Après une semaine d’ubuesques publications de résultats, qui ne furent jamais ni définitifs ni exacts, le deuxième tour de la primaire du PS s’est déroulé dans les conditions ordinaires : saturation médiatique intense, amandine cécité sur le bilan des candidats et le contenu précis de ce qu’ils avançaient. Mais cela n’est pas une nouveauté et, par conséquent, cela ne mérite pas qu’on s’y arrête. L’évènement c’est que le PS a organisé une primaire hors du commun. Sa tenue a d’abord auto-bloqué et asphyxié son président sortant en exercice. Puis elle a conduit à faire voter massivement contre le Premier ministre qui a été l’inspirateur du quinquennat. Le fait n’est donc plus la primaire mais ce qui s’exprime à travers elle.
Considérée vue de haut, la situation manifeste un moment particulièrement fort dans la maturation du phénomène «qu’ils s’en aillent tous». L’insoumission, annoncée par le nom de notre mouvement, partait du constat que ce phénomène travaille en profondeur notre société. Ce phénomène que les Tunisiens avaient nommé le « dégagisme » par référence au slogan omniprésent de leur révolution démocratique à l’adresse du PS de Ben Ali : « dégage ». Car ce résultat est totalement inédit pour un exercice du type d’une primaire.
On doit donc en déduire que tout cela constitue une tendance lourde du moment politique. C’est cette pulsion « dégagiste » qui ouvre les saisons de grand remuement des sociétés. L’épisode Fillon et ses emplois familiaux au Parlement vont sans aucun doute accroitre la rage et le dégoût qui labourent la profondeur de la société. Peu de fois dans ma vie politique j’ai senti autant d’exaspération que j’en observe maintenant. Et on devine que la tendance « dégagiste » de la société va s’amplifier après ce qui sera ressenti comme un succès. Que l’instrument au PS en ait été Benoît Hamon, qui a chanté des paroles si proches des nôtres, est une source de satisfaction supplémentaire. Car dans le combat politique il est essentiel de commencer par l’élargissement de la surface d’usage des mots que vous employez.
Pour moi, sixième République, planification écologique, indépendance de la France, couvrent désormais un champ plus large que celui qu’ils occupaient lorsque nous étions seuls à les prononcer. Que pour désigner son candidat le PS ait préféré nos mots à ceux de son propre gouvernement est un fait qui donnera ses fruits le moment venu. Sans hégémonie culturelle, un programme a les plus grandes peines à avancer. À présent, les gens sérieux, qui sont les plus nombreux, s’intéresseront au contenu, à la cohérence du programme qui se déduit de ces mots. J’estime que le programme historique « L’Ère du peuple » et sa traduction dans « L’Avenir en commun » forment un tout qui, dorénavant, est adossé à une vague dans notre pays. C’est à nous qui avons porté ce choix tant d’années d’être à la hauteur pour le rendre victorieux. La campagne des « insoumis » et ma candidature sont là pour cela. Rien que pour cela.
Certes, il m’a qualifié de « rouge de chez les durs » et même, comme c’est fin, de « Fidel Castro de YouTube ». Mais n’offense pas qui veut. C’est donc sans rapport avec cette saillie de fin de banquet que je reviens sur l’affaire des emplois familiaux de M. Fillon. Peut-être n’y a-t-il rien d’illégal dans les emplois de madame Fillon. La justice le dira. Mais il y a quelque chose de profondément immoral. Et politique. C’est le décalage entre le niveau de revenu de Pénélope Fillon en tant que collaboratrice de son mari, et la purge prévue par François Fillon dans son programme. Car François Fillon ne prépare pas seulement la destruction de la Sécurité sociale et l’affaiblissement des services publics. Il prévoit aussi une ponction très sévère du pouvoir d’achat populaire ! Et comme beaucoup l’ont compris, l’indignation ambiante n’en est que plus violente.
Le programme de François Fillon fonctionne comme une pompe aspirante dans les poches du commun qui verse ensuite à gros bouillon dans les poches des riches. C’est-à-dire Robin des bois à l’envers. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est Alain Madelin, un libéral de choc qui sévissait dans les années 2000. Il l’a déclaré au magazine Le Point le 26 mai 2016, bien avant la victoire de Fillon à la primaire de droite. Lisez : «Si François Fillon passe pour le plus libéral, c’est hélas parce que son programme est assurément, en matière de purge, le plus abouti. Voilà qui prête le plus à la caricature d’un libéralisme antisocial… Je pense que cette présentation est une caricature du libéralisme qui apparaît comme une purge patronale. C’est du Robin des bois à l’envers : prendre de l’argent aux pauvres pour le donner aux riches ! ».
C’est vrai. François Fillon veut augmenter la TVA. Et pour quoi faire ? Pour compenser le cadeau de la suppression de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) que paient les millionnaires de ce pays. La TVA augmenterait de 2 points, et passerait de 20% à 22% du prix des produits et services. Cela représente une ponction de 15 milliards d’euros par an dans les poches du peuple ! Et dans ce peuple, moins on est riche plus on paie ! En effet les petites gens dépensent tout le peu qu’elles ont et paient donc de la TVA sur tout leur revenu là où les riches épargnent en grande partie. Avec cette hausse de la TVA, François Fillon va donc prendre 300 euros par an dans la poche de chaque salarié payé au SMIC ! 300 euros ! Cela représente plus de la moitié du RSA mensuel, plus d’un tiers du minimum vieillesse mensuel, un quart de SMIC mensuel ou encore quatre pleins d’essence ou la moitié du coût annuel de la cantine scolaire pour un enfant en moyenne. C’est donc une très lourde amputation du pouvoir d’achat que prépare François Fillon. Il ne fait aucun doute que la consommation et donc l’activité du pays en sera réduite d’autant.
Et que va faire François Fillon avec vos 300 euros ? Il va commencer par rendre 15 000 euros par an à chaque millionnaire de France ! Robin des riches à l’œuvre. En effet, François Fillon veut supprimer l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune. Aujourd’hui cet impôt rapporte plus de 5 milliards d’euros par an de recettes à l’État. Il est payé par 343 000 foyers fiscaux. Cela représente à peine 1% des 37 millions de foyers fiscaux. Il fallait l’imaginer : augmenter la TVA pour tous pour baisser l’impôt des 1% les plus riches ! Mais ce n’est pas tout. Avec la hausse de TVA, François Fillon entend aussi faire un très beau cadeau aux actionnaires. Il veut utiliser la hausse de TVA pour « financer une partie des allègements » de cotisations sociales et de baisse d’impôt sur les sociétés.
Avec Fillon, le pouvoir d’achat va en prendre un rude coup. François Fillon a déjà prévu de ne pas augmenter le SMIC. Sur TF1 lors d’un débat de la primaire, il a expliqué le plus froidement du monde qu’à ses yeux, « le SMIC actuel c’est ce que la société française peut faire de mieux » en matière de niveau de salaire. Il a aussi prévu de faire les poches des chômeurs. Il veut rendre « dégressives » dans le temps les allocations-chômage. Il n’a pas précisé le détail mais cela consiste à réduire le montant de l’allocation perçue chaque mois au fur et à mesure que le chômeur reste au chômage. Une double peine en somme ! Enfin, avant que François Fillon ne dise qu’il retire ce projet sur la santé, il vous coûtait déjà au moins 300 euros de plus par an pour votre complémentaire santé pour compenser les déremboursements par la Sécu !
C’est en lisant ces comptes que l’on prend la mesure de ce que signifie la découverte de l’embauche de son épouse et du niveau de sa rémunération. Je suis témoin de la rage que cette information fait naître. Une colère drue et terrible comme ce vent qui coupe en deux les gens qui dorment par terre tandis que continue ce monde d’opulence insolvable. La caste qui défend cet ordre des choses et le complète à la sauce du programme de Fillon est fauchée par un règlement de compte interne qui dévoile son obscène sarabande.
Ma semaine a été largement consacrée à l’idée du passage à une France utilisant 100% d’énergies renouvelables. C’est-à-dire sortant à la fois du nucléaire et des énergies carbonées. Mardi, j’ai échangé avec les représentants du Réseau Action Climat qui regroupe l’essentiel des associations et ONG engagées sur les questions climatiques. Le lendemain, j’étais à la présentation du scenario NegaWatt 2017-2050. Un travail remarquable qui montre comment passer de la situation actuelle au 100% renouvelables en 2050 en fermant au passage la dernière centrale nucléaire en 2035, dans 18 ans.
Je le fais avec d’autant plus de sérieux que je serais sans doute le seul candidat à défendre l’idée de la sortie du nucléaire si Jadot rejoint Duflot dans le soutien à la candidature de Benoît Hamon puisque celui-ci s’en tient au seul plan de poursuite décroissante du nucléaire de François Hollande et du PS. Dans ces deux événements, j’ai puisé de nouveaux arguments. Notamment un pour tordre le cou à ceux qui demandent sans cesse « combien ça coûte » avant d’écouter la fin de la réponse précédente. Car le 100% renouvelables et l’écologie, ça peut rapporter gros ! Les prétendus comptables qui tiennent lieu de candidats ou de journalistes devraient y réfléchir.
Le 100% énergies renouvelables en 2050 permettrait une économie globale de 370 milliards d’euros cumulés sur la période 2020-2050 selon l’Association NegaWatt. 370 milliards d’euros ! C’est l’équivalent du budget annuel de l’État ! Pour parvenir à ce chiffre, NegaWatt a calculé le solde entre les dépenses engagées dans la transition écologique et les économies réalisées, notamment en importations d’énergies.
Déjà, il y a quelques semaines, la prestigieuse université américaine de Stanford disait que le 100% renouvelables permettrait des économies considérables. Ses universitaires avaient estimé qu’une France 100% renouvelables économiserait 22,8 milliards par an d’ici 2050 rien qu’en matière de santé. C’est dire notamment le coût de la pollution en termes de santé publique sans oublier les 48 000 décès prématurés par an ! La prochaine fois qu’on vous demande : « combien ça coûte de faire 100% renouvelables ? », répondez : « Combien ça coûte 48 000 morts par an ? » !
Au total, l’université Stanford a évalué que le 100% renouvelables permettrait une baisse annuelle de 379 milliards d’euros sur les dépenses de santé, électricité et lutte contre le changement climatique. Cela représente une économie de 5 700 euros par an et par personne ! Évidemment, il faut déduire de ce chiffre annuel les investissements à réaliser. Ce que ne fait pas l’université états-unienne. Mais c’est ce que fait Negawatt pour parvenir à son chiffre de 370 milliards d’euros d’économies cumulées d’ici 2050.
Le Réseau Action Climat a quant à lui attiré mon attention sur les niches fiscales anti-écologiques. Il estime à 30 milliards d’euros par an le coût des niches fiscales favorables aux énergies fossiles. 30 milliards d’euros ! Ce chiffre inclut le manque à gagner fiscal et les coûts de l’impact sur la santé et l’environnement de l’usage de ces énergies. Parmi ces niches fiscales anti-écologiques, il y a bien évidemment l’avantage fiscal pour le diesel en matière de TVA et de Taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TIPCE, l’ex TIPP pour « taxe intérieure sur les produits pétroliers »). Cette niche fiscale est estimée à 6 milliards d’euros par an de manque à gagner. Évidemment, en disant cela, je n’ignore pas que beaucoup des gens qui roulent au diesel y ont été encouragés et l’ont fait car c’était moins cher pour eux.
La question n’est donc pas seulement fiscale ou écologique. Elle est aussi sociale. La sortie du diesel ne sera socialement possible que si des mesures fortes sont prises pour venir en aide aux actuels propriétaires de véhicules diesel, pour les aider soit à renoncer à leurs véhicules s’ils le peuvent, soit à en changer pour des véhicules moins polluants. Mais pour commencer, on pourrait supprimer l’allégement fiscal sur le diesel pour les entreprises. Même le PS a fini par l’admettre. Mais, comme d’habitude, ces gens disent une chose et en font une autre. En effet le gouvernement n’a rien trouvé de plus intelligent à faire que… d’étendre l’avantage fiscal aux véhicules à essence ! Et pourquoi ? Pour respecter une directive européenne ! Car les lobbies ont bien travaillé au sommet. Et la Commission européenne empêche de supprimer l’avantage fiscal en matière de TVA sur le diesel. Mais elle autorise de l’étendre à l’essence ! Incroyable, non ? On voit ici aussi que la sortie des règles et traités européens est une exigence écologique autant que de souveraineté !
Un autre exemple d’aberration anti-écologique en matière fiscale concerne l’aviation. Aujourd’hui, les compagnies aériennes opérant en France sont exonérées de la TICPE, la taxe sur les produits énergétiques. Pour le dire clairement, le kérosène bénéfice d’une niche fiscale. Au total, cette niche coûte 3,5 milliards d’euros de manque à gagner par an. Et il y a plus scandaleux encore. C’est que cette niche s’applique aussi pour les vols intérieurs, entre deux villes françaises ! Pourtant ici, il n’y a aucune concurrence internationale ni risque que les vols soient déplacés vers d’autres aéroports. Vous n’irez pas à Francfort prendre un vol pour faire Brest-Nice ! La seule exonération sur les vols intérieurs coûterait 1,3 milliards d’euros de manque à gagner selon le Réseau Action Climat ! C’est d’autant plus absurde que le ferroviaire ne bénéficie pas d’un allégement fiscal identique. En effet, la SNCF doit, elle, payer la CSPE, la contribution au service public d’électricité. Le kérosène des avions est aidé mais pas l’électricité du train pourtant moins polluante !
Et en matière de niches fiscales anti-écologiques, le PS a eu tout faux pendant ce quinquennat. C’est ce qu’a dit un rapport de la Cour des comptes de novembre 2016. Que dit-il ? Que le montant des niches fiscales anti-écologiques a augmenté de 14% entre 2010 et 2015 alors que les niches fiscales écolo ont été rabotées de 27% ! Pour l’écologie aussi, la révolution fiscale est urgente ! Tourner la page des ambiguïtés et de la non décision permanente en est la première condition.
On connait la ligne adoptée par Trump contre les traités de libre-échange. Il faut donc suivre de près ce qui se passe dans le tohu-bohu en cours. Car si Trump annonce être contre le TAFTA, accord de libre-échange entre son pays et l’Union européenne, pendant ce temps l’accord avec le Canada suit son parcours. Et ses partisans en Europe comme au Canada n’en sont que plus chaud-bouillants pour parvenir à le faire adopter. En effet le Canada deviendrait le point de passage de l’échange des produits entre européens et nord-américains. Car le Canada est, de son côté, intégré dans une zone de libre-échange avec les USA. Le trajet du texte est donc à suivre avec le maximum d’attention. Voyons cela.
Après avoir été validé par le Conseil européen le 30 octobre 2016, le traité de libre-échange UE-Canada arrive désormais devant le Parlement européen. Il sera soumis au vote de la plénière le 15 février prochain. À la suite de sa validation par le Parlement européen il sera soumis à la ratification dans chaque pays. Évidemment chacun a sa méthode et ce sera soit le vote du parlement du pays soit un referendum. On comprend bien que tout cela peut prendre du temps et finir par échouer tout simplement. Dans ces conditions, l’incroyable est prévu : une application « provisoire » du traité aura lieu !
C’est ce que prévoit la décision du Conseil en date du 30 octobre. « L’accord économique et commercial global (CETA) entre le Canada, d’une part, et l’Union européenne et ses États membres, d’autre part, est appliqué à titre provisoire par l’Union conformément à son article 30.7, paragraphe 3, dans l’attente de l’achèvement des procédures nécessaires à sa conclusion ». C’est incroyable mais vrai. Le Conseil a décidé que l’accord s’appliquerait même si aucun pays ne l’a ratifié ! Le coup vient de loin car l’article 30.7 du texte de l’accord CETA précisait déjà le calendrier de cette application : « Les parties peuvent appliquer provisoirement le présent accord à compter du premier jour du mois suivant la date à laquelle elles se sont notifié réciproquement l’accomplissement de leurs obligations et procédures internes respectives ».
Aucun dirigeant, aucun gouvernement ne peut donc dire qu’il ne le savait pas. Tout a été négocié et décidé pour réaliser ce coup de force. C’est au point que même l’avis du Parlement européen devient inutile. Le site de la Commission européenne, division Commerce, nous indique que cette mise en œuvre anticipée peut avoir lieu sans même attendre ce vote du Parlement européen ! « À la suite de la décision du Conseil, il sera possible d’appliquer l’AECG (CETA) à titre provisoire. ». Enfin, la majeure partie de l’accord peut alors être appliquée de manière anticipée : seuls les tribunaux d’arbitrages et les chapitres concernant la propriété intellectuelle en sont pour l’instant exclus. Et dans le cas où un état refuserait de valider l’accord alors que la mise en œuvre anticipée est déjà engagée aucune procédure n’est prévue pour stopper l’application de l’accord. En clair : le CETA, que vous en vouliez ou que vous n’en vouliez pas, c’est pareil !
Autant dire que le vote du 15 février n’est qu’une formalité, voire une politesse faite aux députés à qui l’on fait semblant de demander leurs avis. C’est d’ailleurs ce que semble penser le nouveau président conservateur du Parlement européen, Antonio Tajani. Il est tellement confiant dans le résultat du vote, qu’il a même pris la liberté d’avancer la venue du Président canadien au Parlement de Strasbourg. Justin Trudeau devait en effet venir en mars. Il sera là dès février. C’est qu’il s’agit aussi pour lui d’accélérer la procédure pour prévenir toute tentative d’opposition et ainsi asseoir son autorité au sein des institutions européennes. D’ailleurs M. Tajani avait prévenu avant son élection qu’il ne serait pas question avec lui de « ré-ouvrir les négociations sur le CETA ». De toute manière, on ne peut guère s’attendre à ce qu’une personne ayant déclaré, alors qu’il était commissaire au transport « Le Dieselgate n’est pas un problème pour moi », s’interroge sur les impacts écologiques d’un tel accord.
Car le CETA est en totale contradiction avec le – déjà bien insuffisant – accord de Paris sur le Climat (COP 21). D’ailleurs, l’accord de Paris n’est même pas mentionné une seule fois dans les 454 pages de l’accord UE-Canada. Et les deux chapitres consacrés à l’environnement (chapitre 22 – « Commerce et développement durable » et chapitre 24 – « Commerce et environnement ») ne contiennent aucun élément contraignant. Pourtant, l’impact d’un tel traité de libre-échange sur le réchauffement climatique est conséquent. Même la Commission européenne reconnait dans son étude d’impact que l’augmentation prévue des échanges marchands (+23%) aura un impact négatif sur les émissions de gaz à effets de serre avec une augmentation des émissions de méthane et d’oxyde d’azote. Alors même que l’UE s’est engagée à réduire ces émissions de 40% d’ici 2030.
L’accord prévoit également de faciliter l’importation d’énergie fossile en provenance du Canada et plus particulièrement de sables bitumineux dont l’extraction et l’exploitation produit 1,5 fois plus d’émission de gaz à effet de serre que des pétroles conventionnels. Les échanges prévus entre l’UE et le Canada concernent pour une grande partie des produits agricoles avec notamment l’ouverture de quotas de dizaines de milliers de tonnes de bœuf et de porc canadiens exportables dans l’UE sans droit de douanes. Encourageant d’autant les fermes-usines canadiennes qui produisent à bas prix au détriment des petites exploitations, de la qualité des produits, du bien-être animal et des circuits-courts « production-consommation ».
Enfin, le mécanisme de règlement des « différends » contenu dans le traité, et même sous sa forme un peu édulcorée de Cour spéciale sur l’investissement (ICS), permettra aux entreprises d’attaquer les décisions des États, notamment dans le cas de mise en place de législation protectrice de l’environnement comme par exemple l’interdiction de la fracturation hydraulique dans l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste.
Pour ma part, j’alerte sans relâche sur les dangers de ce traité depuis 2013, et je signais encore ce samedi, à l’occasion de la journée de mobilisation européenne « Anti-CETA », une tribune à ce sujet. Et je voterai contre au Parlement européen.
Car, alors qu’il préfigure l’avenir de nos relations commerciale avec l’outre-Atlantique, le sujet se fait bien discret dans la présidentielle française. Et pour cause ! Les principaux candidats soutiennent cet accord, sans probablement même savoir ce qu’il contient. Ainsi Fillon déclare à qui veut l’entendre que « Le CETA est un bon accord » tandis que Macron ânonne que « Ce traité améliore la situation par rapport à l’actuelle ». Et la délégation socialiste du Parlement européen, après avoir soutenu, tout du long, le processus, vient de découvrir que le traité n’était finalement pas bon. Et alors que ses membres n’ont rien fait pour empêcher son adoption en commission parlementaire, ils jurent aujourd’hui, la main sur le cœur, qu’ils s’y opposeront de toute leur force. Pour ma part, je crois que leur capacité à s’opposer à quoi que ce soit n’est pas plus sérieuse que celle de Mme Le Pen qui prétend lutter contre le CETA sans même prendre la peine d’aller voter contre son adoption en commission « Commerce international » lundi 23 janvier.
« Le Journal du Dimanche» m’a interrogé il y a une semaine sur une série de sujets qui touchent à la liberté de disposer de soi. Ce genre d’exercice a l’inconvénient de la brièveté des réponses mais il a l’avantage de l’obligation de mettre en formules simples des réponses à des sujets complexes. J’ai pensé que la lecture de la partie de l’entretien consacré à ces questions intéressera mes lecteurs.
Jeudi soir, lors du troisième et dernier débat avant le premier tour de la primaire de la gauche, François de Rugy, suivi par Benoît Hamon, ont plaidé pour le droit à mourir dans la dignité. Cela va dans votre sens, vous qui êtes favorable au « droit d’éteindre la lumière »…
Ils ont fait œuvre utile. Cela facilite mon travail. Mais il faut parler clair et nommer les choses par leur nom : le suicide assisté. Ne nous cachons pas derrière des euphémismes. Les Français sont prêts à regarder cette idée en face. Le débat nous grandira tous. Ici il y a un grand décalage entre la maturité des gens, massivement pour, et les responsables politiques, plutôt frileux… Car en politique, les questions philosophiques font souvent très peur. Parler de la mort pour un politicien c’est typiquement le genre de sujet sur lequel il va biaiser. La formation moyenne des responsables politiques est extrêmement technocratique, elle est très peu littéraire et peu philosophique. Ce sont des sujets qui les encombrent.
Vous, au contraire, vous en avez fait l’une de vos marques de fabrique…
Il faut un débat sur la nature de la civilisation humaine à notre époque. L’avenir de la planète et celui de l’être humain sont à l’ordre du jour. Il ne faudrait pas que les questions de la présidentielle se résume à : combien ça coute ? Je veux introduire dans le débat le droit à être maître de soi-même. Il y a un lien direct entre le droit à l’avortement et le droit au suicide assisté. Je propose que ces deux droits soient inscrits dans la Constitution.
Depuis 2016, le droit à la « sédation profonde et continue » est autorisée… Cela ne suffit-il pas ?
Je récuse la loi qui s’applique aujourd’hui. Elle consiste à priver un mourant d’eau et d’alimentation. C’est la « diète noire », une torture qu’infligeait le dictateur Sékou Touré. S’ensuit une mort atroce. Le suicide assisté est le droit ultime de rester maitre de soi-même, de rester libre dans une circonstance contre laquelle on ne peut rien. C’est une liberté, pas une obligation, bien sûr. Il est misérable de devoir aller en Suisse ou en Belgique pour bénéficier du suicide assisté, comme autrefois on allait en cachette en car à Amsterdam pour un avortement.
Pourquoi êtes-vous hostile à la GPA, alors même que c’est le point d’aboutissement de cette liberté de disposer de soi-même que vous jugez fondamentale?
Je comprends qu’en toute logique on pose cette question. J’y suis opposé pour une raison philosophique. Le corps n’est pas une marchandise. Ne sommes-nous pas tous pour la gratuité du don des organes ou du sang ? Quand vous vous êtes vendu comme une marchandise, vous n’êtes plus maître de vous-même. La GPA fait d’une femme un outil de production. Le jour où l’on me présentera une milliardaire qui par amour d’une femme pauvre d’un bidonville acceptera de porter son enfant, je réviserai mon point de vue.
Pour une femme malade qui ne peut pas porter d’enfant, quelle est votre objection ? La GPA n’est-elle pas alors la seule solution qui existe ?
Non, il y a aussi l’adoption. La GPA est fondée sur une illusion : que la filiation reposerait sur autre chose que de l’amour. Le lien biologique n’est pas fondateur de la relation humaine. L’amour prime sur la génétique
Depuis 2016, « l’achat d’acte sexuel » est sanctionné par une amende de 1 500 euros maximum. Faut-il aller plus loin ?
Il faut assumer un parti pris abolitionniste ferme. À tous ceux qui disent que la prostitution est métier comme un autre, je leur demande pourquoi ils ne le proposent pas à leur mère, à leur femme ou à leur fille.
Êtes-vous partisan de la PMA pour les couples de femmes ?
Oui. Il s’agit d’une capacité biologique que n’ont pas les hommes. C’est encore une fois la libre disposition de ses aptitudes qui ne nuit ni aux principes ni aux personnes.
Faut-il comprendre que vous considérez que le désir d’enfants est un droit ?
Non. Tous les désirs ne sont pas des droits. C’est aussi pour cela que je suis contre la GPA.
264 commentaires
albe
Excellent ! Tout est juste de A à Z (PS, CETA, Fillon, philo sociétale, renouvelable). Il faudrait arriver à obtenir que tous les électeurs pour lesquels travaille Jean-Luc Mélenchon dans leur intérêt, puissent lire et comprendre tout ça. Moi de mon côté, même ma coloc, pourtant pas riche, ne m’écoute pas et votera contre ses intérêts. Remember aussi Jean-Luc Mélenchon avec manifestant dans la rue à Périgueux (vidéo coup de gueule).
Timoteo
Toutes les conditions de la France insoumise devraient dès maintenant être posées à Benoît Hamon, et ceci ouvertement. S’il ce dernier tient à un rapprochement, il ne pourra le prétendre qu’à l’issue d’une confrontation de ses positionnements avec les nôtres. Si nous n’argumentons pas (y compris médiatiquement) notre refus de potentialiser notre mouvement avec tous ceux qui suivront encore Hamon après cette confrontation (qui du coup ne nous aurait pas été satisfaisante), si donc notre refus consiste seulement à nous établir en maquis politique, bordé de suspicions et non de confrontations ouvertes et médiatisées, eh bien je vous le dis nous serons restés légers mais déjà en vacances ! Car aujourd’hui nous ménageons la progression de Macron qui doit bien se les frotter devant l’éventualité d’un non-débat entre ce « PS du réveil » et nous qui n’emportons pas assez de poids (eh oui ce mot est ce qu’il est mais ce qu’il désigne est indispensable). Combien de temps allons-nous encore faire fi de l’étiquette d’extrême gauche colorée négativement et que nous nous faisons coller dessus, et à constater sans sourciller qu’autant artificielle qu’elle est, la position centriste de Macron est plus efficace que tous nos efforts en terme de jeu interstitiel ? Ce qui nous est souvent opposé c’est notre fermeture, certains n’y vont jamais de main morte pour nous mettre dans le même panier que le FN avec le culot de jouer sur cet aspect de bulle. Ne nous caricaturons pas en nous refusant à un modelage sous prétexte que c’est forcément un nivellement de nos idées alors que ce n’est qu’un nivellement de nos idéaux. Comme je dis, les plus naïfs sont ceux qui ont peur de l’être.
Sylvie
Il y a ceux qui se battent à l’intérieur du système en espérant le changer et il y a ceux qui se battent à l’extérieur du système car ils pensent que le système ne peut être changé de l’intérieur. Un échec peut être engendré des deux côtés. Mais, comme le dit JL Mélenchon (ou tout du moins si je l’ai bien compris) une révolution culturelle est nécessaire pour limiter les risques d’échecs à la création d’un système de vie (économique, sociétal, social, etc.) fondé sur l’écologie.
ambulant
Il faut surtout insister sur le fait que Hamon a été désigné lors de cette primaire, non pas parce qu’il était membre du PS, mais en quelque sorte pour solder le règne du PS, tant au gouvernement qu’à gauche ! Surtout que des enquêtes et sondages concluent, sans surprise, qu’il doit sa victoire non aux sympathisants socialistes (a fortiori aux militants, cadres ou élus PS), mais aux sympathisants de gauche hors PS (ce qui est presque un pléonasme).
A Benoit Hamon d’en tirer les conséquences. Entre Valls et Cazeneuve, ce dernier l’intimant de se faire le chantre du quinquennat finissant, et Mélenchon, Jadot et Laurent avec lesquels il partage une orientation globable, il doit choisir, il ne peut ménager le chèvre, le chou et le loup. Il ne peut prétendre rassembler toute la gauche derrière son panache rose, et quelques semaines plus tard nous appeler à voter pour des candidats PS qui ont voté à 75% pour le CICE, pour la déchéance, et auraient fait de même pour la loi du licenciement pour tous, si Valls ne les avait pas couverts avec son 49.3. Les plus emblématiques de ces candidats, Corbière a bien fait de le rappeler notamment sur BFMTV, étant Valls et El Khomri.
Si Hamon persistait à se définir socialiste, il ne ferait qu’accentuer la désespérance du peuple de gauche « une fois de plus ils nous ont roulé, et les Insoumis eux aussi, en se ralliant à Hamon mais en finissant par voter El Khomri ».
Jacqueline Sacoreine
Je signale un dossier intéressant sur le nucléaire, notamment français, dans le Sciences et Vie (aucune pub !) de février qui argumente très clairement pour la sortie intégrale de cette énergie.
Naïm
Frederic Lordon à « là-bas si j’y suis« , au sujet de Mélenchon. Très intéressant et faisant écho à ce que dit Jean-Luc lorsqu’il en appelle au peuple pour réussir son projet. A écouter !
jnsp
J’ai suivi votre conseil. J’ai écouté avec un préjugé favorable Lordon. C’était intéressant, mais il n’a toujours pas compris pourquoi Nuit Debout n’a pas « grandi ». J’ai un avis qui vaut ce qu’il vaut sur cette question, la partie de la population qui bien qu’opprimée, reste souvent passive est complètement insécurisée à un point que peu de gens peuvent imaginer. Cette « insécurisation » donne un besoin de choses réconfortantes et pas de concours de rhétorique. Pour le comprendre, il faut écouter un discours de Chavez ou même de Trump, l’un comme l’autre rassure et je dirais presque que leurs discours bercent leurs publics. On peut refuser ce schéma qui peut glorifier une forme de tromperie, mais à mon avis ça serait une erreur. Pour convaincre les deçus (les exclus ?) il faut d’abord les consoler (encore un mot qui ne va pas plaire) et peut-être qu’après ils s’engageront.
Jacqueline Sacoreine
Là où Lordon commet une erreur logique dans le paradoxe d’Epiménide est que la négation de « Tous les crétois sont des menteurs » est « Il existe des crétois qui ne sont pas des menteurs » et non pas « Tous le crétois ne sont pas des menteurs ». Maintenant il faut alors savoir où se situe le locuteur, qu’Epiménide fasse partie des menteurs ou non reste indéterminé. Sinon c’est à mon avis une vision assez lucide.
semons la concorde
Je viens de visionner la vidéo de Lordon dans Là-bas si j’y suis. Il souligne un point qui me turlupine depuis longtemps, ou plutôt 2. Certes, vous êtes le seul porteur solide des idées de gauche et d’un programme social et écologique cohérent, Mr Mélenchon. C’est tellement évident que tout le monde devrait le voir, sauf que les media sont là pour contrarier cette évidence et brouiller votre message. Votre site internet est passionnant, mais n’y vont que des convaincus d’avance. Pour gagner l’adhésion populaire, il aurait fallu faire une site entièrement dédié à la démocratie participative, où chacun pourrait s’exprimer, où chaque vote (sécurisé, crypté ) compterait. Les outils actuels pourraient faire vivre la démocratie en temps réels et les décisions pourraient rapidement être mises en oeuvre. Or vous restez bloqué sur une démocratie à l’ancienne, avec des groupes élus, même si quelques-uns seront tirés au sort. Un tel système, envisagé sur la longueur (2 ans), et c’est là mon 2e point, fera que même si vous êtes élu, votre exercice du pouvoir paraîtra rapidement comme tyrannique face à l’oligarchie en place si vous n’avez pas une base populaire forte pour légitimer vos décisions. La majorité des foyers ont internet, les jeunes ont presque tous une tablette ou un téléphone, pour moi c’était l’occasion de réveiller la responsabilité citoyenne de chacun.
[Edit webmestre : Complètement hors sujet par rapport à ce billet, et même hors sujet par rapport à la vidéo que vous prétendez commenter. Tenez-vous en aux sujets du billet. Et commentez les vidéos de Lordon sur le blog de… Lordon.]
zakfa
Je renvoie aux travaux de Maslow sur les besoins sociaux.
Effectivement, le besoin de sécurité est un fondement qui doit être assuré pour être dépassé.
Chomienne
Hamon ministre de Hollande pendant deux ans : abandon de la réforme des traités européens, abandon de la réforme bancaire et complaisance à l’égard de la finance, vote du CICE 23,5 milliards d’euros donnés sans contrepartie aux grandes entreprises et au grand patronat, aucune revalorisation du SMIC, vote de l’ANI, loi sur l’emploi amorçant la casse du code du travail et la loi El Khomri.
Hamon au parlement : avril 2014, Hamon manœuvre pour placer Valls au poste de Premier ministre, pendant le mouvement contre la Loi El Khomri, Hamon n’est pas dans la rue mais au parlement où il refuse de voter, avec ses collègues, la motion de censure contre le gouvernement qui recourt au 49.3.
Bilan : un ministre libéral au service d’un parti libéral depuis 30 ans et de l’oligarchie économique, politique et médiatique. Aujourd’hui, cette dernière le lui rend bien. Faites passer ce message à ceux qui seraient encore abusés par l’opportunisme du candidat Hamon et de son parti politique qui n’a eu de cesse depuis plusieurs dizaines d’années de mener des politiques anti-populaires, favorables aux puissants qui saccagent nos sociétés, notre planète. Ne marchez pas aux sirènes médiatiques si complaisantes et mensongères. Elles sont une offense à la vérité et à la justice. Pour un retour au peuple et à la démocratie, votez La France Insoumise et son candidat Jean-Luc Mélenchon, et transmettez ce message à votre entourage.
Timoteo
Je suis bien d’accord avec vous quant à ce qui a pu nous indigner dans les comportements de Monsieur Hamon mais les brandir comme raisons suffisantes d’un refus de confrontation officielle et apprise de tous les Français, ce n’est faire qu’une chose, conserver toute l’importance qu’ont eu ces comportements néfastes en négligeant nos propres intérêts, intérêts urgents, intérêts stratégiques ! Ne jouons pas les encyclopédistes des faux pas des autres, soyons forts de nous confronter au lieu de faire les éthérés, les purs esprits. Nous sommes sur le terrain charbonneux du pouvoir et de la récupération d’opinion, ni au paradis, ni à des conférences sur l’éthique et la justice.
imagine
Absolument d’accord. Hamon est le degré zéro de l’insoumission. En cyclisme, on dirait qu’il suce la roue de Jean-Luc, espérant dépasser Jean-Luc Mélenchon en profitant de ses efforts sans en produire aucun. Ses déclarations de politique étrangère sont pathétiques. De toute façon, il n’y a pas deux solutions pour lui, ou se renier ou se sacrifier. Peut-être nous surprendra-t-il, et qu’il se sacrifiera. En tout cas, il n’aura pas ma voix.
éducpop
La tentation d’un rapprochement entre Jadot, Hamon et Mélenchon traverse tous les échanges depuis dimanche, comme si la gauche ne pouvant se résumer à la France insoumise, c’était une solution qui permettrait de sauvegarder une sorte d’unité alors que la France insoumise est présentée comme une fracture. Les électeurs sont soliscités pour admettre que la gauche redresse la tête avec Hamon, de ce fait Mélenchon représenterait l’extrême gauche. La campagne FI, aussi belle organisation qu’elle soit, pourra t-elle réussir à submerger cette tentation dans la dernière ligne droite ? Donc, les échanges qui vont avoir lieux entre ces protagonistes bientôt seront un indicateur très fort de ce qui va se passer. Le discernement de Jean-Luc Mélenchon lui permettra de faire pour le mieux, espérons que la mécanique des suffrages accompagnera la vague que nous avons tenté de créer.
André
Que de bruit certes tres bien orchestré pour la mascarade de la primaire qui apporte la grande révélation que 2% des électeurs ont eu besoin de participer au jeu de la préférence pour la star de la grande révolution du PS .
Gare si nous montrons un tant soit peu que nous oublions notre engagement de ne pas rentrer dans ce jeu qui a écarté tant d’électeurs de la vie politique ou les a poussés vers le FN.
Timoteo
2% certes mais il y a un impact médiatique fort puisque c’est un parti « historique », « habituel », donc soit on se contente de sourire en coin et de rester dans le nôtre à attendre qu’on devine nos vertus, soit on en profite pour amorcer notre primaire à nous, celle qui vaut le coup, en en prenant carrément l’initiative, avec justement ce PS démonté qui est notre seul levier extérieur. Une triangulaire avec Macron sera funeste pour la gauche que nous revendiquons. En marche ! a le beau rôle de l’insaisissable, rien de mieux pour exercer un pouvoir « occulte » sur l’opinion, donc il faut notre primaire Hamon / FI pour faire émerger clairement la gauche à côté d’un Macron qu’on laisse tranquillement pour l’instant surfer sur le si tendance concept de « fraîcheur » !
kokkino
@Timoteo
Je vois plusieurs biais dans votre réponse. D’abord il n’y a « d’impact médiatique » que celui que les médias dominants veulent donner à un événement en fonction de l’intérêt qu’ils défendent, en l’occurrence gonfler Hamon afin de gêner Jean-Luc Mélenchon et gonfler Macron la nouvelle alternative « au centre ». Ensuite tout démontre (cf les analyses sur le système des primaires) que les primaires sont (excusez l’expression) un piège à C. entre les mains des vieux appareils politiques. Au delà des jeux de petits chevaux autour des sondages bidonnés, de la télé-réalité électorale on peut distinguer une double stratégie du PS : sauver les meubles et tenter de maintenir l’hégémonie de ce parti sur la gauche, donc marginaliser l’alternative réelle de la FI (c’est l’atout Hamon), créer comme en Italie, sur le modèle Américain, un grand « parti démocrate » qui se partagerait le pouvoir avec la droite traditionnelle sans jamais rien changer (c’est l’atout Macron qui vient de loin et semble correspondre à un projet Hollande-Valls). Dans ce cas aussi la FI et Jean-Luc Mélenchon sont le danger principal. Vous pensez bien que dans ces conditions tous les petits bricolages avec ceux qui veulent à nouveau tirer la FI vers des arrangements « entre amis » sont dérisoires. Il n’y a que le travail en profondeur auprès des citoyens qui vaille.
Timoteo
@kokkino
Comme vous je pense que cet impact médiatique du PS est injuste compte tenu de cette microprimaire, et que certains médias ont par ailleurs tout intérêt à en faire un flan. Des « Monsieur Hamon, pourquoi ne pas vous rallier à Macron ? » vont fuser pendant des semaines sans souci de souligner et de relayer les divergences. N’empêche que ce ratissage à gauche de la part d’un Hamon qui parle d’éventualités de « rapprochement », et cette exposition médiatique post-primaire, peuvent être un élément stratégique pour FI. J’écris alors que J-L Mélenchon a répondu par vidéo à B Hamon aujourd’hui, mais ouvrir le débat public avec Hamon en disant « Nous nous sommes repenchés sur vos propositions et celles-ci pourront s’intégrer à notre programme, d’autres non, d’autres encore peuvent être publiquement débattues, etc. » ce serait prendre les devants, optimiser cette chute du PS pour qu’elle nous serve et non le contraire, faisant comprendre en passant que notre programme est plus en mesure d’intégrer que d’être intégré, vu les tourmantes du camp socialiste. Dans mon précédent commentaire, aucune faveur à un accord stratégique et automatique entre FI et Hamon contre Macron dans une « primaire ». Heureusement que ce scénario n’existe pas. Ce mot je l’ai employé pour désigner une confrontation de fond entre la France Insoumise et ce que Hamon dit vouloir sauver de la gauche. Ce serait la seule primaire qui vaille et tout le monde en parlerait.
hiesel91
Il faudrait qu’on arrive à intégrer ce que Aude Lancelin dans son livre « Le Monde libre » prix Renaudot « essais » décrit parfaitement dans un chapitre « La double pensée ». C’est à dire, la faculté qu’ont les socialistes à dire des choses et faire ensuite strictement le contraire. (« mon ennemi c’est la finance » etc.) Cette façon d’être, ils l’ont érigé en système. Regardez ce que vient de dire Cazeneuve à Hamon, qu’il sera obligé d’assumer le bilan du quinquenat. Ce que BH n’entend pas pour l’instant, puisqu’il est pour l’abrogation de la loi Travail et que la porteuse de cette loi soutient vigoureusement Hamon. Ou c’est de l’amnésie ou bien de la malhonnêteté intellectuelle. Jusqu’à quand ils vont berner les gens ?
Jelly roll Morton
Un petit défaut sur le kérosène. Tout ce qui est destiné à ou support logistique à l’export est exonéré de taxe, c’est ainsi pour les avions et les navires. Marchandises transportées, carburant et avitaillement sont hors taxe. Par contre les taxes sont payables dans le pays d’arrivée. Par contre pour les vols intérieurs, y compris à l’UE, pas d’objections.
rlm78
Cette primaire du PS intervenant au dernier moment à 3 mois du vrai scrutin met, bien évidemment, la pagaille et c’était prévisible. Imagine-t-on Jean-Luc Mélenchon ou Benoit Hamon s’effacer ? L’équation est complexe et les électeurs ne s’y retrouveront pas. Comme d’habitude les sondages feront la loi et seront des prophéties autoréalisatrices. Le premier qui passe devant aura gagné. Reste à faire confiance à l’équipe de campagne pour trouver la bonne martingale.
naif
Je ne vois qu’une solution: Faire des contre sondages. Attendons les soutiens qui vont exprimer leurs adhésions au programme de Hamon. Ce sera le baiser qui tue. Cazenave à prévenu Hamon, il faut qu’il assume le bilan de ce gouvernement. Sinon que vont faire ses membres, ainsi que les caciques du PS qui ont soutenu la loi EL Khomri. Pour Macron c’est pareil, plus les éléphants vont se rallier et plus têtes de gondoles devraient baisser dans les sondages ? La situation est intenable pour le PS. Ce qui m’inquiète le plus c’est O. Dartigolles (PCF) qui veut dialoguer avec Hamon.
moit49
Nous allons être harcelés par les medias sur le « nécessaire » rapprochement / ralliement à Hamon. Une pétition, qui va dans ce sens, a été lancée ce matin (à mon avis, un coup tordu des amis de Gérard Filoche). De nombreux électeurs de gauche sont sensibles à cette campagne et je constate dans les commentaires que quelques insoumis(e)s vacillent aussi .
Il va falloir la jouer fine si on veut assurer le succès de notre campagne. L’erreur serait de balayer d’un revers de main l’invit (hypocrite bien sûr) de Hamon. Je propose qu’aux questions pressantes des journalistes sur le sujet, Jean-Luc Mélenchon réponde un truc du genre « pour nous le temps des accords d’état majors, des petits compromis entre amis est révolu. Si B. Hamon veut discuter unité, faisons le au grand jour devant les français(e)s à la TV à une heure de grande écoute et parlons, avant tout, de nos programmes respectifs ». Dans cette configuration, on apparait ouvert au débat, on démontre facilement l’inconsistance du programme de Hamon, on en profite pour rappeler aux électeurs le parcours politique du bonhomme durant ces 5 dernières années. Et ainsi, le piège se referme sur ces initiateurs.
zakfa
Je crois aussi que c’est la meilleure position à adopter. Beaucoup serait tenter de voter Mélenchon, mais le voient à travers le prisme des médias comme un fou furieux et nous des idolâtres.
En une soirée, on peut convertir un grand nombre de citoyens, surtout si après l’exposé du programme, on leur laisse le choix.
fab
Quel beau compliment « le Fidel Castro de Youtube » ! D’ailleurs je dois dire que si je me suis intéressée à JL Mélenchon c’est parce que c’est le seul à n’avoir jamais critiqué le gouvernement cubain et les progressistes d’Amérique Latine. Et aujourd’hui bien sûr pour l’ensemble du programme, le nucléaire, l’agriculture, les circuits, une véritable démocratie….
morfin
Salut, il faudrait d’autres témoignages d’inspecteurs d’impôts de cet acabit. Pour la question des sondages, en effet, y a un loup dans la bergerie parce que j’ai juste écouté l’émission spéciale de France inter hier soir, juste avant le « masque et la plume » reculé à 21h15, et les sondages annonçaient bien 15% Mélenchon et Macron et environ 10% Hamon, et non l’inverse et il était dit en effet qu’il suffirait de diminuer de 2% le score du premier et de monter de 2% (environ) le score du troisième pour les remettre à niveau mais il semble qu’ils l’ont fait eux-mêmes dans la nuit, sans attendre d’interviewer qui que ce soit.
Debayac
Une correction à faire dans ce bon texte à propos du Canada. Il n’y a pas de Président au Canada. C’est une Confédération bilingue de provinces et de territoires qui vit sous une monarchie constitutionnelle dont Élisabeth II d’Angleterre est la reine. Visible en effigie sur le dollar canadien. Justin Trudeau est le Premier Ministre fédéral élu du Canada. Chaque province a aussi un Premier Ministre élu. Le CETA doit être approuvé par toutes les provinces du Canada pour entrer en vigueur.
Jacques A.
Les sondages servent à deux catégories de personnes. Ceux qui les paient et ceux qui y croient. Rien ne nous oblige à céder au clin d’œil aguicheur, surtout quand la larme de joie qui perle sur la joue du dragueur est fraîche du matin. Hamon cherche sa maîtresse. Nous ne serons pas sa soumise. Ce n’est certainement pas le moment de se pacser aussi beau que nous soit présenté l’autel républicain.
La question pourra éventuellement se poser plus tard dans la campagne. Nous saurons à ce moment qui sera le recours-teasé et qui sera le pré-tendancieux. Qu’il nous copie, qu’il nous plagie, qu’il nous imite ! Les miroirs ne reflètent que la vérité pure. Laissons passer l’hiver et en mai, faisons ce qu’il nous plait.
Pascal
« À tous ceux qui disent que la prostitution est métier comme un autre, je leur demande pourquoi ils ne le proposent pas à leur mère, à leur femme ou à leur fille. »
Je vais voter pour vous, mais je ne cautionne pas ces propos-là. Ainsi, pour vous, avoir une mère, une fille ou une femme qui se prostitue c’est la honte absolue. Non. C’est justement votre argument, qui joue contre les femmes (ou les hommes) libres, qui décident de vendre leur corps, parce que c’est le leur. Il faut, tout au contraire, Jean-Luc, faire en sorte que ce métier soit un métier comme les autres. Avec votre programme, votre projet, vous voulez libérez les Hommes, pourquoi ne pas faire la même chose pour les prostituées. Vous devriez leur donner des droits (y compris celui de ne pas le faire), à l’inverse vous leur laissez la honte et l’exclusion sociale.
Pour vous paraphraser, je pourrais dire : à tous ceux qui disent que le mariage mixte est un mariage comme un autre, je leur demande pourquoi ils ne le proposent pas à leur mère, à leur femme ou à leur fille. Ou encore, à tous ceux qui disent que la fille mère est une femme comme une autre, je leur demande pourquoi ils ne le proposent pas à leur mère, à leur femme ou à leur fille. Changement d’époque, même exclusion.
xuxu
Une stratégie lourdement équipée est en marche, refaire le coup de 2002 mais avec cette fois Macron et Marine Le Pen. Tous médias confondus, même de service public, ils sont sur le coup d’où le torpillage de Fillon. Hamon ne pourra soulever le boulet du quinquénat Hollande. L’establishment lance ses dernières cartouches mais c’est du lourd. Observez bien la suite.
jean Amy
Et pourquoi pas une union de la gauche ? Proposons à Hamon, puisqu’il en a tellement envie, d’être le candidat de la gauche unie, sur le programme de la France insoumise car c’est le programme qui compte non celui qui l’applique ! Avec bien sûr l’engagement de laisser la place si le programme n’est pas réalisé dans les délais impartis. Il pourra en profiter pour lire ce programme et voir que la 6ème république prévue réduit considérablement les pouvoirs présidentiels au profit de la représentation nationale. Ah bon, il en a déjà moins envie ? Pourtant, ce serait cohérent avec les idées qu’il semble défendre. Mais il est vrai qu’il va devoir mettre les pouces pour « rassembler le PS » c’est à dire mettre derrière lui tous ces éléphants, apparatchiks et autres carriéristes qui hantent la rue de Solférino. Je souhaite bien du plaisir à tous ceux qui ont cru voter pour un candidat de gauche à la primaire.
Pierre
C’est parti pour le grand numéro du rassemblement de la gauche avec les méthodes très « seventies » où l’on met son interlocuteur « face à ses responsabilités », on fait le procès de l’interlocuteur pour le décrédibiliser.
Comme c’est bizarre, ce procès s’adresse uniquement à Mélenchon (et peu à Jadot pour la rhétorique). Jamais aucun journaliste ne met « face à ses responsabilités » Benoit Hamon. Et pourtant Hamon appartient au même parti que les 103 députés qui ont soutenus Valls et ont combattu son « futur désirable ». Il appartient au même parti que les 67 sénateurs dans le même situations.
Avant d’appeler Mélenchon, Hamon ferait bien d’appeler ces 170 parlementaires pour s’assurer qu’ils voteront bien l’abolition de la loi et Khomri, du CICE etc. Ce serait bête que les électeurs de gauche votent pour Hamon et se rendent compte en juillet que le président Hamon ne pourra pas appliquer son programme parce que son parti est majoritairement contre. Si ces 170 parlementaires ne s’engagent pas à voter à l’assemblée son programme alors, Hamon, s’il est sincére, devra présenter d’autre candidats ou devra renoncer à être candidat aux présidentielles. D’ici que Hamon ait clarifié sa situation, il est plus prudent que Mélenchon ne perde pas son temps au télephone et continue sa campagne. Au moins, avec lui, on est certain d’avoir un candidat de gauche au premier tour.
gilles v
C’est dommage que la dynamique jlm2017 s’essouffle. Mais pour ca il faudrait au moins que Mélenchon cite ceux qui sont avec lui. Dans la partie sur le CETA, il ne fait aucune référence à ses partenaires Front de gauche (pour la France) et GUE NGL sur l’UE qui luttent aussi depuis des années contre les CETA/TAFTA, Le Hyaric autre élu FdG européen en est à son 2e livre sur le sujet. L’union fait la force! Mélenchon n’est pas seul mais faudrait qu’il regarde un peu autour de lui.
le révolté
Où voyez vous que la dynamique s’essouffle ? Moi en aucun cas, les groupes d’appui sont toujours là, les gens que j’ai convaincu de voter France insoumise le sont toujours et pour ses partenaires européens nous en verrons surement dans les meetings. Il ne faut pas croire tout ce que les médias racontent, c’est leur intérêt qu’ils défendent, c’est la 2eme peau du système capitaliste.
gilles v
@Le révolté
Ce n’est pas les médias qui construise mon avis mais les 2 groupes « insoumis » de mon secteur reste bloqué à 4 soutiens depuis des mois, pas d’initiative, pas connu. La croissance des clics de soutien jlm2017 décélère alors que ton le monde commence à se positionner. Dans les milieux que je fréquente, si beaucoup de gens veulent changer de politique dans le sens proposé par Jean-Luc Mélenchon, ils restent circonspects sur le personnage. Pour rassembler large et gagner il y a vraiment un effort à faire d’ouverture aux autres.
Philippe J
Hamon avec son revenu de base a fait tapis et gagné la mise face à un Valls lesté par le bilan que l’on sait. Pour autant, cette mesure est une vrai pétaudière du style ça marchera si tout le monde fait pareil. En plus, les Français sont dans un tel état de division qu’il sera inacceptable de donner à leur voisin un revenu à se tourner les pouces alors qu’eux bossent comme des fous. Le meilleur angle d’attaque est vraiment la transition énergétique car beaucoup moins clivant. Et en allant dans cette direction, tout le reste suit et c’est ce qui fait la beauté du programme de Jean-Luc Mélenchon. Qu’on ne s’y trompe pas, le vote Hamon, pour ce que j’ai pu constater est loin d’un vote d’adhésion, la meilleure preuve, un taux de participation assez poussif. Et puis rendre visite à Cazeneuve dès le lendemain il faut le faire. Ce gars est en train de réinventer l’eau tiède et ça tout le monde en a marre. Je crois que le vote utile ce coup-ci, c’est fini (si on est de gauche en tout cas). C’est sûr que du coté FI on avance un peu dans le brouillard mais je pense qu’un effet boule de neige peut s’enclencher grâce à la qualité des vidéos en ligne, le tout c’est de les faire connaître. Une synthèse de Macron à Jean-Luc Mélenchon comme semble le souhaiter Hamon ? Dans Walking dead peut-être.