En quelques heures dans la dernière semaine de septembre, le contexte du bras de fer avec le pouvoir macroniste a changé de consistance. Un nouveau contexte se dessine. Certes, l’offensive générale se confirme côté pouvoir. Mais le champ de la résistance s’est élargi du fait même des conditions dans lesquelles ce pouvoir évolue. Pendant ce temps autour de nous en Europe, la roue de l’Histoire continue son chemin de déconstruction de l’ancien monde. Dans le tohu-bohu de l’affaire de la Catalogne barcelonaise se montre une nouvelle fois la puissance des mouvements tectoniques qui affectent le vieux continent et ne le lâcheront plus avant longtemps. Car l’aveuglement des dirigeants de « l’Europe qui protège » détruira la paix et les sociétés plus sûrement que n’importe quel « populisme ». Elle le fera en nourrissant des nationalismes hier éteints, et en jetant les uns contre les autres les peuples, les régions et les catégories sociales.
C’est une étrange semaine qui vient de s’écouler. La meute a bien écorné le message de notre marche du 23 septembre en fabriquant de toutes pièces un débat fumeux sur la place du peuple dans la Libération contre les nazis. Puis le lendemain, le mouvement des transporteurs routiers a été rudement réprimé. Le pouvoir s’est donc cru tiré d’affaire, malgré la marche réussie le 28 septembre des retraités. Il n’en est rien. La volatilité de la situation est restée la plus forte. Des évènements se sont précipités et ont renforcé le camp de la résistance.
Par exemple, et ce n’est pas rien, le front syndical a changé de configuration. Force ouvrière s’est installée dans l’opposition à l’ordonnance contre le code du travail. Les cadres de la CGE CFE de même. La CGT, FSU et solidaire ne sont donc pas isolés et confinés comme le croyait acquis l’équipe Macron. C’est donc une toute nouvelle configuration qui se présente. La période jusqu’à la loi d’habilitation de ces ordonnances qui devraient revenir devant le Parlement au mois de novembre ne sera donc pas un simple bouclage.
De notre côté, comme suite aux propositions présentées en conclusion de la marche du 23 septembre, le groupe parlementaire de la France insoumise a pris en charge l’initiative des contacts avec le mouvement social. Nous avons constitué une délégation pour rencontrer l’ensemble des organisations syndicales et leur proposer de nous appeler à une action commune de grande envergure. Les contacts sont pris. Les premières dates arrêtées.
Mais il est décisif d’observer surtout les changements du contexte. Le climat n’est plus celui dont avait besoin le pouvoir. Ce n’est ni l’enthousiasme du début parmi les assaillants ni la résignation attendue parmi les agressés. La nouvelle phase de l’action va rencontrer un nouveau contexte psychologique. C’est celui qui est créé par l’annonce du projet de budget de l’État et celui sur la Sécurité sociale.
La signature politique de ces deux documents est accablante. Il s’agit d’une surenchère antisociale caricaturale. La théorie du « ruissellement » est ici appliquée avec un aveuglement consternant. Offrir 4 milliards d’allégements fiscaux directement ciblés en faveur de l’oligarchie la plus concentrée dans le capital financier est si stupéfiant ! Et cela se produit la semaine ou deux fleurons de l’industrie française sont bradés, faisant apparaître l’incapacité absolue du capitalisme français de prendre en charge quoi que ce soit de l’intérêt collectif du pays. Car les chantiers de l’Atlantique sont mis en vente pour 80 millions avec un carnet de commande plein pour dix ans par exemple. Et le TGV pour bien peu également. Mais cela se fait dans l’indifférence absolue de ces millionnaires qui ont pourtant en France le record d’Europe de distribution des dividendes.
L’opinion est donc sous le double choc du sentiment d’un abus social et d’une humiliation nationale. Le pouvoir, qui croit sa propagande et la clameur des médias qui lui sont voués, ignore la profondeur du choc ainsi reçu. Il modifie pourtant les conditions dans lesquelles les gens se représentent la légitimité de ce pouvoir. En organisant nos casserolades, nous savions que nous organisions une « tenue de tranchée » entre deux vagues d’assaut. Les retours de terrain montrent une exaspération élargie. Les agressions sans pause contre nous ont également joué a plein leur rôle fédérateur pour fortifier la cohésion de notre espace politique. Mais surtout, il existe une prise de conscience populaire d’être agressés de tous les côtés à la fois. Elle se nourrit aussi des craquements qui s’observent dans les structures les plus traditionnelles qui font la stabilité de l’Etat. Ainsi quand les présidents de régions font sécession à la conférence des territoires, lorsque l’association des départements de France refuse de prendre place dans le plan d’économies gouvernementales, ou quand 2000 CRS se font porter malades et que le président de la République n’a plus de motards pour l’escorter à Marseille.
Je ne crois pas que l’intervention d’Edouard Philippe sur « France 2 » ait conforté l’image de stabilité du pouvoir en place. Aucun Premier ministre ne peut tenir sérieusement son rôle quand une photo le montre absent d’une séance de signature emblématique de la nouvelle politique en œuvre. Et encore moins s’il ne sait pas si son propre gouvernement soutien ou non un accord de libre échange aussi décisif que le CETA. Pourtant, deux jours plus tard, le ministre concerné jure ses grands dieux que l’accord sera approuvé et défendu bec et ongles. Que s’est-il passé entre deux ? Qui a décidé ? Plus tard dans l’échange, le Premier ministre ne tranche pas non plus s’il compte fermer ou non les réacteurs nucléaires en fin de vie quarantenaire. Pourtant Nicolas Hulot prétendait en fermer 19. Philippe se contente de dire que l’agence pour la sécurité du nucléaire donnera son avis le moment venu. Mais ce n’est pas le sujet. Encore une fois, la faiblesse ne vient pas de l’homme mais du système qu’il est censé représenter.
Dans ce système, l’hyper-présidentialisation affichée avec le discours du Congrès de Versailles la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre aura bien fonctionné comme un manifeste politique. Le Premier ministre, dans cette construction, n’est rien, et cela ne peut pas s’ignorer. Il était important pour moi d’en faire la démonstration par mes interpellations dans un face à face où il lui fut impossible de trouver un prétexte sur la forme de mon propos pour effacer mon message, comme d’habitude. On a vu que le Premier ministre était autant empêtré par sa situation que par sa politique.
Au total, mon diagnostic est que le bras de fer avec le pouvoir n’est pas tranché. La nouvelle donne syndicale et l’impact négatif du projet de budget sont à l’œuvre désormais. Le lâchage de dernière minute du PS qui décide d’entrer dans le combat complète l’isolement qu’il est nécessaire de construire autour du pouvoir macroniste. Il devrait creuser aussi les contradictions de ce parti à l’intérieur de ses groupes parlementaires lourdement divisés a propos du nouveau pouvoir. Que le pouvoir soit identifié à sa nature de droite libérale est une condition essentielle pour la suite de l’action et pour réunir les conditions de sa défaite politique le moment venu. Le tableau se met en place. Les opportunités de la lutte sont donc entières. Il n’y aura donc pas de cessez-le-feu.
Le résultat des élections législatives en Allemagne est un événement dont l’onde de choc n’est pas près de se disperser. Dans ce pays aussi, le dégagisme s’est exprimé. Naturellement, cela se passe dans les conditions d’un pays où l’amortisseur générationnel joue à plein pour amoindrir tous les tranchants : peu de jeunes, beaucoup de personnes âgées très conservatrices et apeurées.
Les deux partis pivots du système ont subi un énorme revers électoral. Ils sont descendus en dessous de leurs seuils historiquement les plus bas. S’agissant de la social-démocratie, la pente est continue, en phase avec la dégringolade générale dont le logiciel programmatique est devenu totalement obsolète.
La progression des petits partis est la forme essentielle d’expression du désaveu qui a touché les grands. Et l’extrême droite a fait sa percée. Tout est lié. Pourtant en Allemagne comme en France la caste dominante semble saisie de stupeur. Elle l’est là-bas comme ici parce qu’elle aussi a cru à sa propre propagande. La grande coalition de la droite et des sociaux-démocrates a permis d’obtenir de longues années de ce qu’ils appellent la « stabilité ». C’est-à-dire, en réalité, un verrouillage implacable interdisant toute expression indépendante des salariés dont les droits ont été méticuleusement piétinés pendant toute la période. Dans les mêmes conditions, ce pays de personnes âgées a vu se produire une hémorragie de 25 000 jeunes par an le quittant sans un mot de protestation publique. Il a vu sa population décliner, sa pollution augmenter, son industrie continuer à se concentrer dans quelques branches d’activités, son appel à l’immigration présenté comme le recours absolu à sa dépopulation, sans une pause pour en débattre.
Comme d’habitude, la grande coalition, appuyée sur un couvercle médiatique absolu, a pu penser qu’il n’y avait aucun désaccord. Et même qu’un grand consensus existait comme l’affirmaient les commentateurs français. Tout cela parce qu’il ne restait plus aucun espace de contestation possible. La caste a pu croire qu’elle n’en paierait donc jamais le prix. À présent, c’est une page toute nouvelle qui commence. Toutes les tares soigneusement masquées par la propagande enthousiaste de toute l’Europe vont apparaître au grand jour. D’abord celle qui concerne la faiblesse des équipements publics et des installations collectives de l’Allemagne comme résultat d’une politique aberrante de diminution du budget public et de refus d’investissement. Mais on va voir surtout quel mélange terrifiant donnera une population vieillie et craintive combinée à une population immense de pauvres et de salariés sous-payés.
L’extrême droite a fait une percée sur la question de l’immigration nous dit-on. C’est rarement aussi simple. En tout cas elle a fracassé le consensus que la droite et les sociaux-démocrates avaient répandu dans les têtes comme une drogue. L’immigration n’a pu prendre cette importance dans le débat qu’en raison de la violence du dénuement qui s’y trouve déjà et de l’opposition de chacun contre tous qui est la signature de ce type de situation.
À mes yeux, l’évidence est de retour : l’Allemagne va redevenir un sérieux problème pour l’Europe. Mais a-t-elle jamais cessé de l’être ? L’égoïsme de la caste dominante allemande est certainement le plus aigre et le plus violent de toute l’Europe. Le mauvais feuilleton de l’esprit dominateur de la caste en Allemagne a repris à la fin des années quatre-vingts avec l’annexion de l’Allemagne de l’Est par l’Ouest. Il a été payé un prix exorbitant partout Europe et d’abord par la France. Nous avons connu des années de taux d’intérêt exagérés du seul fait d’une décision allemande unilatérale d’annexer son voisin et de créer une parité monétaire absurde entre la monnaie circulant à l’Est et à l’ouest. Puis, sous l’autorité de Gerhard Schröder l’Allemagne s’est lancée dans une politique de déflation salariale qui lui a permis de cumuler sur le dos de tous ses partenaires des excédents commerciaux monstrueux. Après ces deux épisodes de très mauvais voisinage a commencé cette période terrible ou Merkel et Schäuble ont posé un talon de fer sur la gorge de tous les pays : la règle d’or et les politiques d’austérité publique.
L’inconscience et l’irresponsabilité des dirigeants français est la principale cause de ces comportements. En effet, les gouvernements allemands n’ont fait que défendre l’intérêt de leur pays compris au sens le plus étroit. Mais les dirigeants français étaient obnubilés par le fait que, grâce aux directives allemandes présentées comme des nécessités européennes, ils obtiendraient des reculs du salariat le plus résistant d’Europe : les Français. Ils ont donc tout cédé, tout abandonné et renforcé sans cesse l’arrogance du gouvernement allemand. Deux présidents français successifs ont donné ce très mauvais signal : Sarkozy avec le traité de Lisbonne après le vote « non » au référendum de 2005, François Hollande avec le traité budgétaire après avoir dit qu’il le renégocierait.
Lorsque j’ai publié mon livre Le Hareng de Bismarck, je fus accablé par les sarcasmes de la bonne société médiatico-politique. Ce serait de la germanophobie, Bla-Bla-Bla. L’infâme Cohn-Bendit prétendit même avoir lu sous ma plume le terme de « boche ». Ce fut une des premières manifestations de cette méthode qui sera ensuite généralisée. Un indigné de circonstance dit avoir lu ceci ou cela et toute la bande des bavards à gages sort de sa boîte pour hurler en cadence. S’agissant de l’Allemagne, c’est frappant. Tous ceux qui se sont risqués à une critique ont eu droit à ce traitement : Montebourg, Bartolone, combien d’autres autant que moi ?
Pendant ce temps, en Allemagne, les dirigeants et les journalistes ne se sont jamais privés d’injurier lourdement l’Europe du sud. Cela rajoute à la séduction que ces gros lourdauds exercent sur la caste française qui a pour coutume de regarder de haut le sud et les méridionaux en général. Ici, il est vrai que les couches profondes de la caste sont épaisses : aux traces ineffaçables de la collaboration s’ajoute la traditionnelle haine du peuple qui est un des apanages étranges de la germanophilie française. Celle-là même qui lui faisait dire « plutôt Hitler que le Front Populaire ». Haine dont on a vu qu’elle pouvait aller jusqu’au révisionnisme quand ceux-là nient le rôle de la résistance populaire dans la lutte contre les nazis comme ils viennent de le faire pour nous flétrir.
Comme on le sait dorénavant, Merkel doit composer une coalition pour pouvoir gouverner. Le SPD (PS) ne veut plus de la grande coalition. Mais cela n’a aucune importance. La disqualification de la « gauche » allemande est certes moins avancée que celle de la France, mais la pente est la même. Die Linke a échoué à apparaître comme une alternative tant soit peu crédible. Les anciens bureaucrates du PC de l’Allemagne de l’Est ont pesé de toutes leurs lourdeur et combines avec les sociaux-démocrates tout au long de la mandature et encore pendant la campagne électorale. Exactement comme au groupe GUE du Parlement européen, qu’ils étouffent aussi lourdement qu’à la tête du PGE, car dans ce domaine tout est à eux.
Le centre de gravité de la sphère politique officielle est donc lourdement ancré à droite. Mais le soubassement de la société a commencé sa fragmentation selon ses propres voies. Les forces politiques en présence n’en captent rien. C’est pourquoi l’extrême-droite a devant elle quelques belles années. En effet, elle assume sa compétition avec la droite elle-même sans s’embarquer dans des compétitions auto-bloquantes sur la gauche, comme cela fut pratiqué en France par le FN. Dès lors, la CDU-CSU va marcher sous le fouet et dans une surenchère à droite. Comme d’habitude, la caste française s’alignera. Plus que jamais ce sera cette « Europe Allemande » que seuls les Allemands ont le droit de montrer du doigt. Et l’Allemagne une nouvelle fois va rendre l’Europe imbuvable.
Pendant la campagne de l’élection présidentielle, j’ai proposé qu’existe une conférence permanente sur les frontières en Europe. À l’époque, le point de départ était la situation créée par l’adhésion de la Crimée à la Russie dans le cadre des événements de l’Ukraine. À l’époque, l’opinion de la caste était chauffée à blanc par le sentiment anti-russe. On ne pouvait parler de rien. Dans la mesure où j’avais été assimilé à un partisan de Vladimir Poutine, tout ce que je disais était immédiatement interprété dans la version la plus fantasque.
Bien sûr, depuis, la situation s’est bien stabilisée. Le gouvernement français et le président Macron ont pratiquement repris au mot près ce que je disais à propos des solutions à la situation en Syrie. La réception de Vladimir Poutine à Versailles est passée par là. Mais la question que je voulais poser demeure. Que fera-t-on en Europe quand des frontières bougent ? Assez stupidement, mes détracteurs de l’époque m’accusèrent de vouloir remettre en cause ces frontières. Naturellement, il n’en était rien. Puis je partais de l’idée que puisqu’elles avaient bougées, comme c’était le cas en Ukraine, alors la question se poserait de nouveaux à toute l’Europe. J’évoquais l’éventuelle sécession de l’Écosse et de la Catalogne, mais peut-être aussi demain de la Flandre et de la Wallonie. Depuis s’est ajouté la question de l’Irlande en raison du Brexit et du rétablissement de la frontière entre les deux Irlande. Et ainsi de suite.
La situation en Catalogne a ramené ma question sur le devant de la scène. On remarquera qu’elle se règle sans débat, par la force. L’Union européenne a dit qu’elle soutiendrait Madrid contre Barcelone. De son côté, la maire de Barcelone demande à l’Europe d’intervenir dans le litige. Naturellement, rien n’est prévu. On aurait tort de croire à une situation isolée. Naturellement la question de la Catalogne espagnole se pose dans les conditions particulières de l’Histoire de ce pays. Pour autant, selon moi, il est significatif que la crise éclate avec cette violence au moment où la mise en œuvre des directives européennes en Espagne ont tendu toutes les relations internes de ce pays. Autrement dit, les fractures actuelles repassent sur les vieilles cicatrices.
On aurait tort de croire qu’une telle configuration ne concerne que l’Espagne. On ne peut oublier qu’aux dernières élections législatives, le corps électoral en Corse a donné trois députés aux autonomistes sur quatre élus. Beaucoup d’esprits étroits oublient que l’Italie ou l’Allemagne sont des États-nations très récents. Et si l’on va vers les frontières de l’Est, on ne trouve que les Eurobéats français pour avoir oublié que la Slovaquie et la Tchéquie se sont séparées, d’une part, et, d’autre part, que l’interdiction d’enseigner dans une autre langue que l’ukrainien en Ukraine ne se contente pas de viser la minorité russe du Donbass mais également les Polonais, les Hongrois et quelques autres en Ukraine qui se vivent dorénavant comme des minorités opprimées.
C’est pourquoi j’écris de nouveau ces lignes. Le temps des polémiques et des injures absurdes inventées pour nuire dans une compétition électorale est dorénavant derrière nous. Peut-être peut-on à présent parler sérieusement d’un sujet qui finira par concerner la France, sa sécurité et son voisinage. S’il n’existe aucune voie pacifique proposée et encadrée par la communauté internationale, ces sortes de questions ne peuvent se régler autrement que par la force. Il n’y a pas d’entre-deux.
Poser la question, ce n’est pas souhaiter le problème, n’en déplaise à mes adversaires. Leur ignorance leur fait méconnaître que les accords d’Helsinki de 1975, toujours en vigueur, affirment que les frontières peuvent bouger dans le cadre d’un consentement des parties concernées. Ce consentement ne peut se constater sans que des règles aient été énoncées pour le vérifier. J’y reviens donc. Il existe un cadre commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE.
La question des frontières ne se limite pas aux aspects culturels du sujet. Elle implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs. Les générations dirigeantes actuelles n’ont aucune perception sérieuse sur le sujet. Le dernier événement dans ce domaine est considéré par eux comme un sujet exotique. L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. 400 000 personnes sont mortes dans cette aventure. N’est-il pas frappant que le président de la République n’en ait pas dit un mot dans cette étrange allocution de la Sorbonne ? Au contraire, il s’est engagé de façon plus aveuglée que jamais dans une vision d’intégration européenne anti-nationale. On l’a entendu plaider à la fois la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale, puis la disparition des commissaires européens « issus des grands pays » avant d’aboutir à une « défense européenne », liée a l’OTAN, des plus évaporées.
Pour ma part je n’oublie ni les permanences de l’Histoire, ni ce fait qu’elle a toujours été tragique en Europe. Il est temps de faire l’Histoire avant de se laisser défaire par elle.
142 commentaires
Blanchet
Continuez Jean Luc, ne changez rien. Je vous suis depuis votre départ du PS et depuis rien dans ce que vous avez dit, pensez ou fait ne sait avéré faux. Votre capacité à anticiper ce futur qui nous attend, si nous avec vous ne faisons rien, fait froid dans le dos. J’ai été de toutes vos manifestations et de vos combats. Surtout ne lâchez rien, ne renoncez à rien, nous serons toujours avec et derrière vous car dans cette période lourde de menaces pour tous qui que nous soyons, vous êtes ce capitaine (pas de pédalo) cet éclaireur dont le peuple de France a plus que jamais besoin. Merci Jean Luc.
zapico
C’est un enrichissement intellectuel de vous lire comme de vous écouter.
marie
Tout a été bon cette semaine pour vous dézinguer, preuve que le pouvoir et les médias sont aux aboi. J’ai été particulièrement révoltée d’entendre ici et là, dans à peu près tous les médias, cette arrogance, cette suffisance concernant la dernière saillie de Macron. Bah oui, « faut qu’ils se bougent » tous ces fainéants. Mobilité et flexibilité, les 2 mamelles de Macron. Victimes de licenciements, à 50 ans et plus, avec une maison durement acquise, une famille, il faudrait qu’ils fassent 300 bornes par jour pour aller gagner leur pain. Bah voyons ! J’espère que mardi 10 sera une grande journée de mobilisation, fonctionnaires ou pas, syndiqués ou pas, jeunes et vieux, car tout le monde est concerné !
jean-claude joseph
Tout a commencé en 1969, quand la France a donné au monde occidental l’exemple de la marche à suivre pour que Mai 68 ne soit plus qu’un vieux souvenir : sabotage de l’enseignement analytique, purge des instituts de recherche, puis transformation de l’université en lieux de rabachage d’un savoir émietté, ont précédé la remise en place d’une fiscalité moyenâgeuse taxant travail et consommation au lieu de répartir les surprofits, et enfin, la magouille de la monnaie unique qui a permis de masquer la violence d’une inflation à sens unique qui a divisé par 2,5 le pouvoir d’achat des plus faibles. Tous les pays occidentaux à des degrés divers se sont empressés de suivre cet exemple.
Nous voilà donc près d’un demi-siècle après le début du sabotage, 2 générations ont été sacrifiées. A l’est, la configuration était différente, mais le Printemps de Prague a été suivi d’un processus similaire et partout les réactions viscérales de soumission xénophobe ont été…
..et quand la démocratie est piétinée, il faut rappeler ce grand principe humaniste : on ne revendique pas un juste droit, on l’exerce !
Bertrand
L’Allemagne est un état fédéral composé de Landers. Il y a des disparités entre ces zones. Par exemple une partie de la Franconie se considérait au dessus de la Bavière qui elle même se considérait au dessus du reste de l’Allemagne. Et d’autres Landers au contraire les considéraient comme un peu rustiques. En France aussi nous avons eu nos querelles entre Paris et le reste de la France. Plus jeune me rendant à un salon j’avais eu droit à « la province débarque à Paris ». Je ne connais pas l’Espagne et je peux imaginer la répétition de ces phénomènes. La difficulté d’amener l’ensemble d’une grande étendue à un niveau équilibré homogène semble pour le moment non résolu. Les zones dynamiques venant absorber les ressources des autres. Quelle règle permettrait cet équilibre ? Taxation locale en fonction du nombre d’habitants ? A partir d’un seuil de profit, la nécessité de scinder les sociétés dans d’autres régions pour équilibrer la charge locale ?
beugnet Frédéric
Bravo Jean Luc. Belle analyse politique. Les dangers sont là. J’espère simplement, pour mes enfants, que l’histoire ne va pas se répéter. On retrouve en ce moment la conjonction d’évènements qui ont provoqués les conflits de 14 et l’avènement du nazisme, la crise du capitalisme. Et tout cela a donné ce que l’on sait. Le capitalisme se régule par les crises ou les guerres. Que va t il se passer quand la prochaine bulle financière va exploser, provoquant une crise bien plus grande que celle de 2008. J’ai vraiment peur pour mes enfants et ma petite fille du monde vers lequel on va. Les yeux fermés par des médias aux mains de milliardaires qui donnent la cadence. Continuons à dire les choses, à informer les gens. Notre premier devoir est d’être les éclaireurs dans cette folie organisée.
BECQ
Ne jamais tenir affirmations ni évidences martelées pour vérités définitives. Considérer les faits, les mettre et les remettre sans cesse en perspective, en question, en examen. Ne jamais se laisser persuader que les « élites », les « sachants », les « feignants » du pouvoir (de feindre tout savoir) peuvent nous reléguer à une médiocrité post-éléctorale et nous soumettre à leurs ukases. Le projet de Condorcet, était de libérer le peuple par le savoir.
J.L. Mélenchon fait œuvre d’instruction, pas de religion. Il nous questionne face à la bouillie pré-digérée du système. Je viens de comprendre, je l’espère, le contenu profond du mot « capital »: c’est la représentation du rapport de force sociale entre ceux qui travaillent et ceux qui s’approprient la rente du travail. Nous devons prendre ce qui nous appartient, sans attendre que cela nous soit octroyé comme la charte constitutionnelle en 1815. Notre droit, tout notre droit.
Plus de République, ou la fin de la…
Valerio
Sur la Catalogne, comme je trouve vos prises de parole un peu trop suivistes et alignées sur celles de Podemos, dont la déclinaison catalane « el communs » entretient un discours très ambigu et opportuniste avec les positions identitaires des nationalistes (catalanobistouille), je me permets de porter à votre connaissance la création d’un espace de la gauche non nationaliste en Catalogne : Izquierda non nacionalista. Des précisions ici. Des personnalités comme Carlos Jimenez Villaroja ancien juge anti corruption et furtif élu au Parlement européen pour Podemos (peut-être l’avez-vous croisé) ou bien Felix Overejo philosophe en sont des figures marquantes. De ce dernier, je ne peux que vous conseiller la lecture de son dernier ouvrage : « La seducción de la frontera : Nacionalismo e izquierda reaccionaria ».
Pierre 93
La manifestation populaire monstre de ce WE contre la fracturation de l’Espagne doit faire réfléchir la FI et ses chefs politiques. La protestation contre les violences policières ne suffit pas à faire une position politique cohérente. Il faut aussi s’opposer à cette tentative de scission de l’Etat espagnol. Si la FI avait un espace politique de discussion, cela faciliterait les choses.
CLA
Je suis un vieux ex-militant (71 ans). Je soutiens votre action dans la mesure de mes faibles moyens. Bien sûr j’ai voté FI a la présidentielle. Mais quand vous parlez de « l’annexion de l’Allemagne de l’Est par l’Ouest », je trouve cela aberrant. De même quand vous parlez de « l’adhésion de la Crimée à la Russie », vous embellissez la situation. Ces formules ne facilitent pas sur ces deux points le travail de ceux qui sont persuadés qu’il faut défendre le projet porté par la FI.
Guy-Yves Ganier d'Emilion
Le terme « annexion » a été utilisé par des intellectuels allemands eux-mêmes, dont Christa Wolff, JM Simmel, ou Günter Grass. Ce terme décrit mieux la réalité du dépeçage économique à marche forcée de la RDA par la Treuhand que le terme abusif de « réunification » d’une Allemagne qui n’avait jamais eu ce type d’unité auparavant.
THOMAS
Merci Jean Luc pour tes analyses nourries d’une si grande connaissance historique et cette vue à long terme. Quel sales types ont gagné le pouvoir ! Dans nos groupes d’appui et nos regroupements insoumis nous essayons de faire pour le mieux. A mon avis, revenir vers les gens avec notre programme pour le faire découvrir ou le commenter encore, c’est un modeste moyen de lutter contre l’intox. Mais, bon, j’attends aussi que les syndicats cessent de proposer des dates variées de manifs et de grèves. Ca coûte trop cher et nous diviser est stupide. Nous mobiliser tous serait mieux, non ? Enfin reparlons de la 6ème république avant que ces élus dégagent !
del tedesco
Tout ce que vous dites est tellement vrai dans votre échange avec le 1er ministre vous avez été formidable, il ne savait quoi vous répondre et quand il répondait c’était incompréhensible. Ce 1er ministre est nul ou alors il ne peut dire ce qu’il veut !
Pierre Tubiana
FH a déclaré « mon ennemi c’est la finance », alors même que ses émissaires allaient rassurer « le marché » en affirmant qu’il n’en était rien. EM s’est déclaré « ni de gauche, ni de droite », voulant « en même temps » faire ceci et cela alors qu’il est évident qu’avec lui c’est la haute fonction publique et les technocrates de Bercy qui ont pris les commandes, ceux là même qui sont les acteurs serviles du marché et de la sphère financière. Il est évident que les masses populaires sont devenues des variables d’ajustement au service de quelques puissants. C’est une vue à court terme qui est emblématique d’un certain capitalisme : « tout pour ma gueule, tout de suite, et peu importe les conséquences, on verra le moment venu ». Un jeu de dupes et nous allons en payer le prix.
Il y a un programme et des livrets thématiques qui indiquent des voies de résistance et ne varient pas au gré des sondages. Il faut les imprimer par millions et les distribuer, le savoir est le terreau de la révolte, non ?
Invisible
Ni de gauche, ni de gauche surtout. Bruno Lemaire est un réac’ pure souche, avec des arguments fallacieux diffamatoires ( ex : nous sommes xénophobes si nous critiquons la politique allemande). Et supprimer la cotisation sociale (donc programmer la fin de la sécu du CNR) est une promesse de campagne de Martine Le Pen. Tenue par Macron.
Helene DEROSAS
Cher Monsieur, vous êtes un réconfort pour nous tous. Avec vous je reprends espoir. J’ai 77 ans et je ne voudrais pas que cela tourne au vinaigre. J’ai très peur pour tous les jeunes, mes enfants et mon petit-fils quand je vois la bêtise humaine qui ne comprend jamais rien. Comme on parle de nous dans les sondages c’est impressionnant de voir la bêtise des gens. Je pense qu’à l’heure actuelle il ne faut rien lâcher. Nous sommes sur la bonne voie avec vous.
THIENNETTE Philippe
J’ai beaucoup de mal à y voir clair dans la problématique catalane. D’abord, la négation démocratique d’un vote, empêché par la force, avec ou sans violence, puis le fait de s’appuyer sur une faible participation pour en denier le résultat est particulièrement hypocrite. Je n’ai pas d’avis tranché sur « l’intérêt » de l’une ou l’autre position. Sauf que la sécession de la Catalogne, puis de l’Écosse obligeraient à revoir toute l’organisation de L’Europe. Peut-être enfin, une Europe des peuples.
GAUDRE
Grâce a votre explication concernant le CETA, j’ai enfin compris de quoi il s’agissait. Merci de m’avoir éclairé, il faut bien dire que cet accord est très confus.
Merci aussi d’avoir encore appelé la jeunesse a entrer dans la danse !
Buonarroti
En marche vers les Etats Unis d’Europe, la tête de gondole des experts de la société du spectacle balisent le libre arbitre, subornent les conflits et diffusent la voix de son maître. Ce modèle avancé œuvre dans l’angle mort des peuples, fragmente les nations et brade son droit à la découpe. N’en doutons pas, l’universaliste de 89 est réductible par mille et une strates prédatrices. Injonction identitaire, lobbying législatif, intercession du religieux, cooptation mafieuse, communautarismes et corporatismes d’épuration, laïcité à géométrie variable, liquidation du service publique, des communes, des départements etc. De complexification en simplisme, la superstructure réactionnaire sature le débat. L’asphyxie des citoyens frappés d’atonie projette une ombre mortelle sur la démocratie et cette opacification de la conscience convoque les plus violents.
vincent Bissuel
Je voudrais amener cette réflexion sur la question catalane. Le conflit entre Barcelone et Madrid ne date pas d’hier, et notamment il perdure depuis la monarchie constitutionnelle qui a suivi la mort de Franco. Les indépendantistes actuels sont de droite et de gauche (en simplifiant). Si l’on se focalise sur le point de vue des gauches, toutes leurs revendications ayant toujours été systématiquement rejetées par le pouvoir madrilène, contrevenir à la constitution monarchiste par ce référendum et déclarer l’indépendance était la seule voie. Il faut se rappeler que Barcelone a été un grand centre de résistance des républicains espagnols contre Franco et l’on peut voir le conflit actuel comme une trace des combats sans merci de l’époque.
Ce qui me fait dire que la vraie question que pose la revendication d’indépendance de la Catalogne est celle de la nécessité d’une refonte populaire de la constitution espagnole dans son ensemble, pour la naissance d’une république authentique.
Antoinette Belot
Bon, il parait que les fonctionnaires vont avoir droit à 3% d’augmentation en 2018 d’après B Lemaire. Ho ben zut alors je vais faire grève demain et pour rien ? « Si j’aurais du j’aurais pas venu ». Non mais de qui se moque-t-on ? Merci à l intervention de Danielle Simonet ce soir sur LCI et en règle générale merci aux insoumis sans eux combien d’entre nous se sentiraient trahis et abandonnés.
Mika
Excellente analyse sur le Ceta, la Catalogne, la politique de Macron, celle de l’Allemagne. A ceci près, que parler « d’annexion » de l’Allemagne de l’Est par la RFA n’est pas fidèle à l’Histoire. Mieux eut fallu appuyer sur le rouleau compresseur, les sacrifices sociaux, culturels et économiques qu’a eu à subir la population de l’Ex-RDA en échange de la destruction de cet infâme mur de Berlin qui a séparé des familles près d’un demi-siècle et de la chute d’un régime dictatorial (revoir au passage « la Vie des Autres », dernier film de cet immense acteur et homme que fut Ulrich Mühe, récemment rediffusé). Sur le discours du 23 septembre, remarquable, vous avez donné (volontairement ?) des verges pour vous faire battre par ceux qui n’attendent que cela. Oui, les Résistants de l’intérieur étaient issus du peuple, mais vous ne pouvez pas dire que c’est uniquement « la rue » qui a abattu les Nazis. comparer la lutte contre CPE, à celui de l’hydre fasciste est…
José
J’ai été choqué par votre intervention de retirer le drapeau européen de l’AN, conscient des imperfections sociales, et de la soumission économique au capital de l’UE, (peut être que nous avons une légère responsabilité de ne pas avoir réagi énergiquement par le passé), il me semble que cette démarche manque d’ambition politique et qu’il vaut mieux se battre pour créer une Europe Insoumise avec le drapeau européen portant la lettre PHI.
Salutations insoumises.