La semaine qui vient de s’écouler aura été riche en symboles et changements d’époque. Nous avons eu la révélation du complot d’un groupe d’extrême droite contre des lieux de culte musulman et des responsables politiques comme Monsieur Castaner et moi. Et la réplique unanime de l’Assemblée nationale debout contre les violents. Puis le début de la discussion sur le premier projet de loi de finances du quinquennat. Sa signature de classe est si violente qu’il marquera pour longtemps les esprits. Ses mesures spectaculaires marquent lourdement le moment comme par exemple avec la suppression de l’impôt sur la fortune, la flat-tax sur les revenus financiers et la coupe de 4,5 milliards d’euros dans les dépenses de santé.
La même semaine aura été marquée par la journée consacrée à la misère dans notre pays dans un contraste suffocant. Mais il y aura eu aussi un rebondissement dans les aventures de la décomposition européenne avec le rejet de la position française sur les travailleurs détachés et l’impuissance affichée à propos de la situation en Catalogne. N’oublions pas bien sûr la décision personnelle du président de la République française d’écrire à Donald Tusk pour lui annoncer qu’il reconnaissait le drapeau marial européen, quoi qu’il n’ait aucun droit constitutionnel de le faire !
« La France insoumise » aura été sur tous les fronts, non seulement au plan local, comme beaucoup d’entre vous ont pu se rendre compte, mais également sur la scène nationale. Du coup je veux souligner notre rôle, une fois de plus, dans l’action internationale. C’est ici la tenue de la « conférence européenne du plan B » à Lisbonne. C’est la cinquième session de ce forum que nous avons créé il y a maintenant deux ans. Petit à petit, il est reconnu sur toute la scène de la gauche alternative européenne et de nombreux observateurs du monde entier s’y associent désormais pour suivre les travaux. Pendant ce temps, « la vieille gauche » croupit dans ses structures bureaucratiques accrochées au rêve de « faire changer l’Europe » en faisant des compromis avec la politique qu’imposent les traités européens. Le PSE des sociaux-démocrates, et le PGE où dominent les amis d’Alexis Tsípras, pataugent dans les méandres du « soutien critique » à l’Europe. Du côté du « plan B » la conclusion des travaux à Lisbonne par la dirigeante du Bloco de Esquerra est au diapason de la nôtre : « entre les traités et les peuples, nous choisissons les peuples ». Bien sûr je n’oublie pas le fond de scène qui aura été le nôtre toute la semaine : encore une fois nous aurons dû subir des flots d’injures et de comparaisons absurdes comme celle de Pascal Ory m’assimilant à Mussolini.
Mais je veux insister sur le fil conducteur qu’a été une nouvelle fois, pendant tout ce temps, la relation à la lutte sociale. Présents aux côtés de Philippe Christmann condamné à 17 000 € pour avoir jeté des confettis au siège patronal du bâtiment et rejugé en appel à l’initiative du parquet pour le faire condamner à de la prison ferme, nous connaissons le prix de la lutte. Les gouvernements de Valls et de Cazeneuve ont eu la main lourde sur les manifestants et pour criminaliser l’action syndicale ou écologiste. À présent, l’équipe Macron n’a plus qu’à mettre ses pieds dans les brodequins cloutés que ses prédécesseurs ont assouplis. Nous ne perdons donc jamais de vue la nécessité de toujours mener les actions dans le cadre le plus large et avec la plus grande cohésion possible pour éviter la marginalisation qui ne peut profiter qu’à nos adversaires.
C’est avec cet état d’esprit que j’ai conclu la marche du 23 septembre. Toute notre équipe était consciente du piège que pouvait constituer l’opposition permanente que mettaient en scène les médias entre la France insoumise et le mouvement syndical ! J’ai donc été chargé de proposer aux syndicats de prendre la tête de la lutte en assurant d’avance que nous serions derrière eux. J’avais proposé l’idée d’une grande marche sur les Champs-Élysées. Le bilan depuis cette date n’est pas bon. Les syndicats se sont réunis pour rien, une nouvelle journée d’action a été annoncée sans concertation pour le 19 octobre et son succès a été aussi mitigé que les conditions de la convocation… J’ai dit franchement ce que j’en pensais, par écrit sur ce blog, puis oralement sur le plateau de TF1. Il ne peut être question pour nous d’agir autrement qu’a découvert. C’est notre devoir de dire ouvertement ce que nous croyons bon pour tous. Depuis la première heure du combat nous sommes irréprochables sur les bancs de l’Assemblée nationale comme dans la rue. Nous n’avons guère été encouragés et ce fut même parfois le contraire. Dans ces conditions, ce serait nous rendre suspects et incompréhensibles que de faire comme si de rien n’était.
Nous étions prêts à jeter toutes nos forces dans une bataille d’ensemble. Non seulement on ne nous a rien demandé ni proposé mais nous avons été rabroués. Ce n’est pas le plus important, même si cela compte. L’essentiel est de voir où nous avons été conduits par ceux qui revendiquaient la conduite exclusive de l’action. Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe. Et nous sommes consternés de voir cent ans de compromis social, concentrés dans le code du travail, perdus en quelques semaines d’un combat mené de façon aussi inefficace. La réplique en anglais faite à ma remarque par Jean-Claude Mailly aggrave le diagnostic. Sans rien proposer, il se sera contenté de me critiquer. Les sempiternels renvois à la charte d’Amiens du syndicalisme français en 1905 ne peuvent servir d’argument pour justifier un tel acharnement à vouloir séparer le mouvement social et le mouvement politique de masse que nous sommes. Mais s’il doit servir d’argument alors ce sera avec le sourire.
Car la charte d’Amiens proclame en effet la séparation du syndicat d’avec les « sectes socialistes » que représentait la division en cinq partis du mouvement socialiste naissant. Le motif de cette séparation était qu’il fallait « préserver l’unité de la classe ouvrière » pour qu’elle puisse faire « la grève générale révolutionnaire » ! À moins que quelqu’un soit en train de préparer une grève générale révolutionnaire, ce dont je doute, on voit que la vocation de la charte d’Amiens est un pur prétexte pour une stratégie politique d’isolement du mouvement social permettant qu’il reste sous la houlette de gens qui refusent de s’unir même pour l’essentiel.
J’ai l’impression que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT en vient à partager ce diagnostic. Il était ce vendredi au Passage d’Agen dans Lot-et-Garonne, au congrès de l’union départementale de la CGT du Lot-et-Garonne. Il y a publiquement regretté la division syndicale « qui pèse fortement sur la mobilisation » contre les ordonnances réformant le droit du travail tout en constatant : « Il y a encore des gens qui sont mobilisés contre la loi travail… ça ne s’est pas forcément vu dans la rue hier (jeudi) parce qu’il y a besoin aujourd’hui que l’ensemble des syndicats qui contestent les ordonnances s’unissent », et « cette division syndicale pèse fortement sur la mobilisation ». Quant à la réunion intersyndicale prévue pour le 24 octobre, le secrétaire général de la CGT espère qu’elle débouchera « sur une proposition de journée d’action qui conjugue public, privé, jeunes, moins jeunes et qu’on puisse aller vers une journée nationale interprofessionnelle unitaire ». Son point de vue est encore plus proche du notre quand il pointe du doigt la possibilité d’une convergence des colères et des luttes en déclarant : « On parle beaucoup des ordonnances mais il y a aussi la CSG pour les retraités, la sélection à l’entrée de l’université pour la jeunesse (…), la baisse de l’impôt sur la fortune qui va favoriser les plus riches. Il est temps de mettre un gros coup de semonce ». Le site France 3 local note après cela : « Interrogé sur les frictions internes à la CGT quant aux modes d’action à adopter, Philippe Martinez a répondu : « Qu’il y ait de l’impatience, c’est une très bonne chose. Moi, je veux des militants qui aient envie d’en découdre mais on ne peut pas avoir des actions où il y en a quelques-uns qui bougent et les autres qui les regardent au balcon ». Puis, sans que l’on comprenne pourquoi, il en vient à critiquer notre idée de grande marche nationale. « Le secrétaire général de la CGT confirme : « Une manifestation de 500.000 personnes c’est bien, mais ça fait du monde qui regarde. Il vaut mieux 60% d’arrêts de travail dans toutes les entreprises. Ça inquiète beaucoup plus le patronat et le gouvernement ». » Est-ce une fin de non-recevoir ? Nous allons le savoir bientôt sans doute.
Mais dans l’intervalle, il faut bien comprendre qu’au total il est impossible d’organiser une résistance de masse et collective dans de telles conditions. Impossible d’adosser une rébellion des jeunes sans aucun point d’appui dans le calendrier. Tout frémit, rien ne bout. La débandade n’est plus loin. Les fédérations syndicales des métiers les plus cruciaux pour l’économie négocient une par une le retour au principe de faveur contre l’accord de branche et celui d’entreprise. Routiers, dockers, pétroliers tirent leur épingle du jeu. Qui pourrait le leur reprocher quand rien de collectif n’est proposé ? Les métiers les plus exposés à la surexploitation et à la souffrance au travail n’auront qu’à se débrouiller entreprise par entreprise.
Pour autant, nous ne resterons pas l’arme au pied. Le tract contre le coup d’État social qui explique le contenu des ordonnances continue à être diffusé. Trois millions d’exemplaires, bientôt quatre auront été distribués. Je ne prétends pas que ce soit autre chose qu’un travail sérieux de conscientisation. Il est donc utile et portera ses fruits à un moment ou un autre. Mais notre responsabilité de principale force politique populaire liée au mouvement ouvrier nous oblige à réfléchir sérieusement à ce qui vient de se passer. C’est notre devoir de dire tout haut ce que nous en pensons ! Il y va du lien précieux pour nous de notre crédibilité aux yeux du grand nombre. Aucune complicité ou proximité ne doit nous conduire à partager la responsabilité d’une stratégie dont on nous a dit qu’elle serait meilleure si nous ne nous mêlions pas de sa conduite. Et il nous revient aussi de tracer des pistes pour qu’il en aille autrement dans l’avenir le plus proche.
Le plus pénible des jours en cours n’est pas tant d’exposer nos idées, ni de polémiquer avec ceux qui les contredisent. Le plus pénible est de devoir passer son temps à se défaire des assignations identitaires auxquelles nous condamnent ici et là les petits procureurs de la vie médiatique et leurs divers répétiteurs automatiques. Et le plus pénible dans ce domaine est le niveau d’ignorance et de grossièreté intellectuelle de ceux qui s’expriment contre nous. La polémique sur le rôle de la rue dans la lutte contre les nazis a débouché sur une révision générale de l’Histoire par des gens qui n’en connaissent ni le premier mot ni les enjeux. Dire que la rue a fait les nazis est un contresens historique total. Les nazis n’ont jamais gagné de majorité électorale en Allemagne. En France non plus, car les ligues fascistes ont été dissoutes en 1934 et il aura fallu la défaite de 1940 pour que soit imposée au peuple français la « révolution nationale ». Si le peuple français ne joue aucun rôle dans sa libération et que tout est dû à l’action des alliés anglo-saxons, on comprend la suite. L’armée rouge ne joue aucun rôle, la résistance populaire n’existe pas, le général de Gaulle a eu tort de s’opposer à l’installation de l’administration américaine qui était prévue, et la France n’avait pas sa place à la table des vainqueurs.
On connaît cette thèse. On sait qui la portait autrefois en France… Elle a dorénavant gagné assez de terrain pour qu’il n’y ait pas une seule protestation quand l’action populaire dans la libération du pays face aux nazis est ramenée par le journal « Charlie » à une caricature qui me représente avec un brassard FFI en train de tondre une femme. La résistance tondait les femmes en tant qu’activité principale ? Elle se faisait fusiller et torturer en tant que second job ? Elle ouvrait les combats libérateurs à Paris et Marseille pour se distraire ? Les plaques dans toutes les rues de Paris à la mémoire des combattant du 19 août 1944 sont le street-art de l’époque ? Le discours de de Gaulle à l’hôtel de ville de Paris a un rapport avec la cigarette que fumait le général ? Bref, dans la mesure où il s’agit de nous traîner dans la boue, tout est bon y compris le renoncement à un des fondamentaux du récit des vainqueurs français de 1945.
Après cela est venu l’épisode misérable contre Danièle Obono et Clémentine Autain à propos de laïcité. La charge contre « la France insoumise » est tout de même parue ridicule à certains des commentateurs qui suivent l’action politique de nombre d’entre nous depuis plus de 20 ans sur le sujet. Ils ont donc cru habile de chercher à opposer les uns aux autres. Et cela jusqu’au point de pouvoir titrer en « une » de Marianne que la question « déchire les insoumis » à la faveur d’un échange avec un inconnu sur Facebook (ça m’appendra à répondre sans connaître). On ne saurait aller plus loin dans l’invention de l’actualité. La vérité est terrible. Il n’y a pas eu une seconde de débat collectif ou singulier ni au groupe parlementaire la « France insoumise », ni dans « l’espace politique » du mouvement, ni dans aucune de nos instances avant, pendant ou après les épisodes montrés du doigt. Vous me lisez bien ? Pas une minute. Mais cela n’empêche pas tel ou tel média d’inventer de toutes pièces un « déchirement » entre nous. Il n’y en a pas. Il n’y en aura pas. Jamais. La ligne du mouvement « la France insoumise » concernant la laïcité dans tous ses aspects est contenue dans le livret programmatique sur le sujet.
Ce livret, comme les 39 autres, est signé à la dernière page par les deux coordinateurs de ces livrets : Laurent levard et… Danièle Obono. Cela ne peut donc pas être plus clair ! Tout ce qui précède ce texte, ou l’environne, est du domaine de la liberté individuelle de chacun d’entre nous. Tel est le mouvement. Ce qui compte c’est le programme. Quant à nos inquisiteurs, leur biographie ne plaide pas toujours pour la sincérité de leurs questionnements. Ce sont le plus souvent des obsédés de la haine des musulmans qui s’avancent sous divers déguisements et prétextes. Ils n’ont rien de laïques. Un drapeau européen confessionnel chrétien ne les gêne pas. C’est de la « politique infantile » selon le sénile Libération. Le concordat d’Alsace-Moselle, quand nous le dénonçons, nous fait montrer du doigt. Et ainsi de suite.
De notre côté, nous n’avons pas de laïcité à géométrie variable. Nous défendons les chrétiens d’Orient contre les persécutions musulmanes, les musulmans birmans contre les persécutions bouddhistes, nous luttons contre l’antisémitisme, nous n’avons jamais manqué un rendez-vous contre le racisme, et ainsi de suite. Nous nous efforçons de tenir les deux bouts de la chaîne qui, seule, peut unir notre peuple. Car nous faisons partie de ceux qui n’ont qu’une patrie : la République. Pas de religion en politique ! Pour cela nous ne voulons participer, de près ni de loin, à aucune stigmatisation des musulmans. Pas davantage que des juifs, des chrétiens, des protestants etc. Nous voulons incarner la bienveillance et la tolérance des 60 % de Français qui affirment n’avoir aucune religion mais acceptent que les autres en aient une à la condition qu’elle ne cherche pas à dominer ou imposer ses vues. Pour nous, la laïcité est une protection de la liberté de conscience. Pas un manuel d’inquisition.
À présent, voici que surgit une nouvelle tentative d’assignation identitaire. Je serai parcouru d’une « tentation souverainiste ». La tentation dans le vocabulaire religieux est le risque du péché. Le péché c’est le mal. Le mal est le contraire du bien. Donc le souverainisme c’est le mal. Mais le bien ? Où est-il ? Devinez ! On voit dans quelle alternative étroite est installée le débat en deux mots « tentation souverainiste ». Comme depuis 2005 il y a le camp du vrai, du bon, du juste, du beau, du noble, de l’intelligent. C’est le « oui, oui, oui ». L’Europe qui nous protège, l’Europe des pères fondateurs, du pragmatisme, de la modernité et blablabla. Toute critique est une marque instantanée d’appartenance au camp du mal, du « non », du « repli national », de l’égoïsme cocardier, du chauvinisme, de la xénophobie. Un mot désigne donc dorénavant ces nouvelles gémonies : le souverainisme. Qu’il s’agisse de souveraineté nationale, de souveraineté populaire, peu importe.
Macron peut parler de « souveraineté européenne » et utiliser 18 fois le mot dans un discours, sans le définir une seule fois, il ne peut pas être considéré comme « souverainiste » car il est dans le camp du bien. Nous pouvons utiliser plusieurs dizaines de fois le mot « indépendantisme français » ou bien « universalisme républicain » pour nommer notre position, peu importe. Nous sommes nécessairement des « souverainistes » donc détestables. Nous sommes dans le camp du mal qui ne veut ni de défense européenne, ni d’indépendance de la banque centrale, ni d’Europe allemande, comme l’exige sans discussion possible l’appartenance au camp du bien. À vos risques et périls messeigneurs et gentes dames les médiacrates. Mais vous y viendrez. Quand j’ai commencé à critiquer le statut de travailleur détaché, ce fut une pluie d’injures sur ma xénophobie, le « flou » et donc « le loup » que contenait ma position selon quelques bonnes âmes spécialisées dans l’indignation et le sursaut à chacune de nos paroles. Dorénavant tout le monde est d’accord avec moi : le problème existe ! Et le président Macron est obligé lui aussi de faire semblant, même si ce qu’il propose n’a strictement rien à voir avec ce que je dénonce puisqu’il ne veut pas toucher à la cotisation sociale dans le pays d’origine du travailleur détaché. De même pour la manière de régler le problème de la guerre en Syrie et ainsi de suite.
Nous voici en route vers les élections européennes. Les vieux disques rayés de la politique française jouent sans discontinuer les refrains perdants de 2005. Macron est moins bête qu’eux. Il a enfourché le cheval de la « souveraineté », lui aussi, dans ses trois discours sur le sujet. La souveraineté européenne. Les fainéants des plateaux de commentaires n’ont rien noté. Ils ont bêlé en cadence leur admiration européiste. Seul « Le Monde », dans son cahier spécialisé, a montré que la « souveraineté européenne » se substituait dorénavant à la « souveraineté nationale » dans le vocabulaire du chef de l’État. Ce débat n’est pas médiocre. Il est même décisif. Il n’a rien à voir avec le souci qui m’est prêté à cette occasion de « vouloir occuper la première place face à Macron » sur le sujet. Comme si c’était à faire ! Ou de reprendre l’espace de « l’euroscepticisme », notion gélatineuse grotesque pour salle de rédaction fatiguée.
Nous avons le droit au débat politique. Nous avons le droit de proposer des sujets, sans être rabougris instantanément aux pauvres cases préconçues qui fixent les limites de l’intelligence médiatique officielle actuelle. Si le débat des européennes doit se limiter à la caricature de 2005 ce serait un drame moral. Nous nous en tirerons bien de toute façon. Les euro-bêlants et les euro-rêveurs ne motivent plus grand monde. Je partage l’avis d’Emmanuel Macron qui veut faire de cette élection le moment d’un vrai choix. Un choix libre. C’est-à-dire le choix entre les options réellement présentes et non pas celles qui ont été fantasmées par les répondeurs automatiques médiatiques en poste à Bruxelles avec bureaux et activités cloisonnées depuis plus d’une décennie.
Bien sûr il nous faut encore tracer notre chemin. Ce tableau est-il mis en place par sottise et ignorance ou par volonté de manipulation ? Comme il est impossible de modifier quoi que ce soit d’un refrain médiatique quand il est lancé, comment pouvons-nous utiliser le plus efficacement possible cette situation ? Je parle évidemment ici la façon de faire campagne. Parce que pour le reste tout est déjà en place. La ligne stratégique est décrite dans le programme L’Avenir en commun. Le regroupement transnational qui correspond est le fameux « forum du plan B » qui vient de tenir sa cinquième session à Lisbonne. La variété des listes de la vieille gauche pour « refonder », « changer », « améliorer », « relancer » l’Europe et autres songe-creux est aussi une opportunité tactique pour nous. Surtout si tout ce petit monde a le bon goût de faire liste commune pour terminer le tableau de l’angélisme européiste de la vieille gauche.
Le débat parlementaire sur la loi de finances est l’événement central de la vie de l’Assemblée nationale. Bien sûr, il faut dorénavant y ajouter le débat sur le projet de loi de finances de la sécurité sociale puisque son montant est plus élevé que celui du budget de l’État. Pour un groupe parlementaire comme le nôtre, ce moment est une épreuve de vérité. En effet c’est la toute première fois que nous effectuons un tel travail consistant à examiner mission par mission, ligne budgétaire par ligne budgétaire l’ensemble des recettes et des dépenses de l’État. La nouveauté pour nous n’est pas dans l’exercice de critique de la construction générale du budget. Nous le faisons chaque année et, depuis la création du Parti de Gauche, nous avons déjà présenté trois « contre budget ». Nous avons également procédé à un chiffrage général de nos mesures dans le cours de la campagne des élections présidentielles, après la publication du programme L’Avenir en commun. Nous avions d’ailleurs fait une émission de télévision sur le thème. Elle avait dû durer cinq heures pour pouvoir faire alterner sur le plateau tous les spécialistes et autorités intellectuelles qui travaillaient le sujet pendant notre campagne.
Quoi qu’il en soit, rien de tout cela n’est aussi exigeant qu’un débat parlementaire comme celui auquel nous avons participé. Dans tous les autres groupes il y a des anciens ministres des Finances, des anciens rapporteurs de la commission des finances et ainsi de suite. Chacun d’entre eux bénéficie donc d’un accès à une expérience et à la continuité de ses propres prises de position. Rien de tout cela n’existe à « la France insoumise ». Nous siégeons pour la première fois à la commission des finances de l’Assemblée nationale. L’équipe de nos assistants parlementaires aussi fait ce travail pour la première fois. Et cette activité s’inscrit dans un contexte nouveau pour le groupe. En effet, en juillet, il n’y avait que deux projets de loi sur la table, elle concentrait toute l’attention, et les commissions ne faisaient que se mettre en place. Depuis, toutes les commissions sont installées. Elles comptent toutes deux commissaires de « la France insoumise ». Ceux-là sont donc déjà absorbés par leur propre responsabilité sur les thèmes concernés (culture, défense, environnement etc.) et par les innombrables représentations dans des organismes les plus divers qu’il leur faut assumer. Dans ces conditions, la conduite de la bataille du projet de loi de finances a surchargé des emplois du temps déjà largement remplis.
Pour autant, nous avons maintenu notre système de la présence en alternance en séance. Tous, à tour de rôle, de nuit et de jour, en semaine et le samedi nous somme présent sur notre banc par équipe entre 4 et 10 personnes. Ce roulement, hélas, ne suffit pas à nous faire éviter les absences simultanées quand nous sommes convoqués aux mêmes heures à plusieurs réunions en même temps ! Quant à notre groupe d’assistants ils n’ont pas, hélas pour eux, l’avantage de pouvoir organiser un roulement. Il n’y a donc pas d’autre possibilité que leur dévouement absolu. Ils le donnent, dans l’anonymat, de toutes leurs forces. Je donne toutes ces précisions pour que ceux qui me lisent puissent bien réaliser les conditions concrètes de notre combat politique. C’est bien pourquoi les campagnes de calomnies médiatiques et de chasse à l’homme ou à la femme trouve une certaine efficacité puisqu’ils usent psychologiquement et meurtrissent les individus au moment même où ils doivent fournir tout leur effort. Dans les faits les agressions, insultes, menaces s’additionnent à tout le reste comme un tout au service exclusif de nos adversaires. Et ceux qui s’y livrent le savent parfaitement.
Dans notre bataille contre la première loi de finance du quinquennat, nous avons avancé sur deux lignes d’argumentation concomitantes. D’un côté, marteler et démontrer sans relâche le contenu antisocial du premier budget du « président des riches ». De l’autre expliquer et déconstruire la logique économique et politique qui est à l’œuvre dans ce budget. Je crois qu’à cette heure beaucoup de gens ont désormais compris que les cadeaux fiscaux aux plus riches de notre pays seront, au sens propre, payés par tous les autres. Les milliards d’impôts qui ne seront pas encaissés par l’État devront être compensés par des coupes claires dans les divers budgets. La comparaison des montants permet de réaliser l’ampleur des sommes concernées. Avec les sommes que garderont les riches avec le nouvel impôt sur la fortune et le nouveau modèle de taxation des revenus financiers, on aurait pu créer 60 000 postes d’enseignants, 75 000 logements HLM, 150 000 places de crèches… et ainsi de suite. Comme vous l’avez peut-être compris l’impôt sur la fortune est aboli. Un nouvel impôt est créé : il ne s’applique qu’aux seules propriétés d’immeuble, maison, appartement. Aucun patrimoine financier n’est plus imposé. Bien sûr, cela est d’abord totalement injuste socialement. Les patrimoines financiers sont la première cause de la production et la reproduction des inégalités sociales qui rongent les sociétés. Mais le fait d’exempter le patrimoine financier est d’abord un acte idéologique.
J’ai déjà évoqué ici et dans mes diverses interventions cette théorie du « ruissellement ». Elle suppose que plus les revenus des riches sont très importants plus il tombe de grosses miettes sur tous les étages inférieurs de la pyramide sociale. Ici, il est supposé que les milliards que ne paieront pas les riches en impôts, ils les placeront dans l’économie réelle, c’est-à-dire dans les entreprises. C’est une croyance sans aucun fondement. Et même pire : la réalité actuelle démontre le contraire. Il y a peu, les bénéfices produits par une entreprise n’étaient versés que pour 33 % en dividendes aux actionnaires. Nous en sommes rendus aujourd’hui à plus de 57 % ! Autrement dit, les capitalistes ne choisissent pas d’abord l’investissement dans leurs propres entreprises quand ils en ont les moyens. Ils préfèrent se servir de la rente en quantité toujours plus grande.
Un second aspect souligne le caractère irréel de la thèse d’après laquelle l’argent ainsi économisé irait dans l’économie réelle. J’ai demandé à plusieurs reprises au ministre de l’économie, monsieur Le Maire, de nous dire pour quelle raison il croit que ce serait le choix que feront les « épargnants ». Il m’a répondu qu’il le ferait par « bon sens ». Le bon sens de « l’épargnant » qui place lui-même son argent en bourse en faisant le choix de ses placements financier n’existe pas. Ou bien il est totalement résiduel dans l’ensemble du fonctionnement de la circulation des capitaux.
Que l’on soit un particulier ou un collectif, l’argent est placé sur la base des conseils d’un banquier qui cherche lui-même à y trouver son compte. L’essentiel de l’accumulation capitaliste se fait dans la sphère financière, telle est la vérité facile à vérifier. Et elle se réalise à des taux qu’il est impossible de trouver dans l’économie réelle. En toute hypothèse la création de nouvelles actions au profit des entreprises n’atteint pas aujourd’hui un volume capable d’absorber l’arrivée de nouveaux capitaux. De tout cela nous avons des preuves concrètes. Le fait que le capital aille prioritairement dans la sphère financière est avéré par la comparaison entre le niveau de capitalisation boursière et le niveau de la production réelle, ou bien par la comparaison du niveau des échanges réels avec celui des échanges financiers. Dans les deux cas, les échanges réels et l’évolution de la production réelle sont totalement marginaux par rapport à la masse d’accumulation boursière et de circulation des capitaux.
Les écarts sont si vertigineux qu’on a du mal à y croire. Le montant des échanges financiers sans aucun rapport avec la réalité de la production est 4000 fois supérieures à celui des échanges réels. Ultime signal : il y a 40 ans la durée moyenne de possession d’une action était de six ans ! Dorénavant, avec le « trading à haute fréquence », une action est détenue en moyenne 20 secondes. Au total, la vision d’après laquelle l’argent qui ne serait pas collecté en impôts sur les riches serait alloué avec « bon sens » vers la production est une vue de l’esprit qu’il est impossible de vérifier dans la vie réelle. Les nouveaux cadeaux aux riches, venant après les dons monstrueux du CICE finiront comme tous les autres, non en investissements et en emplois, mais en placement financier et en spéculation. Non seulement ils ne créeront pas en seul emploi mais ils en détruiront des centaines de milliers.
Pour nous, au groupe parlementaire « la France insoumise », la discussion du projet de loi de finances n’a jamais perdu ce double objectif : dénoncer les conséquences antisociales des choix faits en faveur des plus riches et démontrer l’inanité d’un modèle économique qui aboutit au résultat inverse de celui qu’il annonce.
Un autre aspect essentiel pour nous dans ce débat, c’est de multiplier les propositions alternatives. D’ailleurs nous présenterons un « contre-budget » le 2 novembre prochain. Mais au fil des débats, nous avons beaucoup amendé point par point. Nous avons voulu montrer inlassablement qu’on pouvait agir, concrètement, tout à fait autrement. Par exemple nous sommes revenus à la charge avec notre proposition d’établir un nouveau barème de l’impôt sur le revenu qui comporterait quatorze tranches au lieu de cinq comme actuellement. Cette simple proposition technique permettrait de répartir l’effort de manière plus équitable sur l’ensemble des contribuables et d’éviter la surcharge de tous les efforts sur la classe moyenne centrale. De la même manière, nous somme revenus à la charge avec la création de l’impôt universel. Il s’agit d’obliger chaque Français où qu’ils soit dans le monde à payer ce qu’il devrait à la France s’il s’y trouvait. Autrement dit, chacun paye dans le pays où il se trouve l’impôt qu’il doit mais il paye ensuite au fisc français la différence de ce qu’il aurait dû lui payer s’il se trouvait en France. C’est le meilleur dispositif possible pour combattre l’évasion fiscale. Rappelons que les États-Unis d’Amérique le pratiquent et organisent une recherche extrêmement active de tous leurs nationaux dans le monde pour les soumettre à l’impôt américain ! Des propositions de ce type sont celles que nous avons tirées du programme L’Avenir en commun qui reste en toutes circonstances notre document de référence.
En ce sens, le débat sur le projet de loi de finances aura été une très utile occasion de se confronter et d’affiner notre argumentation. Mais aussi, pourquoi le taire, cela est une occasion de préparer une large équipe à l’exercice concret du pouvoir. C’est pourquoi il était si important que tous les membres du groupe, à tour de rôle, participent au roulement sur les bancs pour prendre en charge la position commune. Et c’est ainsi que s’est confirmée l’importance de l’existence d’une charte et d’une règle de conduite centrée sur la mise en œuvre du programme L’Avenir en commun. S’il avait fallu discuter avant chaque mesure, chaque amendement, chaque chapitre, chaque article, et définir au coup par coup une position commune, le travail eût été impossible. Je le dis pour que cela serve à l’avenir. Je le dis aussi pour qu’on se souvienne qu’au moment où cette charte et ce programme ont été mis au centre de tout, certains hurlaient contre la caporalisation, et même la « dictature stalinienne » que cette méthode aurait instaurée. Dans les conditions actuelles, chaque électeur sait que ses députés « la France insoumise » mettent en œuvre avec fidélité le mandat qu’ils ont reçu de lui.
Un groupe de pieds nickelés d’extrême droite avait imaginé divers complots morbides. Leur projet essentiel consistait à s’attaquer à des lieux de culte musulman. Mais ils imaginaient aussi, entre deux bières, s’attaquer à des responsables politiques. C’est ainsi que mon nom et celui de monsieur Castaner ont été évoqués. Je ne surestime pas l’importance des conclusions des soirées bien arrosées au cours desquels de tels olibrius s’exaltent. Ceux-là semblent particulièrement stupides. Pour autant, je ne sous-estime pas non plus la menace. Car l’extrême droite identitaire s’est bien structurée et organisée ces dernières années. Plusieurs grandes villes, comme Lyon et Lille en connaissent une infection particulière. Pendant que toute la bonne société concentrait sa vigilance et ses capacités d’indignation sur les musulmans et les actes terroristes qui pourraient en venir, leurs gosses, imbibé par l’ambiance dominante, se sont organisés en société violente. Il n’en est jamais question. Ce complot d’extrême droite permet enfin qu’un peu de lumière passe sur cet univers si glauque.
Car ce ne sont pas les islamistes qui montent en commando dans les autobus de Lille ni qui font des « vérifications d’identité » dans certaines rues de Marseille. Ce sont les groupes de nazillons. Les parades dans la rue avec les drapeaux ethniques, les intrusions de toutes sortes, les clubs réservés à certain public et ainsi de suite, tout cela est une réalité bien concrète. Il n’y a pas besoin d’être très intelligent, ni très visionnaire, pour deviner ce qui va finir par se produire. Le groupe « OAS » qui voulait commettre un attentat contre monsieur Castaner et contre moi avait surtout en vue des lieux de culte musulman. La rumeur veut, si l’on en croit monsieur Collomb, le ministre de l’Intérieur, que ce groupe n’était pas « très avancé » dans ses plans meurtriers. Mais ces divers projets ont une cohérence qu’ont également bien d’autres groupes de cette nature. Au demeurant, il semble que tout cela ait été en tout cas assez sérieux pour que le dirigeant du groupe ait déjà fait quatre mois de prison préventive et que ses neuf complices soient mis en examen pour des incriminations extrêmement graves. J’ai demandé la fermeture du local à Marseille dans lequel ces comploteurs ont tous fait de nombreux passages. Au demeurant, plusieurs plaintes ont été déposées contre les occupants de ce local compte-tenu des exactions auxquelles ils se livrent dans le quartier. Nous verrons quelles seront les conclusions des autorités sur le sujet.
En réalité, il s’agit de savoir si le gouvernement est réellement prêt à s’attaquer aux problèmes de la violence d’extrême droite ou s’il s’en accommode. Dans ce cas, il commettrait une grave erreur dont il devra assumer les conséquences si l’un ou l’autre de ces groupes finit par pouvoir passer à l’action ! Pour l’instant j’ai bien noté la jubilation de certains médiacrates. Et le travail qu’ils effectuent pour protéger les militants d’extrême droite des conséquences de leurs actes. Les exemples ne manquent pas. Traitement « à la rigolade », photos flétrissantes de moi et ainsi de suite. Parfois, des records d’ignominie sont battus. Ainsi quand certains mettent sur un même plan la violence contre le véhicule d’un DRH et une tentative d’attentat contre monsieur Castaner et moi. C’est le cas de Monsieur Aphatie pour qui ma vie a la même valeur que celle d’une voiture. La dégringolade du sens des valeurs et du respect dû aux autres est un des spectacles les plus consternants qu’il m’a été donné de constater après que l’affaire de ce complot d’extrême droite a été connue.
On se souvient que j’avais ici même mis en garde contre le harcèlement et la hargne de ceux qui, à force de nous montrer du doigt dans de tels termes, nous désignaient à la vindicte des violents. J’avais même écrit que si leurs actes aboutissaient, les plus moralement dégénérés dans la sphère médiatique n’hésiteraient pas à dire même que « vous l’avez bien cherché » ! C’est exactement ce qui vient de se produire. À l’époque où j’avais fait cette analyse l’infamie du système médiatique avait consisté pour Le Canard enchaîné comme pour quelques autres, à présenter mon propos comme une menace… contre les journalistes ! Autre manière de nous désigner encore une fois comme des cibles « qui l’ont bien cherché ». Je n’y reviens que pour mettre en garde une nouvelle fois. Quand un journal comme « Minute » peut afficher sur sa une la photo de Danièle Obono avec en grand titre « Faites la taire », dans un tel contexte, comment peut-on le comprendre autrement que comme une injonction violente ? Pourquoi aucun des grands indignés permanents n’ont-ils pas un mot sur le sujet ? Qu’est-ce qui les bloque avec Danièle ? Ce cas est extrême mais je ne compte plus le nombre de déclarations ou de phrases dans des tribunes où l’on nous enjoint de nous « taire » face aux arguments prétendument imparables qui nous sont opposés. D’une façon ou d’une autre ce vocabulaire est un aveu. Appliqué au cas de Danièle Obono, il se présente comme une menace physique. Ni le président de l’Assemblée nationale dont elle est membre, ni aucun commentateur spécialisé dans l’indignation permanente n’aura rien dit ! Les bras m’en tombent ! Faut-il que nous soyons vraiment « à part » pour qu’un tel traitement nous soit infligé en toute bonne conscience. Ce n’est pas tout.
Je suis stupéfait de voir que personne ne se pose de questions quant un ministre de l’Intérieur ne prévient ni un de ses collègues au gouvernement ni le président d’un groupe d’opposition de menaces contre eux. Je suis sidéré de voir que le même ministre de l’Intérieur peut annoncer que, sans m’avoir prévenu, il m’a fait suivre pour ma sécurité pendant quatre mois. Personne ne trouve cela dérangeant quand il s’agit du président d’un groupe d’opposition et d’un pays démocratique. Rien. Pas un mot. Toutes les grandes âmes qui s’indignent contre nous pour un oui pour un non, un demi-adjectif, un mot manquant dans une phrase, qui n’hésitent devant aucune outrance verbale ni aucune comparaison les plus démentes à notre sujet, tout ceux-là n’expriment aucun doute sur une telle situation. Pas plus que personne ne semble troublé par le fait que je n’ai jamais été informé d’aucune manière au cours de ces quatre derniers mois avant l’arrestation de tout le groupe ni, surtout, depuis lors ! Oui, à cette heure, personne n’a encore pris contact avec moi pour m’expliquer, si peu que ce soit, ce qui s’est passé.
Pour ma part je n’ai pas hésité un seul instant à manifester ma solidarité avec monsieur Castaner, comme je l’avais fait, en pleine campagne présidentielle avec messieurs Fillon et Macron et madame Le Pen dont on apprenait qu’ils avaient été menacés ! Je n’ai pas hésité à associer tous les députés, quelles que soient leurs convictions, à la résistance que je voulais exprimer face aux menaces des violents. Toute la représentation nationale s’est alors levée pour partager ma réplique. C’est un grand moment républicain que je n’oublierai pas. Mais je n’oublierai pas non plus le silence des dirigeants des partis de la vieille gauche dont pas un responsable n’a trouvé le temps de faire un communiqué ou d’exprimer une pensée personnelle. Je crois que cela témoigne du nombrilisme dans lequel ils ont sombré, incapables aussi qu’ils sont de prendre la mesure des dangers qui planent sur nous tous. Et du fossé qui désormais nous sépare quand le mot « camarade » ne veut plus rien dire, même face aux fascistes.
97 commentaires
grondin virginie
LCI critique ce post depuis ce matin. L’horreur. « Mélenchon pleurniche, se plaint de ses troupes et d’être entouré d’amateurs… etc », ça plus le sourire de Bachelot, a vomir !
BOUCHET
Pourquoi se fatiguer à réagir. Comme les autres, c’est une habitude de ce média. J’ai découvert il a peu un nouveau nommé Sportouch qui souriait même lorsque Mr Jean-Luc Mélenchon a évoqué le 16ème suicide chez les Goodyear.
Sur le fond, ce billet est à nouveau excellent sur le plan des syndicats. Les divisions, même à l’intérieur de chaque OS, sont orchestrés par un machiavel de haut niveau. Comme Jean-Luc Mélenchon l’écrit, les corporations les plus fortes et revendicatives (dockers, routiers, pétroliers) ont été neutralisés par maintien de leur accord de branche. Sur le plan du chômage, encore une belle démonstration par les chiffres : 6,1 millions, 142 000 offres non pourvues = 5,9 millions de « fainéants, chômeurs multirécidivistes ». […]
Valérie Serrano
Je suis horrifiée que le fascisme est de retour en Europe. Ce que vous faites au sein de la France insoumise est courageux. J’ai aussi une pensée pour la mémoire du jeune argentin Santiago Maldonado dont le corps a été retrouvé la semaine passée ainsi que des 43 disparus au Mexique les Ayotsinapas dont le combat de la vérité ne s’arrete pas. Continuez.
morfin
Jean Luc, je suis très touchée par le renouveau de ces énergumènes d’AF-OAS qui peuvent avoir un lien avec la dissolution du groupe « civitas ». Toujours très difficile de savoir comment aborder ce monde-là sans risquer d’attirer des prosélytes ou des transfuges d’autres orgas dissoutes, vu tous leurs liens souterrains. Ce serait bien qu’un groupe FI consacre du temps à l’analyse de ces groupes et des moyens efficaces de parer à leurs menaces, car on sait que nos groupes anciens ont échoué dans ce domaine. Il n’y a pas de méthode antifa opérante en tant que telle, pas plus d’ailleurs qu’il y aurait une méthode grève générale plus efficace qu’une manif géante sur les Champs par ex, ou une autre forme de lutte plus nouvelle à inventer.
Buonarroti
L’impérialisme ne peut renoncer à son expansion : trahison systématique des traités et lois scélérates caractérisent le capitalisme de guerre. Il lui faut des ennemis qu’il puisse vaincre. Chaque victoire stimule la croissance de l’actionnariat et la petite fiole de poison de Colin Powell rapporte plus en dividende qu’une formation continue du corps enseignant. Dans ce jeu de dupe, l’Etat Unis d’Europe avance masquée. Nul doute qu’il s’imposera comme le recours. Tout comme les communautés de communes dépècent les fondations de la république, ce même processus atomise, segmente et contraint les populations au repli identitaire.
Cette guerre sans limite par une caste de privilégiés ne défend que ses intérêts. Ainsi s’agit-il d’extraire et de faire surgir l’égoïsme partisan contre tous les autres. Le dérèglement bioclimatique en cours de notre planète témoigne de cette guerre totale livrée par des esprits étroits, vaniteux et apeurés. Le capitalisme ne peut renoncer à la prédation. Malgré lui il pousse vers l’armagedon la condition humaine quand bien même s’accrocherait-il au mythe de l’arche de Noé, de Dubaï à Singapour.
christian 09
Votre analyse globale est à la mesure des politiques de choc social et autres que veulent imposer les capitalistes du monde, et américains en premier. Un détail en dit long: le Roundup est mortel pour les plantes et toute la vie invisible qui est dans la terre. A la vente de ce désherbant, qui était écologique lors des premiers mensonges, s’ajoute la vente des semences de maïs, colza, tournesol, et autres céréales compatibles pré-traitées avec ce poisson qui a fait des ravages lors de la guerre du Vietnam ! Il suffit donc de prendre en compte ces ventes pour comprendre la force d’inertie de Monsanto. Il suffit de ne pas chercher un désherbant de remplacement, et des semences qui y seraient insensibles, pour évaluer la force de pression de ce géant international. Il lui suffit d’attendre, et de continuer ses recherches chimiques au cas ou un accord presque mondial se ferait contre cette chimie agricole mortelle. Que sera-t-il…
MP Langeais 37
En tous cas, félicitation et un grand bravo à nos députés insoumis et à leurs collaborateurs qui font un travail remarquable à l’Assemblée, d’explication, de contestation et de proposition. Et en particulier à vous même pour vos interventions sur l’UE. Pour beaucoup vous êtes le souffle dont nous manquerions si nous n’avions pas ces 17 députés « incontournables ». Tenez bon.
semons la concorde
Pourquoi ces attaques médiatiques incessantes et grotesques contre la France Insoumise et ses porte-paroles ? Tous ceux qui paradent sur les plateaux télé savent qu’ils ont tort et que leur monde n’est pas soutenable. La prochaine ouverture de Le Media télé les inquiète, car les intervenants pourront dérouler leurs arguments sans être interrompus par les roquets du capital. C’est très inquiétant pour eux ! Et quand Danièle Obono leur tient tête malgré le harcèlement qu’ils lui font subir, là c’est carrément insupportable. Quoi ! Une « étrangère » qui vient leur faire la leçon avec un langage châtié et un discours cohérent, sans perdre le fil malgré les coupures incessantes. Là c’est trop pour eux. Tous les racistes ne sont pas au FN, il y en a aussi à la télé.
Blanchet
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Veillez sur vous Monsieur Mélenchon. Si, dans ce monde de brutes nous sommes tous menacés, vous l’êtes probablement beaucoup plus que nous. Les attentats politiques n’appartiennent pas qu’au passé. Ils sont toujours et plus que jamais d’actualité. Ce n’est pas l’apanage des seuls islamistes, mais aussi d’une droite extrême qui sent la poudre et le sang. Votre vigilance ne doit jamais se relâcher à quelque moment et en quelque lieu que ce soient. Vous êtes celui dont nous, peuple de France, ne pouvons nous passer. Sans votre voix, sans votre passion de la France et de son peuple, nous sommes déroutés, nous serions déroutés, pour ne pas dire davantage. Vous n’avez pas le droit de prendre des risques dans une situation politique où à l’image du Président des Etats-Unis, vous ne vous appartenez plus. Vous êtes aujourd’hui celui dont tout un peuple, une ation, a plus que jamais besoin pour le défendre. Merci Monsieur.
andré
Et avec tous ceux qui font équipe avec vous, vous êtes aussi les prophètes par qui si c’est encore possible sera évitée pour notre pays, pour l’Europe et pour le monde la catastrophe dont la gouvernance mise en oeuvre depuis trente ans a rassemblé et cultivé toutes les composantes.
Thieulin
Monsieur Mélenchon,
Je n’ose pas imaginer cet impensable scénario qui se préparait, tout d’abord pour vos proches et ensuite pour notre peuple tout entier. Mes pensées vous accompagnent, autant que ma profonde admiration. Vous êtes un bonheur à écouter, à lire et à imaginer à la gouvernance de notre pays. Les gens vous raillent, mais n’arrivent même pas à la hauteur de votre voûte plantaire. Vous avez prononcé un jour ces mots : « je marche… », quelques mots qui résonnent dans mon esprit et me font prendre conscience de la beauté et de la force de l’Avenir en Commun. Non vous n’avez plus rien à prouver, tout votre engagement est dans ce programme, même pas le plus beau mais l’unique. Notre vie de citoyen ne sera plus jamais pareil. Si mon admiration et ma gratitude se ressentent à travers ces quelques lignes, je suis très heureuse de m’imaginer qu’elles vous apporteront un peu de réconfort. Merci.
François GERMAIN
Bonjour très cher Jean-Luc,
Sachez que cette nouvelle qui vous affecte nous a glacé le sang, depuis mardi dernier. Et comment ne pas penser à l’histoire passée, liée à notre grand Jaurès, il y a tout juste cent ans, et que vous incarnez, j’allais écrire, « admirablement ». Non, c’est vous, et c’était lui, et vous êtes en lui, c’est ainsi, nous sommes sans croyance vers le divin dans notre famille politique, le plus souvent, car nous n’avons pas la faiblesse de nous agripper à un dieu quelconque, mais nous croyons à la force de la vie, aux « pas magiques » comme vous le disiez à Natacha (qui subit des pressions et sanctions dans son métier pour lui faire payer le fait qu’elle est de notre monde et elle en est affectée maintenant). De notre Jaurès, traits pour traits, et même de votre personne, professeur de philosophie révolté dans l’âme, et dans le « verbe » contre l’injustice sous toutes ses formes…
THANN
Merci pour ce grand bol d’oxygène. Votre intelligence me sauve. Elle éclaire d’autant leur bêtise crasse, leur pauvreté intellectuelle sidérante et leur vision sans profondeur. Vos analyses sont toujours « en avance », vous avez toujours au moins 1 ou 2 coups d’avance sur leurs regards de myopes et leur discours creux. Et la réalité vous / nous / donne raison. On ne lâche rien.
claire
Je suis atterrée par la une de Charlie hebdo. J’imagine seulement quel effet ça vous fait d’être ainsi dénigré. Ces gens sont mauvais et nous mènent à la ruine. Je sens que nous somme proches d’un basculement. Toute mon amitié, courage !
simenhaus
Quand je vois et entends toutes les caricatures et mensonges diffusés par les médias sur Mr Mélenchon et la France Insoumise, je revois les caricatures placardées par les nazis et leurs collaborateurs pour installer la haine et la peur poussant à la violence contre les juifs et justifiant la leur. La majorité du peuple français est éduquée et ne peut cautionner ces comportements. Courage à tous.
Jean-Charles
Ouh là là, c’est osé comme rapprochement. Faut pas tomber non plus dans le délire paranoïaque ! Tiens, je me demande si le bashing actuel n’est pas délibérément alimenté avec du buzz et des polémiques à la petite semaine (Valls, drapeau, Thatcher, Lituanie etc.) pour susciter en réaction une cohésion défensive des insoumis, et les amener à faire corps autour du chef. Les récentes déclarations au journal Le 1 comme « le but de la FI n’est pas d’être démocratique mais collectif » soulèvent pas mal de questions.
Val
Prenez soin de vous, M. Mélenchon. Plus la France Insoumise avance, plus les idées trouvent leur chemin chez le peuple, plus vous, en tant que figure de proue, êtes dangereux pour le pouvoir en place. Je trouve inadmissible qu’on ne vous ait pas prévenu, vous, M. Castaner et vos familles. En tout cas, bien que vous le sachiez déjà, je le répète, nous sommes là, et nous poussons avec vous pour amener la France vers une société meilleure où la solidarité et le vivant seront au cœur des préoccupations.
Bien cordialement
Jean Pierre
Monsieur Mélenchon,
Je viens par le présent vous exprimer toute ma sympathie, encore plus grande après la menace qui a pesé sur vous durant ces derniers mois et qui vous a été révélée par la presse avant même que les autorités de Police ne vous en informent (quelle honte!), et vous adresser ainsi qu’à tous les députés insoumis tous mes remerciements pour tout ce que vous faites et mes encouragements pour les temps à venir ! Heureusement que vous êtes-là fort de votre savoir, de votre vécu fidèle à vos engagements et entouré de personnes tout autant déterminées et brillantes. Quand j’ai lu ce matin que la commission européenne est sur le point de renouveler l’agrément de commercialisation du glyphosate (peut-être pour 5 à 7 ans) et ce, malgré le reportage édifiant de madame Marie Monique Robin qui a été récemment diffusé sur Arte, j’ai été démoralisé. A se demander si seule une sortie de cette Europe qui valide tout ce qui empoisonne la vie des gens n’est pas la seule…
Breton suzette
Les constats ne nous intéressent plus du tout ! Nous voulons des résultats, issus d’actions positives, visant à récupérer notre France vendue déjà, à l’Amérique du nord. Mr Mélenchon, le peuple de France n’a plus la capacité, la force, l’espoir d’une quelconque amélioration. Nous vous avions désigné notre « leader », celui qui agit au nom du peuple français. Ne vous alignez pas à ceux qui se cachent derrière des discours négatifs. Nous sommes prêts à agir maintenant. Les manifs répétitives n’ont plus aucun impact sur qui que ce soit ! Envisagez la seule solution et mettez la en mouvement, alors toute la France sera avec vous !
François Rosicki
Merci pour vos arguments, vos réflexions, votre franc parler, même si j’ai une sensibilité différente (mais peu importe). Au sujet du drapeau, je ne suis pas contre le drapeau européen, mais à condition qu’il soit utilisé au bon moment et bon endroit. Chez moi, dans le hall de la Mairie de Saint-Mandé (94), on voit 5 drapeaux bleu-blanc-rouge sur la gauche, un drapeau européen au milieu (légèrement décalé) et 5 drapeaux bleu-blanc-rouge sur la droite. Exemple, lors d’une visite d’un chef d’Etat européen, le drapeau UE est le bienvenu (avec le drapeau du pays invité et le drapeau français). En revanche, j’avais protesté lorsque l’ancien Président Sarkozy avait fait mettre le drapeau de l’UE sous l’Arc de Triomphe. Autre exemple, je reviens d’un week-end à Madrid. On voit maintenant des drapeaux espagnols partout dans les rues, aux fenêtres, sur les balcons, dans les cafés/restos, etc. Viva el Rey, viva España.
HYBRIS
@ Jean-Charles
Trop fort ce Goebbels ! 72 ans après son trépas il embrouille encore les esprits. Au moins ceux de @Jean-Charles et de Jean-Claude Mailly. La rue à laquelle Jean-Luc Mélenchon fait référence, c’est celle de l’expression d’une volonté populaire finalisée par les urnes. Quel rapport avec les exactions des bandes armées nazies financées par les magnats de l’industrie allemande ? Malgré ces fabuleux subsides, les nazis, jamais majoritaires, étaient pointés en baisse dans les dernières élections démocratiques. Moins de trois mois après celles-ci, avalisée par Hindenburg, chef de l’Etat, c’est une séquence de tractations avec les partis de la droite classique, les chefs de l’armée et les milieux d’affaires expressément consultés, qui leur ouvrait le pouvoir. La rue des nazis ? Celle d’Al Capone, pas celle du peuple conscientisé.
Jean Louis
Je viens de visionner votre 44ème revue de la semaine. Merci encore pour ces explications. En ce qui concerne la disparition des insectes, il suffit de se rappeler comment il y quelques 20 ans les pare brise des voitures étaient constellés de cadavres d’insectes après quelques heures de route, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Je voulais vous faire part de remarques que j’entends guère et je pense que c’est par incompétence de la plupart des commentateurs. Vous le faites justement remarquer pour le nucléaire, si on doit diminuer la production d’électricité nucléaire mieux veux commencer tout de suite à développer les alternatives. C’est la même chose pour le glyphosate. Qu’a-t’on fait ces 10 dernières années, alors que l’on savait que l’autorisation était limitée, et que va-t’il se passer dans 3 ou 5 ans ? Si les industriels ne font rien nous serons confrontés à la même situation au bout de cette nouvelle période.
andré
L’expérience montre qu’il n’y a rien à attendre du coté des industriels (pas plus que de la FNSEA). Les choses changeront à partir du moment où la politique de « l’humain d’abord » aura pris la place de la politique du fric à tous prix y compris par les moyens les plus nauséabonds: il apparaîtra clairement que l’agriculture est faite pour nourrir l’humanité et pas pour l’empoisonner. Et la récupération des fonds actuellement frauduleusement dilapidés dépasseront largement les besoins d’une implication rapide et efficace pour que tous les paysans de bonne foi enrôlés dans le fonctionnement mortifère actuel défendu par le pouvoir sous la coupe des lobbys puissent s’insérer enfin dans une démarche conforme à leurs aspirations et aux besoins de l’humanité.
Invisible
Et si chacun visait de faire baisser sa facture d’électricité en diminuant drastiquement ses consommations ? Notre problème, c’est que nous vivons avec beaucoup de branchements électriques. La maison ronronne et chauffe… Si EDF voyait baisser les consommations, ça ferait peut-être réfléchir ? C’est nous la masse, quand même.
morfin
Si on baisse encore notre conso, et beaucoup le font déjà, EDF augmentera les prix pour retrouver son chiffre d’affaire, c’est pour çà qu’on doit changer l’ensemble du système et pas seulement énergétique.
Jacques
Pas mal le prix Sakharov cette année… Digne de ceux qui ont précédé.