Cette semaine commence le débat à l’Assemblée nationale concernant la « moralisation de la vie politique ». Queue de comète des avatars de Monsieur Fillon dans la campagne présidentielle, enfant du hasard de l’accord électoral de Bayrou avec Macron, ce texte suinte l’antiparlementarisme et la stratégie de la victime expiatoire. Sans nier l’importance d’avoir un système de représentation parlementaire vertueux, comment croire un seul instant que les problèmes de la corruption de notre société par l’argent soient concentrés à cet endroit sans qu’il y en ait trace dans bien d’autres centres de pouvoirs autrement plus violents pour la société !
Toute la période que nous vivons se déroule comme une addition de coups de force visant à renforcer de toutes les façons possibles la monarchie présidentielle et la caste dont elle garantit les privilèges. Les ordonnances sur le code du travail, l’état d’urgence, les diverses gesticulations déguisées du président de la République, tout concourt à la même méthode de confiscation de la démocratie. Comme il est significatif de voir que, sans la question de Clémentine Autain devant l’Assemblée nationale, pas un mot n’aurait été prononcé par un seul responsable politique de la majorité et des soi-disant oppositions de droite et socialiste sur la mise en œuvre dès le 21 septembre prochain de l’accord de libre-échange avec le Canada, alors même qu’il n’a été adopté par aucun Parlement national ! La période Macron se présente bien comme un concentrée du caractère autoritaire que contient le « libéralisme » de notre époque.
La pauvreté a de l’avenir en France. On va voir bientôt de combien de basculements individuels sera responsable la conjonction entre la baisse de l’APL, l’augmentation de la CSG et des différents autres tarifs de l’existence quotidienne comme le transport, le gaz, l’électricité. Nous sommes contemporains de l’entrée dans un nouvel état de la pauvreté dans la vie du pays. Ce n’est plus une pauvreté conjoncturelle, liée à un état individuel provisoire de difficultés personnelles. C’est une pauvreté structurelle. Une pauvreté durable et transmise d’une génération sur l’autre. Elle est enkystée au cœur de la société et développe progressivement son emprise dans des secteurs de plus en plus large.
Car la descente aux enfers de la pauvreté se commence à partir de tous les échelons de la société. Même si à l’évidence c’est toujours à partir des gros bataillons des plus fragiles et des bas salaires que viennent les nouvelles cohortes de pauvres, il faut voir aussi comment dans les hautes échelles de salaires de même, un dérapage hors de l’emploi, sa conjonction avec un moment personnel difficile, peut conduire tout droit vers l’abîme. La précarisation des classes moyennes fournit donc elle aussi un ample réservoir de pauvres. Plus systématiques sont les dispositifs de précarisation, plus le filet social est percé de trous, plus l’entrée en pauvreté fonctionne comme une trappe à sens unique. À partir du moment où elle cesse d’être le phénomène marginal qu’elle a été pendant tant de décennies, la pauvreté devenue visible et incontournable modifie les relations sociales de tous ceux qui en sont rendus témoins et protagonistes d’une façon ou d’une autre.
Par exemple, l’impossibilité dans laquelle se trouve chacun de secourir les pauvres qui l’entourent finit par créer une atmosphère et une culture d’indifférence humaine et d’endurcissement face au malheur des autres. Car en pensant à la pauvreté, il ne faut jamais oublier combien elle n’est pas « seulement » une question de revenu. Les pauvres ne sont pas seulement des gens qui ne « gagnent pas assez ». La pauvreté provoque des dizaines d’autres impasses douloureuses dans l’existence quotidienne. Les pauvres sont mal logés et finissent par ne plus être logés du tout. Ils tombent plus facilement malades et ne peuvent se soigner. Et ainsi de suite. La pauvreté augmente le nombre des personnes sans domicile fixe qui errent dans les rues, celui des enfants sans toit, celui des malades contagieux et ainsi de suite. Un nombre important de gens peuvent devenir pauvres en très peu de temps. Mais pour ressortir de la pauvreté il faut du temps et même parfois beaucoup de temps. Par exemple, pour un an passé dans la rue sans domicile fixe, il faut deux ans pour retrouver les habitudes de socialisation liée à l’occupation d’un logement.
Dans ces conditions le passage d’une société sans pauvres à une « société paupérisée » est un changement général bien plus vaste que ce que laisserait croire la statistique du seul nombre des pauvres. Toute la société est contaminée par les malheurs qui s’y répandent. Mais attention : une société paupérisée n’est pas une société nécessairement pauvre. C’est une société dans laquelle le nombre des pauvres est en augmentation. Et ce phénomène peut être en concomitant avec celui de l’augmentation du nombre des riches. Ainsi la France peut-elle être à la fois record d’Europe du nombre des millionnaires et compter dorénavant 9 millions de pauvres. Ainsi la France est devenue une « société paupérisée » alors que la richesse du pays a augmenté. Elle ne pourra donc ressortir de cette situation sans faire beaucoup d’efforts de partage.
Pour l’instant, nous avons un certitude : notre pays va se paupériser davantage. Il court avec méthode et organisation. C’est le revers concret du projet mythique sur lequel est fondée la politique du nouveau gouvernement qui aggrave celle du précédent. Depuis trois présidences consécutives, au moins, est mise en œuvre une logique folle. C’est la théorie incroyable selon laquelle plus les riches sont riches, plus le « ruissellement » de la richesse du haut vers le bas se produit ! Pris à la gorge par la colère froide qui s’est exprimée à travers le désaveu massif contre Hollande puis l’abstention abyssale aux élections, le système Macron accélère à une vitesse vertigineuse dans la direction qui a pourtant échoué partout. Elle échouera encore et se traduira par une explosion de la pauvreté jamais vue. Je l’affirme parce que je l’observe dans tous les pays où ont été appliquées les recettes que Monsieur Macron est en train de généraliser.
Dans ces conditions, je crois utile de nous alerter. J’ai bien vu les difficultés que je rencontrais à installer le thème de la pauvreté dans le débat public. Je l’ai engagé avec force dans mon discours à la « Fête de l’Humanité » en septembre dernier. Puis j’y suis revenu régulièrement au fil de mes discours de campagne présidentielle. Je pense être parvenu à retenir l’écoute. Pour autant, cela ne me suffit pas. Encore une fois, la pauvreté n’est pas seulement à étudier et à comprendre sous le seul angle de l’échec des politiques libérales. Les pauvres forment un nouveau continent de pratiques, d’attentes, d’auto-organisation. Quand je rappelle qu’il y a 9 millions de pauvres dans notre pays, je veux aussi rapprocher ce chiffre du nombre d’ouvriers et d’employés qui est de 13 millions. Nous parlons donc ici d’une catégorie sociale considérable, la plus importante de celle qui est définie par les rapports sociaux de notre pays.
Je pense depuis longtemps que la famille politique dont je suis issu, la « gauche », n’a jamais bien su comprendre et traiter cet aspect global du problème de la pauvreté et des conséquences de son émergence en masse dans les sociétés développées. Je veux dire par là qu’elle n’a pas su donner de perspective au traitement politique de la pauvreté dans une démarche de mobilisation politique des pauvres eux-mêmes. Les pauvres dans notre société n’ont jamais été pensés comme une catégorie particulière porteuse de méthodes et d’objectifs spécifiques à l’intérieur du combat général de la société contre la prédation capitaliste. Ce n’est pas le même combat, dans les mêmes formes, avec les mêmes mots, que celui qui consiste à défendre des conquêtes sociales et celui qui consiste à être dans l’obligation de trouver les moyens de survivre. Cette action pour la survie ne doit pas être regardée comme un antichambre avant d’entrer dans la voie glorieuse des luttes sociales. Tout au contraire. Mettre en place les moyens de la survie c’est dessiner la contre-société vers laquelle nous voudrions nous diriger.
Cette question de la pauvreté doit revenir sur la table. Au fil des discussions de la session extraordinaire au Parlement, nous avons eu droit, en effet, de nouveau, à l’exaltation du modèle allemand vers lequel nous devrions nous diriger. Cette propagande inépuisable n’a jamais voulu tenir compte des réalités sociales et écologiques désolantes de ce fameux modèle. Le moment n’est-il pas venu d’en faire le bilan ? J’ai fait un livre sur le sujet comme on s’en souvient : Le Hareng de Bismarck. Les diagnostics que j’avais posés dans ce livre sont tous non seulement confirmés mais amplifiés. Je ne ferai pas ici le bilan détaillé des bonnes anticipations que ce livre contient. S’il traîne encore chez vous, jetez un œil sous l’angle de ce que l’actualité vous a appris depuis qu’il est paru à propos de la réalité du « modèle allemand ». Mais ce qui m’impressionne par-dessus tout à cet instant c’est la vitesse avec laquelle l’extrême pauvreté s’est répandue dans la société allemande. Le journal Marianne vient de produire un article qui décrit une situation épouvantable. « L’Allemagne, le pays où les pauvres se cachent ».
L’introduction résume le propos : « Outre-Rhin, le chômage baisse, et la pauvreté s’envole. Obnubilés par les performances économiques du pays, les gouvernants ne se soucient guère des inégalités qui se creusent de plus en plus. Et de la misère qui se cache. » Le constat est accablant. Et dans ces conditions les comparaisons avec la France ne fonctionnent plus du tout dans le même sens. Voyez plutôt : « Outre-Rhin, 22,5 % des actifs gagnent moins de 10,50 € de l’heure contre seulement 8,8 % pour la France. Masquée par les énormes surplus commerciaux des entreprises, la hausse du niveau de pauvreté commence à menacer la cohésion de la société allemande. “L’Allemagne a atteint un nouveau record depuis la réunification, avec un taux de pauvreté de 15,7 %, soit 12,9 millions de personnes”, s’inquiète Ulrich Schneider, secrétaire général de la Fédération allemande des organisations caritatives. Même le Fonds monétaire international s’alarme de la situation dans son dernier rapport annuel : “Malgré un filet de sécurité sociale bien développé et une forte progression de l’emploi, le risque de pauvreté relative [en Allemagne] demande une attention continue.” Début juillet, c’est la fondation syndicale Hans Böckler qui a montré à son tour que le nombre de travailleurs pauvres, c’est-à-dire gagnant moins de 60 % du revenu médian, est passé d’environ 2 millions de salariés en 2004 à 4 millions en 2014 (9,7 % de la population active) ! ».
Le papier de Marianne est stupéfiant ! Il confirme absolument la thèse de mon livre. Je ne le dis pas pour la seule satisfaction d’avoir produit un ouvrage qui touchait juste et visait plus loin que la pluie d’injures dont je fus accablé ne le disait. Le « modèle allemand » est appliqué à toute l’Europe. Ces composantes sont l’objectif de toutes les politiques européennes. Tous les gouvernements du vieux continent s’efforcent d’y parvenir. La politique actuelle de l’équipe Macron, toutes les décisions qui viennent d’être prises et celles qui se préparent ont pour objectif d’égaler et parfois de dépasser les prescriptions qui ont été appliquées en Allemagne. Dans les conditions particulières de la France, c’est-à-dire d’un pays où l’État et les services publics et d’une façon générale la mutualisation de nombre de dépenses essentielles dans l’existence quotidienne forme la trame intime de la société, ce qui va se généraliser c’est l’émergence d’immenses zones de « non-droit ». Non-droits sociaux, non-droits civiques, non-droits d’existence.
J’ai sous les yeux à Marseille une image concentrée de cette situation. Peut-être est-ce la seule ville de France où ce qui est laborieux ailleurs existe en centre-ville ici. Si cette image est si saisissante, c’est justement parce qu’elle juxtapose des réalités qui, dans le reste du pays, sont plus clairement compartimentées. Pour autant, la grande pauvreté, les territoires et les populations abandonnés de tous services publics et de tous moyens de vivre en commun sont désormais répandus de tous côtés et dans les secteurs les plus traditionnels de ce que l’on appelait la France profonde.
Il faut donc en tirer les conclusions stratégiques qui s’imposent. On ne doit plus contourner cette question. J’ai observé dans d’autres pays comment la mobilisation des pauvres avec leurs propres méthodes pouvait être un levier fantastique de la révolution citoyenne. Et parfois même son déclencheur avant d’être ensuite son vecteur essentiel. Tout commence par le fait que l’on soit capable, dans les états-majors, de comprendre cette réalité. Puis de l’accepter en tant que telle. En Amérique latine, ce processus a été facilité par la référence aux Évangiles qui forment la base de la culture populaire. Il y est alors plus facile de se dire « pauvre », ce qui ne se conçoit pas dans des sociétés comme les nôtres. La difficulté est alors accrue comme chaque fois que l’on ne peut se nommer soi-même. C’est pour cela qu’il est si important de prendre en charge dans le discours public une réalité qui sans cela n’est pas nommée et ne peut se nommer elle-même.
Le second aspect est la vigilance et l’attention à l’égard des formes d’action déjà existante contre les conséquences de la pauvreté, soit de la part des pauvres mêmes soit de cette partie de la population qui a compris l’enjeu et qui vient au secours des autres. Entre ces deux moments de l’action, la prise de conscience et l’observation des points d’appui dans la réalité, on peut encore introduire une méthode de travail. C’est celle qu’a mise en œuvre notre système de « caravane ». Dans ce cas nous sommes allés au-devant des gens dans les quartiers avec notre logiciel de recherche des droits sociaux. Ce contact simple permet à chacun de s’auto-définir en utilisant le logiciel. Il permet souvent de récupérer des droits et prestations que les gens concernés ne connaissaient même pas. On peut alors décrire cette initiative comme une « enquête-conscientisation ». Car ce n’est pas rien de commencer à oser dire.
Nous avions assorti la caravane d’un travail d’inscription sur les listes électorales. Ce fut un grand succès. Nous recommençons cet été. Mais l’intention des équipes qui m’entouraient, avec qui j’ai fait le point sur ce travail, est en train de s’élargir. Nous envisageons de nouvelles formes d’intervention toute aussi directe mais qui aurait le double avantage d’une part de rendre service, de l’autre de flétrir le système et la caste des importants qui méprisent la pauvreté en ignorant et en se moquant des conséquences des décisions économiques qu’ils prennent. Une bonne façon par exemple de constituer des équipes de personnel bénévole soignant qui intervienne pendant une petite période dans les secteurs des populations abandonnées. Ce travail doit être organisé avec les méthodes et la vie de silence qui sont de mise par exemple lorsqu’on intervient dans des pays du « tiers-monde ». En effet le « quart-monde » de la pauvreté dans les pays riches relève de soins particuliers. Mais donner à voir de telles interventions d’urgence sanitaire en plein milieu de la cinquième puissance du monde, voilà qui est le meilleur camouflet que l’on puisse infliger aux « importants » et au « très intelligents » qui gouvernent ce pays et prétendent le faire d’une manière rationnelle et performante. S’il le faut d’ailleurs, nous demanderons de l’aide à des pays étrangers. Pourquoi pas l’Allemagne, puisqu’elle est censée nous servir de modèle !
Si notre mouvement doit être l’expression politique du grand nombre populaire, il lui faut s’inscrire au cœur de ce phénomène de masse de la pauvreté et de la paupérisation. La réplique ne peut être exclusivement revendicative. Bien sûr elle doit l’être. Pas question de relâcher l’action pour exiger le respect des droits élémentaires de chacun : droit à la scolarisation, droit à la santé, droit à la mobilité et ainsi de suite. Le problème posé est celui de notre capacité à mettre en mouvement des masses de gens sur des objectifs communs. On ne peut y parvenir seulement avec des pétitions dans les secteurs de la société dévorés par les tâches des luttes pour la survie.
Il nous faut donc nous y construire comme une contre-société. Autrement dit : développer et organiser autant que nous le pouvons toutes les formes d’auto-organisation populaire destinée à remplacer l’État disparu, la municipalité défaillante, le service public absent et ainsi de suite. La meilleure manière de revendiquer et d’exiger ces droits serait alors d’en mettre soi-même en place les moyens. Hors de cette façon de faire, que pourrions-nous proposer ? Et pourrions-nous nous suffire d’être les porte-parole aptes à bien décrire, à bien rappeler ? Bien sûr, cela est nécessaire. Mais cela n’est pas suffisant si l’on en revient à l’idée qui est le cœur de la stratégie de la révolution citoyenne : l’implication de toute la société dans la transformation à opérer. On ne peut imaginer que plusieurs millions de personnes dans le cas d’un grand changement seraient seulement appelées à en attendre les effets pour eux-mêmes. Si l’augmentation des minima sociaux est bien inscrite dans notre programme, pour autant, ce n’est pas le projet de vie que nous proposons à ceux qui vont en bénéficier. Ce projet de vie, nous pouvons commencer à le mettre en œuvre nous-mêmes sur le terrain, dans des actions qui incarnent les valeurs que nous voulons mettre au poste de commande de l’organisation de la société.
C’est une nouvelle qui a de l’importance à mes yeux. La Commission européenne a décidé de punir la Pologne. Il s’agirait de lui supprimer le droit de vote au Conseil de gouvernement de l’Union. Le motif officiel concerne l’appréciation que la Commission a des réformes de la justice prévue par le gouvernement polonais du PIS. Il s’agit d’une décision sans précédent. Il est d’autant plus surprenant qu’elle ait été prise qu’elle n’a aucune chance d’aboutir. En effet la Hongrie, dirigée par Viktor Orban, ne le permettra jamais.
Bien sûr le motif de la punition est sérieux. Le gouvernement polonais, réactionnaire, nationaliste et obscurantiste prend des mesures qui, aux yeux de l’Union, constituent une menace pour l’indépendance de la justice de ce pays. Mais personne ne peut croire que cela émeuve sérieusement l’Union européenne, elle qui est capable de pactiser avec des néonazis en Ukraine. Le motif doit être plus puissant et la question des droits de l’homme, comme d’habitude, doit être un prétexte. Au demeurant peu importe. Le fond de l’affaire est sérieux. C’est la deuxième fois en peu de temps que l’Union prétend régir les décisions intérieures de ce pays. La première fois, ce fut lorsque le mandat du précédent président du conseil, Monsieur Donald Tusk, vint à échéance. Tusk est polonais. Un bon Polonais conforme aux normes européennes, c’est à dire allemandes. Le gouvernement allemand en effet fut le premier à émettre l’idée que Monsieur Tusk pourrait obtenir un second mandat de président. Aussitôt, le président français, c’était alors François Hollande, approuva comme d’habitude. Mais les Polonais, eux, avaient un autre candidat. L’Allemagne et ses satellites ont donc imposé de force un Polonais, membre de l’opposition dans son pays qui ne convenait pas au gouvernement polonais nouvellement élu. C’est une première dont la brutalité n’a pas été discutée.
Bien sûr, le président du Conseil de gouvernement n’a aucune autorité. Cette présidence n’est donc pas un enjeu. Mais l’événement dans ce cas est dans la violence contre un gouvernement qui récuse la candidature d’un de ses compatriotes. Imaginons ce que serait notre réaction si le gouvernement allemand proposait une candidature française contre l’avis du gouvernement français ! À présent, voici la menace la plus extrême qui ait jamais été faite, pour des raisons politiques, à un État membre de l’Union. Une autre partie se joue, c’est évident. Dans un passé récent, un autre gouvernement autoritaire s’était confronté à l’Union. C’est celui de Monsieur Orban en Hongrie. Orban ne céda rien. Il obtint tout. Ainsi vit-on le président du groupe de la droite européenne, c’était à l’époque un Français, l’embrasser en plein hémicycle sous les applaudissements de ses collègues. Tout cela dans l’indifférence la plus complète des traditionnels et perpétuels donneurs de leçons de morale européenne.
L’opération reprend cette fois-ci en direction de la Pologne. Évidemment, les raisons de s’inquiéter, concernant le gouvernement hongrois comme à propos du gouvernement polonais, sont réelles et sérieuses. Ces deux pays, après bien d’autres dans l’ancienne Europe de l’Est, sont en pleine dérive nationaliste, autoritaire et obscurantiste. Tout en piétinant l’essentiel de ce que nous croyons être des principes fondateurs de nos démocraties, ces deux pays ont fait amplement allégeance aux USA. C’est en Pologne que se trouvent des troupes américaines depuis peu. Et c’est là qu’est installée la batterie de missiles antimissiles qui menace la Russie et dont l’installation a été approuvée par François Hollande alors même qu’elle ruine la stratégie de dissuasion française. Je le mentionne pour signaler que les gouvernements de ces deux pays se fichent en effet comme d’une guigne de tous les discours mielleux et enchantés qui nous sont faits de l’Europe et de ses vertus démocratiques. Ils sont clairement et ouvertement bellicistes à l’égard de la Russie, mais évidemment dans les conditions de leur propre histoire, de leurs propres objectifs. La vision glamour de l’Europe n’a aucune prise sur eux tandis qu’elle sert à saouler et abrutir et même à empêcher de penser dans nos régions.
Pour ma part, je ne retiens qu’une chose de cette séquence. L’Union se donne le droit d’évaluer ce qu’est une bonne réforme de la magistrature et une mauvaise. C’est ce qu’elle est en train de faire en Pologne. Elle menace de sanctions, non pour les appliquer, mais pour faire constater son droit de menacer. Elle le fait à un moment où le Conseil de gouvernement est dirigé par un polonais que la Pologne a récusé. Dans ces conditions, la raison sérieuse d’être inquiet de l’évolution du régime polonais ne peut faire perdre de vue la signification de la réplique qui lui est opposée.
Sommes-nous d’accord pour que, après que l’Union européenne puisse décider de sanctions contre nos pays si nous n’appliquons pas la politique économique qui lui convient, elle puisse également intervenir sur des questions qui relèvent strictement la souveraineté d’un État, à savoir l’organisation de sa magistrature ? Est-ce bien cela que nous voulons ? Est-ce une évolution que nous approuvons ? À cet instant, et pour mieux impliquer mes lecteurs à la réflexion, je n’exprime pas de point de vue personnel. Je veux seulement alerter et m’assurer que chacun a bien compris le sens de ce qui se passe. Si demain nous gouvernons, sommes-nous prêts à admettre les injonctions qui nous serons faites sous prétexte que nos lois sociales menacent les droits de la propriété privée ? Par exemple. Sans oublier la violation des Droits de l’Homme que serait le fait de retirer leurs mandats sociaux aux fraudeurs du fisc ? Et ainsi de suite.
La création de notre groupe parlementaire a été un événement politique parmi les moments fondateurs de la nouvelle période ouverte par l’élection présidentielle de 2017. Nos premiers pas dans l’hémicycle ont été salués par presque tous les observateurs. Beaucoup ont été impressionnés par les nouveaux visages qu’ils découvraient et par l’aisance de leurs premières interventions. En quelques jours est morte la légende fielleuse d’après laquelle j’aurais été toujours un homme seul, parfois entouré de robots sans personnalité. Les plus jeunes de ceux que l’on a pu voir, comme les autres, ont fait preuve d’une personnalité et d’une efficacité dans l’argumentation montrant combien leur préparation vient de loin. La rapidité avec laquelle ils ont été capables de former un ensemble cohérent se partageant les tâches et les tours de rôle dans les prises de parole le confirment.
Le secret est le suivant : ce sont des militants ! Quel que soit leur âge, tous ont une expérience confirmée de l’engagement et de tout ce qui va avec : la capacité à relier des événements à une doctrine et un programme, l’art de prendre la parole pour présenter des synthèses et ainsi de suite. Ces personnes ne sont pas sorties de terre comme des champignons après la pluie juste par la grâce d’une élection. Elles ne militent pas avec moi seulement depuis la dernière élection présidentielle. Et elles non plus ne sont pas seules. Vous ne voyez là qu’une partie des centaines, des milliers de cadres de ce niveau, présents dans nos rangs, qu’ils aient été candidats ou pas aux élections législatives, qu’ils aient franchi ou non la barre du deuxième tour.
Non, toutes ces années passées en dehors des rangs « officiels » n’ont pas été vaines. Non, elles ne se résument pas à l’histoire des batailles dérisoires des courants et sous-courants du Parti socialiste, d’EELV et de tous ces gens dont il suffisait qu’ils vous tournent le dos pour qu’on vous dise « seul ». Eux n’ont rien créé, rien construit et tout détruit autour d’eux. Nous avons construit avec des hauts et des bas, patiemment, une force politique de masse, cohérente, composée de 7 millions d’électeurs et de 500 000 personnes engagées en appui, le tout unifié par un programme et un mouvement fédéré par l’action. Je veux le souligner non seulement pour rendre justice à tous ceux qui ont participé à cette longue marche et ne sont pas dans la lumière de ces jours, mais pour transmettre l’expérience prouvant la possibilité, à condition de patience et de ténacité, d’ouvrir de nouveaux chemins tout en restant fidèle à ses engagements initiaux.
Les premiers pas de notre groupe ont fonctionné comme un parcours enchanté. Tout a semblé se faire naturellement, sans difficultés ni tensions. Naturellement, nous étions tous saisis par la nouveauté de ce que nous avions à faire. Et sous la pression de l’attente dont nous sentions que nous étions entourés. Certes. Mais je me trouvais pratiquement seul à avoir l’expérience d’une vie de groupe politique. Cela ne suffit pourtant pas pour faire face à ce qui nous attendait. L’enjeu essentiel était de parvenir à former un groupe et non une addition d’individus. C’est un objectif très délicat à atteindre. Il repose pour l’essentiel sur la capacité de chacun à le faire sien. Il faut en avoir envie, il faut aussi s’y obliger. Le parcours pouvait paraître d’autant plus périlleux que chacune des 17 personnes présentes dans ce groupe est elle-même une forte personnalité ayant assumé d’innombrables rébellions au fil de son engagement. J’ai considéré que c’était pour l’essentiel la mission qui m’était confiée en même temps que j’étais élu président du groupe.
C’est à cette condition, chacun se sentant à l’aise, que le meilleur de nous peut s’exprimer librement. Les observateurs avaient voulu entretenir l’idée que ce groupe serait sous contrôle permanent, sous l’empire d’une discipline de fer. En effet nous sommes disciplinés à notre façon c’est-à-dire qu’une fois d’accord sur quelque chose, nous chassons en meute. Et quand il y a désaccord ici ou là, personne ne se sent obligé d’en faire une théorie ou une querelle. Vous saurez donc que le plus difficile n’a pas été de désigner à chaque fois les orateurs et les oratrices du groupe mais de tâcher de les aider car ils se sentaient bien seuls au moment d’écrire le texte de leur intervention ou de leurs questions. Le plus pénible n’a pas été de lire des textes écrits par d’autres mais plutôt de devoir improviser chacun le sien. Le plus dur n’a pas été de contrebalancer des jalousies que la gloire médiatique aurait déchaînées mais de ne pas perdre une miette de l’émulation et du perfectionnisme que les premiers succès ont déclenché dans nos rangs.
Pour ma part je vis ces riches heures comme un accomplissement. Je sais que j’ai atteint nombre des objectifs que je m’étais fixés avec la poignée de têtes dures avec qui j’ai fait équipe pour quitter le PS en 2008 et construire la suite. Bien sûr, ce résultat se situe au point de convergence avec d’autres parcours. Mais il fallait qu’ils puissent converger et pour cela qu’une ligne stratégique soit fixée et soit couronnée de succès, sans se perdre dans les querelles de leadership, la tambouille partidaire et les autres miasmes du type « primaire de toute la gauche » pour ne citer que ce piteux épisode.
Notre premier objectif commun était de donner à voir à la fois notre cohérence et la diversité de nos façons d’entrer dans les sujets mis sur la table. Si le fait que le premier débat parlementaire ait porté sur la destruction du code du travail est un symbole pour l’ère Macron, il a été aussi pour nous définir aux yeux de tous. Il ne faudrait pas croire que nous ayons passé notre temps à méditer sur ces aspects stratégiques du combat. Les premiers problèmes étaient extrêmement prosaïques. D’abord nous n’avions ni bureau ni matériel. Les élus venus des régions partageaient leur temps entre la réorganisation concrète de leur vie familiale et celle de leur travail en errant dans les couloirs de l’Assemblée nationale, d’une salle à l’autre au fil des réservations et des disponibilités. Tout devait être mis en place à mesure que les tâches se présentaient. Nommer la secrétaire générale du groupe n’a pas été le plus difficile, ni le plus long. Mais le recrutement des autres collaborateurs du groupe comme ceux de chacun d’entre nous est un processus qui prend du temps par nécessité.
Nous avons donc commencé notre bataille sur le code du travail en crucifiant deux personnes attelées nuits et jours à fabriquer nos dossiers et nos munitions argumentées ! Heureusement que nous avions tous étés sérieusement préparés par l’expérience de l’argumentation dans la bataille contre la loi El Khomri ! Simultanément, il fallait anticiper les débats qui arrivaient pour être présents sur chaque texte. Sans oublier nos commencements dans les commissions dont nous sommes devenus membres et la difficulté de coordonner les résultats de chacun avant l’entrée en séance plénière. Si je devais décrire dans le détail chacun des épisodes, et ajouter ceux, moins connus, des innombrables répartitions auxquelles il faut procéder dans les premiers pas de la formation de la nouvelle Assemblée nationale, je serai le premier à me demander comment nous avons réussi à tout faire en même temps. Et surtout en assurant un maximum de navettes avec nos circonscriptions.
Quand de telles choses se font aussi naturellement et aussi harmonieusement, c’est qu’est à l’œuvre quelque chose de plus grand que chacun d’entre nous, dont cependant nous ressentons la force propulsive et organisatrice. Les soutiens que nous avons immédiatement reçus, les retours du terrain, tout cela nous a galvanisés et concentrés sur les tâches que nous avions à accomplir. Les tâches, l’action, une fois de plus, se sont révélés être les grands fédérateurs qui permettent de surmonter toutes les autres difficultés qui pourrissent la vie des autres groupes lorsqu’ils ne connaissent ni la cohérence programmatique ni celle de la stratégie. Sans doute avons-nous compliqué notre propre travail en organisant des temps de rassemblements politiques dans la rue le 5 juillet puis le 12 contre les ordonnances sur le code du travail. Mais cela était absolument conforme à l’idée que nous nous faisons d’une action partagée entre l’intérieur et extérieur de l’Assemblée. Je dis cela pour ce qui est du groupe parlementaire. Car pour notre mouvement, l’enjeu essentiel, il ne faut jamais l’oublier, est dans la société, dans l’animation de ses mobilisations et dans le soutien à leur apporter.
Bien sûr je ne vais pas prétendre que nous avons trouvé la réponse à toutes les questions d’organisation qui se posaient à nous ni même aux questions de simple fonctionnement qui continuent à surgir à chaque instant. Nous nous définissons pas à pas, tâche après tâche, par la mise en commun de l’expérience et la formulation franche des besoins. Il me semble que ce qui vaut pour le groupe parlementaire, vaut pour la mobilisation ici-là des groupes d’appuis qui prennent en charge des caravanes comme l’été dernier. Cela vaut selon moi comme une leçon générale et de portée constante.
83 commentaires
JudP
Intéressant texte sur la Pologne, mais dérangeant. On a quand même envie de soutenir tous ces démocrates qui protestent et défendent des valeurs communes à beaucoup d’européens, avec une vigueur qu’on aimerait trouver dans nos rues parfois, contre l’état d’urgence…
GG
@JudP
La question ce n’est pas « que doit-on défendre », mais « qui défend quoi ? » En effet il ne faut pas oublier que c’est au nom des Droits de l’homme que les États Unis, entre autre, ont mené et mène encore aujourd’hui nombre de guerres. Êtes vous bien certain que la commission européenne soit la mieux placée pour défendre les droits des êtres humains ?
Jean-Paul B.
La souveraineté nationale (donc populaire) est inaliénable ! Sans être d’accord avec le gouvernement réactionnaire que se sont donné les polonais, nous devons reconnaitre que ce gouvernement a été élu, à ce titre il a toute la légitimité pour proposer les réformes qu’il voudrait faire voter par les représentants élus du peuple polonais afin de les mettre en oeuvre sur le territoire polonais (et certainement pas l’UE !). Même après adoption, c’est toujours le peuple polonais et lui seul qui garde le pouvoir de les accepter ou de les rejeter. Je suis convaincu qu’un jour viendra où le peuple français, comme il l’a déjà su le faire au cours de sa longue histoire, saura se donner les dirigeants ayant le courage de restaurer sa souveraineté. C’est une question de temps si nous en avons l’envie !
Anne B
Je suis encore plus scandalisée par « cette caste des importants qui méprisent la pauvreté » lorsque j’ai vu l’attitude hautaine et méprisante, indifférente, des parlementaires godillots souriants ou indifférents à l’évocation des inégalités ou de la situation des patients et personnels de santé. Avec ces actions bénévoles pour la santé, vous redonnez à ce monde, la dimension humaine dont on veut l’extraire pour des objectifs de profit. Je vois là la possibilité de reconnecter l’être à sa dimension spirituelle. Et nous ne pourrons sortir de cette ornière de la civilisation, qu’en reconnectant la société à cette dimension oubliée, développant la liberté d’être dans le collectif et non l’aliénation de l’avoir dans le chacun pour soi. En fait, votre objectif rejoint celui des êtres qui développent une spiritualité authentique, reliée à l’action économique et sociale. Je pense par exemple à Pierre Rabhi, Philippe Desbrosses, Jean-Marie Pelt en ce qui concerne l’agriculture. Il ne manquait que la dimension politique. C’est vous, Jean-Luc Mélenchon qui l’apportez : c’est pourquoi je vous suis entièrement, tout comme les interventions de vos acolytes FI. Relier spiritualité et politique, c’est mon b.a ba incontournable, dans cette étape de l’évolution humaine que nous traversons.
Je me sens tout à fait engagée dans ce mouvement !
Régis
Faisant partie des 500 000 soutiens, avec ma fille militante à Grenoble et candidate enthousiaste et néanmoins malheureuse dans la 1ère circonscription de l’Isère (10.5% tout de même chez les bobos), je suis sensible à votre rappel au sujet de tous ceux qui sont derrière « les 17 » qui ne sont, comme vous même, que l’avant garde d’un vaste mouvement politique. Tout en maintenant sa cohésion, FI doit veiller à développer sa démocratie interne et faire émerger les nombreuses personnalités dont elle aura besoin le moment venu pour transformer le pays !
Nad
Superbe texte, militant, réaliste, humaniste. En ayant voté FI aux présidentielles et aux législatives je sais que j’ai fait le bon choix quand je vois les députés FI se battre avec hargne et ferveur. Mes respects et mon soutien à tous les députés FI.
Mouvement Cégétiste le 12 septembre et bien sûr le 23 septembre pour manifester notre colère face à cette imposture qu’est ce parti « En Marche » et surtout pour ne pas se laisser tondre la laine du dos sans réagir. Ne lâchons rien et advienne que pourra.
Barraque Olivia
Merci, M. Mélenchon de vous adresser à mon intelligence quand vous me « parlez ». Merci, M. Mélenchon de me consacrer du temps, de l’énergie pour m’informer. Merci, M. Mélenchon de faire preuve d’une pédagogie subtile pour me convaincre.
colin claudine
Bien d’accord avec vous.
Merci Jean-Luc Mélenchon. C’est tellement jouissif de vous lire.
Agnès
« Nous avons une certitude : notre pays va se paupériser davantage. Il court avec méthode et organisation. »
C’est juste, je crois que que la pauvreté et donc l’exclusion de la société sont des armes de dominance très efficaces que le gouvernement prend soin d’entretenir. C’est une méthode ancestrale. Dans les tribus de la préhistoire, l’exclusion d’un membre d’un clan était pire que la mort, la plus terrible des punitions. Les SDF rendent si bien service à l’ordre public que le gouvernement ne peut pas s’en passer. Le message des SDF est clair : « si tu sors du rang, tu risques de devenir comme moi, sans ressources. Il ne faut pas te révolter, être différent des autres. » Les SDF et exclus deviennent malgré eux des gardiens de l’ordre, plus efficaces que des CRS. Aussi, les migrants, que les forces de l’ordre font crever de soif. L’action inverse de secourir les exclus est un délit, les gens n’ont pas le droit de leur venir en aide, sous peine d’être exclus à leur…
Catyduzazo
Tout à fait juste. Les pauvres que l’ont voit sont indispensables aux élites politiques et financières qui essaient de nous faire croire que le modèle de société ultra libéral est le seul possible si on ne veut pas finir à la rue comme ces pauvres gens que l’on croise partout. D’ailleurs on le voit bien avec le code du travail mis à la sauce Medef, la peur du chômage pourrait faire accepter l’inacceptable et on se demande si le taux de chômage n’est pas maintenu aussi haut juste pour ça.
Eric
Merci pour cette note et notamment sur ce constat de la pauvreté. Phénomène annexe et important dont on parle trop peu, le surendettement et le parcours du combattant quand on est engagé dans ce parcours. C’est mon cas et je peux vous assurer que c’est difficile : des bureaux de la Banque de France surchargés, de la complexité à « monter » son dossier, des délais longs et stressants et des plans de remboursement à suivre parfois intenables ! Nous sommes des « bataillons » dans ce cas ! Bien que des progrès ont été faits, nous sommes encore bien souvent des numéros. Je vous laisse imaginer le stress de l’attente d’une réponse et les budgets ultra serrés à tenir pendant de longues années. Je pourrais en parler des heures !
Merci pour tout et votre soutien et espoir.
Jacques Patron
Faisons notre monde ! Merci les députés insoumis et merci Jean-Luc. Vous nous donnez des forces toujours nouvelles.
Isabelle Miroglio
Merci pour ces belles réflexions sur la pauvreté. L’idée de reprendre les méthodes utilisées dans les pays du tiers monde à l’attention des plus démunis est intéressantes et à creuser : vous parlez de donner des soins mais on pourrait aussi aider les « sans-droits » à les acquérir, comme remplir les dossiers pour obtenir le RSA ou d’autres aides. Je me souviens de permanences juridiques organisées au Maroc par la caravane des droits des femmes…
Francis
C’est ce qui se fait dans le cadre des caravanes.
Siamy
« Le système Macron accélère à une vitesse vertigineuse dans la direction qui a pourtant échoué partout »
Ce système, tout comme celui d’
e Hollande, tout comme celui de son prédécesseur, réussit parfaitement pour satisfaire les intérêts des commanditaires. Dans le cadre d’une idéologie libérale et mondialiste, il s’agit de déplacer les pouvoirs et de les remettre aux mains des multinationales, ou plutôt de ceux qui les dirigent, et ceci avec la participation active de personnages tels que Macron. Ceci devient de plus en plus évident voire caricatural. Dommage que ça ne le soit pas pour le commun des électeurs français, qui se laissent encore gruger par des images télévisées, d’où les résultats catastrophiques de ces dernières élections.
Alain TRON
Il faut dénoncer les députés En Marche qui, au fil de leurs déclarations et votes, montrent qu’ils ne sont qu’un rassemblement d’égoïstes méprisants pour le peuple.
Vega
Je retiens votre réflexion : « donner… perspective au traitement politique de la pauvreté dans une démarche de mobilisation politique des pauvres eux-mêmes. »
La tournée de la caravane en ce sens n’est pas seulement un moyen de soutenir les plus pauvres en faisant valoir leurs droits, c’est aussi un lieu de rencontres qui permet de rapporter leurs paroles et leurs luttes au sein du parlement, de les rendre audibles à côté de celles des travailleurs. Autrement dit faire parler d’eux pour leur redonner une existence politique et une dignité citoyenne que ce système justement veut taire. On pourra alors mieux saisir tout ce qui nous reste à faire pour construire une VIe République qui aurait du sens.
Philippe Brassart
Je suis frappé, une fois de plus, par la pertinence des commentaires de ce blog. Ils sont le reflet de la réflexion de Jean-Luc Mélénchon et sont à mille lieues des petites phrases creuses, acides ou malveillantes de certains députés du clan Macron. Un clan qui, à force d’erreurs et de volte-face, laisse transparaître, jour après jour, sa médiocrité et sa dangerosité. Oui, ce n’est qu’un début, oui, le combat continue !
Vorwärts
Nous avons besoin d’un site national FI, qui soit à la fois un outil pour les Insoumis-e-s, un lieu d’information et de formation, qui offre des propositions de matériels, et qui soit un lieu de débat et d’échange. Peut-être faut-il y prévoir un espace consacré à l’activité parlementaire, voire une lettre du groupe des députés, sans tomber dans le parlementarisme ? Il est urgent que soit ouvert sur le site FI un forum permettant les échanges, les contributions, en vue d’une préparation la plus ouverte et la plus démocratique possible de la Convention nationale d’octobre prochain. Cela nous épargnerait des expressions sur d’autres sites, tels que Mediapart !
Rez
J’avoue que j’aimerais bien trouver un forum de discussion. Il y a des mouvements politiques et sociaux qui commencent à émerger mondialement avec en commun un ras-le-bol des inégalités grandissantes, l’envie de répondre aux problèmes écologique etc. Je pense qu’il y a des choses à faire. Il y a aussi un travail énorme à faire localement, car les gens n’iront pas voter tant qu’ils ont l’impression que leurs actions ne servent à rien.
L.Laîné
Tout à fait d’accord. Nous avons besoin de contacts plus directs avec le national. Pour moi, les points d’appui fonctionnent mal et dépendent trop de la personnalité du référent, pour moi. Il faudrait aussi une plus grande coordination.
Catyduzazo
A noter aussi la mauvaise foi lamentable du gouvernement qui ose affirmer que la France dépense trop en social et notamment certaines aides qui auraient explosé ces 15 dernières années. Normal car ce qui a vraiment explosé c’est le nombre de pauvres. La solution de nos sieurs de l’Olympe serait donc de les appauvrir davantage. Et puis zut alors c’est quoi 5 euros on va pas en faire une maladie, non ? Dit la femme grassement payée du haut de son mandat LREM tout beau, tout neuf. J’en connais à LR qui sont des gauchistes à côté. Par contre des propositions pour réduire la misère, remettre de la cohérence et de l’équité ? Rien, pas de son, pas d’images.
Autrement
Le cas de la Pologne est assurément démonstratif de la façon dont l’UE de la finance entend aussi s’immiscer dans les affaires intérieures institutionnelles d’un pays, violant ainsi sa souveraineté la plus élémentaire. Que dire alors du Vénézuela, attaqué de l’intérieur par le terrorisme de droite, lequel est soutenu et financé de l’extérieur par les USA. Voir sur le site legrandsoir/info les nombreux articles sur ce sujet, qui démontent les mensonges des médias dominants tout dévoués à l’UE-OTAN. […] Au-delà de ce pays, c’est la souveraineté de tous les pays d’Amérique latine, Cuba compris, qui est visée.
semons la concorde
La sphère médiatique est cancerisée à 90% par le monde du fric. Bientôt en phase terminale. Où est le media libre, fédérant tous les petits medias existants, qui nous délivrera du mensonge de la propagande et des vérités tronquées ?
america latina
Entièrement d’accord avec vous. C’est la raison pour laquelle il convient de ne pas fuir le débat à ce sujet. Nos députés ne doivent pas l’esquiver lorsqu’ils sont amenés sur ce terrain par les medias et rétablir la vérité sur les faits en cours. Si le gouvernement vénézuélien élu démocratiquement tombe viendra le tour de la Bolivie, de l’Equateur et in fine de tout ce qui peut à voir avec les mobilisations sociales ici ou là présentées comme troubles à l’ordre public, justifiant ainsi la dérive des atteintes à nos libertés fondamentales (lois sécuritaires). Les articles de Maurice Lemoine cités sur le site le Grand Soir, le blog de T Deronne, venezuela infos america latina, la chaîne Tele sur, le site mémoire des luttes, les articles de C Ventura sont éloquents. Pour Cuba lire les articles de Salim Lamrani. Il ne faut rien lâcher sur ce terrain !
morfin
Je me souviens d’une conférence avec Maurice Lemoine qui disait en clair que ce qu’avait fait Chavez n’était même pas du marxisme ou du communisme, mais simplement du « gaullisme ». C’est dingue de voir comment la droite s’est radicalisée et la gauche a pris simplement la place de l’ancienne droite. Nous avons un large chemin devant nous pour avancer, car la place n’est prise par personne d’autre.
Redon
Très bon la présentation de 5 euro de nourriture à l’Assemblée. On voit qui défend le peuple. LREM se couvre de ridicule en disant qu’ils prennent aux pauvres pour donner aux pauvres.
Vega
Un député a reproché aux Insoumis d’avoir manqué aux règlements pour avoir osé montrer ce que signifiait concrètement le retrait de 5 euros par mois d’aide au logement. Pourtant toutes les œuvres caritatives en France ne cessent d’alerter les différents gouvernements sur le fait que le logement, par sa cherté, représente un obstacle très sérieux pour les pauvres qui doivent souvent renoncer à se nourrir pour pouvoir se loger et éviter ainsi de se retrouver dans la rue avec leur famille. C’était donc tout à l’honneur des insoumis d’avoir exposé ce problème concrètement. Si cette démonstration heurte les règlements de l’Assemblée pour certains députés, pour moi ce sont surtout les rejets systématiques des amendements qui visaient à créer un cadre politique plus « vertueux » et à améliorer la situation des plus pauvres et non celle des plus riches qui constituent le plus grand scandale et un manquement grave aux règles d’un État démocratique.
Nicole
Je trouve que cet exemple était très bon à démontrer concrètement. Pour prouver que 5€ ce n’est pas rien par mois, malgré ce qu’en disent certains députés. Eh bien si, cela a une réelle importance. 5€/mois donne une somme rondelette de 60€ par an. Quand même ! Bravo aux députés insoumis d’avoir apporté cet exemple.
Invisible
Interdire les emplois familiaux est parfaitement discriminatoire. Pourquoi un conjoint serait-il interdit de compétences s’il les a ? Il faut par contre revoir tous les fonds qui se rajoutent à l’indemnité du parlementaire. Une seule enveloppe par siège, globale, imposable, et à chacun de répartir ses frais sans dépasser la somme allouée. Tout emploi familial devrait simplement être publié afin que les citoyens évaluent en connaissance de cause la réalité du travail accompli. En revanche, pas d’emploi de « première dame ». Elle a assez de sa retraite, du revenu de son président de mari et de toute la gratuité des réceptions d’apparat.
Le fait que le frère de Sarkozy était détenteur d’assurances privées de santé n’a pas assez été souligné alors que Sarkozy a impulsé l’obligation des complémentaires de santé dans l’entreprise. Une grosse opportunité pour Malakoff-Médérik, non ?
JeanLouis
Un commentaire sur le pantouflage. Vous pensez qu’il faut des contraintes pour l’éventuel retour vers la fonction publique, je pense qu’il faut en plus des règles pour le départ comme se fut la règle il y a déjà quelques temps, 5 ans avant de pouvoir rejoindre une entreprise avec laquelle ils avaient avoir dans le cadre de leur mission publique. Ce n’est donc pas pour le retour qu’il faut des règles mais aussi pour le départ et que des cas comme F Perol à la direction des Caisse d’Epargne ne soit plus possible.