Ce post va être évolutif. Car j’écris dans la précipitation pour tenir ma cadence de parution. Je le dois à mes lecteurs qui sont désormais sortis de l’ambiance de la trêve des confiseurs. Je le vois aux chiffres de fréquentations de ce lieu. Vous avez été 68 000 visiteurs à faire un tour ici, soit 9000 de plus cette semaine, à la moyenne de 9700 par jour. Comme dans le même temps mon compte twitter a gagné 10 330 abonnés et la chaîne Youtube a dépassé la barre des 40 millions de vues depuis sa création, et passé la barre des 370 000 abonnés, tous ces médias étant liés, je sais que la production est attendue. Je m’efforce de tenir le rythme d’un post et d’une revue de la semaine tous les sept ou huit jours.
Comme cela s’ajoute au reste de mon travail, disons que je vis à flux tendu ma communication. Cette semaine, j’y ai ajouté un entretien avec le JDD, que je joins ici et une émission sur LCI menée par Namias et Pujadas qui sont venus chez moi à Marseille pour cet échange. Je me suis mis à mon clavier tard ce lundi après avoir signé la déclaration commune avec le groupe « Die Linke » au bundestag et suivi enthousiaste le magnifique et percutant discours d’Eric Coquerel à l’Assemblée nationale sur la commémoration du traité de l’Élysée et contre le vote de la résolution proposée par de Rugy avec la méthode détestable que l’on sait.
J’ajouterai donc à ce post le texte signé avec nos amis allemands. Il est le signal de notre internationalisme actif. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
Oui c’était une bonne semaine que celle-là. Au fil des jours s’égrenaient les victoires sur des affaires pendantes de longue date. L’arrêt de Notre-Dame-des-Landes, le vote au Parlement européen de l’amendement du député insoumis Younous Omarjee pour interdiction de la pêche électrique, la condamnation de la Société Générale à rembourser deux milliards d’euros de trop perçu du fisc comme conséquence de sa responsabilité dans les pertes attribuées au seul Jérôme Kerviel, tout cela sentait bien bon.
Le succès du lancement du Média a aussi été un beau moment dont la portée et l’onde de choc ne fait que commencer à être compris. En limitant leurs interrogations fielleuses à rabâcher « média Mélenchon » avec la délicatesse d’éléphants dans un magasin de porcelaine, quelques grands distributeurs d’éléments de langage (serais-je devenu complotiste ?) se sont bien désarmés devant une réalité qui se joue sur un tout autre terrain. Et ils ont perdu. Pendant ce temps « La France insoumise » atteignait les 800 000 tracts diffusés sur les lycées et les facs pour informer sur le contenu de la loi instaurant la sélection à l’entrée des facultés.
Dans cette semaine, le système Macron a trébuché. Il s’est pris les pieds dans le tapis sur le front des prisons. Au moment où les députés insoumis ont entrepris la tournée des prisons, nous avions été alertés sur l’état des tensions qui y règne. Pour répliquer, le groupe des députés « en Marche » a fait le même tour. Tous sont revenus dans le même état d’alerte que nous. De cette façon, la capacité de résistance ou d’auto-intocxication du parti dominant est tombé à zéro. Tous savent que les gardiens de prison ont raison de dénoncer une situation intenable pour eux comme pour les détenus.
À quoi s’ajoute la décision absurde d’envoyer les CRS charger, gazer (oh non pas cette expression que monsieur Cazeneuve et diverses officines ont déjà montré du doigt « des pires heures » !) soumettre à la respiration obligatoire de gaz lacrymogène dispersé en abondance dans l’air environnant (elle est pas belle ma langue politiquement correcte ?). Une telle décision ouvre des fractures dans l’appareil du maintien de l’ordre. Elles ne se colmatent pas si facilement qu’on peut le croire dans les bureaux des chefs. Il y a une règle de base dans ce domaine. L’unité et la cohésion des divers organes de maintien de l’ordre est le cœur de l’État dans un système comme celui de ce pays. C’est une lourde faute d’y introduire un affrontement de cette sorte, surtout quand il devient un choc physique. En deux ou trois charges et aspersion de gaz et autant d’images bien diffusées, tout un édifice de confiance et de sentiment d’appartenance s’est dispersé en fumée. Un maton à 1300 euros par mois sait qu’il fait partie des « riens » dans le regard de ceux qui donnent l’ordre de le charger.
Quoi qu’il en soit, voilà Macron dans son premier conflit social sévère face à une profession solidement syndiquée et organisée. Avec les épisodes négociations, portes claquées et tout le reste. Du banal. Sans aucune possibilité de démonstration jupitérienne. Il ne peut pas gagner. Les gardiens vont marquer un point et prouver que c’est possible. Et Macron va en perdre un. Quand on roule à 300 à l’heure sur le pont d’Arcole, un modeste dos d’âne peut vous briser un essieu. Les gardiens de prison rendent à eux seuls un service incommensurable au mouvement social qui se cherche. Car pendant ce temps, la cocotte-minute sociale continue de voir monter la pression dans les lycées, dans les hôpitaux et dans les EHPAD.
Mais le plus significatif du moment est le début du divorce avec les classes moyennes supérieures sachantes et influentes. Fondamentalement auto-centrées, celles-ci fonctionnent certes en vase clos mais sur un axe ferme qu’est l’ensemble de références dans le domaine des valeurs. Les classes moyennes ne sont « moyennes » d’aucun point de vue objectivement mesurable. Elles ne le sont que d’un point de vue idéologique c’est-à-dire du point de vue que se font les gens de n’être « ni riches ni pauvres ». Les contenus idéologiques, les valeurs de références les modes et les comportements symboliques jouent dans ce milieux un puissant rôle d’agrégateur et d’auto-définition.
J’avais montré dans mon livre « L’Ère du peuple » que les « mobilisations morales » étaient un facteur décisif d’action, d’adhésion ou de répulsion dans ces milieux par lequel ils peuvent se lier aux classes populaires. Les macroniens le savent bien qui ont essayé par tous les moyens de nous accrocher des pancartes d’infamie (Vénézuélaaaa, Cuba, Poutine, Bachar el-Assad, agressif, pas poli, pro-zadistes, islamo-gauchiste, etc.) destinées à rompre le lien qui est créé entre « La France insoumise » et les populations de ce type dans l’élection présidentielle.
Là encore, le pouvoir macroniste devra remonter une bonne pente après sa dégringolade en cours. Les professeurs d’université d’un côté et les conseils d’administration des facultés se rebellent l’un après l’autre et traînent les pieds au moment d’appliquer une loi en toute hypothèse inapplicable dans les délais. Le stakhanovisme bureaucratique qui leur est demandé leur semble etre une injonction déraisonnable et capricieuse. De l’autre, les intellectuels qui ont compris ce qui se joue à propos de réfugiés de Calais et d’ailleurs. Lourde erreur que d’avoir pensé pouvoir les enfumer sur leur terrain de vigilance identitaire. Ces personnes-là sont assez lourdement peu sensibles aux questions purement sociales. Mais lorsque celles-ci surgissent sous l’angle de la question morale, il en va tout autrement.
La tribune de Yann Moix est un détonateur surpuissant. La tentative pour punir l’évanescent et pourtant bien confortable grand chef de la rédaction de « L’Obs » est un autre signe mal goûté mais bien compris. Le même journal avait osé publier une tribune d’intellectuels eux aussi devenu mal-pensants. Le signal que donne cette représaille est particulièrement contre-performant. La « gauche morale » est vent debout quand on lui dit : « dorénavant, silence ou on tape dans le tas ».
Bien sûr, aucun ne se sent une vocation de martyr et saura se montrer raisonnable d’une façon ou d’une autre. Mais les rancoeurs d’intellectuels ne se diluent pas si facilement dans les fumées de la communication. Bruno-Roger Petit et les autres marionnettistes du palais vont devoir faire des efforts pour panser les plaies. Pas sûr qu’une tournée de déjeuners en ville y suffise…
Lundi dernier, les lycéens ont découvert la plateforme « Parcours Sup », destinée à mettre en place la sélection à l’entrée à l’Université. Désormais, tout le monde a compris de quoi il s’agissait. Le gouvernement a décidé de mettre en place un numerus clausus à l’entrée des études supérieures. Il prétend que c’est la bonne réponse à la pagaille organisée du tirage au sort pour l’entrée en fac plutôt que d’adapter les moyens d’accueil des universités à la croissance démographique de la population. 153 000 étudiants supplémentaires depuis 2010, 45 000 attendus à la rentrée de 2018 et 200 000 d’ici 2024. Ce qui devrait être un atout formidable pour le pays se transforme en un inconvénient que doivent gérer ceux-là même qui ont organisé cette pénurie de places et de professeurs.
Car l’embouteillage ne tombe pas du ciel. En effet, parallèlement à la poussée démographique, la dépense publique rapportée au nombre d’étudiants n’a cessé de baisser : 10% en moins en dix ans. Le chaos a donc été délibérément organisé. Les annonces budgétaires du gouvernement pour le quinquennat à venir prolongeront cette trajectoire de désinvestissement de l’État dans la formation de la jeunesse. La sélection à l’entrée des facs est donc le moyen de respecter des objectifs budgétaires. Et c’est le moyen de faire naître un tout autre système éducatif dans le supérieur.
Dans cette affaire, l’exécutif ne s’embarrasse pas des règles de la vie démocratique normale du pays. Les procédures pour sélectionner les bacheliers se mettent en place avant même que la loi ne soit adoptée par le Parlement. En effet, pour l’instant le projet n’est passé qu’une seule fois à l’Assemblée nationale. Il faudra attendre le 7 février pour qu’il soit examiné par le Sénat. Puis une commission mixte paritaire tentera d’harmoniser les versions du texte votées par l’Assemblée et le Sénat avant de le renvoyer devant l’Assemblée. Le calendrier parlementaire va croiser celui des mobilisations. Car l’objectif du pouvoir de faire vite pour éviter une réaction des communautés universitaire et lycéenne pourrait échouer.
Le travail effectué par les députés insoumis lors du premier passage à l’Assemblée puis la campagne menée par le mouvement sur le terrain à la suite des organisations syndicales lycéennes notamment porte ses fruits : une prise de conscience commence. Depuis le début de l’année, des départements d’universités, leurs conseils d’administration ont voté des motions hostiles à la réforme. C’est le cas à l’université de Perpignan, à Montpellier 3, l’université Aix-Marseille, à Bordeaux, à Saint-Etienne, à Lille, à l’université de Bourgogne, à Lyon 3, à Nanterre, à Saint-Denis, à Créteil, à la Sorbonne. Au début de la semaine dernière, plusieurs lycées ont été bloqués à Dax, Miramas, Caen, Auxerre ou Marseille. Les étudiants à Lille ou Paris-1 ont quant à eux manifesté lors de la tenue des conseils d’administration de leurs établissements. Afin de faire converger et grandir ces mobilisations pour le moment éparses, une date de mobilisation nationale a été fixée : le 1er février.
La précipitation avec laquelle le gouvernement agit aggrave les conditions d’application de sa propre loi de sélection. Il demande à des universités exsangues de mettre en place les procédures pour examiner des milliers de vœux, sans aucun moyen supplémentaire. En tout, c’est 8 millions de dossiers qu’elles recevront – chacun des 800 000 bacheliers formulera 10 vœux. Chaque dossier contiendra les bulletins de notes, une lettre de motivation et l’avis du conseil de classe. Il faudra pour les universités les lire et les trier. Pour beaucoup, elles n’en ont pas les moyens. Depuis la loi sur l’autonomie de Sarkozy, elles sont financièrement prises à la gorge. Résultat : 10 000 enseignants de moins aujourd’hui qu’en 2010 et un salarié sur deux est en statut précaire.
Dans ces conditions, les critères de tri seront les plus simples et les plus rapides. Il est probable que les effets de réputation des lycées d’origine jouent un rôle important. Cela conduira à un tri social : les bacheliers favorisés partiront avec un avantage supplémentaire du fait que leurs lycées ont bonne réputation. La réforme du baccalauréat qui sera bientôt ouverte aggravera ce phénomène. Car il faudra avoir le bac du bon lycée dans la mesure où le contrôle continu qui va remplacer l’examen sur table n’offrira plus aucune des garanties du précédent.
Par ailleurs, le cadrage national des « attendus » par les facs sur lesquels doit se baser la sélection pour être accepté dans un de ses vœux d’affectation a lui aussi été établi dans la précipitation. Résultat : les attendus nationaux transmis aux lycées sont parfois très larges et vagues. Les universités sont invitées à les préciser localement. Il y aura donc des critères de sélection différents selon les établissements. Et donc une concurrence aggravée entre les universités. À terme, un même diplôme aura une valeur différente selon qu’il est délivré par une université ou une autre. Les universités à la meilleure réputation sélectionneront les lycéens venant des lycées à la meilleure réputation.
Le gouvernement installe donc un système qui amplifiera les inégalités entre ceux qui sont bien nés et bien logés et les autres. Les diplômes n’auront plus de valeur nationale, une « valeur » que des classements de toutes sortes viendront évaluer puisque chaque établissement aura sa mixture de bac. La conséquence ce n’est pas seulement sociale pour les personnes concernées et triées d’après des critères aussi discriminant.
Il y a plus grave encore. C’est évidemment au point d’arrivée que se noue l’enjeu. De tels diplômes à la valeur différente d’un établissement à l’autre ne pourront plus servir de base pour établir des droits collectifs comme des minima salariaux des conventions collectives comme c’est le cas actuellement. Le modèle de l’université libérale, sélective et concurrentielle est donc aussi une attaque au long court contre les droits sociaux. Une mise en cause radicale du système de l’école républicaine qui était inscrit dans une dimension plus ample ou diplôme, évaluation de la qualification et rémunération minimum négociée tenaient d’un seul tenant.
Interview parue dans le JDD du dimanche 21 janvier 2018
Vous qui nous aviez habitué à être très présent depuis le début de ce quinquennat, où étiez-vous passé ?
Je limite mes interventions dans les médias. Pour le reste, depuis six mois, je chasse en meute au Parlement et dans la lutte. Ici avec des milliers d’amendements, là devant des centaines de lycées et facs, en visite dans les prisons et les hôpitaux, partout où ca bouillonne ! On se donne à fond.
A l’automne, vous aviez concédé le premier set à Macron… Pourquoi ?
Seule la vérité nous est utile pour agir à bon escient. Nous avons perdu la bataille des ordonnances. « La France insoumise » a pourtant fait le maximum d’efforts : elle a convoqué les premiers rassemblements dès juillet, puis appelé à une marche qui a été un succès. Mais nous avons perdu. Pourquoi ? La première raison, c’est la division syndicale. La seconde, c’est la coupure entre les forces syndicales et politiques. On sait donc ce qui doit changer.
Y-a-t-il encore un espoir de ce côté-ci ?
En tout cas, il y a un devoir ! Car Macron a ouvert bien des appétits qui en demandent davantage. La droite est en extase : cet homme-là mène la politique dont elle a toujours rêvé sans jamais oser aller au bout. Mais il a mangé son pain blanc. Il va désormais sentir le poids des mots et le choc du réel: les mots qu’il a utilisés pour mépriser les classes populaires ; le réel, car les gens sont en train de réaliser dans leur vie ce qu’il a fait voter.
Quel regard portez-vous sur les réformes menées depuis mai 2017 ?
Macron s’est d’abord affirmé comme le président des riches. Désormais, il fait la guerre aux pauvres ! Voyez : les revenus les plus faibles du pays vont perdre 60 euros tandis que les plus élevés vont en gagner 1700… D’un côté la suppression de l’impôt sur la fortune, de l’autre l’augmentation de la CSG. École, hôpital : tout se disloque. C’est le gouvernement le plus féroce qu’on ait eu depuis longtemps.
Sur les migrants, le gouvernement se targue d’un équilibre entre humanité et fermeté. Sa politique est-elle équilibrée à vous yeux ?
Non. Macron et Collomb mijotent la dixième ou la onzième loi sur l’immigration pour flatter les ronchons ! Elle sera aussi vaine que toutes les autres. Et puis le ton du Président n’est vraiment pas à l’honneur de notre pays : un président ne devrait pas parler comme ça et rembarrer les associations d’aide aux migrants qui assument un devoir d’humanité.
Mais vous, au pouvoir, que feriez vous ?
D’abord mettre en place une politique qui cesse de vider les campagnes et les villes des pays d’émigration ! On peut avoir vite des résultats. Or voyez : quand Macron se rend en Afrique, il fait tout le contraire en cherchant a imposer la suppression des droits de douane : cela va ruiner ces États et les économies locales ! Qu’il s’agisse de réfugiés politiques poussés par la guerre ou la répression, ou de réfugiés économiques poussés par la misère et la faim, ce sont des êtres humains. Nous n’avons pas d’autres choix que de prendre en charge ceux qui arrivent, en facilitant leur transit notamment vers l’Angleterre. Ou leur installation dans des conditions décentes, utiles et assimilatrices.
Etes vous satisfait de l’abandon par le gouvernement du projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes ?
C’est une grande victoire ! Elle consacre le triomphe de la raison écologiste sur les délires productivistes. Ce projet se résumait à un saccage de terres arables et de lieux écologiquement fragiles, le tout sans finalité économique pertinente. Je dis merci aux élus locaux, aux associations et aux zadistes. Le Premier ministre devrait lui aussi remercier les zadistes : sans eux, les travaux auraient commencé et il n’aurait pas pu prendre cette bonne décision.
La première manche étant selon vous perdue, comment la France Insoumise va-t-elle aborder la seconde ?
Beaucoup se jouera notamment sur l’école et la santé. Nous faisons tout pour encourager la résistance populaire. Pas question d’accepter de réserver l’Université à quelques uns. On a besoin de tout le monde. Et choisir ses études c’est choisir sa vie. Même chose dans la Santé ! Pas question de limiter l’accès aux soins. À présent, la possibilité pour les hôpitaux de continuer à fonctionner est en cause. À Marseille, la suppression de 800 à 1000 hospitaliers menace ! Les effectifs sont pourtant à l’os. Disloquer le meilleur système de santé du monde, avec 4 milliards et demi de coupes budgétaires, c’est cher payé pour suivre les consignes de la Commission européenne.
Allez-vous formuler des propositions ?
Nous en avons présenté plus de trois cent à l’Assemblée. Et le 1er février, nous présentons cinq propositions de loi : sur l’organisation d’un referendum sur le CETA , pour le récépissé afin de lutter contre le contrôle au faciès sur la reconnaissance du « burn out » comme maladie professionnelle, pour le droit de mourir dans la dignité et pour le droit à l’eau pour tous.
Macron a évoqué un « colloque intime » au sujet de la relation franco-allemande. Qu’en pensez vous ?
C’est un eurobéat. Cette coloration romanesque, cette illusion lyrique n’a pas de sens. Le gouvernement de la droite allemande, flanqué de son appendice social-démocrate du SPD, ne s’occupe que des rentiers allemands. Il ne fait aucune concession à la France… Le condominium franco-allemand est donc une camisole de force pour nous. Il est temps d’avoir avec Merkel un dialogue musclé. Il est urgent de rééquilibrer notre politique, de ne plus mépriser les pays du Sud de l’Europe mais de faire cause commune avec eux.
Mais concrètement, que proposez vous ?
Au moins qu’on puisse parler sans être diabolisé. Quatorze économistes français et allemands viennent de montrer que la règle de 3% est absurde. Il faut donc en finir avec les dogmes qui tuent l’idée d’Europe. Nous proposons 10 mesures pour refonder l’union : plan A. En cas de refus : on fait quand même avec les pays qui sont d’accord. C’est le plan B.
Quel regard portez-vous sur le congrès du PS ?
Je comprends la peine de la base socialiste qui voit l’état de son parti et le comportement de ses chefs. C’est inouï: après le désastre du quinquennat Hollande et l’effondrement aux dernières élections, ils commencent aussitôt une bataille haineuse sans le début du commencement d’une idée. Ils ne prennent acte ni de leur disqualification totale dans les milieux populaires, ni de notre existence comme première force de l’opposition populaire. Un déni complet. Entre Macron et nous il n’y a que cette simagrée ridicule. Qui va revenir au réel parmi eux ?
67 commentaires
Gabrielle Leininger
Comme toujours des analyses implacables, un langage précis et le très grand plaisir de vous lire. Merci.
Invisible
Excellent votre Rendez-vous de la semaine ! Contenus extra. Cette semaine, vous avez la forme et ça se ressent dans votre entretien hebdomadaire où parfois au contraire on voit votre fatigue. Je suis en accord avec l’ensemble de vos sujets de ce n°52. Merci.
Myriam
Toujours passionnant ! Toutefois, le volume est à améliorer. Merci.
Eric Rabiller
Bonjour Jean-Luc. Je remercie le groupe FI à l’assemblée pour l’énorme travail réalisé. Merci à toi aussi pour ton inlassable volonté de mobiliser.
Carrizos
Merci Jean-Luc pour tes analyses.
Je trouve que « Moi soleil » c’est plus à propos que de qualifier le personnage Macron de Jupiter. Vu que Macron se prend pour un demi-dieu, c’est plutôt Phaéton qu’il incarne. Ce jeune illuminé aveuglé par l’éclat et la majesté du pouvoir et qui a eu l’audace de se faire accordé la conduite du char du soleil. Le récit d’Ovide dans les « Méthamorphoses » décrit la catastrophe redoutée. Comme Phaéton, Macron dans son ivresse est sourd à ceux qui le préviennent du désastre et il s’est lancé dans cette périlleuse aventure qui mènera la terre au chaos. A la fin c’est Jupiter qui pour sauver la terre foudroie Phatéon dans sa course folle. Nous espérons donc son intervention au plus vite.
Yves Thiébaut
Olé ! bien envoyé, tout ça. Enorme travail de la FI, merci; et surtout, de cette grande forme que l’on ressent dans ces lignes. Continuons !
Jeanff9
Jea-Luc je vais très régulièrement sur votre blog. Brillant sur le style et l’érudition. Mais je pense que vos analyses de nos situations quotidiennes confortent plus votre vision de la vie et de la politique qu’elles n’éclairent une réalité. La France est très très loin de la situation insurrectionnelle que vous décrivez en général. Je peux me tromper !
Berche Jean Marie
Il suffit de voir les mines gourmandes des « grandes signatures » journalistiques interrogeant un député FI, quel qu’il soit, pour effectivement mesurer le gap entre votre perception de la situation quotidienne et celle que les médias s’ingénient à conforter jour après jour auprès des Français. J’enrage. Pas de jour sans que mon environnement ne me ressasse le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas, l’outrance verbale et autres ragots dont la bassesse est avérée. Je prie tout les intervenants FI de calquer Mr A. Quatennens. Sang-froid, calme, sérénité, assurance tranquille pour celles et ceux à qui ce slogan rappellera des souvenirs. On ne réécrit pas l’histoire, mais je ne peux m’empêcher de penser, si à chaque meeting de la Présidentielle 2017, vos conseillers vous avait dit: « fais 15-20 » sur les législatives à suivre pour conforter nos candidats, l’histoire serait différente aujourd’hui.
patrice 30
J’aimerais que Macron trébuche plus encore et se casse la gueule mais je prends mes désirs pour des réalités. Les résultats des 2 partielles montrent que FI se maintient mais pour moi ce n’est pas une consolation que de voir que le PS est derrière ainsi que le FN divisé. 4 électeurs sur 5 dans le Val d’Oise ne votent pas. Peut être sont ils trop occupés à se battre pour des pots de Nutella ?
HYBRIS
En général les partielles ne permettent de tester l’état de l’opinion que de façon grossière. Pas de campagne nationale, pas d’enjeu national, l’abstention y est souvent lourde, au sein des classes populaires en particulier. Et après annulation d’un précédent scrutin, les candidats absents du second tour annulé, peinent davantage à mobiliser leur électorat. Sous cet éclairage, on peut risquer un premier regard sur les 2 élections d’hier. FI consolide sa position de première force d’opposition sociale mais Macron a toujours le point, même s’il s’agit d’un point en creux compte tenu du niveau colossal de l’abstention. Majoritairement le peuple attend, sceptique sans doute, mais il attend. Une occasion lui était donnée d’exprimer son hostilité à la politique du gouvernement. Force est de constater qu’il ne l’a pas saisie.
ginobigoudi
Il faut souhaiter qu’une fois de plus, la jeunesse, lycéenne et étudiante, par les rézos, les blocages, les manifs, prenne l’espace public pour ce qu’il doit être, un espace de paroles libres et d’opposition au libéral-tour de Perlimpinpon. Votre analyse du biais ultralibéral dans les réformes des universités et du bac est limpide : ou comment instiller le vice inégalitaire de caste par un sophisme de borgne alternative. Fausse comme l’est la concurrence totemisée. Les présidents d’universités ne doivent pas becqueter les graines trafiquées de « la solution aux dérives du tirage au sort ». C’est vraiment les prendre pour des niais. Gageons qu’étudiants et lycéens sauront les encourager à résister à ce putsch ultralibéral. Le combat pour l’école est primordial. Le sort fait à notre jeunesse, riche de sa diversité vivante, à l’instar de celui réservé à nos anciens, est la marque d’une société malade, dans le déni, qui voudrait truquer les symptômes en ordonnances.