faire face à une épidémie pourtant prévue, cyclique et finalement sans difficulté thérapeutique.
Tel est le bilan d’une politique du manque chronique de personnel et de lits aux urgences et dans tout le système hospitalier. Celui-ci est aujourd’hui au bord de l’effondrement. Les hôpitaux ne tiennent encore debout que grâce à l’incroyable dévouement de tout leur personnel, des médecins urgentistes aux infirmiers, aides-soignants, brancardiers etc. Mais cela ne durera pas toujours. La vidéo de Sabrina Aurora, l’interne en médecine, a été vue par huit millions d’internautes. Cela montre qu’il existe une opinion de masse que la situation inquiète au plus haut point.
Cette épidémie est un donc un parfait révélateur de ce qu’est devenu notre système de soins sous la férule du libéralisme. Il est temps de rappeler que ce système politique a toujours justifié ses diktats et la récitation permanente de ses mantras par son efficience. Une belle arnaque. Là où le libéralisme s’applique, très vite, plus rien ne marche ! Une bonne occasion de montrer que les soi-disant « compétents » qui gouvernent ne font rien d’autre que créer les conditions du chaos. Dans la santé, il faudra faire tout autrement dès que possible. Pour l’instant c’est le règne du bavardage au sommet de l’État.
La Ministre de la santé a donc demandé mercredi 11 janvier aux hôpitaux de « reporter les opérations non urgentes ». Pourquoi ? Pour soulager les urgences face au pic de grippe. Mme Touraine explique ainsi que les urgences sont « aux limites de leurs capacités ». En effet, pour faire face, ici on rappelle des retraités, là on rajoute des lits dans des chambres individuelles, ailleurs on cherche des vacataires pour épauler le personnel en sous-effectif. Diantre, les urgences hospitalières de la sixième économie du monde sont mises en tension maximale par une simple grippe !
Mais, non, Mme la Ministre, l’hôpital n’est pas malade de la grippe. L’hôpital est malade de votre politique depuis cinq ans et de celle de vos prédécesseurs. Marisol Touraine se vante d’avoir réduit le déficit de la Sécurité sociale. Mais elle ne dit pas à quel prix ce résultat a été obtenu. Depuis 2015 et jusqu’à cette année 2017 s’applique un plan d’austérité à l’hôpital. Sur ces trois ans, le gouvernement applique 3 milliards d’euros de coupes budgétaires dans l’hôpital. Cela revient à fermer 16 000 lits ou à supprimer 22 000 emplois ! La cause du désordre vient d’abord de là avant de venir de la grippe !
Cette épidémie sonne comme un désaveu pour tous mes concurrents à la présidentielle. D’abord pour les anciens ministres Macron ou Valls qui portent la responsabilité des budgets en question adoptés quand ils étaient encore membre du gouvernement aux plus hauts rangs. Notez aussi que Benoît Hamon a voté pour deux des trois lois de financement de la Sécurité sociale en question là où d’autres « frondeurs » s’abstenaient.
La grippe prouve aussi par l’absurde que les propos de M. Macron, de M. Fillon ou de Mme Le Pen sur la santé sont déconnectés de la vie réelle. M. Macron et M. Fillon prétendent que les Français devraient se « responsabiliser » en matière de santé. M. Fillon l’a encore dit le 12 décembre dernier dans sa tribune publiée dans Le Figaro. Selon lui, « Il convient, par ailleurs, de responsabiliser chacun en simplifiant les nombreux dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur qui sont un maquis incompréhensible ».
Emmanuel Macron a dit la même chose le 2 novembre sur Médiapart : « Je propose que chacun puisse se responsabiliser et payer en fonction de ses propres risques ». Mais que veut dire « se responsabiliser » à propos de maladie ? Cela veut-il dire éviter de tomber malade en même temps que tout le monde ? Savent-ils ce qu’est une épidémie ? C’est lorsque de nombreuses personnes sont contaminées par la même maladie. Et pourquoi plusieurs personnes sont-elles contaminées par la grippe au même moment ? Parce que c’est un virus, et que c’est donc contagieux ! Comment se responsabiliser dans ces conditions ? Comment éviter de tomber malade en même temps que les autres en pleine épidémie ? Faut-il arrêter de parler avec ses voisins ? Arrêtez d’aller travailler ? Arrêter de vivre pour éviter d’être contaminés ? C’est grotesque.
Le programme M. Fillon est aussi mis en cause sur un autre aspect, commun avec Mme Le Pen. Les deux projets reposent sur la suppression des remboursements partiels ou totaux de soins par la sécurité sociale. Par exemple, quand Mme Le Pen propose de supprimer l’aide médicale d’État pour les étrangers sans-papiers. Ou quand M. Fillon a proposé de « focaliser l’assurance publique universelle [c’est-à-dire la Sécu] sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste » comme cela était écrit dans son programme sur la santé dans la primaire.
Depuis, ce programme a été effacé du site internet du candidat et François Fillon assume de l’avoir « retiré ». Mais ce projet était bien avancé : notez ainsi que dans Les Échos du 25 novembre dernier, la porte-parole de M. Fillon pour la santé, Mme Dominique Stoppa-Lyonnet, envisageait explicitement de dérembourser… « la grippe » ! Elle estimait que celle-ci, comme « l’optique, le dentaire, les audioprothèses n’ont pas à être financés par l’assurance-maladie de base ». Il reste à M. Fillon et Mme Le Pen à apprendre que les microbes et le virus de la grippe passent d’un individu à l’autre sans se soucier de savoir s’il a des papiers, ou si sa complémentaire va le rembourser. Et que par conséquence, pour protéger les Français et ceux ayant une complémentaire, la méthode la plus efficace consiste à … soigner et rembourser tout le monde !
Une autre idée aberrante de M. Fillon est d’imposer un jour de carence pour les fonctionnaires en arrêt-maladie. Il explique que c’est pour aligner les fonctionnaires sur les salariés du privé qui peuvent se voir imposer trois jours de carence. Un jour de carence, c’est un jour où vous n’êtes pas indemnisés par l’assurance-maladie lorsque vous êtes en arrêt maladie. Pourquoi ne pas aligner tout le monde en le supprimant dans le privé ? Ce serait nettement plus pertinent du point de vue de la santé publique. Parce que le principe du jour de carence est particulièrement absurde en cas de maladie contagieuse. Car pour éviter de perdre un jour ou plusieurs jours de salaire, le salarié va travailler, même s’il est malade. Et avec la grippe, il contamine ses collègues au lieu de rester au chaud chez lui. Là encore, la mesquinerie et la jalousie sont mauvaises conseillères pour aborder efficacement les questions de santé.
Notre programme en matière de santé me parait nettement plus efficace et pertinent. Peut-être parce qu’il part de la réalité humaine et non des objectifs comptables ou de l’intérêt financier des actionnaires des assureurs privés. Ainsi, la suppression des dépassements d’honoraires chez le médecin et le remboursement à 100% par la Sécurité sociale des soins permettraient de faciliter une prise en charge rapide des malades évitant ainsi une aggravation de leur maladie. Aujourd’hui, un Français sur trois renonce à des soins pour des raisons financières ! Et ensuite, quand son état est devenu trop grave, il se présente aux urgences venant participer de l’embouteillage à cet endroit du système de santé.
Pour faciliter l’accès aux soins, il ne suffit pas de mieux les rembourser. Il faut encore les rendre physiquement accessibles. C’est-à-dire combler les déserts médicaux. Pour cela, nous proposons la multiplication des centres de santé, combinant médecins généralistes et spécialistes. Dans ces centres officieraient des médecins publics, fonctionnaires. Je suis certain que des milliers de jeunes gens sortants des études d’infirmiers ou médecine seraient tout à fait disposés à travailler dans ce cadre, avec un rythme, des conditions et environnement de travail compatibles avec les projets qu’on peut avoir pour soi et sa famille à l’âge de 30 ans ou en fin de carrière.
Évidemment, une forte priorité devra être donnée à reconstruire l’hôpital public. Il a été tellement mis à mal par l’austérité. Mais aussi par l’absurde système de « tarification à l’activité », généralisée par M. Fillon quand il était Premier ministre ! Ce système fait dépendre le financement de chaque hôpital sur le nombre et le type de pathologies prises en charge. Ainsi, il faut faire du chiffre sur certaines pathologies même si les opérations ne sont pas absolument nécessaires car elles « rapportent ». Après quoi et en toute hypothèse, il faut pousser les patients à sortir au plus vite pour faire baisser la « durée moyenne de séjour », etc. Il faut mettre fin à ce système fou.
Martin Schulz a quitté ses fonctions de Président du Parlement européen lors de la dernière session plénière du mois de décembre. Telle est la tradition de la combine permanente entre le PS et la droite : à mi-mandat les postes tournent pour que chacun en profite un moment. Son poste, désormais vacant, fait donc l’objet d’une élection au sein des membres du Parlement européen. Évidemment, aucun débat n’aura lieu à ce sujet dans l’enceinte parlementaire puisque c’est là l’une des particularités de ce pseudo « Parlement » européen, de ne jamais débattre. Aussi c’est le média états-unien Politico qui s’est chargé d’organiser un débat filmé ! Alors qu’il y a un mois à peine le Parlement européen dénonçait la prétendue propagande Russe en Europe et réclamait à hauts cris des médias européens autonomes, voilà que les mêmes confient le sort de notre Parlement au média de la superpuissance qui la domine.
Pourtant, cette fois-ci encore, un débat avec les parlementaires dans l’hémicycle aurait eu son intérêt pour les citoyens européens. Car, fait nouveau, les groupes sociaux-démocrates (S&D), libéraux (ALDE) et réactionnaires (PPE) ont rompu leur alliance électorale conclue en début de mandat. Celle-ci prévoyait qu’ils soutiendraient ensemble la candidature d’un social-démocrate, en l’occurrence Martin Schulz, en début de mandature, puis un candidat de droite à mi-mandat. Prétendant rompre avec la « grande coalition » qui gouverne l’Europe, les sociaux-démocrates ont choisi de présenter un candidat issu de leurs rangs : l’italien Gianni Pittella. On se retient de rire. Car Martin Schulz, le président PS qui quitte son poste en application de l’accord de grande coalition se prépare lui-même à entrer au gouvernement de madame Merkel dans le cadre de la grande coalition en Allemagne.
On devine que la rupture de la grande coalition dont parle Pittella, le président du groupe PS, a des limites. Il ne s’agit évidemment pas pour le candidat le PS de rompre avec la politique d’austérité, ni la logique de guerre froide, déjà soutenue par Martin Schulz. C’est seulement le résultat d’une stratégie électorale. Pittella ne s’en est pas caché lors de son audition devant mon groupe parlementaire « nos électeurs veulent une polarisation sinon nous abandonnons le terrain aux forces antisystèmes ». Ce n’est donc qu’une posture. Sur le fond rien ne change. D’ailleurs le candidat a refusé de se prononcer sur les grands débats à venir… Et il faut voir quels débats !
Sur le CETA dont le vote est prévu en février, il n’a pas d’avis personnel ! Et il indique qu’il suivra la position de son groupe. Sur l’Union européenne de la Défense et sa course à l’armement, il ignore tout bonnement les questions des députés. De toute manière, le candidat PS n’en est pas à une approximation près. Dans sa déclaration de candidature il certifie vouloir défendre la démocratie au sein du Parlement, notamment en donnant la parole aux petits groupes, alors qu’en décembre dernier il soutenait le rapport décrié de son collègue socio-démocrate Corbett. Ce rapport visait au contraire à restreindre les possibilités d’expression des « petits » groupes politiques afin d’accroitre celles des « grands ». Pittella a donc personnellement approuvé les modifications des seuils nécessaires aux dépôts d’amendements, aux demandes de votes nominatifs, et aux propositions de résolution ! Tout cela permet depuis aux gros groupes, celui du PS et de la droite d’agir seuls. Les autres ont juste le droit d’être empêchés d’agir. Résumé : Pittella joue du menton, le temps de l’élection. C’est tout. Pour le reste il ne s’agit pour lui que de pouvoir continuer la même politique.
Le candidat de la droite (PPE), Antonio Tajani n’est guère plus réjouissant. Eurocrate confirmé, il est dans les arcanes européens depuis 1994. Quatre mandats de député européen et un de commissaire européen, de quoi faire du dégât ! Et d’ailleurs, quand il était Commissaire aux Transports puis à l’Industrie (2008-2014), il a participé à la mise en place la législation sur les émissions sur les moteurs diesel. Mais lorsqu’il a eu vent des tricheries de Volkswagen par le centre de recherche lié, il les a ignorées. Il affirme aujourd’hui que « Le Dieselgate n’est pas un problème pour moi ». Adversaire farouche de la laïcité, lorsqu’il était Vice-président du Parlement il n’a eu de cesse de promouvoir « le dialogue entre les religions ». Et il soutient l’idée que « Les religions sont cruciales pour mettre nos valeurs en action ». Lors de son audition devant le groupe GUE, il a défendu les mêmes convictions réactionnaires en prétendant fallacieusement que les droits des femmes « ne relèvent pas des compétences de l’UE » ou encore que le Parlement ne « pourra pas ré-ouvrir les négociations sur le CETA ».
Enfin, le candidat ALDE est le libéral belge Guy Verhofstadt. Je le connais parce que je vois son travail d’orateur dans l’hémicycle et qu’il parle français dans ses interventions puisqu’il est wallon. Je le connais aussi pour avoir dû supporter le klaxon qui lui sert de bouche dans un débat où Henri Guaino et moi échangions sur l’Europe ! L’un et l’autre nous nous sommes confessés n’avoir jamais entendu quelqu’un crier autant pour parler que lui ! Les ONG le connaissent aussi pour ses liens avec les lobbys. En effet, il siège dans de nombreux conseils d’administration dont l’un des plus grands groupes maritimes belges, Exmar, ou encore Sofina, la Société financière de transports et d’entreprises industrielles, pour lesquels il touche plus de 200 000 euros en jetons divers tous les ans. Il se plaçait en position d’arbitre de l’élection, en début de semaine, avant ses déboires avec le mouvement italien des 5 étoiles. Il avait envisagé d’inclure ces 17 députés eurosceptiques dans son groupe européiste avant de se raviser. Il me semble que ce genre de manœuvre lui a fait perdre au passage toute crédibilité dans les bancs des autres eurolatres libéraux.
Pour ma part, je soutiendrai la candidature courageuse de ma camarade italienne Elonora Forenza. Militante féministe et altermondialiste, elle s’oppose à la grande coalition et la politique de rigueur qu’elle a impulsé en Europe. Elle réclame également plus de démocratie dans le Parlement européen, ce qui a le mérite de dire que la situation actuelle est une honte.
De toute manière, vue la façon dont sont organisés les votes (3 tours à la majorité absolue et un 4ème tour avec les deux candidats les mieux placés) tout est fait pour que la même politique perdure. Ainsi, quel que soit le nom du futur président, la politique de la « grande coalition » sera toujours à l’ordre du jour. Il ne faut pas compter sur moi pour contribuer à cette pantalonnade.
Le 10 février 2016, je présentais ma proposition de candidature sur TF1. Aussitôt, toutes les équipes affectées à une tâche sont sorties de la tranchée. Collecter les parrainages était aussi décisif que bien d’autres choses mais à certains égards un peu davantage. Le plan de bataille pour la collecte va finalement durer onze mois avant d’être couronné de succès.
Il s’est mis en mouvement le 20 février. Avec 21 maires, Tony Bernard, le maire de Chateldon, lançait un appel par mail à 44 000 adresses. Depuis, jour après jour, tous les jours, une toute petite équipe bénévole a travaillé depuis le Jura autour d’Alexis David et Gabriel Amard, secrétaire national du PG.
Gabriel a été longtemps maire et président d’agglomération. À présent installé dans le Jura, il sillonne cependant le pays toute l’année pour son combat permanent : la bataille pour l’eau publique. Il connait donc bien le terrain des élus locaux et leurs problèmes. Cette toute petite équipe organise la distribution et le suivi de ma lettre aux élus par mail puis par courrier postal. Car le courrier papier est encore le vecteur le plus facile d’usage pour ce type de travail. Mon appel centrait la demande sur le souci du pluralisme dans la prochaine élection présidentielle.
Au moment où ce courrier part à 42365 élus nous avons déjà collecté 70 engagements autour de nous. Pour économiser des timbres, on a retiré de nos listings les élus FN et les principales faces de pierre du PS. Ça n’empêchera pas le verrouillage quasi immédiat. Mais aussi une contre campagne sur le mode de la réplique venimeuse de cette élue PS de Vendée, Sylviane Bulteau, se déclarant « choquée » qu’on la sollicite et suggérant qu’il serait mal reçu de me donner ce parrainage. On devine que cela ne pouvait suffire à nous démotiver. Au contraire, en découvrant ce texte sur Facebook, un certain nombre d’élus ont réagi en déclarant leur parrainage et les premiers volontaires se sont déclarés pour former un commando de travail. A sa façon, cette femme aura été un bon sergent recruteur pour nous.
Le travail s’organise alors plus finement. Le quadrillage est plus serré. 70 correspondants de zone de prospection sont désormais en action. Elle parvient bien vite à la centaine de militantes et militants aujourd’hui actifs et répertoriés sur toute la France.
Beaucoup attendaient naïvement la décision du PCF sans prendre la mesure du danger que nous faisait courir sa date tardive. Le premier vote hostile de la Convention du PCF a donc été ressenti comme une gifle qui a réveillé bien du monde. Cela a provoqué de nouveau un effet de mobilisation. Le nombre des parrainages a connu alors un très net progrès.
Le plus difficile à maîtriser pour beaucoup de nos activistes, cela aura été évidemment le caractère totalement inhabituel pour eux de cette démarche. Notre expérience de 2012 n’était pas suffisante. À l’époque, le travail avait été bien partagé avec l’équipe du PCF. Le flux arrivant des deux côtés était indémêlable. L’essentiel s’était fait par courrier. Là il s’agissait d’aller de mairie en mairie à la rencontre des élus en état de parrainer. Avec un ciblage clair : le plus possible d’élus de petites communes sans étiquette. Car une fois leur décision prise, ils n’en changent pas et sont blindés contre les pressions des élus des grandes collectivités.
Le rôle de Gabriel et d’Alexis a consisté à décomplexer les personnes qui voulaient s’investir. Beaucoup n’osaient pas si facilement appeler les élus et planifier les visites en mairie. Un kit militant a donc été préparé pour répondre aux problèmes et aux angoisses. Et pour pouvoir dérouler le rendez-vous avec un maire et même simuler l’entretien. Un argumentaire a été mis au point sous forme d’une recette de cuisine. Ce kit était proposé sur le site jlm2017. Gabriel et David consacraient, selon les jours, 2 à 3 heures à relancer des correspondants, à appeler des élus qui posaient des questions ou qui voulait un contact avec quelqu’un de mon équipe parisienne avant de prendre leur décision. Chaque jour était fait un compte rendu des rendez-vous menés qui étaient débriefés. Et ainsi de suite avec patience et détermination.
Implacable routine. Chaque jour des mails, des enregistrements de parrainage, l’expédition des lettres de remerciements. Une fois par semaine le point avec moi. Comme les courriers partent du Jura d’où l’opération est conduite, on poste au dépôt de Perrigny. Les postiers sont désormais habitués et ravis : mes envois soutiennent les statistiques du bureau et du tri. Dans la logique d’implication qui est la marque de tout ce que nous faisons, je propose à l’élu signataire de convaincre un collègue et Gabriel lui remet un formulaire.
Le plus difficile finalement, c’était de résister à l’assaut de ceux qui voulait savoir le nom des signataires dans son département avec l’argument de ne pas relancer ceux qui ont déjà signé. Et moi de répéter : « Non, je me suis engagé solennellement à ne pas donner les noms, donc je ne te les donnerai pas. Si tu contactes un élu qui a déjà signé et bien, tant pis. Mais il pourra constater que j’ai tenu parole et que j’ai protégé son anonymat même avec mes proches ! » Une intransigeance parfois mal vécue par les amis…
Début novembre, nous avons accéléré comme je l’ai dit. Depuis le Jura sont partis 18575 courriers aux maires sans étiquette des communes de moins de 500 habitants. À mon retour de Martinique et Guadeloupe, nous avons renvoyé un courrier en plus du mail à 585 élus territoriaux et départementaux des DOM et TOM. J’espère qu’ils ont reçu depuis. Je pense pouvoir compter sur des réponses.
À présent, le compte minimum est bon. On sait bien qu’il faut une marge de manœuvre. Je pense que nous l’aurons quand la direction du PCF donnera la consigne de signer à ses élus en situation de signer. Je sais bien que d’autres équipes sont en chasse elles aussi. Je leur souhaite bon courage de tout cœur. Évidemment, j’apprécie moyennement quand je les entends dire aux élus : « Mélenchon est certain d’avoir ses signatures, aidez-moi plutôt que lui.. » Mais c’est la vie et je fais confiance à la parole donnée.
Le mot et ce qu’il désigne.
Martine Billard, responsable du livret écologie du programme L’Avenir en commun m’avait recommandé, il y a déjà quelque temps, de lire le livre d’Elisabeth Kolbert, La Sixième Extinction. Je l’ai fait pendant ma semaine aux Antilles. Ce tableau de l’évolution désastreuse de la biodiversité m’a replongé dans la préparation de la prochaine édition en poche de L’Ère du peuple. Je la remanie assez profondément comme je l’ai déjà fait avant la précédente version poche. Cette fois-ci, je rajoute des « bonus », sorte de chapitres additifs. J’y décris ce qu’est cet « anthropocène » dont j’ai lâché le nom dans mon discours au Mans, au fil de la parole. Je l’avais utilisé dès la première version du livre L’Ère du peuple en 2014. J’avais reçu en retour un commentaire médiatique qui se voulait mordant : « au moins a-t-on appris un mot nouveau ».
Oui, et c’est le mot de ce siècle. Il désigne dorénavant notre époque. Celle de notre planète remodelée par les êtres humains. Naturellement, je n’avais rien inventé. Le mot a été prononcé et utilisé pour la première fois dix ans auparavant, en 1995, par un scientifique prix Nobel de chimie. Il était d’usage déjà assez répandu dans la presse de vulgarisation scientifique pour être parvenu jusqu’à moi. C’était donc juste un emprunt dont je dois dire que je ne me souvenais plus de l’origine. Il s’agit dorénavant d’un terme tout à fait officiel depuis le dernier trimestre 2016. Il a été validé par la communauté scientifique réunie dans le congrès de géologie internationale après quelques années d’examen. Il a donné lieu à quelques controverses instructives, qui ne sont pas épuisées depuis, je crois bien. Mon seul mérite aura été d’être le premier homme politique en France à utiliser ce mot et à en tirer des conclusions politiques.
L’Anthropocène ? Il s’agit d’un âge géologique spécifique de la vie de la planète succédant à bien d’autres. Il nous reste tous quelques lointains souvenirs scolaires de cette nomenclature. Le miocène, le pléistocène, et les grandes périodes telles que le tertiaire ou le quaternaire et ainsi de suite ne sont pas tout à fait des inconnus pour chacun d’entre nous. Les transitions entre ces périodes géologiques sont marquées par des changements nets que l’on doit pouvoir observer dans la stratigraphie de la Terre. Concrètement, cela signifie que les changements d’époque doivent pouvoir se constater en étudiant les dépôts de sédiments. Ceux-ci se font en strates comme on l’observe un peu partout où les couches profondes du sol affleurent.
C’est de cette façon que l’on a constaté et vérifié l’impact d’une météorite dans le golfe du Yucatan. Elle aurait provoqué, à la fin de la période nommée « crétacé », une extinction massive et même quasi-totale des espèces vivantes dont les malheureux dinosaures. Une très mince couche sur toute l’étendue du globe contient les sédiments incontestés de cette météorite. Elle atteste aussi la trace dramatique des évènements, que la nuit et le froid qui en ont résultés, ont ensuite provoqué dans toute la biosphère. À partir de là, toutes sortes de fossiles ordinaires disparaissent purement et simplement dans les couches géologiques suivantes.
De même, l’Anthropocène est l’âge où les activités de l’être humain modifient la composition physique de la planète. Oui, cette chétive créature, ce singe nu, est devenu la première force physique active de la nature. Charriant plus de gravats que tous les fleuves et vents du monde, changeant la composition physique de l’air davantage que n’importe quelle éruption volcanique, elle enclenche des réactions en chaîne qui se conjuguent l’une avec l’autre. Ainsi pour la composition de l’atmosphère et son contenu en gaz carbonique, comme pour la masse et la composition des mers et des océans. De là résultent toutes sortes d’événements climatiques qui impliquent tout ce qui vit, végétaux comme animaux. Ce qui a d’innombrables conséquences comme cette sixième extinction massive des espèces vivantes qui est en cours. Au demeurant l’anthropocène se manifeste aussi par des traces physiques humaines très spécifiques et tout à fait irréversibles. Pensons ici à certains matériaux apparaissant désormais partout dans la nature et qui ne s’y trouvaient pas auparavant. Par exemple le plastique. Ou bien les matières qui sont en action dans l’industrie nucléaire en général, essais militaires inclus.
Le terme anthropocène a été « inventé » par Paul Crutzen. C’est un chimiste hollandais déjà prix Nobel de chimie pour avoir expliqué l’effet destructeur de certains agents chimiques sur la couche d’ozone. Cette référence à la couche d’ozone et aux mesures prises avec succès pour empêcher sa destruction me permet d’enchainer sur une idée essentielle à mes yeux qui est la raison d’être de ce court chapitre additif. Il s’agit de la nécessité de politiser le terme et la réalité de l’anthropocène. Car sinon la tentation serait trop forte de ne voir que l’effet systémique purement physique de cette transition géologique. En gros, on ne verrait alors que le résultat aveuglé d’actions sans caractéristiques particulières. Ainsi quand on fait remonter le phénomène au début de l’agriculture en général. On peut y voir en effet le premier impact humain sur la biologie de la planète. On peut aussi remonter à la première utilisation systématique de combustibles carbonés pour dater le début du changement de la composition physique de l’atmosphère. On dit juste alors, sans aucun doute. Mais cela ne permet pas de comprendre l’accélération phénoménale du processus depuis moins d’un siècle et même depuis moins d’un demi-siècle pour certains aspects comme la destruction de la biodiversité.
Car c’est une chose que les Romains antiques n’aient pas eu conscience des conséquences de ce qu’ils déclenchaient en systématisant la consommation de certains combustibles dont la trace se retrouve dans les carottes glaciaires ; c’est une chose aussi que les conquistadors n’aient pas eu conscience des conséquences dans l’atmosphère du génocide dont ils furent responsables ; mais cet aveuglement ne saurait s’appliquer à l’époque actuelle. L’exemple de la lutte contre le trou dans la couche d’ozone en atteste. Le phénomène a été compris grâce aux travaux de Crutzen et cela permis d’intervenir à temps pour en inverser le processus en interdisant l’usage par l’industrie des aérosols des gaz incriminés. Cela suffit à montrer comment l’anthropocène, âge de l’impact de la civilisation humaine sur la nature de la planète est inscrit dans le domaine de la politique et de ses décisions.
L’ère du peuple dans l’anthropocène
Dans cette façon de voir, on constate alors le lien qui unit « l’ère du peuple » à l’anthropocène. Car l’accélération des phénomènes caractéristiques de l’anthropocène, jusqu’au point dramatique où ils se situent dorénavant, est très étroitement corrélée à l’explosion démographique de la communauté humaine. C’est aussi cette explosion qui fait naître « l’homo urbanus » en réseau, caractéristique politiquement de ce que j’ai appelé « l’ère du peuple ». C’est dans la période, après les années 50 du vingtième siècle, que se situe cette explosion. Elle suit le doublement de la population humaine de un à deux milliards d’individus. À partir de là encore, le cycle d’augmentation de la population mondiale devient de plus en plus bref. De ce moment vient la montée en flèche de tous les processus caractéristiques de l’anthropocène en tant que phénomène modifiant radicalement les paramètres physique de la planète. Et cela jusqu’au point où ils deviennent irréversiblement destructeurs pour l’écosystème compatible avec la vie humaine.
Mais cette explosion du nombre se réalise dans des rapports sociaux de production, d’échange et de consommation bien spécifiques eux aussi dans l’histoire de la civilisation humaine (quand on considère celle-ci comme un tout). Il s’agit de la période du mode de production basée sur la production sociale de masse et l’accumulation privée comme moteur spécifique de cette époque. Si bien que s’ajoute aux contradictions catastrophiques particulières de ce type de rapport sociaux de production une contradiction nouvelle majeure qui les englobe toutes. Il s’agit de la contradiction politique centrale de notre temps. Celle qui se constate entre le caractère infini des désirs et des besoins suggérés par l’économie de l’offre, qui est le moteur du capitalisme de notre époque, et le caractère limité des ressources qui permettraient d’y répondre. Cette contradiction est indiscutablement politique puisqu’elle correspond très directement à des choix économiques faits délibérément et en toute connaissance des effets induits. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’effet systémique. Dit autrement, cela ne signifie pas que les acteurs dominants décident délibérément de la destruction de notre écosystème.
Bien sûr que même les plus bornés et les plus stupides ne le souhaitent pas, même quand ils sont obstinément « climatosceptiques » comme on le dit de ceux qui doutent de la cause humaine du dérèglement climatique actuel. Mais l’origine politique délibérée des décisions qui aboutissent à cet effet de système sont non moins incontestables. L’opposition entre des besoins et des désirs infinis, délibérément auto-entretenus par le modèle culturel dominant, confrontés à la réalité des moyens physique limités d’y pourvoir en est la conséquence directe. Elle est radicalement politique. Le mythe de la croissance infinie comme solution revendiquée en permanence par le discours néolibéral comme social-démocrate atteste de la faillite intellectuelle et pratique de cette façon d’envisager la suite de l’histoire de la civilisation humaine. Ce qui me semble décisif alors ce ne sont pas seulement les causes de cette situation mais le fait qu’elles échappent à tout contrôle collectif capable de les maîtriser.
C’est pourquoi le caractère de la révolution à opérer est avant toute chose politique au sens littéral. C’est-à-dire qu’elle concerne la capacité existante ou non à décider et d’appliquer ce qui est bon pour tous, au sens de l’intérêt général humain. Cela et non pas seulement ce qui est bon et efficace du point de vue d’une finalité plus étroite comme celle d’un intérêt particulier, si légitime soit-il dans son domaine. C’est une des raisons pour lesquelles je dis de la révolution politique appelée par L’Ère du peuple qu’elle est « citoyenne ». C’est-à-dire qu’elle consiste dans la récupération des moyens politiques de décisions davantage que n’importe quel aspect liés à cet objectif, comme le caractère de la propriété des moyens de production. En cela, cette thèse n’annule pas les raisonnements politiques du passé mais elle les inclue dans une dimension qui les englobe et en reformule le mode d’emploi.
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Bernard DOIDY
Peut-être que l’optimisme doit être mesuré, les élus communistes qui avaient adhéré à la FI depuis longtemps ne changeront peut-être pas d’avis, mais ceux qui se rallient aux consignes récentes de leur parti pourraient se sentir offusqués à l’occasion des législatives par la difficulté à préserver leurs chances d’obtenir ou de garder des mandats. Le bureau national ne dit-il pas que la rigidité de la charte pourrait être une stratégie d’élimination ? Il y a un gros problème de communication, la prudence est de mise concernant la résolution finale de ceux qui pensent dévalorisé ce à quoi ils sont tellement attachés.
Maurice MARGENSTERN
Bravo pour cet article, Monsieur Mélenchon! Je suis de tout coeur avec vous. La vidéo de l’interne est édifiante. Vous avez raison de parler de l’anthropocène et de souligner à quoi conduit la logique capitaliste. Marx avait bien prévu cette phase du capitalisme qui produit des besoins artificiels pour mieux assurer ses profits. Il avait aussi dénoncé l’atteinte à l’environnement sans pour autant en mesurer tout l’impact. Je ne dis pas ça pour critiquer Marx : en son temps, peu de gens étaient conscients de ce que signifiait la finitude de notre planète. Juste une remarque : l’enjeu est bien de sauver l’humanité comme vous le soulignez, pas la planète. La planète n’a pas de sentiment, et si nous disparaissons, ça ne l’empêchera pas de continuer sa route autour du soleil. Il ne faut pas saccager la nature, comme vous le préconisez avec la règle verte. Si déjà on arrive à limiter les dégâts, ce sera pas mal. L’humanité peut résoudre les problèmes qui se posent à elle, elle l’a fait jusqu’à présent puisque nous sommes là. Espérons qu’une fois de plus elle relèvera le défi. Vous indiquez le chemin qui permettra de le faire. Vous êtes le seul à le faire parmi tous les candidats.
Hervé
Bonjour, je me demande si les conditions de vie des retraités dans les maisons de retraites ne participent pas a leur fragilité face a la grippe. Manger correctement, et avoir le moral, c’est aussi avoir plus de chances d’être en bonne santé non ?
Victor D
Mille Merci, Monsieur Mélenchon. Depuis 2010 vous m’avez redonner le goût pour la politique. C’est jouissif de savoir que l’on peut contourner les masses médias. La chaine youtube étant notre propre média, je vous conseille de continuer de leur dire, si vous me manquez de respect où que vous transformez mes propos je ne viendrai plus. J’ai l’impression que çà peut se retourner contre eux, car vu que vous faites de fortes audiences, ils ne pourront plus se passer de vous, et vous pouvez vous passez d’eux de plus en plus. C’est trop drôle. Bravo et merci. Continuez !
Yves Falck
Ayant depuis plusieurs mois signé pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon et contribuant dans la mesure de mes moyens au développement local de la campagne de la France Insoumise, je ne peux que souhaiter son succès car les 3 autres issues vraisemblables : Fillon, Macron ou Le Pen seraient catastrophiques à la fois pour 80 à 90% des citoyens français et plus généralement pour l’état du monde et de la biosphère.
Bien sûr, la règle verte ne peut s’appliquer qu’aux ressources renouvelables qui sont les plus gravement menacées à l’heure actuelle. Le stock de ressources minérales est considérable mais pas infini. Ce qui est sujet à se raréfier plus ou moins rapidement est ce que Nicholas Georgescu-Roegen appelait les ressources de « basse entropie », autrement dit les minerais ou composés chimiques comme le pétrole relativement accessibles et enrichis ou même formés par des processus géologiques de très longue durée. Si le projet de l’humanité devenait d’essayer de poursuivre une société technologique sur le très long terme elle devrait accepter de changer radicalement son approche : utiliser ces ressources avec la plus grande parcimonie, s’approcher le plus possible du recyclage à 100%, favoriser partout où c’est possible l’utilisation de matériaux renouvelables comme le bois ou les fibres naturelles. Jean-Luc Mélenchon le comprend parfaitement, par exemple quand il parle d’utiliser le bois au lieu du béton dans les Antilles.
costantini
Mr Mélenchon, vous êtes à l’aise avec les gens parce que vos convictions sont fermes et que vous savez les exprimer clairement et intelligemment. Comme ça fait du bien d’entendre une langue qui n’est ni de bois ni codifiée, ne serait-ce que pour ça vous tranchez sur les autres. Vous avez toute ma confiance.
MP Langeais 37
Grand merci pour cette initiation, piqûre de rappel, à l’anthropocène et au relations/conséquences et analyse que vous établissez avec « l’ère du peuple ». Voilà de l’écologie politique rondement menée, ertinente et qui donne du grain à moudre. Ce concept est vertigineux si l’on sait que ramené à l’échelle d’un jour (24 h) depuis la pangée (le début de la terre), l’homme n’aurait vécu que pendant 42 secondes. Contre 44 minutes pour les dinosaures (source Y Coppens).
PF
Un grand bravo, Jean-Luc Mélenchon pour cette brillante intervention sur RTL, l’intelligence et la compréhension du monde étaient face à la médiocrité. Cela a été vu et entendu. Quel grand soulagement. Et ce qui était joyeux (à moins que mon enthousiasme m’emporte), c’est que l’on sentait que les journalistes dociles de LCI-Figaro-RTL, visiblement aux ordres de leur aimable patron, étaient quand même sensibles (peut-être malgré eux) à la pertinence et au bon sens de tous les constats avancés.
Et bravo aussi pour l’éloquence de « Nous partîmes cinq cents… ». Le souffle de Corneille n’est pas loin, tant mieux, quel espoir vraiment !
LEON
Ce dimanche 15 janvier sur RTL était un régal pour l’esprit. Les journalistes ne pouvaient guère user des moyens dont ils se servent trop souvent : questions qui bottent en touche grâce auxquelles on casse l’explication en cours, piques polémiques destinées à agacer et à distraire, zapping qui empêche le travail de la pensée, etc. Tous ces outils étaient rendus d’avance inutilisables par des arguments massue qui pleuvaient comme grêle serrée, difficilement discutables parce que de simple bon sens, ou tout à fait indiscutables avec la preuve à l’appui. Le rythme soutenu des réponses emportait la conviction et interdisait l’interruption. Sans oublier l’humour qui courait en filigrane. Malveillance et/ou mauvaise foi étaient mises en sommeil, on souriait souvent sur le plateau. Et la compréhension du programme « l’avenir en commun » faisait un bond en avant. Merci ! Gardez cette pêche là, imperturbable, précise, et drôle avec finesse, et nous y arriverons.
semons la concorde
Au souffle de Corneille, ajoutons celui d’Edmond Rostand (Cyrano) et de Victor Hugo : « Bon appétit, messieurs … », autrement dit, le verbe haut et des idées fortes.
JeanLouis
Sur RTL comme souvent votre agilité intellectuelle, le bouillonnement de votre réflexion était évident, un vrai tourbillon. Mais peut être un débit trop rapide pour que les non initiés, qui ne sont directement supporteurs/acteurs de votre combat puissent capter l’essentiel du programme et des mesures proposées. Peut être faudrait il par exemple sur la santé et la sécu structurer le discours autour des quelques mesure principales, puis développer chaque chapitre en revenant chaque fois à la colonne vertébrale du sujet abordé pour que tout le monde puisse se raccrocher au discours. Je pense qu’il faut réfléchir à la meilleure façon de faire passer les messages, être simple avant de développer.
En ce qui concerne a T2A à l’hôpital j’ai un copain chirurgien qui m’a donné quelques exemples des effets pervers, si vous n’opérez pas assez car vous faites beaucoup de prévention, vous êtes mal vu et si le patient est âgé, il occupe un lit trop longtemps sans rentabilité, il faut donc le renvoyer chez lui.
[…]
cultive ton jardin
Monsieur Mélenchon,
Je suis en train d’écouter votre vidéo du Grand Jury, et je suis très heureuse que vous reconnaissiez avoir dit une connerie en vous réjouissant que 10.000 médecins étrangers pourraient venir chez nous. Je n’avais pas du tout aimé cette déclaration chauvine. L’hôpital voisin compte un certain nombre de médecins roumains, et autant je trouve que nous devons les accueillir dignement et amicalement, autant je suis révoltée que, n’ayant pas les moyens de travailler en Roumanie où les besoins sont immenses, ils viennent compenser ce fameux numerus clausus dont vous faites aussi justice.
JP77
De façon générale, l’immigration choisie d’aujourd’hui prépare l’immigration non choisie de demain. En plus d’être un détournement du coût de formation de ceux que l’on éloigne de chez eux.
chan
En dépit du « Mélenchon bashing » de Mediapart, excellent billet de Yannis Zeghbid sur « l’insoumission, un choix de raison ». Et sur l’affaire Wildenstein, celui de Victorayali qui reprend la citation de Lacordaire « entre le fort et le faible… c’est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit « . Ce qui s’applique à la loi Macron-El Khomeri-Valls, liberté pour le patron, oppression pour le salarié. La Sécu, FI est la seule à la défendre telle qu’elle doit être, bravo, et que tous les retraités sans-dents votent pour vous, si les vieilles en vison se pâment devant Fillon ou Macron, si jeune, si nouveau !
catherine dumas
Bonjour à notre futur président, plus le temps passe et plus l’espoir est au fond de nous tous une lumière. Ce matin je lis cet article sur la santé, nos hôpitaux, les larmes coulent toutes seules sur mes joues, nous avions un service de soins des plus performant dans notre belle France, que sommes nous devenus ! Oui je retournerai travailler s’il le fallait pour soulager toutes ces petites infirmières en mal de secours. Nous sommes de vrais vocations, le travail ne nous fait pas peur donnez nous les moyens.
Louis31
Bonjour à tous,
Juste une petite information pour Monsieur Mélenchon, je l’ai déjà signalé dans d’autres commentaires, Quand la BCE donne 80 milliards et plus par mois aux banques ça ne fait pas 6 millions de SMIC mais 6 ou 7 fois plus il suffit de faire la division. N’oubliez pas d’en tenir compte dans vos prochains interviews ou meetings.
le 18 mars je serai là.
PALET Guy
Je trouve que ça sent de plus en plus bon pour ce projet. Merci à Mr Mélenchon pour sa passion, son implication et sa virtuosité. Sans lui, que ferions nous ? Monsieur Mélenchon, malgré le traitement qui vous est réservé, vous montez en puissance partout, exemple, dernier truc à la mode, critiquer les journalistes, voir FIllon et Valls. On vous copie. Et je vois dans ma boule de cristal que d’ici quelques mois, les journalistes, naguère si méprisants, se mettront à vous baiser les babouches.
Un petit problème sur le son des semaines de Jean-Luc Mélenchon (moins maintenant). Je suppose que vous tirez le son directement du camescope, car on entend le déclenchement du CAG (contrôle automatique de gain) sur chaque inflexion de voix un peu puissante. C’est très gênant, ça casse l’intelligibilité. Peut être une mini régie-son avec un petit compresseur ?
Vanpoulle Frédéric
Merci pour ce document important, notamment sur l’anthropocène. Merci d’étudier les approches de « tri-articulation sociale » et du « développement durable authentique ». Comment passer d’une logique binaire à ternaire en cultivant la liberté dans la culture (éducation, médias, recherche, valeurs, conscience, habitudes, mise en oeuvre de ses compétences), l’égalité en politique et juridique (les règles, les lois, les contrats, l’équité entres acteurs), la fraternité dans le domaine des besoins (économies familiales, locales, régionales, nationales, mondiales). Liberté, égalité, fraternité, écologie sont une base universelle pour la France et pour l’humanité entière. Je me tiens votre disposition pour tout échange, car cela pourrait déboucher sur une vraiment nouvelle constitution, non pas une 3eme république, mais une sixième république à 3 pôles.
Frédéric, arboriculteur bio, acteur des transitions.
le révolté
Je me permet de mettre ce lien au cas ou ne seriez pas au courant.
Amitiés insoumises
A.
De part en part et en lui-même, le mot « anthropocène » est un mot politique, voire idéologique. Il est bourré de présupposés aussi vieux que la colonisation européenne du monde, et ce à commencer sous la plume de l’éminent professeur Crutzen. Voilà les conclusions politiques que lui-même en tire : « Une mission (…) incombe à la communauté planétaire des chercheurs et des ingénieurs : guider l’humanité, par un management mondial et durable de l’environnement » (P.J. Crutzen et E.F. Stoermer, IGBP Newsletter, 41, mai 2000). On est loin de quelque « ère du peuple » que ce soit.
Ce mot, « anthropocène », met en cause l’humanité même (anthropos) dans la destruction de la nature, tout comme le péché originel condamnait toute l’humanité à peiner sur la terre et suppose un progrès uniforme de la civilisation de cette humanité (chasse-cueillette / agriculture / industrie, polythéisme / monothéisme / science), progrès par lequel l’Homme suivrait le chemin de son rachat. Toute société humaine n’ayant pas suivi ce chemin (et elles ont été nombreuses, et anéanties sous les armes du colon) pouvant être pensées comme des égarées ou des attardées. L’avenir en commun, déjà, c’est sans elles. Rien, dans le programme de la France insoumise, ne justifie la manipulation de ce mot si piégé, voire mystificateur, ni de remuer les idées qu’il contient. Et, si quelque chose le justifiait, ce serait alors un très mauvais programme.
semons la concorde
Quel rapport avec le péché originel ? Anthropocène signifie juste que l’homme a acquis un tel pouvoir de destruction qu’il perturbe l’évolution naturelle de la planète. Mais cela signifie aussi qu’il peut remédier à ces dérives en orientant l’économie et les recherches scientifiques dans le sens de la sobriété énergétique. Pourquoi faire de l’éclairage nocturne une telle source de dépense d’électricité ? La terre, la nuit, c’est Noël toute l’année. L’usage des Leds peut permettre des économies importantes, etc. Bien des pistes sont dans le programme de la France insoumise.
Aguiriec
« L’éminent professeur Crutzen » ne serait pas le premier scientifique ou intellectuel qui, après avoir inventé un concept opérant ou posé un diagnostic exact (la terre est entrée dans l’anthropocène, c’est à dire que c’est l’humanité qui est devenue la première force de transformation de la planète), aurait commis des erreurs quant au remède à apporter. Sa proposition est (à tout le moins) discutable. A nous de nous approprier la réflexion sur l’éco-socialisme de façon démocratique, à l’échelle mondiale, pour ne pas laisser se créer une nouvelle « oligarchie des sachants ».
A.
@semons la concorde
Une bonne fois pour toutes, de quel « homme » parlez-vous, vous et tous ceux qui se gargarisent de l’ « anthropocène » ? Car, à proprement parler, l’Homme n’a acquis aucun pouvoir de destruction. L’Homme n’a rien acquis du tout. Des hommes particuliers faisant partie d’une civilisation particulière (l’occidentale), ont acquis, et imposé, leur pouvoir de destruction. Si M. Crutzen et ceux qui reprennent son bon mot d’ « anthropocène » commettent cette confusion, c’est qu’ils pensent, peut-être inconsciemment, depuis cette idée judéo-chrétienne fondamentale, selon laquelle il y aurait une opposition irrémédiable entre l’Homme et la Terre, où, selon le mythe, il serait comme banni depuis le péché originel.
Les Leds, c’est très bien, sans doute, mais on n’a pas besoin de l’ « anthropocène » pour en user, que je sache ! Et la France insoumise ne l’emportera pas en employant des mots à dormir debout, qu’elle ne maîtrise pas et qui embrouillent son discours inutilement en croyant le vernir de légitimité scientifique.
thersite69
Peut-être accepterais-tu mieux le mot « capitalocène », qui lui serait un mot trop « politique » ou « idéologique », comme tu dis ? Pour moi je préfère celui d’Anthropocène qui est dans le droit fil du vocabulaire d’un paléontologue de ma jeunesse, André Leroi-Gourhan. Il ne parlait pas de l’avenir de l’humanité mais avait comme hypothèse « l’hominisation de nos corps » de mammifères quadrupèdes permettant l’accès à l’outil, il y a très très longtemps, puis de l’ « anthropisation du milieu naturel » par l’évolution des outils techniques, et de l’humanisation du milieu de vie par le langage symbolique. Personnellement je ne mêle pas Dieu à cette évolution, il s’agit seulement de constater que, comme individus, nous dépendons de l’espèce, et que, en tant qu’espèce, nous dépendons de l’harmonie d’un monde de sujets vivants beaucoup plus vaste, la biosphère, que nous commençons à peine à connaître. Un autre commentaire signale que l’environnement matériel, la planète, continuerait de tourner sans nous en toute indifférence à la vie.
A.
@thersite69
Non, je suis désolé, mais, par le mot « anthropocène », il ne s’agit pas seulement de « constater que, comme individus, nous dépendons de l’espèce, et que, en tant qu’espèce, nous dépendons de l’harmonie d’un monde de sujets vivants beaucoup plus vaste ». Ce mot « anthropocène » dit que le genre humain, ou l’espèce humaine, sans distinction de civilisations, de classes, de sociétés ou de nations, est responsable de la catastrophe écologique en cours. Ce mot dit encore que « l’activité humaine », et non l’activité de la civilisation capitaliste technoscientifique globalisée qui en guise d’environnement s’est recréé un monde artificiel à son image, est destructrice. Il exprime enfin cette vieille idée chrétienne qui, selon moi, est passée dans la science moderne, selon laquelle il existe une disjonction antédiluvienne entre l’Homme et la Terre.
« On peut échelonner une douzaine d’hommes successifs, disait Leroi-Gourhan. Et, en ce sens-là, ce n’est peut-être pas nous qui sommes les plus humains… Le mariage de la nature et de la culture est outrepassé. La nature est perdue. »
BROSSE
Ne nous y trompons pas, le candidat dangereux et en particulier pour Jean-Luc Mélenchon, c’est Macron. Les médias en ont fait leur cheval parce que les banques et les puissances financières vont miser sur lui. C’est leur homme et c’est l’outsider idéal pour mordre sur l’électorat des classes moyennes à droite comme à gauche.
Mélenchon ne pourra faire la différence qu’en reliant le « coût du malheur » aux questions internationales et aux risques de guerre. Il faut dégonfler la baudruche à propos de Bachar el Assad, gigantesque conspiration du mensonge qui ne repose sur rien, comparativement aux crimes de la coalition des salafistes et des puissances occidentales en Irak, en Libye, au Yemen, en Syrie, qui voulaient sa peau et la dislocation de la Syrie. De même il faut saluer l’action de Poutine, son sang froid et sa volonté d’en revenir aux règles du droit international. C’est à lui qu’on aurait du attribuer le Prix Nobel de la paix
Jean-Paul B.
Bravo Jean-Luc Mélenchon pour votre excellente prestation dimanche 15 janvier sur RTL. Pédagogie, humour, humanisme, bienveillance et surtout force de conviction taille XXL. Il faudra s’inspirer de la tactique mise en oeuvre lors de cette « Émission référence » pour les prochaines rencontres.
tavernier
Bonsoir à tous,
Une des priorités à traiter en arrivant au pouvoir, stopper toutes les formes de publicité. Bonne campagne à tous.
Ascalon
En lisant ce genre de commentaires, on comprend que parmi les groupies de Jean-Luc Mélenchon, se trouvent quelques illuminés qui rêvent d’un monde parfait où tout ce qui ne serait pas obligatoire serait interdit. Une utopie totalitaire à coté de laquelle la Corée du Nord serait une sorte de paradis… Le tout est de savoir en quelle proportion ils sont. Et il reste à espérer que les visiteurs de ce blog s’arrêtent aux papiers et vidéos de Jean-Luc Mélenchon, et ne viennent pas patauger dans cette fange. J’ai hélas peur que quelques un s’égarent ici et repartent en courant.
Je pense qu’une des priorités à traiter en arrivant au pouvoir sera de stopper toutes les formes de @tavernier !
arthur 2
@Ascalon
Et au non de quoi empêcher Tavernier de rêver ? Il le dit en deux phrases et vous utilisez dix phrases et le verbe haut pour dénigrer. Zénitude et tolérance ont leur place dans l’insoumission, non ? Fraternellement.
Bernard
Non au « revenu universel » financé par l’impôt. Les luttes sociales ont permis de contraindre le patronat à payer, en plus du salaire revenant à chaque employé(e) (le salaire direct), une autre part de salaire, versée sous forme de cotisations sociales et servant à financer des périodes de temps non travaillées (assurance maladie, accidents, maternité, chômage, pensions de retraite etc.) Mais le patronat cherche, et malheureusement réussit, à faire en sorte qu’une part toujours plus importante de ce salaire socialisé soit pris en charge par l’Etat, c’est-à-dire par l’impôt, autrement dit par les travailleurs eux-mêmes. Le « revenu universel » financé par l’impôt, préconisé par Hamon (et Boutin) ne peut être que très minimum puisque nous sommes contraints de partager la misère pendant que les actionnaires se partages les bénéfices.
Il convient donc de renverser la vapeur et de s’acheminer non pas vers « un revenu universel » financé entièrement ou en partie par l’impôt, mais bien vers un « salaire à vie », un pré-salaire forfaitaire pour tous les jeunes en formation et le maintien du salaire intégral pendant les périodes non travaillées qu’elle qu’en soit la cause. Ce salaire à vie (ou inconditionnel) doit être entièrement financé par une participation de toutes les entreprises, basée sur la valeur ajoutée et versée dans une caisse qui distribuera le salaire en dehors des périodes d’activité et sera gérée par les représentants élus des bénéficiaires.
LEON
Ce @Bernard là sonne clair, en rappelant clairement le principe fondamental sur lequel prend appui la réflexion de Bernard Friot et sa proposition de « salaire à vie ».