Une certaine hollandisation du pétulant Macronisme semble s’installer. Sur tous les sujets surgis dans l’actualité, une gélatineuse inaction semble s’être étendue. Lactalis, prisons, Carrefour, EHPAD, et tutti quanti ? « On verra, ça va se régler, prenons le temps d’entendre les conclusions de la commission Théodule, notre méthode est la concertation ». Le manège tourne donc à nouveau. Tout bouge sans changer de place et les passagers sautent pour attraper le pompon en vue d’un tour de plus.
Mais nonobstant les foules en délire à Dakar, dans les deux circonscriptions métropolitaine, Macron s’est pris une taule électorale. La sanction est nette, quel que soit le côté par lequel on examine le résultat. C’est un évènement. Il est parlant. Ici la sanction touche plus profond qu’il y parait. Car au-delà des aspects partisans, la réalité sous-jacente de ce contexte compte autant que le résultat lui-même. La voici : jamais de toute la cinquième République des élections partielles survenant si près de l’élection présidentielle n’ont atteint un tel niveau d’abstention.
Sur ce plan, le deuxième tour a été pire que le premier. Comme si le duel entre deux droites ne concernait plus une bonne partie des électeurs du premier tour déjà peu nombreux et donc très politisés. Vu de plus haut que l’instant, tout cela signifie que les élections d’avril dernier n’ont pas purgé les tensions politiques du pays comme c’est le cas d’ordinaire en démocratie. La société reste en « état sur-critique » comme on le dit d’une pente neigeuse menacée d’avalanche. Un évènement fortuit peut devenir déclencheur. C’est inéluctable. Certes, la défaite quasi sans combat de masse sur les ordonnances a eu de lourdes conséquences sur le champ social. Mais ce ne fut pas pour autant la déroute psychologique qui frappa le ciel social anglais dans la lutte de Thatcher contre la corporation emblématique des mineurs.
En France, l’examen de la carte sociale montre de nouveau un semis serré de points rouges sur le terrain. Et les causes de lutte arrivent encore, comme une marée. La question de la fonction publique sera évidemment centrale. Il s’agit des salariés les mieux structurés du pays et de ceux qui ont le plus à perdre dans la révolution libérale dont ils sont la véritable cible sociale essentielle. Avec la fin de la fonction publique, la société sera vide de contre-modèle face à celui de la précarité généralisée qui est la signature sociale de l’ère libérale. L’environnement parle du même côté. La bataille pour les 28 heures menée outre-Rhin par le syndicat IG-Metall a son écho. Une certaine époque d’inertie sociale allemande prend fin. Cela assainit l’air du temps.
Vous l’avez peut-être constaté. Ce jeudi 1er février, les insoumis étaient mobilisés de tous côtés, sur tous les fronts. Notamment à l’Assemblée nationale pour présenter leurs cinq propositions de lois. Cette journée, longuement et méthodiquement préparée a été suivie toute la journée par des émissions et des débats sur les réseaux sociaux. On peut retrouver tout cela sur le site des insoumis. Pourtant je veux faire encore quelques remarques au sujet de ce jour-là. Nos textes étaient inscrits dans une sorte d’hégémonie intellectuelle. Un sondage a montré que chacun d’entre eux dépassait les 60 % d’opinions favorables. Et chacun d’eux portait un débat de société en lui. La couverture médiatique a donc été à la hauteur. Ce fut le cas sur certains textes davantage que sur d’autres mais, au total, ce fut l’occasion de nombreux plateaux et micro-trottoir bien revigorants. À vrai dire, une bouffée d’oxygène que d’entendre parler du Parlement autrement, en phase avec des préoccupations populaires graves et profondes.
Face à ce qui est devenu un évènement, la stratégie de « La République en Marche » s’est vautrée. L’esprit de routine l’a perdu. Croyant avoir à faire à une journée de niche parlementaire comme les autres, ignorant tout du travail public qui l’avait précédé, et méconnaissant l’intérêt médiatique qui s’y attachait dès le matin, Richard Ferrand a misé sur les routines de gros bourrin habituelles. Il a déposé au nom de son groupe des motions de rejet sur chaque texte pour empêcher la discussion et les amendements. Et cela alors même que nous avions annoncé avoir accepté de voter plusieurs amendements venant de divers groupes. De son côté, le président de l’Assemblée n’a pas accordé une minute de son précieux temps pour passer en séance, comme la courtoisie l’aurait commandé pour une journée de niche parlementaire. Bref, le coup du mépris sur toute la ligne. « En marche » s’est donc comporté comme un groupe sectaire qui ne veut parler de rien et ne reconnaît jamais la valeur de quoi que ce soit si cela ne vient pas de lui.
De plus, le choix de certains orateurs a été dans le même sens. Plusieurs, étaient des « incasables » nous a-t-on dit pour s’excuser. On leur a donc donné la parole dans un moment que « En marche » croyait faiblement exposé. Plusieurs « incasables » ont donc lourdement mordu le trait et se sont abandonnés a des excès de langage ou à des argumentations finalement assez pitoyables, au grand dam d’un bon nombre d’autres députés « en Marche », plus fins, qui ont pris goût au débat et fait des interventions argumentées. Cette attitude sectaire a été un bide total. Ni les commentateurs ni les téléspectateurs n’ont compris ce comportement. Le point nous revient donc entièrement. Car les thèmes et les arguments déployés ont donné un nouveau point d’appui officiel à des causes portées de longue date par des militants associatifs nombreux et actifs sur le terrain. Leur combat sort renforcé de cette journée. Leur présence sur le plateau de notre émission, les retours des réseaux sociaux tenus informés au fil de la journée en attestent. Pour notre groupe, c’est un nouvel apprentissage et une nouvelle démonstration du lien étroit que nous voulons faire vivre entre la société et l’institution parlementaire.
Mais ce jour-là, il y avait aussi de très nombreux insoumis dans la rue. Ils étaient aux côtés des lycéens et des étudiants au moment où ceux-ci entrent en mouvement contre la loi instaurant la sélection à l’entrée de l’université.
En effet, les jeunes gens ont commencé une action générale à l’appel d’un grand nombre d’organisations de jeunesse syndicales ou politiques. Et surtout parce qu’on avait déjà observé une première mobilisation en janvier qui a fonctionné comme un signal. En ce sens, à son tour, elle semble annonciatrice d’une prise de conscience en profondeur, étendue aux parents. Pour ma part, je n’ai pu suivre les manifestations de près car je siégeais sans discontinuer pendant notre niche parlementaire à l’Assemblée nationale. En effet, notre groupe parlementaire avait décidé de me confier toutes les explications de vote sur nos cinq lois. Un rôle que j’avais déjà occupé dans la répartition des tâches sur le débat à propos des ordonnances détruisant le code du travail. J’ai donc été totalement occupé à suivre tous les débats, toutes les interventions avant de ramasser dans les deux minutes imparties notre angle d’argumentation.
Mais le Mouvement avait des points fixes dans les manifestations à Paris et en Région. Le soir venu puis le lendemain, j’ai jeté un œil rapide sur la couverture médiatique du mouvement dans la jeunesse. Rien ou presque. C’est parfait. En jouant le verrou, le parti médiatique se tire une balle dans le pied. Cette jeunesse mobilisée sur une question aussi décisive que le choix personnel de l’avenir individuel de chacun va découvrir qu’acheter un journal ne sert à rien, que regarder la télé de l’officialité, ce n’est pas ouvrir une fenêtre sur le monde qui l’intéresse. Ils seront donc disponibles pour d’autres sources d’information et ces dernières leur paraîtront plus « libres ». Les plus conscients vont se construire un mépris argumenté contre la caste médiatique, ses porte-serviettes et organe de presse. D’autant que la journée en média sur le sujet a commencé par une magnifique manipulation dont la grossièreté a été bien appréciée par ceux qui en ont entendu parler : les jeunes seraient manipulés par « la France Insoumise » et par moi personnellement. Rien de moins. Un mépris total pour leur libre arbitre et les raisons de leur mobilisation. Cela est très utile pour rendre odieux le système qui produit ce type « d’information ».
C’est donc au total une bonne séance de formation politique à tous points de vue. Comme ce sont les députés macronistes qui fournissaient la matière première sur les plateaux de télé et qu’ils sont déjà presque aussi détestés que l’étaient les PS il y a peu, on peut dire que sur le plan politique c’est carton plein. Quant à la suite de cette mobilisation, je dois me contenter de dire que je la souhaite, que mes amis y contribuent, notamment les très nombreux jeunes insoumis liés directement ou non à LFI. Car les insoumis n’ont pas de cartes et ne reçoivent pas d’ordre pour la raison qu’ils n’en ont pas besoin pour se mettre en action et savoir quoi faire. C’est eux qui dirigent leur action avec leurs camarades sur le terrain. Ni la FI, ni moi n’avons aucune part à leur décision. Notre Mouvement dans ce cas comme dans tous les autres cas est au service de ceux qui agissent. Il ne les dirige pas. Le Mouvement LFI est « éclaireur » du chemin en fournissant à ceux qui sont impliqués toutes les informations qui sans cela ne leur parviendraient pas. Le Mouvement LFI est en cela « déclencheur » car une fois informés, ceux qui sont « Insoumis » savent qu’ils doivent se mettre en action de leur propre chef.
Quant au groupe des députés, ce n’est un secret pour personne qu’il a mené sa bataille parlementaire sur le sujet quand le texte est passé devant les députés. Le groupe, relayé par les réseaux sociaux du Mouvement a donc aussi fourni un maximum de vidéos d’argumentation. De son côté, la campagne du mouvement a permis la diffusion d’un million de tracts. Point ! L’appel à la journée d’action n’est pas notre fait, ni les lieux de rendez-vous, ni les mots d’ordre, ni aucun des décisions de l’action. Mais tout ce qui a été décidé et fait par les jeunes nous convient. Le texte est à présent au Sénat. Bientôt il reviendra à l’Assemblée. Ce sera un moment de vérité. Deux journées d’action sont convoquées par les organisations étudiantes lycéennes cette semaine, mardi et jeudi. De son côté, le pouvoir s’est rendu compte du risque qu’il court de voir le feu prendre à la plaine. Il accélère donc tant qu’il peut le calendrier. Il est ainsi prévu que le vote final des navettes parlementaires se situe pendant les vacances scolaires de février… Mais encore faut-il que le Sénat ait fini dans les délais souhaités par Macron.
Il faut que l’affaire Lactalis ne tombe pas trop vite dans les oubliettes médiatiques. L’affaire est énorme. Car il est donc établi à présent de l’aveu même de son PDG que du lait pour les nourrissons, contaminé, a été vendu pendant une décennie. L’enquête et les indemnisations prendront sans doute une nouvelle décennie. Soit. Et quoi ? Car tout le monde ne savait-il pas déjà à quoi s’en tenir avec sur les causes qui conduisent à de tels désastres ? L’affaire de la vache folle n’avait-elle pas montré ce qu’il en coûtait de confier les contrôles sanitaires à des organismes privés dont les ressources dépendent de ceux qu’ils contrôlent ? Ne savait-on pas déjà ce que produit la destruction des moyens d’agir de l’État ? Si. On le savait. On le sait. Et maintenant ? Rien. La vie continue.
Et la situation s’aggrave parce que la nature des risques évolue avec les technologies. En voici un exemple. Ce sera bientôt un de ces dossiers noirs qui font désespérer les naïfs qui croient ce système capable de « s’autoréguler ». Il y a de quoi. Le 23 janvier dernier, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a porté plainte contre 9 industriels de l’agroalimentaire et des cosmétiques. En effet, l’association a fait des tests sur une vingtaine de produits de consommation courante à la recherche de nanoparticules. Résultat : 100% des produits testés en contenaient. Ce qui n’est pas interdit. Par contre, seulement 3 produits annonçaient sur leur étiquette la présence de ces nanoparticules manufacturées. Or, depuis 2014, la loi oblige les industriels à le signaler sur l’étiquette. Pourquoi ces gens-là se sont-ils dispensés de le dire ?
Les nanoparticules sont des particules chimiques dont la taille est inférieure à un milliardième de mètre. C’est-à-dire environ 50 000 fois plus petit qu’un cheveu. Il en existe dans la nature. Les éruptions de volcans peuvent par exemple émettre des nanoparticules. Mais depuis quelques années, il est aussi possible de les manufacturer. Elles sont utilisées comme additif dans l’industrie agroalimentaire ou cosmétique pour colorer un produit, le rendre plus brillant etc. Une des propriétés que leur confère leur petite taille est qu’elles pénètrent très facilement l’organisme et franchissent les barrières biologiques.
Leur effet sur la santé humaine reste pour l’instant mal connu. Mais le doute est suffisant pour qu’on en impose l’étiquetage. Le consommateur est ainsi censé pouvoir choisir des produits sans nanoparticules. L’arrêté de mai 2017 qui rappelait aux industriels la règlementation en vigueur la justifiait d’ailleurs par « les incertitudes qui subsistent concernant l’impact sur la santé humaine ». L’institut national de recherche agronomique (INRA) a montré que les nanoparticules de dioxyde de titane provoquaient sur des rats des lésions précancéreuses et des troubles du système immunitaire. Pauvres rats cobayes vivants ! N’empêche, cette nanoparticule est notamment utilisée comme colorant pour des confiseries industrielles. Bien sûr, cela ne constitue pas une preuve de leur nocivité pour l’homme mais c’est une invitation à la prudence. Et, au minimum, au respect de la règlementation : il faut prévenir, il ne faut pas cacher leur présence quand il y en a.
Les laboratoires de l’UFC-que choisir ne sont pas les seuls à avoir pratiqué des tests de cette sorte. L’État l’a fait lui aussi. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a réalisé des tests sur 40 produits cosmétiques et 74 produits alimentaires. 87% des premiers et 39% des seconds contenaient des nanoparticules. Pourtant, un seul de ces produits l’annonçait sur son étiquette. Malgré ces résultats, l’État a décidé de ne pas systématiquement poursuivre les industriels qui ne respectent pourtant pas la loi. Dans sa déclaration, la DGCCRF disait qu’elle allait « rencontrer dans les prochains jours les professionnels concernés pour partager ces résultats et décider ensuite des mesures appropriées ». Une démarche qui ressemble à la « société de confiance » et au « droit à l’erreur » qu’offre dorénavant aux entreprises le gouvernement avec l’adoption de la loi sur le thème ces jours-ci à l’Assemblée.
Le nombre et la répétition des fraudes révélées tant par l’UFC que par les contrôles de l’État impressionne. Elle inquiète à juste titre. Car depuis quelques décennies les gouvernements néolibéraux successifs ont méthodiquement détruit la capacité de contrôle de l’État. Cela s’est vu de manière spectaculaire dans l’affaire Lactalis. Dans le département de la Mayenne, où se trouve l’usine Lactalis, le nombre de fonctionnaires chargés de contrôler que les produits alimentaires respectent bien les règlementations est passé de 14 à 6 en quelques années. Le Secrétaire Général de Solidaires-CCRF explique : « Le travail qu’on pouvait faire il y a quinze ans, on ne peut plus le faire aujourd’hui ». Aujourd’hui, les services de la répression des fraudes comptent en moyenne 4 enquêteurs par département. Et Emmanuel Macron a encore supprimé 45 postes en 2018.
Ainsi, alors que les quelques contrôles effectués montrent que la majorité des industriels fraudent à propos des nanoparticules, l’État ne dispose plus des moyens de les contrôler. Bientôt les gens vont le comprendre : démanteler l’État ça coûte cher pour tout ce qui compte dans la vie ordinaire. S’abandonner au marché pour faire les choses, détruire les contrôles sous prétexte de lutte contre la bureaucratie et compter sur les médias qui vivent de publicité pour montre du doigt des annonceurs coupables, tout cela va bientôt apparaitre pour ce que c’est : un monde voué à l’argent au mépris de toute considération pour la vie humaine, et pour cela de plus en plus dangereux.
J’y suis retourné pour la troisième fois. Et comme les deux précédentes, j’ai pris le même coup à l’estomac en suivant le déroulement de la matinée. Car la présentation du rapport annuel de la fondation Abbé Pierre sur l’état du mal-logement est un moment très particulier. Il y a les interventions et les rapports. On y apprend beaucoup. Et il y a aussi les vidéos. Et là, ça percute autant que les rapports et souvent même davantage. L’an passé, j’ai vu un vieil homme qui se faisait soigner le pied en mauvais état. Il était à la rue et passait sa journée assis sur un banc. Son bonheur était que le bistrot du coin acceptait de garder ses affaires dans la journée et qu’il savait sous quel porche retourner le soir pour dormir. Un an après, l’image me poursuit encore. L’analyse se concentrait alors sur les personnes sans domicile fixe ou vivant dans des taudis.
Alors que la solution parait si simple, année après année, le constat fait par la fondation s’aggrave : le nombre de personnes touchées par le mal-logement augmente. Or, le logement n’est pas seulement une question parmi d’autres. C’est un droit qui conditionne l’accès à toutes les autres dimensions de l’existence : l’accès au travail, à une vie de famille. « Pour pouvoir rêver, il faut savoir où dormir » disait le collectif Jeudi-Noir. Il y a quelques années il occupait des bâtiments vides pour alerter sur la crise du logement. Avec Jean-Baptiste Ayrault, le DAL (droit au logement) de son côté n’a jamais baissé les bras ni cessé son juste combat. C’est lui qui lutte pour faire ouvrir les bâtiments du Val-de-Grâce, aujourd’hui vide, aux sans-abris qui risquent de mourir de froid dans la rue.
Cette année, la fondation Abbé Pierre a centré son alerte sur le surpeuplement de certains logements. Commençons par situer le problème. L’INSEE considère qu’il faut minimum, en plus de la pièce à vivre et des sanitaires, une chambre par couple du foyer, une chambre pour deux enfants âgés de moins de 7 ans ou de moins de 19 ans s’ils sont du même sexe. Un logement est considéré comme surpeuplé quand une pièce manque par rapport à cette norme. C’est déjà une situation quand même plus que tendue que de vivre dans ces conditions. Pourtant 7,6 millions de personnes sont dans cette situation. Mais il y a encore pire. 934 000 autres personnes sont dans une situation dite de « surpeuplement accentué ». La fondation Abbé Pierre donnait des exemples terribles lors de sa présentation. Celle d’une famille marseillaise qui vit à 5 dans 30 m2. Celle d’une mère et ses trois enfants qui partagent une pièce de 11 m2 avec deux autres personnes en banlieue parisienne. Dans ces conditions, la vie est rendue infernale.
Tant d’aspects de la vie quotidienne sont refusés aux familles qui ne trouvent pas de logement assez grand pour se loger. Entassés dans un logement minuscule, il est impossible de stocker de la nourriture, des vêtements ou des documents administratifs. On vit au jour le jour. Impossible aussi, bien souvent, le rituel simple du repas en famille. Tout simplement : aucune intimité n’est possible. Dans un logement surpeuplé, on est toujours avec les autres. On n’est jamais avec soi. On est toujours dans un espace inférieur aux seuils à partir desquels les animaux humains se sentent agressés par une intrusion. L’absence totale d’espace d’intimité provoque du stress, de la nervosité, de l’angoisse. Parfois, il n’y a pas assez de chambres. Parfois, il n’y a en a pas, tout simplement. Dans les deux cas, cela engendre mécaniquement des troubles profonds du sommeil, c’est-à-dire sur sa durée et sa qualité.
Et cela a de lourdes conséquences sur la santé physique et psychique de ceux qui subissent cette situation. L’impact est particulièrement sévère sur les enfants. En effet, les hormones de croissance ne se secrètent que pendant le sommeil. L’organisation mondiale de la santé a montré que le manque de sommeil chez les enfants avait aussi des conséquences lourdes sur le développement du système nerveux ou de la mémoire. Priver des enfants de sommeil réparateur, c’est donc altérer leur futur. Au demeurant, les enfants en bas âge ont besoin d’espace pour explorer, se déplacer. À défaut, leur développement psychomoteur peut en être entravé. Ainsi, dès le départ, les enfants des familles pauvres sont handicapés. De quoi faire relativiser les discours des libéraux marcheurs sur « l’égalité des chances » initiale des jeunes. D’autant que les embuches se prolongent après les premières années. La scolarité des élèves qui vivent en logements surpeuplés est un parcours du combattant. Comment réviser un examen lorsque l’on vit dans une pièce avec quatre ou cinq autres personnes ? Les statistiques répondent très crument. Ces jeunes ont 40% plus de risques d’accuser un retard scolaire.
La santé de tous les occupants de ce type de logement en prend un coup très rude aussi. Une étude de l’OFCE montre que les personnes vivant dans des logements surpeuplés ont 40% plus de risques de se déclarer en mauvaise ou très mauvaise santé. C’est mécanique. Par exemple, le surpeuplement provoque de l’humidité dans des logements qui sont, en outre, souvent mal aérés. Cette humidité provoque sans mystère des pathologies respiratoires et dermatologiques. Le lien entre l’état de santé mental ou physique et l’état du logement qu’on occupe est nettement prouvé.
Après la Libération, le surpeuplement a largement décru dans notre pays. Certes, c’était une situation banale des familles en 1945, à la sortie de la guerre. Mais dans les décennies suivantes, grâce à un plan volontariste de construction, les familles ont accédé à des logements agrandis. La vie a alors gagné en confort. Ce fut une révolution de la vie quotidienne pour des millions de familles populaires. Mais c’est un fait dorénavant avéré : le recul du surpeuplement s’est interrompu depuis 2006. Désormais, pour la première fois depuis un demi-siècle, c’est à nouveau le surpeuplement qui progresse. Bien sûr, pas pour tout le monde. Les classes supérieures continuent de voir la taille de leurs logements s’accroître. Pour les milieux populaires, par contre, c’est le décrochage. Le surpeuplement est 10 fois plus répandu chez les 10% les plus pauvres que chez les 10% les plus riches. En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de métropole, un quart des logements sont surpeuplés. Dans les départements d’Outre-mer, c’est pire : 40% des logements en Guyane.
Cette situation génératrice de misères et de malheurs n’est pas une fatalité. C’est le manque de logements abordables qui pousse les pauvres à mal se loger. Les loyers du secteur privé ont explosé dans les années 2000, jusqu’à +50% dans les grandes villes. Pendant ce temps, le nombre de logements HLM construits ne suffisait pas à subvenir aux besoins. Une situation qui va aller de mal en pis en raison des coupes budgétaires opérées par Macron dans le budget des organismes HLM. Ces derniers ont déjà prévu qu’ils devraient annuler des programmes de construction à cause de ça. Combiné à la baisse des APL pour tous les allocataires, ce coup de rabot a été qualifié par la Fondation Abbé Pierre de « saignée historique ». Le projet de loi logement qui vient renforcera les conditions de la crise du logement. Il fait une confiance aveugle au marché privé et favorisera la spéculation qui écarte les pauvres du logement décent.
Au contraire, nous pensons que la puissance publique doit garantir le droit à un logement pour tous en réquisitionnant des bâtiments vides, en investissant massivement dans le logement public ou en régulant les loyers. C’est l’idée la plus simple qui soit. La plus facile à mettre en œuvre. Celle qui provoque une activité indélocalisable. Celle qui recourt le moins à l’importation de produits et matériaux. Un tel plan génère donc de l’activité économique, des revenus, de l’emploi sans créer de l’importation et en augmentant la richesse acquise par des actifs physiques que sont les constructions. Alors, pourquoi tout semble-t-il bloqué à des niveaux insuffisants ? Parce que la rareté stimule le marché, pousse la valeur de l’existant à la hausse et facilite l’accumulation sans cause. Bref : le capital y trouve très largement son compte. Et peu importe le reste, dans une société comme la nôtre.
63 commentaires
LAHMERI Michele
C’est normal qu’il prenne une « taule » aux élections législatives. Il n’a été élu du par 26 % des voix des Français et à marche forcé car l’extrême droite était là. Néanmoins, le nombre de votants au 2eme tour était de moins 50 %. Ce président ne sait que forcer la société française par des ordonnances, niant ainsi le peu de démocratie qu’il nous reste. Même les médias sont à sa botte. Mais, après tous les coups fumants qu’il nous a infligé, il sait que la France est en danger. Le prix de l’emprunt monte et la crise financière mondiale annoncée il y a près de 3 ans pointe son nez pour 2018. Les français n’ont pas compris qu’un financier à la tête du pays ne pouvait qu’aider les plus riches à s’enrichir et les plus pauvres aller jusqu’à la misère. Cela ne les dérange pas. C’est à nous de donner l’exemple à l’Europe et aux Français en faisant l’unité de la gauche dans un programme qui est le notre : l’Avenir En Commun, la 6me République et une autre Europe.
jyves
Il est important de puiser les informations en dehors de « la médiacratie ». La lecture notamment des études du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, ex-économiste en chef de la banque mondiale sont édifiantes. Les politiques libérales dérégulées et le creusement des inégalités par le renoncement des rôles de l’Etat au profit du privé, conduisent aux crises dont le peuple malheureusement doit règler la note. Les solutions existent et correspondent beaucoup aux propositions de la FI, ce n’est donc pas de l’utopie mais bien une question de volonté politique. Vous remarquerez qu’on nous assène, pour justifier la politique actuelle, le mot « réformes » voulues d’ailleurs par les Français, mais jamais le mot de progrès (incluant par là l’humain et le partage) seule voie possible à la croissance globale de la société. Les intérêts privés uniquement financiers dans la globalisation seront sans merci. Je ne suis pas très optimiste quant à la prise de conscience des citoyens.
semons la concorde
Le bon sens populaire semble avoir déserté nos concitoyens. Le lavage de cerveaux opéré par les media a réussi au-delà de leurs espérances et l’histoire du décodage des fake news s’apprête à en remettre une couche. Il est vital de faire vivre les lieux de débats. Le media permet une information non faussée et sociale, c’est formidable. Mais si on veut que le peuple s’implique en politique, il faut lui donner la parole pour de vrai. L’atelier des lois est une formidable initiative que je suivrai. Mais pourquoi ne pourrions-nous que suivre ? Investissons collectivement dans le matériel et les logiciels qui permettront d’entendre tout le monde et de construire un consensus populaire. La politique est l’affaire de tous.
jnsp
« Le media permet une information non faussée et sociale, c’est formidable. »
Vraiment ? Je ne dirais pas ça, en particulier pour les débats qui présentent toujours, pour ce que j’en ai vu, des journalistes en accord quasi complet avec la personne qu’ils interviewent dans la connivence la plus totale. C’est une erreur, refuser de donner la parole à une autre vision des choses est le signe de la peur d’être contredit. De cette peur, rien de positif ne peut naître ni aucune adhésion avoir lieu si ce n’est celle des déjà convaincus. Jean-Luc est invité par les média dominants il ne faut pas être plus sectaire qu’eux.
sergio
@jnsp
Non, le mediatv.fr n’est pas si lisse et monolithique que cela. L’émission d’Aude Lancelin « Le monde libre » par exemple permet à des points de vue antagonistes de s’exprimer sur cette notion et « mantra » libérale du management. François Begaudeau est presque le seul face aux trois autres invités à remettre en question le principe d’un « management humain » car celui-ci ferait alors croire qu’il n’est plus soumis à la loi de la rentabilité et de la compétitivité. Une bonne partie des journalistes de ce média sinon ne se réfèrent absolument pas au logiciel politique si j’ose dire de la FI mais ils abordent enfin (!) des questions jugées tabou par Bouygues, France 2 ou BFM. Ils invitent des experts indépendants, des militants de tout ordre et expliquent des mécanismes économiques et des faits sociaux ou culturels jusque-là jugés par les médias aux ordres « trop techniques » ou sans intérêt.
Devillerc
On a bien compris que l’on est sous un régime de dictature ! Mais relayer le lien pour donner à la quête et abonder à la perte de salaire, suite à une grève des gardiens de prisons, ça aurait eu de la gueule.
Jean-Yves
Il est exact que les mesures de Macron et de ses clones de LREM sont en train de provoquer leur rejet à vitesse grand V. Le résultat des partielles le démontre à l’envie la défaite des « macronistes » et une très forte abstention (70 à 80%). Malheureusement la colère d’une (toute petite) partie du peuple s’est traduite par l’envoi à l’assemblée Nationale de deux députés LR supplémentaires !
Où sont passés les électeurs de Jean-Luc Mélenchon d’avril dernier ? Pourquoi La France Insoumise n’arrive pas à les garder avec elle ? Les déclarations intempestives sur la « tambouille » auraient-elles coupé l’appétit de ces gens de gauche séduits le 23 avril 2017 ? Cela mérite un débat de fond pour trouver enfin la bonne stratégie et non se contenter de dénigrer les autres et de louer le « dégagisme » sans aucune assurance sur sa destination finale.
FAYOLLE
Ou sont passés les électeurs de JLM2017 ? Ce qu’il a dit, proposé à l’époque concernant l’arrivée du macronisme, se réalise brutalement, y compris sur les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Nous ne sommes plus dans les Présidentielles. C’est la lutte. Chacun hésite à s’y engager de peur d’être seul (voir les gardiens de prison). Cependant des actions se mettent en route, mais invisibles sur le terrain car les médiats refusent LFI. A Paris, nos députés font tout ce qu’il faut, mais sur le terrain, circulez, il n’y a rien à voir et dénigrement.
Pour avancer, 3 propositions. Donnez-nous les coordonnées des députés LFI qui suivent les gros dossiers sur le terrain (ex. suppression de classe, Hôpitaux/Ehpad/Santé, etc.)
Sur le tas, pour engager des actions, il faut des sous. Comment on fait, sinon la « débrouille » ?
Inciter les Points d’Action certifiés à se coordonner dans une association officiel, sur un cercle géographique humain, pour exister.
Herner
@Jean-Yves.
La réponse à ces questions ne se trouve certainement pas du côté des héritiers désespérés de la Place du Cl Fabien. Elle est toute simple : la lassitude des électeurs qui sortent d’une année d’élections dures et qui veulent souffler un peu. Mais il faut être de mauvaise foi pour ne pas voir toutes les avancées de LFI. Les résultats positifs du travail de fond qui se fait, témoignent de la justesse de la ligne interdisant la moindre « tambouille ». « C’est en trouvant tous ensemble la réponse ». Mais les Insoumis avancent ensemble, en innovant sur beaucoup de terrains. Ou bien y-a-t-il un autre ensemble ? Qui est-il donc ? Le désespoir obstrue tout accès à la lucidité. Et la « tambouille » est la « faiblesse qui vous perdra ».
Jean-Yves
@herner
« La « tambouille » est la « faiblesse qui vous perdra » »
Belle formule certes mais qui ne change pas le réel. Pensez-vous que les électeurs populaires conscient feront longtemps confiance aveuglément à un « guide » même proclamé « Insoumis », qui se réclame toujours de François Mitterrand (ami des patrons, fossoyeur du PCF, chantre de l’UE et père de l’austérité de gauche lors du tournant de 1983) ? Attention la suffisance dont font preuve de nombreux Insoumis rebute de plus en plus ceux qui s’interrogent de bonne foi sur la validité de la stratégie dite dégagiste de Jean-Luc Mélenchon, il suffit de regarder les résultats en voix des candidats LFI et le nombre d’abstentionnistes depuis juin 2017. Réfléchissons bien pour savoir si, à la fin, la dénonciation de la « tambouille » (ne) sera (pas) « la faiblesse qui perdra » LFI et Jean-Luc Mélenchon !
Nicks
@Jean-Yves
Nous sommes nombreux à ne plus vouloir de quelconques alliances électoralistes. La responsabilité finira bien par l’emporter sur les logiques d’appareils irresponsables. Il faut savoir ce qu’on veut : faire gagner des idées en les privilégiant ou maintenir en respiration artificielle des boutiques surannées et impuissantes, au risque de voir gagner ses pires adversaires. Le choix devrait être facile quand on se déclare progresssite pourtant…
patrice 30
@Nicks
Nous sommes tout aussi nombreux à dire et à penser que vouloir avoir raison tout seul est une stratégie perdante qui n’amène rien. Cela ne veut pas dire qu’il faut s’allier avec tout le monde. Au cas par cas pourrait être une solution. Quant à ceux qui pense que le FN est mort et que youpie on est devant eux je les invite à aller dans le Sud profond et ils verront la réalité que l’on subit depuis des années. Car depuis des années nous avons le choix au second tour entre un FN et un « droite dure ». Je pense qu’il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités même si je souhaite l’élection de nombreux députés FI. La vague dégagiste nous atteint nous aussi par l’abstention. Nous sommes mis dans le même sac que les autres.
Christophe PEBARTHE
Je regrette que le mouvement qui nait dans les universités soit présenté, ici comme ailleurs, comme un mouvement étudiant. Il y a des syndicats d’universitaires, il y a des enseignant.e.s du supérieur, qui font ce qu’ils et elles peuvent. Ces organisations ont droit au moins de cité. Cet oubli, qui n’est ici même pas du mépris, en dit long sur la conception de l’Université. Cette institution fut pourtant au début du XXème siècle pleinement considérée comme républicaine. L’émancipation de la personne humaine ne saurait faire l’économie des conditions qui la rendent possibles, conditions matérielles certes mais aussi institutionnelles.
marco polo
L’action va-t-elle prendre dans la plaine ? La jeunesse en sera le moteur. Pas d’ordre ni consigne, si ce n’est ceci : n’attendez pas de consignes. Forcer le gouvernement à faire marche arrière, bousculer tous les immobilismes et les attentismes pour aller vers les changements indispensables. La prise de conscience se fait aussi en ouvrant les yeux.
Borie Didier
Ne prendrait-il pas plutôt une « tôle » qu’une « taule » cher Jean-Luc ? La « taule » ce sera peut-être un jour ? Qui sait ? Amitiés insoumises.
Francis
Je pense que « se prendre une taule » est la bonne expression.
Jézéquel
« Se prendre une taule » est en effet la bonne expression ! le mot « taule » qui veut dire dans cette expression « une raclée », vient du mot « tôle » qui veut dire le « produit de laminage », connu dans la sidérurgie. Se faire laminer ou prendre une raclée c’est la même chose. Le mot « taule » permettant de faire la différence spécifique avec le mot « tôle » !
Deeplo
Merci encore une fois pour cette belle lettre dont le ton est apaisé et déterminé. Effectivement, les actions de contestations s’accumulent et le résultat des partielles montre que le bon sens revient. La lassitude et la sidération laissent place peu à peu à la colère qui se transformera en actions spontanées, loin des calculs opportunistes et des tambouilles. Surtout ne pas donner le sentiment que nous pourrions passer des accords avec le PS de Valls, le PC qui vote avec le PS en Occitanie et refuse notre programme, ou Hamon qui compte changer l’Europe avec Varoufakis. Je quitterais le mouvement immédiatement n’ayant jamais eu de carte nulle part. Surtout rester dignes et honnêtes intellectuellement, forts de notre avenir en commun. La semaine prochaine sera celle de la contestation qui monte !
josiane Coiffard
A propos de « déroute psychologique » je ne suis pas sûre que la comparaison avec l’Angleterre de Thatcher soit inutile. Et si je vous rejoins (comme presque toujours, d’ailleurs) pour compter sur la fonction publique, elle m’apparaît fragilisée par des années de corruption de la notion même d’intérêt général. Il se pourrait bien qu’elle devienne la lame de fond par laquelle la présence de l’Etat sur les territoires va être engloutie. le déclin du service public y a été programmé par les lois qui ont prétendu le moderniser et la disparition ou la privatisation de services de proximité se produit parallèlement à l’émergence de monstres de technocratie (à l’image de ce qui gouverne l’Europe) que sont les métropoles. Leur agents sont déjà contractuels, recrutés sur leur adhésion, déjà managés à la performance, se rêvent « tradeurs ». Puissè-je me tromper, avez vous une idée de ce qu’en pensent vos amis (qui ne sont plus les miens), élus à la ville de…
kokkino
Le sondage commandé par la FI donne de mon point de vue deux indications fortes : sur le CETA il montre que malgré les nombreuses interventions de Jean-Luc Mélenchon la compréhension du problème dans nos rangs est loin de ce à quoi l’on pourrait s’attendre et l’on peut se demander si il n’en va pas de même de questions de même nature (Euro, OTAN). C’est la maturité politique du mouvement qui est en cause. Plus politique encore : la proportion de sympathisants hostiles au récépissé dans la question du contrôle au faciès est-elle d’origine purement technique ou d’une autre nature plus préoccupante ? Par contre le niveau des réponses positives toutes sensibilités politiques sur la question de l’eau montre qu’il y a une vraie capacité de mobilisation pour la FI sur la question des services publics et une opportunité au moment où se prépare la grande casse de la fonction publique et se met en œuvre la sélection à l’Université.
JeanLuc
Le thème de l’égalité des chances à l’école m’a rappelé la conférence gesticulée de Franck Lepage sur l’éducation populaire où il dit « l’égalité des chances pour le lièvre et la tortue, c’est que la ligne d’arrivée est la même ». Je ne résiste pas au plaisir de redonner le lien tellement c’est bon !
Patrice COQUELIN
Normal, Macron n’est qu’un pion des banques, un ex-ministre de l’Economie à qui tout le monde avait davantage de raisons de jeter des cailloux qu’à Gros Mou, avec un programme politique vide, absent. Il aura suffi à certains de s’acoquiner avec les directeurs de médias, pour que Le Pen fasse un joli score, et il n’a pas été nécessaire de rassembler plus que 13% de centristes et 10% de couillons pour que cet individu devienne Président de la République française. Ca paraît magique, la politique, dans ce pays, déjà, quand on réalise ça. Et pourtant, Macron représente bien une sorte de révolution politique. Car pourquoi s’embêter à soudoyer régulièrement des politocards, pourquoi s’enquiquiner à soudoyer à répétition des technocrates quand on peut placer un pion à soi tout en haut ? Des décennies que certains en rêvaient, ici. C’est fait !
pascal lacues
Construisez une alternance crédible avec le rapport de force en adoptant l’unité de ce qui est commun aux humanistes et une stratégie transparente et un projet précis car comment changer leur logique destructrice si vous n’avez pas la force ni le courage ? Ou alors vous ne le voulez pas ou ce n’est pas possible.
Robin Lebon
« L’unité de ce qui est commun aux humanistes » revient généralement à diluer le contenu de son programme politique. Non, ce qu’il faut, c’est de la fermeté quant à la ligne défendue et dans les convictions. Diluer le programme avec les humanistes (lesquels? les LREM se disent humanistes…), c’est opportuniste et la preuve d’un manque de conviction flagrant.
Jean Paul B.
@Robin Lebon
Les « humanistes » sont ceux qui placent l’humain au coeur de leur action,cela signifie qu’il s’agit d’unir tous ces républicains anti-libéraux et éco-socialistes sur un programme commun pour se donner plus de chances d’être élus afin d’améliorer rapidement la vie du plus grand nombre. Les auto-proclamés « purs » (comme les gauchistes naguère) qui ont peur de « diluer le programme » et pensent y arriver seuls, se trompent lourdement. Pendant qu’ils perdent leur énergie à pinailler, le grand capital rit de voir les classes populaires, stérilisées par ces divisions, être condamnées à ne pas accéder au pouvoir. Drôles de révolutionnaires que ces gens là !
Olivier SERVANT
Sur nos chers médias appartenant aux plus gros des plus gros, les seules exaspérations qui nous ont été proposées sont celles des automobilistes qui vilipendent la neige qui tombe et le niveau des rivières qui ne baisse pas assez vite. Dans notre France rurale, comment serions nous solidaires de ces gens qui sont tellement loin de la vie que nous vivons ? Voilà, la solidarité en prend encore un coup. Et puis qui parlera dans ces médias de la privatisation de la censure et de la justice au profit de l’argent. Un journaliste, un éditeur, un organe de presse pourra donc être condamné si son travail de vérité porte atteinte aux intérêts d’une entreprise. Qui parle de la privatisation du régalien ? Police, prisons, armée on peut tout vendre. On nous explique que le prix des autoroutes, c’est un contrat, on y peu rien ! Quelle est la volonté politique ? L’Europe, quel beau masque! De Gaulle avait fait usage de la chaise vide et, c’est curieux, la France avait été entendue. Paraît qu’on…
Yves Thiébaut
Il faut pousser le raisonnement au bout. Maîtriser le scandaleux mal- ou non-logement, c’est maîtriser les prix du foncier, forcément ! Donc ne plus laisser le marché immobilier dans une liberté sauvage. Donc toucher et maîtriser la partie immobilière de la finance ! C’est tout à fait possible, mais dans un cadre politique complet comme le programme de l’Avenir en Commun de LFI, qui a une cohérence, et qui aurait, nous l’espérons tellement, été approuvé par le peuple français.
MP Langeais 37
« Niche parlementaire »?
Le terme prête à s’interroger comme à sourire. Ridicule à bien des égards. Qui était ce jour à la niche sinon ces députés macronisés inconséquents et à la ramasse. Je préfèrerais l’expression de créneau ou de fenêtre. Et ce 1er février, la fenêtre était grande ouverte par nos députés FI. Un grand souffle d’air, à noter dans les annales de l’AN et de la FI et qui ne peut que laisser des traces. Merci encore pour ces propositions de loi (sur la dignité humaine) que vous avez (tous) avec talent et pugnacité défendues.
Ah, au fait, « Parcours sup » : une machine à faire le tri social (des élites).
Phil
@jnsp
Le média fait un travail de grande qualité à mon avis, présentant ou parlant de sujets que l’on entend ou ne voit pas ailleurs et avec un parti-pris revendiqué du côté opposé de la pensée officielle. Cela fait un bien fou de suivre leurs journaux. Je te conseille de voir ou d’écouter l’émission d’il y a quelques jours qui s’appelle « le monde libre » tu pourras juger de l’intérêt de discuter d’un sujet sans être d’accord entre les débatteurs. Je pose le lien ici.
Merci pour ce billet toujours aussi intéressant M. Mélenchon!
Marron
Pas sur que le titre agressif sert le propos par ailleurs excellent. Difficile de partager un contenu aussi brillant sur les réseaux lorsque le titre sera perçu comme une agression par ceux qui n’ont pas encore d’avis tranche sur Macron. L’humour serait plus efficace.
Robin Lebon
J’en doute fortement. Ceux qui n’auraient pas déjà un avis tranché sur Macron sont désintéressés de la politique ou ne sont pas concernés par les mesures et lois de ces derniers mois. Il faut cependant aller chercher la jeunesse et ceux qui veulent un changement radical mais qui s’abstiennent ou votent à droite juste pour les grandes gueules que sont Wauquiez et Le Pen.
Le Che
@Robin
Il est effectivement temps de remplacer les grandes gueules de droite par des grandes gueules de gauche. Voilà un objectif ambitieux qui ne laissera pas de mobiliser les gens.
Politicoboy
La volonté d’en finir avec la fonction publique s’inscrit dans la lutte des classes décrites par Bernard Friot dans son ouvrage « vaincre Macron ». Il s’agit de remettre en cause le salaire à vie et l’exclusion du marché d’une sphère de l’économie qui emploie 5,5 millions de personnes. Le but n’est pas de rendre la fonction publique plus efficace ou moins chère, mais de transférer cette manne financière qui échappe au capital dans la sphère privé. Protéger la fonction publique et l’étendre est un combat central pour « vaincre Macron et son monde ».