Il y avait dans l’air cette trame spéciale des jours terribles. C’était un tout que ce boulevard barré, ces tentes et ces groupes de marins-pompiers et de policiers, ces véhicules rouges, ces cars bleu sombre et, par-dessus tout, ce ciel plombé si peu courant à Marseille. Je montai à bon pas vers le croisement d’où l’on verrait la scène du drame sans déranger les secours. La mémoire s’agitait dans ses couches en sommeil profond. Des images remontaient vers moi de ce jour à Toulouse où j’arrivais au lendemain de l’explosion d’AZF pour faire la tournée des lycées professionnels atteints ou détruits. C’est toujours le silence qui reste en tête et sa trame singulière dans ce type de circonstances.
À ma descente du train avec Antoine qui m’accompagne, gare Saint-Charles, Lise et Sébastien qui viennent me chercher ont la tête des très mauvais jours. Ils sont sur pied depuis la première heure du drame et ils tentent d’en démêler les récits pour moi. Sur place, voici Prune et Josépha, puis Franck. On marche de concert. Personne ne parle. En haut de la rue où je suis passé tant de fois en manifestation, il y a un regroupement. Le ministre Denormandie m’attend pour me saluer (je suis le député de la circonscription), le préfet, et aussi Samia Galli, Pellicani, bref, les figures marseillaises du secteur. Nous voici tous ramené au plus simple de nous-mêmes : des êtres humains effarés brûlant de se rendre utiles. J’ai prévenu par tweet avant d’arriver : priorité à l’urgence humaine de la situation. On verra plus tard pour la discussion politique. On grimpe en vitesse le tournant pentu et voici le tableau que l’on devinait : un essaim de journalistes sagement rangés derrière un fil de plastique, les policiers avec les maîtres-chiens de retour de la fouille, et là-bas au fond la montagne de gravats.
Je marche aux côtés de l’amiral commandant les équipes de marins-pompiers. À Marseille, depuis le siècle dernier, ce sont les marins-pompiers qui font les services de secours et incendie. Cet homme a toute cette situation sur les épaules. Son pas est ferme. Professionnalisme, élégance de la relation. Ses hommes prennent des risques en fouillant car le troisième immeuble qui borde le trou est lui-même branlant. Tout à l’heure, il va prendre la bonne décision pour la sécurité des équipes. Une pelle vient pour décrocher ce qui s’effritait au sommet et leur tombait dessus par surprise. À peine touché, l’immeuble s’effondre sur l’emplacement où se trouvaient les sauveteurs quelques instants plus tôt. À partir de là tout va aller plus vite. Il faut fouiller pour dégager d’éventuelles poches de survie. Il le faut aussi pour que les chiens puissent savoir si des humains sont là. Pour l’instant, le torchis mouillé des murs tombés fonctionne plutôt comme un écran olfactif total. On ne s’attarde pas. Pas question d’encombrer ou de harceler.
Un petit mot encore pour les journalistes transis sur la hauteur et on va redescendre en prenant le temps cette fois-ci. Il faut parler avec tout le monde au fur et à mesure. Ce sera le plus long. Et peut-être le plus utile. Car ici ou là, parmi les gens qui sont sur ce trottoir, surgissent de pauvres gens éplorés. Soit qu’ils ne sachent que faire, soit qu’ils soient sidérés, soit qu’ils soient très fâchés parce qu’on ne leur permet pas de rentrer chez eux. Une dame erre. Son mari a 93 ans, il ne marche vraiment pas bien et il attend dans un bar depuis ce matin ; un homme et ses trois enfants à la main les yeux dans le vide qui ne sait que faire avec ces petits apeurés qui se tiennent collés à ses jambes ; une autre dame qui est très malade et le crie à plein poumons dans l’angoisse de savoir où elle dormira ce soir. Dans cette circonstance, je n’ai aucun pouvoir. J’écoute, je m’efforce de rassurer ou d’aider à rejoindre la mairie du secteur où l’accueil est bien organisé. Mes camarades font de même. Les gens parlent fort. C’est bien. Ça les aide à se libérer de l’angoisse. En fait personne ne demande rien. Tout le monde raconte ou dit sa peur. Une main donnée, un moment à écouter jusqu’à ce que le flot se tarisse, voilà ce qu’on peut faire d’utile même si c’est peu. Quoi d’autre sinon ? Toute notre humanité est dans notre relation aux autres. Et quand un monde est assez inhumain pour avoir rendu possible un drame si hautement prévisible, ces gens qui crient sont les sentinelles au bord d’un gouffre plus large que celui qui s’est ouvert sous les immeubles effondrés. C’est un monde qui s’écroule en réalité dont ces immeubles marseillais sont la ligne de front. Le monde de l’égoïsme et de l’indifférence aux pauvres et aux précaires, le monde du fric roi, le monde pourri que nous avons sur les bras.
L’effondrement de trois immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille a remis sur le devant de la scène le problème de l’habitat indigne et insalubre. Il est vrai que dans la ville, le phénomène est massif. Dans le quartier de Noailles, où le drame a eu lieu, on parle d’un immeuble sur deux qui serait de mauvaise qualité. La fondation Abbé Pierre considère que 100 000 Marseillais vivent dans des logements très dégradés. Ces chiffres montrent l’état d’abandon dans lequel se trouve la population. Mais on aurait tort de croire à un évènement local.
La mauvaise qualité de l’habitat est un problème global et d’ampleur. Il concerne tout le pays. L’Insee répertorie dans son enquête sur les conditions de logement des Français les principaux défauts des logements. Selon cette enquête, 10% des logements en France présenteraient trois défauts ou plus. Cela représente 3 millions de logements. Tous, bien sûr, ne menacent pas de s’effondrer comme ce fut le cas à Marseille. Mais on en recense tout de même environ 400 000 dont la façade principale est « très dégradée » avec des « fissures profondes ». Les autres défauts menacent aussi la santé ou la sécurité des occupants. Dans la liste on trouve notamment les infiltrations d’eau, qui fragilisent la solidité des immeubles, les problèmes d’humidité ou les installations électriques dégradées. On sait que ces caractéristiques peuvent aussi donner lieu à de graves accidents. Enfin, un logement sur cinq est mal isolé au niveau des murs, des toits ou des fenêtres. Ce problème est responsable de nombreuses maladies chroniques parmi les pauvres qui ne peuvent pas se payer les factures de de chauffage que nécessiteraient de telles passoires.
Les plus touchés par ces logements indignes sont les locataires. Un logement sur cinq en location sur le secteur privé est touché par trois défauts ou davantage. Et on ne compte que 40% des locations sans aucun défaut. Ceux qui habitent là le font parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. L’accès à un logement social, dans les grandes villes, est souvent un rêve inaccessible. Deux millions de familles sont sur liste d’attente pour se voir attribuer une HLM et la file s’allonge d’année en année. Les récentes attaques du gouvernement vont encore aggraver les choses. Il a d’une part opéré des coupes dans les budgets des organismes HLM qui sont l’équivalent de 54 000 logements construits de moins par an. D’autre part, il incite à la vente à la découpe des logements sociaux. On peut donc s’attendre à une difficulté accrue pour accéder à un logement social. Sur cette misère prolifèrent les marchands de sommeil. Ils louent des logements indignes à des familles pauvres qui ne peuvent remplir les conditions drastiques de garanties ou de revenus qui sont habituellement demandés sur le marché.
Louer un logement qui ne respecte pas les normes sanitaires ou de sécurité est illégal. Mais la réponse de l’État et des collectivités face à la prolifération de ce commerce de la misère est dérisoire. Ainsi, seuls 0,6% des logements font l’objet d’un signalement portant sur leur caractère insalubre, dangereux ou sur le fait qu’ils ne correspondent pas aux normes de location. La majorité des marchands de sommeil peuvent donc, eux, dormir tranquilles.
Contre le logement indigne, il faut déjà commencer par faire respecter la loi. Nous avons mis en avant pendant la campagne présidentielle l’idée du « permis de louer ». Il s’agit de mettre en place une autorisation préalable de mise en location d’un logement. Ainsi, les pouvoirs publics vérifieraient que l’état du logement est bien conforme à la loi avant de délivrer une autorisation de mise en location, un refus ou une autorisation conditionnée à des travaux. Actuellement, les communes volontaires peuvent le mettre en place. Celles qui l’ont effectivement fait se comptent sur les doigts de la main. Marseille n’en fait pas partie, par exemple. Il faut généraliser le permis de louer et le rendre obligatoire pour les villes où se concentrent les logements insalubres.
Mais on doit surtout bien comprendre la nécessité d’une politique sociale du logement qui soit globale. C’est hors de portée sans un investissement massif dans le logement public de qualité. Au rythme de 200 000 HLM supplémentaires par an, cela permettrait de résorber les interminables listes d’attente que l’on connaît aujourd’hui. Une autre direction de travail est de rompre la pure logique de marché dans le secteur. On peut pour cela encadrer les prix sur le marché privé jusqu’à faire baisser les loyers dans les grandes agglomérations où ils ont atteint des niveaux délirants. C’est en rendant le logement accessible à tous que l’on sortira les familles pauvres des griffes des marchands de sommeil. Le logement n’est pas un bien comme les autres que l’on peut laisser entre les mains des spéculateurs et du marché. Il conditionne l’accès au travail, à la santé, le droit à la vie privée, à une vie de famille etc. La question du logement des pauvres ne doit plus être considéré comme un à côté, un aspect secondaire d’un marché pour le reste adaptable. Dans ce domaine comme dans tous les autres, la pauvreté n’est pas la marge d’un système qui fonctionnerait tant bien que mal. Le nombre des personnes concernées montre que la pauvreté dans ce domaine aussi est une des conditions de l’accumulation financière artificielle qui s’exerce dans le secteur. La rareté du logement pousse tous les prix à la hausse, toutes les affaires tordues à la propension, et pérennise dans le silence des victimes sans choix les pratiques les plus honteuses.
Une alerte maximale nous vient du Brésil. Le déroulement de l’opération qui a permis au candidat d’extrême droite de gagner l’élection présidentielle porte des leçons qui ne se limitent pas à la compréhension des évènements brésiliens. Un plan d’action a été mis en œuvre qui révèle un plan de travail que l’on voit se généraliser partout où l’Empire néolibéral affronte des alternatives politiques. La phase décisive du processus a été l’élimination judiciaire du candidat de gauche Lula qui était alors donné gagnant dans les sondages. La nomination du juge qui l’a condamné sans preuve comme ministre de la justice du gouvernement d’extrême droite est la signature de la corruption politique de la justice de ce pays.
Ce qui m’alerte, ce sont deux faits qui se répètent d’un pays à l’autre. Je parle pour l’instant des Amériques. Mais, bien sûr, les comparaisons avec la situation en Europe fonctionnent totalement selon moi. Le premier fait est la répétition d’une enquête d’opinion à l’autre d’une réalité nouvelle : ce sont désormais les libéraux qui sont les plus nombreux à penser qu’un régime autoritaire est bénéfique pour régler les problèmes d’un pays. Pour que ce sentiment lamentable l’ait emporté dans ces secteurs de l’opinion et de la population, il aura fallu une contamination d’un genre spécial. L’autoritarisme est l’enfant de l’obsession d’efficacité et de performance qui est le substrat du discours libéral, quand bien même n’est-il jamais concrétisé par aucun gouvernement libéral. C’est ici toute une logorrhée technocratique qui trouve un débouché idéologique radical. Le mythe du surgissement de l’énergie créatrice par l’abolition des règles, le culte du découvreur dans son garage qui ne doit rien à personne sinon à son seul génie, tout cela et combien d’autres lieux communs de l’imaginaire des élites sociales contemporaines ne sont que des variantes « modernisées » du « führer princip », le principe du guide génial dont les fulgurances seraient d’autant plus efficaces qu’on aurait renoncé à organiser leurs évaluations.
Je suis frappé, à l’Assemblée nationale, d’entendre les députés de la République en marche, si largement issus des milieux dirigeants des entreprises, se plaindre sans cesse de la longueur des débats, psychologiser toute opposition jusqu’au point de traiter de fou l’un ou l’autre de leur contradicteur non comme une injure mais parce qu’ils le croient sincèrement ! Et s’il leur arrive de le regretter ce n’est que comme on regrette une inconvenance d’attitude dans certains milieux plutôt que comme le constat d’une aberration de leur propre raisonnement.
La première enquête montrant ce lien entre le désir d’autoritarisme et l’adhésion au libéralisme est venue des USA. La suivante de France à l’initiative de la fondation Jean Jaurès. Ce constat en appelle un autre. Il n’y a pas de contradiction entre la politique néolibérale et le régime autoritaire. À maints égards, on peut dire que c’est le contraire. Le néolibéralisme s’épanouit d’autant plus facilement que le régime qui l’assume est autoritaire et même totalitaire s’il le faut. La fameuse saillie de Juncker « il n’ya pas de démocratie en dehors des traités européens » formule d’une façon limpide le contenu de ce moment libéral autoritaire. Surtout si l’on tient compte des mises en œuvre de ce principe contre Chypre, la Grèce et plus récemment l’Italie.
Il ne fait plus de doute que cette tendance ne peut que s’accentuer. Elle ne se contente pas d’être « un point de vue ». Elle est déjà l’emballage d’une pratique effective qui aurait suscité des réactions d’indignation unanimes il y a une décennie et qui passent à présent sans coup férir dans une opinion progressivement mythridatisée. En atteste un fait constant : la sévérité des condamnations pour faits d’action écologique ou syndicale. Certes, cette sévérité est en relation avec la pluie de lois de réduction des libertés et des droits des justiciables qui se succèdent. Jamais aucune évaluation de leur mise en œuvre n’est réalisée ni demandée par les pouvoirs en place. En France, cette évolution est consternante. 95% des décisions de confinement ou de gardes-à-vue prises dans le cadre de l’application de l’État d’urgence l’ont été contre des militants écologistes ou syndicalistes. Les sanctions se durcissent, les procédures mises en œuvre déploient une brutalité croissante. En introduisant dans la loi ordinaire les dispositions extraordinaires de l’État d’urgence, tout aura empiré à très grande vitesse.
Depuis lors, on ne compte plus les cas semblables mais aussi les appels à durcir les sanctions ou à prolonger les poursuites judiciaires à l’initiative des procureurs, sur consigne gouvernementale. Il ne se passe plus une semaine sans un abus de cette nature contre une organisation syndicale tout entière ou contre des manifestants ramassés au hasard de razzias. Mais cette tendance doit être corrélée à l’évolution des idées dominantes dans la composition sociale des corps judiciaires. Mais tout autant dans celle des personnes qui animaient les contrepouvoirs idéologiques traditionnels. Ceux qui actionnaient dans le passé les gardes fou protecteurs des libertés sont devenus timides. Que la ligue des droits de l’homme, la franc maçonnerie, et tant d’autres n’aient trouvé à redire en France à l’utilisation d’une procédure anti-terroriste contre un parti parlementaire d’opposition comme la LFI en dit tellement sur l’évolution idéologique de ces secteurs de l’opinion autrefois si vigilantes.
Ce retour sur ce qui s’est produit dans la persécution politico-judiciaire contre LFI me ramène encore à une tendance lourde observable sur la scène politique aux Amériques. La judiciarisation des combats politiques dans le but d’éliminer l’opposition en l’empêchant d’agir sur la scène de la démocratie est désormais une constante. On a vu le cas brésilien. Lula a été accusé d’avoir bénéficié d’un cadeau des entreprises sous la forme d’un don d’appartement. Une accusation sans aucune preuve matérielle. Mais il a été condamné et écarté du processus électoral à l’issue de tout un parcours de simagrées judiciaires aussi pompeuses. La même mésaventure atteint l’ancien président de l’Équateur Rafael Corréa. Le voila accusé sans aucune preuve, sinon les déclarations de l’intéressé, d’avoir ordonné l’enlèvement et l’assassinat d’un ex-député. Même processus pour Gustavo Petro en Colombie, l’homme de gauche présent au deuxième tour de la présidentielle dont l’election sénatoriale est annulée pour des motifs « judiciaires » tout aussi ubuesques. Avant cela, il y avait eu une série de « coups d’États constitutionnels » sur le modèle des procédures judiciaires en grandes pompes. Ce fut le cas au Honduras, au Paraguay et au Brésil.
On ne doit pas regarder tout cela de trop haut. Les peuples concernés ne sont pas des ramassis d’indigènes folkloriques. Ils forment des nations obsédées de droit positif. Mais c’est un fait que la judiciarisation de la lutte contre les oppositions a franchi un seuil partout. Aux Amériques et en Europe. La bas, elle complète les stratégies d’assassinats politiques qui s’appliquent aux militants et aux candidats. Je ne fais pas la liste des morts et des tentatives d’assassinat dans ces pays avant, pendant et après les élections récentes dans chacun des pays. Dorénavant, la stratégie de l’empêchement judiciaire visent les oppositions parlementaires et les élus en fonction.
C’est ce seuil qui a été franchi en France contre la LFI. La banalisation de ce coup de force ouvre bien des contradictions et une chaînes de conséquence que l’on ne devrait pas tarder à observer. En effet, par exemple, les procureurs en charge des dénonciations dans le dossier des attachés parlementaires ne laisseront pas, dans la phase décisive du processus, se répandre l’idée qu’ils pratiqueraient un « deux poids deux mesures » trop visible. On verra donc bientôt, je l’espère, le réveil de certaines consciences quand, à leur tour, les 16 autres députés de LR et du PS, leurs sièges seront perquisitionnés ainsi que leurs assistants parlementaires. Naturellement, on comprend que je ne le dis que pour mieux démontrer ce que je dis ici. De telles perquisitions n’auront pas lieu. Celles qui ont été organisées l’ont été dans un but purement politique qui s’inscrit dans une démarche globale à finalité politique. Il faut donc comprendre que nous n’en sommes qu’au début de la mise en œuvre de cette stratégie. Elle ne s’arrêtera pas avant d’avoir réalisé son objectif politique.
Le résultat du referendum en Nouvelle-Calédonie est une déception pour tous ceux qui croient à la nécessité d’une pleine souveraineté des populations de l’archipel. Je me suis déjà souvent exprimé dans ce sens. Je ne vous apprend rien en vous disant que je me suis lié à la lutte indépendantiste du vivant de Jean-Marie Tjibaou. C’était une époque d’affreuses violences coloniales. J’entrais dans le dossier dans un moment spécialement tendu. Les frères de Tjibaou avaient été assassinés sur une route et leurs assassins avaient bénéficié d’un non-lieu. La troupe cantonnait. C’était l’époque des violences unilatérales et des provocations les plus incroyables contre le mouvement kanak. La suite fut tout aussi douloureuse jusqu’au massacre de la grotte d’Ouvéa.
Les accords de Nouméa furent voulus et signés par tous les leaders du mouvement indépendantiste en même temps que par ceux du camp adverse que dominait alors la personnalité de Jacques Lafleur. Ces accords se présentaient comme une pause dans l’escalade des violences contre les Kanaks et un temps de préparation matérielle à l’exercice de la pleine souveraineté. Le temps a passé mais pas la profondeur du clivage qui partage les gens sur place. Le résultat du référendum en atteste. Le niveau du oui est bien au dessus de ce qu’annonçaient les sondages. Les tribus kanaks et les quartiers ont voté massivement pour le « oui » à l’indépendance. Mais elles n’ont pas compensé les votes contre l’indépendance des secteurs urbains. L’arrière plan social a tétanisé les esprits faisant craindre une catastrophe lourdement agitée pour effrayer. Pourtant la structure économique néo-coloniale est totalement responsable de la situation locale : la vie plus chère de 33% et de 73% pour les produits alimentaires, des salaires inférieurs de 20% et ainsi de suite, tout cela c’est du concentré du rapport social qui forme la trame économique du « Caillou ».
Quoi qu’il en soit, toute la situation nous impose un devoir de prudence dans la prise de parole et d’accompagnement respectueux de la décision prise dans les urnes. Pour autant, le plan de marche prévu par les accords doit être tenu tel quel sans remise en cause d’aucune sorte. C’est à ce prix que le processus de paix convenu entre les parties sera protégé et pourra produire tous ses effets bénéfiques. Les parlementaires de « la France insoumise » ont adressé aux populations qui se sont exprimées un salut républicain confiant dans l’avenir de la paix et de la souveraineté populaire. Sur place, les membres du mouvement se sont mis en mouvement dans une logique de solidarité maîtrisée mais profonde. Des extrémistes issus de la droite pensent faire de ce vote l’occasion d’une remise en cause du reste du calendrier fixé par les accords. C’est inutilement provocant. Et ce serait une grande erreur. Tant qu’un calendrier laisse ouverte la question du statut politique de l’archipel et donne des rendez-vous démocratiques, la paix est possible, la préparation est possible, le dialogue reste l’outil de la vie en commun. Il faut absolument tourner la page de la violence et de la contrainte qui a dominé les cent précédentes années. Quand une population se prononce de façon aussi claire mais assi partagée en quasi moitié, nul ne peut esperer contraindre qui que ce soit.
74 commentaires
Daniel Mino
J’ai regardé le téléfilm sur Victor Hugo hier soir. J’y ai trouvé bien des similitudes avec aujourd’hui. Si la FI progresse malgré toutes ces attaques et le silence des forces « progressistes » (LDH, GO…) attendons nous à une forme de coup d’état, comme au Brésil ou en 1851. Courage, lucidité et résistance. Préparons-nous!
Aissani
Il y a aussi des locataires qui dégradent, bon pourquoi pas, mais ne veulent pas de travaux en refusant l’accès et aujourd’hui la prefecture n’expulse plus.
FAGUET
En 1991 à 1993, j’ai vécu à Marseille quartiers nord les Arnaveaux, Tour Sainte, Ste marguerite, St Bart, 1°Mai, Noailles et La Renaude hors du centre ville. La vie quotidienne très animée mais bien bringuebalante dès que l’on rentrait dans un bâtiment pour rencontrer une famille en difficulté. En voyant à la télé cette rue et tout ces bâtiments s’appuyant les uns sur les autres sont d’un autre âge. Les escaliers étaient déjà en mauvais état, sans entretien. Ils se dégradaient tout seul. J’ai été surpris de voir ce quartier toujours dans les mêmes apparences 25 ans plus tard ! Ne pas tirer sur les locataires qui doivent payer certainement plus que ça ne vaut au regard des manques de confort et d’hygiène.
Monsieur Bienpeu
On peut ne jamais avoir eu à pâtir d’un logement insalubre mais faire preuve d’une empathie profonde à l’égard de ceux qui en souffrent. Prétendre que ça va coûter tant d’euros (un pognon de dingue ?) est obscène et me rappelle la bouillie porcine que l’on nous déverse depuis trente ans par les mangeoires médiatiques conventionnelles. On n’ergote qu’épisodiquement sur l’argent alloué à tout ce qui peut détruire l’être humain, du sang contaminé aux produits alimentaires falsifiés, en passant par les armes vendues à toutes sortes de clients. D’autre part, concernant tous ceux qui ont failli lourdement à leur mission de nous représenter chaque fois qu’ils ont eu le pouvoir, en trahissant les salariés, les indépendants, les intermittents, les retraités et les enfants avec une éducation au rabais, je souhaiterais qu’ils se fassent petits. Qu’ils ne viennent surtout pas pourrir, par une imitation à des fins bassement électorales, ce qui peut nous rester de conscience !
Ness
On apprend dans un reportage diffusé sur M6 info du 07/11 que les locataires vers la fin maintenaient leurs portes debout grâce à des barres de fer utilisées lors des travaux de construction. Une preuve de plus que l’immeuble menaçait bel et bien de s’effondrer. Certains locataires cherchaient d’ailleurs désespérément des solutions de relogement depuis quelques semaines sentant l’imminence du danger.
Il faudrait que tous les immeubles qui présentent cette caractéristique de dangerosité soient évacués d’urgence.
Hervé
« Pendant des jours lents et dangereux, les locataires vécurent dans une attente fébrile. Une angoisse intolérable agitait leur coeur. Ils suivaient avec des yeux hagards les progrès de la macabre fissure. De jours en jour elle prenait des proportions indécentes. La maison toute entière vibrait du bruit de la mort contenue dans ses entrailles. » … « Les locataires étaient seuls. Ils avaient beau regarder de tous côtés, ils étaient seuls, dans ce danger sournois qui se refermait sur eux comme une nuit sans lune. » Alber Cossery : La maison de la mort certaine, Le Caire 1944. Albert Cossery, oeuvres complètes 1, éditions Joëlle Losfeld.
Bonnardot
Compte tenu, d’un parc immobilier national très vieillissant, il faut absolument légiférer sur le même principe que le contrôle technique automobile adapté à la location ou la vente d’appartements ou d’immeubles. Donc, pour quand le contrôle technique obligatoire (pour les propriétaires) de tous les logements mis en location ou en vente, avec obligation de travaux si nécessaires et/ou aliénation du bien ou de l’immeuble déclarés insalubres et/ou dangereux avec interdiction de louer ou de vendre ?
Attention aux effets pervers de la mesure ! Exemple, notamment, la main mise des promoteurs/spéculateurs immobiliers sur ces emplacements d’immeubles à détruire pour reconstruire dans les centres villes.
Respects citoyens !
educpop
Il y a toujours une escalade de la répression et quand on s’en aperçoit c’est qu’elle a commencé depuis longtemps. C’est la lutte contre l’insurrection qui inspire l’Etat mais il appelle ça garantir la sécurité, cela est hérité de la guerre d’Algérie. Dans ce cadre la mission de l’armée et de la police est susceptible de comporter des interventions violentes, validées par la justice et par la loi. Ceci contre de simples manifestations, on en a déjà vu les premiers épisodes.
Jean-Luc Mélenchon fait remarquer que les interventions contre le terrorisme pendant l’état d’urgence ont très majoritairement frappé des militants anti libéraux. Serait-il étonnant que la révolte sociale soit qualifiée d’insurrection, que l’opposition politique soit criminalisée, et que donc la répression monte encore dans l’escalade ? Ceux qui disent garantir la sécurité de tous peuvent la supprimer pour ceux qui les dérangent.
CORSIN
La situation au Brésil est la démonstration de ce qu’un gouvernement social démocrate mené par le Parti des travailleurs n’a pas voulu faire : s’opposer à l’oligarchie en s’appuyant sur la mobilisation du peuple. Bolsonaro est le produit de cette politique pusillanime. Le PT n’a pas pris les mesures qui s’imposaient contre une partie des fonctionnaires de justice qui se mettent au service de l’oligarchie dès que le vent tourne. Après Allende et son suicide qui soldait l’échec de l’Union populaire qui faisait encore confiance à l’armée et à Pinochet la veille du coup d’Etat, il y a maintenant le Brésil, la destitution de Roussef, l’emprisonnement de Lula et l’arrivée au pouvoir d’un fasciste notoire au pouvoir. C’est une leçon à méditer pour nous LFI surtout après les perquisitions qui ont eu lieu contre notre mouvement et ses leaders de la part des agents zélés du pouvoir en place.
Aissani
En province il y a pleins de logements vides et à louer mais tout le monde veut le meilleur.
JeanLuc
Le meilleur, ça reste à voir. Il consiste généralement à s’endetter pour 20/30 ans pour acheter ou construire un pavillon qui aura perdu la moitié de sa valeur quand il sera fini de payé s’il est encore debout ou n’a pas été balayé par une inondation !
Alain Verce
L’avenir me fait peur. On assiste à une judiciarisation inquiétante de tout acte ne plaisant pas au pouvoir. L’incroyable barouf fait pour les perquisitions à la FI va de pair avec tout un tas de mises au tribunal de militants divers n’ayant commis aucun fait de banditisme. Le réquisitoire surréaliste des « 7 de Besançon » manifestement préparé en haut lieu, doit nous inquiéter. Car ils sont en train de faire croire aux gens qu’une justice « pareille pour tous » existe alors que tout prouve que c’est l’inverse. Je ne sais pas comment on peut faire, mais si nous n’arrivons pas à démonter leur système on va voir fondre le nombre de gens qui osent encore prendre des responsabilités.
Marghi
Vu hier en VOD le film récent de Michael Moore, Fahrenheit 11/9. Il montre entre autres comment l’état d’urgence décrété par le gouverneur du Michigan est un premier pas vers toutes les mesures scélérates prises à l’encontre des pauvres et surtout des Noirs de l’Etat. L’état d’urgence, partout où il est décrété, permet toutes les violences plus ou moins sournoises contre le peuple. Nous l’avons laissé introduire en France, et maintenant, on voit bien à quoi il sert. Démonstration parfaite de JL ! Merci à lui. Mais que faire, tonton JL ?
JeanLuc
L’itinérance mémorielle d’E. M. est en train de devenir l’errance socio-matérielle d’E.T président….
morfin
Le judiciaire ne leur suffit pas, voilà qu’il font parler un médecin qui s’inquiète de l’état de santé cardiaque de JL et s’alarme qu’il puisse devenir un jour chef d’état, car « caractériel » ! Lorsqu’on recense le nombre d’hommes coléreux chefs d’état, alors on peut demander la démission de pas mal d’entre eux, surtout lorsque la ficelle « corruption » ne fonctionne pas assez ! Alors médecins cardiologues de FI, au travail ! Le pauvre Jaurès aurait été déjà mis à l’hôpital lorsqu’il s’exclamait à l’assemblée !
lena
D’autant qu’un médecin assermenté n’a pas à donner un diagnostic public quelqu’il soit et est tenu au secret médical.
Pierre LAVEDER
C’est dramatique! C’est malheureusement dans la continuité des hôtels parisiens qui relogent les réfugiés et qui prennent feu. Ce sont des pauvres, majoritairement des étrangers, qui périssent dans une indifférence quasi générale.
Pour égayer un peu le débat, ces vieux immeubles qui s’écroulent en cascade car adossés les uns aux autres, ça m’a fait penser à l’UMP et au PS.
arthur 2
Tous ces événements me donnent encore plus la pêche, les billets de Jean-Luc Mélenchon bien sûr, mais aussi les interventions de tous les députés FI. Puis des réactions ça et là de « gens » outrés. Je partage totalement le propos de Michel Juhel : » Nous sommes dans une dictature à bas bruit managée par les spécialistes…une bande de brutes très polie ! «
Buonarroti
La proposition de 1990 pour l’acquisition du « Permis de conduire » ferait un joli tract pour le 17 Novembre.
patrice 30
La démocratie en France fout le camp. Le ras le bol de la plupart d’entre nous en découle. La goutte d’essence l’a amplifié. Si on regarde Boursorama on a sur les variations à la semaine. Pétrole Brent -3,08%, Pétrole WTI -3,18%. A la pompe cela ne baisse pas !
mimi
Macron ressemble beaucoup a Napoléon le Petit du Victor Hugo vu à la télé.
j.lou
Pour ce qui concerne les perquisitions, il me semble que cela n’est pas de mauvaise augure. En effet lorsque Mitterrand commençait à agacer ses opposants, cela se traduisait par un coup monté en règle près de l’observatoire. La méthode pour dissuader était violente et visible par les impacts de balles. Aujourd’hui les choses sont plus masquées. Les attaques ne laissent pas de trace mais sont tout aussi violentes pour qui les reçoit. Leur impact psychologique est sans nul doute l’effet recherché. Je souhaite à Jean-Luc et à tous ceux qui ont du subir des perquisitions, le jour où le ministre de l’intérieur entrait en fonction, d’avoir l’esprit solide pour faire face à ce coup monté et un futur politique aussi long que la carrière de François Mitterrand.
magda corelli
Tenez bon Jean Luc, pour vous, pour nous. Les Insoumis ne sont pas du genre à se laisser mithridatisés ! Quand je dis autour de moi qu’en vous lisant, en vous écoutant j’apprends toujours quelque chose : je viens de découvrir l’existence d’un roi grec Mithridate VI.
L’effondrement d’immeubles en France n’est pas seulement une honte mais la signature d’un système politique inique. Depuis la mi-octobre mon indignation monte, monte et ma détermination
à lutter avec. Courage à tous.