En quelques heures dans la dernière semaine de septembre, le contexte du bras de fer avec le pouvoir macroniste a changé de consistance. Un nouveau contexte se dessine. Certes, l’offensive générale se confirme côté pouvoir. Mais le champ de la résistance s’est élargi du fait même des conditions dans lesquelles ce pouvoir évolue. Pendant ce temps autour de nous en Europe, la roue de l’Histoire continue son chemin de déconstruction de l’ancien monde. Dans le tohu-bohu de l’affaire de la Catalogne barcelonaise se montre une nouvelle fois la puissance des mouvements tectoniques qui affectent le vieux continent et ne le lâcheront plus avant longtemps. Car l’aveuglement des dirigeants de « l’Europe qui protège » détruira la paix et les sociétés plus sûrement que n’importe quel « populisme ». Elle le fera en nourrissant des nationalismes hier éteints, et en jetant les uns contre les autres les peuples, les régions et les catégories sociales.
C’est une étrange semaine qui vient de s’écouler. La meute a bien écorné le message de notre marche du 23 septembre en fabriquant de toutes pièces un débat fumeux sur la place du peuple dans la Libération contre les nazis. Puis le lendemain, le mouvement des transporteurs routiers a été rudement réprimé. Le pouvoir s’est donc cru tiré d’affaire, malgré la marche réussie le 28 septembre des retraités. Il n’en est rien. La volatilité de la situation est restée la plus forte. Des évènements se sont précipités et ont renforcé le camp de la résistance.
Par exemple, et ce n’est pas rien, le front syndical a changé de configuration. Force ouvrière s’est installée dans l’opposition à l’ordonnance contre le code du travail. Les cadres de la CGE CFE de même. La CGT, FSU et solidaire ne sont donc pas isolés et confinés comme le croyait acquis l’équipe Macron. C’est donc une toute nouvelle configuration qui se présente. La période jusqu’à la loi d’habilitation de ces ordonnances qui devraient revenir devant le Parlement au mois de novembre ne sera donc pas un simple bouclage.
De notre côté, comme suite aux propositions présentées en conclusion de la marche du 23 septembre, le groupe parlementaire de la France insoumise a pris en charge l’initiative des contacts avec le mouvement social. Nous avons constitué une délégation pour rencontrer l’ensemble des organisations syndicales et leur proposer de nous appeler à une action commune de grande envergure. Les contacts sont pris. Les premières dates arrêtées.
Mais il est décisif d’observer surtout les changements du contexte. Le climat n’est plus celui dont avait besoin le pouvoir. Ce n’est ni l’enthousiasme du début parmi les assaillants ni la résignation attendue parmi les agressés. La nouvelle phase de l’action va rencontrer un nouveau contexte psychologique. C’est celui qui est créé par l’annonce du projet de budget de l’État et celui sur la Sécurité sociale.
La signature politique de ces deux documents est accablante. Il s’agit d’une surenchère antisociale caricaturale. La théorie du « ruissellement » est ici appliquée avec un aveuglement consternant. Offrir 4 milliards d’allégements fiscaux directement ciblés en faveur de l’oligarchie la plus concentrée dans le capital financier est si stupéfiant ! Et cela se produit la semaine ou deux fleurons de l’industrie française sont bradés, faisant apparaître l’incapacité absolue du capitalisme français de prendre en charge quoi que ce soit de l’intérêt collectif du pays. Car les chantiers de l’Atlantique sont mis en vente pour 80 millions avec un carnet de commande plein pour dix ans par exemple. Et le TGV pour bien peu également. Mais cela se fait dans l’indifférence absolue de ces millionnaires qui ont pourtant en France le record d’Europe de distribution des dividendes.
L’opinion est donc sous le double choc du sentiment d’un abus social et d’une humiliation nationale. Le pouvoir, qui croit sa propagande et la clameur des médias qui lui sont voués, ignore la profondeur du choc ainsi reçu. Il modifie pourtant les conditions dans lesquelles les gens se représentent la légitimité de ce pouvoir. En organisant nos casserolades, nous savions que nous organisions une « tenue de tranchée » entre deux vagues d’assaut. Les retours de terrain montrent une exaspération élargie. Les agressions sans pause contre nous ont également joué a plein leur rôle fédérateur pour fortifier la cohésion de notre espace politique. Mais surtout, il existe une prise de conscience populaire d’être agressés de tous les côtés à la fois. Elle se nourrit aussi des craquements qui s’observent dans les structures les plus traditionnelles qui font la stabilité de l’Etat. Ainsi quand les présidents de régions font sécession à la conférence des territoires, lorsque l’association des départements de France refuse de prendre place dans le plan d’économies gouvernementales, ou quand 2000 CRS se font porter malades et que le président de la République n’a plus de motards pour l’escorter à Marseille.
Je ne crois pas que l’intervention d’Edouard Philippe sur « France 2 » ait conforté l’image de stabilité du pouvoir en place. Aucun Premier ministre ne peut tenir sérieusement son rôle quand une photo le montre absent d’une séance de signature emblématique de la nouvelle politique en œuvre. Et encore moins s’il ne sait pas si son propre gouvernement soutien ou non un accord de libre échange aussi décisif que le CETA. Pourtant, deux jours plus tard, le ministre concerné jure ses grands dieux que l’accord sera approuvé et défendu bec et ongles. Que s’est-il passé entre deux ? Qui a décidé ? Plus tard dans l’échange, le Premier ministre ne tranche pas non plus s’il compte fermer ou non les réacteurs nucléaires en fin de vie quarantenaire. Pourtant Nicolas Hulot prétendait en fermer 19. Philippe se contente de dire que l’agence pour la sécurité du nucléaire donnera son avis le moment venu. Mais ce n’est pas le sujet. Encore une fois, la faiblesse ne vient pas de l’homme mais du système qu’il est censé représenter.
Dans ce système, l’hyper-présidentialisation affichée avec le discours du Congrès de Versailles la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre aura bien fonctionné comme un manifeste politique. Le Premier ministre, dans cette construction, n’est rien, et cela ne peut pas s’ignorer. Il était important pour moi d’en faire la démonstration par mes interpellations dans un face à face où il lui fut impossible de trouver un prétexte sur la forme de mon propos pour effacer mon message, comme d’habitude. On a vu que le Premier ministre était autant empêtré par sa situation que par sa politique.
Au total, mon diagnostic est que le bras de fer avec le pouvoir n’est pas tranché. La nouvelle donne syndicale et l’impact négatif du projet de budget sont à l’œuvre désormais. Le lâchage de dernière minute du PS qui décide d’entrer dans le combat complète l’isolement qu’il est nécessaire de construire autour du pouvoir macroniste. Il devrait creuser aussi les contradictions de ce parti à l’intérieur de ses groupes parlementaires lourdement divisés a propos du nouveau pouvoir. Que le pouvoir soit identifié à sa nature de droite libérale est une condition essentielle pour la suite de l’action et pour réunir les conditions de sa défaite politique le moment venu. Le tableau se met en place. Les opportunités de la lutte sont donc entières. Il n’y aura donc pas de cessez-le-feu.
Le résultat des élections législatives en Allemagne est un événement dont l’onde de choc n’est pas près de se disperser. Dans ce pays aussi, le dégagisme s’est exprimé. Naturellement, cela se passe dans les conditions d’un pays où l’amortisseur générationnel joue à plein pour amoindrir tous les tranchants : peu de jeunes, beaucoup de personnes âgées très conservatrices et apeurées.
Les deux partis pivots du système ont subi un énorme revers électoral. Ils sont descendus en dessous de leurs seuils historiquement les plus bas. S’agissant de la social-démocratie, la pente est continue, en phase avec la dégringolade générale dont le logiciel programmatique est devenu totalement obsolète.
La progression des petits partis est la forme essentielle d’expression du désaveu qui a touché les grands. Et l’extrême droite a fait sa percée. Tout est lié. Pourtant en Allemagne comme en France la caste dominante semble saisie de stupeur. Elle l’est là-bas comme ici parce qu’elle aussi a cru à sa propre propagande. La grande coalition de la droite et des sociaux-démocrates a permis d’obtenir de longues années de ce qu’ils appellent la « stabilité ». C’est-à-dire, en réalité, un verrouillage implacable interdisant toute expression indépendante des salariés dont les droits ont été méticuleusement piétinés pendant toute la période. Dans les mêmes conditions, ce pays de personnes âgées a vu se produire une hémorragie de 25 000 jeunes par an le quittant sans un mot de protestation publique. Il a vu sa population décliner, sa pollution augmenter, son industrie continuer à se concentrer dans quelques branches d’activités, son appel à l’immigration présenté comme le recours absolu à sa dépopulation, sans une pause pour en débattre.
Comme d’habitude, la grande coalition, appuyée sur un couvercle médiatique absolu, a pu penser qu’il n’y avait aucun désaccord. Et même qu’un grand consensus existait comme l’affirmaient les commentateurs français. Tout cela parce qu’il ne restait plus aucun espace de contestation possible. La caste a pu croire qu’elle n’en paierait donc jamais le prix. À présent, c’est une page toute nouvelle qui commence. Toutes les tares soigneusement masquées par la propagande enthousiaste de toute l’Europe vont apparaître au grand jour. D’abord celle qui concerne la faiblesse des équipements publics et des installations collectives de l’Allemagne comme résultat d’une politique aberrante de diminution du budget public et de refus d’investissement. Mais on va voir surtout quel mélange terrifiant donnera une population vieillie et craintive combinée à une population immense de pauvres et de salariés sous-payés.
L’extrême droite a fait une percée sur la question de l’immigration nous dit-on. C’est rarement aussi simple. En tout cas elle a fracassé le consensus que la droite et les sociaux-démocrates avaient répandu dans les têtes comme une drogue. L’immigration n’a pu prendre cette importance dans le débat qu’en raison de la violence du dénuement qui s’y trouve déjà et de l’opposition de chacun contre tous qui est la signature de ce type de situation.
À mes yeux, l’évidence est de retour : l’Allemagne va redevenir un sérieux problème pour l’Europe. Mais a-t-elle jamais cessé de l’être ? L’égoïsme de la caste dominante allemande est certainement le plus aigre et le plus violent de toute l’Europe. Le mauvais feuilleton de l’esprit dominateur de la caste en Allemagne a repris à la fin des années quatre-vingts avec l’annexion de l’Allemagne de l’Est par l’Ouest. Il a été payé un prix exorbitant partout Europe et d’abord par la France. Nous avons connu des années de taux d’intérêt exagérés du seul fait d’une décision allemande unilatérale d’annexer son voisin et de créer une parité monétaire absurde entre la monnaie circulant à l’Est et à l’ouest. Puis, sous l’autorité de Gerhard Schröder l’Allemagne s’est lancée dans une politique de déflation salariale qui lui a permis de cumuler sur le dos de tous ses partenaires des excédents commerciaux monstrueux. Après ces deux épisodes de très mauvais voisinage a commencé cette période terrible ou Merkel et Schäuble ont posé un talon de fer sur la gorge de tous les pays : la règle d’or et les politiques d’austérité publique.
L’inconscience et l’irresponsabilité des dirigeants français est la principale cause de ces comportements. En effet, les gouvernements allemands n’ont fait que défendre l’intérêt de leur pays compris au sens le plus étroit. Mais les dirigeants français étaient obnubilés par le fait que, grâce aux directives allemandes présentées comme des nécessités européennes, ils obtiendraient des reculs du salariat le plus résistant d’Europe : les Français. Ils ont donc tout cédé, tout abandonné et renforcé sans cesse l’arrogance du gouvernement allemand. Deux présidents français successifs ont donné ce très mauvais signal : Sarkozy avec le traité de Lisbonne après le vote « non » au référendum de 2005, François Hollande avec le traité budgétaire après avoir dit qu’il le renégocierait.
Lorsque j’ai publié mon livre Le Hareng de Bismarck, je fus accablé par les sarcasmes de la bonne société médiatico-politique. Ce serait de la germanophobie, Bla-Bla-Bla. L’infâme Cohn-Bendit prétendit même avoir lu sous ma plume le terme de « boche ». Ce fut une des premières manifestations de cette méthode qui sera ensuite généralisée. Un indigné de circonstance dit avoir lu ceci ou cela et toute la bande des bavards à gages sort de sa boîte pour hurler en cadence. S’agissant de l’Allemagne, c’est frappant. Tous ceux qui se sont risqués à une critique ont eu droit à ce traitement : Montebourg, Bartolone, combien d’autres autant que moi ?
Pendant ce temps, en Allemagne, les dirigeants et les journalistes ne se sont jamais privés d’injurier lourdement l’Europe du sud. Cela rajoute à la séduction que ces gros lourdauds exercent sur la caste française qui a pour coutume de regarder de haut le sud et les méridionaux en général. Ici, il est vrai que les couches profondes de la caste sont épaisses : aux traces ineffaçables de la collaboration s’ajoute la traditionnelle haine du peuple qui est un des apanages étranges de la germanophilie française. Celle-là même qui lui faisait dire « plutôt Hitler que le Front Populaire ». Haine dont on a vu qu’elle pouvait aller jusqu’au révisionnisme quand ceux-là nient le rôle de la résistance populaire dans la lutte contre les nazis comme ils viennent de le faire pour nous flétrir.
Comme on le sait dorénavant, Merkel doit composer une coalition pour pouvoir gouverner. Le SPD (PS) ne veut plus de la grande coalition. Mais cela n’a aucune importance. La disqualification de la « gauche » allemande est certes moins avancée que celle de la France, mais la pente est la même. Die Linke a échoué à apparaître comme une alternative tant soit peu crédible. Les anciens bureaucrates du PC de l’Allemagne de l’Est ont pesé de toutes leurs lourdeur et combines avec les sociaux-démocrates tout au long de la mandature et encore pendant la campagne électorale. Exactement comme au groupe GUE du Parlement européen, qu’ils étouffent aussi lourdement qu’à la tête du PGE, car dans ce domaine tout est à eux.
Le centre de gravité de la sphère politique officielle est donc lourdement ancré à droite. Mais le soubassement de la société a commencé sa fragmentation selon ses propres voies. Les forces politiques en présence n’en captent rien. C’est pourquoi l’extrême-droite a devant elle quelques belles années. En effet, elle assume sa compétition avec la droite elle-même sans s’embarquer dans des compétitions auto-bloquantes sur la gauche, comme cela fut pratiqué en France par le FN. Dès lors, la CDU-CSU va marcher sous le fouet et dans une surenchère à droite. Comme d’habitude, la caste française s’alignera. Plus que jamais ce sera cette « Europe Allemande » que seuls les Allemands ont le droit de montrer du doigt. Et l’Allemagne une nouvelle fois va rendre l’Europe imbuvable.
Pendant la campagne de l’élection présidentielle, j’ai proposé qu’existe une conférence permanente sur les frontières en Europe. À l’époque, le point de départ était la situation créée par l’adhésion de la Crimée à la Russie dans le cadre des événements de l’Ukraine. À l’époque, l’opinion de la caste était chauffée à blanc par le sentiment anti-russe. On ne pouvait parler de rien. Dans la mesure où j’avais été assimilé à un partisan de Vladimir Poutine, tout ce que je disais était immédiatement interprété dans la version la plus fantasque.
Bien sûr, depuis, la situation s’est bien stabilisée. Le gouvernement français et le président Macron ont pratiquement repris au mot près ce que je disais à propos des solutions à la situation en Syrie. La réception de Vladimir Poutine à Versailles est passée par là. Mais la question que je voulais poser demeure. Que fera-t-on en Europe quand des frontières bougent ? Assez stupidement, mes détracteurs de l’époque m’accusèrent de vouloir remettre en cause ces frontières. Naturellement, il n’en était rien. Puis je partais de l’idée que puisqu’elles avaient bougées, comme c’était le cas en Ukraine, alors la question se poserait de nouveaux à toute l’Europe. J’évoquais l’éventuelle sécession de l’Écosse et de la Catalogne, mais peut-être aussi demain de la Flandre et de la Wallonie. Depuis s’est ajouté la question de l’Irlande en raison du Brexit et du rétablissement de la frontière entre les deux Irlande. Et ainsi de suite.
La situation en Catalogne a ramené ma question sur le devant de la scène. On remarquera qu’elle se règle sans débat, par la force. L’Union européenne a dit qu’elle soutiendrait Madrid contre Barcelone. De son côté, la maire de Barcelone demande à l’Europe d’intervenir dans le litige. Naturellement, rien n’est prévu. On aurait tort de croire à une situation isolée. Naturellement la question de la Catalogne espagnole se pose dans les conditions particulières de l’Histoire de ce pays. Pour autant, selon moi, il est significatif que la crise éclate avec cette violence au moment où la mise en œuvre des directives européennes en Espagne ont tendu toutes les relations internes de ce pays. Autrement dit, les fractures actuelles repassent sur les vieilles cicatrices.
On aurait tort de croire qu’une telle configuration ne concerne que l’Espagne. On ne peut oublier qu’aux dernières élections législatives, le corps électoral en Corse a donné trois députés aux autonomistes sur quatre élus. Beaucoup d’esprits étroits oublient que l’Italie ou l’Allemagne sont des États-nations très récents. Et si l’on va vers les frontières de l’Est, on ne trouve que les Eurobéats français pour avoir oublié que la Slovaquie et la Tchéquie se sont séparées, d’une part, et, d’autre part, que l’interdiction d’enseigner dans une autre langue que l’ukrainien en Ukraine ne se contente pas de viser la minorité russe du Donbass mais également les Polonais, les Hongrois et quelques autres en Ukraine qui se vivent dorénavant comme des minorités opprimées.
C’est pourquoi j’écris de nouveau ces lignes. Le temps des polémiques et des injures absurdes inventées pour nuire dans une compétition électorale est dorénavant derrière nous. Peut-être peut-on à présent parler sérieusement d’un sujet qui finira par concerner la France, sa sécurité et son voisinage. S’il n’existe aucune voie pacifique proposée et encadrée par la communauté internationale, ces sortes de questions ne peuvent se régler autrement que par la force. Il n’y a pas d’entre-deux.
Poser la question, ce n’est pas souhaiter le problème, n’en déplaise à mes adversaires. Leur ignorance leur fait méconnaître que les accords d’Helsinki de 1975, toujours en vigueur, affirment que les frontières peuvent bouger dans le cadre d’un consentement des parties concernées. Ce consentement ne peut se constater sans que des règles aient été énoncées pour le vérifier. J’y reviens donc. Il existe un cadre commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE.
La question des frontières ne se limite pas aux aspects culturels du sujet. Elle implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs. Les générations dirigeantes actuelles n’ont aucune perception sérieuse sur le sujet. Le dernier événement dans ce domaine est considéré par eux comme un sujet exotique. L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. 400 000 personnes sont mortes dans cette aventure. N’est-il pas frappant que le président de la République n’en ait pas dit un mot dans cette étrange allocution de la Sorbonne ? Au contraire, il s’est engagé de façon plus aveuglée que jamais dans une vision d’intégration européenne anti-nationale. On l’a entendu plaider à la fois la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale, puis la disparition des commissaires européens « issus des grands pays » avant d’aboutir à une « défense européenne », liée a l’OTAN, des plus évaporées.
Pour ma part je n’oublie ni les permanences de l’Histoire, ni ce fait qu’elle a toujours été tragique en Europe. Il est temps de faire l’Histoire avant de se laisser défaire par elle.
142 commentaires
Chantal Seitiée
Merci M. Mélenchon de nous permettre, par vos savantes analyses politiques, de mettre de l’ordre dans nos esprits et nos idées politiques en bon ordre. La présidence « Macron » est, malheureusement, un passage obligé dans l’histoire de la France. Une trop grande partie de la classe moyenne des Français n’a, dit crûment, pas assez faim. Laisser le temps au temps, tout en agissant. Dommage. Malgré tout, je garde espoir en l’homme et aux nouvelles générations.
Luc Viel
Complètement d’accord. L’action passe aussi par le décryptage historique de notre situation actuelle. Comprendre comment et pourquoi une élite comme Macron a pu arriver au pouvoir, téléguidée depuis plusieurs années par un pool néolibéral, libère intellectuellement de la propagande en cours. Pour cela il faut faire l’effort de lire surtout et écouter (si possible) des « éclaireurs d’esprit », car il n’est plus guère de médias non inféodés à la pensée unique néolibérale. Par ailleurs, la faillite intellectuelle et stratégique de la gauche progressiste depuis Mitterrand qui a entériné la convergence du gauchisme culturel et du libéralisme nécessite de repenser en profondeur, qui à y mettre le temps, les fondements idéologiques et politiques d’un humanisme moderne. Et éviter ainsi une plongée : « dans un totalitarisme soft qui prend ses aises avec l’assentiment et le concours même des citoyens…* » (*) Bienvenue dans le pire des mondes de Natacha Polony.
Agd
Solidaires (union syndicale Solidaires) s’écrit donc avec un S majuscule et un s à la fin. Merci de donner dans vos écrits à cette jeune organisation syndicale « de lutte », grandissante et dont les militants sont trop souvent lourdement réprimés que ce soit dans les boîtes ou dans les manifs, les lettres qui lui appartiennent : Solidaires ! Les adhérents et militants sudistes et autres appartenant à cette organisation et qui sont amenés à vous lire apprécieront !
Une SUDiste ( Solidaires, Unitaire, Solidaires) de l’union syndicale Solidaires.
Deeplo
Merci Jean-Luc de rappeler inlassablement ces vérités sur l’Europe des riches, l’Allemagne des extrêmes, la faillite yougoslave et le scandale de l’OTAN etc. Dans le contexte actuel de propagande éhontée c’est nécessaire et on se sent moins seul à vous lire. J’attends avec impatience le contre-budget insoumis pour montrer à la population que l’on peut faire autrement. Cela va aussi déclencher pas mal de discussions qui permettront de prouver combien idéologiques et hors sols sont les politiques de Macron. Et pourquoi pas la même chose avec les amis de Podemos, de Die Linke, de Corbyn, Tsypras et autres ? Pourquoi pas un contre-budget européen qui montrerait la voie européenne des insoumis de plusieurs pays ? Qui montrerait la nécessité de changer radicalement les institutions, les traités, ou que seul le Plan B direct est tenable face à l’oligarchie et l’absence de démocratie européenne, mais aussi que nous voulons l’Europe ! Sociale, humaniste, progressiste, pacifiste.
DELORME Claude
Bonjour Jean Luc, je m’interroge ? « Faire l’histoire » ou voir ce qu’on peut faire dans cette histoire ? De même qu’il me semble que si « le contexte change », c’est aussi prendre la mesure que l’on ne fait pas une grève générale sur ordonnances. « Optimisme de la volonté » certes mais aussi « pessimisme de l’intelligence… ».
Bien à vous
DF
24h après l’attentat islamiste de Marseille je suis venu voir quelle était la réaction du député de Marseille Jean-Luc Mélenchon (pour qui j’ai voté aux présidentielles). Rien ! Ni sur le site de la France Insoumise. La seule information sur le sujet est la défense, le jour-même, par la députée FI D. Obono, des chauffeurs de bus islamistes qui refusent de prendre le volant « souillé » par une femme. Vous savez un de ces êtres impurs qu’il faut couvrir d’un sac de patates pour ne pas exciter la libido de ces gentils croyants. A moins qu’on me démontre le contraire, depuis Voltaire, « il faut écraser l’infâme », depuis la Révolution, chère à Jean-Luc Mélenchon et qui a séparé l’Eglise et l’Etat, depuis les combats des républicains du XIXe s., Gambetta « le cléricalisme, voilà l’ennemi », depuis la loi de 1905, la gauche a toujours combattu le fanatisme religieux. Combien faudra-t-il encore de morts, pour que les insoumis combattent sans fard l’islamofascisme qui sème tant de crimes.
Margenstern
Vous n’avez pas pris la peine d’écouter D. Obono interrogée à ce sujet sur BFMTV. Si on doit taxer de radicalisation (donc de pas vers le terrorisme, si je comprends bien) des attitudes religieuses qui font fi de l’évolution des sociétés, il faut alors considérer comme radicalisés les ultra-catholiques (les ultra-protestants dans d’autres pays, sans parler d’ultra-orhtodoxes un peu plus loin de chez nous) ou les ultra-israélites qui eux aussi, à leur façon, refusent l’évolution des sociétés et parfois recourent à la violences, même si jusqu’ici et heureusement, ils n’ont pas perpétré de meurtres. Un comportement sexiste d’origine religieuse (et il y en a beaucoup même dans notre pays et même chez ceux qui se considèrent Français de souche) n’est pas nécessairement un pas vers le terrorisme ou signe précurseur d’engagement terroriste. Il y a là un engrenage dans lequel il ne faut pas tomber.
Laurence Dechassey
Juste pour info, Mr Mélenchon a mis un twit hier. Mais ça n’a pas été relayé ailleurs.
mic leboo
Suite à ce message, je tombe de ma chaise en apprenant que D. Obono que nous avons investie et fait élire députée de la FI est proche des « indigènes de la république » (si j’en crois quelques citations wikipédia), organisation trés antilaique. J’ai du mal à comprendre, c’est le moins que je puisse dire. Pour moi, électeur de la FI les revendications telles que celles de ces chauffeurs de bus qui refusent de s’asseoir aprés des femmes ou autres délires ne doivent susciter qu’une réponse « la porte est ouverte » ! Le relativisme culturel, le code civil adapté à la charia, c’est non et non.
Michelle
La façon dont Danièle Obona a été interrogée était indigne de journalistes. Malherbes reposait sans cesse la question dans le but de faire dire à Danièle « tout homme dont on suppose qu’il est de confession musulmane et qui affiche des attitudes sexistes est un terroriste en puissance et doit donc être considéré comme suspect, voire coupable. » Danièle Obono a répondu de la seule façon sensée. Les médias n’arrêtent pas de dire « ne faites pas d’amalgame entre la religion musulmane et les terroristes islamistes ». Mais lorsqu’il s’agit d’interroger une(e) député(e) insoumis(e), il faudrait qu’il (elle) fasse cet amalgame. Ou est la logique? Doit-on interpréter chaque attitude jusqu’à l’excès? Cet homme cité dans l’exemple pourra être attaqué sur son sexisme puisqu’il n’est coupable que de sexisme.
Michelle
Tweet de Jean-Luc Mélenchon, le 1 octobre: « #Marseille pleure avec ses pauvres victimes. L’assassin aussi répugnant que ses motifs. »
Ninou
J’étais dans la marche et le meeting du 23/09, j’ai entendu les propos tenus, je m’y suis retrouvé, y compris quand fut dit que la rue avait chassée les nazis. J’ai à ce moment pensé à mon père, lieutenant parmi les FTP en Corrèze, la rue ce fut la prise de Tulle, ce furent les bois où il se cachait avec ses camarades d’où ils partaient pour harceler les forces nazies, ce furent les déraillements de trains qui transportaient du matériel devant servir l’occupant, ce furent les expéditions nocturnes pour plastifier les usines d’où sortait les pièces utiles aux allemands. Certes au début, ils n’étaient pas nombreux ces hommes et ses femmes, mais au fur et à mesure leurs rangs se sont gonflés. sans eux les forces alliées n’auraient peut-être pas pu débarquer et avancer. Oui, les rues, celles de Paris emmenées notamment par le colonel Rol Tanguy ont participé activement à la Libération. N’en déplaisent aux tenants d’un capitalisme qui à l’époque préférait Hitler au Front…
Pierre Pifpoche
Oui. Tout à fait ! Le colonel Henri Rol-Tanguy, notre camarade, est le symbole de la victoire de la rue en Ile-de-France, honoré par sa présence et sa signature de l’acte de reddition du colonel allemand Von Stoltitz, au côté du Maréchal Leclerc. Sans oublier que le tournant décisif de la seconde guerre mondiale, à savoir la bataille de Stalingrad, a été gagné par la rue également, et à quel prix en sang russe et soviétique ! Les débarquements alliés étaient impossibles sans préparation intérieure. Malgré les tous les freins déployés par Londres pour faciliter la lutte intérieure, le parachutage d’armes, les sabotages et l’insurrection. Mon père était navigateur bombardier dans l’aviation de Londres à cette époque. Et si Paris a pu être libéré, sans presque un coup de canon, en quelques heures, il ne faut pas y voir l’intervention d’un Harry Potter petit sorcier, mais plus simplement l’efficacité de toute la grande mobilisation populaire autour de ses organisations et…
Olivier Emery
Et n’en déplaise à Valls et Castaner et aux médias, De Gaulle y fait référence dans son discours du 25 août 1944 disponible dans les archives de l’INA. Ceci dit je pense que la présence de cette phrase et sa construction relève d’un coup de génie.
THIENNETTE
La situation Catalane, comme toute autre, ne peut se faire sans une analyse politico-historique. Le référendum est dû autant à l’agressivité de Madrid contre les couches populaires du pays, que de la crise de la droite catalane et de son rééquilibrage sur fond nationaliste. Ainsi, de manière confuse, les Catalans ont mélangé nationalisme et, de fait, lutte de classe. Le référendum en est l’expression.
Luna
Tilt ! Après lecture, ma vision de l’Europe s’est enrichie d’éléments nouveaux qui mettent en exergue les dangers qui guettent notre colosse (l’Europe) aux pieds d’argile. Comme si la carte « 1000 years of European borders change » allait s’animer à nouveau dans tous les sens. Merci Jean-Luc Mélenchon, c’est lucide et brillant (comme toujours).
Michelle Gué
Merci Jean-Luc pour cette brillante analyse politique, comme à ton habitude. Ton livre « Le Hareng de Bismarck » m’avait bien éclairée, bien que j’avais déjà compris le danger de « modèle allemand », chanté en louanges par nos dirigeants ! Ton analyse politique et sociologique confirme mon idée. Tu es un grand homme politique. Tu sèmes pour qu’adviennent les jours heureux. Merci.
felix miranda honeyman
Hâte de voir et avoir un média ou on pourra lire des nouvelles et des analyses comme ceux de Jean-Luc. Merci France Insoumise. Jusqu’à la victoire !
Hans Lejarec
Et avant « plutôt Hitler que le Front Populaire » il y avait eu le coûteux armistice aux frais du peuple Thiers pour pouvoir retourner ses soldats et massacrer les communards. Les traîtres aux pays sont dans la caste qui d’ailleurs poursuivant et fusionnant avec la domination par la « noblesse » se moque bien des états et des peuples. L’heure a sonné : choisis ton camp camarade !
Redon
Merci Mr Mélenchon pour ces éclaircissements qui sont les bienvenus. Mais qui peut me dire l’intérêt pour l’Europe d’être contre la séparation de la Catalogne alors qu’elle a été pour l’éclatement de la Yougoslavie ? Diviser c’est régner semblait être sa devise et plus il y aura de pays en Europe et plus le Capital pourra faire sa loi. Ou on nous ment encore une fois. De plus cette séparation issu du nationalisme n’est jamais de bonne augure, comme tout nationalisme qui s’impose et mène souvent à des situations fascisante.
Abehsera
Et oui, on la voit venir depuis longtemps pourtant cette situation, et on enfume le peuple avec d’autres sujets pour que ses yeux et ses oreilles ne fonctionnent que dans le sens des points de vues de certains dirigeants. Comme d’autres Insoumis, avant de rejoindre le mouvement, j’ai lu et relu le Hareng de Bismarck, et j’y ai retrouvé mon poins de vue quasi mot à mot, ma famille est aussi d’origine Espagnole, réfugiée à Larache, au sud de Tanger, Jean-Luc tu sais ou celà se trouve. Le changement de contexte nous éclaire et résume, longuement, la situation actuelle et nouvelle, je t’en remercie encore.
Marie Labat
Une note de blog remplie d’espoir (quant au mouvement social à venir). Merci !
Margenstern
Très belle analyse, Monsieur Jean-Luc Mélenchon. J’ai lu votre livre « Le hareng de Bismark » il y a assez longtemps. Ce livre est d’une actualité croissante si je puis dire. Chaque jour apporte la confirmation de ce que vous écriviez et qui s’avère pire, je le crains, que ce que nous redoutons. Il faut en prendre conscience. N’oublions pas que les Etats en Europe ont le pouvoir de refuser d’appliquer des directives européennes parce que la Commission Européenne n’a pas de force armée à leur opposer. C’est pour ça que la Commission veut une force armée européenne. Elle agite le chiffon rouge de la Russie pour faire croire à la nécessité d’une telle force. Si jamais elle l’obtient, elle la tournera contre les peuples, voire les Etats, qui ne voudront pas appliquer ses décisions. C’est aussi pour ça qu’il faut défendre mordicus notre souveraineté.
Dominique FILIPPI
Je ne crois pas valides la stratégie et la tactique FI . Nous anticipons trop sur l’état réel des prises de conscience et pour les accelerer nous versons vers le volontarisme, antichambre de l’aventurisme. Ces erreurs qui peuvent nous coûter cher sont imputables au fonctionnement peu démocratique de FI où la direction s’est autoproclamée tête pensante à partir du PG, petit parti de quelques milliers de membres. Ceci se retrouve tant au niveau national que local. Les groupes d’appui ne sont en aucune manière des instances délibératives de la politique suivie. C’est comme si les cellules du corps humain étaient déconnectées de celles du cerveau. Or le cerveau en question est issu de la culture PS mâtinée trotskiste qui laisse une place très importante à la théorie des minorités agissantes. Jean-Luc Mélenchon a dépassé cela, mais la croyance PS en la vertu du verbe et en la vertu tout court dans la conduite de l’action humaine est par trop présente d’où une tendance à faire de la politique une…
charlotte mourlhon
A part le verbe que vous utilisez que proposer comme action ?
BUD BUTLEY
De toute façon la presse nationale s’échine pour rien : les journaux nationaux sont bloqués depuis le début de la grève des transporteurs, du moins à Nice. Le Canard Enchaîné ne nous est pas parvenu, non plus. Est-ce qu’il y a des bonnes mains pour nous faire une service de presse ?
Rémy
Du haut de mes soixante cinq ans, en lisant cette note de blog, je viens de faire une remise à niveau sur la politique européenne. Merci pour cette brillante synthèse dont bien entendu aucun organe pesse français ne se fera l’écho ! A ce stade de l’analyse je me demande qui pourrait bien débattre sur le fond avec toi ?
Respect Jean Luc. Ne lâchons rien l’espoir nous accompagne.
Guy-Yves Ganier d'Emilion
Sur les allègements fiscaux au bénéfice de l’oligarchie financière. Comme on l’a encore entendu jeudi soir, le seul argument qui reste aux macronistes pour justifier leur politique vers les riches, c’est qu’elle favoriserait le retour des investisseurs, étant évident que ceux-ci ont fui le pays. Aucun commentateur médiatique ne semble jamais mettre en doute ce présupposé, alors que la situation est précisément l’inverse. La France reste la 2e destination européenne pour les investisseurs étrangers, et la 6e ou la 7e destination mondiale. L’attractivité de la France pour les IDE était d’ailleurs encore vantée dans un rapport de Business France signé en 2015 par… Muriel Pénicaud.
Brassard
Au risque de déplaire, j’ai trouvé le débat avec le 1er ministre Philippe, petit, souriant, presque conciliateur, costards cravates bien rangés.
america latina
Un peu convenu effectivement, toutefois le format de l’émission 20′ ne permettait sans doute pas à Jean Luc Mélenchon de faire autrement ayant été amené à faire passer le programme de l’avenir en commun en réponse aux réformes de ce gouvernement. Certainement qu’avec plus de temps Jean-Luc Mélenchon aurait été plus incisif et explicatif mettant plus en défaut les incohérences de son adversaire.
andreas Traumarbeiter
Disons qu’il y a un écart important entre le fond et la forme. Certes JL mélenchon a dit ce qu’il avait à dire, mais j’ai moi aussi le sentiment dérangeant de le voir transformé en une sorte d’ « amuseur public » par cette émission. Dans la forme, le discours du premier ministre se coulait admirablement dans celui de la télévision tout en poses, en sourire, en moment de réflexions, en sentimentalité, en émotion. Pour rompre le débit de ce discours, il aurais fallu un incident mais que gagnait-t-on à un incident ? Les médias ne relaient les critiques des insoumis sur le fond, mais sur la forme. Pas d’incidents leur permet de parler de « débat courtois », mais dans le cas contraire il n’auraient parlé que de l’incident. Une chose est certaine en fréquentant ce blog on pouvait revoir ce débat et aller au delà du flot de la parole et des apparences télévisuelles et retrouver le fond du débat. Je pense qu’il faut remercier Monsieur Mélenchon pour son travail d’analyse de la…