Et voilà le CETA à portée de bulletin de vote ! Au Parlement européen où je siège pour représenter l’avis des gens qui y sont hostiles ! J’en parle. Et aussi de la terrible affaire Théo et de la catastrophe qu’elle contient pour nous tous.
Bon. Mais cette semaine encore nous allons procéder à un nouvel évènement de campagne sans précédent. Nous allons réaliser une émission sur ma chaîne YouTube, pendant 5 heures, pour présenter le chiffrage de notre programme « L’Avenir en commun ». Pourront intervenir en direct à la fois les réseaux sociaux et les journalistes qui acceptent notre invitation. Toute notre équipe sera sur le pont pour répondre sur chaque grand chapitre.
Avant toute chose je demande que nos amis prennent la mesure du tour de force. Pas seulement celui de l’émission. Mais surtout l’exercice du chiffrage. Nous ne disposons de l’appui d’aucun « think thank », institut, ni à plus forte raison des centaines de personnes et dizaines de directions de l’administration des finances qui travaillent ces chiffres pour le gouvernement à longueur d’année. Pour autant, les chiffres sont validés et les modèles qui ont tourné sont tout ce qu’il y a de plus conventionnels… C’est notre secret de savoir comment nous avons procédé ! Même s’il n’est pas difficile de deviner que de nombreux hauts fonctionnaires et autres membres d’instituts d’inspiration parfois adverses nous ont aidés.
Ainsi donc, à l’heure où d’aucuns n’ont aucun programme annoncé encore, quand d’autres envisagent de le « révéler » moins d’un mois et demi avant le premier tour, et même proposent des négociations après cette date, nous sommes prêts, fin prêts, au chiffre près. Personne avant nous n’a poussé si loin la préparation d’un programme, ni ne l’a soumis à débat de cette façon ouverte, complètement ouverte. Je le précise car rien de tout cela ne nous sera jamais reconnu par ceux qui regardent ailleurs, chaque fois qu’il leur est possible de le faire pour mieux béer d’admiration devant les merveilleux de cette campagne à qui personne ne demande rien de bien précis ! Peut-être même que les traditionnels agents de déglinguage se feront un devoir de « révéler », « démasquer », « décrypter » les erreurs qu’ils croiront voir ici où là, sur le mode de ces impayables qui « révélaient » mon erreur sur le nombre de morts dans la rue avant de se faire rhabiller sans vergogne ni rectificatif par les associations de lutte contre la pauvreté. Mais nous il nous importe de savoir que tous ceux qui font équipe avec nous, où qu’ils soient, sachent à quoi s’en tenir. Que le programme et le chiffrage est l’affaire de tous et pas seulement de quelques experts, même des nôtres.
Ce qu’a subi Théo est le scandale de trop. C’est un évènement d’une exceptionnelle gravité. Du fait de l’acte dont il est question. Des policiers violeurs, torturant par pur sadisme un passant dans la rue que leur avait signalé sa seule couleur de peau. Une inspection générale qui veut faire croire qu’enfoncer une matraque dans l’anus d’une personne en contrôle d’identité puisse être un accident. Une absence quasi-totale d’anticorps dans la profession qui ne dit pas un mot pour son honneur alors qu’elle est en majorité écœurée par le comportement de ses collègues, preuve qu’elle est déjà sous l’emprise d’un régime interne d’intimidations. Des syndicalistes policiers qui ont l’exclusivité de la parole pour la profession et qui couvre le crime et l’aggrave encore par des complaisances affichées avec le racisme le plus trivial (« bamboula » !!) complaisamment relayé par tout l’appareil médiatique rivalisant d’obscénité.
Exceptionnelle gravité du fait du contexte. Car tout ceci a lieu dans le cadre d’un contrôle d’identité d’un passant dans la rue ! Aucune menace, aucune tension, sinon celles créés par les violeurs en uniforme. Bref aucune circonstance atténuante pour un crime qui peut valoir jusqu’à quinze ans de réclusion criminelle à son auteur ! Cela dans un commissariat dont le journal L’Humanité nous apprend qu’il est dirigé par un homme qui est toujours dans la police nationale alors qu’il s’est déjà rendu coupable dans le passé d’actes voisins par leur barbarie. Le tout au moment où, à l’initiative du PS, se discute une loi pour étendre le droit pour les policiers de faire feu en légitime défense ! De sorte que les tirs à balles réelles reconnus par la préfecture à Aulnay pourraient à l’avenir se faire sur les gens !
Exceptionnelle gravité enfin, et ce n’est pas le moindre, du fait de ce qui a été ensuite mis en mouvement pour provoquer une vague d’émeute urbaine. Les propos tenus par les syndicalistes policiers, les images en boucle des incidents en marge de la manifestation à Bobigny, tout méthodiquement a été fait pour provoquer un embrasement général. L’irresponsabilité médiatique éclatait dans la journée de la manifestation à Bobigny. Deux heures de discours les plus variés et passionnants par les contenus et la construction des pensées. Pas un mot, pas une image ! Une voiture brûle et aussitôt les caméras, comme des mouches affolées par la lumière, bobinent autour du feu. Puis les autorités s’attribuent la gloire d’un enfant sauvé des flammes pour mieux accabler ceux qui ont mis le feu. Mais il s’avère que c’est faux. Et ainsi de suite. Tout se passe comme si un groupe politiquement engagé avait provoqué des incidents au démarrage de la campagne de madame Le Pen pour obtenir un embrasement favorable aux thèses de l’extrême-droite.
Ils ont compté à juste titre sur le sensationnalisme des médias et sur leur irresponsabilité sociale. Ils ont compté sur des responsables politiques épuisés trop occupés à faire leurs cartons de déménagement. Ils ont réussi. Et à présent voici les unes de journaux papier avec leurs images de flammes et de jets de pierre. Les mêmes qui ont flétri et stigmatisé les manifestants contre la loi El Khomri. De propos délibéré. Et pendant tous ces épisodes, la faillite de l’autorité a éclaté aux yeux de tous. L’État républicain a été mis en impasse totale. Ses dirigeants ont été plus absents que jamais. Et ce n’est pas une visite au chevet de la victime qui fera oublier l’abyssale absence de parole publique du premier magistrat aux heures où chaque mot comptait. Pas un mot pour faire respecter l’honneur du pays abaissé par des policiers dévoyés, indignes de leur uniforme et de la mission pour laquelle ils sont payés.
Je crois que les chefs de l’État, les Cazeneuve et Hollande, déjà lourdement compromis par leurs comportements face aux violences du Testet puis dans toutes les manifestations contre la loi El Khomri, ont peur. Ils ne seraient plus obéis par ces forces désormais incontrôlées auxquelles ils ne sont même plus capables de faire au moins une leçon de morale et de civisme même à propos de quelques individus ! Pire, en souscrivant à la thèse de l’accident, le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, qui avait d’abord renvoyé à la justice le soin de qualifier les faits, s’est tout simplement éliminé de ce qui se joue à cet instant dans la conscience du pays. L’État, ainsi, est à vau-l’eau dans l’appareil sécuritaire du pays. L’incurie et l’absence de gestion sérieuse éclatent aux yeux de tous.
Ainsi quand on découvre que les quatre chefs des agences de sécurité française partent en même temps à la retraite, rompant la continuité de l’action de l’État dans un secteur clef de sa sécurité ! Comment en est-on arrivé là, comment a-t-on pu tomber si bas ? Cet effondrement en cours de l’autorité de l’État sur lui-même est un des signes les plus inquiétants de la crise de régime qui le mine à cette heure. Je crains que nous soyons désormais à la merci de toutes les provocations !
Cette semaine, le traité de libre-échange avec le Canada est présenté au vote du Parlement à Strasbourg. Dès lundi, les associations qui ont mobilisé quatre millions de signataires contre le CETA en Europe ont convoqué une rencontre des parlementaires européens qui s’apprêtent à voter contre ce traité. Mettons de côté l’idiot du village du prétendu « Grand Journal » qui est venu faire le clown et désorganiser la rencontre avec des questions spécial made in Bolloré : « alors c’est le mariage avec Jadot ? Pouët ! Pouët ! Larirette !» exaspérant les journalistes présents autant que les associations dont le travail était ruiné par ce détournement de réunion.
Le déroulement a permis d’entendre au total un argumentaire très complémentaire et très homogène présenté par un panel bien composite de députés européens PCF, EELV, PS auxquels je m’ajoutais. Pour ma part, j’ai apprécié particulièrement la prise de parole de Michèle Rivasi. En particulier lorsqu’elle a mis en avant l’agressivité du gouvernement du Canada dans divers cas où il a saisi l’OMC contre des mesures européennes de protection de la santé publique sur le thème des pesticides ou des OGM. Et aussi quand elle a rappelé que plus de 4000 entreprises US sont domiciliées au Canada pour trouver une porte d’entrée grande ouverte sur l’Europe !
La conférence de presse intégrait plusieurs parlementaires socialistes européens de bonne foi opposés au traité. Mais sur place au Parlement, le groupe social-démocrate s’est bien gardé d’en faire autant. Au contraire, il a présenté une résolution comportant des mises en garde de toutes sortes et des plus mignonnes. Mais sans condamner ni s’opposer au traité…
Mais sérieusement pourquoi faudrait-il ce CETA ? Pas pour l’emploi, ça c’est sûr et certain. Deux économistes américains ont travaillé sur les conséquences économiques du CETA : Pierre Kohler et Servaas Storm de la Tufts University près de Boston. Leur étude a été publiée en septembre 2016. Personne n’y a répliqué. Pourtant, ils prévoient 200 000 suppressions d’emplois dans l’UE. La France serait l’un des pays les plus touchés de l’UE d’après leurs prévisions. Elle y perdrait 45 000 emplois par rapport au scénario « sans CETA » d’ici 2023 ! Ses recettes et dépenses publiques seraient diminuées : -0,2% de PNB en comparaison des perspectives « sans CETA ». Et les revenus des ménages y perdraient 1331 euros par employé par rapport au scénario d’évolution « sans CETA ».
Pourtant, la France et son gouvernement PS ont validé au Conseil européen le fait que le traité s’appliquerait « de façon provisoire » avant toute décision prise en bonne et due forme par les pays concernés. « L’accord économique et commercial global (CETA) entre le Canada, d’une part, et l’Union européenne et ses États membres, d’autre part, est appliqué à titre provisoire par l’Union conformément à son article 30.7, paragraphe 3, dans l’attente de l’achèvement des procédures nécessaires à sa conclusion ». Incroyable mais vrai. Le Conseil a décidé que l’accord s’appliquerait même si aucun pays ne l’a ratifié ! Mais ce n’est pas une surprise. En fait le coup vient de loin et s’ils l’avaient voulu, les auteurs du texte ou les gouvernements, auraient pu alerter leurs opinions publiques ou saisir leurs assemblées parlementaires.
Car c’est dans le texte lui-même de l’accord qu’est incrustée la disposition liberticide. L’article 30.7 du texte de l’accord CETA précisait déjà le calendrier de cette application : « Les parties peuvent appliquer provisoirement le présent accord à compter du premier jour du mois suivant la date à laquelle elles se sont notifié réciproquement l’accomplissement de leurs obligations et procédures internes respectives ». Aucun dirigeant, aucun gouvernement ne peut donc dire qu’il ne le savait pas. Tout a été négocié et mis au point pour réaliser ce coup de force. C’est au point que même l’avis du Parlement européen est une simagrée. Le site de la Commission européenne, division Commerce, nous indique en effet que cette mise en œuvre anticipée peut avoir lieu sans même attendre ce vote du Parlement européen ! « À la suite de la décision du Conseil, il sera possible d’appliquer l’AECG (CETA) à titre provisoire. » et seuls les tribunaux d’arbitrages et les chapitres concernant la propriété intellectuelle en sont pour l’instant exclus. De plus dans le cas où un État refuserait de valider l’accord alors que la mise en œuvre anticipée est déjà engagée, aucune procédure n’est prévue pour stopper l’application de l’accord. En clair : le CETA, que vous en vouliez ou que vous n’en vouliez pas : c’est pareil, vous l’aurez quand même !
Dans ces conditions, on comprend l’importance de la proposition de résolution des députés communistes à l’Assemblée nationale pour imposer un référendum sur ce traité. Ce serait en effet la garantie que le souverain populaire ne sera pas contourné ! Il est donc tout à fait incroyable que le groupe PS ait choisi l’abstention ! Oui l’abstention. Divisé entre partisans et adversaires de cet accord CETA, ils ont choisi de n’avoir pas d’avis sur la consultation du peuple français sur le sujet ! Le plus estomaquant est que le candidat du PS, Benoît Hamon, alors même qu’il prétend présider demain le pays, choisit de s’abstenir lui aussi ! Comment l’abstention sur un sujet pareil est-elle compatible avec la plus haute fonction de l’État ? Que vaut un président qui ne peut dire s’il est pour ou contre quelque chose d’aussi essentiel pour l’avenir de la Nation, du moment que son parti ne peut pas s’accorder sur une position commune ? La République sera donc un congrès permanent du PS ?
Au Parlement européen cela ne vaut guère mieux ! Le PS européen n’arrive pas à trouver une majorité pour s’opposer. Mais il y a assez de députés sociaux-démocrates pour voter en faveur du traité. Du coup, le nouveau président conservateur du Parlement européen, Antonio Tajani, est totalement confiant dans le résultat du vote ! Au point d’avoir pris la liberté d’avancer la venue du Président canadien au Parlement de Strasbourg. Justin Trudeau devait en effet venir en mars. Il sera là dès février. M. Tajani avait prévenu avant son élection qu’il ne serait pas question avec lui de « ré-ouvrir les négociations sur le CETA ». Pouvait-on imaginer autre chose venant de lui ? Une personne ayant déclaré, alors qu’il était commissaire au transport « le Dieselgate n’est pas un problème pour moi », peut-il incarner l’intérêt général ?
Mais à quoi bon ce CETA ? Selon les rapports de ses proposants eux-mêmes, cet accord détruira 45 000 emplois en France. Il n’apportera qu’une trace au-delà de la virgule après le zéro en termes de croissance, alors que c’est pourtant le credo traditionnel de cette sorte de gens. Enfin, le CETA est notoirement anti écologique et personne ne peut se risquer à dire le contraire ! Il est en effet en totale contradiction avec l’accord de Paris sur le Climat (COP 21). D’ailleurs, l’accord de Paris n’est même pas mentionné une seule fois dans les 454 pages de cet accord UE-Canada. Les deux chapitres consacrés à l’environnement (chapitre 22 – « Commerce et développement durable » et chapitre 24 – « Commerce et environnement ») ne contiennent aucun élément contraignant. Pourtant, l’impact d’un tel traité de libre-échange sur le réchauffement climatique est conséquent et reconnu. En effet la Commission européenne elle-même admet dans son étude d’impact que l’augmentation prévue des échanges marchands (+23%) aura un impact négatif sur les émissions de gaz à effets de serre. Elle reconnaît une augmentation substantielle des émissions de méthane et d’oxyde d’azote. Pourtant, l’UE s’est engagée à réduire ces émissions de 40% d’ici 2030.
Bien sûr, les échanges prévus entre l’UE et le Canada concernent pour une grande partie des produits agricoles. Ce n’est pas rassurant. Car cela implique l’ouverture de quotas de dizaines de milliers de tonnes de bœuf et de porc canadiens exportables dans l’UE sans droit de douanes. C’est un encouragement incroyable à la création de fermes-usines sur le modèle des canadiennes ! Celles-ci produisent à bas prix au détriment des petites exploitations, de la qualité des produits, du bien-être animal et des circuits-courts « production-consommation ».
Enfin l’accord prévoit surtout de faciliter l’importation d’énergie fossile en Europe en provenance du Canada. Et spécialement celle venant des sables bitumineux. Pourtant, leur extraction et leur exploitation produit 1,5 fois plus d’émission de gaz à effet de serre que des pétroles conventionnels.
Enfin, il y a le mécanisme de règlement des « différends » contenu dans le traité. Même sous sa forme un peu édulcorée de Cour spéciale sur l’investissement (ICS), il permettra aux entreprises d’attaquer les décisions des États. En particulier dans le cas de mise en place de législation protectrice de l’environnement ! Comme par exemple l’interdiction de la fracturation hydraulique dans l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste.
Pour ma part, j’alerte sans relâche sur les dangers de ce traité depuis 2013. Évidemment, je voterai contre au Parlement européen.
Mais alors qu’il préfigure l’avenir de nos relations commerciales avec l’outre-Atlantique, le sujet se fait bien discret dans la présidentielle française. Et pour cause ! Les principaux candidats soutiennent cet accord, sans probablement même savoir ce qu’il contient. Ainsi Fillon déclare à qui veut l’entendre que « Le CETA est un bon accord » tandis que Macron ânonne que « Ce traité améliore la situation par rapport à l’actuelle ». Et que dire de madame Mme Le Pen qui prétend lutter contre le CETA sans même prendre la peine d’aller voter contre son adoption en commission « Commerce international » lundi 23 janvier.
Certes, il ne faut pas parler de corde dans la maison d’un pendu. Il faut pourtant parler travail et salaire tels qu’ils sont dans le programme de Fillon. Question qui fait hurler de rire ou de rage parmi les gens du commun. Car que vaut ce qu’il pourrait dire sur le sujet ? Mais comme nous sommes en campagne électorale et que celle-ci est la plus importante dans la vie du pays, il faut bien argumenter et se contredire pour que le débat et la réflexion aient lieu. D’autant que Fillon s’accroche ! Il pourrait même l’emporter si on n’y veillait avec soin. Il faut donc scier la branche sur laquelle il est assis avec soin et constance. D’autant que ce qu’on dira sur le sujet de son programme fonctionnera d’autant mieux que sa parole sur le travail, l’effort et les salaires est désormais totalement discréditée !
Car si incroyable que cela paraisse, la logique du programme de François Fillon c’est travailler plus pour gagner moins ! Cette orientation se concentre sur un point. Dans son programme, il y a une mesure qui frappera durement les salariés et leur pouvoir d’achat. Je veux parler de la suppression de la durée légale du travail. François Fillon veut comme seule limite le plafond d’une semaine à 40h. Or la durée légale du travail sert à une chose bien précise : déclencher le paiement des heures supplémentaire. La fin de la durée légale du travail signifie donc la fin pure et simple des heures supplémentaires ! Entre la 35e et la 48e heure par semaine, vous ne serez plus payés en heures supplémentaires mais en heures normales, non majorées. Voilà pourquoi François Fillon refuse de reprendre l’idée de Nicolas Sarkozy à propos de la « défiscalisation des heures supplémentaires ». Parce qu’avec lui, il n’y aura plus d’heures supplémentaires !
Ça vaut aussi pour les fonctionnaires. François Fillon veut ainsi augmenter le temps de travail dans la fonction publique. Il prétend revenir aux 39 heures. Mais il n’a jamais garanti que ce serait 39h payées 39. Ce serait déjà moins que 39h payés 35h au tarif normal et 4 heures au tarif majoré des heures supplémentaires. Mais c’est pire que cela ! Fillon veut obliger les fonctionnaires à travailler 39h sans être payés pour 39h. Son conseiller politique chargé du projet Eric Woerth l’a dit clairement : « Non, ça ne peut pas être 39 heures payées 39, il faut évidemment l’assumer ». Et Fillon lui-même a clairement laissé entendre la même chose. Il a pris ainsi exemple sur l’entreprise Smart où les salariés ont été obligés d’accepter de « travailler 39 heures payées 37 ». Pour Fillon « d’une certaine manière je trouve que l’État est un peu dans une situation identique. Il est en grande difficulté, il faut que tout le monde fasse un petit effort ».
Ce matraquage du pouvoir d’achat, ce sont encore les amis de François Fillon qui en ont parlé le plus durement. Je vous rappelle ainsi ce qu’Alain Juppé disait sur France 2, lundi 21 novembre entre les deux tours de la primaire de la droite : «« Sur le plan économique, le programme de François Fillon est d’une très grande brutalité sociale. Supprimer 500 000 emplois de fonctionnaires, porter la durée du travail dans la fonction publique dès 2017 à 39 heures par semaine, augmenter la TVA de 16 milliards d’euros, ce sont des mesures d’une grande brutalité dont certaines sont inapplicables ». Il ajoutait même « ce n’est pas juste de faire travailler les fonctionnaires 39h payées 37h » lors du débat d’entre 2 tours.
François Bayrou a dit la même chose à l’époque sur France Info, le 23 novembre 2016 : « François Fillon annonce qu’on va autoritairement passer le temps de travail des fonctionnaires de 35 à 39h, sans les payer. Si on disait « je vais passer à 39h payées 39 », ça coûte 18 milliards d’euros par an ! Donc on a là une vraie interrogation. Est-ce que vous croyez qu’il y a un métier qui accepterait que d’un seul coup, d’un seul, autoritairement, on augmente le temps de travail sans augmenter le salaire à due concurrence ? Vous croyez que ça va se passer comme ça ? ».
Enfin, Henri Guaino a été encore plus clair dans sa critique. Il a notamment déclaré que François Fillon, « C’est une droite qui n’a aucune générosité, aucune humanité. C’est la vieille droite, celle de M. Thiers, celle de Laval en 1935 vous savez celui disait en pleine crise des années 1930 « la déflation plutôt que la dévaluation » Si on appliquait ce programme, nous affaiblirions considérablement la nation parce que nous détruirons son unité ». Faites-le savoir autour de vous !
Ne vous laissez pas avoir. Fillon qui veut supprimer la durée légale du travail à 35 heures n’est pas le seul à vouloir supprimer les heures supplémentaires ! Madame Le Pen veut elle aussi voler 4 heures supplémentaires aux salariés. C’est écrit noir sur blanc dans l’un de ses 144 engagements de campagne présentés ce weekend à Lyon. Comme d’habitude, Mme Le Pen commence par singer nos mots d’ordre. Ainsi son engagement 63 prétend d’abord « maintenir la durée légale hebdomadaire du travail à 35 heures ». C’est écrit en gras. Mais avec Mme Le Pen, c’est comme avec un assureur : il faut lire les petites lignes après. Car la suite dit exactement le contraire ! En effet, le paragraphe se poursuit ainsi : « autoriser la négociation sur l’allongement du temps de travail exclusivement au niveau des branches professionnelles et à la condition d’une compensation salariale intégrale (37 heures payées 37 ou 39 heures payées 39) ». Double arnaque en vue !
D’abord et quoi qu’elle prétende, Mme Le Pen veut donc en finir avec la durée légale du travail de 35 heures ! C’est exactement ce que veut dire « autoriser l’allongement du temps de travail » par branches ! C’est de la loi El Khomri sauce poivre. Et, deuxième arnaque, quand Mme Le Pen prétend que cet allongement se ferait avec « une compensation salariale intégrale ». Car elle écrit le contraire dans la même phrase en défendant les « 39 heures payées 39 ».
Comme je l’ai écrit pour M. Fillon, « 39 heures payées 39 », ce n’est pas 39 heures payées 35 heures normales et 4 heures supplémentaires ! La compensation salariale ne sera donc pas « intégrale ». Avec Le Pen, seule l’arnaque est « intégrale » ! Pourtant nous ne manquerons pas de journalistes impertinents pour me couper au milieu d’une phrase d’un magistral « vous dites comme madame Le Pen ! » aussi péremptoire que faux et destiné à me faire perdre mon précieux temps de parole par des « questions qui dérangent » et autres mariolades.
180 commentaires
marco polo
La pression est énorme, le PS bien secondé par les médias cherche à désarçonner la France insoumise. La prise de position de communistes résume bien l’enjeu qui est à l’ordre du jour. Il faut démonter la personnalisation du débat et ramener au programme, je dois dire aux programmes, parce que si la France insoumise a un programme, Hamon et Jadot n’ont rien, hormis de tenter de sauver les meubles pour leurs partis. Ne lâchons rien !
pichenette
Les commentaires de cet article sont très très intéressants ! Il serait grand temps de voir s’il vaut mieux sauver un parti (sans en renier bien sûr toute son histoire), ou le(s) pays (écosystèmes et paix) ! La situation est très grave, nous sabotons les générations futures en regardant nos nombrils.
yves
J’étais vendredi au rassemblement du lancement de la campagne de François Ruffin a Flixecourt (Somme). Entre 500 a 600 personnes au fin fond de la campagne. De tout, des jeunes, des vieux, des chomeurs, des salariés, des en lutte contre la fermeture de leur boite. Bref, c’est possible, et c’est possible partout. Faut s’y mettre et ça va payer, laissons les sondeurs sonder, lémédia aboyer.
belot
Le Pen, Fillon, Macron, Hamon, Mélenchon sur TF1, grand débat ! Comme si c’était possible a cinq de débattre largement et avec profondeur dans le contexte si étroit que nous offre les médias. Ca y est, la trahison du PCF est arrivée, tout est fait pour crédibiliser le tournant a gauche du PS ! La révolution par les urnes n’est possible qu’en démocratie. Pas dans un monde pollue de mensonges. Notre belle France insoumise se soumettre aux urnes ? Aux mensonges ? Je rêve du grand soir.
JeanLouis
Le « pacte de majorité » de Dartigolles sur 3 ou 4 points est une vraie fumisterie. Comment peut on espérer un tant soit peu fournir une alternative en étant d’accord sur 3 ou 4 points ? Cela ne fera jamais un programme.
Jacqueline Sacoreine
Ceux qui vont voter Mélenchon ont un cerveau et donc il est inutile de penser un quelconque effacement devant Hamon. Les candidats (quels qu’ils soient ) ne sont pas propriétaires des voix des électeurs.
Donato DI CESARE
Déjà que Hamon et Jadot n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord, alors ne perdons pas notre temps avec ces marchands de tapis.
bastianini
Une nouveauté a mettre au débit encore du PS et de Hamon. Le parlement facilite la vie des fraudeurs fiscaux. Le jeudi 16 février courant, un amendement prévoyant la prescription, pour les infractions « occultes » et « dissimulées », a été voté. Il sera encore plus difficile de mettre à jour des montages complexes. En résumé, une vraie prime à la fraude financière. Vive la fausse gauche et que vivent les insoumis.
malinvoy
Je crois réellement que ce grand raffut autour du rassemblement cache difficilement la crainte de la Bérézina qui se profile pour le PS malgré la mobilisation générale des médias et des instituts de sondage. Il ne peuvent faire comme si ils avaient été dans l’opposition pendant 5 ans. Le meilleur moyen de les déstabiliser encore plus c’est de continuer comme nous le faisons depuis 1 an.
BROSSE
Cà y est Gérard Filoche appelle au ticket Hamon-Mélenchon avec Hamon président et Jean-Luc Mélenchon en premier ministre. Au PCF, çà pétitionne dur en faveur de l’union de la gauche. Tous ces apparatchiks nous prennent vraiment pour des c… Ils s’imaginent toujours que les gens n’ont pas de mémoire, mais à force d’accumuler les mauvais coups çà finit par laisser des traces dans les corps et s’imprimer dans les têtes. Surtout ne rien lâcher face à ce ramassis de traîtres, de parvenus et d’arrivistes. Du balai ! L’ennemi nous assaille de tous les côtés, c’est bon signe !
JeanLouis
Et au delà de toutes les divergences de fond, la personnalité ça compte encore un peu non ? Voir Hamon en président, quel que soit le rôle actuel ou futur d’un président me parait complètement farfelu. Vous voyez Hamon avec Trump, Poutine, Merkel, le président chinois ?
Bien Modestement
Pour ceux qui auraient encore un doute, Hamon, Valls, Jadot, Laurent, Pinel ont donc bien entamé la tambouille post 1er tour de la présidentielle, c’est-à-dire la distribution des postes à la magistrature suprême, aux législatives, dans les ministères, etc. Mais comme il serait plus juteux d’aller négocier avec Macron sur la base d’un score honorable au premier tour du candidat de la « gôche Unie », mieux vaudrait que Jean-Luc Mélenchon apporte de bon coeur sa contribution à ce marché de dupes. Entrer dans ce jeu serait pulvériser toute la dynamique de la France Insoumise ! Exactement ce qu’avaient fait les apparatchiks du PC après la présentielle de 2012 avec le Front de gauche. On ne lâche rien !
remi
Même si je comprends et partage les craintes de beaucoup à propos d’une candidature unique de la gauche, ne serait il pas possible et souhaitable de rendre publique les négociations à se sujet entre les candidats et/ou leurs appareils ? Nous aurions ainsi les clefs pour comprendre pour qui et pour quoi ça bloque. S’en tenir à ce qu’on grappille dans les médias est délétère. Et je suis convaincu que certains devraient assumer leurs responsabilités devant le fiasco qui s’annonce.
Il me semble qu’objectivement, les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon, Hamon et autres partagent beaucoup, et surtout, militent pour un avenir symétriquement opposé de celui que promettent les trois affreux plébiscités par les sondages.
arthur 2
Bonsoir, il suffit de lire la lettre qu’a adressé Mélenchon à Hamon pour comprendre. C’est on ne peut plus clair. Les points soulignés dans cette lettre sont la clef de la réussite d’une alternative autour de « l’Avenir en commun ». Sinon à quoi aurait servi le travail colossal de l’équipe Mélenchon. Fraternellement.
Goissédé
« Les trois affreux plébiscités par les sondages »
Vous avez la réponse dans cette phrase. Macron, le plébiscité, devrait porter le chapeau du gouvernement Hollande ? Et dédouaner le gouvernement PS ? Hamon a fait le choix de reconduire la majorité actuelle du PS, c’est son choix. Pensez-vous que les millions que voix qui l’on quittés suivraient spontanément derrière lui !
le révolté
Pourquoi vouloir aller s’associer avec Hamon et tromper encore une fois le peuple ? Non, il n’y a qu’un programme qui puisse nous sortir de cette impasse et il ne faut pas y déroger, c’est celui de l’avenir en commun.
cosmos
J’ai donc écouté l’émission de BFM business à partir de la minute 26. Mais je n’ai pu écouter ces experts économistes jusqu’au bout. Quel ennui. Sans aucune drôlerie. Alors que le plateau du chiffrage dimanche était si vivant, si fourmillant. Nous, les gens, nous ne comprenons pas et ne sommes pas capables de comprendre, disent-ils. Leur science ne nous est pas accessible, et si, par hasard, nous comprenons quelque chose, c’est une impression, disent-ils. Ces gens si intelligents ne nous ont pas bien expliqué, disent ils. J’ai envie de rire. Qu’ils ne s’en prennent donc qu’à eux-mêmes alors ! Le meilleur c’est encore celui qui veut créer le « permis de voter », car nous ne savons pas voter. Je me pince. Ai-je bien entendu ? Les journalistes experts, dimanche, m’ont paru « scotchés ». Ils ont dû se faire maltraiter après, vu leur peu de répartie. Cette émission donne des bases à Jean-Luc Mélenchon pour jeudi. Fidèles, nous serons à nos postes.
JCV
Jean-Luc Melenchon est apprécié et les jeux sont pour une fois ouverts. Il y a encore un petit seuil de crédibilité à passer mais la stratégie est la bonne: travailler, innover et convaincre encore et toujours.
Tovena
jlm2017 est une excellente campagne, ça m’inspire. Merci à tous ceux qui y travaillent, bon boulot. Vous êtes révolutionnaire mais personne n’ose le dire tellement ce mot a été dévoyé.
ivan cazenave
Dans le cadre du chiffrage, ne faut-il pas faire une synthèse des économies réalisées par rapport au budget actuel ? Exemples : suppression du CICE, suppression des niches et autres dispositifs permettant aux grandes entreprises de ne payer que 8 % d’impôt sur les sociétés. Cela permettrait de montrer qu’une partie des besoins liés aux urgences peut être couverte par des économies.
Invisible
Il n’est pas surprenant que tous les « experts » médiatiques fassent obstacle à notre programme et à son chiffrage. Ce progranne est contraire à l’époque libérale et capitaliste. Ces gens en revanche ne sont que miel lorsqu’on déverse des millions en CICE, en aides à la consommation. Il est aujourd’hui particulièrement révoltant de voir que dans la région Hauts-de-France on supprime des allocations à des personnes sans ressources alors que dans le même temps le bourgeois peut bénéficier de 200€, ou 5000€, pour s’équiper en vélo électrique, voiture électrique ou changer sa grosse chaudière à 15 000 €. Dans ces cas-là, les élus de droite ne nomment pas cela « assistanat ». Quand on aide un nanti c’est moral. Quand on aide un pauvre bougre, c’est suspect.
Jacques A.
Ils veulent tous l’unité. Ils veulent tous un programme d’union. Qu’ils arrêtent d’appeler à l’union et qu’ils avancent leurs pions. Quelles parties de l’ Avenir en Commun ne leurs conviennent pas ? Parce que des phrases lancées en l’air comme « je ne suis pas d’accord avec tout » ne suffisent plus. Qu’ils nous disent sur quoi ça coince. Qu’ils nous disent aussi en quoi sont scandaleux les préalables de la lettre qu’a adressé Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon. Que Jadot et Laurent soient plus précis sur leurs intentions. Que tous les points discutés soient posés au grand jour. Mais il est probable que cette solution de transparence démontre les bassesses des négociations souterraines. Nous, les votants, les combattants de terrain nous voulons savoir ce qui se murmure dans les alcôves.
TiDom
Effectivement, les jours qui ont suivi l’évènement inédit du chiffrage de l’avenir en commun ont vu le système médiatique se mettre en route (journaux papier, en ligne, web, télé et radio) et les critiques ont fusé sur le chiffrage, la relance, l’investissement, l’emprunt, la méthode dite keynésienne. Certains, de bonne foi (oui il existe différentes théories/stratégies économiques), mais d’autres avec une mauvaise foi assumée. Je n’ai pas besoin de les citer.
Quand même pour avoir une idée de qui et pourquoi ? Je vous encourage à lire ça. On y découvre le lien d’argent entre les plus grosses fortunes Françaises et la presse la plus répandue.