Quel genre de « dialogue » imaginer quand sous couleur de « Français de la société civile » on vous confronte à une illuminée comme cette madame Laurence Debray ? La mine curieusement écarquillée, elle vient réciter les éléments de langage de l’extrême droite vénézuélienne comme un piano mécanique. J’aurais pu finir chacune de ses phrases à sa place. Je les connais toutes. Elle figurent dans les éléments de langage de leur propagande que chacun d’entre nous avons pu lire dix fois. Et d’ailleurs, les amis du Vénézuela ont leur contre-argumentaire lui aussi bien diffusé. Si encore cela avait été une discussion sur « l’experience socialiste » au Vénézuela comme on me l’avait annoncé ! On aurait pu parler, analyser, partager des critiques et des soutiens. J’ai donc attendu qu’elle commence pour fixer ma stratégie de réponse.
Aux premiers mots, j’ai su que son numéro n’était nullement une ouverture au dialogue. Juste un pathos misérabiliste reprenant les poncifs de la propagande anti-chaviste la plus grossière. Le numéro sur le « papier hygiénique qui manque à cause du chavisme » est une signature de la propagande des anti-chavistes les plus abrutis. Elle dure depuis deux ans. Entre temps, le papier hygiénique est revenu au Vénézuela après que ceux qui organisaient sciemment la pénurie ont été démasqués. On imagine la scène qui était prévue sur ce plateau ? Un « débat » absurde entre une personne soit-disant victime du chavisme énumérant les pénuries et un « partisan » du régime dans un registre idéologique. La pénurie de papier hygiénique face à la lutte contre l’impérialisme. « Vous avez dit que c’était votre modèle » glapit Léa Salamé en pleine hystérie a l’idée que je lui brise le clou du spectacle. Il me restait à dire « non » ou « oui ».
Bref, le « débat » sur le mode totalitaire comme l’aime le service public de l’info : « Avouez ! Vous vous sentirez mieux » ou bien « Êtes-vous conscient de votre indignité devant tant de malheurs? ». Il fallait casser la scène pour sortir du piège préparé. Je l’ai donc immédiatement installée dans son rôle de larbin des USA. Et j’ai laissé parler le dégoût que de tels personnages inspirent partout dans le monde. Certes je dérange les uns, ceux qui ne savent pas et ceux qui ont déjà choisi leur camp du côté de l’extrême droite du Vénézuela. Mais je fortifie les autres, bien plus nombreux, qui savent de quoi les USA sont responsables. Ceux-là vivent comme une respiration, après l’apnée éternelle à laquelle nous sommes condamnés, qu’une voix se réclame de nos morts, nos torturés, nos assassinés, nos putchés face à la bourgeoisie dorée, les pelucons, les esqualidos, et autres agents de la « contra » au service du monde des USA. Et leurs marionnettes grotesques du genre Laurence Debray. Les USA encore responsables de violences le jour même au Honduras où ils organisent un de ces coups d’État dont ils ont le secret. Le Honduras où des dizaines de journalistes ont été assassinés par les amis de madame Debray parce qu’ils ne veulent pas faire le même métier de passe-plat des campagnes des USA que Léa Salamé.
Tout cette scène concentre les méthodes de cette équipe du « service public ». J’avais demandé que cette séance « Vénézuela » soit annulée quand il y avait des sujets de politiques internationale autrement plus urgents et brûlants. Je crois que Léa Salamé n’avait pas trop envie de revenir sur la Syrie et l’Irak comme je le lui proposais. On se souvient peut-être de son numéro anti-Russe contre moi chez Ruquier. Dorénavant, tout le monde sait à quoi s’en tenir sur les bombardements de l’époque. Les USA soutenaient en sous-main Daech en Syrie. Pour finir, Macron a rejoint ma position sur la crise en Syrie, ce qui cloue le bec de ses griots. N’empêche : on me promit un « historien modéré » et un débat sur « les modèles socialistes » à partir du cas Venezuela. On me promit même qu’on parlerait de la Catalogne aussi. Autant de mensonges destinés a me désarmer. On a vu ! Résultat : « Y a-t-il assez de papier hygiénique au Vénézuela » ? Un grand débat « sur le socialisme » pensé et mis en scène par Léa Salamé et une de ses copines de comptoir. L’effet de surprise, la prise à revers, l’intox qui égare, bref, le leurre, a joué son rôle ici.
Je découvris donc en me retournant la dame. Fort heureusement, je connais son pedigree en France et au Vénézuela. Naguère, elle m’avait d’ailleurs envoyé un SMS pour m’inviter à répondre a ses question pour un article dans « L’Opinion ». Elle tenta la supercherie en signant :« fille d’un de vos fans ». Ce genre de racolage ne fonctionne pas avec moi. Je lui avais répondu : « l’intelligence et la culture ne s’héritent pas ». Elle répliqua : « on ne dialogue pas ? ». Je clos la conversation : « on ne dialogue pas davantage avec les médias qu’avec un répondeur automatique ». Après quoi on continuera de lire sans doute que j’ai « un problème avec les médias ». Ou comme Médiapart, le journal d’appui à tous les ennemis des gouvernements de gauche latino-américains, que je n’aurai jamais « parlé a un homme comme je l’ai fait avec cette femme ». Facile tentative mainstream de disqualification d’une parole politique sous couvert de sexisme. Le trio de grands machos qui règne sans partage à Médiapart, Plenel, Mauduit et Broué, est au trotskisme dont ils sont issus tous les trois ce que madame Debray est à son père. Un reniement dégoûtant.
En tous cas, que ceux qui me lisent s’en souviennent : « méfiez-vous de celles qui se vantent d’être des filles à papa ». Cette Laurence Debray est un personnage rongé de narcissisme, prenant en otage le nom et l’histoire de son père pour le salir en public. Sans dignité personnelle, elle accepte d’être présentée comme « fille de… » ce qui ferait hurler n’importe quelle femme ailleurs que dans la bonne société médiatique que ce genre de connivences ne dérange pas trop. Elle accepte aussi le titre « d’historienne » pour avoir donné sa signature à une brochure de propagande pour la monarchie espagnole issue du franquisme. Et Salamé lui décerne tous ces titres sans blêmir en sachant qu’elle ment et dissimule qui est vraiment là ! La vérité au sujet de ce personnage de série B est pitoyable : c’est juste une ex-trader qui a réussi à commercialiser ses problèmes d’Œdipe en les étalant sur la place publique. Tout le monde a pu voir ça sur France 2. Son père, sa grand-mère, toute la famille est convoquée pour justifier sa propagande malsaine. La géopolitique ramenée au problèmes familiaux d’une bourgeoise égotique. La politique ramenée à la consommation de papier hygiénique de sa grand-mère au Vénézuela. Tout cela voulu et planifié par Léa Salamé. Au nom du service public…