Puisque décidément le temps du repos n’est pas venu pour moi, je m’installe devant ce clavier pour retrouver la cadence hebdomadaire de mes dictées. Ici je reviens en deux chapitres sur cette étrange semaine. Celle qui a vu le vote des ordonnances sur le code du travail, la reconduction de l’état d’urgence, l’admonestation publique du chef d’état-major des armées, la réception de Donald Trump puis de Netanyahou et a dessiné une semaine d’abus de pouvoir de toutes sortes.
Le débat à l’Assemblée nationale sur les ordonnances qui permettent de réécrire la totalité du code du travail a été un moment fondateur de l’ère nouvelle ouverte par l’élection de monsieur Macron. En premier lieu, comme il est frappant de voir que le premier texte de loi venu en débat devant la nouvelle majorité aura concerné pour l’essentiel la nature du contrat de travail, un document central dans l’économie capitaliste. En effet, celui-ci contient tous les paramètres qui organisent la relation de subordination du salarié à l’égard de son employeur et donc, pour finir, la façon avec laquelle la richesse que produit son travail sera répartie entre lui-même et le capital. Que la nouvelle majorité ait voulu commencer par cela fonctionne comme un véritable manifeste politique de très haut contenu philosophique et moral autant que social. Nous avons fait beaucoup d’efforts dans la discussion pour tâcher d’élever les échanges au niveau de ce qui était réellement en cause.
En effet, comme on le sait, l’intitulé et le contenu de chacun des sept articles directement impliqués dans la réécriture du code du travail sont extrêmement vagues. Du coup, la discussion ne pouvait porter que sur des contre-propositions précises ou bien des principes généraux. Nous fîmes les deux. Les trois quarts des contre-propositions furent écartées au motif du « hors sujet », quoique parfois le rapporteur ou la ministre soient entrés davantage dans les détails. Mais sur les principes ? Sur ce terrain, des députés de la majorité « La République En Marche » se sont totalement dérobés.
On pouvait admettre comme l’a dit l’une d’entre elles qu’étant d’accord avec le gouvernement et avec le contenu de ces ordonnances, ces députés n’éprouvent pas le besoin de le dire à chaque vote. On peut donc admettre qu’ils soient restés muets dans la discussion des amendements. Mais pourquoi n’être quasiment jamais intervenu non plus dans les discussions sur chacun des sept articles en général ? Pourquoi n’avoir jamais saisi au bond un thème en particulier pour répondre aux interventions que nous faisions sur les principes en cause ? Nous n’avons eu droit au fil des débats qu’à de piteuses répétitions du thème « vous n’avez pas le monopole du cœur », « vous n’avez pas le monopole du peuple » et ainsi de suite. Ce fut toujours en défensive et souvent dans un registre très victimaire (« mon grand-père était un ouvrier lui aussi », « j’ai travaillé depuis l’âge de 16 ans », « non, tous les patrons ne pensent pas qu’à licencier »). Parfois il y eut aussi de rugueux sophistes qui nous jetèrent à la face le fameux « pas vous, pas ça ! ». À peine y eut-il de temps à autre une éclaircie ici ou là, mais encore fallait-il la lire en creux. Ainsi lorsqu’on nous reprocha : « vous ne croyez pas à la capacité de chaque salarié de négocier directement sa situation », comme si nous doutions de la place de l’individu et de la liberté personnelle dans la société d’une façon générale.
La droite classique, plus accoutumée depuis la guerre froide aux confrontations de principe, a voulu parfois montrer du doigt ce qui était en cause d’un point de vue des systèmes d’idée qui se confrontaient. Ainsi l’un de ses orateurs nous soupçonnait-t-il de « crypto-marxisme » un autre d’esprit « post lutte de classes ». Ce qui me frappe, au total, c’est de voir à quel point les rares orateurs de « La République En Marche » se montraient en proie à une idéologie globale dont ils semblaient être incapables de comprendre qu’il ne s’agissait que d’un point de vue parmi d’autres. À tout moment, ce qu’ils disaient nous nous était présenté comme une évidence indiscutable, dont ils déduisaient ensuite l’évidence des mesures techniques proposées par le gouvernement.
Dans leur vocabulaire, les investisseurs veulent « créer de l’emploi » (pas du profit), les salariés ont d’abord « des problèmes qu’il faut régler », le « dialogue social » est un dialogue comme un autre où les « solutions de bonne intelligence » apparaissent vite dès que le débat est de « bonne volonté ». Avec un tel fond de scène, l’ambiance devient bien vite des plus étranges. On finit par nager en pleine langue orwellienne. Les mots désignent le contraire de ce qu’ils nomment. « Sécuriser l’emploi » c’est faciliter le licenciement, « renforcer le rôle des branches » c’est accepter chaque entreprise puisse pourtant y déroger et ainsi de suite. Aucun de nos collègues en vis-à-vis ne semblait y voir de contradiction ! Dans cet environnement, nous avons du paraître totalement lunaires à nos interlocuteurs ! Peut-être entendaient-t-ils pour la première fois de leur vie des discours contre l’individualisation des rapports sociaux, en faveur de la prééminence de l’action collective, l’importance fondamentale de la loi face au contrat.
Mais il est impossible de penser que le blocage du dialogue dans cette circonstance ne tenait qu’à l’incompréhension. En effet, à diverses reprises, on vit soudain éclater d’étranges applaudissements. Ainsi quand un orateur de « La République En Marche » se décida à entrer sur un débat sur le fond. Son intention était de s’opposer à notre vision de la négociation collective plutôt qu’au « dialogue social personnel ». Il ne put s’empêcher de conclure par un déchaînement de critiques contre les organisations syndicales « inadaptées », « bureaucratiques », « loin du peuple », « inefficaces ». Du coup, il interprétait la loi en préparation comme une remise en cause bienfaisante de leur rôle. Alors, sur tous les bancs, « La République En Marche » éclata en un tonnerre d’applaudissements pleins d’enthousiasme. Je fis remarquer à l’auteur de ces propos quelle digue il venait de briser : ce raisonnement, ces expressions, lui dis-je, c’est là d’habitude le vocabulaire de l’extrême droite contre les organisations syndicales de salariés. Je fus, bien sûr, rabroué par un ample murmure de mécontentement indigné. Pourtant, l’auteur du propos a lui-même semblé réaliser ce qu’il venait de faire et, dès son intervention suivante, il revenait sur ses propos. Il n’empêche que pour les autres, ce fut le cri du cœur, et leurs applaudissements, par leur vigueur, le montraient bien.
Ce moment particulier a tranché dans mon esprit une question que je laissais pendante. Ce groupe, si composite, est-il de droite ou bien la gauche l’imprègne elle ? Je ne pense pas ici aux étiquettes politiques initiales des élus présents sur ces bancs. Je pense à la philosophie politique qui les anime. Sans contestation possible, cet enthousiasme généralisé pour applaudir contre les organisations syndicales est une signature. C’est un groupe de droite.
D’ailleurs, si ces quatre jours de discussions ont bien montré quelle contre-révolution est en marche. La méthode utilisée l’annonçait. Voilà donc une ordonnance qui, en sept chapitres, rédigés dans les termes les plus vagues, donnent au gouvernement le pouvoir de changer la totalité du code du travail. Oui la totalité. Pas seulement les points traités par l’ordonnance. En effet, un des articles de l’ordonnance prévoit que tout le code doit être relu et réorganisé pour être mis au diapason de ce qui va être changé à cette occasion. Aucun parlementaire n’aura eu la moindre possibilité d’intervenir sur une quelconque des dispositions du code du travail : ni un mot, ni une virgule, ni un ajout, ni une suppression, ni une interprétation. Tout est à la discrétion des trois ou quatre bureaucrates qui vont faire ce travail de rédaction générale. Ils seront alors placés sous l’autorité directe du directeur de cabinet de la ministre du travail, qui sera le garant de l’interprétation gouvernementale de cette tâche. C’est alors qu’il faut s’en souvenir : ce directeur de cabinet était auparavant le directeur adjoint du Medef !
Sur le fond ensuite, le contenu de l’ordonnance est absolument sans ambiguïté. Il s’agit bien d’un renversement de la hiérarchie des normes. En vain la ministre a-t-elle argué de la nécessité du « dialogue social au plus près du terrain » et autres balivernes. Il a toujours été possible en effet de négocier un accord dans l’entreprise qui ne soit pas dans les termes de la loi. Et de même au niveau de la branche d’activité. Mais il fallait pour cela que les dispositions adoptées soient meilleures que la loi. C’est ce que l’on appelle « le principe de faveur ». Dans le nouveau dispositif la source de la norme est l’accord dans l’entreprise. C’est-à-dire la négociation de gré à gré. Il est clair que la seule nouveauté possible est que cet accord soit moins favorable que la loi, sinon il n’y aurait pas besoin de faire cette ordonnance ! Il ne faut pas croire qu’une fois la norme ramenée à ce niveau, le « dialogue social » donne quelque moyen que ce soit pour rééquilibrer le rapport de force entre l’employeur et les salariés. C’est tout le contraire.
Il faut savoir en effet que l’ordonnance prévoit avec méthode de désarmer totalement la partie salariale dans cette négociation. Elle le fait de deux manières. D’abord par l’affaiblissement de toutes les institutions représentatives du personnel en les fusionnant en une seule. Ensuite en donnant tous les moyens du chantage à la partie patronale avec la création d’un référendum à sa seule initiative dans l’entreprise. Et enfin, c’est cette invention du « chèque syndical » à la soi-disant libre disposition de chaque salarié qui devra déclarer à son patron à quel syndicat il veut que le chèque parvienne ! On devine quelle sera la liberté d’un tel choix pour le salarié. On devine aussi quelle facilité cela peut donner au patronat pour favoriser un syndicat qui aurait sa préférence ! De plus, après avoir ligoté les salariés, les ordonnances prévoient encore de modifier l’objet même de la négociation. Celle-ci peut être en effet totalement vidée de tout objet puisque son enjeu, le contrat de travail, est directement miné par la création « d’un CDI de chantier ». Qu’est-ce que ce « CDI » limité dans le temps sinon un CDD pour lequel la partie patronale n’a pas à payer les primes de précarité ! « Mais il s’agit bel et bien d’un CDI » a clamé la ministre. En quoi en est-ce un ? En quoi un contrat de travail à durée limitée peut-il être un CDI ?
D’article en article, j’avais pour mission au nom du groupe d’expliquer notre vote. Je me suis efforcé de montrer la cohérence de la philosophie du texte en direction de cette « individualisation des rapports sociaux » poussée à son extrême telle que pour la première fois de l’histoire sociale de ce pays elle aura été proclamée. Ce travail a été repris sur le terrain partout où l’on a opéré à notre appel des rassemblements ce 12 juillet. On a pu voir sur la place de la République quelle attention habitait la foule qui s’était rassemblée. Il en fut de même sur bien des places de France ce jour-là. Partout la même attention, la même volonté de comprendre. C’était frappant à Marseille lorsque Sophie Camard, ma suppléante, a commenté devant les centaines de personnes attentives toute la philosophie des cinq premiers articles de l’ordonnance. Il me revient des témoignages que je reçois combien il en va de même lorsque les caravanes que nos amis ont constituées en région abordent ce sujet dans les cités où elles se déploient. À partir du mois d’août, la caravane nationale prendra aussi en charge cette part du travail.
On ne saurait minorer l’importance de ce qui vient de se passer. Il reste frappant que personne n’ait osé l’assumer comme tel. Aucun grand média ne l’a fait. Aucun dirigeant de « En Marche » ne s’y est risqué. Tous se sont exprimés comme s’il s’agissait d’un simple « toilettage » du code du travail. Aucun n’a osé assumer le fait que l’ordre public social républicain en vigueur depuis la Libération a été intégralement inversé. La technique de communication de l’équipe Macron a donc pleinement fonctionné grâce aux renforts que lui apportent l’ignorance des commentateurs et, plus que tout, le fait que ces derniers ont totalement intégré l’idéologie dominante sur ces questions. Elle leur rend impossible la compréhension de l’enjeu politique et social ce qui vient de se décider. Aucun ne s’est donc donné le mal de mettre en scène l’événement créé par cette ordonnance.
Tous ont, au contraire, fait des efforts considérables pour réduire toute la discussion à des « cas concrets » qui plaidaient tous, bien sûr, contre « l’absurdité » des dispositions du code, leur « rigidité », la nécessité d’un « toilettage » et ainsi de suite. L’idéologie, dit Karl Marx, est un système d’idées destinées à masquer les rapports réels. Jamais on n’aura autant pataugé dans l’idéologie qu’à ce moment où ceux qui prétendaient en combattre toutes les formes sous prétexte « pragmatisme » faisaient exactement le contraire. Avec ce vote, avec ces ordonnances, sous le masque de la modernité et du souci d’être « au plus près du terrain », le Macronisme aura infligé une terrible défaite sociale au camp du travail.
C’est parce que nous avons clairement conscience de l’enjeu, et aussi du caractère si symbolique de commencer la session parlementaire par ce sujet, que nous avons mené la bataille avec une telle énergie. En convoquant un rassemblement populaire, d’abord à Paris puis dans plus de cent villes du pays, nous avons non seulement voulu illustrer une conception du travail parlementaire « un pied dans l’hémicycle un pied dans la rue ». Et surtout, nous avons commencé un travail d’information en profondeur. Nous connaissions bien la difficulté à convoquer de tels rassemblements en plein été, après le départ en vacances de juillet. Nous savions que se déchaîneraient aussitôt contre nous les grandes orgues médiatiques : « ils veulent remplacer les syndicats », de façon à essayer de provoquer des tensions avec eux, « ils n’ont pas réussi à rassembler grand monde », etc., etc.
Mais cela n’avait pas grande importance à nos yeux ! Il s’agissait pour nous de parvenir à mobiliser le premier cercle, celui des têtes dures, celui qui entraîne les autres pans de la société quand lui-même se met en mouvement avec détermination. Ce premier cercle ne nous a pas entendus autant que nous le souhaitions dans l’élection législative sur le sujet. Pourtant, nous avons tous fait campagne sur la mise en garde à propos de la transformation du code du travail. Nous pensions que l’enquête publiée par le journal « Le Parisien », quatre jours avant le vote, aurait davantage d’effet d’alerte et de confirmation de nos accusations. Peut-être est-ce le découragement après le résultat de la présidentielle ? Ou bien le refus de participer à des deuxièmes tours où l’on ne se sentait représenté par aucun des deux candidats ? En tous cas, tout cela a sévèrement effiloché la force constituée au premier tour de l’élection présidentielle sur ma candidature. Il faut donc reprendre le terrain et construire le rapport de force.
L’ambiance peut être inversée plus vite qu’on ne le croit. Car la présidence Macron a d’ores et déjà commencé à connaître le reflux. La vitesse de son usure est même, de bien des façons, assez surprenante. Les syndicats s’adaptent aux rapports de force qu’ils sentent sur le terrain des entreprises. Ils feront ce qu’ils voudront et comme d’habitude nous nous abstiendrons de commenter les stratégies syndicales. Nous appuierons leurs appels à l’action. Mais c’est notre devoir de groupe parlementaire et de mouvement politico-culturel et social, comme l’est « la France insoumise », d’agir nous aussi sur notre terrain spécifique. C’est à nous de faire le travail d’information et de mobilisation dans les secteurs qui ne sont pas organisés par le syndicalisme : les quartiers, les chômeurs, les jeunes en formation et ainsi de suite. Il n’y a donc pas de « compétition » avec le syndicalisme. Le champ des mobilisations « populaires » et celui du syndicalisme sont complémentaires. Le problème posé est donc celui de réussir leur convergence. Autant que possible. Et, quoi qu’il en soit, d’agir !
Dans l’enceinte du Parlement, les débats ont tourné autour de deux questions qui concentrent la méthode Macron. D’un côté les ordonnances sur le code du travail, de l’autre la reconduction de l’état d’urgence. Dans les deux cas, tout fut présenté et expédié dans les termes et les formes des passages en force les plus arrogants. Mais ce n’est pas tout. Dans la même semaine d’autres signaux ont été adressé à l’opinion. Ils sont tout aussi préoccupants. On croirait voir les effets d’une certaine ivresse des sommets ! De voyages en réception, de discours en discours, le nouveau président dessine un étrange profil où il semble parler avec son miroir. Le discours de Versailles faisant l’apologie de la « France girondine », puis de la « République du contrat » a fonctionné comme un manifeste et un signal de ralliement pour toute une tendance très ancienne du paysage politique des Français et de l’histoire des idées dans ce pays. Comme elle suppose un tel basculement des principes au poste de commande, on a d’abord du mal à croire que ce soit autre chose que des formules déclamatoires. Pourtant, leur mise en œuvre immédiate avec les ordonnances sur le code du travail a montré que le président est fermement décidé à passer à l’acte.
Ceci posé éclaire comment comprendre les événements aussi surprenants que la mise en garde adressée au chef des armées, l’accueil en grande pompe de Monsieur Trump puis de façon encore plus sidérante celui de Monsieur Netanyahou, le Premier ministre du gouvernement d’Israël ! Voyons cela.
Il va de soi que le devoir des militaires est de servir et d’obéir. Aussi longtemps que la règle posée ne leur reconnaît ni le droit de se syndiquer ni celui d’exprimer une opinion politique, cette règle s’impose et il n’appartient à aucun de ses chefs de la violer. Pour autant, au cas précis de l’intervention du Général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, la violence du recadrage et son caractère inutilement humiliant font réfléchir. Pierre de Villiers s’est exprimé dans le cadre de questions qu’on lui posait à la commission Défense de l’Assemblée nationale. Son devoir devant la représentation nationale est donc de répondre avec franchise et sincérité aux représentants du peuple. Dans un tel contexte, on ne peut lui reprocher d’avoir dit ce qu’il pense et ce qu’il croit juste à propos de la situation des armées. Dès lors, le président n’est pas fondé à dire que ce serait là « étaler en public » les problèmes qui se posent. Je précise ce point, car sur un sujet aussi délicat que celui des rapports d’autorité entre l’armée et les responsables politiques du pays, il faut fonctionner dans la plus grande rigueur et le respect de l’esprit des lois qui les organisent.
Dans ces conditions, si fermement que je sois attaché à l’autorité supérieure du politique sur les militaires et à leur devoir de stricte obéissance, je désapprouve, après y avoir sérieusement réfléchi, l’admonestation à laquelle s’est livré le président de la République. Je la désapprouve pour la raison de fond que je viens d’évoquer : le général devait dire ce qu’il pense vraiment et sincèrement dans les mots qui lui paraissaient les plus adaptés pour décrire son état d’esprit. Mais aussi parce que la préoccupation qu’il exprime est trop délicate pour être seulement réglée par un rappel à l’ordre.
Les armées sont bel et bien placées dans une situation extrêmement tendue. Impliquées sur quatre fronts dans des conditions de pénurie de moyens bien connues, elles se voient annoncer par la presse une nouvelle série de coupes budgétaires extrêmement mutilantes. Quoi que l’on pense de la valeur de la dépense militaire, quoi que l’on pense des conflits dans lesquels nos forces armées sont engagées, le devoir du pays reste d’assumer ses décisions. On ne peut ouvrir quatre fronts sans savoir qu’il faudra les financer. Refuser de le faire au moment où des hommes et des femmes sont engagés dans le combat est de nature à disloquer tout le système en lui donnant la preuve que ses chefs eux-mêmes ne croient pas à la valeur de ce qu’ils ont décidé. C’est donc une très grave faute politique. Si particulier qu’il soit, le commandement sur les militaires ne s’est pourtant jamais réduit à des aboiements. Les militaires, comme toutes les autres communautés de fonctionnaires, ne sont pas exempts des exigences du consentement à l’autorité dans un pays démocratique.
À cela s’ajoute d’autres impératifs à prendre en compte. Le président qui décide des coupes budgétaires est aussi celui qui ne cesse de répéter qu’il consacrera 2 % de la richesse du pays au financement des armées. Tout le monde a relevé l’incohérence de cette situation ! Mais il faut surtout montrer le soubassement qui est à l’origine de ces comportements erratiques. À quoi bon parler de dépenses quand on n’a pas parlé des objectifs ni la stratégie pour les atteindre ! Quel est le niveau de dépenses nécessaires ? Celui qui permet de financer les objectifs que l’on se donne ! Quels sont ses objectifs ? Voilà ce qu’on a du mal à savoir en écoutant et en regardant se comporter le président Macron. C’est ce qui met à nu le caractère purement autoritaire et démonstratif de l’admonestation qu’il a adressée aux chefs des armées le 13 juillet. Quand dans la même semaine le président annonce un improbable plan de rapprochement militaire avec l’Allemagne, l’amertume gagne ! Quoi ! On a déjà vendu la moitié de l’entreprise qui produit les chars Leclerc à une famille de milliardaires allemands. On pensait que l’air du bradage généralisé qui a été la caractéristique de la présidence de Monsieur Hollande en matière de défense était enfin terminé. Apparemment il n’en est rien. Les armées qui utilisent dorénavant le fusil allemand voleraient demain dans des avions dans la production échapperaient aussi au contrôle du pays !
Quel genre de doctrine de défense cela sous-entend il ? Depuis quand la question de l’indépendance et donc de la maîtrise de la production de matériel militaire est-elle devenue un sujet sur lequel un homme seul peut décider de tout changer sans qu’on en discute une seule minute ? On avait vu Hollande signer à Chicago en 2012, dès son élection, l’accord permettant l’installation des missiles antimissile nord-américains en Pologne. Le nigaud s’était vanté à l’époque de ce que ses « réserves » aient été entendues ! Quelle foutaise ! Après cela, quel est le sens de la dissuasion nucléaire française ? Personne ne l’a jamais dit, personne n’a jamais discuté. Cela continue pourtant encore à présent. J’admets qu’on puisse penser autrement que comme je le fais et que l’on considère que la maîtrise de la production des matériels militaires est une idée dépassée. Mais alors qu’on le dise et qu’on vote sur le sujet. L’autoritarisme combiné à l’exercice solitaire du pouvoir sur les questions essentielles touchant à l’indépendance du pays nous mettent en très grande fragilité militaire.
L’accueil réservé à Monsieur Trump était insupportablement carnavalesque. Le prétexte de la participation du gorille nord-américain sonnait si étrangement ! Nous célébrions, paraît-il, l’entrée en guerre, en avril 1917, des États-Unis d’Amérique à nos côtés contre l’Allemagne. Combien se seront donné le mal de noter qu’avril 1917, pour une guerre commencée en août 1914 et qui finira en novembre 1918, c’est bien tard ! Je le reconnais : le thème des dates d’entrée en guerre des USA dans la première comme dans la seconde guerre mondiale restent des sujets trop délicats pour être abordés sans précautions oratoires. Je n’en ai pas le temps ici, ni la patience. J’en reste donc à cette remarque que l’année 1917 c’est plutôt l’année d’une immense réaction populaire contre la guerre. Elle s’exprima par la victoire des bolcheviques en Russie et le triomphe de la révolution d’octobre, mais aussi par d’innombrables rébellions sur tout le front de l’Ouest dans les troupes françaises, britanniques et autres ! Tout fut réprimé de ce côté-là et la polémique continue sur le sort que l’on doit réserver à la mémoire des appelés insoumis qui furent alors fusillés parce qu’ils voulaient arrêter la guerre.
Si l’on oublie le caractère discutable de cette célébration et la forme particulière de schizophrénie qu’elle exprime, le reste ne vaut pas mieux ! Pourquoi inviter Trump ? Comment oublier le crime contre l’humanité qu’il est en train de commettre avec son refus de l’accord de Paris sur le climat ? Pourquoi l’inviter à passer en revue nos forces armées à l’heure où il organise des provocations guerrières dans tout l’est de l’Europe, en Pologne, en Ukraine, et sur toutes les façades extérieures de la Russie ? Je mets en garde ! Les Français n’ont jamais aimé servir ou honorer des maîtres qu’ils ne se sont pas choisis. Des millions d’entre eux ont ricané amèrement, certains ont manifesté, la plupart ont tourné le dos en grondant. Que voulait prouver Monsieur Macron de cette façon ? Rien n’est clair. Du coup, le seul sens qui vaille est celui que l’image propose : Trump et Macron partagent la même vision à propos des alliances et des guerres en Europe.
L’invitation du chef du gouvernement d’extrême droite en Israël a suscité des haut-le-cœur de tous côtés pour les raisons politiques que l’on comprend sans difficulté quand on n’est pas d’extrême droite. Mais c’est surtout les prises de position du président français dans cette circonstance qui posent problème. Lier l’antisionisme et l’antisémitisme est une thèse très ancienne des milieux communautaristes. Mais c’est la première fois que cette thèse est rendue officielle par le président de notre République. Ce n’est pas un petit sujet que de lier une opinion politique à un délit puni par la loi en France. Qui pourrait admettre qu’une telle option soit prise au nom du pays tout entier sans une seconde de discussion par qui que ce soit, du seul fait que le Prince l’a décidé ?
Après cela, déclarer que la France est responsable de la rafle du Vel’ d’Hiv’ est là encore un franchissement de seuil d’une intensité maximale. En effet, nul ne peut contester que des Français ont été personnellement responsables du crime comme ce fut le cas, notamment, dans la police qui opéra la rafle sans exprimer la moindre protestation ni acte de résistance, mais aussi de la part de toutes les autorités de tous ordres qui se rendirent complices, soit activement, soit par leur silence, soit parce qu’elles avaient renoncé à s’y opposer de quelque façon que ce soit. Mais dire que la France, en tant que peuple, en tant que nation est responsable de ce crime c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable.
La France n’est rien d’autre que sa République. À cette époque, la République avait été abolie par la révolution nationale du maréchal Pétain. Dans cette vision de l’Histoire, la France, à cette époque, était à Londres avec le général De Gaulle et partout des Français combattaient l’occupant nazi. Sur le territoire national, il n’y avait rien d’autre qu’une nation dirigée par un régime de fait dans un pays dont la moitié était occupée par les armées nazies et l’autre moitié dirigée par des gens qui avaient imposé de force une idéologie jumelle. Jamais, à aucun moment, les Français n’ont fait le choix du meurtre et du crime antisémite ! Ceux qui ne sont pas juifs ne sont pas tous, globalement et en tant que Français, coupables du crime qui a été commis à ce moment-là ! Tout au contraire, par sa résistance, ses combats contre l’envahisseur et par le rétablissement de la République dès que celui-ci a été chassé du territoire, le peuple français a prouvé de quel côté il était réellement. Il n’est pas au pouvoir de Monsieur Macron d’assigner tous les Français à une identité de bourreau qui n’est pas la leur ! Non, non, Vichy ce n’est pas la France !
Ces débats ne sont pas nouveaux. Ils ont leur dignité aussi longtemps qu’on accepte d’en parler avec le souci de l’amour que nous devons à notre pays avant tout autre. Ce qui n’est pas admissible c’est que du chef d’état-major des armées au peuple tout entier, nous soient intimés sur le ton du commandement le plus autoritaire l’identité du pays, ses références, son histoire. Cela par un seul homme sans qu’aucune réplique ni discussion ne puissent avoir lieu. Je mets en garde : méconnaître les fondamentaux de l’identité républicaine du pays expose ceux qui la molestent ou la violentent à de puissants et irréversibles retours de bâton venant du plus profond du sentiment commun des Français.
226 commentaires
Honny
Merci pour cette magnifique analyse. Quant au questionnement sur l’échec aux législatives je suis étonnée que ne soit pas suggéré le manque d’accord avec le PC. Autour de moi, dans une ville, la campagne de FI a été menée sans aucune aide du PC, dans une autre, c’est le PC qui a collé, tracté pour Fi aux présidentielles. Pourtant, dans cette dernière, c’est un candidat méconnu et issu du PS qui a été présenté. Fidèle à ce que j’avais défendu pour les présidentielles j’ai donc voté PC !
Fabienne
Merci Jean-Luc ! Merci à tous pour votre engagement sans faille. Il en faut du courage pour s’exprimer face à un mur ! Ce doit être désespérant, épuisant, minant. Heureusement que vous êtes en groupe. Heureusement que c’est filmé. Merci de continuer à nous défendre. Nous, nous relayons sur le terrain pour que la prise de conscience se fasse. Nous pensons surtout à nos enfants.
JudP
Merci M. Mélenchon, de garder ce contact avec nous, et pour votre travail. Les députés FI font la fierté de beaucoup de Français, l’énergie que vous y mettez tous est perceptible, et remonte le moral. Je suis en phase avec 100% de votre texte.
ECHIVARD
Tout simplement bravo Mr Mélenchon pour la qualité de ce texte.
Frédéric Poncet
Deux critiques, d’ordre juridique. Il y a erreur d’interprétation de la loi sur la nature du contrat de travail. Ce n’est pas lui qui « organise(nt) la relation de subordination du salarié à l’égard de son employeur », c’est le rapport de force réel. La loi, précisément, dit le contraire. Et ce n’est pas lui non plus qui (organise) « la façon avec laquelle la richesse que produit son travail sera répartie entre lui-même et le capital. », c’est le code civil. Détails techniques ? Mais importants. Car c’est le point faible du droit libéral, quand on prétend maintenir des formes féodales de domination. Cela n’est juridiquement pas tenable. Et le Médef le sait bien, quand il dit que le code du travail est un carcan.
Mongin Martine
Merci à tous les députés insoumis qui font raisonner nos voix à l’Assemblée nationale et merci Jean Luc de nous consacrer du temps.
Clément
Merci à tous, députés et sympathisants de la France Insoumise. Merci de continuer à instruire les gens qui n’ont pas le temps ou la possibilité de rechercher les arguments pour contrer la nouvelle majorité que ce soit à l’assemblée pour les députés, ou les sympathisants dans la vie de tout les jours. Surtout que quand on parle avec certaines personnes, on a l’impression d’être des extraterrestres si on déclare être en accord avec la FI. Les gens nous demandent comment on peut croire de telles balivernes d’un air condescendant, voir quelques fois méprisant. Merci encore à tous, a vous lire j’apprends a savoir mieux quoi répondre.
Cécile Lambert
Merci pour ces analyses, toujours instructives !
Je me permets toutefois un doute. Vous avez écrit « Lier le sionisme et l’antisémitisme est une thèse très ancienne des milieux communautaristes. » Ne vouliez-vous pas plutôt écrire « Lier L’anti-sionisme et l’antisémitisme est une thèse très ancienne des milieux communautaristes. » ? En tout cas, pour nous, les vacances se feront par roulement et la FI sera présente tout l’été pour expliquer réellement ce qui se passe (les médias sont très – hum – pudiques) et ce que ça implique réellement pour les gens !
gerard folcher
Cultivez la critique sans ménagement mais dans le respect des personnes. Ex., « le gorille nord americain » est autant inacceptable et totalement contre productif, inutile de prêter le flan aux médiacrates qui s’attachent plus à la forme qu’au fond.
Merci pour tout ce travail. Nous sommes fiers de vous 17. Et de votre volonté de pédagogie.
semons la concorde
Je suis du même avis. Pourquoi tirer sur les moustaches d’un tigre dont l’imprévisibilité est le 1er trait de caractère !
LE QUILLEC
Hé oui ! « Gare au gorille ! » comme a chanté quelqu’un. N’empêche ! L’image ne manque pas de pertinence et m’a fait beaucoup rire.
Eric RAVEN
Comment avons nous pu en arriver là ? Un banquier président ami du président milliardaire ! L’onde de choc va être terrible car dorénavant nous devons tous nous en mêler et la résistance par la mélancolie ne suffira pas. Heureusement la France insoumise à la chance d’avoir un grand Homme d’Etat et de très bons députes pour ouvrir ce chemin si difficile de l’émancipation pour plus de partage et de justice. Merci de nous préparer à cet avenir en commun.
clavel
Comment ce petit homme, venu de nulle part, ose-t-il, avec tant de verve et de prétention et aux yeux de tous, claquer d’un revers de la main (au sens figuré, bien sur), le visage de ce Chef des armés. L’humiliation est à son comble. Ce petit homme a tant de mépris pour celui qui est en désaccord avec sa petite personne, en devient lui même méprisable.
« Et pourtant ce tyran, seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni même de s’en défendre ; il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à la servitude. Il ne s’agit pas de lui rien arracher, mais seulement de ne lui rien donner ». Etienne de la Boétie
Triqui Reymond Jacqueline
Oui, qui est ce président ? A chacun de ses mots, à chacune de ses actions, à chacune de ses initiatives, je me sens trahie et quelque chose de profondément enfouie dans ma mémoire, dans mon être me fait frissonner. Un grand merci pour cet article intelligent qui explique clairement pourquoi l’on frissonne, pourquoi l’on se sent trahis mais pourquoi il faut rester optimistes. L’identité républicaine qui transcende les peuples et les continents, les religions et les couleurs de peau est plus présente que jamais chez beaucoup d’entre nous parce qu’elle est juste et du côté des faibles. Macron a fait tombé les étiquettes mais les idéaux sont toujours là, bel et bien vivants. S’il pense avoir gagné la bataille en faisant croire qu’il n’y a plus ni droite et ni gauche, il se trompe. La guerre des idées, il la perdra. Son armée de godillots est en marche mais déjà en déroute. Debout !
LE GALL
J’avoue avoir éprouvé du scepticisme, à la lecture de vos premiers commentaires sur les élus LREM « susceptibles d’être convaincus, car habitués à donner des ordres, pas en recevoir, et donc indociles … » (ce ne sont peut-être pas les termes exacts que vous avez employés, mais je pense ne pas trahir l’idée générale). Cette remarque aurait sans doute valu pour des cadres ayant accédé à leur fonction par leurs connaissances techniques, scientifiques, sûrement pas pour les « ingénieurs commerciaux », et autres « DRH » (à l’image de Pietraszewski) qui constituent le bataillon des élus LREM. Tous les salariés, proches de la retraite aujourd’hui ont eu à subir l’arrivée arrogante de ces essaims de nuisibles incultes, décérébrés, serviles, robotisés, tout à fait à l’aise dans le rôle de pousse-boutons qu’ils ont plaisir à jouer à l’assemblée (lorsqu’ils sont présents, c’est à dire rarement).
Ils ne sont que les collabos de cette nouvelle période sombre de notre…
patrick torres
Si la visite de V.Poutine et D.Trump avaient été justifiées, y compris par des médias brutalement amnésiques, par un souci (évidemment génial) de « réalpolitik » et d’affirmer la place de la France (ou celle de Macron ?), on se demande bien ce que venait faire là le premier ministre israélien. Il s’agissait de commémorer la déportation par des français de juifs français. Benjamin Netanyahu est-il une autorité religieuse mondiale, comme peut l’être le Pape pour les chrétiens, et donc le représentant officiel de tous les juifs du monde y compris de France ? Ou alors est-il simplement un chef d’état étranger, et alors à quel titre est-il invité lors d’une cérémonie Franco-Française ? Lui reconnaître une légitimité lors de cette cérémonie revient à énoncer officiellement que l’état juif est lui-même légitime en tant que le représentant de tous les juifs du monde, c’est-à-dire une adhésion officielle de l’état français au sionisme, avec toutes les implications politiques que…
Vauclair Alain
Merci Monsieur Mélenchon pour votre combat, combat qui devra être aussi le notre pour faire comprendre à ce gouvernement et à son « Seigneur » que non, les Français ne sont pas des veaux et qu’ils n’ont pas l’intention de se laisser manger à la « sauce Macron ».
Anne-Jeanne VAYSSE
« Les français ne sont pas des veaux » , je n’en suis pas si sûre. Un bulletin de vote FI aux législatives et c’était bon. Quelle que soit notre condition, le bulletin a la même valeur. Quel dommage de ne pas s’en être servi.
Milan
Les difficultés relevées par Jean-Luc Mélenchon dans le débat a l’Assemblée nationale avec les élus d’En Marche prouvent que l’absence de représentativité du peuple est d’abord a l’avantage d’une caste de représentant des libéraux. Ou sont les salariés a l’Assemblée, les chômeurs, les salariés pauvres, les petits fonctionnaires ? En dehors de quelques exceptions, nulle part. C’est donc plus facile entre patrons, cadres du privés ou de la haute administration d’imposer des lois modifiant les conditions de vie des salariés dont ils ne sont pas. La représentativité des classes sociales est donc une obligation dans la 6eme république que nous voulons pour que la France d’en bas puissent voter des lois qui la concerne. Si tous ces gens de la république en marche n’interviennent pas c’est que ces ordonnances ne les concerneront pas, en tous cas pas comme victimes.
Verneyre Romain
Merci Monsieur Mélenchon pour ces explications complémentaires. Mais permettez moi de vous demander. Que devient le mouvement de la France Insoumise ? Comme vous êtes député, je ne vous vois pas représenter et le mouvement et vos électeurs/français. Comme vous parlez souvent de verticalité il faut comprendre que les insoumis sont empreint de l’inverse. Et c’est vrai au niveau des groupes d’appui. Néanmoins l’horizontalité ne doit pas dévier vers « l’horizontalisme » radical car les humains ont je pense le besoin de s’organiser. Ainsi et même si je soutiens une certaine forme d’horizontalité je vois mal comment on pourrait se passer de devenir un parti politique ou parti citoyen pour assurer une stabilité dans la lutte et pour réimpliquer et responsabiliser les gens dans la vie de la cité.
Guillaume
Pas convaincu du tout par votre analyse concernant Vichy et la France. Pour moi Vichy était bien une expression de ce qu’était la France même si ce régime ne reflétait pas le sentiment de tous les Français. Mais de la même manière que n’importe qu’elle régime politique ne reflète pas l’ensemble des points de vue. C’est bien l’Administration de cette France qui a permis la déportation des juifs. Je ne comprends pas l’utilité politique de défendre cette différenciation entre Vichy et la « vraie France ». J’ai entendu déjà ce point de vue chez Marine Le Pen. Mais chez elle c’est normal puisqu’on lui reproche sa filiation politique avec l’extrême droite.
JeanLouis
C’était aussi la position de tous les présidents français jusqu’au discours de Chirac en la même occasion. Hollande je ne sais plus ce qu’il pensait sur le sujet pour autant qu’il en ai eu une.
Fanny
Il me semble que Mélenchon a dit que la République n’était pas à Vichy et que la France c’était sa République, je pense que tout ça est en rapport avec la stratégie populiste inspirée par Chantal Mouffe, construire un peuple, autour de la République française en l’occurrence. Je le comprends mais j’aime pas que ça signifie ne pas regarder notre histoire en face, je trouve ça indécent pour les victimes et c’est justifier la position des Le Pen sur le sujet.
Fred
Merci Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise, nous sommes avec vous.
Je pense que l’une des raisons pour laquelle les députés de LREM ont été si peu réceptifs a un débat est que pour être député de LREM , il faut déjà avoir été soumis a un tel niveau d’endoctrinement que la discussion n’est plus de mise comme c’est le cas des membres du FN (avec naturellement un endoctrinement différent) et d’une grande partie de la population également, donc oui, l’importance d’éduquer, en rappelant des faits, les mettre en perspective, etc., est aussi grande que difficile mais c’est une voie a suivre pour réveiller les Francais sonnés par les dernières défaites. Et je sais que ce n’est pas facile, a Londres, je discutes avec des Français étudiants ayant une certaine ouverture d’esprit mais des que j’aborde des concepts socio-libertaires, on hurle a l’utopie comme si le monde autoritaire et capitaliste dans lequel nous vivons était une fatalité autant que la perte de nos droits.
sylvie launay
Vraiment hallucinant sur de nombreux aspects. C’est là que La France Insoumise a toute sa place, j’ai remarqué une belle dynamique des députés pour leur début de mandat. Vous devez être très fiers Jean-Luc de voir cette relève !
Il est nécessaire de garder un contact étroit avec les Insoumis, rappeler aux centres d’appui de poursuivre leur information, pour ma part sur Le Mans, j’ai bien reçu les infos concernant les rassemblements. Amitiés Insoumises.