En quelques heures dans la dernière semaine de septembre, le contexte du bras de fer avec le pouvoir macroniste a changé de consistance. Un nouveau contexte se dessine. Certes, l’offensive générale se confirme côté pouvoir. Mais le champ de la résistance s’est élargi du fait même des conditions dans lesquelles ce pouvoir évolue. Pendant ce temps autour de nous en Europe, la roue de l’Histoire continue son chemin de déconstruction de l’ancien monde. Dans le tohu-bohu de l’affaire de la Catalogne barcelonaise se montre une nouvelle fois la puissance des mouvements tectoniques qui affectent le vieux continent et ne le lâcheront plus avant longtemps. Car l’aveuglement des dirigeants de « l’Europe qui protège » détruira la paix et les sociétés plus sûrement que n’importe quel « populisme ». Elle le fera en nourrissant des nationalismes hier éteints, et en jetant les uns contre les autres les peuples, les régions et les catégories sociales.
C’est une étrange semaine qui vient de s’écouler. La meute a bien écorné le message de notre marche du 23 septembre en fabriquant de toutes pièces un débat fumeux sur la place du peuple dans la Libération contre les nazis. Puis le lendemain, le mouvement des transporteurs routiers a été rudement réprimé. Le pouvoir s’est donc cru tiré d’affaire, malgré la marche réussie le 28 septembre des retraités. Il n’en est rien. La volatilité de la situation est restée la plus forte. Des évènements se sont précipités et ont renforcé le camp de la résistance.
Par exemple, et ce n’est pas rien, le front syndical a changé de configuration. Force ouvrière s’est installée dans l’opposition à l’ordonnance contre le code du travail. Les cadres de la CGE CFE de même. La CGT, FSU et solidaire ne sont donc pas isolés et confinés comme le croyait acquis l’équipe Macron. C’est donc une toute nouvelle configuration qui se présente. La période jusqu’à la loi d’habilitation de ces ordonnances qui devraient revenir devant le Parlement au mois de novembre ne sera donc pas un simple bouclage.
De notre côté, comme suite aux propositions présentées en conclusion de la marche du 23 septembre, le groupe parlementaire de la France insoumise a pris en charge l’initiative des contacts avec le mouvement social. Nous avons constitué une délégation pour rencontrer l’ensemble des organisations syndicales et leur proposer de nous appeler à une action commune de grande envergure. Les contacts sont pris. Les premières dates arrêtées.
Mais il est décisif d’observer surtout les changements du contexte. Le climat n’est plus celui dont avait besoin le pouvoir. Ce n’est ni l’enthousiasme du début parmi les assaillants ni la résignation attendue parmi les agressés. La nouvelle phase de l’action va rencontrer un nouveau contexte psychologique. C’est celui qui est créé par l’annonce du projet de budget de l’État et celui sur la Sécurité sociale.
La signature politique de ces deux documents est accablante. Il s’agit d’une surenchère antisociale caricaturale. La théorie du « ruissellement » est ici appliquée avec un aveuglement consternant. Offrir 4 milliards d’allégements fiscaux directement ciblés en faveur de l’oligarchie la plus concentrée dans le capital financier est si stupéfiant ! Et cela se produit la semaine ou deux fleurons de l’industrie française sont bradés, faisant apparaître l’incapacité absolue du capitalisme français de prendre en charge quoi que ce soit de l’intérêt collectif du pays. Car les chantiers de l’Atlantique sont mis en vente pour 80 millions avec un carnet de commande plein pour dix ans par exemple. Et le TGV pour bien peu également. Mais cela se fait dans l’indifférence absolue de ces millionnaires qui ont pourtant en France le record d’Europe de distribution des dividendes.
L’opinion est donc sous le double choc du sentiment d’un abus social et d’une humiliation nationale. Le pouvoir, qui croit sa propagande et la clameur des médias qui lui sont voués, ignore la profondeur du choc ainsi reçu. Il modifie pourtant les conditions dans lesquelles les gens se représentent la légitimité de ce pouvoir. En organisant nos casserolades, nous savions que nous organisions une « tenue de tranchée » entre deux vagues d’assaut. Les retours de terrain montrent une exaspération élargie. Les agressions sans pause contre nous ont également joué a plein leur rôle fédérateur pour fortifier la cohésion de notre espace politique. Mais surtout, il existe une prise de conscience populaire d’être agressés de tous les côtés à la fois. Elle se nourrit aussi des craquements qui s’observent dans les structures les plus traditionnelles qui font la stabilité de l’Etat. Ainsi quand les présidents de régions font sécession à la conférence des territoires, lorsque l’association des départements de France refuse de prendre place dans le plan d’économies gouvernementales, ou quand 2000 CRS se font porter malades et que le président de la République n’a plus de motards pour l’escorter à Marseille.
Je ne crois pas que l’intervention d’Edouard Philippe sur « France 2 » ait conforté l’image de stabilité du pouvoir en place. Aucun Premier ministre ne peut tenir sérieusement son rôle quand une photo le montre absent d’une séance de signature emblématique de la nouvelle politique en œuvre. Et encore moins s’il ne sait pas si son propre gouvernement soutien ou non un accord de libre échange aussi décisif que le CETA. Pourtant, deux jours plus tard, le ministre concerné jure ses grands dieux que l’accord sera approuvé et défendu bec et ongles. Que s’est-il passé entre deux ? Qui a décidé ? Plus tard dans l’échange, le Premier ministre ne tranche pas non plus s’il compte fermer ou non les réacteurs nucléaires en fin de vie quarantenaire. Pourtant Nicolas Hulot prétendait en fermer 19. Philippe se contente de dire que l’agence pour la sécurité du nucléaire donnera son avis le moment venu. Mais ce n’est pas le sujet. Encore une fois, la faiblesse ne vient pas de l’homme mais du système qu’il est censé représenter.
Dans ce système, l’hyper-présidentialisation affichée avec le discours du Congrès de Versailles la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre aura bien fonctionné comme un manifeste politique. Le Premier ministre, dans cette construction, n’est rien, et cela ne peut pas s’ignorer. Il était important pour moi d’en faire la démonstration par mes interpellations dans un face à face où il lui fut impossible de trouver un prétexte sur la forme de mon propos pour effacer mon message, comme d’habitude. On a vu que le Premier ministre était autant empêtré par sa situation que par sa politique.
Au total, mon diagnostic est que le bras de fer avec le pouvoir n’est pas tranché. La nouvelle donne syndicale et l’impact négatif du projet de budget sont à l’œuvre désormais. Le lâchage de dernière minute du PS qui décide d’entrer dans le combat complète l’isolement qu’il est nécessaire de construire autour du pouvoir macroniste. Il devrait creuser aussi les contradictions de ce parti à l’intérieur de ses groupes parlementaires lourdement divisés a propos du nouveau pouvoir. Que le pouvoir soit identifié à sa nature de droite libérale est une condition essentielle pour la suite de l’action et pour réunir les conditions de sa défaite politique le moment venu. Le tableau se met en place. Les opportunités de la lutte sont donc entières. Il n’y aura donc pas de cessez-le-feu.
Le résultat des élections législatives en Allemagne est un événement dont l’onde de choc n’est pas près de se disperser. Dans ce pays aussi, le dégagisme s’est exprimé. Naturellement, cela se passe dans les conditions d’un pays où l’amortisseur générationnel joue à plein pour amoindrir tous les tranchants : peu de jeunes, beaucoup de personnes âgées très conservatrices et apeurées.
Les deux partis pivots du système ont subi un énorme revers électoral. Ils sont descendus en dessous de leurs seuils historiquement les plus bas. S’agissant de la social-démocratie, la pente est continue, en phase avec la dégringolade générale dont le logiciel programmatique est devenu totalement obsolète.
La progression des petits partis est la forme essentielle d’expression du désaveu qui a touché les grands. Et l’extrême droite a fait sa percée. Tout est lié. Pourtant en Allemagne comme en France la caste dominante semble saisie de stupeur. Elle l’est là-bas comme ici parce qu’elle aussi a cru à sa propre propagande. La grande coalition de la droite et des sociaux-démocrates a permis d’obtenir de longues années de ce qu’ils appellent la « stabilité ». C’est-à-dire, en réalité, un verrouillage implacable interdisant toute expression indépendante des salariés dont les droits ont été méticuleusement piétinés pendant toute la période. Dans les mêmes conditions, ce pays de personnes âgées a vu se produire une hémorragie de 25 000 jeunes par an le quittant sans un mot de protestation publique. Il a vu sa population décliner, sa pollution augmenter, son industrie continuer à se concentrer dans quelques branches d’activités, son appel à l’immigration présenté comme le recours absolu à sa dépopulation, sans une pause pour en débattre.
Comme d’habitude, la grande coalition, appuyée sur un couvercle médiatique absolu, a pu penser qu’il n’y avait aucun désaccord. Et même qu’un grand consensus existait comme l’affirmaient les commentateurs français. Tout cela parce qu’il ne restait plus aucun espace de contestation possible. La caste a pu croire qu’elle n’en paierait donc jamais le prix. À présent, c’est une page toute nouvelle qui commence. Toutes les tares soigneusement masquées par la propagande enthousiaste de toute l’Europe vont apparaître au grand jour. D’abord celle qui concerne la faiblesse des équipements publics et des installations collectives de l’Allemagne comme résultat d’une politique aberrante de diminution du budget public et de refus d’investissement. Mais on va voir surtout quel mélange terrifiant donnera une population vieillie et craintive combinée à une population immense de pauvres et de salariés sous-payés.
L’extrême droite a fait une percée sur la question de l’immigration nous dit-on. C’est rarement aussi simple. En tout cas elle a fracassé le consensus que la droite et les sociaux-démocrates avaient répandu dans les têtes comme une drogue. L’immigration n’a pu prendre cette importance dans le débat qu’en raison de la violence du dénuement qui s’y trouve déjà et de l’opposition de chacun contre tous qui est la signature de ce type de situation.
À mes yeux, l’évidence est de retour : l’Allemagne va redevenir un sérieux problème pour l’Europe. Mais a-t-elle jamais cessé de l’être ? L’égoïsme de la caste dominante allemande est certainement le plus aigre et le plus violent de toute l’Europe. Le mauvais feuilleton de l’esprit dominateur de la caste en Allemagne a repris à la fin des années quatre-vingts avec l’annexion de l’Allemagne de l’Est par l’Ouest. Il a été payé un prix exorbitant partout Europe et d’abord par la France. Nous avons connu des années de taux d’intérêt exagérés du seul fait d’une décision allemande unilatérale d’annexer son voisin et de créer une parité monétaire absurde entre la monnaie circulant à l’Est et à l’ouest. Puis, sous l’autorité de Gerhard Schröder l’Allemagne s’est lancée dans une politique de déflation salariale qui lui a permis de cumuler sur le dos de tous ses partenaires des excédents commerciaux monstrueux. Après ces deux épisodes de très mauvais voisinage a commencé cette période terrible ou Merkel et Schäuble ont posé un talon de fer sur la gorge de tous les pays : la règle d’or et les politiques d’austérité publique.
L’inconscience et l’irresponsabilité des dirigeants français est la principale cause de ces comportements. En effet, les gouvernements allemands n’ont fait que défendre l’intérêt de leur pays compris au sens le plus étroit. Mais les dirigeants français étaient obnubilés par le fait que, grâce aux directives allemandes présentées comme des nécessités européennes, ils obtiendraient des reculs du salariat le plus résistant d’Europe : les Français. Ils ont donc tout cédé, tout abandonné et renforcé sans cesse l’arrogance du gouvernement allemand. Deux présidents français successifs ont donné ce très mauvais signal : Sarkozy avec le traité de Lisbonne après le vote « non » au référendum de 2005, François Hollande avec le traité budgétaire après avoir dit qu’il le renégocierait.
Lorsque j’ai publié mon livre Le Hareng de Bismarck, je fus accablé par les sarcasmes de la bonne société médiatico-politique. Ce serait de la germanophobie, Bla-Bla-Bla. L’infâme Cohn-Bendit prétendit même avoir lu sous ma plume le terme de « boche ». Ce fut une des premières manifestations de cette méthode qui sera ensuite généralisée. Un indigné de circonstance dit avoir lu ceci ou cela et toute la bande des bavards à gages sort de sa boîte pour hurler en cadence. S’agissant de l’Allemagne, c’est frappant. Tous ceux qui se sont risqués à une critique ont eu droit à ce traitement : Montebourg, Bartolone, combien d’autres autant que moi ?
Pendant ce temps, en Allemagne, les dirigeants et les journalistes ne se sont jamais privés d’injurier lourdement l’Europe du sud. Cela rajoute à la séduction que ces gros lourdauds exercent sur la caste française qui a pour coutume de regarder de haut le sud et les méridionaux en général. Ici, il est vrai que les couches profondes de la caste sont épaisses : aux traces ineffaçables de la collaboration s’ajoute la traditionnelle haine du peuple qui est un des apanages étranges de la germanophilie française. Celle-là même qui lui faisait dire « plutôt Hitler que le Front Populaire ». Haine dont on a vu qu’elle pouvait aller jusqu’au révisionnisme quand ceux-là nient le rôle de la résistance populaire dans la lutte contre les nazis comme ils viennent de le faire pour nous flétrir.
Comme on le sait dorénavant, Merkel doit composer une coalition pour pouvoir gouverner. Le SPD (PS) ne veut plus de la grande coalition. Mais cela n’a aucune importance. La disqualification de la « gauche » allemande est certes moins avancée que celle de la France, mais la pente est la même. Die Linke a échoué à apparaître comme une alternative tant soit peu crédible. Les anciens bureaucrates du PC de l’Allemagne de l’Est ont pesé de toutes leurs lourdeur et combines avec les sociaux-démocrates tout au long de la mandature et encore pendant la campagne électorale. Exactement comme au groupe GUE du Parlement européen, qu’ils étouffent aussi lourdement qu’à la tête du PGE, car dans ce domaine tout est à eux.
Le centre de gravité de la sphère politique officielle est donc lourdement ancré à droite. Mais le soubassement de la société a commencé sa fragmentation selon ses propres voies. Les forces politiques en présence n’en captent rien. C’est pourquoi l’extrême-droite a devant elle quelques belles années. En effet, elle assume sa compétition avec la droite elle-même sans s’embarquer dans des compétitions auto-bloquantes sur la gauche, comme cela fut pratiqué en France par le FN. Dès lors, la CDU-CSU va marcher sous le fouet et dans une surenchère à droite. Comme d’habitude, la caste française s’alignera. Plus que jamais ce sera cette « Europe Allemande » que seuls les Allemands ont le droit de montrer du doigt. Et l’Allemagne une nouvelle fois va rendre l’Europe imbuvable.
Pendant la campagne de l’élection présidentielle, j’ai proposé qu’existe une conférence permanente sur les frontières en Europe. À l’époque, le point de départ était la situation créée par l’adhésion de la Crimée à la Russie dans le cadre des événements de l’Ukraine. À l’époque, l’opinion de la caste était chauffée à blanc par le sentiment anti-russe. On ne pouvait parler de rien. Dans la mesure où j’avais été assimilé à un partisan de Vladimir Poutine, tout ce que je disais était immédiatement interprété dans la version la plus fantasque.
Bien sûr, depuis, la situation s’est bien stabilisée. Le gouvernement français et le président Macron ont pratiquement repris au mot près ce que je disais à propos des solutions à la situation en Syrie. La réception de Vladimir Poutine à Versailles est passée par là. Mais la question que je voulais poser demeure. Que fera-t-on en Europe quand des frontières bougent ? Assez stupidement, mes détracteurs de l’époque m’accusèrent de vouloir remettre en cause ces frontières. Naturellement, il n’en était rien. Puis je partais de l’idée que puisqu’elles avaient bougées, comme c’était le cas en Ukraine, alors la question se poserait de nouveaux à toute l’Europe. J’évoquais l’éventuelle sécession de l’Écosse et de la Catalogne, mais peut-être aussi demain de la Flandre et de la Wallonie. Depuis s’est ajouté la question de l’Irlande en raison du Brexit et du rétablissement de la frontière entre les deux Irlande. Et ainsi de suite.
La situation en Catalogne a ramené ma question sur le devant de la scène. On remarquera qu’elle se règle sans débat, par la force. L’Union européenne a dit qu’elle soutiendrait Madrid contre Barcelone. De son côté, la maire de Barcelone demande à l’Europe d’intervenir dans le litige. Naturellement, rien n’est prévu. On aurait tort de croire à une situation isolée. Naturellement la question de la Catalogne espagnole se pose dans les conditions particulières de l’Histoire de ce pays. Pour autant, selon moi, il est significatif que la crise éclate avec cette violence au moment où la mise en œuvre des directives européennes en Espagne ont tendu toutes les relations internes de ce pays. Autrement dit, les fractures actuelles repassent sur les vieilles cicatrices.
On aurait tort de croire qu’une telle configuration ne concerne que l’Espagne. On ne peut oublier qu’aux dernières élections législatives, le corps électoral en Corse a donné trois députés aux autonomistes sur quatre élus. Beaucoup d’esprits étroits oublient que l’Italie ou l’Allemagne sont des États-nations très récents. Et si l’on va vers les frontières de l’Est, on ne trouve que les Eurobéats français pour avoir oublié que la Slovaquie et la Tchéquie se sont séparées, d’une part, et, d’autre part, que l’interdiction d’enseigner dans une autre langue que l’ukrainien en Ukraine ne se contente pas de viser la minorité russe du Donbass mais également les Polonais, les Hongrois et quelques autres en Ukraine qui se vivent dorénavant comme des minorités opprimées.
C’est pourquoi j’écris de nouveau ces lignes. Le temps des polémiques et des injures absurdes inventées pour nuire dans une compétition électorale est dorénavant derrière nous. Peut-être peut-on à présent parler sérieusement d’un sujet qui finira par concerner la France, sa sécurité et son voisinage. S’il n’existe aucune voie pacifique proposée et encadrée par la communauté internationale, ces sortes de questions ne peuvent se régler autrement que par la force. Il n’y a pas d’entre-deux.
Poser la question, ce n’est pas souhaiter le problème, n’en déplaise à mes adversaires. Leur ignorance leur fait méconnaître que les accords d’Helsinki de 1975, toujours en vigueur, affirment que les frontières peuvent bouger dans le cadre d’un consentement des parties concernées. Ce consentement ne peut se constater sans que des règles aient été énoncées pour le vérifier. J’y reviens donc. Il existe un cadre commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE.
La question des frontières ne se limite pas aux aspects culturels du sujet. Elle implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs. Les générations dirigeantes actuelles n’ont aucune perception sérieuse sur le sujet. Le dernier événement dans ce domaine est considéré par eux comme un sujet exotique. L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. 400 000 personnes sont mortes dans cette aventure. N’est-il pas frappant que le président de la République n’en ait pas dit un mot dans cette étrange allocution de la Sorbonne ? Au contraire, il s’est engagé de façon plus aveuglée que jamais dans une vision d’intégration européenne anti-nationale. On l’a entendu plaider à la fois la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale, puis la disparition des commissaires européens « issus des grands pays » avant d’aboutir à une « défense européenne », liée a l’OTAN, des plus évaporées.
Pour ma part je n’oublie ni les permanences de l’Histoire, ni ce fait qu’elle a toujours été tragique en Europe. Il est temps de faire l’Histoire avant de se laisser défaire par elle.
142 commentaires
Jean Louis
Une info pour confirmer. Je suis en ce moment en Italie du nord et j’ai vu des affiches annonçant des réunions publiques concernant un référendum le 22 Octobre sur l’autonomie de la Lombardie
François Rosicki
J’ai bien écouté votre revue de la semaine n° 40 sur la Réunion, ensuite au sujet de Alstom/Siemens. Allemagne / Bundesrepublik Deutschland. Il est intéressant d’analyser la sociologie électorale de la capitale allemande. Dans l’ancien Berlin-Ouest, la plupart des électeurs votent pour les partis traditionnels, à savoir CDU, SPD, PDF, die Grünen, même s’ils sont en recul cette année 2017. Dans l’ancien Berlin-Est, les deux partis dominants sont l’AfD et die Linke avec Oskar Lafontaine. Autrement dit, la réunification n’est pas encore achevée dans les urnes.
[…]
Genosse
« La réunification n’est pas encore achevée dans les urnes »
Quel sens donner à cette assertion ? A Berlin, die Linke obtient 18,8% des deuxièmes voix, devient le 2e parti derrière la CDU (22,7%), devance la SPD. Le « maire » de Berlin est SPD. Enfin die Linke conserve ses 4 sièges directs à Berlin. Il n’est pas inutile d’éviter les appréciations à l’emporte-pièce, cher Jean-Luc Mélenchon !
FABIEN
Oui, le contexte change, merci M. Mélenchon d’avoir encore raison. Le gouvernement est en train de s’enferrer, se contredisant tout le temps sauf dans leur constance à servir les plus riches et à brader nos industries, et ce faisant il renforce notre unité en construction et commence à dégoûter tout le monde, même les plus modérés.
hopfrog
« Mais les dirigeants français étaient obnubilés par le fait que, grâce aux directives allemandes présentées comme des nécessités européennes, ils obtiendraient des reculs du salariat le plus résistant d’Europe : les Français. »
Cette analyse de Mélenchon est profondément juste. Elle me rappelle cette opinion que la couturière Coco Chanel, personnalité éminente de la haute société française des années 30, formula (à propos du Front Populaire) en pleine Occupation allemande : « La France n’a que ce qu’elle mérite. » La défaite et l’occupation, il fallait bien ça, en effet, pour faire expier au peuple français le crime d’avoir obtenu les congés payés en 1936. Soixante-quinze ans plus tard, on se rend compte que rien n’a changé chez les gens d’en haut, et que la politique économique et sociale de l’actuel gouvernement commence à ressembler étrangement à celle du gouvernement de Vichy.
Santos
Bonsoir Monsieur Mélenchon,
Merci pour tout ce que vous faites, maintenant je passe à l’action.
magda corelli
Nous l’aurons cette grande manif sur les Champs.Trop c’est trop ! Et comme toujours merci pour ces beaux billets instructifs. Je suis très fière aussi des députés de la FI et c’est vrai qu’ils n’ont pas leur langue dans la poche. Tout ça remonte le moral et donne envie de lutter.
julie
Mille fois d’accord avec vous concernant les dangers que des mouvements nationalistes voire séparatistes présentent chez nous ou à nos portes. Mais concernant la Catalogne et en voyant les images terribles de ce jour, il s’agit à mon avis aussi d’une rébellion de tout un peuple contre un système et des promesses non tenues depuis des années. Un mouvement social autant que national.
Daniel Mino
La question de la Catalogne nous interpelle effectivement. Entre la « République Une et Indivisible » et « le droit des peuples a disposer d’eux mêmes », comment réagirions nous si des élections régionales ou législatives donnaient une majorité absolue à des candidats indépendentistes (ce qui n’est pas le cas actuellement. La FI soutiendrait-elle le principe d’un référendum s’il était demandé par une majorité d’élus ?
La Corse, économiquement, n’a rien à gagner à quitter la République, sinon de tomber dans le clanisme mafieu, mais la Catalogne, comme la Lombardie, sont des régions plus riches que le reste de l’Etat et la volonté d’indépendance peut être motivée par des motifs plus égoistes qu’identitaires. Ce pourrait être le cas en France de régions comme l’Alsace ou la Savoie si la situation économique se dégradait fortement en France et que la protestation prennait la forme d’une revendication autonomiste, voir indépendantiste (ce qui n’est heureusement pas le cas…
Stephan
Et qu’est ce qu’il fait Jean-Luc, le weekend ? Il se dit « tiens, et si j’écrivais une petite bafouille sur l’Allemagne, l’avenir de l’Europe et de ses frontières, etc ». Un ptit truc léger, quoi ! Et qui demande à peine de réfléchir. On aurait bien envie de lui dire de se reposer un peu mais c’est tellement bon d’apprendre à comprendre qu’on attendra avec autant d’impatience la prochaine note de blog (même si elle sort le weekend !). Encore merci Monsieur Jean-Luc pour la pertinence de vos analyses et votre combat permanent pour un monde plus juste.
del tedesco
Merci Jean-Luc Mélenchon pour cette exellente analyse vous lire est un régal.
Sebastian Chwala
J´aime bien votre analyses, Monsieur Mélenchon. Mais je ne partage pas vos mots sur le parti Die Linke en Allemagne. J´étais sécretaire d`une fédération locale dans la region de Hessen en 2015 est 2016. C`est vrai que le parti est en lente descente dans l`Allemagne de l`est. La, on a perdu cinq pourcent aux dernieres législatives. Mais on a gagné des voix dans L`Allemagne de L`Ouest. Dans ma ville de Marburg, par example, on a fait 16,4 pourcent des suffrages. Dans les bureaux des votes des centres-villes des grandes ville, ici Die Linke était souvent en première position. Au niveau national, plus de 4,5 Million des citoyens allemands ont voté pour Die Linke. C`est pas rien. En plus, milles personnes ont rejoint Die Linke dans la semaine dernière. Quelques milliers ont adheré depuis l`année dernière. Alors, c`est un peux plus compliqué que de parler d`un declin globale de Die Linke. Nous sommes un parti jeune et en progression. Un parti qui rassemble toute la gauche.
Genosse
Je partage ces précisions. On peut ajouter que die Linke progresse en voix et en %, n’a certes pas réussi à passer la barre des 10% visée mais pour la 1ère fois, je crois, passe la barre des 5% dans l’ex-Allemagne de l’ouest et gagne beaucoup de voix (et notamment chez les jeunes) dans les grandes villes et les villes-états, etc. Donc éviter tout schématisme qui dessert !
Autre élément, n’est-ce pas un peu exagéré de parler de « dégagisme » dans une élection aussi complexe ? Par exemple la CDU obtenait en 2013 191 des 299 sièges de circonscription, elle en obtient 185 en 2017, ce qui n’enlève rien à la qualité du reste de l’analyse, ni à l’inquiétude que peut susciter le retour de la peste brune.
JEAN LUC PAGES
Merci de nous éclairer sur le contexte européen du problème de la Catalogne. Comme vous le démontrez, la résistance se fortifie chez nous.
J’ai trouvé notre camarade Obomo particulièrement résistante face à deux furies qui n’avaient de cesse de l’agresser pour lui faire perdre pied, Merci et bravo à elle. De mon point de vue, dans notre bataille idéologique, si la résistance est bien promue, il me semble que nous ne mettons pas assez en avant nos propositions programmatiques et notre propre logique contraire à la logique ultra libérale de Macron.
jmdest62
N’est-il pas surprenant, de la part d’un gouvernement si prompt à la recherche de simplification dans la gestion du pays, de donner de l’argent (4 Milliards) à certains pour qu’ils le fassent ruisseler ? Pourquoi ne pas faire ruisseler tout cet argent directement en supprimant les intermédiaires. Beaucoup plus simple, non ?
Cathy van Pee
C’est ce que je me demande aussi depuis longtemps. Pourquoi compter sur d’autres, alors que l’état pourrait le faire lui-même ? Je ne pige pas ! Pourtant on sait que les pauvres dépensent immédiatement ce qu’on leur donne. Ce sont eux qui font ruisseler !
semons la concorde
Beau billet de géopolitique européenne. Merci de faire le travail que la médiacratie ne fait plus. La gouvernance de l’équipe en place ressemble de plus en plus à de la haute trahison contre l’intérêt général du pays. Après la grève des CRS, on se prend à rêver.
JeSuisFainéant
On ne peut que vous remercier et être à vos cotés dans cette lutte sans fin ! J’avoue que mon optimisme commence à s’estomper tellement il est abominable notre adversaire. Nous ne sommes pas en démocratie. C’est un leurre bien orchestré. Voyez comment les urnes sont arrachés par l’Etat espagnol ! Alors même que je considère le vote anti-démocratique tant que le « vote blanc » ne sera pas comptabilisé. Cet acte est abject et cela me donne envie de vomir. Merci Monsieur Mélenchon. Durcissez le ton, les fainéants et ceux qui ne sont « rien » en ont besoin !
Pierre AVRIL
Merci pour ce texte d’intelligence et de réflexion. Faire de la politique est devenue une très longue marche, semée d’embûches.
sansressources
Concernant la rue et les nazis, je rappelle les immortelles paroles d’un factieux, d’un moins que rien qui disait des choses absurdes, je n’ai pas un amour immodéré de cet homme mais face à la meute il faut leur rappeler ce que disait leur chef, j’ai nommé Charles de Gaulle « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! Libéré par lui même, libéré par son peuple », de plus si la rue n’a pas libérée seule du joug nazi, réfuter son rôle c’est renier la résistance, ceci dit ça tombe bien puisqu’on casse systématique ses acquis, les acquis du CNR, donc oublier le rôle de la résistance participe à la réaction macroniste.
Régine
Merci à vous qui marchez devant en éclairant le chemin. C’est une lutte qui a commencé bien avant nous, il y a très longtemps. Des batailles ont été gagnées, mais la guerre, malheureusement ne finira jamais. Une phrase de Jean de La Bruyère me revient : « Les grands sont odieux aux petits par tout le mal qu’ils leur font et tout le bien qu’ils ne leur font pas ». Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
Olivier Chilou
Un texte intéressant qui rappelle que nous entendons encore aujourd’hui « le bruit des bottes », et qu’il se rapproche à chaque évènement un peu plus, dans un silence assourdissant. Nous sommes dans un monde de violence que deux guerres mondiales n’auront pas su etouffé. Pourquoi rien ne se fait ? Comme toute enquête, il faut savoir à qui profite le crime. Les historiens l’ont déjà largement démontré dans le cas de Hitler, mais il semble que l’histoire n’intéresse nos dirigeants que quand elle les sert. Face à ces personnes dénuées de tout scrupule, dont l’humanisme se concentre exclusivement sur leurs larmes et leur appel à vengeance contre le terrorisme, le peuple, les 90% qui ne sont « rien » n’ont qu’une seule alternative : l’insoumission. Continuons le combat démocratique, nous finirons par triompher. Sans cela nous devrons prendre les armes à nos corps défendants pour venir grossir les armées de ces fous qui nous dirigent et leur donner notre sang, ou le sang de nos…
Berche Jean Marie
Décidément, il me semble que votre plus grand tort est d’avoir raison trop tôt, ou trop vite. La médiacratie et vos adversaires politiques, mettent un temps infini avant de comprendre vos analyses et bien sûr quand même leurs élus disent comme vous avec retard. Aucun ne reconnaît la primauté de vos analyses. C’est rageant.
André
Si tant est que la médiacratie et les adversaires politiques puissent être assimilés à des citoyens normalement constitués susceptibles de rester maîtres et responsables de leurs propos ce qui le moins qu’on puisse dire ne découle pas clairement de leur comportement.