Mardi dernier, j’ai présenté en conférence de presse à l’Assemblée nationale une proposition de loi sur l’organisation de la prochaine élection présidentielle. Je parlais au nom du groupe parlementaire insoumis. Il s’agit de créer une procédure d’investiture populaire pour les candidats aux élections présidentielles. Aujourd’hui, il n’existe qu’une possibilité pour pouvoir être candidat à l’élection présidentielle : il faut être parrainé par 500 élus. Ma proposition ne prévoit pas de la supprimer. Mais à côté, elle ouvre une autre possibilité : celle d’être parrainé, non pas seulement par des élus, mais par 150 000 citoyens.
Le lendemain, on apprenait le re-confinement général du pays. Le surlendemain, le pays était de touché par un nouvel assassinat d’un terroriste islamiste dans une église à Nice. L’actualité était ailleurs. Il faut s’y habituer désormais. Nous serons en permanence submergés par le flot émotif médiatique. C’est bien pourquoi nous croyons aux vertus d’une campagne longue qui enracine l’adhésion a un programme. Car de cette façon nous réduirons l’impact du sensationnel de dernière minute et l’impact des boules puantes désormais habituelles. Il ne faut donc pas perdre de vue les conditions dans lesquelles aura lieu le grand rendez-vous décisif devant nous. Car il va être déterminant pour le pays compte tenu de ce que nous vivons. C’est la dernière station avant le désert.
Par ailleurs, il y avait au moins une raison cette semaine-là de discuter des modalités d’organisation de la prochaine présidentielle en ce moment. C’est le débat sur le report des élections départementales et régionales qui a commencé avec la création de la Commission Debré. Il est désormais quasiment certain.
Deux hypothèses coexistent. La première est celle d’un report de ces élections après l’élection présidentielle. La seconde envisage d’organiser ces élections d’ici le mois de juin 2021. Mais dans ce dernier cas, la campagne régionale et la campagne présidentielle se chevaucheront. Car l’ouverture des comptes de campagne pour la présidentielle se fera le 1er avril 2021. Dès lors, quand on parle du report des élections départementales et régionales, on commence aussi à parler de l’organisation des présidentielles. L’occasion est bonne d’y introduire une idée neuve.
Je souhaite alors que cette discussion ait lieu et qu’elle aille jusqu’au bout. Nous avons un grand problème démocratique en France. Élection après élection, le peuple se détourne des urnes. Par résignation ou par colère, il refuse de plus en plus de participer. Je l’avais dit lors du second tour des élections municipales : pour les insoumis, l’abstention n’est pas un sujet annexe. La participation du peuple à ses institutions est toujours le sujet central dans notre conception de la souveraineté en République. Si la grève civique atteignait aussi l’élection présidentielle, ce serait un désastre moral. Le pouvoir suivant le paierait cher. Les signes d’une telle possibilité existent. On le voit dans les enquêtes d’opinion sur le sujet.
Dès lors, il faut réfléchir à tout ce qui permet une implication populaire plus grande dans les élections. L’investiture populaire, c’est-à-dire la possibilité pour les citoyens de choisir eux même, par leur nombre, les candidats à l’élection centrale de la vie du pays, y contribue. Car pour l’instant le système des 500 signatures donne beaucoup de pouvoir aux seuls partis politiques très installés, qui contrôlent beaucoup de collectivités et influencent directement les décisions sur les subventions des petites communes.
Le nombre 150 000 n’a pas été choisi au hasard. En fait, toute ma proposition de loi transpose un rapport de Lionel Jospin. Celui-ci s’était vu confié en 2012 la présidence d’une commission chargée de faire des propositions pour la rénovation de la vie démocratique. Dans cette commission, il y avait des magistrats, des professeurs de droit comme Dominique Rousseau, et des politiques comme l’actuelle ministre de la culture Roselyne Bachelot.
Je pense donc que cette proposition pourrait être largement reprise et partagée. Elle ne pose aucun problème particulier de mise en œuvre. Elle nécessite une simple loi organique. Il n’y a donc pas à franchir l’obstacle de la révision constitutionnelle. Ma proposition de loi est co-signée par tous les députés insoumis. Elle est représentative de la façon dont nous nous représentons la prochaine élection présidentielle. Elle devra être un moment de profonde mobilisation populaire pour ses causes communes.