Il y avait dans l’air cette trame spéciale des jours terribles. C’était un tout que ce boulevard barré, ces tentes et ces groupes de marins-pompiers et de policiers, ces véhicules rouges, ces cars bleu sombre et, par-dessus tout, ce ciel plombé si peu courant à Marseille. Je montai à bon pas vers le croisement d’où l’on verrait la scène du drame sans déranger les secours. La mémoire s’agitait dans ses couches en sommeil profond. Des images remontaient vers moi de ce jour à Toulouse où j’arrivais au lendemain de l’explosion d’AZF pour faire la tournée des lycées professionnels atteints ou détruits. C’est toujours le silence qui reste en tête et sa trame singulière dans ce type de circonstances.
À ma descente du train avec Antoine qui m’accompagne, gare Saint-Charles, Lise et Sébastien qui viennent me chercher ont la tête des très mauvais jours. Ils sont sur pied depuis la première heure du drame et ils tentent d’en démêler les récits pour moi. Sur place, voici Prune et Josépha, puis Franck. On marche de concert. Personne ne parle. En haut de la rue où je suis passé tant de fois en manifestation, il y a un regroupement. Le ministre Denormandie m’attend pour me saluer (je suis le député de la circonscription), le préfet, et aussi Samia Galli, Pellicani, bref, les figures marseillaises du secteur. Nous voici tous ramené au plus simple de nous-mêmes : des êtres humains effarés brûlant de se rendre utiles. J’ai prévenu par tweet avant d’arriver : priorité à l’urgence humaine de la situation. On verra plus tard pour la discussion politique. On grimpe en vitesse le tournant pentu et voici le tableau que l’on devinait : un essaim de journalistes sagement rangés derrière un fil de plastique, les policiers avec les maîtres-chiens de retour de la fouille, et là-bas au fond la montagne de gravats.
Je marche aux côtés de l’amiral commandant les équipes de marins-pompiers. À Marseille, depuis le siècle dernier, ce sont les marins-pompiers qui font les services de secours et incendie. Cet homme a toute cette situation sur les épaules. Son pas est ferme. Professionnalisme, élégance de la relation. Ses hommes prennent des risques en fouillant car le troisième immeuble qui borde le trou est lui-même branlant. Tout à l’heure, il va prendre la bonne décision pour la sécurité des équipes. Une pelle vient pour décrocher ce qui s’effritait au sommet et leur tombait dessus par surprise. À peine touché, l’immeuble s’effondre sur l’emplacement où se trouvaient les sauveteurs quelques instants plus tôt. À partir de là tout va aller plus vite. Il faut fouiller pour dégager d’éventuelles poches de survie. Il le faut aussi pour que les chiens puissent savoir si des humains sont là. Pour l’instant, le torchis mouillé des murs tombés fonctionne plutôt comme un écran olfactif total. On ne s’attarde pas. Pas question d’encombrer ou de harceler.
Un petit mot encore pour les journalistes transis sur la hauteur et on va redescendre en prenant le temps cette fois-ci. Il faut parler avec tout le monde au fur et à mesure. Ce sera le plus long. Et peut-être le plus utile. Car ici ou là, parmi les gens qui sont sur ce trottoir, surgissent de pauvres gens éplorés. Soit qu’ils ne sachent que faire, soit qu’ils soient sidérés, soit qu’ils soient très fâchés parce qu’on ne leur permet pas de rentrer chez eux. Une dame erre. Son mari a 93 ans, il ne marche vraiment pas bien et il attend dans un bar depuis ce matin ; un homme et ses trois enfants à la main les yeux dans le vide qui ne sait que faire avec ces petits apeurés qui se tiennent collés à ses jambes ; une autre dame qui est très malade et le crie à plein poumons dans l’angoisse de savoir où elle dormira ce soir. Dans cette circonstance, je n’ai aucun pouvoir. J’écoute, je m’efforce de rassurer ou d’aider à rejoindre la mairie du secteur où l’accueil est bien organisé. Mes camarades font de même. Les gens parlent fort. C’est bien. Ça les aide à se libérer de l’angoisse. En fait personne ne demande rien. Tout le monde raconte ou dit sa peur. Une main donnée, un moment à écouter jusqu’à ce que le flot se tarisse, voilà ce qu’on peut faire d’utile même si c’est peu. Quoi d’autre sinon ? Toute notre humanité est dans notre relation aux autres. Et quand un monde est assez inhumain pour avoir rendu possible un drame si hautement prévisible, ces gens qui crient sont les sentinelles au bord d’un gouffre plus large que celui qui s’est ouvert sous les immeubles effondrés. C’est un monde qui s’écroule en réalité dont ces immeubles marseillais sont la ligne de front. Le monde de l’égoïsme et de l’indifférence aux pauvres et aux précaires, le monde du fric roi, le monde pourri que nous avons sur les bras.
L’effondrement de trois immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille a remis sur le devant de la scène le problème de l’habitat indigne et insalubre. Il est vrai que dans la ville, le phénomène est massif. Dans le quartier de Noailles, où le drame a eu lieu, on parle d’un immeuble sur deux qui serait de mauvaise qualité. La fondation Abbé Pierre considère que 100 000 Marseillais vivent dans des logements très dégradés. Ces chiffres montrent l’état d’abandon dans lequel se trouve la population. Mais on aurait tort de croire à un évènement local.
La mauvaise qualité de l’habitat est un problème global et d’ampleur. Il concerne tout le pays. L’Insee répertorie dans son enquête sur les conditions de logement des Français les principaux défauts des logements. Selon cette enquête, 10% des logements en France présenteraient trois défauts ou plus. Cela représente 3 millions de logements. Tous, bien sûr, ne menacent pas de s’effondrer comme ce fut le cas à Marseille. Mais on en recense tout de même environ 400 000 dont la façade principale est « très dégradée » avec des « fissures profondes ». Les autres défauts menacent aussi la santé ou la sécurité des occupants. Dans la liste on trouve notamment les infiltrations d’eau, qui fragilisent la solidité des immeubles, les problèmes d’humidité ou les installations électriques dégradées. On sait que ces caractéristiques peuvent aussi donner lieu à de graves accidents. Enfin, un logement sur cinq est mal isolé au niveau des murs, des toits ou des fenêtres. Ce problème est responsable de nombreuses maladies chroniques parmi les pauvres qui ne peuvent pas se payer les factures de de chauffage que nécessiteraient de telles passoires.
Les plus touchés par ces logements indignes sont les locataires. Un logement sur cinq en location sur le secteur privé est touché par trois défauts ou davantage. Et on ne compte que 40% des locations sans aucun défaut. Ceux qui habitent là le font parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. L’accès à un logement social, dans les grandes villes, est souvent un rêve inaccessible. Deux millions de familles sont sur liste d’attente pour se voir attribuer une HLM et la file s’allonge d’année en année. Les récentes attaques du gouvernement vont encore aggraver les choses. Il a d’une part opéré des coupes dans les budgets des organismes HLM qui sont l’équivalent de 54 000 logements construits de moins par an. D’autre part, il incite à la vente à la découpe des logements sociaux. On peut donc s’attendre à une difficulté accrue pour accéder à un logement social. Sur cette misère prolifèrent les marchands de sommeil. Ils louent des logements indignes à des familles pauvres qui ne peuvent remplir les conditions drastiques de garanties ou de revenus qui sont habituellement demandés sur le marché.
Louer un logement qui ne respecte pas les normes sanitaires ou de sécurité est illégal. Mais la réponse de l’État et des collectivités face à la prolifération de ce commerce de la misère est dérisoire. Ainsi, seuls 0,6% des logements font l’objet d’un signalement portant sur leur caractère insalubre, dangereux ou sur le fait qu’ils ne correspondent pas aux normes de location. La majorité des marchands de sommeil peuvent donc, eux, dormir tranquilles.
Contre le logement indigne, il faut déjà commencer par faire respecter la loi. Nous avons mis en avant pendant la campagne présidentielle l’idée du « permis de louer ». Il s’agit de mettre en place une autorisation préalable de mise en location d’un logement. Ainsi, les pouvoirs publics vérifieraient que l’état du logement est bien conforme à la loi avant de délivrer une autorisation de mise en location, un refus ou une autorisation conditionnée à des travaux. Actuellement, les communes volontaires peuvent le mettre en place. Celles qui l’ont effectivement fait se comptent sur les doigts de la main. Marseille n’en fait pas partie, par exemple. Il faut généraliser le permis de louer et le rendre obligatoire pour les villes où se concentrent les logements insalubres.
Mais on doit surtout bien comprendre la nécessité d’une politique sociale du logement qui soit globale. C’est hors de portée sans un investissement massif dans le logement public de qualité. Au rythme de 200 000 HLM supplémentaires par an, cela permettrait de résorber les interminables listes d’attente que l’on connaît aujourd’hui. Une autre direction de travail est de rompre la pure logique de marché dans le secteur. On peut pour cela encadrer les prix sur le marché privé jusqu’à faire baisser les loyers dans les grandes agglomérations où ils ont atteint des niveaux délirants. C’est en rendant le logement accessible à tous que l’on sortira les familles pauvres des griffes des marchands de sommeil. Le logement n’est pas un bien comme les autres que l’on peut laisser entre les mains des spéculateurs et du marché. Il conditionne l’accès au travail, à la santé, le droit à la vie privée, à une vie de famille etc. La question du logement des pauvres ne doit plus être considéré comme un à côté, un aspect secondaire d’un marché pour le reste adaptable. Dans ce domaine comme dans tous les autres, la pauvreté n’est pas la marge d’un système qui fonctionnerait tant bien que mal. Le nombre des personnes concernées montre que la pauvreté dans ce domaine aussi est une des conditions de l’accumulation financière artificielle qui s’exerce dans le secteur. La rareté du logement pousse tous les prix à la hausse, toutes les affaires tordues à la propension, et pérennise dans le silence des victimes sans choix les pratiques les plus honteuses.
Une alerte maximale nous vient du Brésil. Le déroulement de l’opération qui a permis au candidat d’extrême droite de gagner l’élection présidentielle porte des leçons qui ne se limitent pas à la compréhension des évènements brésiliens. Un plan d’action a été mis en œuvre qui révèle un plan de travail que l’on voit se généraliser partout où l’Empire néolibéral affronte des alternatives politiques. La phase décisive du processus a été l’élimination judiciaire du candidat de gauche Lula qui était alors donné gagnant dans les sondages. La nomination du juge qui l’a condamné sans preuve comme ministre de la justice du gouvernement d’extrême droite est la signature de la corruption politique de la justice de ce pays.
Ce qui m’alerte, ce sont deux faits qui se répètent d’un pays à l’autre. Je parle pour l’instant des Amériques. Mais, bien sûr, les comparaisons avec la situation en Europe fonctionnent totalement selon moi. Le premier fait est la répétition d’une enquête d’opinion à l’autre d’une réalité nouvelle : ce sont désormais les libéraux qui sont les plus nombreux à penser qu’un régime autoritaire est bénéfique pour régler les problèmes d’un pays. Pour que ce sentiment lamentable l’ait emporté dans ces secteurs de l’opinion et de la population, il aura fallu une contamination d’un genre spécial. L’autoritarisme est l’enfant de l’obsession d’efficacité et de performance qui est le substrat du discours libéral, quand bien même n’est-il jamais concrétisé par aucun gouvernement libéral. C’est ici toute une logorrhée technocratique qui trouve un débouché idéologique radical. Le mythe du surgissement de l’énergie créatrice par l’abolition des règles, le culte du découvreur dans son garage qui ne doit rien à personne sinon à son seul génie, tout cela et combien d’autres lieux communs de l’imaginaire des élites sociales contemporaines ne sont que des variantes « modernisées » du « führer princip », le principe du guide génial dont les fulgurances seraient d’autant plus efficaces qu’on aurait renoncé à organiser leurs évaluations.
Je suis frappé, à l’Assemblée nationale, d’entendre les députés de la République en marche, si largement issus des milieux dirigeants des entreprises, se plaindre sans cesse de la longueur des débats, psychologiser toute opposition jusqu’au point de traiter de fou l’un ou l’autre de leur contradicteur non comme une injure mais parce qu’ils le croient sincèrement ! Et s’il leur arrive de le regretter ce n’est que comme on regrette une inconvenance d’attitude dans certains milieux plutôt que comme le constat d’une aberration de leur propre raisonnement.
La première enquête montrant ce lien entre le désir d’autoritarisme et l’adhésion au libéralisme est venue des USA. La suivante de France à l’initiative de la fondation Jean Jaurès. Ce constat en appelle un autre. Il n’y a pas de contradiction entre la politique néolibérale et le régime autoritaire. À maints égards, on peut dire que c’est le contraire. Le néolibéralisme s’épanouit d’autant plus facilement que le régime qui l’assume est autoritaire et même totalitaire s’il le faut. La fameuse saillie de Juncker « il n’ya pas de démocratie en dehors des traités européens » formule d’une façon limpide le contenu de ce moment libéral autoritaire. Surtout si l’on tient compte des mises en œuvre de ce principe contre Chypre, la Grèce et plus récemment l’Italie.
Il ne fait plus de doute que cette tendance ne peut que s’accentuer. Elle ne se contente pas d’être « un point de vue ». Elle est déjà l’emballage d’une pratique effective qui aurait suscité des réactions d’indignation unanimes il y a une décennie et qui passent à présent sans coup férir dans une opinion progressivement mythridatisée. En atteste un fait constant : la sévérité des condamnations pour faits d’action écologique ou syndicale. Certes, cette sévérité est en relation avec la pluie de lois de réduction des libertés et des droits des justiciables qui se succèdent. Jamais aucune évaluation de leur mise en œuvre n’est réalisée ni demandée par les pouvoirs en place. En France, cette évolution est consternante. 95% des décisions de confinement ou de gardes-à-vue prises dans le cadre de l’application de l’État d’urgence l’ont été contre des militants écologistes ou syndicalistes. Les sanctions se durcissent, les procédures mises en œuvre déploient une brutalité croissante. En introduisant dans la loi ordinaire les dispositions extraordinaires de l’État d’urgence, tout aura empiré à très grande vitesse.
Depuis lors, on ne compte plus les cas semblables mais aussi les appels à durcir les sanctions ou à prolonger les poursuites judiciaires à l’initiative des procureurs, sur consigne gouvernementale. Il ne se passe plus une semaine sans un abus de cette nature contre une organisation syndicale tout entière ou contre des manifestants ramassés au hasard de razzias. Mais cette tendance doit être corrélée à l’évolution des idées dominantes dans la composition sociale des corps judiciaires. Mais tout autant dans celle des personnes qui animaient les contrepouvoirs idéologiques traditionnels. Ceux qui actionnaient dans le passé les gardes fou protecteurs des libertés sont devenus timides. Que la ligue des droits de l’homme, la franc maçonnerie, et tant d’autres n’aient trouvé à redire en France à l’utilisation d’une procédure anti-terroriste contre un parti parlementaire d’opposition comme la LFI en dit tellement sur l’évolution idéologique de ces secteurs de l’opinion autrefois si vigilantes.
Ce retour sur ce qui s’est produit dans la persécution politico-judiciaire contre LFI me ramène encore à une tendance lourde observable sur la scène politique aux Amériques. La judiciarisation des combats politiques dans le but d’éliminer l’opposition en l’empêchant d’agir sur la scène de la démocratie est désormais une constante. On a vu le cas brésilien. Lula a été accusé d’avoir bénéficié d’un cadeau des entreprises sous la forme d’un don d’appartement. Une accusation sans aucune preuve matérielle. Mais il a été condamné et écarté du processus électoral à l’issue de tout un parcours de simagrées judiciaires aussi pompeuses. La même mésaventure atteint l’ancien président de l’Équateur Rafael Corréa. Le voila accusé sans aucune preuve, sinon les déclarations de l’intéressé, d’avoir ordonné l’enlèvement et l’assassinat d’un ex-député. Même processus pour Gustavo Petro en Colombie, l’homme de gauche présent au deuxième tour de la présidentielle dont l’election sénatoriale est annulée pour des motifs « judiciaires » tout aussi ubuesques. Avant cela, il y avait eu une série de « coups d’États constitutionnels » sur le modèle des procédures judiciaires en grandes pompes. Ce fut le cas au Honduras, au Paraguay et au Brésil.
On ne doit pas regarder tout cela de trop haut. Les peuples concernés ne sont pas des ramassis d’indigènes folkloriques. Ils forment des nations obsédées de droit positif. Mais c’est un fait que la judiciarisation de la lutte contre les oppositions a franchi un seuil partout. Aux Amériques et en Europe. La bas, elle complète les stratégies d’assassinats politiques qui s’appliquent aux militants et aux candidats. Je ne fais pas la liste des morts et des tentatives d’assassinat dans ces pays avant, pendant et après les élections récentes dans chacun des pays. Dorénavant, la stratégie de l’empêchement judiciaire visent les oppositions parlementaires et les élus en fonction.
C’est ce seuil qui a été franchi en France contre la LFI. La banalisation de ce coup de force ouvre bien des contradictions et une chaînes de conséquence que l’on ne devrait pas tarder à observer. En effet, par exemple, les procureurs en charge des dénonciations dans le dossier des attachés parlementaires ne laisseront pas, dans la phase décisive du processus, se répandre l’idée qu’ils pratiqueraient un « deux poids deux mesures » trop visible. On verra donc bientôt, je l’espère, le réveil de certaines consciences quand, à leur tour, les 16 autres députés de LR et du PS, leurs sièges seront perquisitionnés ainsi que leurs assistants parlementaires. Naturellement, on comprend que je ne le dis que pour mieux démontrer ce que je dis ici. De telles perquisitions n’auront pas lieu. Celles qui ont été organisées l’ont été dans un but purement politique qui s’inscrit dans une démarche globale à finalité politique. Il faut donc comprendre que nous n’en sommes qu’au début de la mise en œuvre de cette stratégie. Elle ne s’arrêtera pas avant d’avoir réalisé son objectif politique.
Le résultat du referendum en Nouvelle-Calédonie est une déception pour tous ceux qui croient à la nécessité d’une pleine souveraineté des populations de l’archipel. Je me suis déjà souvent exprimé dans ce sens. Je ne vous apprend rien en vous disant que je me suis lié à la lutte indépendantiste du vivant de Jean-Marie Tjibaou. C’était une époque d’affreuses violences coloniales. J’entrais dans le dossier dans un moment spécialement tendu. Les frères de Tjibaou avaient été assassinés sur une route et leurs assassins avaient bénéficié d’un non-lieu. La troupe cantonnait. C’était l’époque des violences unilatérales et des provocations les plus incroyables contre le mouvement kanak. La suite fut tout aussi douloureuse jusqu’au massacre de la grotte d’Ouvéa.
Les accords de Nouméa furent voulus et signés par tous les leaders du mouvement indépendantiste en même temps que par ceux du camp adverse que dominait alors la personnalité de Jacques Lafleur. Ces accords se présentaient comme une pause dans l’escalade des violences contre les Kanaks et un temps de préparation matérielle à l’exercice de la pleine souveraineté. Le temps a passé mais pas la profondeur du clivage qui partage les gens sur place. Le résultat du référendum en atteste. Le niveau du oui est bien au dessus de ce qu’annonçaient les sondages. Les tribus kanaks et les quartiers ont voté massivement pour le « oui » à l’indépendance. Mais elles n’ont pas compensé les votes contre l’indépendance des secteurs urbains. L’arrière plan social a tétanisé les esprits faisant craindre une catastrophe lourdement agitée pour effrayer. Pourtant la structure économique néo-coloniale est totalement responsable de la situation locale : la vie plus chère de 33% et de 73% pour les produits alimentaires, des salaires inférieurs de 20% et ainsi de suite, tout cela c’est du concentré du rapport social qui forme la trame économique du « Caillou ».
Quoi qu’il en soit, toute la situation nous impose un devoir de prudence dans la prise de parole et d’accompagnement respectueux de la décision prise dans les urnes. Pour autant, le plan de marche prévu par les accords doit être tenu tel quel sans remise en cause d’aucune sorte. C’est à ce prix que le processus de paix convenu entre les parties sera protégé et pourra produire tous ses effets bénéfiques. Les parlementaires de « la France insoumise » ont adressé aux populations qui se sont exprimées un salut républicain confiant dans l’avenir de la paix et de la souveraineté populaire. Sur place, les membres du mouvement se sont mis en mouvement dans une logique de solidarité maîtrisée mais profonde. Des extrémistes issus de la droite pensent faire de ce vote l’occasion d’une remise en cause du reste du calendrier fixé par les accords. C’est inutilement provocant. Et ce serait une grande erreur. Tant qu’un calendrier laisse ouverte la question du statut politique de l’archipel et donne des rendez-vous démocratiques, la paix est possible, la préparation est possible, le dialogue reste l’outil de la vie en commun. Il faut absolument tourner la page de la violence et de la contrainte qui a dominé les cent précédentes années. Quand une population se prononce de façon aussi claire mais assi partagée en quasi moitié, nul ne peut esperer contraindre qui que ce soit.
74 commentaires
Fabrice
J’habite depuis un peut plus de six mois une nouvelle location et à l’heure ou des logements locatifs sont très difficile à déniché, à coté de chez moi une maison vide et cela depuis plus de 3 années consécutives ? Vide et délabré, les rats et souries y pullules, et comme ma maison communique par le planché… Pas d’affiche de mise en vente, jamais aucun mouvement dans cette maison. J’ai eu l’occasion d’interpeller le premier adjoint au maire concernant cette maison, il ma répondu qu’elle serait peut être vendu ! Vendue et rien ni personne à l’intérieur, j’ai trouver sa réponse plutôt très évasive. Il ma semblé plutôt embarrasser. Je ne trouve pas d’explication rationnel à cet état de fait, et en France n’y à t’il pas de lois concernant les logements vides et vétuste.
Le problème de la France, on y vote des lois à tous va et jamais personne ne les appliques, et si par tout hasard des histoire d’argent y sont intimement imbriqué !
Sabine
J’ai fait exactement le même rapprochement !
Marie B
En lisant le billet de Jl Mélenchon, je m’aperçois que je ne psychote pas seule dans mon coin en voyant se construire chaque jour, pas à pas, une nouvelle forme de dictature en France. Une espèce d’anesthésie s’empare du peuple qui n’a plus, semble-t-il, de défense autrefois efficace. On brime nos plus forts, ceux qui nous représentent : on les traîne dans d’insupportables « affaires » créées de toute pièce, dans le but d’eradiquer toutes formes d’opposition, de récrimination. La captation des fichiers, des données de la LFI est un moyen d’intimider et sert d’avertissement. Jusqu’où va aller cette majorité si arrogante car tellement protégée par des puissances qui se terrent dans l’ombre !
Marine le Pen c’est du pipi de chat comparé à ce qui est en face de nous ! Il me fait rire Jupiter d’opposer libéraux et nationalistes. Il a dépassé les deux stades et il s’est ouvert un boulevard, un peu comme le bus des Bleus. On assiste à rien et on attend comme des miserables…
PIGNAT
Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi !
Les ficelles sont grosses, EM ne régnera pas toujours par la peur et sa com nove langue à embrouilles. Restons déterminés car ainsi nous sommes ensemble et plus fort. Continuons à débattre, à interroger et à s’interrogre sans cesse pour pouvoir faire éclore un avenir en commun.
Gyullet
Merci pour cette parfaite analyse de ces sujets qui nous ont toutes et tous, bouleversé et irrité avec malheureusement ce sentiment d’impuissance qui est devenu désormais réel. J’ai connu ce temps béni où toutes nos voix contestataires étaient écoutées et entendues, avec à la clef, au moins des améliorations conséquentes même si la panacée n’était pas obtenue immédiatement. Ce n’est plus du tout le cas à présent. J’ai vécu 4 ans dans un logement en province, toute petite ville de moins de 3000 âmes. Ce logement était loué comme respectant les normes en vigueur. Sauf que 3 ans plus tard, j’ai réussi avec moultes difficultés administratives (mairie surtout !) à le faire déclarer insalubre car ruisselant d’humidité. J’ai fait trois pneumpathies dans ce logement. J’ai pu déménager dès qu’un logement HLM dans une autre commune s’est libéré en interpellant le Préfet, en appuyant sur mon handicap moteur de +80%. Ce logement toujours insalubre a été ré occupé dès mon…
Charly PARROTTA
Samia Galli effarée qui brûle de se rendre utile à Marseille ? Qu’elle accueille donc dans sa piscine les élèves de la ville.
Le Préfet Pierre Dartout effaré qui brûle de se rendre utile ? Qu’il régularise les parents d’élèves sans papiers dont nous présentons les dossiers depuis 2004.
Le ministre chargé de la ville et du logement Denormandie effaré qui brûle de se rendre utile à Marseille ? Qu’il interroge donc Arlette Fructus, adjoint.e au logement à la ville de Marseille, et ceux autour de Gaudin à la conférence de presse du jeudi 8 novembre, sur l’attribution des HLM de la ville de Marseille.
André Canessa
La judiciarisation de la politique est un vieux phénomène. Déjà au IVe siècle avant J.-C. on a fait un procès à un opposant politique, un certain Socrate, pour l’éliminer un personnage intelligent, dérangeant, fort en gueule.
« Intelligent, dérangeant, fort en gueule », ça ne vous rappelle personne dans le personnel politique français actuel ?
Alain Aspar
Vous avez raison, mais Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas du filmer cette intervention policière. Il est tombé dans le piège que lui a tendu Macron et ses sbires.
Pour ce qui est du Brésil, c’est lamentable, tout comme cette coupe du monde de football et ces jeux olympiques qui ont fini de ruiner le pays. Lamentable comme la corruption qui règne dans les pays du sud. Je ne cautionne pas du tout de mon côté le regime Maduro au Vénézuela, tout comme tous les régimes extrémistes.
Enfin quand aux sans papiers, notre pays ne peut pas recevoir et accueillir toute la misère du monde. Enfin le social c’est très bien, faut il encore qu’il n’y est pas d’abus ni même de communautarisme, ce que le parti des insoumis devrait aussi dénoncer.
Je préférais appellation « front de gauche » où par exemple parti socialiste international.
j.lou
Je faisais allusion à François Mitterrand qui dérangeait fortement en 1959, puisque seul capable de reconstruire une opposition au pouvoir en place. Un coup monté était organisé avenue de l’observatoire pour le détruire politiquement. C’était une nuit du 15 au 16 octobre, étonnant non ?
Limonade
@Alain Aspar
« Est-il sage pourtant, de rester sage quand la maison brûle ? » disait Aristote. Je suis très fier que Jean-Luc Mélenchon se soit faché tout fort contre les représentant du pouvoir exécutif qui sont venus en toute illégitimité intimider la seule opposition de ce pays. Je me suis senti représenté !
Si votre confort vous empêche d’apprécier la gravité des faits, que dire de votre manque d’écoute sur les propositions faites depuis longtemps maintenant sur les sans-papier et l’immigration plus globalement ? Il n’est pas question d’accueillir toute la misère du monde, juste ceux qui sont en train de se noyer au lieu de les regarder sombrer. Pour le reste, il est question d’arrêter de les faire partir de chez eux ! Comment ? Mais lisez l’Avenir en Commun tout est écrit.
Un nouveau front de gauche. Quelle idée neuve ! Le mouvement de la France Insoumise est bien assez fédérateur comme ça et à fait ses preuves, lui.
Jacques Vigneron
Les media ont passé sous silence la présence de Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille sur les lieux de la catastrophe, histoire de sous entendre qu’il n’était qu’un politicien, indifférent à la souffrance.
Bertrand THEBAULT
La FI est déçue de la victoire du non à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Cette position pourrait aussi décevoir des Insoumis qui connaissent un peu le contexte politique, économique, social, culturel et ethnique de cet archipel situé à l’est de l’Australie. Et puisque je cite cet état-continent, ajoutons le contexte géopolitique. Émettre un tel avis en l’absence d’un solide argumentaire relègue le communiqué de la FI à une simple position de principe, celle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
La bonne question que l’on doit se poser est la suivante : dans un cas comme dans l’autre, indépendance ou maintien dans la France, qu’ont à perdre ou à gagner les habitants de ce pays d’outre-mer (c’est un POM) ? Les partisans d’une indépendance pour le principe pourront-ils arguer que celui-ci devrait être respecté quel que soit le côté où penche la balance des avantages-inconvénients, et notamment, devrait-il être appliqué même si une analyse honnête laisse clairement…
Francis
Je ne vois pas dans les termes du communiqué du groupe Fi à l’Assemblée la marque d’une déception de la Fi. Le communiqué déclare « Le résultat du référendum en Nouvelle Calédonie est une profonde déception pour toute personne qui croit à la nécessité d’une pleine souveraineté des populations de l’archipel. Il montre la profondeur du clivage qui partage les gens sur place. L’un et l’autre nous font un devoir de prudence et d’accompagnement respectueux de la décision prise dans les urnes »
Carlet
Ce n’est pas un POM. La Nouvelle-Calédonie a un statut particulier à elle même dit sui generis par l’accord de Nouméa.
Buonarroti
Relisons Barbusse ! Plusieurs dizaines de milliers de projets dont 6 000 en France pour héroïser la souffrance des peuples, exonérer les marchands de canons et dissimuler que le capitalisme porte la guerre comme la nuée, la pluie. Rappelons aussi que ces millions de victimes d’un patriotisme sacrifiées aux profits boursiers pouvaient boire sans modération jusqu’à 10 litres de vin chaque jour, offert gracieusement par l’armée ! Merci Macron !
Bertrand Thébault
@Carlet
Si, et si encore, la Nouvelle-Calédonie a le statut d’un POM (Pays d’Outre-Mer) depuis la signature de l’accord de Nouméa en 1998, époque à laquelle je résidais sur le Caillou. Mais cela ne change rien au fond du problème.
@Francis
Si le fait d’exprimer une « profonde déception » n’est pas la marque d’une déception, je n’y comprends plus rien !
kokkino
Après la perquisition, le Point se demande si on peut laisser Jean-Luc Mélenchon dire n’importe quoi sur son blog. Après une rencontre Macron-Zuckerberg, Facebook va accepter d’ouvrir ses techniques de modération à un groupe d’experts français nommés par le gouvernement. Jean-Luc Mélenchon au meeting de Pau (excellent) louait les réseaux sociaux qui permettent à la FI de se passer des médias. Alors ne nous étonnons pas si un jour ou l’autre (plus proche qu’on ne le pense) on nous coupe ces moyens de communication si efficaces pour nous et si dangereux pour le pouvoir.
Invisible
Je lis le blog alors que je ne suis inscrite à aucun réseau social. Je lis des journaux alternatifs en allant directement sur leur site, sans m’enfermer dans le format étriqué d’une page FB. Par contre, il est vrai que Youtube est fondamental pour l’accès aux vidéos.