En quelques heures dans la dernière semaine de septembre, le contexte du bras de fer avec le pouvoir macroniste a changé de consistance. Un nouveau contexte se dessine. Certes, l’offensive générale se confirme côté pouvoir. Mais le champ de la résistance s’est élargi du fait même des conditions dans lesquelles ce pouvoir évolue. Pendant ce temps autour de nous en Europe, la roue de l’Histoire continue son chemin de déconstruction de l’ancien monde. Dans le tohu-bohu de l’affaire de la Catalogne barcelonaise se montre une nouvelle fois la puissance des mouvements tectoniques qui affectent le vieux continent et ne le lâcheront plus avant longtemps. Car l’aveuglement des dirigeants de « l’Europe qui protège » détruira la paix et les sociétés plus sûrement que n’importe quel « populisme ». Elle le fera en nourrissant des nationalismes hier éteints, et en jetant les uns contre les autres les peuples, les régions et les catégories sociales.
C’est une étrange semaine qui vient de s’écouler. La meute a bien écorné le message de notre marche du 23 septembre en fabriquant de toutes pièces un débat fumeux sur la place du peuple dans la Libération contre les nazis. Puis le lendemain, le mouvement des transporteurs routiers a été rudement réprimé. Le pouvoir s’est donc cru tiré d’affaire, malgré la marche réussie le 28 septembre des retraités. Il n’en est rien. La volatilité de la situation est restée la plus forte. Des évènements se sont précipités et ont renforcé le camp de la résistance.
Par exemple, et ce n’est pas rien, le front syndical a changé de configuration. Force ouvrière s’est installée dans l’opposition à l’ordonnance contre le code du travail. Les cadres de la CGE CFE de même. La CGT, FSU et solidaire ne sont donc pas isolés et confinés comme le croyait acquis l’équipe Macron. C’est donc une toute nouvelle configuration qui se présente. La période jusqu’à la loi d’habilitation de ces ordonnances qui devraient revenir devant le Parlement au mois de novembre ne sera donc pas un simple bouclage.
De notre côté, comme suite aux propositions présentées en conclusion de la marche du 23 septembre, le groupe parlementaire de la France insoumise a pris en charge l’initiative des contacts avec le mouvement social. Nous avons constitué une délégation pour rencontrer l’ensemble des organisations syndicales et leur proposer de nous appeler à une action commune de grande envergure. Les contacts sont pris. Les premières dates arrêtées.
Mais il est décisif d’observer surtout les changements du contexte. Le climat n’est plus celui dont avait besoin le pouvoir. Ce n’est ni l’enthousiasme du début parmi les assaillants ni la résignation attendue parmi les agressés. La nouvelle phase de l’action va rencontrer un nouveau contexte psychologique. C’est celui qui est créé par l’annonce du projet de budget de l’État et celui sur la Sécurité sociale.
La signature politique de ces deux documents est accablante. Il s’agit d’une surenchère antisociale caricaturale. La théorie du « ruissellement » est ici appliquée avec un aveuglement consternant. Offrir 4 milliards d’allégements fiscaux directement ciblés en faveur de l’oligarchie la plus concentrée dans le capital financier est si stupéfiant ! Et cela se produit la semaine ou deux fleurons de l’industrie française sont bradés, faisant apparaître l’incapacité absolue du capitalisme français de prendre en charge quoi que ce soit de l’intérêt collectif du pays. Car les chantiers de l’Atlantique sont mis en vente pour 80 millions avec un carnet de commande plein pour dix ans par exemple. Et le TGV pour bien peu également. Mais cela se fait dans l’indifférence absolue de ces millionnaires qui ont pourtant en France le record d’Europe de distribution des dividendes.
L’opinion est donc sous le double choc du sentiment d’un abus social et d’une humiliation nationale. Le pouvoir, qui croit sa propagande et la clameur des médias qui lui sont voués, ignore la profondeur du choc ainsi reçu. Il modifie pourtant les conditions dans lesquelles les gens se représentent la légitimité de ce pouvoir. En organisant nos casserolades, nous savions que nous organisions une « tenue de tranchée » entre deux vagues d’assaut. Les retours de terrain montrent une exaspération élargie. Les agressions sans pause contre nous ont également joué a plein leur rôle fédérateur pour fortifier la cohésion de notre espace politique. Mais surtout, il existe une prise de conscience populaire d’être agressés de tous les côtés à la fois. Elle se nourrit aussi des craquements qui s’observent dans les structures les plus traditionnelles qui font la stabilité de l’Etat. Ainsi quand les présidents de régions font sécession à la conférence des territoires, lorsque l’association des départements de France refuse de prendre place dans le plan d’économies gouvernementales, ou quand 2000 CRS se font porter malades et que le président de la République n’a plus de motards pour l’escorter à Marseille.
Je ne crois pas que l’intervention d’Edouard Philippe sur « France 2 » ait conforté l’image de stabilité du pouvoir en place. Aucun Premier ministre ne peut tenir sérieusement son rôle quand une photo le montre absent d’une séance de signature emblématique de la nouvelle politique en œuvre. Et encore moins s’il ne sait pas si son propre gouvernement soutien ou non un accord de libre échange aussi décisif que le CETA. Pourtant, deux jours plus tard, le ministre concerné jure ses grands dieux que l’accord sera approuvé et défendu bec et ongles. Que s’est-il passé entre deux ? Qui a décidé ? Plus tard dans l’échange, le Premier ministre ne tranche pas non plus s’il compte fermer ou non les réacteurs nucléaires en fin de vie quarantenaire. Pourtant Nicolas Hulot prétendait en fermer 19. Philippe se contente de dire que l’agence pour la sécurité du nucléaire donnera son avis le moment venu. Mais ce n’est pas le sujet. Encore une fois, la faiblesse ne vient pas de l’homme mais du système qu’il est censé représenter.
Dans ce système, l’hyper-présidentialisation affichée avec le discours du Congrès de Versailles la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre aura bien fonctionné comme un manifeste politique. Le Premier ministre, dans cette construction, n’est rien, et cela ne peut pas s’ignorer. Il était important pour moi d’en faire la démonstration par mes interpellations dans un face à face où il lui fut impossible de trouver un prétexte sur la forme de mon propos pour effacer mon message, comme d’habitude. On a vu que le Premier ministre était autant empêtré par sa situation que par sa politique.
Au total, mon diagnostic est que le bras de fer avec le pouvoir n’est pas tranché. La nouvelle donne syndicale et l’impact négatif du projet de budget sont à l’œuvre désormais. Le lâchage de dernière minute du PS qui décide d’entrer dans le combat complète l’isolement qu’il est nécessaire de construire autour du pouvoir macroniste. Il devrait creuser aussi les contradictions de ce parti à l’intérieur de ses groupes parlementaires lourdement divisés a propos du nouveau pouvoir. Que le pouvoir soit identifié à sa nature de droite libérale est une condition essentielle pour la suite de l’action et pour réunir les conditions de sa défaite politique le moment venu. Le tableau se met en place. Les opportunités de la lutte sont donc entières. Il n’y aura donc pas de cessez-le-feu.
Le résultat des élections législatives en Allemagne est un événement dont l’onde de choc n’est pas près de se disperser. Dans ce pays aussi, le dégagisme s’est exprimé. Naturellement, cela se passe dans les conditions d’un pays où l’amortisseur générationnel joue à plein pour amoindrir tous les tranchants : peu de jeunes, beaucoup de personnes âgées très conservatrices et apeurées.
Les deux partis pivots du système ont subi un énorme revers électoral. Ils sont descendus en dessous de leurs seuils historiquement les plus bas. S’agissant de la social-démocratie, la pente est continue, en phase avec la dégringolade générale dont le logiciel programmatique est devenu totalement obsolète.
La progression des petits partis est la forme essentielle d’expression du désaveu qui a touché les grands. Et l’extrême droite a fait sa percée. Tout est lié. Pourtant en Allemagne comme en France la caste dominante semble saisie de stupeur. Elle l’est là-bas comme ici parce qu’elle aussi a cru à sa propre propagande. La grande coalition de la droite et des sociaux-démocrates a permis d’obtenir de longues années de ce qu’ils appellent la « stabilité ». C’est-à-dire, en réalité, un verrouillage implacable interdisant toute expression indépendante des salariés dont les droits ont été méticuleusement piétinés pendant toute la période. Dans les mêmes conditions, ce pays de personnes âgées a vu se produire une hémorragie de 25 000 jeunes par an le quittant sans un mot de protestation publique. Il a vu sa population décliner, sa pollution augmenter, son industrie continuer à se concentrer dans quelques branches d’activités, son appel à l’immigration présenté comme le recours absolu à sa dépopulation, sans une pause pour en débattre.
Comme d’habitude, la grande coalition, appuyée sur un couvercle médiatique absolu, a pu penser qu’il n’y avait aucun désaccord. Et même qu’un grand consensus existait comme l’affirmaient les commentateurs français. Tout cela parce qu’il ne restait plus aucun espace de contestation possible. La caste a pu croire qu’elle n’en paierait donc jamais le prix. À présent, c’est une page toute nouvelle qui commence. Toutes les tares soigneusement masquées par la propagande enthousiaste de toute l’Europe vont apparaître au grand jour. D’abord celle qui concerne la faiblesse des équipements publics et des installations collectives de l’Allemagne comme résultat d’une politique aberrante de diminution du budget public et de refus d’investissement. Mais on va voir surtout quel mélange terrifiant donnera une population vieillie et craintive combinée à une population immense de pauvres et de salariés sous-payés.
L’extrême droite a fait une percée sur la question de l’immigration nous dit-on. C’est rarement aussi simple. En tout cas elle a fracassé le consensus que la droite et les sociaux-démocrates avaient répandu dans les têtes comme une drogue. L’immigration n’a pu prendre cette importance dans le débat qu’en raison de la violence du dénuement qui s’y trouve déjà et de l’opposition de chacun contre tous qui est la signature de ce type de situation.
À mes yeux, l’évidence est de retour : l’Allemagne va redevenir un sérieux problème pour l’Europe. Mais a-t-elle jamais cessé de l’être ? L’égoïsme de la caste dominante allemande est certainement le plus aigre et le plus violent de toute l’Europe. Le mauvais feuilleton de l’esprit dominateur de la caste en Allemagne a repris à la fin des années quatre-vingts avec l’annexion de l’Allemagne de l’Est par l’Ouest. Il a été payé un prix exorbitant partout Europe et d’abord par la France. Nous avons connu des années de taux d’intérêt exagérés du seul fait d’une décision allemande unilatérale d’annexer son voisin et de créer une parité monétaire absurde entre la monnaie circulant à l’Est et à l’ouest. Puis, sous l’autorité de Gerhard Schröder l’Allemagne s’est lancée dans une politique de déflation salariale qui lui a permis de cumuler sur le dos de tous ses partenaires des excédents commerciaux monstrueux. Après ces deux épisodes de très mauvais voisinage a commencé cette période terrible ou Merkel et Schäuble ont posé un talon de fer sur la gorge de tous les pays : la règle d’or et les politiques d’austérité publique.
L’inconscience et l’irresponsabilité des dirigeants français est la principale cause de ces comportements. En effet, les gouvernements allemands n’ont fait que défendre l’intérêt de leur pays compris au sens le plus étroit. Mais les dirigeants français étaient obnubilés par le fait que, grâce aux directives allemandes présentées comme des nécessités européennes, ils obtiendraient des reculs du salariat le plus résistant d’Europe : les Français. Ils ont donc tout cédé, tout abandonné et renforcé sans cesse l’arrogance du gouvernement allemand. Deux présidents français successifs ont donné ce très mauvais signal : Sarkozy avec le traité de Lisbonne après le vote « non » au référendum de 2005, François Hollande avec le traité budgétaire après avoir dit qu’il le renégocierait.
Lorsque j’ai publié mon livre Le Hareng de Bismarck, je fus accablé par les sarcasmes de la bonne société médiatico-politique. Ce serait de la germanophobie, Bla-Bla-Bla. L’infâme Cohn-Bendit prétendit même avoir lu sous ma plume le terme de « boche ». Ce fut une des premières manifestations de cette méthode qui sera ensuite généralisée. Un indigné de circonstance dit avoir lu ceci ou cela et toute la bande des bavards à gages sort de sa boîte pour hurler en cadence. S’agissant de l’Allemagne, c’est frappant. Tous ceux qui se sont risqués à une critique ont eu droit à ce traitement : Montebourg, Bartolone, combien d’autres autant que moi ?
Pendant ce temps, en Allemagne, les dirigeants et les journalistes ne se sont jamais privés d’injurier lourdement l’Europe du sud. Cela rajoute à la séduction que ces gros lourdauds exercent sur la caste française qui a pour coutume de regarder de haut le sud et les méridionaux en général. Ici, il est vrai que les couches profondes de la caste sont épaisses : aux traces ineffaçables de la collaboration s’ajoute la traditionnelle haine du peuple qui est un des apanages étranges de la germanophilie française. Celle-là même qui lui faisait dire « plutôt Hitler que le Front Populaire ». Haine dont on a vu qu’elle pouvait aller jusqu’au révisionnisme quand ceux-là nient le rôle de la résistance populaire dans la lutte contre les nazis comme ils viennent de le faire pour nous flétrir.
Comme on le sait dorénavant, Merkel doit composer une coalition pour pouvoir gouverner. Le SPD (PS) ne veut plus de la grande coalition. Mais cela n’a aucune importance. La disqualification de la « gauche » allemande est certes moins avancée que celle de la France, mais la pente est la même. Die Linke a échoué à apparaître comme une alternative tant soit peu crédible. Les anciens bureaucrates du PC de l’Allemagne de l’Est ont pesé de toutes leurs lourdeur et combines avec les sociaux-démocrates tout au long de la mandature et encore pendant la campagne électorale. Exactement comme au groupe GUE du Parlement européen, qu’ils étouffent aussi lourdement qu’à la tête du PGE, car dans ce domaine tout est à eux.
Le centre de gravité de la sphère politique officielle est donc lourdement ancré à droite. Mais le soubassement de la société a commencé sa fragmentation selon ses propres voies. Les forces politiques en présence n’en captent rien. C’est pourquoi l’extrême-droite a devant elle quelques belles années. En effet, elle assume sa compétition avec la droite elle-même sans s’embarquer dans des compétitions auto-bloquantes sur la gauche, comme cela fut pratiqué en France par le FN. Dès lors, la CDU-CSU va marcher sous le fouet et dans une surenchère à droite. Comme d’habitude, la caste française s’alignera. Plus que jamais ce sera cette « Europe Allemande » que seuls les Allemands ont le droit de montrer du doigt. Et l’Allemagne une nouvelle fois va rendre l’Europe imbuvable.
Pendant la campagne de l’élection présidentielle, j’ai proposé qu’existe une conférence permanente sur les frontières en Europe. À l’époque, le point de départ était la situation créée par l’adhésion de la Crimée à la Russie dans le cadre des événements de l’Ukraine. À l’époque, l’opinion de la caste était chauffée à blanc par le sentiment anti-russe. On ne pouvait parler de rien. Dans la mesure où j’avais été assimilé à un partisan de Vladimir Poutine, tout ce que je disais était immédiatement interprété dans la version la plus fantasque.
Bien sûr, depuis, la situation s’est bien stabilisée. Le gouvernement français et le président Macron ont pratiquement repris au mot près ce que je disais à propos des solutions à la situation en Syrie. La réception de Vladimir Poutine à Versailles est passée par là. Mais la question que je voulais poser demeure. Que fera-t-on en Europe quand des frontières bougent ? Assez stupidement, mes détracteurs de l’époque m’accusèrent de vouloir remettre en cause ces frontières. Naturellement, il n’en était rien. Puis je partais de l’idée que puisqu’elles avaient bougées, comme c’était le cas en Ukraine, alors la question se poserait de nouveaux à toute l’Europe. J’évoquais l’éventuelle sécession de l’Écosse et de la Catalogne, mais peut-être aussi demain de la Flandre et de la Wallonie. Depuis s’est ajouté la question de l’Irlande en raison du Brexit et du rétablissement de la frontière entre les deux Irlande. Et ainsi de suite.
La situation en Catalogne a ramené ma question sur le devant de la scène. On remarquera qu’elle se règle sans débat, par la force. L’Union européenne a dit qu’elle soutiendrait Madrid contre Barcelone. De son côté, la maire de Barcelone demande à l’Europe d’intervenir dans le litige. Naturellement, rien n’est prévu. On aurait tort de croire à une situation isolée. Naturellement la question de la Catalogne espagnole se pose dans les conditions particulières de l’Histoire de ce pays. Pour autant, selon moi, il est significatif que la crise éclate avec cette violence au moment où la mise en œuvre des directives européennes en Espagne ont tendu toutes les relations internes de ce pays. Autrement dit, les fractures actuelles repassent sur les vieilles cicatrices.
On aurait tort de croire qu’une telle configuration ne concerne que l’Espagne. On ne peut oublier qu’aux dernières élections législatives, le corps électoral en Corse a donné trois députés aux autonomistes sur quatre élus. Beaucoup d’esprits étroits oublient que l’Italie ou l’Allemagne sont des États-nations très récents. Et si l’on va vers les frontières de l’Est, on ne trouve que les Eurobéats français pour avoir oublié que la Slovaquie et la Tchéquie se sont séparées, d’une part, et, d’autre part, que l’interdiction d’enseigner dans une autre langue que l’ukrainien en Ukraine ne se contente pas de viser la minorité russe du Donbass mais également les Polonais, les Hongrois et quelques autres en Ukraine qui se vivent dorénavant comme des minorités opprimées.
C’est pourquoi j’écris de nouveau ces lignes. Le temps des polémiques et des injures absurdes inventées pour nuire dans une compétition électorale est dorénavant derrière nous. Peut-être peut-on à présent parler sérieusement d’un sujet qui finira par concerner la France, sa sécurité et son voisinage. S’il n’existe aucune voie pacifique proposée et encadrée par la communauté internationale, ces sortes de questions ne peuvent se régler autrement que par la force. Il n’y a pas d’entre-deux.
Poser la question, ce n’est pas souhaiter le problème, n’en déplaise à mes adversaires. Leur ignorance leur fait méconnaître que les accords d’Helsinki de 1975, toujours en vigueur, affirment que les frontières peuvent bouger dans le cadre d’un consentement des parties concernées. Ce consentement ne peut se constater sans que des règles aient été énoncées pour le vérifier. J’y reviens donc. Il existe un cadre commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE.
La question des frontières ne se limite pas aux aspects culturels du sujet. Elle implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs. Les générations dirigeantes actuelles n’ont aucune perception sérieuse sur le sujet. Le dernier événement dans ce domaine est considéré par eux comme un sujet exotique. L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. 400 000 personnes sont mortes dans cette aventure. N’est-il pas frappant que le président de la République n’en ait pas dit un mot dans cette étrange allocution de la Sorbonne ? Au contraire, il s’est engagé de façon plus aveuglée que jamais dans une vision d’intégration européenne anti-nationale. On l’a entendu plaider à la fois la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale, puis la disparition des commissaires européens « issus des grands pays » avant d’aboutir à une « défense européenne », liée a l’OTAN, des plus évaporées.
Pour ma part je n’oublie ni les permanences de l’Histoire, ni ce fait qu’elle a toujours été tragique en Europe. Il est temps de faire l’Histoire avant de se laisser défaire par elle.
142 commentaires
Guy NUBER
Je reviens sur le débat avec le PM. Ce dernier ne manque pas d’air, il dit d’ailleurs « assumer » les mesures en faveur des très riches et la baisse des APL pour la bonne raison dit-il qu’en votant pour Macron le peuple leur a donné mandat pour cela puisque c’était inscrit dans leur programme. Le refus de M. Mélenchon d’appeler au vote Macron au soir du 1er tour l’a plongé dans une tristesse extrême qui se lisait sur son visage. M. Mélenchon a commis une faute contre l’esprit républicain en n’approuvant pas avec enthousiasme le programme Macron ! Eh oui.
Olivier Emery
Je crois avoir remarqué un changement dans les réponses depuis l’interview chez J.J. Bourdin. On est passé de « Je ne sais pas » à « C’est faux ». Il parait évident que ce premier ministre est parfaitement au fait du programme qu’il est censé conduire.
Croa
Il semblerait que certains aient intérêt à mettre le bazar en Europe. Dans les manifs catalanes les slogans sont plus souvent en anglais qu’en catalan. Ces manifs seraient-elles noyautés par des activistes ? Certainement s’il y a de l’argent derrière ! Je pense qu’il y aurait lieu de s’en inquiéter, non ?
Jean-Paul B.
La Corse il est vrai s’est offert 3 députés « nationalistes » et 1 LR. Mais il faut analyser plus finement ce résultat en prenant en compte le rapport nombre de voix obtenues/nombre d’inscrits, car en observant ces données, on constate que ces 3 élus ont recueilli respectivement 27,70%, 28,75% et 32,29% des inscrits, soit entre 1/4 et 1/3 du corps électoral. C’est un beau résultat certes, mais qui ne préjuge en rien la réponse du corps électoral corse si demain la question de la séparation d’avec la France lui était posée par référendum comme en Catalogne. L’élection de ces trois députés « nationalistes » corses est le résultat du rejet des moeurs politiques des caciques qui dominent héréditairement la vie publique en Corse depuis plusieurs décennies. Les poursuites judiciaires début 2016 d’un sénateur PRG par le PNF et la condamnation fin 2016 de l’ancien Président PRG du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale et ancien député, ont achevé de « dégoûter » nombre de…
Eric Lachery
Bonsoir, Mr Mélenchon et bravo à votre action, à vos convictions et à vos anayses. Un grand merci à vous. Je passe à l’action les gouttes d’eau débordent du vase.
Laurent F.
Bonsoir Mr Melenchon,
Heureusement que vous êtes présent pour analyser cette complexité incroyable. N’en déplaise à tous vos censeurs pathétiques, vous êtes avec les insoumis les derniers défenseurs de notre république laïque, démocratique et fraternelle et bientôt écologique. Notre seul avenir commun.
Da silva caroline
Il est temps de refaire la prise de la Bastille ! Qu’attendons nous ?
Noëlle M
J’ai, personnellement, beaucoup apprécié votre ton (et votre argumentation, bien sûr) lors du « débat » face à l’insignifiant 1er ministre (même si je me retrouve dans vos habituels et salutaires coups de gueule généralement bien fondés). Je ne doute pas que la polémique autour de l’utilisation du mot « nazi » était prévue par vous-même et votre équipe de com’ mais je m’interroge désormais sur la nécessité de cette forme caricaturale (qui semble avoir fait long feu) de monopolisation des médias…
Arnaud R
Cinq ans, ça va etre long et il ne restera qu un champs de ruines ! Encore une fois ce sera « un coup trop tard ». Mitterrand en 74 au lieu de 81, ça aurait tout changé. Mélenchon et la 6ème en 2022 ça sera un coup trop tard !
gerlub
Le problème catalan réside presque exclusivement dans l’impéritie de la droite espagnole. Pourquoi ont-ils abrogé, en 2010, le statut qui avait été obtenu par cette communauté autonome 4 ans plus tôt ? et qui correspondait avec ce qui existe déjà au Pays Basque espagnol ? Selon moi simplement par souci d’humiliation. Et voilà le résultat qu’ils ont obtenu. Après le 1er octobre, les dissensions entre Madrid et Barcelone se sont encore accrues et peut-être de manière durable, ce qui n’est souhaitable pour personne. Vous remarquerez que la médiacratie a crié à l’illégalité pour l’organisation du référendum catalan, chose qu’elle n’avait pas faite pour le Vénézuela où il s’agissait d’un acte de « démocratie » de la part de l’opposition de ce pays. Seulement le président Maduro a su répondre avec intelligence à ce défi. Intelligence dont ne dispose pas Rajoy !
Jean-Charles
Le statut n’a pas été totalement abrogé. Seuls 13 articles sur les 294 que compte le statut ont été supprimés par le tribunal constitutionnel, sur la reconnaissance notamment des Catalans comme nation, ce que réclament les Corses chez nous et que nous leur refusons. Les Catalans d’ailleurs n’étaient pas demandeurs au départ de cette révision. C’est Zapatero qui en a été l’initiateur et ouvert ainsi la boite de Pandore. Et puis Rajoy a fini de mettre le feu aux poudres. Aujourd’hui, le combat politique n’est pas dans la carabistouille d’Iglesias ou Colau avec les indépendantistes pour faire tomber Rajoy ou sauver la mairie de Barcelone, il est dans la clarification des positionnements et la dénonciation de l’idéologie nationaliste, laquelle dans son narcissisme identitaire et son victimisme atavique est facteur de division de la société catalane voire de guerre civile.
Diane
Moi je vois dans la Catalogne aussi, un pays qui veut devenir une République, pour en finir avec la monarchie d’un autre temps, dont l’Espagne ne peut se dépêtrer depuis la guerre civile de 1936.
raynaud
En Espagne, le parti popular revient très vite aux réflexes franquistes. Pour voir les images de la répression du 1er octobre, il faut regarder Télésur ou RT. Parmi les nombreuses images diffusées par ces chaines TV on ne voit pas une seule personne lever la main sur les Forces de l’ordre qui, elles, frappent indistinctement hommes, femmes, personnes âgées, une femme est trainée dans les escaliers tout en lui cassant méthodiquement les doigts de la main gauche l’un après l’autre et en lui palpant les seins etc. Il n’y a jamais eu l’équivalent d’un jugement de Nuremberg en Espagne ni la restitution des biens et propriétés volés et voilà le résultat et pourtant on s’est empressé de faire rentrer ce pays dans l’Europe (de la finance).
Jean-Charles
La femme aux doigts soit disant méthodiquement cassés par la police a finalement reconnu sur TV3, la télé de la Generalitat, qu’elle ne souffrait que d’une inflammation à l’un des doigts. De même, la personne âgée, à la tête maculée de sang, a confessé avoir été déplacée par les gardes civiles et assise à terre, et que sa blessure est survenue ensuite en se cognant la tête contre une marche dans la mêlée générale. Il y a eu également des photos sur les réseaux sociaux montrant des visages ensanglantés remontant en fait à des manifs contre leur loi travail réprimées en 2012 par les mosos à qui on offrait cette fois des fleurs dans un remake bidon de la révolution des oeillets. Les indépendantistes ont également annoncé la mort d’un homme à Lleida suite à un arrêt cardiaque, info qui s’est révélée être un fake. Et ainsi de suite…
Je ne dis pas cela pour exonérer la police des violences commises mais pour rétablir les faits. Et ne pas se voir instrumentalisés par la propagande.
HEMMEN Jean Piierre
Votre réflexion est intéressante, bien que la question de la sortie indispensable de l’Europe capitaliste avec ses conséquences positives pour une « 6° république » démocratique, sociale et par conséquence écologique ne soit qu’effleurée. Et puis pourquoi dans les « sites amis » ne pas faire apparaître le PRCF – Initiative Communiste, qui vous a clairement et sans compromission soutenu dans la bataille des présidentielles ? JP Hemmen, directeur politique d’ÉtincelleS revue théorique du PRCF.
Adrien
Bougeons-nous, rééduquons nos voisins à la hauteur de notre « phare » de l’équipe Insoumise sous la bannière de JL Mélenchon, un très grand visionnaire au destin futur espéré pour notre peuple. L’eau de ruissellement est tellement acide qu’il est temps de la tarir en libérant la source. Merci, un grand merci aux visions géopolitiques tellement précises de JL Mélenchon qui se confirment au fil du temps. On ne lâche rien.
al
Ça commence à tourner au culte de la personnalité. Attention, pas de sauveur suprême !
Adrien
Non je ne suis pas « envouté », mais je reconnais à JL Mélenchon son charisme, et surtout son abnégation à résister contre vents et marées tous azimuts, d’avoir aussi évolué en particulier sur l’environnement, d’avoir su fédérer toute une équipe, qui a continué dans cette progression de concertation pour aboutir à la France Insoumise et quadriller tout le territoire de cette toile qui ne demande qu’à s’agrandir toujours plus et j’en fais partie à modeste tâche.
Rémy ROLAND
Bon, Jean-Luc, qu’est-ce que c’est que ce débat avec le premier ministre ? C’est plus animé quand mes deux voisines de 87 et 89 ans prennent le thé. Tu avais en face de toi un des architectes de la déconstruction programmée de notre nation et Lenglet à été plus incisif que toi. Un comble ! J’espère qu’il s’agit seulement d’un coup de mou provisoire et pas des premières atteintes de la tsiprasite.
Très cordialement.
Michel 65
L’analyse faite par JL Mélenchon sur la situation en Catalogne me paraît bien mince. Il faut que nous soyons présent, de manière plus argumentée, sur ce dossier. Il interpelle particulièrement notre mouvement sur les questions de constitution / constituante, souveraineté / frontières, peuple / carcan européen, démocratie / identité.
Invisible
Il y a des jours, on aimerait dire « on arrête tout et on réfléchit ». Sur la Catalogne, laisser retomber la fièvre. Sur le ton à employer avec mister Eduard Philipp dit le mol, on ne sait plus ! Et même François Ruffin arrive à ne plus savoir comment exprimer son juste courroux, rester lui-même tout en passant pas pour un exalté gauchiste. Raquel risque la contagion du monde mondain de la TV et de perdre son énergie et son mordant, de se disperser. On ne sait plus ce qu’il convient de faire. 50 exploitants agricoles de la Beauce obtiennent davantage en se roulant dans la paille à la nuit tombée sur les Champs Elysées bien mieux qui si nous y allons à 1M nous réunir fraternellement. Comment rester simplement fermes et prolétaires, concrets et pas vissés dans des téléphones portables à cocher des pouces bleus ?
gelmad
@ Jean-Charles
« Le statut n’a pas été totalement abrogé. Seuls 13 articles sur les 294 que compte le statut ont été supprimés par le tribunal constitutionnel…. »
Oui, dont le fameux équivalent du « cupo » basque ! Ce qui n’est pas rien et qui était revendiqué par les catalans depuis longtemps et qui était, probablement, l’article le plus important des 294 !
Christiancqfd
La théorie du populisme de gauche me semble à côté de la réalité de la lutte de classe. Pointer un adversaire (le 1%) face à un peuple imaginé (les 99%) ne correspond à rien dans le concret. Si la classe dominante tient malgré les tensions, le rôle de ses relais est essentiel : syndicats, cadres d’entreprises, Écoles d’ingénieurs, de commerce, journalistes, retraités aisés… En bref tout ceux qui tirent leur épingle du jeu libéral ou qui pensent pouvoir le faire. Le peuple ce n’est personne. Seule l’action concrète détermine les acteurs.
Sylvain
Une fois de plus je lis un de vos billets M. Mélenchon et je suis frappé par votre volonté de remettre les choses en perspective, de nous amener à réfléchir et à nous renseigner. Merci donc. L’antithèse absolue du projet politique de l’extrême-centre macronien, qui a tout intérêt à bénéficier d’une masse (illusoire), inerte, non informée, gourmande en phrases-slogans qui cachent un massacre social sans précédent.
D’autre part étant Calédonien et attaché au respect de la volonté du peuple kanak lors des enjeux qui approchent (referendum en novembre 2018), je suis très heureux de lire que vous pourriez faire partie de la commission à l’Assemblée Nationale chargée du dossier, beaucoup moins de la nomination d’une girouette à sa direction, ancien premier ministre qui n’a pas fait preuve d’une grande acuité lors de sa gestion des enjeux là-bas.
gilles
A propos des luttes sociales et de la culture qu’a le peuple à se mobiliser selon Jean-Luc Mélenchon, je crois qu’il oublie une chose dans ses analyses. Autant cela pouvait être vrai dans les années antérieures (on dira jusqu’à la fin des années 80), autant cela me paraît beaucoup moins évident maintenant. Je tente une explication mais peut-être que quelqu’un trouvera d’autres arguments. Auparavant donc, le peuple français et les « prolos » en général, avaient la mémoire des luttes précédentes, une connaissance historique et une certaine culture donc. Autant maintenant, ce même peuple, moins homogène (travailleurs jeunes, travailleurs détachés, travailleurs étrangers), n’a plus la même culture historique et se mobilise beaucoup moins. Par exemple, il est sidérant de voir qu’une grosse proportion de travailleurs âgés de 30/35 ans ne s’intéresse pratiquement qu’aux résultats du foot et ait une connaissance plus que limitée de la réalité sociale du pays. Le combat va être…
pichenette
Certes il faut continuer à se battre sur le plan politique en dénonçant la casse sociétale qui passe au rouleau compresseur tous les pans de la société mais valorise le virtuel (combien coûte le logiciel Louvois qui est un fiasco pour la paie des militaires ?), les audits privés, l’emprise très coûteuse du privé dans le public hôpitaux, universités, sans citer le saccage du code du travail qui avilit le travailleur. Mais il faudrait aussi créer des voies de « survie » parallèles, soutenir les coopératives qui existent, en créer, mêmes très petites pour que des gens s’impliquent dans des projets, faire vivre une autre France parallèle belle et rebelle. Bravo pour le travail exemplaire des députés insoumis !
Sari Bernard
« Mais il faudrait aussi créer des voies de « survie » parallèles, soutenir les coopératives qui existent, en créer, mêmes très petites pour que des gens s’impliquent dans des projets, faire vivre une autre France parallèle belle et rebelle. Bravo pour le travail exemplaire des députés insoumis ! ».
Si les députés portent de manière résolue la voix des Insoumis, il reste pour les autres tout aussi résolument engagés, à s’investir dans la création d’une « société contre ». Contre celle qu’il faut nécessairement abolir. C’est la tâche et la nécessité à l’ordre du jour. A chacune et chacun ce qu’elle, il, peut faire.