J’écris ces lignes dans l’avion du retour.
En Guyane pour l’élection législative partielle, « La France Insoumise » a fait le choix de soutenir la candidature de Davy Rimane. Nous avons donc été trois députés à nous rendre sur le terrain pour appuyer sa campagne : Younous Omarjee, eurodéputé insoumis, Danièle Obono et moi. Soutenir Davy Rimane correspond à une analyse approfondie de ce qui se passe sur le territoire guyanais depuis l’insurrection du mouvement social en mars 2017. Seul candidat à le faire, j’avais lu à l’époque, devant le public au meeting de Rennes, la lettre des Guyanais insurgés. Mais dans la précipitation des investitures de juin 2017, nous n’avions pas su identifier à temps la candidature de Davy Rimane. Il s’agit d’un des principaux animateurs de la lutte de 2017. Syndicaliste de l’énergie, sa candidature se présentait donc dès juin comme le débouché politique du respect de « l’accord de Guyane ». Il s’agit là du document signé à l’issue du mouvement avec le gouvernement. Il a fédéré toutes les catégories sociales de la Guyane ainsi que les amérindiens. C’est la forme la plus achevée pour l’instant d’un processus de révolution citoyenne en France. Ses motivations continuent de travailler en profondeur la société guyanaise. Notre choix est qu’elle trouve avec Davy Rimane à l’Assemblée une expression politique directe. D’une certaine façon, la candidature de Davy Rimane incarne le mouvement politico-social que nous voulons être.
La singularité de cette élection partielle en Guyane se confirme dans tous les aspects de ce premier tour. La participation a augmenté de dix points par rapport à juin dernier. Ce n’est pas banal. C’est là le signal d’une implication plus grande due à la perception d’un enjeu politique national. Cela se comprend après la visite si controversée du président Macron et sa remise en cause de plusieurs points essentiels de « l’accord Guyane » au fil de ses rencontres dans la rue. Le résultat montre une polarisation de l’élection entre le candidat LFI et celui de LREM car les deux totalisent 80% des suffrages exprimés.
Après cela, la performance de Davy Rimane est spectaculaire. En effet il a plus que doublé son nombre de voix par rapport à juin dernier. Et il a augmenté son score de quinze points ! C’est ce résultat qu’un fin analyste de BFM a osé qualifier « d’échec ». Il est vrai que les « journalistes » de la presse parisienne, qu’heureusement personne ne lit en Guyane, se sont vite alignés sur le camp macroniste. Jusqu’au Canard Enchainé. On le vit cette fois-là prompt à fermer les yeux sur les exploits très spéciaux du candidat macroniste en personne. Mais comme il s’agissait de flétrir Davy Rimane (et moi bien sûr), le Canard rappelait les déboires judiciaires d’un de ses soutiens, le maire de Saint Laurent du Maroni. L’AFP répéta en faisant par-dessus le marché un comparatif du « diplôme de Science Po » du macroniste et son statut de startupper face à au « syndicaliste Rimane ».
Les arrogances de caste se rejoignent. Bien sûr, aucun de ces implacables enquêteurs n’alla jusqu’à s’interroger sur le parcours du macroniste ni sur ses liens locaux et régionaux. Leur surprise fera plaisir à voir le moment venu. Aucun ne se demanda quoi que ce soit sur les motifs d’annulation, ni sur les dépenses de campagne actuelles, ni sur les ressources de celle-ci. Enfin, ces parangons de morale et de vertu ne cillèrent pas un instant devant certaines bizarreries des résultats.
En effet, le candidat de Macron nous creuse un écart de six cent voix avec Rimane dans un seul village enclavé, Grand Santi. Admirable ! En effet, au même endroit, pour l’élection présidentielle, on s’était abstenu à 92 %. Cette fois ci au contraire, alors que toute la Guyane votait à 30 %, on se rua sur les urnes avec 64% de participation ! Et tout cela avec une admirable détermination politique : 95,5% des suffrages au même candidat, le macroniste ! Et c’est vrai que c’est là un renfort de grand poids. Car la moitié de l’avance du macroniste sur notre candidat est réalisée à cet endroit. Donc voilà un cas d’école : une population pour laquelle l’élection essentielle de la vie politique est l’élection législative partielle quand il y en a une ! Et qui vote en masse pour un candidat dont le chef politique vient de les prévenir formellement qu’ils n’auront ni route, ni hôpital, ni rien en général sinon les bonnes paroles d’un député invalidé qui n’a eu aucune activité en six mois de mandat. Oui vraiment, c’est un cas d’école que le candidat macroniste devrait étudier pour finir son diplôme de Sciences Po.
Cependant, à mon avis, contrairement à mes camarades guyanais je ne crois pas que nos chers champions médiatiques de « l’enquête indépendante » et de « la transparence » s’intéressent à tout cela. Et même après les accusations extrêmement graves prononcées par un candidat divers droite, José Makébé. Parce que le seul problème de ces médias c’est leur rage contre tout ce que fait ou soutient « la France Insoumise ». En atteste leur indifférence quand nous progressons de quinze points et que s’effondre à 1,8 % le Front National. Marine Le Pen était pourtant deuxième à la présidentielle derrière moi en Guyane il y a tout juste sept mois ! Pas un mot ! Pourtant les mêmes tartuffes jettent de grosses larmes sur la poussée de l’extrême droite en Italie et blablabla.
Le deuxième tour se présente donc mieux pour Davy Rimane qu’en juin dernier puisque même les résultats bizarres ne l’empêchent pas d’avoir réduit l’écart par rapport à juin dernier. Selon moi, mieux vaudrait que les bizarreries ne se reproduisent pas au second tour. Dans le contexte guyanais d’après la visite présidentielle et dans la foulée du mouvement social de 2017, la candidature de Davy Rimane incarne une issue positive du processus citoyen. Son étouffement par des résultats bizarrement acquis ouvrirait une nouvelle époque de frustrations dans une société guyanaise déjà excédée. Ce que personne ne devrait souhaiter.
Élections générales en Italie. Le fiasco est assuré pour l’ordre établi européen. La liste des pays en crise politique s’allonge. L’Europe toute entière plonge dans un chaos politique mou qui place toutes les situations sous la pression de la poussée d’extrême droite qui se généralise. Après l’Espagne, cinq mois sans gouvernement, puis un nouveau naufrage dans les mains de Rajoy et de son équipée catalane sans horizon. Après la France et son président élu « par effraction » avec 23% selon ses propres termes. Après l’Allemagne sans gouvernement pendant sept mois et sa grande coalition poussive formée sur le suicide politique du PS. Au total, les quatre premières économies de la zone euro sont touchées. Touchées en profondeur. Touchées sans trajectoires alternative ouverte. Au contraire : elles sont embourbées jusqu’aux essieux dans leur trajectoire morbide. Les « élites » politico-médiatiques de tous ces pays rament énergiquement pour rester dans le même cap, les mêmes objectifs, avec le même vocabulaire, les mêmes méthodes.
L’impasse ne se présente pas seulement sous la forme de l’opposition massive des peuples qui s’exprime par des votes d’opposition frontale de toutes sortes. L’impasse vient d’un second plan du réel. En détruisant partout l’État, en abrogeant les services publics, en acculant des populations entières au chômage de plusieurs générations, l’ordre libéral dissout la société elle-même. Et il est incapable d’en assumer les conséquences. Jacques Généreux a parfaitement décrit cette situation dans son livre La Dissociété. Nous sommes aujourd’hui plus de dix ans après sa publication. Le pronostic s’est totalement vérifié. Un spectacle hideux s’est installé. Des zones entières de non droit, d’économie parallèles, de tribalisation décomposée existent partout. La violence des gangs organise de vastes territoires. La drogue est un commerce de masse. Au point d’ailleurs que son trafic est dorénavant comptabilisé dans l’évaluation de la richesse de notre pays. La suite de cette situation est connue. La société s’effondre dans la violence, elle se segmente dans des ghettos de riches et de pauvres strictement cloisonnés. Dans certaines circonstances, l’effondrement est total.
C’est ce qui arrive en ce moment à Mayotte où l’incurie de l’État, l’abandon des populations, la gestion exécrable de l’immigration comorienne et l’absence de toute visée stratégique locale et régionale a plongé tout le pays dans un chaos. Les femmes de Mayotte, les filles de celles qui luttèrent pour maintenir Mayotte dans la France, se sont mises en mouvement. Le pouvoir macroniste envoie aussitôt les escadrons de CRS et de gardes mobiles pour mater l’insurrection populaire ! Incroyable déraison. La métropole a tort de croire que ce sont là des questions exotiques. L’un après l’autre, les DOM et les TOM entrent en ébullition et en insurrection.
Les causes qui les y conduisent sont très exactement à l’œuvre dans tout le pays. Les différences se présentent comme des étapes à l’intérieur d’un même processus. Dans cette façon de voir, on peut dire que la révolution citoyenne est commencée en France depuis la mobilisation de la Guadeloupe contre « la profitation » en 2008. Le processus lent et multiforme passe d’un territoire à l’autre. En Guyane, il a atteint en 2017 une forme quasi chimiquement pure. En effet, dans ce cas, le mouvement social, largement insurrectionnel, s’est conclu sur un processus où le peuple s’est fédéré autour de ses revendications regroupées dans un document unique signé par tous et avec l’État. C’est « l’accord Guyane », programme commun du peuple dans toutes ses composantes sociales et ethniques en Guyane. À mes yeux c’est un modèle. Une méthode généralisable. Une réponse politique ordonnée au chaos qui s’avance.
Examiné du point de vue d’un adversaire de ce monde-là, rien n’est plus encourageant que l’obstination des castes dirigeantes de l’Union européenne, quoiqu’il en cuise à tous. Par exemple, voir le retour dans la campagne italienne de Berlusconi sous les applaudissements des eurocrates est une déchéance significative. En cette année de centenaire de la Révolution d’Octobre, il est frappant de voir comment l’oligarchie n’a rien appris de l’Histoire. Les classes sociales dominantes n’apprennent pas davantage de leur propre histoire (tant mieux) que de celle qu’elles dominent (hélas). Lénine résume les moments de cette sorte dans son énoncé des quatre conditions d’une situation « pré-révolutionnaire ». Une de ces conditions décrit si bien le moment que nous vivons : « en haut on ne peut plus, en bas on ne veut plus ». Quand cette conjoncture se met en place, un incident fortuit déclenche l’avalanche dont la pente des évènements est grosse.
Chaque révolution commence de cette façon. Puisque j’en suis à 1917, rappelons que c’est une manifestation de femmes contre la guerre qui effondre le régime tsariste. Un mouvement qui tint trois jours de suite au grand dam de tous les partis. La dynamique dégagiste de l’époque était fondée là-dessus : arrêter la guerre, ramener les hommes dans leurs familles. Tous les gouvernements suivants se contorsionnèrent autour de cette question. Tous continuèrent la guerre. Si les bolcheviks prirent le pouvoir c’est d’abord parce qu’il était à portée de main. En dépit de leurs multiples fautes de commandement et d’évaluation du rapport de force, s’ils y parvinrent c’est d’abord parce que les foules russes le leur donnèrent de bon cœur. Elles le firent parce qu’ils étaient les seuls à n’avoir trempé dans aucune tambouille pour continuer cette guerre.
Mais tout processus destituant n’est pas voué spontanément au meilleur. Robespierre note « Il est dans les révolutions des mouvements contraires et des mouvements favorables à la liberté, comme il est dans les maladies des crises salutaires et des crises mortelles ». Ainsi dans le registre inverse de l’octobre rouge des Russes, si les islamistes ont été à deux doigts de l’emporter en Tunisie comme ils l’ont fait en Turquie ou en Iran, cela n’a rien à voir avec l’action de Dieu. Mais tout avec l’épuisement absolu du système antérieur et avec le réseau tentaculaire de ceux qui, dans tous les partis, avaient eu à faire avec les régimes pourris. Des régimes maintenus à bout de bras comme « moindre mal » par ceux qui en profitaient sur place et davantage encore à l’étranger. En dépit de tout, les vagues dégagistes à l’œuvre ne sont pas épuisées dans ces pays comme ailleurs et elles s’emparent des matériaux qu’elles trouvent pour frapper, fussent d’abord les plus improbables. Ne perdons pas de vue qu’en Turquie comme en Iran, les régimes dictatoriaux luttent d’abord pour leur survie.
D’où l’importance pour les nôtres d’évaluer correctement les rapports de force, de ne jamais s’abandonner aux provocations de l’ennemi, même meurtrières comme celles des assassinats de nos camarades Chokri Belaïd ou Mohamed Brahmi en Tunisie, de rester en vie et de se rendre disponible à la colère populaire en passant par les chemins de crête pacifiques du refus des arrangements avec le système. Car tous les régimes « démocratiques » de notre continent travaillent sous nos yeux ardemment à leur propre destruction. Tout tombera aussi soudain que le mur en son temps. Le régime économique ordo-libéral à l’allemande, ses institutions politiques et ses « élites » sont dans la même osmose et la même rigidité que feu le régime « socialiste ». Le même type d’auto-aveuglement étouffe la pensée de ses élites : « Ça ne marche pas ? C’est parce que nous n’en faisons pas assez dans la “bonne direction” ». Ils sont donc condamnés à creuser avec enthousiasme la fosse commune de l’Histoire dans laquelle finit toujours ce genre d’obstination.
Pour être le recours politique dans de telles conditions, deux conditions s’imposent. D’abord franchir un seuil de crédibilité qui fasse de nous un point d’appui. Nous y sommes parvenus en deux élections présidentielle puis législatives et ensuite dans les élections partielles. Ensuite être actifs et reconnus légitime dans les luttes populaires contre le système, ses politiques, ses représentants. Le mouvement « La France Insoumise » jour après jour occupe ce terrain. Son objectif est de devenir un mouvement politico-social. Un objet politique nouveau. Mais pour rendre tout cela pérenne, il faut se trouver distinctement hors du champ des collusions avec ce système. On doit comprendre ces impératifs dans le contexte qui est le nôtre désormais. En France et en Europe. En toutes circonstances et en tous lieux le prix de notre amitié est le même : rupture totale avec tous les partis du système des traités européens. Toute l’exécution de notre projet politique passe par là dans le nouveau contexte politique du vieux continent. Le temps présent est celui d’une très grande turbulence.
La théorie de « la révolution citoyenne » repère deux temps globaux dans le déroulement des évènements qui conduisent jusqu’à elle. La première phase est « destituante », la seconde est « constituante ». Les deux sont des moments d’état de conscience collective. Certes, les deux restent assez emmêlées dans la réalité ordinaire d’une crise politique. Mais le passage de l’une à l’autre constitue le moment révolutionnaire à strictement parler.
La phase « destituante » est celle au cours de laquelle toute institution, toute autorité, tout pouvoir est discrédité jusqu’au point qu’un mot d’ordre commun s’impose comme motif exclusif et fédérateur de l’action : « qu’ils s’en aillent tous » ; « dégagez ! ». Il est vain de croire que cette injonction serait réservée aux seuls puissants du moment. Elle frappe tout le champ politique et social. La délégitimation est générale. Le fond commun de cette évolution des esprits est, sous une forme ou une autre, l’incapacité des pouvoirs constitués ou des institutions de la société, au sens le plus large, à répondre aux nécessités de base de l’existence quotidienne du tout venant. Nécessités matérielles ou morales. Les deux étant le plus souvent vécus comme les deux faces d’une même réalité insupportable. Le débouché inéluctable de cette phase est la rupture fortuite de la chaîne des consentements à l’autorité sur laquelle reposent toutes les sociétés complexes.
C’est pourquoi le plus souvent les déclenchements révolutionnaires passent par deux chemins constants. D’un côté une action des femmes. Pour le montrer, je prendrai mes exemples dans les situations historiques de référence traditionnelles, alors même que peu nombreux sont ceux qui l’ont vu comme je le présente. Car n’en déplaise, ce fut le cas pour la révolution de 1917, je l’ai noté déjà. Mais ce fut le cas aussi dans le processus de la grande Révolution française. Le passage de la révolution à sa phase radicale est à mes yeux le cortège des femmes qui ramènent de force le roi, la reine et compagnie depuis Versailles jusqu’à Paris, mettant fin à la majesté inviolable du corps du roi.
Sans multiplier les exemples, on peut comprendre qu’étant le premier maillon de l’organisation sociale, les femmes sont la dernière ligne de cohésion de l’ordre social quand bien même fonctionne -t-il tout entier à leur détriment. Dès lors, elles forment aussi l’élément le plus conscient des limites d’un système quand il refuse ou attente au minimum vital à partir duquel tout effort et tout dévouement s’épuise en vain. La liste des accusés du procès qui se fit contre les marcheuses de l’expédition de Versailles, ou bien celle des intrépides d’abord mitraillées par les cosaques en atteste : ce sont des femmes du commun, les bras chargés de gosses, en lutte pour la survie.
Pour autant, ce serait une erreur d’évaluation de n’y voir qu’une forme de sursaut de survie aveuglé. Les entrées en révolution des femmes sont plutôt toujours concentrées sur le point stratégique qui dénoue une situation. Les femmes qui affrontent la cosaquerie tsariste, celles qui vont à Versailles au choc sans reculer devant les gardes royales, dont elles tuent deux ou trois et mangent même un cheval, vont directement au point nodal de l’écheveau des faits qui forment une situation révolutionnaire. Pour la Commune de Paris encore, le bataillon de femmes qui, avec Louise Michel, va prendre les canons disposés à Montmartre dénoue le cœur de l’intrigue entre les versaillais et le peuple en révolte. De là part la bascule des évènements. Ce n’est pas pour rien que l’Église réactionnaire a fait construire sur cette colline cette horreur de « Sacré Cœur » voué à l’expiation des « crimes de la Commune » ! On notera qu’à Mayotte ce sont les femmes qui forment le cœur du mouvement en cours.
L’autre constante des commencements d’incendies politiques est la question de la sécurité. Elle met mal à l’aise nos familles politiques tant c’est une question qui a été instrumentalisée par les pires démagogues de droite extrême. Mais en Guyane comme à Mayotte, le déclencheur aura été la résistance populaire à l’insécurité. Insécurité ressentie partout comme la forme la plus insupportable d’abandon par l’État. Les amateurs de comparaison historique se réfèreront au rôle des « grandes peurs » dans l’aggravation du processus révolutionnaires de 1789 jusqu’à la formation des milices populaires à qui Robespierre remis à Paris la bannière portant devise « Liberté-Egalité-Fraternité ».
Au total, l’évènement fortuit qui déclenche l’avalanche du moment « destituant » est par définition imprévisible dans sa survenue comme dans son intensité. Mais il comporte assez de caractéristiques constantes dans l’Histoire pour en faire une liste qui illustre comment on peut passer du point « en haut on ne peut plus et en bas on ne veut plus » au point « qu’ils s’en aillent tous ! ». « Ils » étant alors reconduits jusqu’à la porte de sortie à coup de pieds dans les fesses. La violence du processus destituant est d’autant plus grande que le régime est rigide et ne comporte pas d’échappement. La démocratie permet au contraire de « purger » les situations de tensions en permettant à l’énergie « destituante » d’ouvrir un nouveau chemin de déploiement à la société. En théorie. En pratique il en va tout autrement en ce moment. Ici le mot « démocratie » ne concerne pas exclusivement le processus formel par lequel elle s’exprime. Pas seulement les élections elles-mêmes. Mais tout l’arc des moyens par lesquels la société exprime ses attentes et ses certitudes.
Quoiqu’il en soit, dans un cas comme celui que nous vivons « l’échappement » est bouché. Il a été occulté à double tour par le cadenas du parti médiatique et l’aveuglement des dirigeants. Quand Juncker dit « il n’y a pas de démocratie possible hors des traités européens », il dit qu’il n’y a pas de démocratie du tout. Pas d’échappement. Le moment que nous vivons montre la panne des moyens de purge. Les crises politiques des quatre premiers pays de l’Union européenne le montre sans fard. En France, le deuxième tour qui rend ultra majoritaire un candidat qui ne fait pas un quart des suffrages du premier tour est une caricature de purge empêchée. Et donc différée. L’évènement fortuit est donc inéluctable quoiqu’imprévisible. Mais la dynamique qui l’aura rendu possible ne s’épuisera pas aussi longtemps que ces conditions initiales n’auront pas été purgées. C’est pourquoi les « avalanches » se succèdent par vagues successives en temps de révolution. On repère notamment ces formes de « répliques » à l’exaspération des « modérés » de toutes les époques et de tous les pays. Ceux qui, dans la révolution de 1917 en Russie, celle de France en 1789 ou celle de Tunisie récemment ne cessent de décréter que « maintenant c’est fini, il est temps de faire une pause », « il faut consolider les acquis » et ainsi de suite.
L’art de maitriser les répliques fait partie de l’intelligence de ce type de situation. L’octobre rouge, comme la proclamation de la République après la fuite du roi à Varennes et la défaite de l’invasion allemande de Valmy, pour rester dans les comparaisons déjà faites, sont d’abord des répliques qui visent à achever le travail commencé par le processus destituant et l’évènement fortuit qui l’a débondé.
La seconde phase du processus de révolution citoyenne est la phase « constituante ». Celle au cours de laquelle plusieurs processus de l’étape précédente arrivent à maturité. Ils changent alors de nature. Je n’ai pas l’intention de reprendre la démonstration classique selon laquelle dire « non » à une chose c’est en même temps dire « oui » à une autre. Mais c’est bien de ce processus dont il s’agit. L’affirmation populaire passe de sa forme « destituante » à sa forme constituante dans ce moment où elle rejette définitivement ce qui est. C’est à dire qu’elle le fait en installant une alternative à ce qu’elle rejette. C’est ici l’épisode le plus décisif du processus de la révolution citoyenne. À vrai dire, si la révolution citoyenne est un tout qui inclut toutes les phases antérieures aux crises ouvertes qui se manifestent en son sein, cette transition est celle qui commence la révolution en tant que tâche concrète pour ses protagonistes. Un matin le bazar recommence au-delà du point atteint la veille et il faut faire quelque chose d’autre sur le champ pour en sortir.
Si la société n’est pas capable d’enfanter un fonctionnement alternatif, alors le processus destituant ne produira qu’une demande de retour à l’ordre. Ou n’importe quelle solution où l’autorité serait rétablie pour garantir les besoins fondamentaux. Pour une conscience avertie, la façon de faire émerger le nouvel ordre ne s’improvise donc pas. Car s’il tarde à naître, il peut avorter. Il peut surtout provoquer une inversion du sens des évènements comme on le ferait en se promenant à la surface d’un anneau de Moebius. Du même pas, au même rythme, du dessus au dessous, du positif au négatif, sans aucune rupture de parcours.
Donc disais-je, le processus constituant commence à se déployer au sein même des évènements qui le précèdent. On dit oui à une chose en disant non à son contraire. Mais quand le processus est à maturité, c’est que la demande du neuf est devenue claire et tangible, qu’elle apparaît comme la solution concrète immédiate au problème posé. On sait quoi faire et comment y arriver. Cette métamorphose ne démêle à vrai dire jamais de soi-même son contenu paradoxal du oui et du non siamois. C’est pourquoi la stratégie fondamentale de la révolution citoyenne propose un mode opératoire pour accomplir ce franchissement de seuil de croissance de l’expression politique populaire. Il s’agit de la revendication, puis de la convocation, et la tenue d’une Assemblée constituante. Les pays de l’Amérique du sud comme aussi la Tunisie qui l’ont pratiqué ont franchi de cette façon très pacifiquement et très profondément des seuils très complexes de réorganisation de la vie de la société. Car la définition en commun des règles de vie produit à la fois les droits de chacun et du coup le devoir de tous les autres de les respecter. Et par là-même est atteint un premier résultat : le consentement à l’ordre, celui que vient d’instituer l’Assemblée constituante. Cela opère un tri démocratique entre ceux qui le soutiennent et ceux qui veulent le changer. L’arc des possibles se dessinent sous les yeux de chacun, la phase destituante négative est close.
Ce n’est pas le seul résultat concret. Un autre tout aussi considérable doit être compris. Car en devenant constituant, le peuple s’institue lui-même. Il dit qui il est, il se reconnaît en nommant les droits dont il est le sujet. La stratégie de la Constituante est donc celle qui produit en même temps qu’un nouvel ordre son acteur politique : le peuple révolutionnaire constituant.
Cette vision des choses permet de comprendre un autre aspect de la méthode que nous mettons en œuvre avec le mouvement « La France insoumise ». Nous ne nous donnons pas pour but de créer un « parti révolutionnaire » au sens avant-gardiste que ce mot a pris au vingtième siècle. Ni même un « mouvement révolutionnaire » dans le sens ou ses actions viseraient à déclencher je ne sais comment une révolution qu’il voudrait diriger. Notre but est de constituer un peuple révolutionnaire, le peuple de la révolution citoyenne, celui qui renverse la table en s’appropriant collectivement la commande de la société et sa subordination à l’intérêt général humain. Nous empruntons à la tradition de pensée du matérialisme historique l’idée qu’il s’agit là de l’accomplissement d’une nécessité. Le mot « nécessité » veut dire ici « qui ne peut pas ne pas être ». Autrement dit, il s’agit d’une classe de phénomènes dont le développement est une conséquence spontanée du mode d’organisation du système. Les conditions initiales du déclenchement des évènements qui conduisent à l’effondrement de ce système sont nichées dans les contradictions internes du mode de production, de consommation, et d’échange d’une part et d’autre part de tout cela avec la limite des capacités de la nature à le supporter. Je suis désolé de la formulation abstraite de ce raisonnement. J’en interrompt le cours en me proposant d’en rédiger la suite pour mon prochain post sur ce blog.
Dans le temps où j’ai fait campagne en Guyane, je suis allé à la rencontre de plusieurs chefs coutumiers amérindiens. Et parmi eux la seule cheffe coutumière de Guyane. Ma stupeur d’abord ce fut le sentiment d’abandon total qui les désespèrent. Une vieille dame me dit « vous êtes le premier “blanc” officiel qui vient ici ». Quoique je ne me définisse pas moi-même comme « blanc » j’ai compris ce que cette dame a voulu me dire. De son côté, la cheffe ensuite me décrivit avec amertume les difficultés avec les jeunes. Elles sont parvenues au point où une vague de suicides parmi eux se note. Elle est même étendue dorénavant aux territoires de la côte où elle ne s’observait pas jusqu’à présent. Et fait l’objet de la sidération que l’on devine. Il y a eu un rapport sénatorial sur le sujet en 2015. C’est un souci obsédant des parentèles dans les nations amérindiennes. On dit « nations » parce que c’est ainsi qu’eux-mêmes se nomment. Chacune des nations a sa langue et son aire langagière.
Il y a six nations amérindiennes en Guyane française : Kalina’a, la plus nombreuses avec 4000 individus, Palikurs, Wayanas, Wayampis, Arawak, Tékos. Les villageois élisent leurs chefs coutumiers, un par village. Ces chefferies suivent des lignées familiales quoique cela ne s’impose ni au village ni aux individus de la lignée qui peuvent choisir de ne pas vouloir se proposer pour chef. Ici, mon propos se limite aux amérindiens. Mais il y a aussi six nations dites « Bushinengués » : Aluku, Djuka, Saramaka, Paramaka, Matawai, Kwinti. Il s’agit des descendant des esclaves en fuite. Ceux-là s’étaient constitués en village libre dans la forêt. Cette histoire admirable est une occasion de plus de se souvenir que l’histoire de l’esclavage est aussi celle de la révolte permanente des esclaves contre leur condition. Ici elle aura conduit plusieurs groupes humains à se libérer dès le XVII siècle et à s’installer sous la protection de la forêt où ils ont créé leur propre culture, en contact étroit avec les amérindiens.
Sans entrer dans le récit d’une histoire que je suis loin de maitriser à cette heure, je donne cependant des informations à mes lecteurs sur la situation actuelle. En février 2018, un « Grand Conseil Coutumier » a été mis en place en application d’un article de la loi égalité réelle outre-mer (EROM) de 2017. Cette création était une des préconisations défendues par le rapport parlementaire de 2015 contre le suicide des jeunes amérindiens en Guyane. Elle vient remplacer le Conseil consultatif des populations amérindiennes et Bushinengués. Cependant, il reste tout aussi consultatif que le précédent et on devine qu’il n’est pas si simple de faire autrement. Ce Grand Conseil Coutumier est constitué de six chefs coutumiers amérindiens et de six chefs coutumiers Bushinengués appelés « capitaines », puis deux représentants des associations amérindiennes, et deux représentants des associations Bushinengués. Enfin deux experts nommés par l’État.
Les associations représentatives des peuples amérindiens de la Guyane cherchent à obtenir du gouvernement français la reconnaissance de leurs identités comme « peuples distincts ». C’est une question lourde d’enjeux. Car la difficulté que l’on imagine est de trouver le moyen d’articuler la loi et les droits personnels, inaliénables, contenus dans nos législations, avec l’exercice du droit coutumier qui procède tout au contraire de logiques diamétralement inverse où le droit traditionnel du collectif s’impose à celui de l’individu. Pourtant, nous n’avons pas d’autres choix que d’ouvrir un chemin commun où nos droits respectifs seraient respectés.
La République peut reconnaître la pluralité des peuples sur son territoire dans certaines circonstances à vrai dire exceptionnelles. C’est ce qui a été reconnu avec les accords de Nouméa sur la Nouvelle-Calédonie. En reconnaissant le fait colonial, notre pays a rompu un mythe dans ce cas. Mais s’agissant des droits individuels, la synthèse est impossible. La République reconnaît des droits de l’homme « inaliénables ». Cela ne se marchandera jamais. Supposer que les amérindiens ou qui que ce soit puisse en être dispensé serait affirmer un mépris de leur condition humaine par laquelle tous nous sommes « semblables », et dès lors, égaux en droits. Il faut donc prendre la question par un autre bout, déconstruire les points de vue pour les transposer sur le terrain du concret, de ses demandes. En prenant par cette entrée, on peut découvrir d’amples convergences d’objectifs.
Prenons un exemple : le foncier. Depuis quelques années, les peuples amérindiens de la Guyane cherchent à obtenir du gouvernement français des « droits territoriaux ». La France ne reconnaissant pas de droits territoriaux collectifs, les territoires amérindiens ont été classés comme domaines privés appartenant à l’État (ou propriétés dites domiennes [DOM]). Ainsi, des zones de droit d’usage existent aux abords des villages dont les villageois peuvent tirer leur subsistance. L’État a toujours un droit de regard. Les constructions ne sont pas autorisées, la chasse et la pêche y sont autorisées mais dans le strict respect des règles en vigueur sur les berges de l’Oise comme sur celles du Maroni. On devine facilement que ce n’est pas le plus simple. Car la législation sur les espèces protégées entraîne par exemple un quota pour le prélèvement de prises d’œufs de tortues. Or les indiens entendent en consommer à leur guise considérant qu’ils n’ont jamais fait de prises qui aient menacé ces espèces. Des amérindiens ont donc été condamnés pour avoir prélevé au-delà des quotas. Des plumes d’oiseaux protégées retrouvées sur des ornements ont aussi créé des polémiques avec les associations de protection des espèces.
Revenons au strict foncier. Les « accords de Guyane », conclus à la fin du mouvement « social » de 2017 en Guyane, prévoient la rétrocession de 400 000 hectares aux populations amérindiennes et « Bushinengués ». Des experts sont donc passés. Mais les terres à rétrocéder ne sont toujours pas localisées. Au demeurant, leur usage futur est controversé. Les Kalina’a souhaitent que ces terres soient gérées collectivement par un seul organisme et transformées en réserve protégée. Les autres ethnies souhaitent que ces terres soient divisées entre elles et que le choix de l’usage leur revienne. Ce n’est pas la même chose du tout. Notre candidat, Davy Rimane, se prononce pour une entité unique gérant ces terres. Il reste ainsi dans la préoccupation collectiviste qui anime la revendication initiale. Elle nous intéresse tous. Car il y a un enjeu commun. La propriété collective devra être le régime juridique des biens communs dans le régime de la règle verte des gouvernements insoumis.
C’est pourquoi nous allons à la rencontre d’une revendication essentielle des associations amérindiennes. Celles-ci demandent la ratification de la convention n°169 relative aux peuples indigènes et tribaux de l’Organisation internationale du Travail de 1989. C’est le seul instrument juridique contraignant assurant une véritable protection aux membres des peuples autochtones. Car elle consacre notamment le droit collectif à la terre, en gestion autochtone. Tous les États ont ratifié. Pas nous Français, compte tenu du principe d’indivisibilité de la République. Il n’autorise pas, en effet, à créer un statut particulier que ce soit pour les peuples autochtones ou pour des locuteurs d’une langue. Mais mieux ne vaudrait-il pas mieux admettre que la question se pose différemment sur les berges du fleuve Maroni et en Bretagne ?
Sans aller plus avant, je veux après ce coup d’œil aller à l’essentiel. Les peuples premiers des territoires français doivent être traités tout autrement qu’ils le sont à présent. Ils doivent être reconnus dans leur radicale spécificité. Celle-ci est un fait. Non un choix. Elle est le résultat d’un processus millénaire de développement séparé. Le monde entier en convient. Nous, Français, devrions montrer l’exemple plutôt que de laisser perdurer une situation en tous points inacceptable et contraire à la dignité de notre pays. Car les droits humains fondamentaux des amérindiens ne sont pas respectés. Ils n’ont accès à aucun de services de base de la société française, l’éducation de leurs enfants n’est pas assurée dans les conditions des droits de la jeune personne. Les moyens de protéger la diversité culturelle qu’ils portent leurs sont refusés. Leur survie est menacée par les conséquences de l’orpaillage qui les rendent malades et provoquent des malformations de leurs enfants. Et ainsi de suite. La protection des amérindiens de France met au défi non pas l’unité et l’indivisibilité de la République mais l’idée que nous nous faisons de notre propre civilisation au contact de ceux qui en ont une autre et ne peuvent la vivre librement. Je crois que les insoumis devraient faire de cette situation une cause de leurs combats.
98 commentaires
GRAVET didier
Auditeur de France Inter, je constate que tous les jours nous connaissons les évolutions du CAC 40 ainsi que les résultats des matchs de football, mais pas un mot sur les législatives partielles en cours ou à venir.
Yves Thiébaut
Ceci est fait bien volontairement, pour bien ancrer dans notre tête que le cours de la bourse fait partie des choses naturelles, inévitables, comme le temps qu’il fait.
sergio
@Yves Thiébaut
Et d’autre part, bien ancrer dans nos têtes que les CAC 40 et les finances des gros groupes et des multinationales ont beaucoup plus de « valeur » que les petits citoyens, salariés et précaires, incapables d’entreprendre, de se payer des assurances maladie et retraite (privées), de se soigner dans le privé, de payer les études de leurs enfants (dans le privé), de rebondir et trouver un travail après un licenciement, de se passer des transports publics et de s’acheter une turbo, etc. (sic. la doxa libérale du medef, LRM, LR, PS et autres marionnettes du Medef). Quant aux footballeurs, ces héros des médias et du fric, ce sont également des « modèles » pour les petits citoyens que nous sommes, accrochés à nos privilèges comme le CDI ou notre sécu.
Denis Drouet
Si, comme Auguste Comte, je considérais la sociologie (c’est lui qui inventa ce terme et qui jeta les bases théoriques de cette science) comme la « physique sociale » je dirais que l’intérêt que nous (la FI) portons aux Outre-mers repose sur la physique des leviers. Si l’on sait bien placer le point d’appui (l’intérêt des peuples), l’éloignement constitue le bras de levier qui nous permet de soulever des masses colossales (le pouvoir de Macron). Je dédie cette élucubration à Archimède.
dacol
Effectivement ! Je m’étais interrogé dur le cas de Grand Santi, St Elie et Amapou. Mais à priori, il n’y a pas eu de contestation. Alors pour le 2éme tour, la vigilance sera de mise.
Michelle Tirone
Moi aussi, on m’a fait suivre des chiffres qui donnaient Davy Rimane en avance dur Lenaïck Adam et une demi-heure plus tard, tout était inversé, j’ai trouvé ça très étrange. D’autant plus que, hasard ou non, le journaliste de Guyane le 1ere indique qu’un « incident internet sur l’ensemble du territoire » les empêche de diffuser correctement. Encore une chose étrange que cette panne internet juste à ce moment-là. Je ne peux pas, bien sûr affirmer qu’il y a corrélation mais bon…
Pierre Pifpoche
J’ai été totalement bouleversé par le chapitre sur les « Amérindiens de France ». Une surprise extraordinaire sur la situation dramatiques et des droits des « peuples premiers » en France, dont je ne soupçonnais même pas l’existence au sein de notre République ! Je n’imaginais les Améridiens qu’en Amérique du Nord, mais pas du tout en Guyanne.
Nous ne pouvons être une civilisation digne d’être appelée ainsi et respectable ainsi qu’en restaurant le droit bafoué et pleinement légitime de ces peuples, et en obéissant aux Lois internationales des l’OIT. De même que nous ne sommes pas une civilisation digne d’être appelée ainsi, tant que les conditions minimum d’accès de nos concitoyens handicapés ne sont pas respectés dans les lieux publics, et même à Paris. C’est une question de dignité et de choix. Car sinon, nous ne sommes qu’une « République moyenageuse », coloniale et criminelle. Car ne peut pas pouvoir entrer dans un lieux public avec une chaise roulante…
Vega
« Amérindiens de France » ? Boudiou ! Bon passons. Jean-Hugues Ratenon, député FI s’est fait rabrouer avec arrogance dernièrement par Annick Girardin, Ministre des Outre-Mer alors qu’il exposait précisément la situation catastrophique à Mayotte. Cette ministre répondit sans ciller qu’on ne pouvait résoudre le problème de Mayotte sans résoudre la pauvreté dans « tout l’Océan Indien ». Rien de moins, pour sans doute ne rien faire. Réponses. Et pour ajouter à sa vacuité, elle conclut que la question prioritaire était d’abord celle de la sécurité à Mayotte. D’accord, mais ne prévoir d’apporter qu’un seul service d’État à la rescousse : la police, n’est-ce pas bien mince ? Pour sa visite à Mayotte, on verra plus tard a-t-elle dit. Donc plus tard aussi les autres services et propositions. Faire des Outre-Mer des territoires-pilotes de la planification écologique, avec plus d’égalité et de justice, n’est la proposition que de LFI pour…
René-Michel
C’est avec un trés grand plaisir que j’ai lu la partie de ton blog consacrée aux révolutions et à la révolution citoyenne. La dialectique marxiste aurait encore un quelconque intérêt ? Je suis ravi de te l’entendre dire.
robindesvoix2
Merci Mr Mélenchon. C’est vrai, les brosses à reluire du système médiatique ont oublié leur code de déontologie dans leurs chaussures. Corrompus, ripoux, ils sont depuis longtemps graissés par leurs maîtres. A la tête des rédactions, des émissions TV, on place toujours les mêmes pour faire la basse besogne de censure ou de montage en épingles de faits divers débiles afin de mieux détourner l’attention pendant qu’on flagelle et qu’on restreint insensiblement l’espace vital et de liberté. Le tout en reprenant en cœur le foutage de gueule du genre « c’est de la flexi-sécurité » pour mieux te licencier mon enfant. Le paroxysme de l’ignoble est atteint quand on dit que l’on va s’occuper des morts sur les routes, alors que le but n’est chez eux que de remplir leurs poches trouées sur le dos des pauvres !
pierpont
Il est important de comprendre la diversité humaine et votre discours résonne de bienveillance sur le sujet. L’occident est en état de sclérose et nécessite tellement l’inspiration d’un renouveau avec sa propre nature, qu’il en devient si important d’entendre ce que ces peuples distincts des territoires d’outremer nous réclament, Corse peut être incluse. La consanguinité d’esprit nationaliste réduit les champs des perceptions.
Souhaitons donc un succès à Davy Rimane et un avenir aux peuples inscrits bien malgré eux dans cette république cancéreuse.
teres
« La femme est l’avenir de l’homme ». Bien dit et bien vrai. Bonne fête ce 8 mars !
Le grand soir n’existe pas, c’est tous les jours, dans nos actions avec les autres que la révolution se fait. Le déclenchement d’un peuple se fait quand trop c’est trop. Comme en ce capitalisme assassin, bien chouchouté encore. Mais ça craque dans nos boites. Les travailleurs de tous bords sont en première ligne (ville et champs). Vu le désastre dont chaque famille est touchée.
GG
Je constate dans quelques commentaires, à propos des révolutions passées, que certains commettent des anachronismes. Ils jugent des événements passés avec les yeux et les valeurs de citoyens français vivant en 2018. Il faut replacer ces moments d’Hitoire dans leur contexte. N’oublions pas qu’on dansait et chantait « la Carmagnole » autour de la guillotine.
patrice 30
J’ai beaucoup appris grâce à vous sur la situation de l’humain en Guyane. Il est vrai qu’il est plus facile de nous abreuver des démêlés successorales ou fiscales du chanteur JH l’idole des Présidents ou des matches des millionnaires à crampons du PSG. Cela nous fait oublier le vol ignoble des retraités rackettés par la hausse imposée de la CSG alors qu’ils ont cotisé toute leur vie. J’espère la victoire ce dimanche de Davy Rimane car elle aurait une portée nationale et serait le début d’un autre temps par contre l’élection d’un autre député LREM n’amènerait rien.
GG
Concernant les élections en Italie, il est vrai que Eurobetacratie a affiché son soutient à peine déguisé à Berlusconi, faisant même fuiter qu’une alliance des droites, extrême droite comprise serait souhaitable. UE pousse des cris d’orfraie sur la montée des extrêmes droites en Europe, gentille posture morale pour idiot utile, mais au fond au cas où elle fera avec, tant que ces droites extrêmes demeurent sur leur fond néo-libérale, il n’y a pas le feu au lac. Ce genre d’affaire sent les années trente à plein nez. L’important étant qu’en zone EU la gauche soit elle définitivement éradiquée ou réduite a sa portion la plus réduite. Certains de nos comiques troupiers médiatiques lancent, en France la bonne idée d’une alliance FN, LR qui pourrait s’appeler les « républicains patriotes » qui ferait face à ce moment à un autre grand bloc d’alliance, du type « démocratie en marches ». Ainsi, fini les incertitudes dues à l’émiettement politique qui donne des sueurs froides. Le…
gilbert raynaud
Merci cher Jean-Luc Mélenchon pour cet article qui nous apporte comme toujours beaucoup et nous enrichit (qui d’autre en métropole parle des autochtones des Dom Tom ?), en Italie comme dans le reste de la zone euro toujours le dégagisme, en France privatisations à outrance (aéroports de Paris, SNCF etc.), c’est-à-dire brader pour les petits copains-actionnaires en nous dépouillant des réseaux (rail, distribution d’eau, assainissement etc.) jusqu’à quand ? Tous pour les 15 et 22 mars : qu’ils s’en aillent tous !
jaime
D’accord sur l’état des lieux mais déambuler pour déambuler comme l’a très bien précisé Thomas Guénolé dans son entretien avec Aude Lancelin dans le Media TV devient un repoussoir pour beaucoup d’entre nous. Aucune avancée sociale depuis 20 ans si ce n’est des régressions. Si nous ne sommes pas en capacité à bloquer le pays rien ne se fera ! Aussi la grève du 15 mars pour l’augmentation de la CSG est inutile. Le 22 mars doit être l’occasion d’un rassemblement large de tous les mouvements sociaux syndicaux politiques dans la durée, les guyanais nous ont montré l’exemple pour enfin faire reculer ce gouvernement et le remplacer in fine.
PIETRON
Les turbulences sont en effet un syndrome. Celui de la difficulté croissante d’un système à résoudre ses contradictions majeures. Taux de profit et quotidien des populations, la propagande officielle a de plus en plus de mal à faire passer les messages de « croissance » et « mieux être ». Alors elle s’en prend aux individus qui s’opposent franchement à ce vide programmée pour des millions d’existences futures. Aux individus, au mouvement politique, au mouvement social quand il fait état de ses velléités ou de ses intentions factuelles.
Ah ces territoires et départements d’outre mer. Quelle politique dégueulasse du capital et de ses tenants. Une chape de plomb qui ressemble étrangement à ces temps reculés où l’occident (déjà) traitait les autochtones en « catégories inférieures ». Mépris de classe ici, mépris tout court là bas. Quant à l’AFP et son diplômé de sciences po, candidat en Guyane, il est difficile de commenter une telle ânerie. France Macron… France entreprise.
jacques bohly
[…] Y aurait-il matière, une fois de plus, à s’interroger sur la régularité des scrutins, comme dans certaines circonscriptions de métropole ? Je pense que oui, et que, en tous cas, c’est un point sur lequel nous n’avons pas été à la hauteur. Le contrôle des élections par les citoyens et par les assesseurs des candidats est le minimum indispensable faute de quoi nous offrons un boulevard aux tricheurs et nous nous ferons immanquablement voler les résultats des élections. C’est un point sur lequel « l’appareil » politique aurait pu, je devrais dire aurait du, être beaucoup plus efficace, aussi bien pour ce qui est du nombre d’assesseurs que pour ce qui est de leur formation sur les différentes fraudes possibles et les moyens de s’y opposer. Il me paraît urgent de s’y préparer dès maintenant.
Deeplo
Bonjour Jean-Luc, vous vous interrogez à haute voix sur la possibilité de ne plus vous infliger la corvée médiatique. Il le faut pour réduire la charge émotionnelle des attaques frontales c’est évident. Et vous avez commencé à le faire pour France inter ou Médiapart par exemple. C’est très bien si l’on considère que le plus dur à encaisser vient des gens qui développent des méthodes perverses d’entretien. Il faut l’étendre à tous les sous-fifres de la propagande. Mais cette rareté d’exposition permettrait de renforcer votre seule présence aux grandes messes télévisées d’après 20 heures encore regardées par plusieurs millions de personnes. Je suis convaincu qu’il est possible d’y aller et de les ridiculiser. Pour cela il faut vous convaincre de ne pas y aller pour défendre notre programme, mais pour faire la preuve de la fabrication du consentement à l’œuvre. Et sinon il reste les médias libres à honorer de votre présence comme le média et quelques sites internet remarquables.
cultive ton jardin
J’ai entendu Jean Luc Mélenchon à l’Assemblée proposer la prise en charge en métropole de 5.000 mineurs (comoriens ?) ayant migré à Mayotte. À priori, pourquoi pas? Mais pour moi qui me suis intéressée à la transplantation en métropole d’enfants réunionnais « cas sociaux » dans les années 60/70, ça sonne inquiétant. Il y a certes des différences, mais aussi quelques points communs. À réfléchir, donc, et sérieusement.
malinvoy
Je viens de visionner la Revue De La Semaine de Jean-Luc Mélenchon, toujours aussi intéressante. J’y apprends qu’un passage de Jean-Luc Mélenchon est prévu ce dimanche à 12H sur France3. Je trouve cette idée pas très rassurante : 2 élections partielles seront en cours ce jour là. Le service public de la TV nous a habitué aux traquenards. Il n’y pas de raisons que cela change. On prend des risques (inutiles ?) en y allant ce jour là. Jean-Luc Mélenchon n’est pas un surhomme. C’est un jour d’élection et pas de communication.
morfin
Durant des élections partielles je ne pense pas qu’il soit autorisé qu’un homme politique intervienne sur le sujet. C’est donc en effet très étonnant d’autant qu’on attend la France Insoumise et Mélenchon place de la république à 14h pour la commémoration des victimes de Fukushima et notre souhait de sortie du nucléaire, avec diverses festivités à la clé.
morvan
Oui, moi aussi je suis soucieuse de cette proposition, moi aussi cela m’a ramenée quelque peu (pas d’offense !) aux fantaisies de Mr Debré quant au repeuplement des campagnes métropolitaines. Certes en apparence il y a loin entre le fait, il y a plus de 50 ans, de bourrer le mou aux gosses et leurs familles sur la réalité de la séparation, et le fait aujourd’hui de voir dans les mineurs isolés « étrangers » à Mayotte des enfants que l’on sauverait d’un horrible tout en les emmenant en métropole, il y aurait d’ailleurs peut-être quelques succès. Mais peut-être seulement. Dans la revue de la semaine 57 nous est dit pour les Outremer : « ne gommons pas les réalités locales ». La réalité de Mayotte est que ce récent département français (2011) est bien une des grandes îles de l’archipel des Comores, et que les populations comoriennes de toutes les îles de l’archipel pendant des siècles n’ont fait qu’aller et venir de l’une à l’autre de ces îles – les liens familiaux sont…