C’est à peine croyable mais c’est vrai. Macron a accepté une mission militaire à la demande des Émirs du Moyen-Orient. Les États-Unis eux-mêmes avaient rejeté ce projet. Il s’agit de déminer le port d’al-Hodeïda au Yémen alors que les forces « progouvernementales » du Yémen disent avoir repris l’aéroport de cette ville. Ce port est la cible de la bataille menées par les troupes yéménites, aidées par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Il s’agit pour eux tous de reprendre aux rebelles « houthistes » réputés pro-iraniens la possession de cette ville stratégique sur la mer Rouge.
Tout cela nous est appris par un article du Figaro le 16 juin. Ce quotidien a sans doute la meilleure rubrique internationale du moment. Il note : « Comme l’engagement français dans cette guerre oubliée est source de contestation, le ministère des Armées avance sur des œufs. “Il n’y a pas d’action militaire française aujourd’hui dans la région de Hodeïda”, a fait savoir la Grande Muette, peu après les révélations de Reuters ». Pourtant, aux États-Unis, un responsable émirien venait d’affirmer le contraire. Du coup le ministère français des Armées a dû reconnaitre les faits. Mais il précise, comme si c’était une circonstance atténuante, que ce déminage « est actuellement envisagé après la fin des opérations militaires ». Certes, il faut en effet que la ville soit reprise ! Ce n’est pas fait. Cela promet un combat dur et intransigeant. 600.000 personnes y subissent les horreurs d’une guerre sans merci et beaucoup cherchent à fuir les affrontements, comme on le devine. De leur côté les houthistes ont creusé des tranchées et positionné des snipers sur les toits. Tout cela va à nouveau déplacer des milliers de personnes vers les camps pitoyables où s’entassent des milliers d’autres.
Mais le plus grave pour les Français eux-mêmes est l’information que donne Le Figaro. « Deux sources militaires contactées par Le Figaro révèlent également que des forces spéciales françaises sont présentes aux côtés des Émiriens au Yémen ». Que nos forces spéciales soient sur place et participent à leur façon au combat est un problème très sérieux. Je suppose que les Forces spéciales françaises opèrent dans le cadre des accords de défense signés avec les Émirats arabes unis. Je voudrai en avoir la preuve. Mais en toute hypothèse, je suis à peu près certain que ce type d’accord n’implique pas de participer à une guerre d’occupation !
Et si les Forces spéciales sont sur place depuis 4 mois dans le cadre d’une telle guerre, alors pour le coup c’est un problème grave de non-respect de la Constitution et de son Article 35 qui fixe les conditions dans lesquelles le Parlement est saisi de telles opérations. Dans une démocratie normale on verrait déposer une motion de censure. Le groupe « La France insoumise » n’en a pas le pouvoir puisqu’il ne compte que 17 députés sur les 59 qu’il faudrait avoir pour cette action. Et nous sommes en monarchie présidentielle. Nous ne pouvons donc faire ce que font ces lignes : alerter. Après quoi peut-être pouvons nos espérer des réactions et peut-être des surprises.