L’entretien du président de la République diffusé dimanche soir sur France 2 était un modèle du journalisme de révérence et de complaisance. La séquence était entièrement construite à la gloire du président de la République. Les « questions qui fâchent » étaient ici absentes. Cette impertinence sadique n’était-elle pas le prétexte de France 2 pour justifier le traquenard de « L’Émission politique » à laquelle j’ai participé ? Même sans être aussi abjecte, la séquence aurait pourtant eu matière à aller plus loin que les rites du passe-plat.
Ainsi du dialogue entre Laurent Delahousse et Emmanuel Macron sur l’écologie. Le Président y adopte clairement une position pro-finance, il parle de « la finance au chevet du climat ». Une position pour le moins étonnante. En effet, entre 2014 et 2017, les grandes banques ont financé pour 630 milliards de dollars des entreprises du charbon. Les banques françaises ont même augmenté depuis 2015 leurs investissements dans le charbon de 135%. Ces chiffres sont publics. Ils ont été publiés par des ONG le jour de la tenue du sommet climat-finance qui était aussi le jour d’enregistrement de l’interview. Emmanuel Macron n’y sera pas confronté par un Laurent Delahousse préférant commenter : « c’est votre héroïsme en politique qui revient, là ? ».
De même, le président peut affirmer vouloir rester dans le nucléaire parce qu’il veut développer les énergies renouvelables sans qu’on lui fasse remarquer l’incohérence cette position. Rester dans le nucléaire signifie dépenser 100 milliards d’euros pour le grand carénage des centrales. Autant d’argent qui ne sera donc pas investi dans les énergies renouvelables. Aucune réaction non plus de la part du journaliste lorsqu’il qualifie de « grande avancée » la décision européenne sur le glyphosate. Tout le monde sait pourtant que cette décision était une défaite de la France.
Une autre partie de l’entretien a porté sur la politique internationale. On peut d’abord s’étonner qu’il ne fut pas du tout question d’un des sujets fétiches des journalistes politiques de France 2 : le Venezuela. Pourtant, celui qui est décrit comme le plus proche conseiller d’Emmanuel Macron, Ismaël Emelien, n’a-t-il pas participé directement à la campagne de Maduro en 2014 ? Le service public a permis au président de s’exprimer sur la situation en Syrie, ce qu’il m’avait refusé. Il faut noter qu’Emmanuel Macron s’est sur ce sujet rapproché de la position défendue depuis le début par « La France insoumise » sous les quolibets, à l’époque, des brosses à reluire de la chaîne publique : discuter avec tous les acteurs présents sur le terrain pour trouver une solution politique durable en Syrie. Il est vrai que ce n’est autre que la position qui est contenue dans les résolutions de l’ONU.
Là encore, des incohérences auraient pu être soulevées entre ces paroles et les actes posés par le gouvernement. Ainsi, alors que Laurent Delahousse, par ses questions, tentait de faire passer Emmanuel Macron pour le contrepoids à Donald Trump sur la scène internationale, le président soutient la création d’une Europe de la défense totalement imbriquée dans l’OTAN, l’alliance militaire dirigée par les États-Unis. Ce ne sont pas là des interprétations mais ce qu’ont affirmé les dirigeants européens eux-mêmes dans leur lettre d’intention sur l’Europe de la défense et lors d’un sommet UE-OTAN le 5 décembre. On ne saura pas non plus comment peuvent s’accorder la volonté d’avoir une position équilibrée au Moyen-Orient et les déclarations hostiles à l’égard de l’Iran prononcées par le ministre français des Affaires étrangères depuis l’Arabie Saoudite.
Cet entretien s’est aussi illustré par les questions totalement ignorées. Pas un mot sur la réforme de l’Université qui rompt avec le principe du droit de choisir ses études pour tous les bacheliers. L’entretien a été enregistré à deux jours du Conseil européen de fin d’année mais cela n’a pas donné lieu à une seule question. Le budget en faveur des riches va être voté définitivement la semaine prochaine, alors qu’un rapport sur l’explosion des inégalités au niveau mondial est publié mais cela n’a pas fait partie des thèmes retenus par France 2. Certes, tous les sujets ne peuvent pas être abordés en 45 minutes mais Laurent Delahousse et Emmanuel Macron ont eu le temps d’échanger sur l’ameublement du bureau et la durée des nuits présidentielles.
La comparaison entre cet entretien et le traitement dont j’ai été la victime pendant l’émission politique est cruelle pour France 2. Elle montre où en est le média public. Un tel état de fait est problématique en République. Les médias devraient permettre le débat contradictoire en traitant de la même manière les différents courants politiques. Ici, certains sont présentés avec une hostilité systématique quand le pouvoir jouit d’une très grande complaisance. Il convient, dans l’intérêt du débat démocratique de rééquilibrer les choses. Je crois que la création d’un conseil de déontologie du journalisme sera un premier pas dans cette voie.
Je suis allé à Barcelone tenir meeting aux côtés de nos amis de « Catalunya en Comú », alliance locale de Podemos et de diverses composantes politique de « l’autre gauche » catalane. Parmi celles-ci « Barcelona en comú » au nom de laquelle Ada Calau, maire de Barcelone, a pris la parole dans ce meeting. Le chemin choisi par nos amis et leur candidat à la présidence de la Generalitat, Xavier Domènech, est un chemin de crête. Ils refusent de s’aligner sur l’un des deux blocs aujourd’hui dominants : d’un côté les indépendantistes catalans, de l’autre les « unionistes » espagnols (de la droite post franquiste au PS). Leur projet est de sortir par le haut c’est-à-dire de parvenir à un gouvernement progressiste en Catalogne. Un gouvernement « pour tous », c’est-à-dire ayant en priorité à son agenda la question sociale et pas pour un « nationalisme » contre l’autre. Les chances de gagner sont très faibles. Les chances d’être les faiseurs de rois sont très grandes. Car aucun des deux blocs « nationalistes » ne semble en état de réunir à lui seul une majorité. L’option « ni-ni » ouvre donc une issue. Dans l’ambiance locale survoltée, il faut oser !
Mais quel autre chemin prendre ? Car la caractéristique des deux camps centrés sur l’indépendance (en pour ou en contre) est de nier la question sociale ou écologique qui ne tient aucune place dans leur offre politique. De bien des façons on peut dire que le cadre même de leur positionnement exige que tout ce qui ne concerne pas la question nationale, ou pourrait entraver le rôle fédérateur qui en est attendu, est repoussé hors du champ. C’est l’éternel vieux débat sur le sujet du nationalisme et de son articulation avec la question écologique et sociale. Sur le vieux continent européen le bilan est clair : le nationalisme a toujours été essentialiste, ethnicisant jusqu’au racisme et xénophobe. Au point que François Mitterrand a pu résumer : « le nationalisme c’est la guerre ». Il en va tout autrement dans le nouveau monde où le nationalisme est avant tout un acte de rejet de l’impérialisme américain. Il est donc le plus souvent progressiste puisque les États-Unis sont toujours en position sociale réactionnaire.
La vague des nationalismes dans l’Europe actuelle est de deux sortes. D’un côté le nationalisme de la vieille école, autoritaire et xénophobe. Il est le plus souvent d’ailleurs nourri et dirigé par l’extrême droite. C’est le cas de l’Europe de l’Est, Autriche et Pologne incluses. L’autre nationalisme est celui des sécessionnistes. Ecossais, Flamands, Catalans et ainsi de suite. Sur la base d’un ethnicisme « régional » il s’agit de récupérer une souveraineté assimilée à l’idée que le pouvoir central ayant échoué à régler les problèmes, un gouvernement local indépendant y parviendrait. On voit bien vite comment cette idée est liée au fait que le gouvernement central a été réduit à l’impuissance par les politiques européennes de coupes claires dans les budgets sociaux et par les plans de liquidation des services publics, deux fondamentaux de la raison d’être de la communauté nationale. Dans le cas européen, cette politique s’est accompagnée d’une volonté délibérée de miner les États-nations et de fortifier des structures fédératives sur le modèle des länders allemands. Autrement dit : dans des États sans chômage, bien équipés et socialement accompagnés, les séparatismes ne s’exprimeraient pas du tout de la même façon et seraient restés sans doute extrêmement minoritaires. Surtout si l’État-nation s’était montré respectueux et soucieux des problèmes et frustrations soulevés par l’opinion populaire.
En Catalogne, Podemos tient compte du fait que le vote indépendantiste n’est pas fédérateur mais clivant. Clivant de deux façons. D’abord parce qu’il partage toutes les catégories sociales et le peuple lui-même en opposant deux points de vue par définition inconciliables. Ensuite parce qu’il institue un paysage politique où chacun est mis en demeure de radicaliser son choix en assumant qu’aucun compromis n’est possible. Podemos propose donc un déplacement du débat sur les thèmes qui finissent par mettre à nu les contradictions sociales de chaque camp et donc l’illusion que chacun de ces camps constitue en tant que « camp ». Ce déplacement propose une autre ligne fédératrice dont les aliments sont les exigences écologiques et sociales. Il milite donc pour une formule gouvernementale « progressiste » incluant la gauche indépendantiste et la gauche « unioniste ».
J’ai accepté et partagé ce cadre. Je le crois le plus utile pour les voisins que nous sommes, très directement intéressés par la paix à nos frontières. Utile pour les amis des peuples en Espagne que nous sommes. Autant le leur dire : on n’a jamais construit une nation à coup de trique. On ne fait rien de bon quand la pâte est sortie du tube si on pense la faire y revenir avec des troupes qui cantonnent. Sauf au prix d’une dictature. Et celle-ci ne dure jamais aussi longtemps que le croient ceux qui les instaurent. La fraternité est une composante objective d’une communauté humaine, fusse-t-elle aussi étendue que l’est une nation. Je crois bien que c’est une donnée invariante d’échelle. Ne parle-t-on pas de « l’affectio societatis » pour désigner en latin le lien qui unit des personnes qui fondent une entreprise ? Pour se figurer correctement l’enjeu d’un tel sentiment il n’y a qu’à imaginer l’inverse s’il survient parmi les composantes de cette entreprise : la mésentente. C’est pourquoi les juristes insistent sur le caractère volontaire et conscient de ce sentiment « affectio societatis ».
Sans étendre outre mesure le parallèle on peut cependant comprendre qu’un tel lien ne peut exister là où l’un domine, humilie l’autre ou le conduit contre l’idée qu’il se fait de ses propres intérêts. L’inégalité est donc l’obstacle le plus évident au lien de fraternité. La question des séparatismes, que je distingue du pur nationalisme se traite donc à l’endroit où se reconstruit le lien social car c’est la que se reforment les « affectios ».
Une autre question vient sur ce thème. C’est celle de la signification de la souveraineté et de sa source. Pour nous, jacobins, la souveraineté est celle du peuple. Aucune autre source n’a de légitimité à gouverner la société. Je ne glose par sur le thème. Quoiqu’il soit important de bien situer chacun des termes fondamentaux de l’équation républicaine. Je m’arrête sur un point : la forme institutionnelle que doit prendre l’expression de la souveraineté populaire. On s’accorde à penser qu’une relation directe de pourvoir n’est pas possible à 65 millions. Le besoin d’un mécanisme de représentation est donc quasi incontournable. Je n’entre pas non plus dans cette discussion ici. Je relève seulement qu’une médiation est toujours jugée nécessaire. Le vote, le tirage au sort, sans être identique ni de portée égale, peuvent être considérés comme de telles médiations.
Le régime intérieur du mouvement « La France insoumise » cumule les deux modes. Donc on peut en conclure que l’unité et l’indivisibilité du peuple n’est pas forcément celle des formes de l’institution. La République française est une et indivisible. Mais elle comporte en son sein diverses formes institutionnelles pour que s’exerce la souveraineté du peuple. Le gouvernement de la Polynésie, celui de la communauté de Wallis-et-Futuna, le congrès du territoire de la Nouvelle-Calédonie, et ainsi de suite, attestent de la diversité des formes que prend l’expression de la souveraineté populaire au sein même d’une République « une et indivisible ».
Cela devrait nous aider à penser autrement que par la violence ou la sécession le cas de la Corse. La spécificité de la Calédonie a été introduite dans la Constitution. Ce fut en raison du fait colonial reconnu comme tel. Faut-il cette extrémité pour y parvenir ? La plateforme de la liste de monsieur Simeoni qui a largement gagné les deux dernières élections sur l’île réclame une autonomie avancée. Et/Mais elle demande à l’inscrire dans la Constitution. Ce qui revient à dire que l’unité et l’indivisibilité de la République est reconnue par tous puisqu’elle est également proclamée par cette Constitution. C’est donc une base de discussion acceptable sans déroger aux principes fondamentaux. Nous sommes ici dans l’essence de la souveraineté populaire. On a connu plus radical. La Constitution de 1793 prévoyait que si un tiers des assemblées départementales rejetaient une loi celle-ci ne s’appliquait pas. À mon avis, on a trop confondu le jacobinisme et sa dégénérescence autoritaire imposée Napoléon Bonaparte. L’Histoire est assez pleine d’humour pour qu’on ait eu besoin d’un Corse pour diminuer les libertés individuelles et collectives après une révolution faite pour les émanciper.
D’un autre côté les amis de monsieur Simeoni voudraient que la loi puisse être spécifiquement « adaptée » localement. C’est déjà le cas dans plusieurs territoires français. Et en Corse même dans l’ancien statut. Mais cela n’est pas acceptable tel quel à mes yeux. Je précise : ce n’est pas le principe de « l’adaptation » que je mets en cause. Ni même celui de l’initiative locale des lois applicable sur l’île. Je conteste qu’une fraction du peuple décide que la loi de tous ne s’applique pas à tous sans que tous aient donné leur avis. Donc une « adaptation » ou même une initiative législative ne devrait pas être possible sans être approuvée ensuite par la représentation commune du peuple tout entier. Imaginer une navette législative entre l’assemblée territoriale et l’Assemblée nationale n’est pas si difficile. Dès lors autant être clair : le séparatisme ne peut rester l’apanage de la plus petite partie. La plus grande devrait aussi être autorisée à se prononcer sur son envie de continuer à faire République commune si les conditions choisies par la partie séparatiste contreviennent aux principes et intérêts communs tels que pensés et voulus par le reste de la population. La relation de la Corse à la République qui l’englobe ne peut être construite sans une confiance réciproque. Elle ne peut être un simple lien administratif qui aurait vocation à se diluer dans l’eau froide du bilan des avantages et des inconvénients soupesés. Cela doit être un « affectio societatis » conscient et volontaire, un référendum quotidien, une fraternité choisie et alimentée.
Le mardi 12 décembre, s’est tenu à Paris le « One Planet Summit », un sommet climat-finance organisé à l’initiative d’Emmanuel Macron. Ce sommet était censé consacrer Macron comme le chef d’État en pointe sur les questions climatiques. Son organisation est très macronienne : il mêlait dans d’aimables bavardages des interventions, à égalité, d’acteurs étatiques, des organisations internationales et des représentants des grandes banques, compagnies d’assurance et autres multinationales. Rien n’incarne mieux l’erreur de croire que le capitalisme financiarisé peut être une partie de la solution contre le changement climatique, alors qu’il en est le principal facteur d’accélération.
Car le secteur financier mondial ne cesse de montrer combien il est un obstacle à la transition écologique. La banque HSBC a été dénoncée en janvier 2017 par l’ONG Greenpeace pour avoir participé au financement de vastes exploitations d’huile de palme en Indonésie qui sont responsables de déforestation. Ses représentants étaient invités au sommet de Macron lors d’une table ronde opportunément intitulée « verdir la finance ». La compagnie d’assurances AXA, qui a investi 848 millions de dollars dans les entreprises charbonnières depuis 2015, était également de la partie. Plus largement, on estime que le système bancaire mondial a financé l’industrie du charbon depuis 2005 à hauteur de 373 milliards d’euros. Il a investi 115 milliards de dollars dans les sables bitumineux entre 2014 et 2017. Les premières compagnies d’assurance d’Europe et des États-Unis ont actuellement 590 milliards de dollars d’investissements dans des entreprises des énergies fossiles, soit plus du triple des investissements dans le secteur des énergies renouvelables. Les ultra-riches ont une contribution plus importante que le reste de la population à la destruction de la planète. Les 1% les plus riches au niveau mondial ont une empreinte carbone 175 fois supérieure à celle des 10% les plus pauvres. Et les 88 milliardaires qui ont des intérêts financiers directs dans les énergies fossiles ont vu leur fortune augmenter de 50% depuis 2010.
En France, une étude de la Caisse des dépôts est parue très dernièrement sur les investissements pour le climat en France. Elle montre que nous sommes en dessous de ce qu’il faudrait faire. Depuis 2014, la somme des investissements réalisés contre le réchauffement climatique stagne à 30 milliards d’euros. Il s’agit ici des investissements mis dans les énergies renouvelables, dans les transports propres ou dans l’isolation thermique des bâtiments. Ces sommes sont largement insuffisantes pour tenir les objectifs fixés par la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie. Au lieu de 30 actuellement, c’est 60 à 70 milliards d’euros qu’il faudrait investir annuellement pour atteindre ces objectifs. Encore sont-ils insuffisants puisqu’ils ne proposent pas de sortir du nucléaire ou de passer au 100% énergies renouvelables.
Mais surtout, l’étude montre une nouvelle fois la défaillance du secteur privé pour le financement de la transition écologique. En effet, plus de la moitié des investissements pour le climat sont financés par la puissance publique, qu’il s’agisse de l’État, des collectivités locales ou des entreprises publiques comme la SNCF. Cette proportion a tendance à augmenter avec les années. Les chiffres montrent donc clairement qu’on ne peut pas compter sur les investissements privés guidés par la main invisible du marché pour faire la transition écologique. L’intérêt général n’est pas une composante du fonctionnement spontané de la prétendue économie de marché. C’est pourquoi nous avons proposé ce plan d’investissements publics de 100 milliards d’euros dont 50 concentrés sur les énergies renouvelables, la rénovation thermique des logements et le développement du fret ferroviaire. Mais les bouffis de prétention du style Hollande qui nous lancent de définitifs « vous ne faites pas de propositions » ont des difficultés de lectures au-delà de cent quarante signes. Et ils roulent avec des grosses voitures. Et leurs fondations puent le pétrole, l’atome et le gaz.
Un collectif d’associations citoyennes, d’ONG a mis à profit ce sommet macronien pour organiser une manifestation. L’objectif annoncé était d’appeler à stopper le financement des projets qui contribuent au réchauffement climatique. Le mot d’ordre était « Pas un euro de plus pour les énergies du passé ». Ils avaient donné rendez-vous le 12 décembre à la place du Panthéon. Un jeudi… à 8 heures du matin… Certes, la démonstration des ONG fut réussie. Et nos déléguées sur place ont été efficaces. Mais il n’en reste pas moins clairement que le peuple n’était invité par personne à ces rendez-vous. Et c’est un problème ! Encore une fois, la séparation du syndical, de l’associatif et du politique est un gâchis formidable d’énergie et un manque à gagner de prise de conscience inouï. Il y a deux ans, la mobilisation Climat organisée par Avaz nous avait tous impressionnés par sa vigueur, sa bigarrure et son ampleur. C’était un samedi et chacun avait été appelé à s’y impliquer de toutes les façons possibles. C’est la bonne méthode pour être à la hauteur de l’enjeu. Le présent nous montre que la lutte contre le changement climatique est un rapport de force social et culturel. Ce n’est pas une affaire d’opinion mais un problème de survie commun, quelles que soient les opinions.
Comme il est difficile de le savoir, la semaine dernière nous débattions à l’Assemblée du projet de loi du gouvernement pour mettre en place la sélection à l’entrée de l’université. Ce fut l’occasion de constater la méconnaissance de la majorité de la condition sociale étudiante et de ses conséquences sur le déroulement des études de la jeune génération. Un argument du gouvernement pour justifier du bien-fondé de sa réforme est le prétendu alarmant taux d’échec en licence. Ils affirment la chose suivante : « 60% des étudiants échouent en licence ». C’est faux. Parmi les étudiants qui entrent en première année de licence, il est vrai que seuls 40% d’entre eux passent en deuxième année du premier coup. Mais en bout de course, 80% des étudiants sortent de l’enseignement supérieur français avec un diplôme. Soit mieux que la moyenne des pays développés.
Cependant, leur propre constat aurait au moins dû les conduire à s’interroger sur les raisons pour lesquelles tant d’étudiants échouent à l’université. Leur seul raisonnement est : puisque certains étudiants échouent à l’université, c’est qu’ils ne devraient pas y être. D’où l’instauration d’un numerus clausus à l’entrée des facultés. Contresens total. On ne peut aller pire contre l’intérêt général d’un pays comme le nôtre qui exige l’élévation générale du niveau de qualification de sa population. Il faut donc qu’une part toujours plus importante de jeunes accèdent à l’université. Ce n’est pas le cas puisque dans les trois dernières générations, cette part stagne en dessous de 45%. L’augmentation actuelle du nombre d’étudiants qui s’inscrivent n’est uniquement due qu’à la croissance démographique et au boum de la natalité au début des années 2000.
Les conditions dans lesquelles étudient les jeunes sont parfois autant d’obstacles à leur réussite. Entre le logement, la nourriture, les frais de santé, les frais universitaires, une année universitaire coûte à l’étudiant 11 000 euros. Or, la bourse maximale qu’il peut toucher est de 555 euros mensuels sur 10 mois. Par conséquent, on met les étudiants issus des familles d’ouvriers, d’employés ou même de professions intermédiaires dans une situation où ils ne peuvent pas se concentrer uniquement sur leurs études. C’est au point que 73% d’entre eux déclarent avoir une activité salariée en plus de leurs études. La moitié d’entre eux ont une activité à mi-temps et un tiers à temps complet ! Ce chiffre est en augmentation de 10 points par rapport à la génération précédente. Ainsi, le fait qu’une majorité redouble leur première année s’explique aisément. Le temps passé à travailler pour un salaire est autant de temps qu’ils ne passent pas à étudier. Il a des répercussions sur leur état de fatigue ou de stress.
Avec l’augmentation du coût de la vie étudiante, supérieure à l’inflation depuis une dizaine d’années et l’appauvrissement des familles à cause de la crise économique, la pauvreté étudiante progresse. Un étudiant sur cinq vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté. Leurs mauvaises conditions de vie ont des répercussions sur leur capacité à suivre sérieusement leur cursus universitaire. Ainsi, un tiers d’entre eux renoncent à se soigner pour des raisons financières. On comprend facilement quelle conséquence peut avoir sur son travail le fait d’être malade sans se soigner. Il en est de même des conditions de logement. Le député insoumis Ugo Bernalicis alerte depuis cet automne la ministre sur l’état insalubre de nombreuses résidences universitaires. Par manque d’investissements, les étudiants sont souvent logés dans des chambres de 9m2, rongées par l’humidité et habités par des cafards. Sa visite filmée des résidences étudiantes de Villeneuve d’Ascq est particulièrement parlante sur le sujet. Ugo Bernalicis est pour l’instant sans réponse de la ministre.
Ces problèmes sont ceux auxquels il faudrait s’attaquer pour réellement favoriser la réussite de tous les étudiants. Au lieu de cela, le gouvernement va aggraver la situation. D’abord, rappelons qu’il a décidé de baisser les APL de 5 euros. Plus de 600 000 étudiants perdent ainsi de l’argent. Ensuite, il va tout simplement barrer la route de l’université pour les bacheliers qui jusqu’ici réussissaient, tant bien que mal, à poursuivre leurs études. En effet, il propose que les établissements puissent imposer, selon des critères qui pourront être différents selon l’endroit, des cours supplémentaires voir une année de « remise à niveau » pour que l’étudient ait le droit de s’inscrire en licence. Cette perspective est impossible pour les étudiants qui galèrent déjà à financer trois ans d’études. Quant à ceux qui sont obligés de travailler pour financer leur cursus, accepter des heures de cours en plus n’est pas une option. Le gouvernement veut aussi supprimer le « critère géographique » qui obligeait les universités à garder des places pour les bacheliers résidant dans leur académie. Désormais, ils n’auront plus l’assurance d’avoir une place dans une fac près de chez eux. Poursuivre leurs études signifiera un coûteux déménagement.
C’est donc une loi de sélection sociale. Elle est contre-productive pour le pays puisqu’elle va conduire à empêcher des jeunes de réaliser leur plein potentiel en élevant leur niveau de qualification. Notre logique est toute autre. Nous pensons que l’investissement dans la réussite dans les études du plus grand nombre et un facteur de progrès pour la Nation. C’est pourquoi nous proposons une allocation d’autonomie pour que les étudiants puissent se concentrer uniquement sur leurs études ainsi que la totale gratuité de l’université.
Cette loi sur l’université couronne une construction politique de l’université à la sauce des libéraux. Depuis vingt ans et plus, l’OCDE et l’Union européenne poussent sans relâche à la formation d’un marché de l’éducation. Les dépenses d’éducation sont en effet un énorme gisement financier. Les ressources qui y sont affectées sont supérieures à celles de la santé. Personne ne peut se passer d’éducation. « Les gens paieront » se disent les marchands. À quoi s’ajoute le marché de la dette étudiante nouvelle et immense source d’extension des titres de dettes en circulation. Au point que c’est peut-être de là que partira la prochaine défaillance du système financier global.
Depuis la loi LRU, la mise en place du marché de l’éducation avance à grands pas. Le numerus clausus généralisé et la rareté organisée de l’accès au bien éducatif se présente comme un moyen impressionnant de franchir un seuil vers le « capitalisme éducatif ». L’enjeu de la protection de la valeur nationale des diplômes et du libre accès à l’université n’est donc pas seulement une question de défense d’un acquis de la jeunesse. Cela serait cependant une raison de mener le combat. Mais il s’agit une fois de plus du combat pour un modèle de société. La nôtre veut que le savoir soit aussi répandu que possible et qu’il ne soit pas une marchandise réservée a ceux qui peuvent se la laisser payer. Car ceux-là organisent leur succès personnel au prix du déclassement des capacités collectives du pays.
Tandis que je me trouvais à Barcelone, Gabriel Amard me représentait à un évènement italien que je ne pouvais suivre moi-même. Gabriel est un des dirigeants du combat pour le droit à l’eau en France. Mais il est aussi un des animateurs de « La France insoumise » avec lequel je milite depuis qu’il avait dix-neuf ans, il y a trente ans. Dans la présidentielle de 2012, il dirigeait les « évènements » c’est-à-dire la mise en place de tous les temps forts de masse de cette campagne, marches, meetings et ainsi de suite. Ensuite, en 2017, il assumait le poste stratégique de la collecte des signatures de parrainage que nous menions seuls contre tous. Je donne toutes ces précisions pour que mes lecteurs sachent que c’est un observateur particulièrement aigü qui était nos yeux et nos oreilles dans l’événement italien.
Après la réunion de fondation du mouvement de Zoe Konstantoupoulou à Athènes, c’est la deuxième fois que nous participons à l’émergence d’une force politique nouvelle cousine de notre mouvement « La France insoumise » devenue une des références les plus importantes des mouvements de cette nature dans toute l’Europe. De plus, Gabriel parle l’Italien. De la sorte, il était donc le meilleur truchement pour moi auprès des italiens du nouveau groupe en formation. Je lui ai demandé de m’adresser un court résumé de ce qu’il a vu sur place. Il a intitulé son rapport : « Petite note de voyage en Italie à Rome à la rencontre de « Potere al popolo »». Je la reproduis ici pour vous associer du mieux que je peux à notre aventure commune pour la construction d’une alternative populaire européenne. Une alternative indépendante, sans compromis avec les sociaux-démocrates, la droite, et les débris du vieux monde ou de l’espoir trompé et foulé au pied du genre d’Alexis Tsipras et Syriza. Voici le coup d’œil de Gabriel.
« Cela vaut le coup de faire un voyage en train de 10 heures dans chaque sens de Lons le Saunier à Rome à l’invitation des Assemblées « Potere al popolo ». En effet, les assemblées territoriales adossées à des centres sociaux donnent ici naissance à un mouvement citoyen pour » donner le pouvoir au peuple » en français. Elles traduisent une disponibilité politique de la jeunesse à s’auto-organiser et entraîner d’autres générations pour refonder quelque chose de populaire en Italie en dehors des partis politiques traditionnels »
J’ajoute au récit de Gabriel : et de la vieille gauche usée jusqu’à la corde dans les compromis pourris. Le plus puissant parti communiste d’Europe occidentale a fini sa décadence jusqu’au point d’être un « parti démocrate » où ses vieux bureaucrates grenouillent avec les survivants de la démocratie chrétienne et du parti socialiste italien. Gabriel continue :
« J’ai entendu ici nombre d’assemblées territoriales parler de solidarités concrètes et d’auto-organisation et aussi de traduction politique des luttes pour « changer le quotidien des exploités « . Je vois bien que des forces politiques ne sont pas très loin et sont disponibles pour soutenir cette démarche. J’espère qu’ils sauront se mettre à disposition sans chercher à récupérer cette énergie et cet enthousiasme naissant. Ce sont près de 90 assemblées territoriales qui se sont tenues ces dernières semaines en Italie et près de 1000 représentant-e-s qui se sont retrouvé-e-s aujourd’hui à Rome. Leur première objectif est de présenter des candidatures aux élections législatives du mois de mars prochains en Italie. Mais ils ont solennellement pris l’engagement de continuer en dehors des élections. Ces assemblées territoriales proposent au peuple d’occuper lui-même la scène politique. Très clairement un vent de dégagisme peut se lever. Il faudra sûrement que toute cette jeunesse issue des centres sociaux italiens se tiennent à distance des organisations politiques traditionnelles.
Mais je veux être fidèle à la pensée des organisateurs ou, en tous cas, de ce que j’ai compris après avoir pris le temps de poser maintes questions à Tania , Giuliano, Viola, Chiara, Eleonora, Fabio. Ce 17 décembre 2017, dans un théâtre bondé à Rome, plus de 1000 personnes, de toutes les régions d’Italie, ont écouté les propositions des assemblées territoriales, la voix des travailleurs en lutte, le récit des citoyens qui se battent pour défendre leur territoire contre des opérations de « spéculation écologiquement criminelles » qui les détruisent, les témoignages de ceux qui, sur le terrain, s’auto-organisent pour récupérer ce qui leur est nié, le droit de vivre une vie digne.
Voilà le message entendu aujourd’hui et que ces assemblées comptent porter pendant la campagne électorale et au-delà : « le monde libéral n’est pas le seul possible, aucune force naturelle ne contraint la jeunesse à émigrer et la majorité de la population à travailler pour 3 euros de l’heure, y compris le dimanche ». Dans ce monde-là, ils préviennent : » Nous n’avons plus rien à perdre ! La raison est de notre côté et nous avons le nombre, il est temps de reprendre le pouvoir, dont nous sommes les légitimes dépositaires ! » Toutes leurs interventions convergent : « Nous regardons avec solidarité ceux qui, en Europe comme dans le monde, luttent pour améliorer leur vie quotidienne. Ceux qui se sont battus, en France, contre la Loi Travail et les ordonnances, mais aussi en Grèce, en Espagne, en Catalogne, en Portugal, ceux qui se sont élevés contre la gestion libérale de la crise. C’est ensemble que nous réussirons à briser les chaînes de cette Union Européenne des traités qui répand la misère et fomente la haine et la division du Peuple. «
Que la vibration de ces mots arrive jusqu’à vous mes chers lecteurs, dans ce temps de pause qu’il faut rendre aussi festives que possible. Nous ne sommes plus seuls. De tous côtés surgissent des énergies et des regroupement à vocation tribunicienne et populaire. Notre patient combat sans concession a augmenté la confiance en soi des insoumis de toutes les peuples. Et nous augmentons notre détermination en les voyant se lever.
60 commentaires
Vega
Macron annonce « Je pense que d’ici fin février, nous aurons gagné la guerre en Syrie ». Rien n’arrête l’égo de l’empereur qui ne sait pas que la guerre a déjà été gagnée grâce aux énormes sacrifices de l’armée Syrienne, des Kurdes et de l’aide russe qui a su clarifier bien des choses (y compris les crimes de la coalition proaméricaine, France incluse) et faire avancer l’essentiel sur le plan militaire et diplomatique. En fait Macron annonce surtout la victoire de la défaite de la coalition qu’il prévoit, officielle, fin février. En attendant si vous voulez en savoir plus, lisez plutôt Le Grand Soir concernant ce sujet.
Philippe31
Jupiter à Chambord, l’interview à sa gloire, et cette courbe de popularité qui grimpe… Exaspérant. Les ministres millionnaires, les voitures de « l’écolo » Hulot ? Les critiques sont aussitôt balayées. La polémique sur la mort de Johnny et ses funérailles grandioses ? Oubliée. Macron trône. Plus une personne dans la rue d’ici la fin de l’année, avait-il promis-juré : pour la seule ville de Toulouse, on dénombre 600 migrants dans le froid ou dans des centres d’hébergement où l’on viendra faire le tri. C’est cela la révolution macronienne ? Pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon continue de se faire étriller dans les médias et l’on se gausse du pourtant brillant Quatennens et de ses amis. Mais tout cela, espérons-le, ne fera qu’accentuer, chez les Insoumis, un sentiment qu’un jour viendra couleur d’orange…
Henry J
Pas seulement « chez les insoumis », car on pourrait attendre longtemps encore le jour « couleur d’orange » (Aragon). Il faudra bien que l’on se reparle les uns et les autres, et que l’on abandonne les postures d’hégémonie et de sûreté de soi-même.
André
@Guillaume
« caution sur une chaîne privée »
Personne ne peut contester que les chaînes publiques sont plus hostiles à Jean-Luc Mélenchon et FI que les privées. Le souci d’audience ne peut être que celui des chiens de garde. Il suffit de relever les insanités, le niveau, le parti pris, la sélection, les anesthésiants, chuchotés sur la station publique censée être meilleure que le reste, France Culture, pour être définitivement convaincu que très peu est à sauver dans le secteur publique.
« aucun média n’a parlé de ton intervention »
Nous n’observons pas le même champ audiovisuel.
« j’ai un peu de mal à suivre tes réflexions sur les médias. »
C’est le reproche fait par les chiens de garde. La seule chose qui est demandé c’est l’honnêteté d’annoncer le « lieu d’où l’on parle ». Claire et nette. Impossible équation pour les C d G. Ce serait très bien, non ? Delahousse est bien où il est, comme preuve de ce qui est contesté. […]
daniel le meur
Merci pour tous ces éléments de compréhension et excellent reportage sur les conditions de logements. Ca c’est du bon boulot de terrain, il faut le faire connaître.
franctpf
Une autre lutte à mon avis s’avère indispensable sinon vitale pour notre démocratie. C’est en effet la création d’un Conseil de Déontologie du Journalisme qui vous préconisez Mr Mélenchon. Pourquoi je mets en avant les problèmes du journalisme par rapport au reste, c’est parce qu’ils affectent notre vie quotidienne et que malheureusement la grande majorité des citoyens et des citoyennes de notre pays ne s’identifient plus que par le bréviaire médiatique instillé en permanence. « J’ai entendu ça à la radio, ou j’ai vu ça à la télé » plus aucune, ou si peu, recherche personnelle pour se faire une opinion, tout passe par le filtre de la propagande macroniste. J’ai souffert avec vous lors de l’émission sur France 2 qui reflète bien la connivence des journalistes avec le pouvoir. Le régime a fait main basse sur tout ce système en y associant si besoin la « sondagite » pour optimiser la popularité du monarque et de sa cour qui s’affichent désormais au château de Chambord.
morfin
Il y a effectivement un travail sur les sondages pour prouver les 11 points de remontée du jeunot depuis les journées Halliday et Chambord. Nous devrions repenser à l’outil (trop cher ?)des meetings avec hologramme qui avaient eu un fort impact sur ceux qui ne lisent pas les blogs, ne vont pas aux conférences ou groupes d’appui ou action.
Jérôme Joslin
C’est bien de montrer que LFI n’est pas le nationalisme, mais bien le contraire, solidaire, faisant partie de l’Europe, mais pas celle des riches. Il faut lever toute ambiguïté. Pour l’Europe Insoumise.
Les études. C’est de pire en pire. Nous voyons tous des jeunes broyés par le manque de moyens, pour pouvoir s’organiser, n’en déplaise aux premiers du moment. Nous devons nous investir dans leurs luttes qui viennent. Concernant l’écologie, Macron a pris comme légitimité Hulot, dont le côté négatif était peu connu. L’icône intouchable, grâce aux médiats des milliardaires à qui il le rendait bien à travers des pubs, s’avère un pollueur personnel hors norme (9 véhicules à moteur). Le Diplo avait révélé les financiers de ses activités : parmi les plus grands pollueurs du monde. Les mêmes à qui M et H confient l’avenir de la planète. Nous devons sortir toute info dénonçant l’imposture. Montrer leur illégitimité écolo, à commencer par le tartuffe Hulot. Respect aux seuls…
masselot
Je suis complètement écœuré, dans notre belle société aux portes feuilles rutilants, de voir comment on traite nos jeunes et nos anciens. Si on ajoute le nombre de personnes qui vivent bien en deçà du seuil de pauvreté, je ne suis pas sur, mais alors pas sur du tout que notre gouvernement oeuvre en faveur de la majorité. Etre un jeune cadre bien portant, voila le but ! Il est temps de repenser tout cela !
patrice 30
J’en ai plus qu’assez de ce journalisme de complaisance. Normalement et si les soit disant journalistes faisaient bien leur boulot il ne devrait pas y avoir de différence de traitement quelque soit l’interlocuteur en face d’eux. Leurs questions au lieu d’être des pièges pour certains et de la brosse à reluire pour d’autres devraient permettre aux invités politiques quel qu’ils soient de pouvoir s’exprimer et s’expliquer librement. Nous en sommes loin et les règles de déontologie sont violées. Leur travail est mal fait et les émissions politiques tournent à la corrida médiatique sans intérêt et bientôt sans audience. Les lèches bottes style Aphatie, Mazerolles etc. devraient être remplacés. Nous ne sommes plus du temps de Zitrone mais de l’internet et je le souhaite d’une plus grande liberté de paroles pour tous sinon cela sera le désert sur les chaînes.
william
J’ai assisté à l’intervention récente de Jean-Luc Mélenchon ce dimanche matin et son déroulement ne correspond pas du tout à ce que vous dites. Jean-Luc Mélenchon a pu y dérouler son argumentation à partir des questions politiques posées sur l’actualité et les problèmes de fond. Rien qui puisse laisser penser à un quelconque mauvais traitement. Le problème est ailleurs : c’est l’usure politique qui confine à l’ennui dans ce genre de débat.
L.Boucher
@William
L’émission dont vous parler a été bien menée : les journalistes présents savaient qu’ils ne pouvaient pas reproduire les méthodes infectes utilisées par France 2 lors de l’Émission politique. Rien de surprenant là-dedans. Et preuve qu’il est drôlement utile de protester et de lancer une pétition pour qu’il soit possible de porter plainte contre les journalistes qui mentent sciemment. D’ailleurs, cette pétition approche les 200 000 signatures.
Bata
200 000 signatures certes, mais la FI à elle seule compte 500 000 adhérents. En clair, cette pétition n’a même pas réussi à mobiliser à l’intérieur de notre propre mouvement ! Le pouvoir va donc s’en laver les mains et j’ai bien peur qu’il n’en faille bien plus que cela pour faire changer la dominance de caste médiatique.
arthur 2
Oui il faut le créer ce Conseil de déontologie du journalisme, mais il ne faut pas faire une obsession sur les méthodes actuelles que nous connaissons depuis belle lurette. Clémentine Autain a fait un excellent exercice de pédagogie en commentant point par point (à la journaliste qui l’interviewait) les propos de Macron. Calmement, clairement, elle a mis en évidence le décalage entre le discours et la réalité sur le terrain. Nous capterons l’insoumission rampante en montrant plus d’optimisme et moins de gémissements.
Henry J
Pressé par l’actualité, Jean Luc Mélenchon va parfois trop vite en besogne. Ainsi quand il affirme que « on n’a jamais construit une nation à coup de trique » ou avec des « troupes qui cantonnent ». Hélas, ces assertions sont démenties par notre histoire de France. C’est ce qu’ont fait la monarchie absolue du « grand siècle », plus tard la Révolution bourgeoise et la grande terreur de 1793, le 1er et le Second empire, et même la IIIe république naissante qui n’hésitait pas à envoyer la troupe contre le mouvement ouvrier.
Ariane
Cher Monsieur Mélenchon,
D’habitude, je suis en adéquation avec les solutions que vous proposez pour la France de demain. Toutefois, je me dois de vous dire que votre intervention contre la Suisse est non seulement mal venue (au regard de la quantité de travailleurs français que la Suisse fait vivre… et plutôt confortablement), mais également profondément injuste. En effet, ce petit pays n’a eu de cesse depuis une dizaine d’année de répondre positivement à toutes les demandes de vérification et a modifier profondément son système bancaire, mais vous auriez été bien mieux inspiré d’attaquer la City qui fait bien davantage de dégâts. Mais évidemment, s’attaquer à un petit pays est bien moins inconfortable que s’attaquer à un pays qui abrite des fraudeurs aussi puissants que la City. Je suis profondément déçue par votre attitude que je mettrai sur le compte de la déception de voir votre combat si peu « rentable ». Je vous conseillerais de vous renseigner un peu plus honnêtement.
David Cohen
La grande majorité des exilés fiscaux Français se sont réfugiés en Suisse. Cela fonde suffisamment la demande à nos riches voisins de faire un geste. Ils savent que leur richesse débordante n’existe que grâce à la majorité des exilés fiscaux du monde. Cela va des « stars » de toute sorte aux politiques spoliateurs de leur peuple, en passant par les industriels, commerçants. Il est vrai que pour gérer tout cet argent volé, entretenir les biens de ces honnêtes gens, il faut de la main d’oeuvre, et les bras suisses ne peuvent suffire. Alors il faut importer des étrangers. Et même si la Suisse rendait un peu, cela ne se changera en rien les choses. Les dirigeants l’ont bien compris, et commencent à faire de petits gestes pour calmer tout le monde.
Diane
Et sans parler de paradis fiscal et d’évasion fiscale (chanteurs, tennismans, écrivains, footeux..etc) qu’en est-il de tous ces Suisses au pouvoir d’achat supérieur au notre et qui viennent s’approvisionner en France faisant exploser les prix aux dépends des Français, et l’immobilier, de sorte que Français nous ne pouvons plus acheter maison ou logement tellement l’envolée des prix leur est due. Leur richesse, volée ailleurs, nous retombe dessus !
Berche Jean Marie
Il ne vous aura pas échappé que Mr Mélenchon parle de la « situation fiscale » de la Suisse et partant du rapport à l’argent de ses dirigeants, politiciens, banquiers etc., et non de ses habitants. Ces gens là se comportent en prédateur pour ne pas dire plus, depuis bien trop longtemps. J’ai été frontalier avec le Luxembourg pendant prés de trente ans. La mentalité des responsables dans ce pays est la même me semble t-il. Si vous ajoutez à cela qu’il nous considèrent comme des moins que rien (doux euphémisme), alors oui il est temps de changer cette situation, au moins dans la perception que tout un chacun peut en avoir.
M-J A.
Le soutien à la liste « Catalunya en Comú » très bien, mais alors pourquoi avoir rejeté violemment « A Corsica in cummunu » (La Corse en commun) alors que cette liste portait seule les exigences sociales et écologiques des petites gens de Corse et se situait, seule, contre l’aventure autonomo-séparatiste (avec qui l’on sait aux manettes!) et le statu quo droite-Macron (pléonasme?) ? Difficile à suivre les positions contradictoires de J-L Mélenchon sur des sujets ayant beaucoup de points communs.
Armando
Je partage ce commentaire. J’ai moi même noté la démonstration laborieuse et sinueuse à propos de la Corse en passant par la Catalogne. Il serait bien que la FI dans son ensemble puisse débattre collectivement de ces questions et fixer l’orientation du mouvement.
semons la concorde
S’en prendre systématiquement aux journalistes d’Etat est une erreur, nous ne pouvons pas gagner sur ce terrain , ils ont trop de surface d’exposition, de répétition, de bourrage de crâne. Nous passerons au mieux pour des grognons au pire pour des revanchards agressifs. C’est très mauvais pour notre image. De plus en plus l’information passe par internet et là nous pouvons avoir une véritable influence : parler de l’avenir en commun sur Le Media, informer de ce qui passe sous les radars, entendre des intervenants pointus sur tous les sujets (l’expertise est dans le peuple, et nous pourrons lui donner la parole), voilà où je place mon espoir. Voilà un bout de temps que je ne regarde plus les chaînes d’info en continu, pas plus que France inter. J’ai pu découvrir plein de chaînes Youtube très instructives avec lesquelles il faudra coopérer. Vivement le 15 Janvier.
Richard Ferri
« journalistes d’Etat »
Que faire contre leur férocité? Ne pas répondre, déserter le terrain ? Il me semble qu’il est préférable de faire face, les gens approuvent. Les réactions, y compris des journalistes (la pétoche?), suite au traquenard de Fr2 le montrent. D’accord pour mettre parallèlement le paquet sur internet et Le Media. Expliquer, informer, y compris concernant les attaques subies sur les médiats aux ordres. JL Mélenchon a eu raison de rappeler au cours d’un débat que « les gens détestent les politiques, mais encore plus les journalistes ». Il faut perturber leur surface, en y mettant le maximum de contradictions. Nous sommes nombreux maintenant, et notre présence sur leur surface rappelle notre existence. Nous ne sommes pas un alibi du système comme disent certains. Mais des impétrants avec la volonté de gouverner.
marco polo
Merci pour toutes ces informations qui n’apparaissent nulle part ailleurs qu’ici, La FI fait des petits parce que les peuples d’Europe veulent autre chose. À ceux qui nous accusent d’être des anti européens, nous leur répondons qu’une Europe populaire écologique et sociale est l’avenir, contre le libéralisme qui impose sa loi du pouvoir de la finance, de l’esclavage du capital. La preuve nous est donnée qu’en laissant le petit doigt à ces gens-là, ils nous prennent le bras entier !
Bravo tous les insoumis !
Caer
« Dès lors autant être clair : le séparatisme ne peut rester l’apanage de la plus petite partie. La plus grande devrait aussi être autorisée à se prononcer sur son envie de continuer à faire République commune […] »
La Cour suprême du Canada a une vision plus nuancée du problème de la sécession.
Pour autant, « la Constitution n’est pas un carcan »… « Un vote qui aboutirait à une majorité claire au Québec en faveur de la sécession, en réponse à une question claire, conférerait au projet de sécession une légitimité démocratique que tous les autres participants à la Confédération auraient l’obligation de reconnaître. (…) « Les autres provinces et le gouvernement fédéral n’auraient aucune raison valable de nier au gouvernement du Québec le droit de chercher à réaliser la sécession, si une majorité claire de la population du Québec choisissait cette voie , tant et aussi longtemps que, dans cette poursuite, le Québec respecterait les droits des autres » (Yves Boisvert, La Presse, « Le « droit » de se séparer, du Québec à la Catalogne »)
David
Les analyses, la parole sont motivantes et donnent envie d’agir. Il y a du monde avec l’arme au pied, je vois une difficulté et les incompréhensions qui l’y maintienne. Les élections en corse sont révélatrices. C’est bien autre chose qu’il faut, l’addition des sigles d’organisations compromises mènent à l’échec. « Plus de tambouille », le concept et le mot sont superbes ! Alors comment ça marche ce mouvement les insoumis ? Il y a beaucoup à donner à voir et à expliquer encore sur ce point.
HYBRIS
Pour gouverner FI aura besoin d’alliés en Europe. La fondation de « Potere al popolo » en Italie est donc une bonne nouvelle. La tâche sera rude car il y a déjà un squatter dans la niche dégagiste. Le mouvement créé par Beppe Grillo (M5S) a capté la confiance d’une fraction notable du peuple. Il a rogné un peu à droite, mais surtout rallié une bonne part de la base sociale de la vieille gauche trahie par les siens et ravagée par les politiques austéritaires de l’UE. Une audience fondée sur quoi ? En vitrine, le cadre éthique imposé aux élus de M5S dans un pays taraudé par les passe-droits et la corruption des élites. Et aussi un programme patchwork, avec des points saillants : démocratie directe gérée sur la toile, mandats limités en durée, santé de base gratuite, choix écologiques forts, mariage pour tous, refus de l’immigration, refus de la dérégulation sociale, dépréciation des syndicats, sortie de l’euro, un fond économique libéral définanciarisé.
M-J A.
Élections en Catalogne : les 3 listes indépendantistes obtiennent presque 48% des voix de ceux qui sont allés voter (82% des inscrits) et 70 sièges sur 135 (la majorité absolue). Si je compte bien les listes non-indépendantistes ont donc un peu plus de 52% des voix et sont minoritaires en sièges. Cela signifie que la majorité des votants ne veut pas l’indépendance de la Catalogne et cette majorité anti-indépendance est encore plus forte si on calcule le % des voix indépendantistes par rapport au nombre d’électeurs inscrits. Moralité, le bilan d’une élection doit être fait en tenant compte de tous ces éléments, en particulier du rapport nombre de voix obtenues/nombre d’inscrits, le reste n’est que blablas de « journalistes » et de politiciens !
Buonarroti
La pandémie de Barcelone sous contrôle ou comment une neutralisation stratégique invite au fédéralisme : brexit, Corse, Ulster, Catalogne, Vénétie, Flandres etc. L’impériale intelligence des états unis d’Europe ne se déjuge comme en Yougoslavie, au pays Basque, en Lybie et autres que pour exterminer les options non compatibles. D’ailleurs, à l’issue des prochaines élections, le lobbying pan-européen légiférera une nouvelle strate coercitive interdisant le recours à certains droits régalien des états nations. Ainsi le citoyen qui s’y opposerait se placerait de facto hors la loi.
Quant aux coups de menton à la polonaise, ils ne sont là que pour masquer, voire justifier cette institutionnalisation.
gelmad
Les résultats ne sont pas aussi simples à l’analyse ! La liste de Comu Podem (Podemos) fait 8 sièges et 7,45% et il est difficile, honnêteté intellectuelle oblige, de la mettre dans le camps des constitutionnalistes. Ils sont pour une 3è République, anti-monarchistes, donc modification radicale de la constitution de 1978 et pour un référendum d’autodétermination même s’ils ne souhaitent pas la sortie de la Catalogne de l’Espagne. Par ailleurs Ceux sont nos homologues en Espagne et ils ne s’allieront jamais avec un parti de droite ce qui ne gène nullement les 2 autres « blocs ». En fait une analyse plus fine signalerait la victoire claire de la droite à ces élections entre Ciutadans, Junts per Cataluna et PP
PIETRON
Il n’est pas nouveau de voir les médias s’acharner sur des propositions sérieuses de changement. Ce qui est nouveau c’est l’abondance de chaines d’infos et la constance des attaques. Cela confirme que les écoles de journalisme sont essentiellement des fabriques de crétins arc-boutés sur les privilèges que leur confère leur job devenu systémique. Car avant tout le capitalism est un système. Autant ce dernier ingurgite (via des ministères) aisément le gauchisme au sens trotskiste. Autant il pratique la déferlante guerrière contre les élans construits sur les causes, les effets, et la nécessité de définir une vision de la société en rupture avec le capitalisme (pas à la Mitterrand s’entend…). On en est pas là, mais il y a le pressenti via une révolution citoyenne qu’un premier pas sérieux pourrait être fait. Ceci explique cela. Il est d’ailleurs dommage que des partis révolutionnaires au sens marxiste-léniniste ne l’aient pas compris (ou ne…