Cette semaine est celle d’une confrontation majeure dans la société française. Ça va tanguer ! Le régime a évolué vers un point de non retour politique qu’il met à l’épreuve dans sa bataille contre le régime de retraites. Il s’est définitivement calé sur une ligne d’affrontement systématique. Quel que soit le sujet, toute question passe désormais en France par un bras de fer. Il est vrai que cette situation a le mérite de la clarté. Car la destruction du régime de retraites par répartition et l’installation du régime par points mettrait un point final à tout un monde de références et de manières de vivre. Ceux d’une société qui met au centre de ses valeurs la solidarité, même si elle n’est pas souvent fidèle à ses promesses.
Depuis le début du mandat, la macronie mène une révolution libérale dans tous les secteurs. C’est la société de l’individu, où chacun est totalement responsable de son sort, où l’État s’évapore, où le service public est saboté avant d’être supprimé. Avec l’inversion du principe de faveur dans le code du travail, puis avec la loi fonction publique, entre autres, on avait pu constater l’acharnement méthodique à l’œuvre pour changer de fond en comble les fondamentaux de la société française. Tant d’années après Thatcher et Blair, nous avons la copie en version sous- titrée d’un mauvais film désormais honni par les peuples de la terre entière.
L’addition de lois sécuritaires et la nomination de deux personnalités comme Belloubet et Castaner vouées à la fuite en avant sécuritaire complètent le dispositif. Advienne que pourra, donc. C’est un test dont tout le déroulement aura du sens. En toute hypothèse, le régime ne peut marquer tous les points. Il est évident qu’il prend en main fortement et ostensiblement le drapeau de la droite libérale dure. Les conséquences de cette orientation poussent tout le reste du champ politique dans une direction qui augmente l’étendue de la résistance. Le choix de l’extrême droite Lepeniste d’appeler au mouvement qui commence le 5 décembre joue le même rôle que l’appel de certains secteurs de la CFDT à agir. On sait très bien que cela ne correspond à aucune conviction profonde et qu’à la première occasion les mêmes se retireront avec l’espoir de passer pour des prescripteurs incontournables. Nous avons déjà assisté à ce même numéro de la part de Le Pen lors de la séquence Gilets jaunes. Mais dans le moment, cela affaiblit le camp macroniste en augmentant la force d’évidence et de légitimité de l’insurrection. Les gens écoutent davantage ce qu’on leur explique, ils prennent les tracts, il cherchent des arguments que naturellement Le Pen ne leur donne pas.
Partout nos amis témoignent que tout ce que nous distribuons est pris et ramené dans le panier des courses ou dans la poche, signe qu’on a l’intention d’étudier le sujet de près, à la maison. Le tableau va s’éclaircir progressivement. Beaucoup n’ont pas compris que la grève est reconductible dans de nombreux secteurs et surtout dans tous les réseaux comme le train, l’avion ou l’électricité qui sont la condition du travail de nos jours. D’autre part, il y aura plusieurs corporations de plus dans la lutte la semaine suivante. L’impact du mouvement va donc prendre une forme très étendue et sensible.
On connaît d’avance le registre des médias. Le premier jour : « le mouvement est moins dense que prévu ». Le deuxième jour : « le mouvement s’essouffle » clairement . Le troisième jour : « la violence repousse les Français ». Ce seront donc à nouveau des millions de gens écœurés de voir leur dévouement minoré puis dénigré. La crise morale à l’égard du système qui rend possible ce type de situation s’approfondira d’autant. Pour finir, il est possible que les puissants de la terre qui gouvernent notre pays « derrière le rideau », les neufs milliardaires qui contrôlent de plus 90 % des médias, se disent qu’à force de tendre l’élastique il risque de craquer. Il est certain que le rapport de force sera sérieusement évalué par ceux qui n’ont pas intérêt à ce que toute la plaine prenne feu. Le spectacle du monde et les succès remportés par les révolutions citoyennes un peu partout devraient les faire réfléchir. Il est temps pour eux de baisser le son du clairon.
De notre côté, nous ne devons nous interdire aucune ambition, aucun objectif décisif. Le but : que Macron retire son projet. Tous les insoumis, garçons et filles, sont appelés sur le pont, à leur poste de combat : avec le syndicat, dans l’entreprise, la cage d’escalier et pour finir dans la rue. Multipliez les audaces et les actes de résistance pacifiques humoristiques qui ridiculisent et démoralisent l’adversaire. Ils entrainent le plus grand nombre à entrer dans l’action à son tour. Chaque jour, les porte-paroles nationaux insoumis s’exprimeront au plan national pour propager la critique du système spoliateur du système de retraites à points. Quoi qu’il arrive, tout cela c’est autant de coups de scie sur les pieds du trône ! Autant de raisons qui rendront claire la nécessité de mettre notre programme au pouvoir pour abroger toutes ces mauvaises lois du régime.
Pour ma part, je serai a Marseille pendant l’action pour la partager avec mes mandants. J’y suis dès le 5 car la CGT appelle à un superbe 5 à 7 et donc le samedi on sera encore dans la rue sur le Vieux-Port. Je préfère être sur place avant le démarrage de la grève car, bien sûr, plus rien ne roulera ni ne volera a partir de là. Et le 5 à 7 auquel j’appelle ayant lieu dans ma circonscription, je sais que c’est ma place.
La semaine passée j’étais à Strasbourg à l’occasion de la session du Parlement européen. On avait concentré sur deux jours des moments militants comme la signature de mon livre « Et Ainsi de suite » à la librairie Kleber de la ville, une projection du film « Lawfare, le cas Mélenchon » et même une conférence sur « L’Ère du peuple » à l’Institut d’Etudes politiques. Mais il y avait aussi surtout plusieurs séquences d’échanges avec notre délégation parlementaire pour faire le point. Sur la table : les temps forts européens en cours mais aussi à propos de l’organisation de notre action insoumise. De tout cela j’ai tiré quelques coups d’œil sur l’actualité politique dans l’Union Européenne.
Je commence ici par la question du budget de l’Europe qui va être discuté la semaine prochaine entre les chefs d’État et de gouvernement. C’est une question que je suis de près et sur laquelle je me suis exprimé à la tribune de l’assemblée nationale chaque année lorsque passe la question du paiement de la contribution de la France.
Depuis plus d’un an, les négociations sont ouvertes au niveau européen à propos de l’adoption du prochain « cadre financier pluriannuel », pour les années 2021 à 2027. Il s’agit en fait du budget de l’Union européenne. Un montant d’environ 300 milliards d’euros par an. Il est principalement alimenté par les contributions des États. C’est d’ailleurs là un symptôme de l’échec de cette Union. Elle a été incapable de construire les outils fiscaux pour financer ses activités. En fait, elle a fait l’inverse : détruire ce qui existait. Ainsi la course folle vers le libre-échange a fait baisser les droits de douane aux frontières de l’Europe. En 1988, ils représentaient 30% des recettes du budget, et les contributions des États 10% seulement. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 14% des recettes et les contributions des États 66%.
Mais tous les États ne sont pas à égalité au moment de payer leur contribution au budget de l’Union. Le cas du « rabais britannique » est assez connu. Il avait été obtenu par Margaret Thatcher. Elle affirmait que l’Angleterre était trop pauvre pour payer autant que ce qui lui était demandé. Tous les autres États étaient donc censés payer ce rabais à sa place. Mais peu de gens savent que nous, Français, payons une partie de ce que l’Allemagne devait après répartition du rabais britannique sur tous les autres. Et pas seulement pour l’Allemagne. En effet, en 2002, plusieurs autres pays nordiques ont obtenus comme elle un « rabais sur le rabais ». Ce qui signifie qu’elle a été autorisée à ne plus payer sa part pour compenser le rabais britannique. Pourquoi ? Parce qu’elle l’a demandé. Et comme les Français n’ont rien trouvé à y redire, ils payent depuis pour les Allemands. Nous sommes donc le premier pays qui paye à la place des Anglais et à la place de ceux qui ont refusé de payer leur part pour les Anglais. Seulement voilà qu’arrive du neuf ! Le prochain budget de l’Union européenne sera exécuté après le Brexit. La logique voudrait donc que tout soit remis à plat, et que la charge soit répartie entre tous. Bref, que tous les rabais disparaissent.
Mais les Allemands ont décidé qu’ils ne voulaient pas payer ce qu’ils doivent dans la nouvelle situation. Avec la Suède, l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, ils demandent dans une lettre envoyée à tous les autres gouvernements le maintien des réductions obtenues sur leurs contributions après le départ du Royaume-Uni. Pourquoi se gêner ? En tout cas, cette attitude douche définitivement les espoirs des naïfs qui pensent qu’on pourra un jour compter sur la bonne volonté de la droite allemande pour redistribuer ses excédents. Pour 2019, l’excédent budgétaire de ce pays va atteindre le chiffre colossal de 55 milliards d’euros. C’était même 60 milliards d’euros en 2018. Ces sommes accumulées ne sont pas une bonne nouvelle pour qui que ce soit. Pas même pour les Allemands car elles vont s’investir directement dans la sphère financière et pas dans les infrastructures ni dans l’investissement productif pour la transition écologique ou quoi que ce soit qui ait un faible retour de taux de profit. Ces monstrueux excédents sont en principe interdits dans l’Union. Mais l’Allemagne n’est bien sur jamais blamée ni appelée à un autre comportement. Ces dernières années, de nombreuses propositions, souvent minimales ont été faites au gouvernement allemand pour l’inciter à réinjecter dans l’économie réelle ses excédents. Peine perdue !
Donc, lors du Conseil européen des 12 et 13 décembre, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE vont discuter du prochain budget. Macron va-t-il enfin s’opposer à l’Allemagne et entrainer avec lui les États méditerranéens avec lesquels nos intérêts convergent ? Rien n’est moins sûr. Par le passé, il a à plusieurs reprises laissé humilier la France. Sur le glyphosate, c’est le vote de l’Allemagne qui a mis la France en minorité. Sur le budget de la zone euro, Merkel a manœuvré pour finalement enterrer cette idée du président français. Récemment encore, Macron a protesté bruyamment contre la nomination d’un Allemand à la tête de la Commission, pour finalement accepter celle d’une autre Allemande.
Le 12 décembre, la France doit dire non. Nous pouvons faire autre chose que de finir toujours par céder à la droite conservatrice allemande et ses obsessions libérales. Notre puissance nous permet d’avoir des revendications en Europe : l’arrêt du démantèlement des services publics, retrouver une pleine souveraineté budgétaire pour les États ou bien faire du protectionnisme solidaire. Sur la question du budget, nous en sommes les deuxièmes contributeurs nets. Nous avons augmenté de 15% notre contributions ces 15 dernières années. Sans nous, il n’y a pas de budget européen. C’est pour cela qu’à l’Assemblée nationale, les insoumis ont voté trois fois contre la contribution française. Nous sommes partisans de cesser ce paiement pour obliger a la re-discussion générale du financement de l’Union.
Le 3 décembre sera présenté à l’Assemblée nationale une résolution LREM visant à assimiler la critique du sionisme à un acte antisémite. L’énormité du procédé fait deviner une volonté de provocation qui sidère. Le groupe parlementaire insoumis ne votera pas ce texte. Cette résolution soulève en effet de nombreuses réactions de stupeur et de réprobation en France et dans le monde. La Commission nationale des droits de l’homme a écrit à chaque député pour les enjoindre de ne pas le voter. Et un « appel de 125 universitaires juifs » s’est également adressé aux députés pour demander de ne signer ni voter ce texte. J’ai pensé que c’était un document à faire connaître, car il me semble présenter un grand nombre des arguments que nous sommes nombreux à formuler contre cette « résolution ». Signé par des gens qui se désignent eux-mêmes comme juifs , cet appel et sa diffusion pourront circuler sans valoir à ceux qui le feront un de ces coups de rayons paralysant, ce « herem » qu’est la sempiternelle accusation d’antisémitisme lancé à tort et à travers pour tuer toute discussion quand elle gène. Ce serait risible si l’antisémitisme n’était pas un sujet sérieux et s’il n’était pas considéré comme un délit puni par la loi.
Appel de 125 universitaires juifs à l’Assemblée Nationale: ne soutenez pas la proposition de résolution assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme et approuvant la définition de l’IHRA
27 novembre 2019
Mesdames, Messieurs les députés,
Nous, universitaires et intellectuels juifs, d’Israël et d’ailleurs, dont beaucoup spécialistes de l’antisémitisme et de l’histoire du judaïsme et l’Holocauste, vous écrivons dans la perspective de la proposition de résolution visant à lutter contre l’antisémitisme que l’Assemblée Nationale a mise à l’ordre du jour des discussions pour débat et vote les 3 et 4 décembre prochains.
Nous souhaitons exprimer notre vive préoccupation concernant la montée de l’antisémitisme dans le monde, y compris en France. Nous considérons l’antisémitisme et toutes les autres formes de racisme et de xénophobie comme une menace réelle contre laquelle il convient de lutter avec la plus grande fermeté, et nous exhortons le gouvernement et le parlement français à le faire.
Tout en soulignant fermement cette préoccupation, nous nous opposons à la proposition de résolution sur l’antisémitisme pour deux raisons principales, et nous vous invitons à ne pas apposer votre signature et à ne pas lui accorder votre soutien.
Premièrement, l’exposé des motifs de la proposition de résolution associe l’antisionisme à l’antisémitisme. Il assimile même l’antisionisme à l’antisémitisme en précisant que « critiquer l’existence même d’Israël en ce qu’elle constitue une collectivité composée de citoyens juifs revient à exprimer une haine à l’égard de la communauté́ juive dans son ensemble ».
Avant de poursuivre notre argumentation, nous déplorons que l’exposé des motifs désigne Israël comme “une collectivité composée de citoyens juifs ». Environ 20 pour cent de la population d’Israël sont des citoyens palestiniens, dont la plupart sont musulmans et chrétiens. La désignation choisie occulte et nie leur existence. Nous considérons cette approche comme hautement problématique, compte tenu également de l’engagement de votre pays en faveur d’une définition de la citoyenneté française qui n’est pas basée sur l’ethnicité.
Nos opinions sur le sionisme peuvent être diverses, mais nous pensons tous, y compris ceux qui se considèrent comme sionistes, que l’association de l’antisionisme et de l’antisémitisme est fondamentalement faux. Pour les nombreux juifs se considérant antisionistes, cet amalgame est profondément injurieux.
L’antisionisme est un point de vue légitime dans l’histoire juive, et il a une longue tradition, y compris en Israël. Certains Juifs s’opposent au sionisme pour des raisons religieuses, d’autres pour des raisons politiques ou culturelles. De nombreuses victimes de l’Holocauste étaient antisionistes. Le projet de résolution les déshonore et offense leur mémoire, en les considérant rétroactivement comme antisémites.
Pour les Palestiniens, le sionisme représente la dépossession, le déplacement, l’occupation et les inégalités structurelles. Il est cynique de les stigmatiser comme antisémites parce qu’ils s’opposent au sionisme. Ils s’opposent au sionisme non par haine des Juifs, mais parce qu’ils vivent le sionisme comme un mouvement politique oppressif. Agir ainsi témoigne d’une grande insensibilité et d’une politique de deux poids, deux mesures, sachant qu’Israël nie le droit de la Palestine à exister et mine son existence même.
Il n’y a aucun doute qu’il existe des antisémites parmi les gens qui s’opposent au sionisme. Mais il y a également beaucoup d’antisémites qui soutiennent le sionisme. Il est donc inapproprié et totalement inexact d’identifier de manière générale antisémitisme et antisionisme. En confondant ces deux phénomènes, l’Assemblée nationale compromettrait les efforts vitaux de lutte contre le véritable antisémitisme, qui est multidimensionnel et provient de différents secteurs de la société française.
Notre seconde objection est que la résolution approuve la « définition opérationnelle » de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette définition est hautement problématique. La résolution prétend que la définition « permet de désigner le plus précisément possible ce qu’est l’antisémitisme contemporain ». En réalité cependant, la définition est peu claire et imprécise et, par conséquent, n’est pas un instrument efficace de lutte contre l’antisémitisme. D’autre part, une législation visant à lutter efficacement contre l’antisémitisme et à le poursuivre existe déjà en France.
L’exposé des motifs de la proposition de résolution indique que la définition de l’IHRA « ne reconnaît pas comme antisémite la critique des politiques de l’État d’Israël ». En réalité cependant, plusieurs « exemples contemporains d’antisémitisme » ont été joints à la définition, qui assimilent intentionnellement la critique et l’opposition aux politiques de l’État d’Israël à l’antisémitisme. Ces exemples sont présentés et considérés comme partie intégrante de la définition.
D’après les exemples et la manière dont ils sont appliqués, il suffit de critiquer Israël d’une manière perçue comme différente de ce qui se fait pour d’autres pays, pour être considéré antisémite. Il suffit d’être en faveur d’une solution binationale ou démocratique au conflit israélo-palestinien, pour être considéré comme antisémite. Il en va de même, quand on blâme Israël pour son racisme institutionnalisé. On peut certainement ne pas être d’accord avec ces énoncés. Mais ces opinions sont considérées comme légitimes et protégées par la liberté d’expression dans tout autre contexte politique. Ainsi, la résolution crée un double standard injustifiable en faveur d’Israël et contre les Palestiniens.
La définition de l’IHRA est déjà utilisée pour stigmatiser et réduire au silence les critiques de l’État d’Israël, notamment les organisations de défense des droits humains et des experts respectés. Cette situation a été condamnée par d’éminents spécialistes de l’antisémitisme. Kenneth Stern, l’un des rédacteurs originaux de la définition de l’IHRA, a également mis en garde contre l’utilisation de cette définition pour saper la liberté d’expression.
La question clé est la suivante: pourquoi tout cela se produit-il ? Nous ne pouvons pas considérer cela comme déconnecté de l’agenda politique principal du gouvernement israélien visant à enraciner son occupation et son annexion de la Palestine et à faire taire toute critique à l’égard de cet agenda.
Depuis des années, le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahu dénonce comme antisémite toute opposition à sa politique. Netanyahu lui-même a défendu avec force l’équivalence de l’antisionisme et de l’antisémitisme, ainsi que la définition de l’IHRA. Cela illustre la manière dont la lutte contre l’antisémitisme a été instrumentalisée pour protéger le gouvernement israélien.
C’est avec inquiétude que nous constatons que ces efforts du gouvernement israélien trouvent un soutien politique, jusqu’en France. Le 28 mai 2019, le député Sylvain Maillard avait participé à une conférence aux côtés de Yossi Dagan, un leader militant des colons, qui préside une autorité de l’État Israélien en charge des colonies en Cisjordanie occupée. Comme vous le savez, le député Maillard a initié la résolution en présence sur l’antisémitisme, quelques jours avant cet événement.
Nous vous demandons donc de lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme, mais sans aider le gouvernement israélien dans son programme d’occupation et d’annexion.
Cette proposition de résolution n’est pas un moyen crédible et efficace d’y parvenir. L’antisémitisme doit être combattu sur des bases universelles, au même titre que d’autres formes de racisme et de xénophobie, pour lutter contre la haine. L’abandon de cette approche universaliste conduira à une polarisation accrue en France, ce qui nuirait également à la lutte contre l’antisémitisme.
Dans ce contexte, nous notons que la proposition de résolution est également en contradiction avec la position de la CNCDH, la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Dans son rapport de 2018 sur la lutte contre le racisme, la CNCDH a averti que la définition de l’IHRA risque d’affaiblir l’approche universelle française de la lutte contre le racisme et a insisté « sur la vigilance pour ne pas confondre racisme et critique légitime d’un État et de sa politique ».
Nous vous prions de ne pas signer et de ne pas soutenir une résolution qui assimile à tort l’antisionisme à l’antisémitisme. Ne signez pas et ne soutenez pas une résolution qui approuve la définition politisé de l’antisémitisme de l’IHRA, d’autant plus si elle le fait sans se distancier des exemples problématiques de la définition qui concernent Israël.
Nous vous prions d’accepter, Mesdames, Messieurs les députés, l’expression de nos sentiments distingués.Prof. Howard Tzvi Adelman, Associate Professor of History and of Jewish History,
Queen’s University, Kingston, Ontario
Dr. Karin Adelman, physician
Prof. Ofer Aharony, Faculty of Physics, Weizmann Institute of Science
Prof. (emeritus) Mateo Alaluf, Institute of Sociology, Université Libre de Bruxelles
Prof. Gadi Algazi, Professor of Medieval History, Department of History, Tel Aviv University; associate fellow at Re:Work: International Research Center Work and Human Lifecycle in Global History at Humboldt University, Berlin
Dr. Hila Amit, writer, researcher
Prof. Gil Anidjar, Middle Eastern, South Asian, and African Studies Department, Columbia University
Dr. Seth Anziska, Department of Hebrew and Jewish Studies, University College London
Prof. Yonathan Anson, Department of Social Work, Ben-Gurion University of the Negev
Prof. Jean-Christophe Attias, Professor and Chair of Medieval Jewish Thought, École pratique des hautes études, Université PSL, Paris
Prof. (emerita) Elsa Auerbach, English Department, University of Massachusetts Boston (daughter of German Holocaust refugees)
Prof. (emeritus) Joel Beinin, Donald J. McLachlan Professor of History and Professor of Middle East History, Stanford University,
Prof. Avner Ben-Amos, Department of History, Tel Aviv University
Dr. Ayelet Ben-Yishai, Department of English Language, University of Haifa
Prof. Andrew Stuart Bergerson, History Department, University of Missouri-Kansas City
Prof. Michael Berkowitz, Professor of Modern Jewish History, Department of Hebrew and
Jewish Studies, University College London
Prof. Louise Bethlehem, English and Cultural Studies, Hebrew University of Jerusalem
Prof. David Blanc, Department of Mathematics, University of Haifa
Prof. Daniel D. Blatman, Head of Avraham Harman Research Institute of Contemporary Jewry, Max and Rita Haber Chair in Contemporary Jewry and Holocaust Studies, The Hebrew University Jerusalem
Prof. Hagit Borer, Fellow of the British Academy; Fellow of the Linguistics Society of America; Chair in Linguistics, SLLF, Queen Mary University of London
Prof. Daniel Boyarin, Taubman Professor of Talmudic Culture, University of California at Berkeley, Fellow American Academy of Arts and Sciences, Von Humboldt Senior Laureate
Dr. Rony Brauman, physician, Professor at University of Manchester
Prof. (emeritus) Jose Brunner, Cohn Institute for the History and Philosophy of Science and Ideas and Buchmann Faculty of Law, Director, Eva & Marc Besen Institute for the Study
of Historical Consciousness, co-founder of Israel’s first legal clinic for the rights of Holocaust survivors, Tel Aviv University
Prof. Judith Butler, Maxine Elliot Professor of Comparative Literature and Critical Theory,
University of California, Berkeley
Prof. (emerita) Jane Caplan, Professor of Modern European History, University of Oxford; Emeritus Fellow, St Antony’s College, Oxford; Marjorie Walter Goodhart Professor
Emeritus of European History, Bryn Mawr College; Visiting Professor, Birkbeck, University of London
Dr. Nina Caputo, Associate Professor, Department of History, University of Florida
Prof. Michael Chanan, Professor of Film and Video, University of Roehampton, London
Prof. Stephen Clingman, Distinguished University Professor, Department of English, University of Massachusetts, Amherst
Dr. Eyal Clyne, unaffiliated
Prof. James Cohen, Institut du monde anglophone, University of Sorbonne Nouvelle Paris 3
Prof. Alon Confino, Pen Tishkach Chair of Holocaust Studies, Director of The Institute for Holocaust, Genocide and Memory Studies, Department of History, University of Massachusetts
Mike Cushman, research fellow, London School of Economics and Political Science
Dr. Hilla Dayan, Department of Sociology, Amsterdam University College
Prof. (emerita) Sonia Dayan-Herzbrun, Faculty of Social Sciences, University Paris Diderot Paris 7
Prof. Sidra DeKoven Ezrahi, Professor of Comparative Literature, Hebrew University of
Jerusalem
Dr. Tal Dor, adjunct researcher, Experice, Université Paris 8
Prof. (emeritus) Tommy Dreyfus, Mathematics Education, School of Education, Tel Aviv University, Awardee of the Felix Klein Medal
Prof. David Enoch, Faculty of Law and Department of Philosophy, Hebrew University of
Jerusalem
Prof. (emerita) Judith Ferster, English Department, North Carolina State University
Dr. Cynthia Franklin, Department of English, University of Hawaii
Prof. (emeritus) Gideon Freudenthal, The Cohn Institute for the History and Philosophy of Science and Ideas, Tel Aviv University
Prof. (emeritus) Chaim Gans, Faculty of Law, Tel Aviv University
Prof. Amos Goldberg, Department of Jewish History and Contemporary Jewry, Hebrew University of Jerusalem
Katharina Galor, Hirschfeld Visiting Associate Professor, Program in Judaic Studies, Brown University
Prof. Shai Ginsburg, Department of Asian and Middle Eastern Studies, Duke University
Prof. Rachel Giora, Department of Linguistics, Tel Aviv University
Prof. (emeritus) Steve Golin, History Department, Bloomfield College
Prof. Neve Gordon, Department of Politics and Government, Ben-Gurion University of the Negev
Prof. Joel Gordon, The Department of History, University of Arkansas Fayetteville
Prof. Nir Gov, Department of Chemical and Biological Physics, Weizmann Institute of Science
Dr. Yann Guillaud, lecturer at Sciences Po and the Catholic University of Paris
Dr. Gérard Haddad, psychiatrist, psychoanalyst, writer
Dr. Ilana Hammerman, writer, winner of the Yeshayahu Leibowitz Prize (2015)
Prof. David Harel, Department of Computer Science and Applied Mathematics, The Weizmann Institute of Science; winner of the Israel Prize (2004) and of the EMET prize
Prof. Elizabeth Heineman, Department of History, University of Iowa
Dr. Shir Hever, Political Science, Free University of Berlin
Prof. Eva Jablonka, Cohn Institute for the History and Philosophy of Science and Ideas, Tel Aviv University
Michal Kaiser-Livne, psychoanalyst, Berlin Institute for Group Analysis
Dr. Brian Klug, senior research fellow and tutor in Philosophy, University of Oxford, honorary fellow of the Parkes Institute for the Study of Jewish/non-Jewish Relations, University of Southampton
Prof. (emeritus) Yehoshua Kolodny, Institute of Earth Sciences, Hebrew University of
Jerusalem, winner of the Israel Prize (2009)
Dr. Hubert Krivine, physician
Pascal Lederer, physician, honorary research director at the French National Centre for Scientific Research (CNRS)
Prof. (emeritus) Micah Leshem, Department of Psychology, University of Haifa
Dr. Les Levidow, Faculty of Arts and Social Sciences, The Open University, United Kingdom
Dr. Mark Levene, emeritus fellow, Department of History, University of Southampton UK; Parkes Centre for Jewish/non-Jewish Relations; winner of the Institute for the Study of Genocide, New York; Lemkin prize (2015)
Prof. Joseph Levine, Professor of Philosophy, University of Massachusetts, Amherst
Dr. R. Ruth Linden, President Tree of Life Health Advocates, San Francisco; founder of the Holocaust Media Project
Adi Liraz, interdisciplinary artist, instructor relating to the history of Jews in Greece and in
Germany
Dr. Rachel Livne-Freudenthal, Leo Baeck Institute, Jerusalem
Prof. (emeritus) Moshé Machover, Professor of Philosophy, University of London
Joëlle Marelli, independent scholar, former program director at the College International de Philosophie, Paris
Dr. Anat Matar, Philosophy Department, Tel Aviv University
Dr. Yehoshua Mathias, senior lecturer, School of Education, Hebrew University of Jerusalem
Prof. David Mednicoff, Associate Professor of Middle Eastern Studies and Public Policy,
University of Massachusetts, Amherst
Dr. Oded Na’aman, The Martin Buber Society of Fellows, Hebrew University of Jerusalem
Dr. Sheryl Nestel, independent scholar
Prof. Isaac Nevo, Associate Professor, Philosophy
Prof. (emerita) Benita Parry, English and Comparative Literary Studies, Warwick
University
Hadas Pe’ery, lecturer at the The Buchmann Mehta School of Music, Tel Aviv University;
laureate of the Israeli Prime Minister’s Award for Composers
Prof. Nurit Peled-Elhanan, School of Education, Hebrew University of Jerusalem; The
David Yellin Academic College of Education; co-winner of the Sakharov Prize (2001)
Prof. (emeritus) Roland Pfefferkorn, Professor of Sociology, University of Strasbourg
Dr. Yael Politi, Center for Molecular and Cellular Bioengineering, Technische Universität Dresden
Dr. David Ranan, Birkbeck University, London
Prof. (emerita) Ada Rapoport-Albert, Professor of Hebrew and Jewish Studies, University College London
Ben Ratskoff, University of California, Los Angeles
Prof. (emerita) Shlomith Rimmon-Kenan, Departments of English Literature and Comparative Literature, Hebrew University of Jerusalem; member of the Israel Academy of
Sciences and Humanities
Dr. Noa Roei, Assistant Professor, Literary and Cultural Analysis, University of Amsterdam
Prof. (emerita) Lisa Rofel, University of California, Santa Cruz
Prof. Dana Ron, Faculty of Engineering, Tel Aviv University
Prof. (emeritus) Steven Rose, Professor of Biology and Neurobiology, The Open University, United Kingdom
Prof. (emeritus) Jonathan Rosenhead, Professor of Operational Research, Department of
Management, London School of Economics and Political Science
Prof. David M. Rosenthal, Cognitive Science Concentration Graduate Center, City
University of New York
Prof. Michael Rothberg, 1939 Society Samuel Goetz Chair in Holocaust Studies, Department of Comparative Literature, University of California; specializes in Holocaust studies
Dr. E. Natalie Rothman, Department of Historical and Cultural Studies, University of Toronto Scarborough
Prof. Catherine Rottenberg, Department of American and Canadian Studies, University of Nottingham
Dr. Sara Roy, Senior Research Scholar, Center for Middle Eastern Studies, Harvard University
Dr. Hannah Safran, Haifa Feminist Research Center
Dr. Ariel Salzmann, Department of History, Queen’s University, Ontario
Catherine Samary, economist (ret.), Paris Dauphine University
Prof. (emeritus) Donald Sassoon, Professor of Comparative European History, Queen Mary, University of London
Prof. (emerita) Naomi Scheman, Philosophy and Gender, Women, & Sexuality Studies,
University of Minnesota
Sir Stephen Sedley, former Lord Justice of Appeal, England and Wales; former UK Judge
ad hoc at European Court of Human Rights; former visiting professor of law, Oxford University
Prof. (emeritus) Graeme Segal, Mathematics, All Souls College
Prof. Gershon Shafir, Department of Sociology, University of California, San Diego
Prof. (emerita) Alice Shalvi, English Departments, Hebrew University Jerusalem and Ben- Gurion University of the Negev; former Rector Schechter Institute of Jewish Studies; winner of the Israel Prize (2007), co-winner of the Leibowitz Prize (2009), winner of the Bonei Zion Prize (2017)
Dr. Dimitry Shevchenko, Postdoctoral Research Fellow, Department of Asian Studies, The
Hebrew University, Jerusalem
Prof. (emeritus) Avi Shlaim, Department of Politics and International Relations, St.
Antony’s College and University of Oxford; Fellow of the British Academy
Prof. David Shulman, Department of Asian Studies, Hebrew University of Jerusalem, member Israel Academy of Sciences and Humanities, winner of the EMET Prize (2010) and of the Israel Prize (2016)
Dr. Dmitry Shumsky, Department of Jewish history and Head of the Cherrick Center for the Study of Zionism, The Hebrew University of Jerusalem
Robert Yerachmiel Sniderman, Simon Fraser University
Dr. Lisa Stampnitzky, lecturer in Politics, Department of Politics and International Relations, University of Sheffield
Prof. Marc Steinling, physician, biophysicist, honorary Professor of Universities (son of French resistants FTP-MOI)
Prof. Sacha Stern, Head of Department, Hebrew and Jewish Studies, University College London
Prof. (emeritus) Zeev Sternhell, Léon Blum Professor emeritus, Hebrew University of Jerusalem; Israel Prize Laureate in Political Science; Member of the Israel Academy of Sciences and Letters; International Honorary member American Academy of Arts and Sciences
Howard Rechavia Taylor, Columbia University
Prof. Barry Trachtenberg, Michael R. and Deborah K. Rubin Presidential Chair of Jewish History, Department of History, Wake Forest University
Prof. (emeritus) Rolf Verleger, psychologist, member of the Central Council of Jews in
Germany 2005-2009
Dominique Vidal, historian and journalists
Prof. Roy Wagner, Department of Humanities, Social and Political Sciences, ETH Zürich
Dr. Yair Wallach, Head of the Centre for Jewish Studies, Department of the Languages and Cultures of the Near and Middle East, SOAS, University of London
Daphna Westerman, MA Fine Arts Bauhaus-University, Weimar
Prof. Diane L. Wolf, Department of Sociology, University of California, Davis
Prof. (emeritus) Niza Yanay, Department of Sociology and Anthropology, Ben-Gurion University of the Negev,
Prof. (emeritus) Moshe Zimmermann, former director of the Richard Koebner Minerva Center for German History, Hebrew University of Jerusalem, Prof. (emeritus) Moshe Zuckermann, The Cohn Institute for the History and Philosophy of Science and Ideas, Tel Aviv University