Ce sont des jours hors du commun que ceux-ci. Une page d’histoire absolument nouvelle s’écrit sous nos yeux. Bien sûr, la vie semble suivre globalement son cours ordinaire. Et il en est bien ainsi en effet pour presque tout le monde. Mais la matière politique qui forme la trame d’un pays et d’un peuple est en pleine déformation. À La Réunion, l’arrivée du ministre et les charges de gardes mobiles pour lui « nettoyer le terrain » fonctionnent comme un accélérateur de l’état insurrectionnel dans lequel vit la population de l’île. Le nombre de barrages a explosé, les pénuries commencent, la population ne relâche pourtant pas son soutien à l’action des gilets jaunes.
Dans l’hexagone, mardi, la chute du Président dans le trou d’air de son discours sur la transition écologique ouvre une séquence des plus imprévisible. Qu’un chef d’État affrontant une crise sociale et morale de l’ampleur de celle qui déchire la France parle sans effet n’est pas sans conséquence. L’exécutif n’a plus la main. Peut-il la reprendre ? La question sembla sans issue à de Gaulle après la même mésaventure d’un discours solennel tombant à plat en 1968. Il s’enfuit à Baden-Baden. Si Pompidou n’avait pas maintenu le cadre, tout aurait été emporté.
De nouveau, tout semble se dérober sous les pas des pouvoirs. Et d’abord le pouvoir lui-même. Voyez plutôt. Ce jour de grand discours, les députés avaient reçu un message présidentiel les invitant à assister au discours du président. Etrange invitation. Venir faire tapisserie pour écouter sans pouvoir faire autre chose que critiquer à la sortie comme dans une comédie écrite d’avance. Vérification faite, tout le monde n’était pas invité, sauf les présidents de groupe. Mais qui a pu imaginer convoquer les présidents de groupe le jour et à l’heure traditionnelle de… la conférence des présidents… à laquelle participe d’ailleurs… le ministre des Relations avec le Parlement. C’était signé : la technostructure élyséenne a encore frappé. Ignorante et arrogante, elle ne prévient même pas le ministre impliqué. Dommage, car celui-ci était encore président de groupe il y a deux mois et il aurait pu les mettre en garde ! Cette micro-anecdote est un bon résumé de l’ambiance de confusion qui règne au sommet de « la start-up France » et de la « team Macron ».
Dans les mêmes conditions, je me demande qui a suggéré au président de lancer le terme d’« écologie populaire » après que j’en ai fait le thème de mon discours à Corbeil-Essonnes la semaine passée pour installer publiquement cette définition de notre point de vue sur ce sujet… Savait-il vraiment qu’il me plagiait ou bien quelque zélé a-t-il voulu se faire passer auprès du grand chef pour un conceptualisant de choc ? Autant de « mini-bugs » qui attestent la perte de contrôle du président sur son propre appareil.
Sur le terrain, cela ne vaut guère mieux. Huit heures de confrontation sans résultat sur les Champs-Élysées samedi, des dizaines d’assauts à La Réunion sur les barrages sans autres résultats que de nouveaux barrages… « En haut, on ne peut plus », comme disait le début de la formule de Lénine pour décrire ce qu’est une situation prérévolutionnaire. Et sur le terrain, la volonté politique semble incroyablement déterminée. Loin du « mouvement qui s’essouffle », ce grand classique du parti médiatique, les occupations de ronds-points et les klaxons de solidarité se sont multipliés d’un rond-point à l’autre partout dans le pays. Et samedi s’annonce dense et mobilisé. Les innombrables slogans « Macron démission » se doublent dorénavant au 20 heures de France 2 d’un « on va faire tomber ce pouvoir » proféré par un gilet jaune sur un ton sans appel. Sans doute la direction politique de la chaine pensait-elle faire peur. Mais elle a surtout suscité une pluie d’alerte sur ma messagerie par des gens que cela galvanisait.
En toute hypothèse, ce qui remonte du terrain c’est qu’il y a une grande diffusion du mouvement dans toutes les grandes périphéries des villes, des assemblées citoyennes spontanées un peu partout et des cahiers de revendications qui fleurissent de tous côtés. Du côté des Insoumis, l’analyse se confirme : « en bas on ne veut plus » comme le dit la fin de la formule citée plus haut. L’attitude de notre Mouvement doit être partout de faciliter la mobilisation et surtout par-dessus tout d’en respecter scrupuleusement l’autonomie. En réunion, notre groupe parlementaire a décidé d’aider aussi partout où cela se peut à « élargir le front » dans les directions où il peut l’être : population des grands centres urbains peu mobilisés à cette heure, jeunesse, quartiers populaires. Chacun dans son secteur est appelé à y pourvoir. Mais surtout le groupe a produit un communiqué qui ouvre une perspective immédiate à la sortie de crise. Destiné à être reproduit et diffusé sur le terrain, en voici le texte.
« Les gilets jaunes, soutenus par plus de 70 % des Français·e·s ont exprimé pour le deuxième week-end consécutif leur colère et leurs attentes, qui ne retombent pas aujourd’hui.Partout en France, des revendications de justice sociale et environnementale se sont exprimées pacifiquement mais avec la détermination du désespoir. Ce désespoir est le produit de la politique du président des riches, injuste et méprisante. Celui qui disait cet été « qu’ils viennent me chercher » est responsable du fait que les gens l’aient pris au mot.
Le groupe parlementaire de la France insoumise demande ce jour, alors que le budget 2019 n’est pas encore voté, la mise au vote immédiat des mesures suivantes :
- le rétablissement de l’ISF
- la suspension des hausses des taxes sur les carburants
Alors que le discours du président devant le Conseil National de la Transition Écologique ne dessine aucune vision cohérente de ce que doit être la planification écologique et l’écologie populaire, nous proposons de rectifier le budget :
- la fin des niches fiscales anti-écologiques (kérosène aérien, fioul des bateaux de croisière, gazole routier)
- la fin de l’injustice fiscale par l’établissement de 14 tranches d’impôts
- la renationalisation des autoroutes
- la réaffectation des 40 milliards du CICE à la transition écologique, notamment de façon prioritaire vers la rénovation thermique des 7 millions de logements « passoires »
- Enfin, dans le cadre des discussions budgétaires, la réception d’une délégation de gilets jaunes à l’Assemblée Nationale pour que leurs propositions soient entendues par les députés. »
« L’écologie sera populaire ou ne sera pas. » conclut l’adresse des députés. Ce document a été présenté aussitôt à la presse et quelques instants plus tard, en séance pleinière, Éric Coquerel lançait, au nom du groupe Insoumis, une question au gouvernement. Les liens qui surlignent ces mots vous renvoient sur la vidéo qui correspond à ce moment.
En agissant comme nous le faisons, à la fois « comme des poissons dans l’eau » dans le mouvement et facilitateurs partout où nous le pouvons et sur tous les plans, nous pensons avoir réussi à empêcher la terrible fracture qui menaçait : voir le mouvement obligé de se tourner vers la droite et l’extrême droite pour être politiquement relayé. Le nouveau secrétaire national du PCF s’est également tourné vers une attitude engagée dans le mouvement qui tranche avec l’attentisme consterné de la précédente direction. Dorénavant, la direction confédérale de la CGT a elle aussi, enfin, pris le relais et appelé le mouvement syndical à s’associer à la lutte. Le balancement du PS laisse une dominante favorable au mouvement lui aussi.
Certes, le mouvement excède et déborde tous les cadres et n’en accepte aucun pour rester de grande ampleur. Mais le tableau initial se redessine dans le sens d’un plus large soutien du monde traditionnel qui se tenait jusque-là dans une mise à distance incompréhensible. On peut donc pronostiquer un samedi actif et mobilisé à un plus haut niveau que la semaine précédente. La réplique du pouvoir est assez prévisible. Une fois de plus il jouera « les violences des extrêmes » et « le mouvement qui s’essouffle ». On sait que faire : persévérer ! Mais précisons sans ambiguïté un point crucial. Pour notre part, nous sommes hostiles à toute violence dans le mouvement social. J’ai déjà écrit ici même pas mal de choses sur le sujet. Cette attitude est un choix de stratégie : la violence écarte de l’action le grand nombre qui s’en effraie et dissuade les hésitants d’entrer dans l’action. Elle sert si bien l’imagerie attendue par ceux qui combattent l’action populaire qu’on peut la dire complice des pouvoirs qui la place sous les projecteurs. La comédie de Castaner contre les « séditieux » samedi est assez parlante et récente pour que chacun puisse savoir de quoi je parle ici.
Après quoi, il est frappant d’apprendre que les jugements en comparution immédiate après la séquence aux Champs-Élysées ont prouvé que la quasi-totalité des personnes interpellées n’avaient aucun rapport avec l’ultra-droite ni l’extrême gauche ! Ce sont donc des personnes qui ont agi sur un coup de colère. Il est donc utile et efficace de faire savoir avant l’action que c’est une faute contre le mouvement d’agir de la sorte. À l’inverse, tout ce qui rapproche les participants à l’action et approfondit leur détermination est profitable. Et par-dessus tout : ce qui créé de la confiance en soi et de l’auto-organisation. Dans ce registre, la transformation des barrages en assemblées citoyennes et l’élection de délégués de ces barrages est de cet acabit. Et cela permet de régler les problèmes de représentation que de tels regroupements si divers à tous égards ne manquent pas de poser. C’est donc cela que nous pouvons faire pour faciliter la cohésion et la durée de l’action : lui suggérer une forme d’organisation. Sans plus. Quant à notre plan de sortie de crise, nous le ferons connaître sans chercher jamais à l’imposer de quelque manière que ce soit, comme une contribution à la rédaction de ces cahiers de doléances que l’on voit surgir ici où là.
Ce que nous vivons est un moment de révolution citoyenne telle que la théorie de L’Ère du peuple en prévoyait la forme et les contenus. Pour chacun d’entre nous est posé la question de savoir comment se positionner : avec le peuple ou bien contre, sachant qu’il n’y a pas de milieu dans ce domaine et dans ce moment.
À partir du 30 novembre, le G20 tient son sommet annuel à Buenos Aires. Macron arrivera sur place un jour avant afin de s’afficher avec son double argentin, le président Macri. Ce chantre de l’extrême libéralisme a plongé son pays dans une crise économique et sociale effrayante. Il l’a déclenchée par soumission au système financier international. En effet, en 2016, il a décidé que son pays honorerait la dette qu’il devait aux fonds vautours américains qui avaient refusé l’accord trouvé par Nestor Kirchner avec ses créanciers internationaux et auxquels Cristina Kirchner avait ensuite résisté. Depuis, l’inflation tourne autour de 40% par an, la monnaie nationale a été dévaluée de 100% et la dette a augmenté de 42%. Le peuple argentin a même dû subir l’humiliation de voir le FMI revenir dans son pays à partir de juin 2018. Les prêts accordés par le FMI s’accompagnent évidemment d’une criminelle austérité que Macri applique dans son budget pour 2019 qu’on appelle en Argentine le « budget de la faim ».
C’est donc tout un symbole que la G20 se tienne sous la présidence de l’Argentine au moment où ce pays fait l’objet d’une attaque de la part de la finance, consentie par ses dirigeants. Ce club a été créé en 2008, pendant la crise financière pour intégrer au G7 quelques pays émergents. Celui-ci était alors totalement décrédibilisé car il réunissait tous les gouvernements dont la politique avait contribué à faire advenir l’effondrement du système financier. Mais la version à 20 n’en change pas la nature. Il s’agit toujours d’un groupe minoritaire d’États qui, en raison de leur puissance, prétend imposer ses décisions à tous les autres. Puisqu’il existe un organe reconnu par tous les États, quel que soit le niveau de richesse de leur population, l’Organisation des Nations Unies, le G20 ne peut être qu’une tentative de contournement de cette institution légitime. On imagine que pour Macron, c’est le sommet du « multilatéralisme » qu’il défend. Mais le G20 n’est rien d’autre qu’un instrument de la compétition des puissances.
D’autant plus qu’après 10 ans, le bilan de cette entité n’est pas brillant. Ou du moins il ne l’est pas du point de vue de l’intérêt des peuples. En 2008-2009, ses dirigeants avaient promis de faire revenir à la raison le système financier. « Nous n’autoriserons pas un retour aux pratiques antérieures » clamait le communiqué final du sommet de 2009 à ce propos. Dix années plus tard, la bulle financière s’est alourdie de 72 000 milliards de dollars et les crédits subprimes aux États-Unis représentent une part grandissante des prêts accordés. Les rémunérations des traders devaient être encadrées. Les bonus de Wall Street ont battu l’an dernier un record depuis 2006. Les paradis fiscaux devaient être terrassés. La liste noire sans conséquences élaborée par le G20 s’est vidée de sa substance à tel point qu’il n’en reste rien aujourd’hui. Sur le fond climatique, le G20 promettait il y a 10 ans d’arrêter les subventions aux énergies fossiles. Elles sont passées de 75 milliards de dollars à 147 milliards de dollars. Sur les 20 pays, 15 ont une utilisation croissante des énergies fossiles. En ne prenant en compte que les trajectoires des États du G20, on s’oriente vers un réchauffement de 3,2° du climat.
Ce bilan devrait faire réfléchir sur la capacité de cette instance à produire de l’ordre international. Cette année, la question du commerce sera sur le devant de la scène. Mais, abordée d’une manière totalement caricaturale, enfermée entre d’un côté la fuite en avant libre-échangiste sans fin de l’Union européenne et un protectionnisme sauvage et agressif défendu par Trump de l’autre côté. Tel est le multilatéralisme des grandes puissances : deux approches concurrentes qui mènent toutes les deux au chaos. Et pendant ce temps, nous délaissons l’ONU. Sur le commerce par exemple, l’Équateur et l’Afrique du Sud ont lancé en 2014 un groupe de travail pour élaborer un nouveau traité international sur le respect des droits humains par les multinationales. Il s’agit de créer des normes en termes de droits sociaux et environnementaux qui s’imposeraient aux traités commerciaux. Cette initiative est légitime car elle se fait dans le cadre des Nations Unies. Elle contribuerait à aboutir à un monde plus ordonné. Mais elle est boycottée par les États-Unis et l’Union européenne qui préfèrent les clubs oligarchiques du type du G20.
En quelques heures et plusieurs documents, le mouvement des gilets jaunes a franchi bien des étapes. Il a affirmé sa radicale nouveauté autant dans la composition et la forme de sa mobilisation que dans le contenu de ses revendications. Du mythe d’un mouvement piloté par l’extrême droite, il ne reste rien à la lecture des cahiers de revendications que nous avons reçus. Texte en main il n’y a aucune trace des obsessions anti-immigrés et anti-étatique de l’extrême droite habituelle. Et rien non plus de l’indifférence écologiste qui lui était reproché.
Tout un monde de réticence méprisante s’effondre devant ces documents autant que devant une mobilisation dont l’endurance, la ténacité et le programme donnent une leçon à tous ceux qui lui faisaient la leçon de loin et de haut. À présent le mouvement a gagné une hégémonie de consentement qui se lit dans les sondages d’adhésion à son action. Ce niveau signe une déroute totale du plan d’usure et de ras-le-bol que menait le gouvernement.
Ce fut notre constat mercredi soir quand nous avons reçu un courrier bien spécial à l’Assemblée nationale. C’était le document listant les revendications émanant de citoyens ayant part au mouvement des gilets jaunes. Sa lecture montre à quel point les demandes populaires exprimées dans le mouvement dépassent maintenant la baisse des taxes sur les carburants. Au fond, celle-ci a fonctionné comme un déclencheur d’aspirations bien plus larges. Deuxième constat troublant pour nous : la quasi-totalité des revendications listées recoupent les propositions du programme de la France insoumise, L’Avenir en commun.
Pour rappel, ce programme avait été élaboré en amont de la campagne présidentielle de 2017 en partant de contributions citoyennes recueillies sur la plateforme et de nombreuses auditions d’associations spécialisées. Associations qui avaient ensuite classé notre programme comme le meilleur dans de nombreux domaines. Ce programme n’était donc pas une collection de mesures imaginées par des technocrates comme dans les partis traditionnels mais le résultat d’une production de la société elle-même et nous en avons été les porte-paroles.
C’est comme cela que je m’explique cette coïncidence quasi complète avec le cahier de revendications déposé par les gilets jaunes. Je pense aussi qu’on y trouve un écho de notre travail de conviction pendant et après la campagne. À partir de là, une autre coïncidence doit se constater plus évidente. Sans surprise, ces revendications se retrouvent donc également dans un grand nombre d’amendements portés par les députés de la France insoumise depuis leur élection. Nous les avons égrenées au fil des débats. Ce qui signifie que l’ensemble de l’Assemblée a déjà eu l’occasion de s’exprimer dessus. Non seulement il y a eu des débats mais des votes. Tous ont été systématiquement rejetés par la majorité En Marche. Je vais donner des exemples significatifs.
Sur la justice fiscale, les gilets jaunes demandent, outre l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant contre laquelle nous avons voté, « la progressivité de l’impôt avec plus de tranches ». Un amendement de la France insoumise instaurant 14 tranches pour l’impôt sur le revenu a été rejeté dès le 13 octobre 2017. Les gilets jaunes demandent concernant les entreprises que « les gros (MacDo, Google, Amazon, Carrefour) payent gros et que les petits (artisans, TPE/PME) payent petit ». C’est précisément ce que proposait l’amendement de la France insoumise qui demandait la progressivité de l’impôt sur les sociétés en fonction du montant des bénéfices. Il a été rejeté par la majorité macroniste le 11 octobre 2018. Parmi les revendications, on trouve aussi l’annulation du prélèvement à la source : encore proposé par la France insoumise lors de la séance du 29 novembre 2017. Je n’ai pas fini. Je vais donner d’autres exemples encore.
Sur la justice sociale, les gilets jaunes demandent le « bien-être pour les personnes âgées ». Nous avons proposé, sans succès, en novembre 2018, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qu’une contribution des actionnaires permette de financer les recrutements massifs dont ont besoin les EHPAD. Leur document met aussi en avant la revendication d’un encadrement des loyers trop chers. C’était précisément l’objet d’un de nos amendements dans le cadre de la loi sur le logement passée à l’Assemblée en mai 2018.
Pour changer le modèle économique, les gilets jaunes proposent la fin du CICE ou la renationalisation des autoroutes, des aéroports et l’interdiction de privatiser les barrages. Toutes choses qui ont été défendues encore une fois par les députés insoumis dans le cadre de la loi de finances pour 2018. On trouve aussi la revendication de cesser « de rembourser les intérêts de la dette qui sont illégitimes ». Une proposition un peu plus radicale que notre amendement discuté dans le cadre du dernier projet de loi de finances qui demande un audit sur la dette, dans le but d’en déclarer une partie illégitime. L’interdiction du travail détaché, réclamée aussi, sera prochainement l’objet d’une proposition de loi que je défendrai avec Danièle Obono lors de notre prochaine niche.
Du côté de l’emploi, on trouve la même adéquation entre les aspirations exprimées dans le document et notre travail parlementaire. « Retour au CDI comme la norme » demandent les gilets jaunes. Nous avions proposé des quotas maximums de CDD par entreprise : 5% pour les grosses et 10% pour les PME. Rejeté par les députés macronistes le 21 septembre 2018. Lors de la même séance, les mêmes avaient voté contre notre amendement pour limiter les écarts de salaires de 1 à 20 au sein d’une même entreprise. Les gilets jaunes, plus ambitieux, proposent eu un salaire maximum à 15 000 euros par mois. Et si nous ne pouvons pas demander la hausse du SMIC à l’Assemblée, puisque la décision n’est pas de son ressort, néanmoins notez que cette proposition figure bien dans l’Avenir en Commun à 1326 euros nets, soit quasiment la proposition que font les gilets jaunes avec 1300 euros demandés.
Concernant l’écologie, les gilets jaunes seront heureux d’apprendre que ceux qui leur administrent des leçons de morale ont voté contre un amendement des insoumis qui voulait instaurer une taxe sur les transactions immobilières de plus d’un million d’euros pour financer la rénovation des passoires thermiques. Évidemment, les macronistes ont aussi refusé d’annuler les avantages fiscaux sur le carburant des avions ou l’arrêt de la construction des grandes surfaces commerciales à la périphérie des villes. Deux propositions que l’on retrouve dans les revendications des gilets jaunes comme dans le travail d’amendement parlementaire des insoumis.
Sur l’immigration, on peine à reconnaitre l’influence de l’extrême droite dans ce document. Le document des gilets jaunes est positionné sur les lignes de force défendues par le groupe Insoumis. Il propose, comme nous « que les causes des migrations forcées soient traitées ». Il demande que « les demandeurs d’asile soient bien traités ». Comme le réclamaient notre amendement pour la création de centres d’accueil aux normes internationales, défendu lors de la discussion sur la loi asile et immigration. Enfin, les gilets jaunes veulent que la Patrie fasse des efforts pour intégrer les nouveaux arrivants. C’était aussi notre idée lorsque nous avons demandé, toujours au moment de la discussion sur la loi asile et immigration, la mise en place d’ateliers de sociolinguistique dédiés.
Lors du débat sur la prétendue loi de moralisation de la vie politique, débattue à l’été 2017, nous avions proposé la fin des avantages indus pour les anciens présidents de la République. Une mesure contre la monarchie présidentielle que l’on retrouve dans le document qui nous a été adressé. Surtout, les gilets jaunes insistent sur une mesure de récupération du pouvoir pour le peuple : le référendum d’initiative populaire. Cela faisait partie de nos amendements phares lors de la discussion sur la révision constitutionnelle. Nous l’avions proposé sous sa forme nationale et locale, pour proposer une loi, abroger une loi ou révoquer un élu. Tout cela a été balayé d’un revers de la main par les députés automates qui ne pensaient à l’époque qu’à adopter en vitesse le projet de leur chef.
Je ne peux faire ici la liste de toutes les concordances car il y en a trop. Vous pourrez en trouvez une plus exhaustive sur le site de la France insoumise. Mais cette situation est pour nous comme un test réussi. La théorie de la révolution citoyenne est la seule qui ait prévu des évènements du type de celui que nous vivons. Elle annonce un acteur nouveau : le peuple. Elle le définit socialement comme ceux qui doivent se battre pour accéder aux réseaux qui rendent la vie possible et qui se mettent eux-mêmes en réseau pour cela. La théorie décrit la place particulière de l’auto-organisation et de l’autonomie des mouvements populaires de masse dans leur phase révolution citoyenne.
Voilà pourquoi pour nous, le respect absolu de cette auto-organisation et de cette autonomie est la condition de son enracinement de masse. Dès lors, je veux dire que les revendications des gilets jaunes ne sont pas « fantaisistes » ou « impossible à satisfaire » comme on peut le lire dans certains journaux ou l’entendre sur certains plateaux. La mise en œuvre de ce programme serait une formidable action de relance de l’activité, donc de l’emploi et des revenus des familles. Nous sommes capables de le faire. C’est sans doute la volonté d’éliminer une alternative sérieuse qui explique l’acharnement que l’on constate contre nous. Elle ne peut aboutir dans le contexte actuel de mobilisation sociale. La dynamique des évènements va réduire encore la base du pouvoir macroniste. Elle peut aussi produire des alternatives politiques spectaculaire. Nous prenons les devants en ouvrant toutes les voies de sortie par le haut qui permettent une issue positive a cette situation.
C’est le sens de la proposition de motion de censure que nous portons avec les communistes devant le Parlement. Mais c’est aussi le sens de la proposition que les barrages se constituent en assemblées citoyennes pour faire leur cahier de doléances et élire leurs propres délégués. Au total, à mes yeux, c’est une révolution citoyenne qui est commencée. Elle se cherche parce qu’elle est totalement neuve dans sa composition comme dans ses objectifs et ses méthodes. Mais ce qui est certain, c’est que toutes les analyses qui veulent la traiter avec les anciens critères de référence ne peuvent que se briser sur une réalité dont les développements lui échapperont sans cesse.
Le 2 décembre, c’est la journée mondiale pour l’abolition de l’esclavage. Ce ne peut être une date sans écho en moi. Je fais parler mes souvenirs d’abord. Ainsi, pendant la campagne présidentielle j’ai consacré une halte et un discours sur le sujet le 4 février 2017 dans le village de Champagney. Un village qui avait demandé en 1786 dans une lettre au roi, l’abolition de l’esclavage des noirs dans les colonies françaises. Le 4 février, c’est un jour symbolique. C’est en effet le 4 février 1794 que l’esclavage fut aboli la première fois. « Périssent les colonies plutôt qu’un principe » avait proclamé Robespierre face aux prêcheurs du réalisme économique, les modérés ennemis de la terreur, qui voulaient maintenir l’esclavage. Le message est vivant en nous, insoumis. La figure de l’esclave est une brulure. Le député Jean-Hugues Ratenon, député insoumis de la Réunion, a déposé une proposition de loi pour faire du 4 février une journée de commémoration et de célébration.
Mais il ne faudrait pas faire de cette question un problème du passé. L’esclavage n’est toujours pas un sujet du passé. Cette pratique perdure à travers le monde sous différentes formes. L’esclavage sexuel, sous la contrainte, est tellement répandu encore. De même que l’esclavage pour dette ou le travail forcé dans de nombreuses mines, ateliers, champs ou fabriques.
L’organisation internationale du travail estime que 21 millions de personnes à travers le monde sont réduite en esclavage. Elle précise que cette estimation est probablement en dessous de la réalité. Un quart d’entre eux seraient des enfants. Dans 22% des cas, cela concerne l’exploitation sexuelle, pour 68% une exploitation économique et 10% des esclaves travaillent des institutions étatiques, prisons ou armées ou pour des groupes rebelles armés.
L’esclavage reste une activité extrêmement lucrative. Il rapporte 150 milliards de dollars de profits à travers le monde. C’est autant que les profits des 4 sociétés les plus rentables du monde. Selon cette estimation, l’exploitation sexuelle rapporte 99 milliards de dollars, l’esclavage dans la construction, l’industrie ou les mines 34 milliards d’euros, 9 milliards d’euros dans l’agriculture et 8 milliards d’euros pour l’esclavage domestique.
Pour lutter contre cette atteinte aux droits humains les plus fondamentaux, l’organisation internationale du travail préconise d’augmenter le socle de protection sociale pour que les travailleurs ne soient pas obligés de contracter des emprunts abusifs en cas de perte d’emploi. Il propose de renforcer les droits syndicaux ou de procéder à des régularisations envers les sans-papiers. D’autant que dans certains cas, les gouvernements nationaux ferment les yeux sur des pratiques.
C’est précisément l’objet de Biram Dah Abeid en Mauritanie. Ce militant pour l’abolition de l’esclavage dénonce le déni des autorités dans son pays. Celles-ci se cachent sur l’abolition légale de l’esclavage pour faire semblant de ne pas voir que la pratique perdure encore dans le pays. En 2008, Biram Dah Abeid a fondé l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste, un mouvement de lutte populaire contre l’esclavage.
Depuis, il est persécuté par le gouvernement. Il est actuellement en prison pour la troisième fois, sous le faux prétexte d’une plainte pour harcèlement émanant d’un journaliste. Depuis sa prison, il a été élu député en septembre 2018. La répression qui s’abat contre son combat exemplaire montre que l’abolition de l’esclavage est toujours un objet de lutte.
En France non plus, l’esclavage n’a pas disparu. Le comité contre l’esclavage moderne vient ainsi en aide à des centaines de personnes chaque année, principalement des victimes de l’esclavage domestique. Le schéma est toujours le même. La famille esclavagiste fait miroiter à une famille étrangère des papiers et une scolarité française pour leur fils ou leur fille en échange de travail domestique. Une fois arrivé en France, la victime voit ses papiers confisqués, est affamée, menacée, frappée, insultée jusqu’à ce qu’elle perde tous ses repères. Elle est ensuite exploitée 15 à 16 heures par jour sans rémunération ni liberté. L’esclavage existe aussi en France dans le cadre des réseaux de mendicité forcé. Il concerne pour un tiers des enfants et pour les trois-quarts des femmes ou des filles. On comprend le lien qu’il y a entre l’esclavage moderne et les migrations forcées et l’absurde traque organisée contre les travailleurs sans papiers. Ainsi, dans notre pays, le combat pour l’abolition effective continue, plus de deux siècles après que les révolutionnaires l’ont proclamée. Et notre devoir d’insoumis est de maintenir sans cesse en alerte la flamme de la conscience sur ce sujet.
101 commentaires
hurt
Moi, je ne regarderai pas comme çà son discours et à mon avis, ce qu’il vient de dire est sûrement pour préparer sa batte de baseball parce qu’il va à la fois désorienter, prendre le pied et le contrepied et renvoyer une saccarine qui va mettre à plat l’ensemble des pensées qui disaient ceci ou cela tout en effaçant la grogne ! La dernière je l’ai dit, attention aux provocations, elles ne sont pas mises sur le tapis pour faire du bien mais largement pour lui faire du bien et faire passer le reste au second plan, le temps que le peuple s’essouffle ! Parce que cela en prend le chemin face à ce gouvernement ! Non ! L’appel à la grève générale serait plus judicieux et occulter ce qu’il vient de dire le prendrait à revers. Nous savons et connaissons les discours à ce sujet, pourquoi le recevoir comme çà et dire ! Oui ! C’est moi ? Non ! Surtout pas. Laisse le venir sur ce terrain et rentre dans ce jeu. Engage vers la grève générale ! C’est là qu’il faut fédérer, ne pas…
Serge L
« … Dans le même temps la pétition servant de base au déploiement de la CGT vers les salariés doit être généralisée dans toutes nos bases pour préparer la journée de 24 h de grève générale du début d’année 2019. » (note aux organisations CGT le 27/11/2018).
N’en déplaise à certains, mieux que les gesticulations de tous ordres, on constate qu’il y a au moins un syndicat pour être au diapason de ce moment et de la situation réelle du pays. D’ailleurs, la CGT n’a pas attendu les gilets jaunes pour fixer depuis plusieurs semaines, et sans l’aide des médias, à samedi 1er décembre, une grande manifestation nationale contre le chômage et la précarité.
Chat
La grève générale, peu nombreux sont ceux qui peuvent se permettre d’y participer de manière durable. Elle peut être un moyen efficace de combat mais à condition de constituer un fonds de soutien qui permette aux plus précaires de participer sans perdre le peu qu’ils ont pour finir à la rue. Pas facile à mettre en place et pas à l’ordre du jour chez les gilets jaunes qui semblent avoir leurs propres méthodes d’action.
Une piste serait de financer la grève par le biais de cabanes à casse croûte érigées sur les rond point et qui permettraient aux sympathisants du mouvement de participer en grignotant moyennant quelques pièces. Les vide greniers servent souvent des collations, pourquoi ne pas s’en inspirer. Les routiers qui klaxonnent leur soutien apprécieraient sûrement.
Necessite
@Chat.
« financer la grève par le biais de cabanes à casse croûte ».
Excellente idée à proposer et propager partout. Je suis les WE sur deux ronds points et nous en avons déjà parlé. Le mouvement va durer, la bande de cyniques au pouvoir n’est pas encore consciente de ce qui se passe. Il faut faire en sorte qu’elle n’apparaisse pas comme venant de LFI pour ne pas la faire rejeter. La grève générale me paraît trop proche, elle doit être préparée pour après les fêtes. Nous en avons aussi parlé avec des non insoumis. Tout cela est pour le moment du « spontané » et de l’urgent. Nos actions doivent s’inscrire dans cette urgence. Soyons pratiques.
Richard C
Il ne faut rien exagérer. La révolte n’est pas une révolution. Vu ce qui reste de la gauche et bientôt de la FI, où les démissions ou les exclusions s’enchaînent les unes après les autres, la révolution citoyenne (sic) a un sérieux coup dans l’aile ! La démocratie délégataire ou représentative, les fameux « corps intermédiaires » républicains sont rejetés par le premier parti de France que sont les abstentionnistes, et aujourd’hui les gilets jaunes qui redécouvrent l’eau chaude et font à nouveaux frais ce que d’autres ont déjà fait avant eux ! « l’ère du peuple » (sic) est en train de déboucher sur une pétaudière qui n’annonce pas des jours radieux.
Daniel
Il faudrait expliquer encore et encore, développer « les 40 milliards de CICE » même brièvement : crédit d’impôt 2018, baisse des charges pérennes en 2019 sans conditions, effet du CICE sur l’emploi, les salaires et l’investissement très faible, études qui montre la fuite vers la spéculation, les dividendes.
VACHER Roland
Jean-Luc Mélenchon a raison ! L’appel à la grève générale ne serait pas judicieux. Les relais porte-parole de la grève générale ont disparu dans les entreprises principales (comme nous l’ont démontré les dernières luttes depuis Hollande). Les secteurs particuliers qui sont déjà prêts peuvent se montrer, mais Il faut suivre attentivement le mouvement des « Gilets Jaunes », le défendre fermement contre le pouvoir, le conseiller lorsqu’il est en mesure d’écouter, lui laisser l’initiative.
Invisible
Juste une réserve sur l’isolation des logements passoires. Attention, les produits isolants d’aujourd’hui sont les déchets de demain. S’ils ne sont pas biodégradables, ça posera un problème dans trente ans, quand ils commenceront à se tasser, se déformer et que les gens voudront les changer.
lasbleiz
« Mais précisons sans ambiguïté un point crucial. Pour notre part, nous sommes hostiles à toute violence dans le mouvement social ».
D’accord mais c’est un peu mou du genoux quand la CGT police dénonce le laissé-faire sur les Champs Elysées. Pas un mot pour le jeune homme dont la main a été arrachée par une grenade. Si je suis d’accord sur l’impasse stratégique de la violence. Il faut quand même choisir son camp camarade.
jhu57
Pas de chômeurs, ni de SDF, ni d’agriculteurs, peu de personnel de santé, et bien d’autres (comme les artisans, les commerçants, certains indépendants). Pourquoi se ne joignent ils pas aux gilets jaunes ? Parce que c’est toujours les mêmes qu’on retrouve aux carrefours.
sylvie
Bravo. Nous comptions faire un tract, là c’est fait je crois que pour la jonction avec syndicat(s) et quartier populaire. Il ajouter augmentation du smic, des salaires et des minima sociaux.
Marie
Vos propositions sont un peu hors sol même si elles sont logiques pour toute personne qui voit un peu la grande image. Si elles étaient adoptées elles n’apporteraient pas grand changement sur les fins de mois des gens. Elles sont de trop long terme. Je vous suggère d’aller plutôt sur le terrain relever les doléances, en tant que députés et d’en faire ensuite une compilation, un peu comme le fait déjà François Ruffin. En tout cas je peux vous garantir que c’est pas comme ça que vous allez convaincre que vous appuyez la lutte en cours.
Rody
Comme vous voulez. On peut continuer comme aujourd’hui ou tenter une sortie par le haut. Par ailleurs nous avons maintes propositions qu’il s’agisse du pouvoir d’achat, l’emploi, la démocratie… On peut aussi considérer que nous sommes tous pourris. Je ne sais pas dans ce cas si nous trouverons des solutions qui ne soient pas celles que prônent Macron aujourd’hui ou les Le Pen demain.
Marie
Ouh là, si vous voyez un « tous pourris » dans ma remarque, je suis mal. Je peux débattre quand même non ? Je suis largement autant FI que vous. Mais ça me turlupine cette montée hargneuse au créneau, dès qu’on se permet une suggestion, ou une minuscule remarque un peu dissonante. ça m’use de plus en plus en tout cas. Vous n’aidez pas du tout le mouvement en crachant ainsi. Et, je connais largement les propositions de l’Avenir en Commun et des livrets. Elles n’apparaissent pas là, parce que Jean-Luc Mélenchon propose là des mesures immédiates de sortie de crise et je persiste, aucune ne va améliorer les fins de mois de manière immédiate alors que c’est désormais une revendication majeure.
Freddy
Je suis d’accord avec @Marie, passé la colère déclenchée par l’augmentation du prix des carburants, très vite est arrivée la question du pouvoir d’achat, les gens n’en peuvent plus des fins de mois qui sonnent claires. Aux propositions formulées par le groupe FI dans le cadre du budget de l’Etat, il faut ajouter une augmentation du smig de 200€ nets et plus généralement des salaires. La rédaction de cahiers de doléances serait une initiative à encourager et faire remonter aux énarques qui nous gouvernent pour qu’ils puissent y trouver matière à une autre politique (je sais je rêve…)
pascal
je suis handicapé et je me préoccupe plus de la fin de vie que de la fin de mois. De la violence à mon égard, il y en a ! On a besoin d’humanité, et ce n’est pas chez Macron et encore moins chez Le Pen qu’on va la trouver.
Républicain93
D’accord avec @Marie. Il me semble au moins maladroit et prématuré de proposer un « kit de sortie de crise » (élaboré par qui, avec quelle représentativité?) et un peu léger de proposer dans « la fin des niches fiscales », le gazole routier et le kérosène aérien sans anticiper sur le fait que les compagnies vont vraisemblablement le reporter sur les salariés.
Sur la forme, nous avons tous à gagner à éviter les réactions épidermiques. C’est vite fait et ça soulage, mais la démarche de FI se veut incluante, non ? Sinon, à la place d’un mouvement ouvert, on fonde un parti et on « choisit son camp camarade ». Pour moi, je souhaite que LFI arrive au pouvoir, mais cela ne se fera pas si on n’arrive pas à aller plus loin que le premier cercle des « purs et durs ». Et puis la pureté, tout le monde sait que ça n’existe pas.
alban
Je crois que nos Députés Insoumis ont fait la stratégie d’introduire le mouvement des GJ dans le débat parlementaire sur le nouveau budget de l’Etat, ou il sera aussi question de minimas sociaux, d’allocations. Pour ce qui concerne les revendications salariales, je pense que c’est aux syndicats de faire le boulot.
Caroline
Vous oubliez toujours qu’en l’alternative à la voiture diesel est le rail, le rail, le ferroutage partout partout. Peu chère pour tout le monde dans tout les sens et créateur d’emplois.
Charly
Je partage également le point de vue de Jean-Luc Mélenchon, même si l’envie d’aller plus vite que la musique anime certains, restons cohérent et rationnel avec ce fil conducteur de conduite a tenir.
Patrick
Hé oui, quand en haut on ne peut plus et qu’en bas on ne veut plus, comme le disait Lénine, ce sont bien les marques d’une situation pré révolutionnaire. Nous y sommes !
Gilles
Personnellement, je ne suis pas partisan d’une représentation « officielle » des Gilets jaunes, au contraire. Ce mouvement tient sa force du ras le bol général, justement par le fait qu’il est hétéroclite, spontané et divers, chacun ayant ses raisons. Certains, c’est la CSG, d’autres le prix de l’essence, la SNCF, les APL, parfois tout ensemble. Les opérations naissent à un rond-point, puis meurent puis renaissent ailleurs de façon spontanée. Le résultat est que le gouvernement ne sait plus où donner de la tête et Castaner a le tournis. Canaliser les Gilets jaunes en créant des interlocuteurs, c’est ce que souhaite le gouvernement pour y mettre fin. En effet, comment un Insoumis pourrait-il accepter la revendication d’un représentant auto-proclamé des Gilets jaunes, la suppressions des cotisations sociales patronales ? Laissons la spontanéité s’exercer, le mouvement s’amplifier et les têtes d’œuf flipper.
paul889
Pourquoi ne demandez-vous pas le rapatriement en France des résultats des évaluations élèves effectuées récemment dans les écoles qui sont actuellement en Irlande dans les archives d’Amazon ? Pourquoi vous ne menez aucune réflexion sur la révolution numérique qui se révèle une prise de pouvoir de la grande bourgeoisie au détriment des Etats ?
Leroux
Je ne connais les conditions idéales pour qu’une grève générale puisse être lancée. Ce serait pourtant une arme formidable non ? Sinon, la stratégie FI d’être à l’écoute des gilets jaunes rejoint celle de conscientiser les abstentionnistes des élections et ils seront les meilleurs « têtes dures » auprès des autres pour relayer encore la réflexion démocratique, et c’est la meilleure.
Chat
Une grève générale donnerait en somme un gouvernement « En Marche » dans une France arrêtée. Les conditions s’y prêtent mais il faut s’organiser. Les gilets se débrouillent plutôt bien pour le moment. Nous verrons comment ils survivent après l’avalanche de pourrissements que l’état ne manquera pas de leur envoyer si cela dure trop à son goût.
DMc
Je trouve que la position initiale de Jean-Luc Mélenchon a prouvé son bon pifomètre : grace à son appui public et l’engagement la FI, le mouvement gilets jaunes n’est pas récupéré par l’extrême droite. C’était pas gagné il y a seulement 10 jours. Bravo camarades !
William
Parce que vous croyez que c’est grâce à la FI que le mouvement ne tombe pas dans l’extrême droite ? Vous êtes tellement dans une auto proclamation qui tourne en rond que vous ne voyez pas ce que vous avez sous les yeux : le mouvement cherche à construire ses propres organes de lutte et laisse de côté les mouvements, partis, syndicats, etc. La vérité c’est que la FI pas plus que d’autres n’a les moyens aujourd’hui de déclencher et gérer un tel processus. Mais ce mouvement est vivant et tôt ou tard il peut aussi inclure des mouvements plus traditionnels notamment syndicaux.
morfin
Encore et toujours les vieilles idées de grève générale ou éducation populaire, alors que tout çà ne donne rien, car les nouveaux mouvements sont déjà au-delà. Regardons bien ce qui se passe et sortons des vieilles ornières ! Oui aider les grévistes là où ils sont, voir tous ceux qui ont leur voiture avec gilet jaune, et aider au contraire à revaloriser les services publics qui ont été supprimés, en premier les trains à faire circuler, tous et même un peu plus, et les bus, et réouvrir les postes, les hopitaux, les maternités, les emplois pour les pôles emplois, revaloriser tout de suite les salaires, attendus en régression de 0,4% en 2019, et indexer les retraites sur le coût réel de la vie. Les abstentionnistes ne sont pas à moraliser mais à comprendre, sinon ils seront de plus en plus nombreux encore. Mélenchon n’aboutit pas parce que le nombre de nos députés est trop faible, il faut donc que les LREM lâchent de leur coté.
JeanLouis
Bien sûr il faut faire tout ça et bien plus encore mais pour cela il faut changer de gouvernement ! Comment faire alors même que notre mouvement par une forme de sectarisme de quelques uns, au lieu de s’ouvrir se rabougrit, se referme sur lui même contrôlés par quelques personnes dont je ne mets pas en cause l’honnêteté ni l’engagement mais l’absence de vraie vision globale et sans charisme, sans pouvoir d’entrainement. Donc nous allons droit dans le mur, j’en suis convaincu, et il n’y aura personne pour nous aider car il vaut mieux Hitler que la front populaire, toujours, en particulier pour les oligarchies et les media qui les représentent. Et je ne vois pas la trajectoire se corriger, au contraire.
Eléonora D
Il y a 50 ans, après la crise de 1968, le sociologue Alain Touraine estimait que la lutte des classes était révolue et que les Nouveaux Mouvements Sociaux ( les NMS) allaient remplacer les syndicats et les partis politiques… On voit que « L’ère du peuple » (sic) a commencé tôt, donc bien avant la création de la FI et les « gilets jaunes ! Toutefois, on peut se poser la question de savoir pourquoi, ces mouvements hétéroclites et éphémères, qui ont eu leur moment de gloire, ne sont pas parvenus à révolutionner l’état des choses…
lilitte
Je ne vois rien concernant le pouvoir d’achat qui semble la revendication urgente des manifestants soutenus par 76% des français. Tout de suite rajoutez cela à vos demandes car les gilets jaunes sont au bord de l’asphyxie et ne comprendraient pas nos autres propositions.
fracar
Dans l’état actuel, je ne vois pas ce qui pourrait donner du pouvoir d’achat aux « riens, fainéants et autres laborieux » si ce n’est que de baisser les taxes sur les carburants mais ça ne satisferait qu’une petite partie du petit peuple qui se révolte mais comme Macron a dit qu’il ne les retirerait pas. Soit on s’arque boute sur cette enjeu la ou il faut chercher autre chose mais là, dans l’immédiat. Hormis une dissolution de l’assemblée qui remettrait les cartes a plat ce a quoi Macron Jupitérien ne doit même pas penser, on va assez vite se retrouver dans une impasse d’autant qu’il s’est donné 3 mois pour que la tension retombe (l’espère t’il) et pour planifier un arrosage ici et la bien calculé de primes pour l’achat de bagnoles, chaudières, fenêtres, isolation des logements, etc. et pour en même temps dresser les uns contre les autres comme ils savent si bien le faire a commencer par le triste personnage qu’est Castaner.
Chollon
M. Mélenchon, face aux arrestations injustes et à l’aveugle de Gilets jaunes, (j’ai l’exemple d’une personne arrêtée alors qu’elle dormait dans sa voiture), uniquement pour intimider et faire du chiffre, pouvez vous avec vos collègues député(e)s demander lorsque vous avez accès aux médias, une amnistie pour tous les gilets jaunes arrêtés alors qu’ils réalisaient un blocage pacifique et tranquille. Ils sont parfois menacés de 6 points de retrait de permis et jusqu’à 1500 euros d’amende. Scandaleux. La FI devrait aussi apporter un soutien financier pour toutes celles et ceux qui se demandent comment ils vont pouvoir payer leur amende. Merci pour elles et pour eux.
Invisible
« arrestations injustes et à l’aveugle »
C’est ce qui est arrivé aussi aux manifestants contre les lois travail, manifestants du 1er mai, à des syndicalistes de la conf’, de Bure, etc. Longue est la liste. Mélenchon n’a pas obtenu d’amnistie lorsqu’il l’avait demandée, me semble-t-il, à l’élection de Hollande. Alors, sous Macron, vous imaginez !
kokkino
Entièrement d’accord avec l’analyse de Jean-Luc Mélenchon et la stratégie suivie par la FI. Je regrette seulement que dans les propositions que nous faisons nous oubliions systématiquement l’augmentation du SMIC et celui des pensions de retraite (que le gouvernement a décidé de laisser bloqués en janvier) qui peuvent être des mesures immédiates, concrètes et appréciées par tous et lorsque nous parlons de l’investissement dans l’isolation des logements « passoires », les dizaines de milliers d’emplois que cela générerait tout de suite. L’emploi, les salaires et les retraites c’est fondamental dans un mouvement comme celui-ci.