Ça patine en Macronie. En l’écoutant parler de la Corse on aurait dit du Hollande : filandreux, sans arêtes, mou du genou sur le sens des phrases prononcées. Sans notre esprit taquin, nous-même n’aurions pas vu où est la ruse. J’en parle plus loin. Pour le reste, la pluie des annonces glisse sur le plumage des quidams sans pénétrer les esprits. L’axe de l’action du gouvernement ne se discerne plus que pour qui connaît la musique et peut la commenter. Les sujets qui échappent à l’indifférence flottent comme des grumeaux sur l’actualité officielle. Et c’est le plus souvent grâce à une grosse saillie de l’équipe de pieds nickelés qui parlent au nom de « la République en Marche ».
Nos meilleurs alliés sont dorénavant dans ces rangs-là. Quelle meilleure loupe sur la situation désespérée des SDF que l’indignation provoquée par ce député macroniste selon lequel les gens vont mourir de froid dans la rue par choix personnel ? Quelle meilleure relance du sentiment de se faire arnaquer que cet autre député marcheur selon lequel on ne peut pas passer sa vie à parler de pouvoir d’achat pour « acheter sans cesse » ! Quelle meilleure campagne pour montrer l’horrible arrogance de classe qui règne chez les marcheurs que ces déclarations de parlementaires macronistes selon laquelle ils ne se sentent pas « députés des SDF » et que de toute façon pour être élu il faut avoir fait de hautes études !
Et quand ils ont fini, arrive le meilleur d’entre eux, l’inénarrable président de l’Assemblée nationale, Môssieur de Rugy, portrait ambulant de l’homme qui met des talonnettes avant de parler. Cet excellent prétentieux vient d’inventer une « stricte application du règlement » de l’Assemblée qui va punir la moitié des membres de son groupe dont son propre président, Richard Ferrand pour leur absentéisme dans les « votes solennels » de l’Assemblée ! Avec rétroactivité s’il vous plaît ! Il est parfait.
Oui, ce de Rugy est un cadeau. C’est notre arme secrète contre les députés marcheurs. Notre arme de dévalorisation massive du troupeau parlementaire macroniste. Il aura porté les coups les plus rudes à son groupe déjà en crise existentielle avancée. Après avoir traité ses collègues absentéistes de « multirécidivistes » comme des délinquants ordinaires, il a décidé de les punir financièrement et cela bien rudement. Il a en effet décidé d’appliquer strictement l’article 62 du règlement de l’Assemblée nationale, qui est inapplicable comme ont déjà dû le constater ses prédécesseurs. Ses collègues n’ont pas encore découvert la réalité de ses décisions à leur sujet.
Nous avons fait les comptes et nous ne sommes pas les seuls. Cela revient sur la base des absences enregistrées à confisquer les deux tiers de l’indemnité annuelle (et non mensuelle) ou bien la moitié d’entre elle à tous les députés qui ne sont pas en conformité avec le couperet qu’il veut instaurer. Ça va saigner à « La République en marche ».
Qu’ils fassent eux même les comptes. Si cet article venait à être appliqué, et si la tendance actuelle des présences et absences aux votes solennels venait à se prolonger, plus de deux cent députés se verraient donc retenir soit 1/3 de leur indemnité soit les deux tiers pour la session, c’est-à-dire sur l’année ! Rien à voir avec les « 4300 euros » de pénalités annoncées par de Rugy sur BFM pour ceux qui seraient absents à plus des deux tiers des votes solennels. À voir cela, on se dit : il n’est pas certain que de Rugy ait bien compris lui-même ce qu’il annonçait tant les indices sont nombreux du contraire.
On peut deviner la bronca qui va se déclencher quand tous les messieurs dames « marcheurs » vont découvrir ce qui les attend au vu de leurs statistiques actuelles de présence aux votes solennels. On imagine aussi la tête de tous les députés ultramarins condamnés à une navette hebdomadaire par cette nouvelle pointeuse. Comme si ça ne suffisait pas, le monsieur Président a prévu de compter distinctement les votes des présents physiquement de ceux qui ont donné une procuration. Une tuerie en vue. Car un parlementaire sur deux est concerné sur la base des chiffres de cette session, notamment dans le groupe majoritaire qui va devoir gérer dorénavant près de cent délégations de votes à justifier !
Rien de tout cela n’implique un membre du groupe « la France insoumise » en métropole ou en outre-mer. Notre opposition à ce régime absurde n’en est que plus désintéressée. En tout cas, de Rugy prépare une belle pagaille. Car la situation qu’il a laissé s’imposer est un beau foutoir ! Pour de vrai, ce n’est pas une bête de travail. En effet, malgré sa paye au double de celle des autres députés, il n’a jamais siégé une fois en séance à son banc, ni participé à une seule minute de travail en Commission. Quant à présider la séance en dehors des moments télévisés… Et ce n’est pas parce que l’organisation de l’Assemblée lui donne des tracas. Il a déjà renoncé à faire son vrai job de président qui est d’organiser le travail des députés et non de s’ériger en surveillant général. Cela en dépit des 16 membres officiels de son cabinet, des voitures et chauffeurs mis à sa disposition en plus de son logement sur place avec le personnel d’entretien afférent.
Du coup, les emplois du temps des députés sont remplis de doublons, c’est-à-dire de convocations contradictoires. Ainsi arrivent en même temps les réunions de commission et la séance plénière, sans oublier les groupes d’étude, les groupes d’amitié et les missions d’études ou les commissions d’enquêtes parlementaires. Dorénavant, tout le monde devra se précipiter pour aller voter en plénière. Sans compter que certains députés, lassés d’être traités de cette façon, pourraient décider de tout mettre sur la table et d’exiger que ces recoupements de convocations soient interdits ! Le chaos est garanti. De Rugy serait alors obligé de faire son travail et de présider pour de bon l’Assemblée et ses calendriers ! Il ne s’y résignera pas. Parce qu’il ne sait pas le faire. Son élection à ce poste ne doit rien à son talent d’organisateur. C’est la rétribution du fait qu’il a trahi l’engagement pris au moment de sa candidature à la primaire socialiste avec son passage chez Macron en plein milieu de la campagne présidentielle. C’est le résultat de l’habile blocage de ses concurrents. Bref, c’est la victoire du vieux monde dans le nouveau, pour reprendre la phraséologie de « La République en Marche ».
Ce n’est pas une bonne chose que le traitement de la question Corse soit réduite aux échanges entre le président de la République et les élus du territoire concerné. Certes, c’est le président. Et sa majorité robotique fera ce qu’il dira avec toute l’autorité de la légitimité du choix des élections générales de l’an passé. Certes, les votes de ces derniers temps ont donné aux nationalistes corses tout le relief et l’autorité que donnent la situation d’aussi large majorité que la leur. Mais tous les Français sont concernés. Il s’agit d’un débat concernant les conditions de vie commune en France. Chacun, un jour ou l’autre devra se faire une conviction sur ce qu’il y a lieu de faire sur le sujet.
Placé par les circonstances et par des millions de suffrages à la tête de l’opposition populaire, je me fais un devoir de prendre les devants en éclairant le sujet par les raisonnements que la situation commande de faire. Mon souci est le suivant : éviter de voir le pays se placer dans l’une de ces impasses qu’il n’a pas toujours su éviter dans le passé. Eviter de le voir s’enfermer dans la situation absurde et violente dans laquelle s’est placée l’Espagne avec la Catalogne. Penser à ce que nous ferons, le moment venu si nous gouvernons le pays. Et pour cela tout faire en bon ordre, en traitant le sujet avec méthode et les individus concernés avec respect.
Je me suis déjà exprimé sur le sujet Corse à plusieurs reprises dans le passé plus lointain et dans l’actualité récente. Je manie cette sorte de thème avec prudence. On ne peut rien par la force contre la volonté d’indépendance. J’ai eu l’occasion de l’apprendre. Enfant, j’ai été concerné par la marche à l’indépendance de l’Algérie. Adulte je me suis mis à l’épreuve en m’impliquant comme militant et parlementaire dans le dossier de la Nouvelle Calédonie. Je connais la déchirure du cœur et de la raison dans ce type de circonstances. L’exaltation est notre pire adversaire quand il s’agit de traiter une matière aussi explosive que celle-ci. Il ne fallait pas laisser la population Corse abandonnée comme elle l’a été. Et quand elle se tourne vers les nationalistes pour se réapproprier ses droits à l’existence, il y a mieux à faire que de la mépriser ou de la nier. C’est le cœur qu’il faut reconquérir. Avec des preuves d’amour, c’est-à-dire des solutions aux problèmes concrets qui se posent.
Ce jour-là, dans mon bureau de président de groupe à l’Assemblée nationale, j’ai reçu avec Éric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, monsieur Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée Corse. J’avais été surpris qu’il demande à me rencontrer. J’étais heureux de le recevoir. Pour moi, c’était le signe que les contacts amicaux établis avec les trois députés nationalistes corses élus en juin dernier avaient ouvert un chemin de rencontre. Avant ce jour, Coquerel et moi, on s’était rencontré avec eux de façon informelle et par hasard autour d’un café à la buvette de l’assemblée où l’on se trouvait ensemble. Puis nous avons eu un déjeuner avec Michel Castelani et Pierre-André Colombani, députés de Corse, d’un côté et, de l’autre, Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis, Loïc Prudhomme, député de Gironde, et moi. L’après-midi même de ce jour, Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne et Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis, sont aller écouter la présentation par les trois parlementaires nationalistes corses du programme de la liste menée par monsieur Siméoni pour l’assemblée de Corse. Ces contacts de découverte mutuelle s’ajoutaient aux votes communs et même aux échanges publics en séance comme sur la loi Université. À l’occasion de notre niche parlementaire, les trois députés corses sont intervenus pour soutenir plusieurs de nos textes comme celui sur l’eau ou l’épuisement professionnel (burn-out).
Je mentionne tout ceci en détail car je veux montrer comment se construit une capacité à dialoguer entre des gens au départ (et même à l’arrivée) extrêmement éloignés et même opposés sur le sujet central de leur débat. Chemin faisant, nous avons beaucoup appris de notre côté, sur le sujet, sur nos interlocuteurs, et beaucoup réfléchi ensuite sur la façon de répondre au problème posé. Pour nous, républicains, le vote en Corse non seulement aux législatives avec l’élection de trois députés nationalistes sur quatre mais aussi à l’Assemblée locale crée une nouvelle réalité. Je l’ai analysée ici même il y a peu. Pourtant, de notre côté, tout semblait avoir été rendu plus compliqué par l’attitude de la pseudo-liste « Corse insoumise » usurpée par la direction communiste.
Inutilement agressive et sans considération pour ce contexte, cette liste avait affiché un programme peu pénétré par les réalités insulaires. Croyant « faire Corse », les meneurs de la liste s’étaient contentés de jouer bruyamment le numéro « anti Paris » et les traditionnelles agressions injurieuses à mon égard. Le score dérisoire de cette opération purement politicienne a sanctionné un programme aussi vide de dimension locale et imperméable à ce que la poussée nationaliste signifiait. De leur côté, les nationalistes ont fait la part des choses. Ils sont passé outre l’humiliation qui nous avait été infligée par la direction communiste en usurpant notre sigle pour les insulter sans relâche dans la presse locale. Je crois que l’analyse présentée publiquement sur ce blog avait construit une solide passerelle de respect réciproque.
Car tout était dans la prémisse : nous reconnaissons le résultat électoral démocratiquement acquis, nous en admettons le sens même s’il ne nous convient pas et nous en tirons la conséquence. Il faut parler sérieusement, c’est-à-dire non pour rabâcher sans fin ses propres arguments mais pour trouver un point d’entente mutuellement satisfaisant. Car si les nationalistes défendent des principes, nous aussi. Et si ces principes sont fondamentaux pour eux, les nôtres le sont tout autant à nos yeux. Il est bon de le rappeler. Je l’ai dit au président Talamoni. Il m’a dit qu’il admettait mon point de vue. Cette franchise du contact, dénuée de toute agressivité, m’a fortifié dans l’idée que le dialogue avait un sens. Au demeurant, si la discussion ne peut s’y résumer sans s’y enterrer, disons aussi qu’il nous arrive d’être d’accord sur des principes. Avant cela, de mon côté, j’ai pointé des faits essentiels, en prenant acte des changements intervenus. Ce dialogue est possible parce que des pas décisifs ont été faits par les nationalistes. D’abord de ce fait décisif qu’ils ont renoncé à la lutte armée. Ensuite, le résultat des trois votes successifs au cours desquels les nationalistes ont acquis la confiance d’une large majorité du corps électoral local. Enfin, il y a le fait que la liste Siméoni, qui inclut toutes les composantes du nationalisme corse, des autonomistes aux indépendantistes, inscrit ses revendications dans le cadre de la Constitution de la France. Après quoi tout reste à faire.
Pour nous, rappelons que bon nombre d’entre nous sont jacobins et fiers de l’être. Et puisque j’en suis là, je veux rappeler l’essentiel. Le jacobinisme n’a rien à voir avec la caricature centralisatrice héritée de la dictature napoléonienne. Le jacobinisme n’est pas un modèle d’État, c’est un programme politique à propos de la souveraineté et de la liberté du peuple. Les principes sont premiers et le mode de leur mise en œuvre lui est subordonné. C’est tellement évident que Pascal Paoli, héros fondateur du nationalisme corse, siégeait aux jacobins pendant la Révolution de 1789. Il fut avant cela l’auteur de la première Constitution moderne appliquée en Europe de 1755 à 1769. Elle institue la séparation des pouvoirs de Corse et son contenu républicain et jacobin a servi de modèle ensuite à toutes sortes d’autres révolutions. Ce rappel historique doit nous aider à sortir des caricatures et préjugés qui tétanisent la discussion.
Un autre point est à considérer : le contexte européen dans lequel se posent les problèmes dorénavant. En effet, l’Union européenne est une machine à détruire les Nations unifiées comme la France. Son modèle est la République fédérale allemande où les évêchés, duchés et royautés d’ancien régime ont été regroupées à la fin du 19ème siècle après l’invasion de la France, avec le système des Landers. Actuellement, la feuille de route de la Commission Européenne prévoit d’instaurer des « districts européens » aussi autonomes que possible. Sous prétexte de « régions transfrontalières » on leur reconnaîtrait même une « capacité législative ». C’est le projet de Macron, au grand bonheur de la droite allemande à qui cette nouvelle reddition sans condition des élites politiques françaises offre une victoire totale. La victoire de la « Révolution » voulue par Macron et annoncée par le titre de son livre consiste à défaire les acquis de la Révolution. En cela, c’est une contre révolution. Car, bien sûr, les « districts européens » et autres inventions de ce type n’ont d’autre signification et projet que de faciliter l’émiettement du droit et des droits.
Dans ce contexte, la revendication corse peut fonctionner comme un cheval de Troie. C’est ce sur quoi débouche l’étrange référence à l’article 72 de la Constitution évoqué par le Président Macron pour y introduire la Corse. Sans être clair ni définitif, il a mis en avant comme solution la « refonte de l’article 72 ». Cet article est celui qui, dans la Constitution, définit les collectivités territoriales de la République et leur mode d’administration. Il concerne l’ensemble des collectivités. Les cas de celles qui ont un statut particulier sont égrenés au fil des articles suivants de la Constitution, ouvrant un large panel de possibilités. À l’article 73, ce sont les départements et régions d’Outre-mer, au 74 ce sont les cas très spécifiques comme la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et leur gouvernement spécifique, au 76 et 77 le cas très particulier de la Nouvelle-Calédonie qui connaîtra bientôt un référendum sur son indépendance. Dans ces conditions, les commentateurs trop pressés ont fait un contresens sur l’interprétation de l’annonce présentée à Bastia comme une réponse à la situation corse. Il s’agit d’autre chose. Et la Corse sert ici de prétexte. Car cela avait déjà été avancée par le Président dans d’autres discours.
Il y a déjà quelque temps que Macron annonce l’entrée de la « refonte de l’article 72 » dans la prochaine révision constitutionnelle. C’est ce qui était annoncé le 17 juillet dernier, dans le discours de Macron à l’ouverture de la « conférence des territoires » comme il la nomme dans cet affreux jargon de la novlangue féodale. Il annonçait alors vouloir simplifier le « droit à l’expérimentation » des collectivités et leur donner un « droit à la différenciation ». Il ajoutait : « Si c’est nécessaire, sur ce sujet, je suis prêt à proposer, dans le cadre de ce que j’ai annoncé au Congrès, une révision de la Constitution pour faciliter ces évolutions et libérer les énergies. ». L’expression « libérer les énergies » comme le mot « réforme » est un signal d’alarme. Il s’agit toujours de démolir les acquis et d’ouvrir toujours plus largement la voie au marché. Le 24 novembre dernier Macron s’est fait encore plus précis sur l’usage de la refonte de l’article 72 de la Constitution, devant le congrès de l’association des maires de France : « Je souhaite donc que dans ce cadre, l’article 72 puisse être modifié pour permettre aux collectivités de pérenniser une expérimentation réussie. Conférer aux collectivités une capacité inédite de différenciation, une faculté d’adaptation des règles aux territoires ». C’est clair ?
Il ne s’agit donc pas pour Macron de répondre à la question spécifique posée par la Corse mais de se servir de cette situation corse pour changer radicalement les fondements de l’organisation territoriale de la République. Les commentateurs ont eu tort d’interpréter l’absence de réponse apportée aux nationalistes comme une confirmation de l’État unitaire par Macron. C’était au contraire la manifestation du souhait du Président de traiter la Corse comme un prétexte pour en faire un cas parmi d’autres dans son projet de « territorialisation » de la République. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Comment appeler sinon la « différenciation » promise par Macron ? Il évoque sans détour le fait de permettre aux collectivités d’édicter leurs propres lois, leurs propres règles en dehors du cadre de la loi nationale si elles le souhaitent. De même, une expérimentation législative « pérennisée » uniquement sur un territoire est bien une loi locale. Les citoyens, dans ces conditions, ne sont plus égaux devant la loi. Selon l’endroit où ils habitent, la loi n’est plus la même et celle qui demeure ne s’applique pas de la même manière.
En tous cas, le discours de Macron en Corse laissait un étrange sentiment de déjà vu dans le vague et le flou qui sent l’arnaque. Il faisait l’effet d’une sorte de retour à la case Hollande. La forme ici rejoint le fond. Car Macron ne ferait rien d’autres que de mener ainsi à bout ce qu’Hollande avait initié avec les lois NOTRe et Maptam. Au programme : la disparition progressive des échelons territoriaux dont la mission est de garantir l’égalité républicaine, la commune et le département pour les remplacer par les grandes régions et les métropoles, des collectivités calquées sur l’organisation territoriale rêvée par la Commission européenne. En généralisant constitutionnellement le droit de déroger à la loi nationale et d’édicter la leur, Macron crée le marché des territoires en concurrence libre et non faussée. Car les effets d’un tel renversement de l’ordre républicain sont connus d’avance : dumping entre les collectivités pour attirer les multinationales, recul général de l’État et des services publics pour les citoyens qui vivent dans des lieux qui n’intéressent pas l’oligarchie.
On m’a compris je pense. La référence à l’article 72 qui décrit le régime applicable à toutes les collectivités locales pour y introduire un régime particulier de la Corse ne saurait être accepté. Ce refus de faire de la Corse un cas général, nous l’avons dit sans détour à nos interlocuteurs. Ce qui peut être vrai pour la Corse ne peut l’être pour le reste du pays. Mais contrairement à l’apparence, cela simplifie le débat. Car dans ces conditions, la spécificité Corse peut-être fermement et mutuellement établie. Nous en étions mutuellement d’accord avec monsieur Jean-Guy Talamoni. Depuis, il m’est apparu que le sujet étant ainsi délimité, la préférence des nationalistes corses pour l’article 74 est la mieux adaptée à la situation et aux exigences mutuelles. En effet, elle permet de changer la place de la Corse dans le système institutionnel de la République sans changer le régime unitaire du reste du pays. Les nationalistes Corses devraient en convenir. Mieux vaudrait qu’ils le fassent avant que quelques créatifs ne manient de nouveau le ciseau administratif. C’est-à-dire avant qu’on ne vienne à rétablir demain dans l’île des découpes comme quand il y avait deux départements et une région. Car elles seraient alors, chacune pour leur compte, autorisées à des expérimentations concurrentes…
Après quoi, quoi que l’on veuille dire ensuite, la spécificité Corse n’a guère besoin de démonstration. Elle est enracinée dans un fait incontournable : l’insularité. Et de ce fait découlent les autres problèmes concrets que déroule le programme autonomiste de monsieur Siméoni. Je pense ici à la question du foncier et de l’accès au logement, pour évoquer le point venu le plus souvent sur le devant. Sans entrer dans le détail, voyons la question du logement. Le programme Siméoni veut répondre au problème posé par la spéculation foncière qui empêche la population locale d’accéder à la propriété. De plus, les achats de maison pour y installer des résidences secondaires ou de vacances vident les territoires Corses de population pérenne. 40 % des logements en Corse sont désormais des résidences secondaires appartenant à des non insulaires français ou étrangers. Impossible de nier la réalité du problème posé. Il se constate d’ailleurs dans de nombreux autres territoires du pays et notamment dans les grandes villes. Là aussi la mode et le prix du foncier produisent cette désertification ou un changement de nature de la population en expulsant les milieux populaires. Les nationalistes Corse pensent y répondre en créant un statut de résident : seuls ceux qui vivraient depuis 5 ans sur le territoire auraient droit d’acheter.
Avant de dire quoi que ce soit notons que la référence à une durée de présence limitée sur le territoire exclut tout critère ethnique ou même linguistique. Cela ouvre une discussion concrète sans condition idéologique. On notera aussi que cette idée avait été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée corse le 25 avril 2014, donc bien avant que les nationalistes y soient majoritaires. C’était une proposition du député PRG Paul Giacobbi. Selon lui, ce statut était « une étape qui n’a rien de discriminatoire » « Toutes sortes de droits sont déjà liés à la résidence qu’il s’agisse notamment de fiscalité ou de stationnement ». D’autres régions d’Europe vivant ce problème ont déjà établi ce statut avec des résultats satisfaisant : le Tyrol autrichien, les îles Åland en Finlande. On peut donc en rester au sujet concret sans l’emmêler avec celui des justifications du nationalisme. Comment empêcher l’expulsion des populations locales par la spéculation ?
Sans démontrer quoi que ce soit, Macron répond que le statut de résident n’est pas la bonne solution. Puis il ajoute de façon assez méprisante que, de toute façon, ce sont les Corses vendeurs de biens qui profitent de la spéculation. On comprend que ce soit un argument suprême pour un libéral pour qui l’identité et les attachements sont consubstantiels à la santé du portefeuille. Je crois que cette réponse a été assez mal ressentie par tous ceux qui placent ailleurs l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur pays. Macron nous fait toutefois l’honneur d’un interdit majeur à ses yeux : l’Europe ne le permettrait pas. Pour lui, pas question de dire non à quoi que ce soit venant « d’Europe ». Pourtant, on peut faire autrement.
Si j’avais à m’en occuper, et si l’on ne voulait pas se fâcher avec la Commission sur ce sujet, je plaiderais pour que soit appliqué à la Corse le statut européen de « territoire ultra-périphérique », car il permettrait ce statut de résident. Comme le ridicule de déclarer « ultra-périphérique » l’île Corse saute aux yeux, on pourrait aussi changer ce label si grossièrement Européo-centré ! Car l’île de La Réunion est ultra-centrale dans l’Océan indien où elle se trouve tandis que Bruxelles est ultra-périphérique depuis là.
Revenons alors au point de départ. Le statut de résident est-il oui ou non la bonne réponse au problème posé ? Ça se discute en effet. Mais cela ne s’écarte pas avec un apriori. Cependant, d’autres idées peuvent être suggérées. Un régime fiscal foncier particulier pourrait permettre de s’aligner sur ce que font par exemple les Berlinois. Là-bas, le fisc récupère la totalité de la plus-value réalisée sur un bien au moment de sa vente. C’est de cette façon qu’a été empêchée la formation d’une bulle immobilière à Berlin comme celle qui expulse de Paris sa composante populaire. En toute hypothèse, l’objection au statut de résident par exemple ne reçoit qu’un argument : il s’agit d’une entrave au droit au libre accès à la propriété privée. Cela montre que les réponses à trouver pour répondre aux défis de l’insularité peuvent conduire à beaucoup emprunter aux solutions d’inspiration collectiviste. C’est aussi ce que je me suis dit quand le député Acquaviva s’est exprimé à propos de notre proposition de loi sur le droit à l’eau comme à un bien commun. Autrement dit, nous avons tout à gagner à parler sérieusement de la Corse pour nous ouvrir des portes bonnes pour tous.
Cette semaine est lancé la phase ultime d’une des trois campagnes décidées par la troisième Convention de « La France insoumise ». Il s’agit de la votation citoyenne pour la sortie du nucléaire. Celle-ci aura lieu dans la semaine du 11 au 18 mars prochain. Entre la date anniversaire de l’accident de Fukushima et celui du début de la commune de Paris. Tout le monde peut participer à cette campagne en allant chercher les fiches argumentaires et le matériel nécessaire sur le site de « La France insoumise ». L’équipe qui s’est constituée autour de Mathilde Panot et Jean-Marie Brohm pour mettre en place cette campagne a également assuré le contact avec les organisations associatives historiques du combat contre le nucléaire. Le monde associatif qui a le premier ouvert et tenu cette tranchée a réagi de façon très positive. Plusieurs éminentes personnalités venues de leurs rangs ont pris en main le co-pilotage que Mathilde Panot a mis en place. À mon tour, je veux participer à cette campagne en présentant ici les arguments qui m’ont le plus touchés ces derniers temps. Et je commence par celui qui invoque l’indépendance énergétique de la France que le nucléaire garantirait selon ses partisans. L’aspect géopolitique de cet argument parle aux auditeurs dans plusieurs directions. Mais il est faux.
Il dure pourtant depuis bien longtemps. Ce fut même l’argument central à l’origine. Le développement de la filière nucléaire pour produire de l’électricité en France a été lancé dans les années 1970 au motif de garantir l’indépendance énergétique de notre pays. Plus précisément, il s’agissait alors de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, associés à l’époque aux États-Unis et à des risques géopolitiques qui sont d’ailleurs toujours là. Depuis, l’argument est rabâché par le lobby pro-nucléaire. L’énergie nucléaire serait la garante de l’indépendance nationale, en sortir serait mettre en péril cette indépendance.
Voyons cela. Le taux officiel d’indépendance énergétique de la France est de 50%. Autrement dit, la moitié de l’énergie que nous consommons serait d’origine nationale. Ce chiffre est sujet à plusieurs critiques. Le biais le plus important de cette prétendue indépendance énergétique est que 100% de l’uranium utilisé dans les centrales nucléaires françaises est importé. Aucune mine en France ne produit de l’uranium. La France importe 8000 à 9000 tonnes d’uranium par an. Il y en a pour un milliard d’euros dans la balance commerciale de notre pays. En tout cas, c’est un étrange raisonnement que de se dire indépendants grâce au nucléaire au motif que la valeur ajoutée à l’uranium serait réalisée en France. Non, le nucléaire n’est pas une « énergie française ». Ou alors autant dire que le pétrole raffiné en France est français et qu’il n’induit pas de dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole. Et alors dans ce cas, pourquoi le nucléaire ? Cette dépendance aux importations est aggravée du fait du mauvais rendement de l’énergie nucléaire. Celle-ci se distingue en effet par le fait que les deux tiers du combustible utilisé est perdu en chaleur quand seulement un tiers produit effectivement de l’électricité.
Ensuite, on aurait tort de réduire cette dépendance à une simple question commerciale. Son contenu géopolitique n’est pas neutre. Nous sommes dépendants pour la production de nos centrales du minerai que nous importons du Niger, du Kazakhstan et du Canada. Les réserves d’uranium étant très concentrées, la France dépend d’un petit nombre de pays pour son approvisionnement. Une grande partie de l’uranium que nous utilisons est produit au Niger. Un pays qui est déstabilisé par les bandes armées telle que Boko Haram. Le Kazakhstan est l’autre grand pays duquel nous dépendons. C’est même celui qui en possède les plus grandes réserves sur la planète. C’est aussi l’une des pires dictatures du monde. Son Président, Nazarbaïev, est en place depuis 1984. Amnesty international y a recensé 163 cas de torture en 2016. Mais puisqu’il nous fournit de l’uranium, l’Assemblée nationale ratifie avec lui des accords de coopération renforcée. Et les députés de la majorité « la République en Marche » se sont succédé à la tribune pour lui faire des compliments. Un honteux défilé qui montrait la conception abaissée de la France qu’ils incarnent.
Dans ces conditions, notre raisonnement montre la nécessité de renverser l’axiome de départ du credo des nucléaristes. C’est pour devenir indépendant qu’il faut sortir du nucléaire en France. Oui, sortir du nucléaire pour garantir une véritable indépendance énergétique de notre pays. Les ressources pour produire de l’énergie renouvelable sont présentes en abondance sur le territoire français. Nous avons la première façade maritime d’Europe et des entreprises françaises sont en pointe dans le domaine des énergies marines renouvelables. Il ne manque que la volonté politique de faire autrement. Et la volonté d’être indépendant.
Pendant que des donneurs de leçons de la 25ème heure jettent leur fiel, d’autres réfléchissent sérieusement à ce qui vient de se passer en France avec l’émergence de « La France insoumise ». C’est le cas de la Fondation Rosa Luxemburg en Allemagne. Celle-ci édite une étude de 56 pages sur « la France insoumise » et la séquence politique française de 2017. Elle a été réalisée à l’automne par Peter Wahl, membre notamment du comité scientifique de Attac Allemagne. Elle s’inscrit dans une volonté de peser dans le débat interne à Die Linke quant à « l’attitude à adopter vis-à-vis de “La France insoumise” et de Jean-Luc Mélenchon ». Car dans Die linke aussi, la tendance « archéo » ne sait plus sur quel pied danser. Le texte est évidemment en allemand. Mais voici la traduction du résumé qui en accompagne la publication. Que cela inspire si c’est possible un peu de compréhension pour les génies de l’action de gauche qui sont passé à côté de ce que nous avons entrepris et qui viennent nous faire la leçon à présent.
« Jean-Luc Mélenchon et son mouvement La France Insoumise (LFI) ont atteint un résultat tout à fait remarquable aux élections présidentielles. Si ce résultat devait se confirmer, la France Insoumise deviendrait, à l’échelle internationale, la force politique la plus forte dans l’un des pays-centre du capitalisme mondial.
Le cycle politique de 2017 marque un bouleversement profond dans le système politique français. L’effondrement de la social-démocratie, la lourde défaite des conservateurs et la nouvelle percée de Marine Le Pen reflètent la crise économique et politique qui afflige le pays depuis longtemps. Celui qui a le plus profité de cette instabilité est Emmanuel Macron, qui a réussi à faire croire qu’il pouvait résoudre les problèmes du pays. Avec son mouvement la République en Marche, il établit une forme de Grande Coalition.
LFI est devenue la nouvelle force hégémonique de la gauche française. Après une dizaine d’année de recherche et d’expérimentation autour des classiques rassemblements de gauche, Jean-Luc Mélenchon a créé la rupture. Comme Podemos et Syra, LFI s’est imposée comme un nouveau projet et un nouvel acteur. LFI se comprend également comme une réponse à la crise de la gauche des dix dernières années.
Avec le concept de « mouvement », LFI essaie de tirer les conclusions de la réticence croissante à s’engager dans les partis. Le mouvement est, dans sa structure et ses méthodes, très similaire aux initiatives citoyennes et aux mouvements sociaux. Comme dans ceux-ci, des problèmes de démocratie apparaissent dès que la frontière du petit groupe est franchie. LFI espère trouver la solution à ces problèmes dans la suite du processus.
Aux côtés de positions de gauche classiques en matière de politique économique, sociale et étrangère, les orientations programmatiques sont caractérisées par un arrière-plan écosocialiste et la position centrale accordée au climat et à la politique environnementale. De plus, une critique sévère de l’UE est formulée, ainsi qu’un changement fondamental en matière de stratégie politico-militaire dans l’Union et une rupture avec le constitutionnalisme néolibéral.
La rupture avec la politique traditionnelle des alliances a mené au conflit avec ceux qui étaient jusqu’à présent des partenaires, en particulier avec le Parti communiste. Mis à part le fait que le PC, du point de vue de son poids politique, n’est plus que l’ombre de lui-même, les oppositions ont pris entre-temps des dimensions stratégiques et sont irréparables.
LFI est décrite par les forces instituées du centre, au même titre que Syra, Podemos, Sanders ou Corbyn, comme « populiste de gauche ». Contre cela, LFI se réfère de manière positive à Laclau et Mouffe, qui apparaissent comme des théoriciens du « populisme de gauche ». Ici, LFI se positionne au carrefour des débats internationaux sur les enjeux fondamentaux de la politique à gauche, comme le rapport entre la lutte des classes et les nouveaux mouvements sociaux, l’identité politique de gauche, le rapport entre le cosmopolitisme et le communautarisme, ou la question du sujet du changement social.
Cette étude examine le récit du populisme, au vu des thèmes centraux à la stratégie de la France insoumise que sont le peuple, le bloc historique, l’antagonisme/ l’agonise, les émotions et le symbolique.
On ne peut pas transposer la situation française en Allemagne, car l’état de l’économie et le jeu des acteurs sont trop différents. Indépendamment de cela, il est utile d’analyser la France insoumise sans jugements préconçus, à travers sa pratique et ses concepts, d’aspirer à un dialogue et un travail en commun avec elle, et de se tenir en dehors du conflit entre la FI et le Parti Communiste. »
78 commentaires
Av
Jean-Luc Mélenchon n’invente rien, il se base sur l’audition de JM Bromley que vous pouvez visionner sur YT.
marie
Bemol. Pas sûre que les Corses, que je connais bien et que j’apprécie, soient favorables, pour certains (majoritaires ?) à un statut de résidents car la revente de leurs biens immobiliers aux « continentaux » occasionnels les enrichissent et l’appât du gain, dans toutes les régions touristiques semble l’emporter sur les autres considérations, y compris celles de loger à prix décent les natifs du pays. Constat amer, mais c’est ainsi. Il y a même des garages transformés en studios.
Pascale
Votre considération du peuple corse, basée sur l’appât du gain à court terme en transformant des garages en studio (sic), me semble bien simple. La réalité sur le terrain, dans la vie de tous les jours est tout autre, avec un habitant sur cinq vivant sous le seuil de la pauvreté, soit 1005€ par mois, 108000 personnes moins de 1305€. La situation de la Corse est partagée au même titre que celle de la Sardaigne, deux îles administrées par un gouvernement central, avec une pseudo liberté. Il y a un renoncement au civisme qui est dû à l’écart considérable entre la vie réelle des citoyens et les discours politiques, quels qu’ils soient. Mais dans le fond, la Corse comme la Sardaigne est tributaire aujourd’hui de la politique centrale de l’union Européenne, la défragmentation des pouvoirs par l’argent. Je rejoints MM Simeoni père et fils, le peuple corse crie à l’indépendance, mais avec une condition de vie décente et non des effets d’annonce à la Macronite,…
Invisible
En Creuse, en Somme, dans le Nord, ou dans plein d’autres départements, des bas revenus également. Il faut que les Corses se sentent solidaires de tous les territoires pauvres.
Pascale
M. Mélenchon, les considérations du peuple Corse sont liées à la situation géographique particulière, la loi n° 2017-285 du 6 mars 2017 visant à favoriser l’assainissement cadastral et la résorption du désordre de propriété. Vous le savez 35 % des propriétés foncières en Corse sont en indivision, en raison du désordre et de l’absence de titres depuis 1910. C’est particulièrement prégnant dans l’intérieur qui pourtant a un potentiel important et pourra redevenir attractif si on sort de ce désordre. Désormais, les Corses doivent se saisir de cette loi pour s’organiser. Notre île dispose d’un délai de 10 ans. Tous ceux qui ont des biens à titrer et des indivisions à solutionner ont enfin les moyens de travailler avec les notaires auxquels le témoin est passé pour mettre en œuvre cette loi et la rendre pleinement opérationnelle « premièrement au bénéfice des Corses de souche ».
christian xerri
Quand les indivisions ne seront plus, il faudra payer les géomètres, les notaires et les droits de succession. Vous vivez fort bien ainsi, il vous suffit d’être honnêtes entre vous pour ne pas vous faire pièger par l’Etat qui veut tout s’approprier au bénéfice des plus riches. Je préfère le bordel heureux des propriétés et non que ces propriétés soient achetées par des sociétés immobilières spéculatives. Restez Corces et ne devenez pas idiots comme les européens ! C’est humblement mon point de vue.
Momo
La régularisation des titres de propriété n’a pas attendu la collectivité territoriale unique pour se faire. Corse-Matin est plein d’annonces de ce genre depuis des années. Pour ce qui est de l’intérieur, laissez moi douter de l’efficacité du processus pour relancer une activité en chute libre depuis tant d’années. La totalité des fonds de la CTU n’y suffiraient pas. C’est dommage, mais malgré tout l’attachement des Corses à leur terre, les volontaires pour un exil économique et social dans des villages exsangues se compteront sur les doigts de la main. Et ça se comprend ! A part ça, Michel Stefani vient de proposer une rencontre à Jean-Luc Mélenchon. Il a bien des choses à lui expliquer. Il serait souhaitable que Jean-Luc Mélenchon l’écoute aussi, à moins que son objectif soit surtout d’éliminer le PCF.
Abbé Béat
Je suis d’accord avec Jean-Luc Mélenchon sur beaucoup de questions essentielles, mais pas du tout sur sa vision du nucléaire. D’abord, c’est une industrie de haute technicité, nationale, ce qui implique un niveau élevé d’instruction, de recherche, de technicité industrielle, de débouchés professionnels en conséquence. Ces atouts se réduisent en beaucoup d’autres domaines, ou nous sont « volés » (Alstom). Aider les acteurs de ces « vols » (gouvernementaux, industriels, capitalistes ou pro capitalistes) n’est pas le moment. Quant à dire que le nucléaire actuel n’est pas un moyen d’indépendance, c’est oublier que le programme initial a été amputé par Mitterrand, en son temps, sans correction depuis, à travers l’arrêt de la filière surrégénératrice (Super Phénix) dont le but était, précisément, de nous rendre indépendant de l’extérieur et écolo en consommant le principal déchet des réacteurs actuels, le plutonium.
Jean Louis
Je vous fais d’abord remarquer que l’arrêt de Superphénix date de 1997 (Mitterrand était mort mais bon il a eu le dos assez large pour qu’on le charge de tout ce qui peut déplaire !), Jospin, Voynet si je ne m’abuse, après des successions d’incidents graves. Ceci étant il aurait fallu toujours de l’uranium et les problèmes de sécurité avec le sodium liquide immenses. Demandez aux Suisses ce qu’ils en pensaient ! La technicité des personnels sera nécessaire pour démanteler ce qui est au moins aussi compliqué que de produire et elle sera utile pour des énergies renouvelables.
arthur 2
Le nucléaire civil est une industrie du passé il me semble 1954. Le drame c’est que cette industrie a fonctionné en vase clos. Tous les services sont dépendants de l’Etat. Ce fonctionnement a bloqué toute tentative de recherche sur de réelles alternatives. Quoi qu’il en soit, peut-on se lancer aujourd’hui à un « bricolage » style rustine ?
Diane
Est-il possible d’avoir un atome de jugeote ? C’est pas comme si la très haute technicité avait empêché des immenses catastrophes comme Fukushima et Tchernobyl. Est-ce un rêve ? Nos centrales en limite d’âges nous mènent tout droit au clash. Quand bien même ce ne serait pas le cas, nous consommons des kwh nucléaire sans limite et laissons des déchets pour des milliers d’années aux générations futures qui n’en aurons pas consommé un seul KWH. Alors on s’en fout ? Si les Egyptiens des pyramides avaient fait pareil, nous travailleront encore à solder leurs déchets, sans compter les irradiations et les terres impropres. Heureusement pour nous ils avaient un autre idéal. Et nous ?
Abbé Béat
Veuillez excuser l’erreur de nom. Il faut lire Jospin et non Mitterrand, mais le reste est correct.
pierre
Superphénix !? Manquait plus que lui !
Berche Jean Marie
Tout ceux qui ont travaillé dans une salle de contrôle, nucléaire ou autre, savent qu’un incident, un accident peut se produire à tout moment. Passez une nuit de Noël ou de nouvel an à un moment ou la vigilance se relâche, la routine prend le dessus, l’inattention guette malgré les moyens d’alerte et de contrôle et vous verrez que le risque est maximal en France ou l’on est jamais à plus de 250 km d’une centrale nucléaire. C’est de la folie furieuse de continuer avec cette industrie. Si cela se produit à Nogent 10 millions de personnes seront à évacuer dans la région parisienne et bien sûr personne n’endossera la responsabilité. Oui au plan énergétique de l’avenir en commun, on peut le faire et l’on aura besoin de la technicité des opérateurs du nucléaire pour fermer les centrales.
Jean Louis
« Élections européennes. Mélenchon et Hamon jouent au chat et à la souris » Un titre de l’Huma… Mais où est la réflexion politique la dedans, comment dans l’état actuel de positions aussi divergentes entre un Hamon qui a toujours défendu le « cadre » des traités et la FI qui milite pour une autre Europe plan A sinon plan B, comment imaginer une entente, des listes communes ? Il nous faut continuer à expliquer, à détailler, comment les difficultés du pays viennent de cette UE, y compris sur le débat du moment sur le ferroviaire avec ce magnifique rapport de « l’homme de gauche » qu’est Spinetta.