La marche contre le coup d’État social ce samedi 23 septembre à Paris est un événement politique et social majeur. Il a confirmé le potentiel de combat que contient notre peuple. Une telle masse humaine ne se concentre pas sans de puissantes raisons et sans une ardente volonté. Tant de joie, sourires, clameurs de chaleureuses salutations au fil du cortège ne peuvent venir que du plus profond de ce qui nous réunit comme peuple. Au demeurant, la haine de nos adversaires a aussitôt grimpé à des altitudes qui signalent l’intensité de la peur que l’événement leur a fait ressentir.
Pour ce qui concerne la France insoumise, le mouvement qui portait tout le travail d’organisation de l’événement, ce fut aussi un test victorieux de grande ampleur. On ne mobilise pas des milliers de personnes venues en cars, en train, en covoiturage, on ne cadre pas un tel cortège sans un seul incident et sans une seule dégradation le long du parcours, on ne disperse pas en moins de cinq minutes une attaque comme celle que nous avons dû subir contre notre scène centrale, sans que tout cela signale une incroyable capacité d’auto-organisation de tous ceux qui ont apporté leur concours à ces tâches. L’énergie qui se dégageait au total de ce rassemblement me galvanisa fort opportunément. En effet, il vous reste à savoir que j’avais à ce moment-là une grosse grippe qui m’avait cloué la veille au lit et qui m’a laissé sur l’estrade encore avec les jambes en coton et le corps ruisselant de fièvre.
Pendant toute la durée du cortège, les députés de la France insoumise, perchés sur les camions-plateaux, s’étaient adressés aux rangs serrés de manifestants organisés par région. Puis, comme la place de la République s’était remplie avant même que tout le cortège soit parvenu, une dizaine de vidéos permirent à des acteurs du mouvement social de s’exprimer. Ma prise de parole en conclusion devait être le moment d’une explication et de deux propositions. L’explication, c’est évidemment celle du sens du moment politique que nous vivons. Il s’agissait de montrer, une fois de plus, que la mise en cause de la hiérarchie des normes dans le code du travail est une mise en cause globale de l’ordre public social républicain. On ne doit pas cesser de le rappeler. La confrontation en cours n’est pas « seulement » sociale. Elle est avant tout profondément politique. Elle ne peut être disjointe des autres événements en cours dans toute l’Europe en proie à un durcissement de la vague néolibérale. J’ai dit à ce sujet que « la bataille de France » était commencée pour les libéraux après la série des escarmouches et reconnaissances en profondeur que furent les quinquennats de Sarkozy et Hollande sur ce thème. Macron attaque tout, tous, partout en même temps. C’est le fait majeur qu’on ne saurait contourner. Voici une occasion de revenir sur le sujet avec ces lignes.
Le durcissement néolibéral n’a qu’un résultat pour l’instant dans toute l’Europe au-delà du Rhin : les percées de l’extrême droite. Aucune force de notre famille politique ne semble capable d’enrayer ce processus et de prendre en compte le « dégagisme » qui s’exprime partout. Pour l’instant, les points d’appui de l’arc alternatif sont en Grande-Bretagne avec le Labour de Jeremy Corbyn, en Espagne avec Podemos et en France avec « la France insoumise ». En Allemagne, « Die linke » tient bon et progresse à l’ouest mais peine du fait du poids des vieilles structures routinières postcommunistes de l’Allemagne de l’Est. Au total, la dispute est loin d’être terminé pour savoir qui de l’extrême droite ou de notre courant finira par l’emporter dans cette séquence de l’histoire. C’est dans ce contexte qu’interviennent les événements en France. Il y a eu notre résultat aux élections présidentielles, puis aux législatives avec l’émergence de notre groupe au Parlement. Les électeurs et notre mode d’intervention nous ont donné une place prééminente dans l’espace politique que dirigeait avant cela la « vieille gauche » sous la conduite des sociaux libéraux du PS. C’est cette responsabilité que nous assumons lorsque nous avançons des propositions, des mots d’ordre et ainsi de suite. Encore cette fois-ci.
Après de longues consultations et discussions tous azimuts aussi bien dans les rangs des divers organes de « la France insoumise » qu’avec nos proches interlocuteurs, deux objectifs ont donc été mis sur la table. Le premier c’est l’idée d’organiser un grand mouvement d’ensemble des organisations syndicales et politiques qui, chacune pour leur raison et sous leurs mots d’ordre, veulent le retrait des ordonnances sur le code du travail. Une initiative qui aurait lieu avant le retour de la loi devant les assemblées. Une initiative qui soit une vraie démonstration de force générale. « 1 million de personnes sur les Champs-Élysées » ai-je évoqué. J’ai dit que nous étions prêts à nous placer sous la conduite les organisations syndicales si elles le voulaient. On ne saurait mieux dire que dès lors, c’est elles qui ont la main.
Cette proposition correspond à ce qui me remonte de tous côtés. De partout s’affirment à la fois une claire volonté de faire front et d’un autre côté une lassitude devant le sentiment d’éparpillement des forces. Notre raisonnement est que de toutes parts monte l’envie de contre-attaquer face à l’offensive du président de la république et de son gouvernement. Il ne s’agit pas d’une pulsion émotive mais bien d’un courant profond et réfléchi. Il touche tout le monde sur le terrain et il impacte donc toutes les structures. En atteste l’extrême diversité de tous ceux qui se sont retrouvés le 23 dans la rue, tant du côté syndical que politique. Nous ne savons pas sous quelle forme cette énergie peut se manifester et modifier la scène actuelle. C’est pourquoi cette proposition a été faite pour lui ouvrir un débouché positif. D’ores et déjà, nous prenons nos dispositions pour prendre contact de tous côtés. En même temps notre propre capacité d’initiative restera intacte si tout devait s’engluer dans les bavardages tortueux que ce type de situation génère souvent. Car la convergence des forces est un moyen indispensable. Mais elle n’est pas une condition indépassable ni une fin en soi.
En toute hypothèse, dès samedi prochain, nous proposons que partout, sous les formes adaptées aux circonstances et aux moyens locaux, que s’organisent des « casserolades ». C’est-à-dire une présence bruyante comme il s’en est organisé autrefois contre l’ancien régime et plus récemment dans les rues de l’Amérique latine et de l’Espagne pour affronter les gouvernements néolibéraux. Il va de soi que toutes les initiatives et les trouvailles seront les bienvenues. Le but est de montrer que d’une façon ou d’une autre, la prise de conscience et la mobilisation sont toujours là quoi qu’il arrive. Dans l’intervalle, il y aura eu des mobilisations syndicales décisives. Celle des transporteurs, puis celle des retraités le 28 septembre. De la sorte, la semaine entière devrait encore être une semaine de confrontation avec les organisateurs du « coup d’État social ».
La seconde proposition a été d’adresser un appel à l’action de la jeunesse. Déjà dans la marche elle-même, un puissant cortège de jeunes avait été constitué, regroupé autour de ses pancartes revendicatives. Car la jeunesse du pays est très fortement impactée par le bouleversement en cours. À partir de 16 ans, avec la fin de la scolarité obligatoire, commence pour chacun le temps d’un choix. Soit entrer dans la vie active aux conditions de travail dégradées du nouveau code du travail et aux contrats « chiffon de papier », soit la poursuite d’études vers un bac dont il est prévu qu’il ne soit plus la clé d’entrée universelle vers les formations supérieures. La mobilisation de la jeunesse serait évidemment un puissant facteur de conscientisation dans le pays et une aide considérable apportée aux combats de leurs parents.
Sur ces deux terrains, « la France insoumise » entre en action. Avec confiance et solidité. Bien sûr, dans de tels domaines, rien n’est jamais assuré. Mais rien ne l’est encore moins si rien n’est entrepris. La singularité de notre responsabilité nous interdit de reporter sur d’autres la rédaction d’une feuille de route claire. Advienne que pourra, nous aurons fait notre devoir.
Face à ce plan de marche, il faut reconnaître à l’équipe Macroniste le mérite d’avoir su immédiatement déployer les moyens d’une diversion de première grandeur. Je n’ai jamais comparé le gouvernement actuel aux nazis, cela va de soi. Qu’un Castaner veuille le faire croire est de son niveau. Mais qu’il soit relayé pour faire du buzz dit bien le niveau d’abaissement auquel en sont rendus d’aucuns. Tout le monde peut vérifier le montage mensonger qui est fait de mon propos en regardant le début de mon discours puisqu’il reste en ligne.
J’ai répliqué au président qui affirmait « la démocratie ce n’est pas la rue » en lui demandant d’apprendre son histoire de France. Il y aurait vu que la démocratie vint par la rue quand celle-ci abattit les rois, chassa les nazis, créa le droit à la section syndicale, la quatrième semaine de congés payés en 1968. Puis j’ai lu une liste de recul gouvernementaux obtenus par la rue depuis 1986, avec le retrait de la loi Devaquet sur la sélection à l’entrée de l’université, en 1995 avec le retrait du plan Juppé et jusqu’à 2008 avec le retrait du plan Darcos sur la réforme du lycée. Je n’ai pas allongé la liste. Cela suffisait à ma démonstration. Et c’est bien cela qui pose problème à ces gens. La preuve est là non seulement du rôle de « la rue » dans l’histoire, mais surtout de ce qu’elle a pu obtenir déjà !
Au total, « la rue », ce 23 septembre, a fait une nouvelle fois une démonstration de force extraordinaire. Et c’est le problème de ce pouvoir. La suite de la contre-offensive des Macronistes, méthodiquement organisé sur l’ensemble des médias, a conduit cependant à une impressionnante réécriture de l’histoire. Soudain, c’est l’idée même que le peuple se soit libéré lui-même des nazis qui a été remise en cause. Sous le masque des indignations ostentatoires perce le front du révisionnisme traditionnel de la caste en France. Car s’il est évident que la guerre a été gagnée du fait des victoires de l’armée rouge contre les nazis et de l’appui des débarquements en Provence et en Normandie, nier le rôle au peuple français dans sa propre libération est un franchissement de seuil dans l’art de nier l’identité républicaine du pays. Le pire sans doute a été ce moment où, à ma stupeur, j’ai lu que selon Jean-Claude Mailly ce serait « le peuple » qui aurait fait le nazisme plutôt qu’il ne nous en aurait libéré. Connaissant l’homme, sa culture de l’histoire du mouvement ouvrier et la tradition du syndicat Force ouvrière sur le sujet, je dois dire que j’ai été littéralement sidéré. Je ne comprends pas. En tout cas il est certain que la manœuvre voulait effacer du tableau médiatique non seulement le succès du rassemblement mais surtout ses propositions.
Je doute que l’affaire vive plus longtemps que les quelques heures pendant lesquelles ont caqueté les traditionnels « débats d’experts », tous d’accord pour une petite séance supplémentaire de « Mélenchon bashing » tellement appréciée par ceux qui les payent. Mais il en restera, ancré dans les esprits, comme une blessure, la force de l’indignation de tous ceux qui ont été une nouvelle fois niés. Sans oublier ceux qui ont réalisé au fil des heures la nature de l’opération en cours. L’éducation collective du grand nombre à la méfiance et à l’hostilité face aux médiacrates se sera approfondie et affinée. Après quoi restent sur la table nos propositions et notre capacité d’initiative pour les faire vivre. Ni l’une ni l’autre n’ont jamais dépendu du bon vouloir des médias car sinon nous n’en serions déjà pas rendus au point de puissance où nous sommes.
192 commentaires
malinvoy
Les hommes du pouvoir ont fait beaucoup de bruit avec leur bouche. Ils peuvent encore nous nuire car ils disposent de moyens surpuissants de communication. Il ne faut pas pour autant sous estimer le poids des réseaux d’infos alternatifs. J’ai participé à cette manif avec mon compagnon comme à celle qui a précédé les élections présidentielles. Notre impression à tous deux c’est qu’on était plus nombreux et surtout chose appréciable on a pu manifester sans être harcelé par la police comme ce fut le cas à toutes les manifs contre la loi El Khomri. Merci au service d’ordre et à la vigilance de tous. Ce qui compte maintenant, c’est l’amplification de la riposte. Il faut rassembler, faire tomber les réticences. Et réaliser que si on les laisse réussir ce coup, s’en sera fini pour longtemps. Le patrimoine du peuple ce sont ses droits sociaux, et c’est de ce patrimoine qu’ils veulent nous dépouiller avec l’aide d’un Etat à leur service.
Ingrid
La meute médiatico-politique, pathétique et tellement prévisible, s’en prend une fois de plus à Jean-Luc Mélenchon. Castaner a ouvert le bal de la médiocrité et les autres l’ont suivi tels des moutons bêlants. Ils interprètent le propos de Jean-Luc Mélenchon de façon honteusement malhonnête, mais ils auront beau nier (ou ne pas connaître) l’implication de la Résistance d’hier, reniant au passage le discours que fit De Gaulle en août 1944, alors qu’ils se targuent pour la plupart d’être gaullistes, ils ne pourront pas nier (ou ne pas connaître) bien longtemps la Résistance d’aujourd’hui et de demain !
Formidable mobilisation samedi et ce n’est qu’un début !
Gavroche
La vraie démocratie, ce n’est ni le parlement godillot, ni les « représentants du peuple » qui dans leur grande majorité ne représentent plus qu’eux-mêmes. La vraie démocratie, la République, la vraie, a toujours été dans la rue. Et c’est la rue qui est à l’initiative de toutes les avancées que notre pays a connu dans le passé. Alors « Jupiter » peut bien agiter ses petits bras, et ses chiens de garde aboyer, cela ne nous empêchera pas de continuer.
Cassis38
Mon père, né en 1919, était 2° classe en 40. Au moment de l’offensive, tous se sont retrouvés tout seuls face à l’ennemi. Tous les officiers s’étaient tirés. Ne restaient que les sous-officiers, le leur s’était fait tuer. Fait prisonnier, il s’évade et rentre dans la Résistance. De plus comme ouvrier modeleur, il sabotait. Mais mon père n’était rien, n’est-ce pas, il n’était pas millionnaire. Ces gens-là vont nous nier jusqu’au bout.
Annedé
Pourquoi regardez vous encore la TV ? Pourquoi écoutez vous encore la radio ? Tous ces médias « habituels » sont faussés. Il y a 25 ans que je n’ai plus de télé et j’ai arrêté d’écouter la radio pendant les élections présidentielles. J’étais dépitée pour ne pas dire plus. Lisez le Monde Diplomatique, regardez Polony TV et d’autres ! C’est plus difficile mais cela nous informe (et pas déforme) bien plus. C’est alors plus facile de ne garder que l’essentiel de ce qui nous motive en tant qu’Insoumis(e).
Larue alain
Le 15 janvier 2018, nous auront notre média ! A suivre.
Baillet Gilles
Résistance et mouvement de rue. N’oublions pas que le premier acte de résistance fut la manifestation des lycéens devant la tombe du soldat inconnu le 11 novembre 1940. Manifestation réprimée dans le sang mais spontanément répétée ailleurs en France devant les monuments aux morts. N’oublions pas non plus le défilé, très imprudent, du maquis en 1943 à Oyonnax et en Limousin.
Rambeaux Michel
Sur Cnews devinez quelles paroles du discours de Mélenchon Pascal Praud et ses acolytes met en évidence ? A la fin de son discours, en quittant la scèn, on entend distinctement Mélenchon dire « aidez-moi sinon je vais me casser la gueule ». Eh oui, malade, fatigué, estrade dangereuse et les chiens de garde ne retiennent que ce passage en riant à gorge déployée et en soulignant la double entrée.
bourseul
Mais c’est bien cela ! Si Mélenchon se casse la gueule, c’est le peuple qui aura mal ! Alors, selon moi, il ne faut pas ménager notre aide dans tous les sens propre et figurée !
Patrick FAVRIOU
J’étais dans la Marche ce 23 septembre, le 30 000ème selon la police mais il y en avait au moins 120 000 juste devant moi ! Ah mais que les médiacrates ne sont pas fainéants pour trouver dans quelques mots un moyen de diversion à cette réussite !
Pailler
Constatation inhabituelle et réconfortante (pour ma part) en comparaison des autres manifs parisiennes auxquelles j’ai participé : les nombreux coups de klaxon de sympathie lorsque nous attendions samedi (21h) le bus pour le retour, à proximité de l’opéra Bastille et d’un feu rouge avec nos pancartes déployées et nos voix encore sonores.
JP77
Eu égards aux manifestants de FO qui ont bravaient les directives de Jean-Claude Mailly, je m’abstiendrai d’utiliser certains adjectifs à son propos. Je lui suggère le beau texte de Bruno Labeau concernant un autre responsable syndical. N’est pas Krasu qui veut. Mailly sait (peut-être) mieux compter, et se retrouvera surement dans un quelconque Conseil Economique et Social en remerciement de services rendus à Macron entre autres. Krasu, lui, n’a pas eu les honneurs des média en dépit de sévices reçus. Pour s’être battu contre les nazis. Dans la rue. Comme son père qui le paya de sa vie.
Merci Jean-Luc, content d’avoir marché le 23.
Sylvain
C’est Mailly qui brave les directives des militants, des syndicats, des UD et d’importantes fédérations FO, dont les routiers actuellement en lutte avec les camarades de la CGT, pas l’inverse. Nous n’attendons plus rien de Mailly sinon qu’il se taise. FO, c’est nous ! Mailly n’est que Mailly.
François Rosicki
Manif du samedi 23 septembre 2017. Un grand merci à vous tous, organisateurs, accompagnateurs, sympathisants, anonymes, toute l’équipe autour de Jean-Luc Mélenchon. A titre personnel, il est très rare que je vienne manifester dans la rue. Ce n’est pas mon tempérament habituel. Je préfère m’exprimer par écrit. J’avoue que c’était une démonstration de force impressionnante. Je n’ai vu que des gens sympathiques autour de moi. Ma copine allemande de Sarrebruck, qui a passé trois jours à Paris, était ravie de venir avec moi. « Das ist eine gute Sache », me dit-elle en allemand, mais elle parle aussi couramment français. Jean-Luc Mélenchon, premier opposant. On a besoin d’une opposition, quelle qu’elle soit, sinon la vie politique (et la vie tout court) devient insupportable.
Adrien
Merci à JL Mélenchon d’avoir eu depuis toujours cette abnégation de résistance pour lutter contre vents et marées face à ces collabos du capitalisme. M. Mélenchon a mis moins de 10 ans pour constituer et mettre sur les rails la première force d’opposition du pays. Il faut à présent accélérer l’éducation populaire pour virer en urgence les marcheurs, car sur ordre des financiers ils sont pressés de vendre tout ce qui reste de nos fleurons pour laisser un terrain vague de notre industrie. Pour rapidement stopper l’hémorragie de notre pays, il faut tous sans exception convaincre et agrandir notre groupe derrière notre équipe d’Insoumis. Rappelez-vous, il fallait doubler les 4 millions de 2012 et en 2017 le coup est passé très près, 7 millions et des poussières, alors aux prochaines, voir avant, il faut être 14 millions et plus, et c’est réalisable. Le vent se lève et chaque grain de sable en entraine un autre pour déplacer la dune !
Michelle
J’étais à République lors de votre discours. Quand vous avez parlé du peuple de la rue qui a abattu les nazis, sans doute parce que nous étions à Paris, j’ai de suite revu en esprit les images du film de René Clément « Paris brûle-t-il? ». Dans le car de retour, un ami nous a averti de la polémique qui montait ainsi que des 30 000 manifestants ! Nous étions tous scotchés. On savait bien qu’ils allaient trouver quelque chose mais on n’avait pas du tout pensé à ça. Rien sur le fond, encore des polémiques stériles.
Merci à vous, monsieur Mélenchon d’être là. Et merci à toutes les personnalités insoumises (députés et autres comme Raquel ou Liêm) qui étaient avec vous samedi. Et merci aux plus de 150 000 personnes présentes (nous sommes même persuadés que nous étions plus nombreux que ça).
1 million de personnes, c’est possible, ça s’est déjà vu à Paris.
Sol
Bravo Jean-Luc pour l’ampleur du mouvement et la sueur que vous y laissez ! Mais les femmes dans tout ça, les premières sacrifiées, inaudibles et invisibles jusqu’à quand ?
Michelle
Les femmes étaient bien visibles, toutes les députées étaient là, et quelques autres comme Raquel Garrido. Plus Charlotte Girard qui a parlé un bon moment avant l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon. Effectivement, Jean-Luc Mélenchon qui a fait l’unique discours n’est pas une femme.
Lalauze
L’insoumission est une vertu joyeuse. J’étais complètement présent à la marche/meeting du 23. Seul parmi tout ce peuple, une sérénité m’envahissait sur ce défilé entre ces places historiques de Paris : La Bastille, La République. Ni la peur des CRS, ni l’agoraphobie ne pouvaient m’atteindre. Pas même l’arrivé agitée du groupuscule de jeunes camouflés de noir n’as réussir à me paniquer au pieds de la scène, deux heures avant l’arrivée du grand porte parole de la France insoumise. Bien au contraire. Le dialogue fut ma seule arme face à quelques uns d’entre eux, face à des insoumis agressifs. Comprendre l’errance de cette jeunesse qui à besoin de casser tout image de maître, Mélenchon compris. Je découvrais pourquoi j’étais là, si tranquille, si patient, si content. Le jeune que j’avais étais prenait de l’importance du haut de mes soixante balais et la révolte agressive n’était plus grand chose dans ce contexte. Il a parlé, ils l’on rejoint, nous avons tous chanté.
Croa
Ni les casserolades ni un défilé d’un million de personnes sur les Champs-Élysées ne feront reculer Monsieur Macron. Il sait très bien que de ses «réformes» nous ne voulons pas tout comme il est parfaitement conscient d’avoir accédé au pouvoir par la ruse mais aussi que ce pouvoir c’est lui qui le détient et pas le peuple.
Pourtant «la rue» ou plutôt le peuple peut encore gagner mais à la seule condition qu’il se fâche vraiment ! Donc foin des pétitions, gentils défilés et autres rigolades : grève génére et autres véritables blocages sont les seuls moyens de faire reculer le gouvernement. Et encore ce ne sera pas facile, la principale difficulté étant, à mon avis, en terme de lutte médiatique. C’est dans les entreprises et aux portes de celles-ci que les actions doivent se mener. Si 68 a (un peu) réussi c’est parce que des délégations de grévistes allaient de boîtes en boîtes inviter les gens à débrayer. Il y avait à cette époque (et avant) des piquets de grève.
Bata
Ceux qui veulent faire croire que la France était un pays de résistants admirables sont des révisionnistes. Je connais une ancienne résistante, chevalière de la légion d’honneur, que Chirac appelle Madam X par respect, qui nous racontait à nous les jeunes la réalité de la France occupée. Cette dame aime la France de tout son être et elle aime son peuple. Eh bien croyez-moi son ton envers les Français de l’époque était méprisant. Je vous fais grâce des exemples (entre cours de salut hitlérien, cours d’allemand, délation généralisée, etc.) mais le peuple français fut absolument tout sauf héroïque et utiliser les très rares résistants comme un exemple du peuple est un mensonge scandaleux.
Après je ne dis pas que nous ou moi aurions été meilleurs. Il est facile de juger avec le recul. Mais par contre c’est bien le peuple qui a mis Hitler au pouvoir et qui l’admirait et l’acclamait, ou qui cassait du Juif, quand les élites elles fuyaient le pays pour éviter la déportation… Donc non, la rue n’a pas toujours raison.
Esimski
Toujours la même erreur sur l’arrivée de Hitler au pouvoir. Au moment de sa nomination par Hindenburg (personne n’a JAMAIS voté pour cette accession au poste de chancelier), les conservateurs faisaient le pari que les nazis allaient se planter et les principaux dirigeants des industries allemandes voulaient le laisser faire le sale boulot en liquidant les communistes qui étaient de plus en plus menaçants. Hitler ne pouvait revendiquer directement le poste de chancelier car, lors des dernières élections, le nombre de voix pour les nazis avaient baissé. On connaît la suite. Mais encore une fois, le peuple n’a jamais voté pour donner directement le pouvoir à Hitler. Ce sont les conservateurs, les industriels et banquiers qui ont poussé Hitler au pouvoir et lui ont permis de s’y installer. Une véritable démocratie n’aurait (sans doute, soyons prudents, comme il se doit) permis à Hitler d’accéder au pouvoir aussi simplement.
Invisible
@Esimski
Je crains que ce soit toujours « les conservateurs, les industriels et banquiers qui poussent » toujours et trouvent ainsi le moyen de dévoyer la démocratie théorique par le biais de leur puissance. Et on voit qui ils ont poussé.
fred
Bravo pour le pseudo LR PS FN EM bonne tambouille.
Pour le reste, de madames x ou de messieurs x (ou y) pas forcément décoré(e)s, il y en avait suffisamment pour en parler sans passer par Chirac. Les résistants de la première heure et ceux qui les ont rejoints dans la clandestinité n’attendaient pas une médaille, ceux qui ont péri figurent sur nos monuments, ils s’en seraient bien passé.
Arnaud
Honnêtement, j’ai trouvé que ton discours Jean Luc, n’était pas exceptionnel et ton état de forme l’explique probablement. Par contre, il faut quand même avoir l’esprit sacrément mal tourné pour se concentrer sur le mot nazi à ce point. Les orateurs du camp des puissants racontent des âneries à longueur d’année sans qu’on leur en tienne rigueur, il faudrait voir à avoir la même exigence pour tout le monde.
Mon explication est qu’aborder le thème du naziste est tabou. Certains prennent la mouche car ils n’ont pas fait ou leurs parents n’ont pas fait ce qu’ils auraient dû faire à l’époque, sans forcément collaborer, en regardant ailleurs et rasant les murs. D’autres sont dans la même léthargie mentale aujourd’hui sur des sujets, pouvant apparaître certes moins vitaux, mais où la résistance devrait être de mise. D’autres enfin, s’accommodent du nazisme (la percée de l’AFD en témoigne) ou du fascisme, voire joue avec pour atteindre les cercles de décisions, comme LREM, LR ou même le PS Valsiste.
Ce que je retiendrai de cette journée, ce n’est pas un mot, c’est la volonté du peuple conscient, qui se tient debout, dans toute sa force. Joie, musique, chants et détermination dans le calme ont ponctué cette marche et c’est cela l’essentiel : ceux qui hésitaient sur les côtés du cortège le rejoindront la prochaine fois.
Domik
Melenchon en première classe pour une fois qu’il prend l’avion (il a tant de fois pris le train), Melenchon qui honore les civils qui se sont battus dans Paris, et ailleurs ! Cela n’exclut évidemment pas les gouvernements Churchill, De Gaulle, les soldats alliés du débarquement, c’était une réponse à la phrase de Macron lui-même sur « la rue ». Point barre.
Et moi je suis de plus en plus sidérée que les médias fabriquent l’opinion, par leurs mots bien choisis : le « sacre » de Mme Merkel, la « pénurie » de carburant à venir, les images 1000 fois rediffusées de Macron signant ses ordonnances, l’évacuation « rapide » des blocages routiers par les forces de l’ordre, etc. Marre de cette manipulation des masses à peine subliminale, considérant les Français « comme des veaux », marre du Mélenchon-bashing dès qu’il respire. On lâchera rien, nous les insoumis. Allez les gens, les vrais,ceux qui subissent, ceux qui pensent droit. vive la FI !
Tangy
La mobilisation se fait par étapes. L’insoumission trouve sa force dans la violence de l’agression. Mais la théorie du chaos bien analysée par Naomi Klein dans d’autres circonstances semble se vérifier ici : passivité, sidération, résignation. Aussi l’appel aux plus jeunes permet de réduire ce risque. Un ami exilé chilien croisé me dit que ce que nous faisons en France est vu chez lui comme le dernier rempart contre l’invasion libérale. Belle responsabilité.