Désolé, c’est long. Nous ne demandons pas à être traité différemment des autres justiciables, nous demandons nos droits et la justice, sans mesure d’exception. Nous ne voulons rien cacher : la preuve, nous proposons de débattre publiquement et contradictoirement avec nos accusateurs.
D’abord merci à toutes les personnes qui nous ont soutenu le moral, relayé nos arguments et surtout pris des initiatives pour rendre les coups médiatiques. Merci aussi aux policiers, magistrats et journalistes qui nous ont témoigné leur écœurement face à cette campagne et fourni de précieuses informations sur ce qui se prépare encore. Au moins, il nous reste un moyen de croire que tout n’est pas perdu dans ce pays sans tête et dans cet État Start-Up.
Pour commencer, coulé dans le bronze, gravé dans le marbre : nous n’avons commis aucun des faits qui nous sont reprochés. Aucun. Et pourtant nous avons été maltraités et insultés à jet continu pendant cinq jours sans trêve ni pause, jours et nuits dans tous les médias écrits, radios et télévisés. Nos vies ont été piétinées, notre intimité violée, nos affaires personnelles fouillées de fond en comble, notre honneur souillé, nos familles affolées, nos voisins alarmés. Les fichiers de nos partis, nos agendas personnels et professionnels depuis cinq ans, nos correspondances depuis dix ans, nos photos personnelles (pour ma part toutes celles réunies depuis 2006), nos notes personnelles ont été saisies. Aucun inventaire de ces prises n’a été établi. Toutes les belles personnes, les satisfaits, la caste ont hurlé de joie.
Il s’agit d’une persécution politique. Elle est sans précédent dans notre pays. Unique en Europe. Mais je pronostique qu’elle ouvre un cycle qui est venu d’Outre-Atlantique et qui va bientôt généraliser la criminalisation de l’opposition politique comme c’est déjà le cas pour l’action syndicale ou écologique. Elle est destinée à nous détruire psychologiquement et politiquement, comme personnes et comme organisation. Notre devoir individuel et collectif est de résister par l’action politique à une offensive politique.
Mais nous n’avons commis aucun des faits qui nous sont reprochés. Aucun. Le devoir de résistance s’est imposé à moi quand j’ai compris pendant qu’on me perquisitionnait que je n’étais pas seul en cause dans une démarche de justice, mais que d’autres perquisitions étaient en cours, notamment au siège de nos organisations politiques. Ce sont les méthodes que l’on déploie contre le grand banditisme ou les terroristes. Quand j’ai compris que c’était un assaut politique j’ai opté pour la contre-attaque sur le même terrain. En le faisant, j’ai assumé ma responsabilité politique. Je suis satisfait de l’avoir fait et pourtant je savais que les caméras « objectives, éthiques et indépendantes » se feraient un devoir de capter certains moments plutôt que d’autres et prétendraient que nous aurions commis des violences à l’instant où c’est nous qui les subissions.
Quelles sont les causes de cette opération ? Non pas de faits mais des dénonciations. Nous n’avons commis aucun délit mais nous sommes dénoncés pour en avoir peut-être commis. « Peut-être ». Car les dénonciateurs eux-mêmes déclarent ne pas savoir. Deux dénonciations, rien de plus, sans aucun fait matériel à l’appui.
Une première dénonciation remontant à un an et demi émanant d’une député européenne alors membre du Front national. Elle m’accuse d’avoir utilisé des assistants parlementaires européens comme permanents politiques de mon parti. Elle s’est appuyée pour cela sur les dires d’un article de Médiapart sur le thème. C’est faux. Je ne l’ai jamais fait. Il n’existe aucune preuve du contraire. Par contre, toutes les preuves de ma bonne foi totale existent. En effet, l’administration du Parlement européen a été tenue au courant de tous mes choix d’organisation. Je l’ai consultée à mesure des changements dans ma vie politique. Et j’ai répondu par écrit à ses questions sur ce sujet lorsqu’elle m’a interrogée en apprenant cette dénonciation. Il suffisait de m’interroger ou d’interroger l’administration du Parlement, et ces consultations et courriers auraient été connus des enquêteurs. Il n’y avait aucune raison de perquisitionner 10 personnes pendant des heures et de les interroger de nouvelles heures durant. En toute hypothèse, mes anciens assistants n’ont fait qu’obéir aux ordres que je leur donnais. Telle est la nature d’un contrat de travail. Leur responsabilité personnelle ne peut donc pas être engagée. Pour quelle raison les persécuter ? Il s’agit donc d’une violence gratuite, sans objet judiciaire réel, destinée à les intimider et à les flétrir aux yeux de leur voisinage. Pourtant, la réponse à toutes les questions qui m’ont été posée par les enquêteurs avait déjà une réponse. Une réponse écrite. Je l’ai envoyée le 3 janvier 2018 au Parlement européen qui ne lui a donné aucune suite.
La seconde accusation part de la dénonciation d’un rapporteur de la Commission nationale des comptes de campagne présidentielle : de Chalvron. Un personnage très perturbé ? Certes, mais qui a été autrefois directeur de cabinet d’un ministre socialiste appartenant à une micro fraction qui m’a rudement attaqué dans le passé. Un personnage dont l’absence de sérieux a été dénoncée par le président de la commission nationale de comptes de campagne lui-même. Et cela dans des termes extrêmement sévères. En effet il l’accuse de parler de factures qu’il n’a jamais vues et lui reproche un abandon de poste. Une personne contre qui j’ai déposé une plainte en diffamation. Une personne qui refuse sur le plateau le débat contradictoire qu’avait organisé LCI et qu’avait accepté le député Quatennens. Va-t-il se reprendre et accepter à présent ? Ou bien le président de la commission des comptes lui-même ?
Pourtant, mes comptes de campagne ont été validés. Celui qui a présidé cette validation a cependant ensuite fait un signalement judiciaire. Il prétextait n’avoir pas les moyens d’investigation nécessaire. Pourtant, il avait posé avant cela deux mille questions par téléphone ou mails. Il aurait pu en poser trois mille autres, nous aurions répondu et fournit les pièces demandées. Et surtout : il n’est pas vrai qu’il n’avait pas les moyens d’investigation nécessaires. Il était au contraire la personne qui avait les meilleurs moyens d’évaluer la situation puisqu’il pouvait comparer les facturations des prestations comparables dans les autres comptes de campagne. En toute hypothèse, sa dénonciation faite en mars a été rendu publique en Mai. Il y a donc cinq mois. On se demande alors sur quel effet de surprise comptait l’enquête…
Que nous est-il reproché à présent ? De la surfacturation. Nous affirmons qu’il n’y en a eu aucune. Aucune. Pourtant la radio d’État a prétendu sans preuve et sans travail le contraire. Ses confrères moutonniers ont répété sans aucun recul ni vérification. « Les journalistes » (d’investigation, s’il vous plait) n’ont procédé à aucune comparaison de tarifs ou de factures. N’est-ce pas cela le plus incroyable ? N’est-ce pas une faute professionnelle ? Et cela alors même qu’ils disposaient de tous les autres comptes de campagne qui sont publics depuis février dernier. Et alors que leur précédente campagne de dénigrement sur le même sujet avait déjà montré de nombreuses et grossières erreurs. Pourtant il s’agit de matière pour laquelle ils n’ont aucune compétence personnelle. Ils n’ont même pas été regardé les tarifs du marché ou ceux affichés par la profession.
Où est « l’investigation » ? Il n’y a en a pas. C’est la raison pour laquelle nous allons faire ce travail. Nous allons comparer et publier ces comparaisons. Nous allons essayer de résoudre ce mystère qui n’a pas l’air de les intéresser : comment est-il possible que nous ayons fait en 12 mois moins de dépenses que Hamon en 3 mois et Macron en 8 mois ? Dans la mesure où les équipes des deux nous font la morale, il me semble que nous devons vérifier s’ils sont les mieux placés pour cette activité. En particulier puisque Benoît Hamon, puisque ses proches comme Barbara Romagnan se risquent à parler « d’enrichissement personnel », accusation qu’aucune incrimination officielle ne s’est risqué à faire.
Si par hasard il existe un média qui ait les moyens de résister aux désirs intimes du pouvoir et de ses bras étatiques, peut-être pourrait-il procéder à ces comparaisons ? Vous-mêmes, chers lecteurs, n’êtes-vous pas la meilleure cellule investigation qui soit ? Comme vous l’avez compris, toutes les informations sont les bienvenues. Toutes. Le plus simple est que chacun les publie sur les réseaux sociaux. Nous trierons à mesure ce qui sera retenu. De même tous vos exercices vidéo ou de visuels qui rafraichissent la mémoire sont les bienvenus. Par exemple la publication du papier du Monde diplomatique sur les exploits de Plenel dans les investigations dans le passé a éclairé d’un jour nouveau ce que nous pensions être un dérapage ponctuel. D’autres ont retrouvé et cité le livre de Péan et Cohen sur cette époque où il dirigeait avec Colombani et Minc Le Monde et ce fut éclairant.
Car de graves questions se posent. En particulier, nous voudrions savoir comment il se fait que Médiapart a pu prétendre avoir vu des procès-verbaux de perquisitions. Bien sûr, je connais la loi sur le sujet et je n’ai pas l’intention d’attenter à la liberté de calomnier qui lui est reconnue aussi longtemps que le « conseil de déontologie des médias » n’existera pas. Mais pourquoi n’y a-t-il aucune action publique sur une telle éventuelle fuite ? La Justice elle-même n’y croit donc pas ? Car pour quelle raison aurait-elle eu lieu. Comme chacun le sait, et le Président l’a répété : « la justice est indépendante ». Elle ne peut donc avoir agi sur ordre. Elle ne peut en aucun cas et encore moins avoir trahi son devoir et la loi qu’elle est censé faire respecter au point de livrer des éléments d’une enquête couverte par le secret de l’instruction. Non, cela est impossible. Donc il reste la corruption d’un agent de la justice qui aurait accepté contre de l’argent de le faire, ou bien sinon le chantage contre cet agent. Ou bien le vol de documents. Je ne pense pas que le secret des sources autorise le vol ? Quoiqu’il en soit, il est extrêmement étrange que la procureure n’ait pas dit un mot sur cette violation extrêmement grave dans son interview à charge contre « La France insoumise ». Mais il est vrai que cette interview comportait aussi de nombreuses « inexactitudes ».
Une rumeur, bien-sûr fallacieuse, court les rédactions à Paris. Nous y avons assez d’amis « petites mains » pour le savoir. On chuchote que de nombreux médias aurait eu des informations depuis le jeudi soir sur la perquisition à mon domicile. Comment cela serait-il possible ? Une action de violation de la loi méthodiquement organisée ? Non, ce n’est pas possible. Merci en tous cas à tous ceux qui n’ont pas accepté de se faire le relais que Médiapart a servilement voulu être. Mais cela doit nous servir d’avertissement. D’ici aux élections européennes, des fuites vont être distillées, des actions spectaculaires vont être montées aux moments opportuns dans le but politique que l’État démocratique, sa justice indépendante et sa presse libre se sont donnés.
Mais à chaque jour suffit sa peine. Pour l’heure, il faut réparer les dégâts psychologiques chez les perquisitionnés. Il faut reconstituer les risques pour les fichiers qui naviguent à cette heure on ne sait où, rattraper tous les retards de boulot pris dans cette semaine de captivité mediatico-judiciaire, organiser la riposte.
Je rappelle nos demandes et propositions médiatiques. Nous demandons de l’annulation de la perquisition au siège de la France Insoumise (le Parti de Gauche se prononcera bientôt pour sa part puisque ses dirigeants aussi ont été empêché d’entrer). La restitution de tous les matériels saisis (ordinateurs et téléphone) et fichiers sans rapport avec l’enquête (photo personnelles, agendas, mails). Nous demandons le dessaisissement du procureur qui s’est solidarisé publiquement avec la partie en cause dans la perquisition du siège de « La France Insoumise ». Sont proposés : un débat public contradictoire avec nos diffamateurs de Radio France sur une chaine comme BFM qui n’appartient pas au gouvernement. Un débat public avec notre diffamateur le rapporteur de notre compte de campagne monsieur de Chalvron. Quelqu’un a peur du débat, de la vérité, des comparaisons ? Ils ont des raisons. Pas nous.