Incroyable arrogance ! L’administration du Parlement européen veut faire taire notre seul eurodéputé insoumis, Younous Omarjee, élu meilleur député européen 2018*. Une immixtion sans précedent sur le contenu du discours d’un député par une administration. Le groupe insoumis de l’Assemblée nationale exige des excuses.
Le bureau de l’eurodéputé Younous Omarjee a reçu l’appel d’une haute fonctionnaire, cheffe de service du « porte-parole » du Parlement européen, lui demandant de retirer ou de modifier les tweets relatifs à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (dit JEFTA) que l’eurodéputé avait publié la veille à l’occasion du débat en Commission sur ce dossier. Motif : ceux-ci constitueraient une « fake-news » ! Un appel suivi d’une transmission écrite dans laquelle la fonctionnaire fait la leçon au député, lui indique que son propos n’est pas « correct », se dit mandatée par le Parlement européen pour chasser les mauvaises informations et demande au député, excusez du peu, de modifier son propos.
Nous apprenons donc avec stupeur que le Parlement européen a spécialement mandaté une unité de fonctionnaires européens dont la mission est non seulement de surveiller la communication des députés, mais aussi, quand leurs tweets dérangent, d’intervenir directement auprès d’eux pour faire modifier leurs déclarations afin qu’elles rentrent dans le cadre de la communication officielle.
Ceci est d’autant plus inacceptable que les tweets de Younous Omarjee ne sont que la retranscription verbatim de ce que le député insoumis, avec éloquence, avait dit plus tôt en réunion de la commission « Environnement et santé » dont il est membre.
Il y dénonçait le fait que les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et du Conseil européen Donald Tusk aient signé cet accord JEFTA sans consulter au préalable le Parlement européen sur son contenu ; et considérait à raison que cela illustrait le déficit démocratique qui est manifeste dans les institutions européennes.
Cela lui vaut désormais d’être la cible de remontrances et autres injonctions à « bien-penser ». De quels pouvoirs et sentiment de puissance une fonctionnaire d’un Parlement peut-elle être investie pour s’autoriser à faire la leçon à l’un de ses membres et à le menacer de communiquer contre lui avec le compte Twitter du Parlement européen si celui-ci ne s’exécute pas ? Quelle est l’étape suivante ? À terme, le Parlement européen va-t-il sanctionner les députés pour leurs prises de paroles lorsque celles-ci ne correspondront pas à la vision officielle ? Comment comptent-t-ils s’y prendre ?
La parole d’un député est libre, nulle administration ne peut s’arroger le droit de contrôler la parole des élus.
Cette affaire est donc grave car elle touche à plusieurs des principes essentiels de la liberté d’expression politique des parlementaires, élus par le peuple. Cette affaire confirme le constat du déni démocratique dans lequel l’Union européenne se fourvoie.
Jamais aucun d’entre nous à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen n’abandonnera ses convictions face aux tentatives de pressions et d’intimidations d’où qu’elles viennent. Je l’ai déjà dit. Et rien, ni personne, ne fera céder aucun d’entre les insoumis dans le devoir de représentation libre du peuple français.
* élu meilleur député européen 2018 par le Parliament Magazine pour son travail sur la politique régionale