La bataille pour le droit à l’eau est centrale pour la France insoumise. À l’Assemblée, le groupe parlementaire avait fait de cette question l’un de ses thèmes lors de sa niche parlementaire en février dernier à travers une proposition de loi constitutionnelle présentée par Bastien Lachaud. Sur le terrain, les groupes d’action de la France insoumise mènent campagne. Coordonnés par Gabriel Amard, des ateliers des lois et des votations citoyennes pour la gestion publique de l’eau sont en train d’être organisées partout sur le territoire. L’eau est en passe de devenir le symbole marqueur de « la France Insoumise ».
Car l’eau est le bien commun central de l’humanité. Quelques chiffres suffisent à s’en convaincre. Le corps humain est composé à 65% d’eau. Lorsqu’il nous en manque 2%, nous avons soif. À 10% de manque, nous délirons et à 12% nous sommes morts. Faut-il d’autres arguments pour expliquer que l’eau ne peut être traitée comme une marchandise ?
Pourtant, la France maintient les services d’eau et d’assainissement dans la soumission aux marchés financiers et à la rente. Véolia, Suez et la Saur se partagent la plupart des marchés les plus rentables. Elles s’assurent ainsi de confortables bénéfices et, à leurs actionnaires, une importante rémunération. Véolia a par exemple distribué 401 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires en 2016. Évidemment, ce sont les usagers qui payent sur leur facture cet impôt privé sans objet. Ce mode de gestion est également néfaste à la qualité du réseau. En France, un litre d’eau sur cinq n’arrive jamais au robinet en raison des fuites dans le réseau. Celui-ci est mal entretenu. Et pour cause : Véolia dilapide 82% de ses bénéfices pour payer ses actionnaires.
Pourtant, lorsque le gouvernement convoque des « Assises de l’eau » pour étudier un plan de lutte contre les fuites, qui écoute-t-il en priorité ? Ces mêmes multinationales qui sont responsables du mauvais état de notre réseau. Le riche tissu associatif existant sur le droit à l’eau comme la Fondation France Libertés Danielle Mitterrand ou la Coordination Eau Bien Commun, que Gabriel Amard co-préside, sont exclues de la discussion. D’ailleurs, de droit à l’eau, il n’est pas question ici. Ce gouvernement ignore apparemment que 2 millions de personnes en France sont en très grande difficulté pour payer leurs factures d’eau. Et que les coupures d’eau continuent malgré leur illégalité. La question du droit à l’eau devrait être au centre des attentions et des travaux de ces assises. Il n’en est rien.
Au plan local, le sujet de l’eau est aussi confisqué. En effet, sa gestion, à l’origine revenant aux communes est de plus en plus transféré aux intercommunalités, loin du contrôle des citoyens. C’est la conséquence de la réforme territoriale votée sous Hollande et de la funeste loi NOTRE dont nous voulons l’abrogation.
Au contraire de cette tendance, « la France insoumise » multiplie les initiatives pour une réappropriation populaire de l’eau. C’est ainsi qu’à la suite de son livret thématique « Eau bien commun » élaboré dans le cadre des campagnes de 2017, les ateliers des lois de la France insoumise ont permis aux citoyens d’écrire plus de 50 articles de lois en faveur du Droit à l’eau. La question de la gratuité des mètres cube d’eau vitaux, des compteurs, celle de la gestion publique ou de l’amélioration des conditions de travail des salariés sont toutes abordées dans ce travail populaire de longue haleine.
À partir de ce mois de juin, nous passons une étape supplémentaire. La France insoumise organise des votations pour la gestion publique de l’eau dans les communes. Ce sont les groupes d’action toulousains qui se sont saisi en premier de cette pratique, à l’appel de Manuel Bompard et de Claire Dujardin. À Toulouse, le contrat avec Véolia touche à sa fin. D’ici quelques mois, le pouvoir local peut donc décider de revenir à une gestion publique de l’eau. D’où cette initiative pour donner la parole aux Toulousains. Le samedi 2 juin, a été inauguré le premier bureau de vote. Depuis, de nombreux bureaux de vote sont tenus par les insoumis dans toute la ville et son agglomération. Une carte est disponibles pour tous les toulousains qui voudraient participer sur le site toulouse.eau.vote. Déjà, cette votation est un succès populaire. En seulement quelques jours, plus de 2000 personnes ont répondu à la question « êtes-vous favorable à la régie publique de l’eau pour Toulouse Métropole ? ». Les files d’attente devant les bureaux de vote et les discussions sur le terrain ont confirmé l’attente et la conscience qui existent sur ce sujet.
On comprend pourquoi. Véolia qui contrôle la distribution de l’eau se gave bien à Toulouse. Le prix de l’eau a augmenté de 12% depuis 2011. Et on paye son eau 15% plus cher qu’à Grenoble, où la gestion est publique. Il va de soi que les enjeux financiers considérables de cette affaire ne sont pas perdus de vue un seul instant par tous ceux qui profitent directement ou indirectement de la manne de l’eau privatisée ! C’est pourquoi nous parlons bien de construire un rapport de force appuyé sur une mobilisation populaire et pas seulement de voter des motions dans des congrès, même si rien n’est inutile dans ce domaine. Nos adversaires sur ce sujet sont tentaculaires et omniprésents. Seule cette mobilisation en profondeur dans le pays permet de préparer la transition que nous voulons voir arriver dans ce domaine. Ici encore, nous travaillons sur la ligne qui mêle action de masse et action institutionnelle.